VITTOZ IRDC PARIS

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VITTOZ IRDC PARIS
1° année du 1° cycle
Mai 2012
La mémoire
Ana Cristina Audat
LA MEMOIRE
Quelques définitions
Larousse : « Faculté de se souvenir »
Doron et Parot : Dictionnaire de psychologie :
« Capacité à acquérir, conserver et restituer des informations »
Larousse : Dictionnaire de psychologie :
« Persistance du passé »
« Acte du psychisme, l’expression de la personne toute entière »
Petit Robert : « la mémoire est la faculté de conserver, de rappeler les états de conscience
passées et ce qui s’y trouve associé. C’est l’esprit en tant qu’il garde le souvenir du passé. »
Lalande : Vocabulaire philosophique
« Fonction psychique consistant dans la reproduction d’un état de conscience passé avec ce
caractère qu’il est reconnu pour tel par le sujet. Par généralisation, toute conservation du passé
d’un être vivant dans l’état actuel de celui-ci… La mémoire psychique n’étant que la forme la
plus haute et la plus complexe de la mémoire. »
Albert Danilo : La psychothérapie Vittoz
« Le présent que nous essayons de vivre pleinement, ce n’est pas par le refoulement du passé
ni par la negation du futur que nous l’obtiendrons. La vie au présent n’est pas inconscience du
temps, mais dépassement de la temporalité par l’acceptation. »
R. Vittoz : Notes et pensées
« Il n’y a que le présent qui compte ».
Prof. Signoret : « la mémoire est l’expérience du passé qui nous permet à chaque instant de
nous adapter au présent et d’anticiper l’avenir. »
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Introduction
La mémoire nous mène à nous interroger sur l’être, sur ce qui assure la réalité et la
subsistance de ce qui est; qui dit mémoire dit aussi oubli.
Vaste sujet : questionnements sur l’individuation, le temps, sur la permanence et
l’impermanence, sur la relation sujet – objet …
Nous pouvons dire que c’est la mémoire qui fait l’homme. Chacun d’entre nous a une
mémoire et c’est par la mémoire que nous sommes des individus. Il s’agit d’aller voir la vie
du souvenir, sa nature, son histoire physique et mentale. Nous vivons tous avec des
références à notre passé, à un passé dont nous sommes les seuls détenteurs, même si nous
existons aussi dans la mémoire des autres.
Au centre, la question du rappel d’un souvenir. Ce rappel demande un travail de l’esprit et
nous savons que nous retrouvons moins que nous ne reconstruisons.
La fonction de la mémoire est de nous permettre de nous reconnaître en tant qu’être unique
qui a existé et continue d’exister. Elle est en quelque sorte « une lutte contre l’absence »,
comme disait Janet.
C’est notre mémoire qui constitue un des éléments d’unification de notre personnalité, elle
ramène au présent ce qui demeure de notre passé et prépare l’avenir.
Processus en œuvre : acquisition, conservation, transformation et expression.
Dès l’enregistrement des sensations, la personnalité de chacun intervient pour en modifier la
perception.
La conservation des impressions et des idées n’est ni immuable ni garantie, elle est soumise à
des modifications. L’acte de mémoire va de l’acquisition personnalisée à la transformation,
puis à la réactualisation imaginaire.
Aujourd’hui les neurosciences ont éclairé les conceptions de la mémoire avec la notion de
plasticité neuronale : cette possibilité pour les cellules nerveuses de se réorganiser entre elles
lorsqu’elles sont sollicitées. Notre cerveau n’est pas une structure figée et il est en évolution et
réorganisation constantes.
La mémoire est une fonction dynamique en mutation permanente.
Nous savons aussi aujourd’hui que :
- tout le cerveau participe au rappel d’un souvenir et que il n’y a pas une location spécifique
pour stoker les souvenirs.
- nous nous souvenons de ce qui nous touche : la dimension affective est très importante.
- la mémoire est aussi imaginative et que loin d’être un réservoir des souvenirs intacts, nous
reconstruisons et transformons, insensiblement mais sans cesse, notre passé en fonction de
notre personnalité présente et de notre projection vers l’avenir.
Comment fonctionne notre mémoire ?
