sur l'usage de la violence, sur les relations entre la politique et la morale, la révolte et la
révolution.
4-Influence de l’histoire :
A partir de 1940, Camus et Sartre sont brusquement confrontés avec l'histoire et la guerre.
Sartre était resté jusque là indifférent à la politique, et si Camus s'était engagé nettement en
faveur des Algériens, il l'avait fait en journaliste plutôt qu'en écrivain. Avec l'occupation et la
Résistance, leur littérature abandonnera peu à peu les thèmes de la solitude pour ceux de la
solidarité. Assurément, la première manière de l'existentialisme, avec ses images sombres et
désespérées, survit dans des pièces comme Huis Clos ou Le Malentendu (1944), et elle
répondait au désarroi des esprits qui voyaient s'effondrer toutes les morales rassurantes. Mais,
engagé dans la Résistance, l'existentialisme était bien comme nous l’avons vu, à la recherche
d'un nouvel humanisme. . Marqué par la Seconde Guerre mondiale, voyant se développer une
guerre froide qui risque d'imposer le choix entre l'U.R.S.S. et les U.S.A., l'existentialisme veut
rendre compte de cette tragédie. La Peste de Camus, Les Chemins de la liberté de Sartre, sous
une forme allégorique ou historique, tentent d'exprimer par le roman cet humanisme qui
refuse de s'incliner passivement devant les catastrophes de l'histoire. Camus, au vrai, cherche
un humanisme qui résiste à l'histoire et à toutes les formes de totalitarisme, Sartre, au
contraire, dessine un humanisme qui s'intégrerait à l'histoire et qui en accepterait les
violences. Mais l'un et l'autre, horrifié ou attiré par le communisme stalinien, sont également
fascinés par lui. A partir de 1950, cet humanisme résiste mal aux chocs de 1 'histoire. La
guerre de Corée, le problème de l'existence des camps de travail en U.R.S.S., les rigueurs du
régime stalinien divisent profondément les intellectuels existentialistes. Sartre, délaissant
volontiers la littérature pour les tâches politiques, fait de plus en plus de l'existentialisme une
réflexion sur le marxisme. Camus, au contraire, dans L’Homme révolté (1951), instruit le
procès des révolutions totalitaires qui érigent le meurtre en système et en raison d'État. Mais,
dans les deux cas, l'existentialisme semble avoir perdu son ambition de donner à 1 'histoire
une forme humaine.
D’ailleurs, les derniers livres que publie Camus avant sa mort marquent beaucoup de désarroi
et de pessimisme: l'élan humaniste de La Peste est bien retombé. A partir de 1956, voici
l'écrivain déchiré par la guerre d'Algérie qui meurtrit un pays auquel il était passionnément
attaché: il s'impose le silence. Sartre, de son côté, obsédé par cette même guerre, prend
position contre elle avec une éloquence véhémente, dont il est le premier à déplorer le peu
d'efficacité. L'existentialisme semble d'ailleurs se résorber. Pour Sartre, qui en 1958 étudie ses
relations avec le marxisme, l'existentialisme est une simple « idéologie » qui, en marge du
marxisme, véritable « philosophie » de notre temps, a tenté de le réactiver. « A partir du jour
où la recherche marxiste prendra la dimension humaine [...] comme le fondement du savoir
anthropologique, l'existentialisme n'aura plus de raison d'être: absorbé, dépassé et conservé
par le mouvement totalisant de la philosophie, il cessera d'être une enquête particulière pour
devenir le fondement de toute enquête. »
5- Résumons nous :
On ne peut pas dire que Sartre s'embarrasse de nuances. Les catégories dans lesquelles il
raisonne sont celles du tout ou rien. Soit le problème de l'État. Pour Sartre, les choses sont
claires: il n'y a pas à se demander si un État est despotique ou démocratique, car par essence
l'État est despotique. Tout État, quelle que soit son étiquette officielle, se réduit en dernière
analyse au rapport maîtrise/servitude. Ainsi Sartre rejoint-il le pessimisme machiavélien. Pour