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VITTOZ IRDC PARIS
1° année du 1° cycle La mémoire
Mai 2012 Ana Cristina Audat
LA MEMOIRE
Quelques définitions
Larousse : « Faculté de se souvenir »
Doron et Parot : Dictionnaire de psychologie :
« Capacité à acquérir, conserver et restituer des informations »
Larousse : Dictionnaire de psychologie :
« Persistance du passé »
« Acte du psychisme, l’expression de la personne toute entière »
Petit Robert : « la mémoire est la faculté de conserver, de rappeler les états de conscience
passées et ce qui s’y trouve associé. C’est l’esprit en tant qu’il garde le souvenir du passé. »
Lalande : Vocabulaire philosophique
« Fonction psychique consistant dans la reproduction d’un état de conscience passé avec ce
caractère qu’il est reconnu pour tel par le sujet. Par généralisation, toute conservation du passé
d’un être vivant dans l’état actuel de celui-ci… La mémoire psychique n’étant que la forme la
plus haute et la plus complexe de la mémoire. »
Albert Danilo : La psychothérapie Vittoz
« Le présent que nous essayons de vivre pleinement, ce n’est pas par le refoulement du passé
ni par la negation du futur que nous l’obtiendrons. La vie au présent n’est pas inconscience du
temps, mais dépassement de la temporalité par l’acceptation. »
R. Vittoz : Notes et pensées
« Il n’y a que le présent qui compte ».
Prof. Signoret : « la mémoire est l’expérience du passé qui nous permet à chaque instant de
nous adapter au présent et d’anticiper l’avenir. »
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Introduction
La mémoire nous mène à nous interroger sur l’être, sur ce qui assure la réalité et la
subsistance de ce qui est; qui dit mémoire dit aussi oubli.
Vaste sujet : questionnements sur l’individuation, le temps, sur la permanence et
l’impermanence, sur la relation sujet – objet …
Nous pouvons dire que c’est la mémoire qui fait l’homme. Chacun d’entre nous a une
mémoire et c’est par la mémoire que nous sommes des individus. Il s’agit d’aller voir la vie
du souvenir, sa nature, son histoire physique et mentale. Nous vivons tous avec des
références à notre passé, à un passé dont nous sommes les seuls détenteurs, même si nous
existons aussi dans la mémoire des autres.
Au centre, la question du rappel d’un souvenir. Ce rappel demande un travail de l’esprit et
nous savons que nous retrouvons moins que nous ne reconstruisons.
La fonction de la mémoire est de nous permettre de nous reconnaître en tant qu’être unique
qui a existé et continue d’exister. Elle est en quelque sorte « une lutte contre l’absence »,
comme disait Janet.
C’est notre mémoire qui constitue un des éléments d’unification de notre personnalité, elle
ramène au présent ce qui demeure de notre passé et prépare l’avenir.
Processus en œuvre : acquisition, conservation, transformation et expression.
Dès l’enregistrement des sensations, la personnalité de chacun intervient pour en modifier la
perception.
La conservation des impressions et des idées n’est ni immuable ni garantie, elle est soumise à
des modifications. L’acte de mémoire va de l’acquisition personnalisée à la transformation,
puis à la réactualisation imaginaire.
Aujourd’hui les neurosciences ont éclairé les conceptions de la mémoire avec la notion de
plasticité neuronale : cette possibilité pour les cellules nerveuses de se réorganiser entre elles
lorsqu’elles sont sollicitées. Notre cerveau n’est pas une structure figée et il est en évolution et
réorganisation constantes.
La mémoire est une fonction dynamique en mutation permanente.
Nous savons aussi aujourd’hui que :
- tout le cerveau participe au rappel d’un souvenir et que il n’y a pas une location spécifique
pour stoker les souvenirs.
- nous nous souvenons de ce qui nous touche : la dimension affective est très importante.
- la mémoire est aussi imaginative et que loin d’être un réservoir des souvenirs intacts, nous
reconstruisons et transformons, insensiblement mais sans cesse, notre passé en fonction de
notre personnalité présente et de notre projection vers l’avenir.
Comment fonctionne notre mémoire ?