Ce que nous percevons du monde extérieur se transforme au niveau de notre cerveau en
sensations, en impressions qui vont sans cesse constituer nos souvenirs, mais aussi modifier et
ré agencer ceux que nous possédions déjà. Ces facteurs sont la base de notre personnalité, de
notre imagination, de notre esprit créateur. La mémoire est la fonction de notre cerveau qui
constitue le lien entre ce que nous percevons du monde extérieur et ce que nous créons, ce que
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nous avons été et ce que nous sommes, elle est indissociable de la pensée et de la
personnalité.
Tout le cerveau y participe :
La mémoire est faite d’habitudes, des automatismes : des réflexes conditionnés , d’instincts ,
des chaînes de réflexes satisfaisant des besoins élémentaires , une mémoire corporelle
implicite qui résulte de l’activation des systèmes sensoriels et moteurs sollicités lors de
l’apprentissage de la tâche (mémoire procédurale, mémoire du « savoir faire ») : ex :
conduire une voiture.
Certains automatismes permettent une liberté d’action, alors que d’autres peuvent nous aliéner
exemple le geste qui fait l’enfant pour se protéger quand on l’approche et qui reste au-delà de
l’enfance.
Nous pouvons créer des nouveaux automatismes : en Vittoz nous travaillons à mettre en place
des automatismes qui vont nous servir pour retrouver un état de présence comme par exemple
se poser en rentrant chez soi.
Le souvenir explicite, évoqué consciemment, la mémoire humaine dans son sens large. Elle est
le résultat du fonctionnement de tout le cerveau, c’est la mémoire cognitive (« savoir que » ,
mémoire déclarative) . C’est une représentation consciente des événements.
La mémoire souvenir : le passé reconnu comme tel (mémoire épisodique)
Le fait de pouvoir revenir consciemment vers le passé et avec le souvenir surmonter le temps
tout en se retrouvant soi même, bien que affecté par le temps. C’est la victoire de la
conscience sur le temps.
Mémoire de l’inconscient : ensemble d’événements affectifs enfouis dans notre inconscient.
Comme disait Bergson : « Ils sont là, à l’état de fantômes invisibles »
C’est la psychanalyse qui a mis en évidence les processus de censure et refoulement.
Notre propos ici n’est pas neurologique, mais voici quelques notions.
C’est par l’étude des lésions que nous savons un peu plus sur les différentes parties qui
participent au fonctionnement de la mémoire :
Les lobes temporaux : leur lésion perturbe gravement les formes « explicites d’apprentissage
et de mémoire, celles qui dépendent du registre conscient, par contre les formes
d’apprentissage implicite sont épargnées (mémoire procédurale)
L’hippocampe situé dans les lobes temporaux est essentiel à la mémoire chez l’homme et
l’animal. Par contre sa lésion ne perturbe que la mémorisation des événements récents, la
mémorisation des événements antérieurs est sauvegardée
L’amygdale, associé à l’hippocampe participe beaucoup dans le processus de la mémoire et
intervient dans l’aspect émotionnel.
Le cervelet : des travaux récents montrent qu’il peut servir à stocker des souvenirs. Les acides
nucléiques permettent un codage des souvenirs. C’est l’intégralité de l’encéphale qui est
concerné mais aussi ses facultés de l’esprit, comme l’intelligence, le jugement et l’affectivité.
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Fonctionnement de la mémoire
Différentes phases de l’acte de mémorisation
A - Le codage
C’est l’entrée de l’information : la façon dont un stimulus est encodé détermine la possibilité
qu’il revienne en mémoire.
Il y a l’encodage automatique a qui libère notre attention pour encoder des choses plus
complexes.
L’encodage contrôlé est une mémorisation qui demande des efforts (ex : apprendre des mots
nouveaux
On se souvient mieux de ce que l’on a passé du temps à apprendre
Toute répétition complémentaire augmente la rétention
L’information non traitée disparaît.
Il y a plusieurs façons d’encoder :
-
-
-
Système d’encodage par signification ou codage sémantique : nous donnons du
sens en associant les informations avec ce que nous connaissons déjà ou ce que
nous imaginons. Notre souvenir n’est pas celui des choses comment elles étaient
mais comment nous les avons encodées.
Visualisation des informations : nous nous souvenons de nos expériences au
moyen des images qui reviennent. On retient mieux des mots avec des images :
(système mnémotechnique)
En organisant l’information : le groupement améliore notre mémoire.
