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3) La médiatisation comme facteur de publicisation de la santé 
Au  sein  du  processus  de  la  publicisation  de  la  santé  privée,  il  s’agit  ici 
d’interroger les dispositifs de médiatisation au travers desquels les affaires de santé 
privées  peuvent  acquérir  un  caractère  public.  Que  ce  soit  sous  la  forme  de 
l’engagement associatif, des usages des nouvelles technologies de l’information et de 
communication (NTIC)  (Romeyer,  2008)  ou  de  la  saisie  des  médias ou  du tribunal 
pour  exposer  en  quoi  l’on  a  été  une  victime  du  système  de  soins,  on  pourra  se 
demander comment les patients sont conduits à rendre publics leur cas. A ce propos, 
les  associations  de  patients  constituent  un  cas  intéressant  de  confrontation 
d’expériences  singulières  qui  amène  précisément  à  une  certaine  dé-singularisation 
des cas individuels (Paterson, Barral, 1994 ; Carricaburu, 1999 ; Callon, Rabeharisoa, 
2002).  
Du côté de l’« e-santé », la création des « communautés virtuelles » mobilise de 
nouveaux canaux de communication entre internautes. La multiplication des portails 
ou sites internet dédiés à la santé, à l’instar de Doctissimo, qui proposent des forums 
et  chats  où  les  internautes  peuvent  faire  état  de  leur  expérience  de  la  maladie  en 
atteste.  
Mais la publicisation de la santé privée se pose également à travers les débats 
médiatiques ou à travers le devenir judiciaire de certaines affaires privées de santé. Il 
s’agira moins de s’interroger sur la façon dont se construisent les problèmes publics 
(Gilbert, Henry,  2010 ; Henry, 2007 ; Fillion, 2009), que sur cette première étape du 
processus où des patients exposent sur la place publique – que ce soit via les médias 
et/ou le tribunal – leurs problèmes de santé. Les récentes affaires du Mediator® ou 
des  prothèses  mammaires  PIP  constituent  des  illustrations  exemplaires  de  cette 
publicisation de la santé privée en cours.  
À  travers  la  constitution  de  ces  espaces  publics  communs  se  profile  la 
configuration d’un modèle de patient inédit. Actif, susceptible d’avoir un avis sur sa 
maladie  et  sur  son  traitement,  désireux  de  participer  au  processus  décisionnel,  ce 
patient  mobilise  des  savoirs  de  forme  et  de  statut  divers,  ancrés  sur  le  partage 
d'expériences plurielles, parfois en rivalité avec le savoir médical. Ainsi, dans un va-
et-vient  constant  entre  sphère  individuelle  et  collective,  ces  dispositifs  de 
médiatisation ont également une influence sur les pratiques des professionnels de la 
santé, leur collaboration avec les institutions, mais également leurs interactions avec 
leurs patientèles.  
De  l’expérience  individuelle  à  la  dimension  collective  de  la  maladie,  la 
frontière semble ainsi ténue. Tout ceci interroge le processus de publicisation de la 
santé  privée,  appelant  à  l’analyse  des  usages  situés  et  l’examen  des  pratiques 
effectives des patients en la matière. Selon quelles modalités sont-ils amenés à avoir 
recours  à  de  telles  pratiques  de  médiatisation  et  selon quelles  propriétés  sociales ? 
Quel  contexte  sociétal  favorise  ce  genre  de  démarches ?  Autrement  dit,  à  quelle(s) 
condition(s) est-on conduit à publiciser son état de santé ? 
 
Les propositions de communication, d’une taille d’environ 2500 caractères et portant 
mention de l’adresse professionnelle, du statut et de l’adresse électronique de leur(s) auteur(s) 
2012 au plus tard. La sélection  des propositions et l’organisation de la journée seront rendues 
publiques le 29 juin. Une publication ultérieure dans une revue  est envisagée.