Ce que nous percevons du monde extérieur se transforme au niveau de notre cerveau en
sensations, en impressions qui vont sans cesse constituer nos souvenirs, mais aussi modifier et
ré agencer ceux que nous possédions déjà. Ces facteurs sont la base de notre personnalité, de
notre imagination, de notre esprit créateur. La mémoire est la fonction de notre cerveau qui
constitue le lien entre ce que nous percevons du monde extérieur et ce que nous créons, ce que
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nous avons été et ce que nous sommes, elle est indissociable de la pensée et de la
personnalité.
Tout le cerveau y participe :
La mémoire est faite d’habitudes, des automatismes : des réflexes conditionnés , d’instincts ,
des chaînes de réflexes satisfaisant des besoins élémentaires , une mémoire corporelle
implicite qui résulte de l’activation des systèmes sensoriels et moteurs sollicités lors de
l’apprentissage de la tâche (mémoire procédurale, mémoire du « savoir faire ») : ex :
conduire une voiture.
Certains automatismes permettent une liberté d’action, alors que d’autres peuvent nous aliéner
exemple le geste qui fait l’enfant pour se protéger quand on l’approche et qui reste au-delà de
l’enfance.
Nous pouvons créer des nouveaux automatismes : en Vittoz nous travaillons à mettre en place
des automatismes qui vont nous servir pour retrouver un état de présence comme par exemple
se poser en rentrant chez soi.
Le souvenir explicite, évoqué consciemment, la mémoire humaine dans son sens large. Elle est
le résultat du fonctionnement de tout le cerveau, c’est la mémoire cognitive (« savoir que » ,
mémoire déclarative) . C’est une représentation consciente des événements.
La mémoire souvenir : le passé reconnu comme tel (mémoire épisodique)
Le fait de pouvoir revenir consciemment vers le passé et avec le souvenir surmonter le temps
tout en se retrouvant soi même, bien que affecté par le temps. C’est la victoire de la
conscience sur le temps.
Mémoire de l’inconscient : ensemble d’événements affectifs enfouis dans notre inconscient.
Comme disait Bergson : « Ils sont là, à l’état de fantômes invisibles »
C’est la psychanalyse qui a mis en évidence les processus de censure et refoulement.
Notre propos ici n’est pas neurologique, mais voici quelques notions.
C’est par l’étude des lésions que nous savons un peu plus sur les différentes parties qui
participent au fonctionnement de la mémoire :
Les lobes temporaux : leur lésion perturbe gravement les formes « explicites d’apprentissage
et de mémoire, celles qui dépendent du registre conscient, par contre les formes
d’apprentissage implicite sont épargnées (mémoire procédurale)
L’hippocampe situé dans les lobes temporaux est essentiel à la mémoire chez l’homme et
l’animal. Par contre sa lésion ne perturbe que la mémorisation des événements récents, la
mémorisation des événements antérieurs est sauvegardée
L’amygdale, associé à l’hippocampe participe beaucoup dans le processus de la mémoire et
intervient dans l’aspect émotionnel.
Le cervelet : des travaux récents montrent qu’il peut servir à stocker des souvenirs. Les acides
nucléiques permettent un codage des souvenirs. C’est l’intégralité de l’encéphale qui est
concerné mais aussi ses facultés de l’esprit, comme l’intelligence, le jugement et l’affectivité.
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Fonctionnement de la mémoire
Différentes phases de l’acte de mémorisation
A - Le codage
C’est l’entrée de l’information : la façon dont un stimulus est encodé détermine la possibilité
qu’il revienne en mémoire.
Il y a l’encodage automatique a qui libère notre attention pour encoder des choses plus
complexes.
L’encodage contrôlé est une mémorisation qui demande des efforts (ex : apprendre des mots
nouveaux
On se souvient mieux de ce que l’on a passé du temps à apprendre
Toute répétition complémentaire augmente la rétention
L’information non traitée disparaît.
Il y a plusieurs façons d’encoder :
- Système d’encodage par signification ou codage sémantique : nous donnons du
sens en associant les informations avec ce que nous connaissons déjà ou ce que
nous imaginons. Notre souvenir n’est pas celui des choses comment elles étaient
mais comment nous les avons encodées.