Il y a un choix qui s’établit :
a - selon des critères objectifs :
- Elle s’appui sur la perception et repose sur l’attention que le sujet porte au réel.
- Ce qui est organisé en un tout cohérent peut se fixer plus facilement (critère de la
bonne forme de la gestalt)
- Tout un chacun essaie de structurer l’information et chacun a des compétences
différentes. L’enfant apprend à se souvenir et à oublier : manière de relater, de
décrire, d’effacer certains détails.
- On ne mémorise bien que si on oublie bien.
L’intelligence organise les souvenirs, l’esprit sélectionne les représentations dignes d’être
fixées, il organise l’oubli rationnel.
b - selon des critères subjectifs : ce sont les plus nombreux. Un souvenir se conserve d’autant
mieux qu’il est lié à un contexte affectif ou intellectuel, qu’il a un sens.
La mémoire ne se confond pas avec la réalité. Elle élimine ce qui paraît sans intérêt. Nous
fixons en fonction de ce que nous sommes avec nos préoccupations, nos attentes, nos
exigences, notre affectivité.
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« La mémoire est toujours aux ordres du cœur » (Rivarol) Plusieurs personnes visitant la
même exposition ne se souviendrons pas des mêmes choses.
De tout ce que nous avons appris, vécu, lu, entendu nous gardons solidement en mémoire que
ce qui , soit nous est utile, indispensable et que nous entretenons en permanence soit ce qui a
été marqué d’une valeur affective majeure ou bien qui nous passionne.
Certains souvenirs affectifs demeurent parce que nous les avons entretenus revécus au cours
du temps. C’est l’équivalent de la répétition dans l’apprentissage.
Une fois fixé le souvenir pourra revenir soit spontanément soit par un effort volontaire
d’évocation, il est donc stocké.
B - Stockage des souvenirs
Mémoire ultra-courte : persistance d’une image dans la rétine : elle peut s’affiner avec un
entraînement à la réceptivité consciente
La mémoire sensorielle, sensori- motrice permet la reconnaissance - la perception.
La mémoire s’inscrit dans la sensation et c’est grâce à cette mémoire perceptive que les
choses et les êtres sont reconnus.
Mémoire immédiate ou à court terme : système permettant l’accomplissement d’activités qui
requièrent le maintient d’informations disponibles à des fins d’utilisation immédiate. Il s’agit
de conserver les informations quelques secondes : on redit immédiatement et sans travail de
re- mémorisation ce que l’on vient d’entendre ou de lire. C’est la mémoire de travail : garder
des éléments nécessaires pour la tâche à accomplir le temps de la tâche, elle intervient dans le
calcul mental et la compréhension du langage.
En pathologie : cette mémoire immédiate s’efface ou s’émousse par les électrochocs ou même
par les tranquillisants ; de même dans les traumatismes crâniens.
Mémoire à moyen terme : mémoire de révision des examens pour s’en servir il y a besoin de
mémorisation et de concentration
Pour passer de la mémoire à court terme à la mémoire de long terme on sait que le sommeil
joue un rôle important.
Dans les expériences d’apprentissage : si on prive un rat de sommeil après un apprentissage,
ses performances sont moins bonnes le lendemain
C’est surtout pendant le sommeil paradoxal qu’a lieu la consolidation de la mémoire : tout
se passe comme si la trace esquissée par la mémoire était repassée, approfondie, consolidée,
stockée. Il y a maturation de la trace mnésique, c’est le traitement des informations.
Le sommeil paradoxal (20 minutes en moyenne toutes les heures et demie pour l’adulte)
augmente après une phase d’apprentissage.
Chez le nouveau-né le sommeil paradoxal est particulièrement long, il y a beaucoup
d’informations à traiter..
Apprendre à fur et à mesure le soir avant de dormir et la relecture optimisent la mémoire
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La mémoire à long terme met en jeux des opérations complexes. C’est un ensemble des
systèmes et de sous systèmes indépendants. Elle est conçue comme un système d’opérations
permettant l’utilisation d’apprentissages antérieurs
.
