avec l'étranger sont purement et simplement interdites ; en particulier, embargo sur les
exportations d'or et d'argent-métal ; etc.
- Réformes en profondeur : en principe, il s'agissait ni plus ni moins que de
changer de système économique (capitalisme/économie de marché considérés comme
morts ou, en tout cas, en faillite et dépassés). Philosophie de base : économie dirigée,
corporatisme (FDR à Mussolini : pas vraiment de différence entre le New Deal et la
politique économique du fascisme). Détails plus loin. FDR et son "brain-trust" (cf. ci-
dessous) considèrent que c'est le volet essentiel. Approche empirique et pratique (ap-
préciation positive) - ou désordonnée et brouillonne, avec déficit et incohérences au
plan analytique (appréciation négative). A noter : énorme polarisation de l'opinion pu-
blique et de la société américaines : pour les uns, FDR est un héros, sinon un saint ;
pour d'autres, c'est "that man", un traître à sa classe sociale.
(7) "Brain trust" : Rexfort G. Tugwell (économiste, aujourd'hui oublié, père du AAA ;
dans le gouvernement FDR de 1933 à 1937); Raymond C. Moley (économiste, au-
jourd'hui oublié, démissionna après l'échec de la Conférence de Londres en été 1933) ;
Adolf A. Berle (juriste, principal père de la législation bancaire et financière du New
Deal ; de 1938 à 1944, Assistant Secretary of State for Latin-American affairs); etc.
(8) Mesures d'urgence : incontestablement, un succès. La confiance est restaurée, une im-
pression de dynamisme est créée, philosophie "make do" ; l'économie redémarre. In-
dice de la production industrielle : mars 1933 = 49,6 (1929 = 100) ; mai 1933 = 65,6 ;
juillet = 84,4. Les prix et la bourse sont à la hausse. Ensuite, la reprise s'essouffle ; rai-
son probable : les "codes" structurels du New Deal entrent en vigueur et ont des effets
contreproductifs (voir plus loin).
(9) Avant d'examiner les réformes structurelles du New Deal, quid des volets traditionnels
de la politique économique ?
- Politique monétaire : jusqu'à la guerre, le système bancaire américain nagera
littéralement dans les liquidités (énormes "excess reserves"), mais l'expansion du cré-
dit ne suit pas ou suit mal : les banques, échaudées, ont une forte préférence pour la li-
quidité. En 1936-7, cependant, la politique monétaire américaine virera dans un sens
restrictif - voir plus loin. Au plan international : le 19 avril 1933, abandon de l'étalon-
or et dévaluation du dollar (FDR est autorisé à dévaluer jusqu'à concurrence de 50%...)
Cela torpille la Conférence économique mondiale de Londres (juin 1933). Les USA
adoptent une politique économique internationale d'essence isolationniste - le reste du
monde ne compte pas ou, en tout cas, ne doit pas nous empêcher de faire ce que nous
voulons faire au plan intérieur. Le 31 janviers 1934, la valeur-or du dollar est fixée à
$35 par once d'or fin - restera en vigueur jusqu'en 1971 (Nixon). - Autre volet de la
politique monétaire du New Deal : "l'argentisme" ---> tentative, pour des raisons élec-
toralistes, de réhabiliter l'argent en tant que métal monétaire (achats, stockage) : sera
un échec complet.
- Politique budgétaire (fiscal policy) : a été vue. Rappel : FDR a été élu sur un
programme (platform) budgétaire orthodoxe : équilibrer les finances publiques. Pas de
différence avec Hoover. Dans la réalité des faits, la politique budgétaire du New Deal
a été ambiguë, tiraillée entre deux directions : mesures d'urgence pour aider les chô-
meurs et les agriculteurs (emergency relief), travaux publics (budget inital : 3.5 mil-
liards de dollars) ---> forte poussée des dépenses ; mesures d'assainissement du côté
des revenus (hausse d'impôts). Résultat : finances fédérales en déficit constant, mais
pas vraiment d'impulsion macroéconomique.