- Visualisation des informations : nous nous souvenons de nos expériences au
moyen des images qui reviennent. On retient mieux des mots avec des images :
(système mnémotechnique)
- En organisant l’information : le groupement améliore notre mémoire.
Il y a un choix qui s’établit :
a - selon des critères objectifs :
- Elle s’appui sur la perception et repose sur l’attention que le sujet porte au réel.
- Ce qui est organisé en un tout cohérent peut se fixer plus facilement (critère de la
bonne forme de la gestalt)
- Tout un chacun essaie de structurer l’information et chacun a des compétences
différentes. L’enfant apprend à se souvenir et à oublier : manière de relater, de
décrire, d’effacer certains détails.
- On ne mémorise bien que si on oublie bien.
L’intelligence organise les souvenirs, l’esprit sélectionne les représentations dignes d’être
fixées, il organise l’oubli rationnel.
b - selon des critères subjectifs : ce sont les plus nombreux. Un souvenir se conserve d’autant
mieux qu’il est lié à un contexte affectif ou intellectuel, qu’il a un sens.
La mémoire ne se confond pas avec la réalité. Elle élimine ce qui paraît sans intérêt. Nous
fixons en fonction de ce que nous sommes avec nos préoccupations, nos attentes, nos
exigences, notre affectivité.
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« La mémoire est toujours aux ordres du cœur » (Rivarol) Plusieurs personnes visitant la
même exposition ne se souviendrons pas des mêmes choses.
De tout ce que nous avons appris, vécu, lu, entendu nous gardons solidement en mémoire que
ce qui , soit nous est utile, indispensable et que nous entretenons en permanence soit ce qui a
été marqué d’une valeur affective majeure ou bien qui nous passionne.
Certains souvenirs affectifs demeurent parce que nous les avons entretenus revécus au cours
du temps. C’est l’équivalent de la répétition dans l’apprentissage.
Une fois fixé le souvenir pourra revenir soit spontanément soit par un effort volontaire
d’évocation, il est donc stocké.
B - Stockage des souvenirs
Mémoire ultra-courte : persistance d’une image dans la rétine : elle peut s’affiner avec un
entraînement à la réceptivité consciente
La mémoire sensorielle, sensori- motrice permet la reconnaissance - la perception.
La mémoire s’inscrit dans la sensation et c’est grâce à cette mémoire perceptive que les
choses et les êtres sont reconnus.
Mémoire immédiate ou à court terme : système permettant l’accomplissement d’activités qui
requièrent le maintient d’informations disponibles à des fins d’utilisation immédiate. Il s’agit
de conserver les informations quelques secondes : on redit immédiatement et sans travail de
re- mémorisation ce que l’on vient d’entendre ou de lire. C’est la mémoire de travail : garder
des éléments nécessaires pour la tâche à accomplir le temps de la tâche, elle intervient dans le
calcul mental et la compréhension du langage.
En pathologie : cette mémoire immédiate s’efface ou s’émousse par les électrochocs ou même
par les tranquillisants ; de même dans les traumatismes crâniens.
Mémoire à moyen terme : mémoire de révision des examens pour s’en servir il y a besoin de
mémorisation et de concentration
Pour passer de la mémoire à court terme à la mémoire de long terme on sait que le sommeil
joue un rôle important.
Dans les expériences d’apprentissage : si on prive un rat de sommeil après un apprentissage,
ses performances sont moins bonnes le lendemain
C’est surtout pendant le sommeil paradoxal qu’a lieu la consolidation de la mémoire : tout
se passe comme si la trace esquissée par la mémoire était repassée, approfondie, consolidée,
stockée. Il y a maturation de la trace mnésique, c’est le traitement des informations.
Le sommeil paradoxal (20 minutes en moyenne toutes les heures et demie pour l’adulte)
augmente après une phase d’apprentissage.
Chez le nouveau-né le sommeil paradoxal est particulièrement long, il y a beaucoup
d’informations à traiter..
Apprendre à fur et à mesure le soir avant de dormir et la relecture optimisent la mémoire
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