Au 19° siècle, Ribot qui étudie la pathologie de la mémoire déclare que les souvenirs sont
conservés sous forme de traces matérielles dans la substance cérébrale et qu’une destruction
partielle du cerveau peut les faire disparaître. Nous savons aujourd’hui que la destruction d’un
territoire cérébral supprime non les souvenirs eux-mêmes mais la capacité d’évocation.
Delay dans « Les maladies de la mémoire » cite l’exemple d’un malade qui ne se souvient pas
des paroles de « La marseillaise », mais qui la chante ; Au bout d’un certain temps plus ou
moins long, les souvenirs reviennent : ils n’ont pas disparu.
Une émotion peut faire ressurgir un souvenir qui paraissait complètement disparu.
« Nous codons par la synthèse de protéines » (Laborit, neurophysiologue)
Ce que le cerveau conserve c’est un certain codage qui va permettre la réactualisation du
souvenir. La capacité d’attention conditionne la conservation des souvenirs.
C – Le rappel : évocation des souvenirs
Evocation involontaire ou spontanée : la ‘madeleine’ de Proust, qui en mangeant une
madeleine est envahi par un sentiment de bonheur. Il se revoit enfant, quand sa tante lui
offrait un morceau de madeleine trempé dans une tisane.
Ce qui permet l’évocation spontané c’est l’association d’idées. On associe grâce aux affects :
logique affective inconsciente.
Les souvenirs sont toujours composites et les cinq sens participent à l’information du
cerveau ; ce sont des capteurs. Nous sommes aussi informés par la somesthésie – la
perception du chaud et du froid qui subsiste longtemps et la kinesthésie qui est la perception
du mouvement et du déplacement. Il suffit d’un accès de fièvre, d’un mot, d’une odeur, d’une
saveur pour que les voies qui ont participé à l’élaboration du souvenir global soient réactivées.
La réceptivité en Vittoz aux sensations permet la résurgence des souvenirs.
Le rappel volontaire et réfléchi des souvenirs
Ce rappel nécessite un travail de reconstruction du passé. Il est plus facile de se rappeler ce
qui est organisé, ordonné, ce qui a un fil conducteur, ce qui est pris dans une forme, un
contexte. Cette évocation s’appui sur l’intelligence qui est la faculté de mises en rapport. On
se souvient plus facilement de la poésie que de la prose, c’est un mécanisme cognitif
complexe.
La mémoire humaine se caractérise entre autres par deux opérations importantes :
La reconnaissance : acte par lequel l’esprit, devant l’évocation d’un fait, d’un état antérieur
vécu par lui, assigne à ce fait, à cet état, la qualité du passé, le reconnaît comme passé : il y a
jugement.
Il y a une maladie qui consiste à prendre le présent pour le passé : la paramnésie.
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La localisation : c’est l’opération qui nous permet de replacer un souvenir dans l’histoire
antérieure très personnelle qui est la nôtre. C’est là que jouent les repères chronologiques et
sociaux : « à la fin de la guerre… »
Je ne retrouve pas toujours le repère temporel mais je me souviens d’une parole, d’un
visage…
La mémoire collective
La société se préoccupe d’organiser la mémoire de chacun d’entre nous.
Cette mémoire est également sélective, et les choix faits ne sont pas forcément objectifs.
C’est dans les sociétés totalitaires où mémoire et histoire se doivent de coïncider.
Même dans la mémoire collective il est nécessaire d’oublier à cause de la saturation et en ceci
tout archiviste est d’abord un homme qui jette, qui sélectionne. L’oubli, la contingence des
critères de sélection des traces, sont inhérentes au fonctionnement de la mémoire. Le souci
porte autant sur l’existence d’une trace que sur la possibilité d’y accéder et de pouvoir
l’interpréter. La mémoire vivante exige un travail d’analyse critique du passé, un
discernement.
Les défaillances de la mémoire
1 – l’oubli
Les nécessités du présent nous obligent à sélectionner nos souvenirs, pour vivre l’aujourd’hui.
Il faut faire un tri dans l’abondance du passé. On ne mémorise bien que si l’on peut oublier.
Mémoire et oubli s’exercent de façon sélective.
« Tout se passe comme si notre ordinateur cérébral effaçait pour libérer des circuits. On
retient souvent l’agréable et l’utilitaire, mais aussi des souvenirs douloureux. L’oubli est
d’une certaine façon le signe d’une adaptation au réel.
L’oubli est une activité vivante, non une tare ou un échec. Il est la fonction dont l’être en
devenir, en gestation, se sert pour aller de l’avant, pour inventer, pour faire du neuf en lui et
dans la nature. Il est nécessaire d’oublier. En ce sens, l’oubli a une sorte de fonction créatrice,
libératrice : c’est un signe de liberté. L’oubli est une soupape de sécurité. « C’est le gardien de
la mémoire » selon Delay.
Il y a aussi des oublis qui nous gênent, comme les trous de mémoire. Il y a aussi « l’infidélité
de la mémoire » : nous ne souvenons pas exactement, nous oublions les détails, nous en
ajoutons. Cela se vérifie quand on interroge les témoins : leurs versions sont différentes.
Nous voyons le monde de façon très subjective et nous le reconstruisons à travers notre
personnalité et notre mémoire, et nous n’oublions pas n’importe quoi : nous sélectionnons et
nou refoulons. L’oubli a une fonction de défense : je peux oublier ce qui m’est intolérable, je
le mets de coté pour un temps. Si je le refoule totalement, le souvenir continue à agir dans
mon inconscient. L’oubli se comprend en considérant l’être dans sa totalité. Ce n’est pas un
mécanisme isolé.
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Pathologies de la mémoire
1 - les amnésies
C’est soit une perte partielle, soit une perte totale de la mémoire :
-
-
amnésies antérogrades ou amnésie de fixation : les souvenirs s’effacent au fur et à
mesure.
amnésies rétrogrades : ce dont souffrent les personnes âgées, qui oublient les faits
récents et conservent les faits anciens. Elles aiment raconter le passé chargé
d’affectivité, ce qui le fixe.
amnésies après un choc émotionnel : le souvenir est refoulé car difficilement
évocable
hypermnésie normale : c’est la mémoire d’éléphant.
hypermnésie pathologique : faite d’un tumulte anarchique de souvenirs et d’images
paramnésie ou fausse reconnaissance : le présent est pris pour le passé.
2 - Le ramollissement cérébral
La maladie d’Alzheimer et la démence sénile
La maladie d’Alzheimer est une « terrible spirale d’aspiration psychologique que crée
l’amnésie, véritable deuil de soi « (Denis Edou, psychiatre).
C’est un processus destructeur qui touche certaines zones du cerveau.
La démence est une dégradation par rapport à l’état antérieur qui gêne dans le fonctionnement
quotidien : identifier les causes des troubles de la mémoire favorise le dépistage précoce des
démences et il y a nécessité d’une équipe pluridisciplinaire :
-
-
les psychologues évaluent par des tests simples la présence d’un éventuel déficit
mnésique et recherchent les perturbations comportementales et apprécient la plante
mnésique
les gériatres dépistent les causes somatiques, bilan biologique, scanner, évaluation
de la prise de médicaments
l’examen neurologique concerne la recherche de troubles praxiques, aphasiques
agnostiques des signes extra-pyamidaux et des réflexes archaïques
les assistantes sociales recherchent un trouble affectif, vérifient la présence des
critères de démence et apprécient la gravité de celle-ci.
Dans les troubles de la mémoire :
57% : maladie d’Alzheimer
24% : plaintes mnésiques sans diagnostic
6% : démence vasculaire
4,8% : autre démence organique
2% : démence frontal
6% : troubles dépressifs et névrotiques
Toute plainte de mémoire n’est pas nécessairement le reflet d’un trouble de la mémoire
Tout trouble de mémoire n’est pas nécessairement le symptôme de la maladie d’Alzheimer
Toute maladie de la mémoire n’est pas nécessairement la maladie d’Alzheimer
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L’idée répandue est qu’il est normal de perdre la mémoire en vieillissant est totalement faux,
certains oublis sont peu pénalisants, d’autres le sont davantage ; il est nécessaire de repérer
leur fréquence et leur caractère perturbant.
Dans la maladie d’Alzheimer les troubles de la mémoire sont celle de la mémoire des
événements, mémoire dite épisodique, et les troubles mnésiques sont souvent minimisés par le
patient
L’information est oubliée même si elle est fournie par un tiers, elle n’évoque rien au patient
L’encodage est déficitaire
La reconnaissance peut être préservée mais elle décline vite, le rappel différé s’effondre.
Les troubles mnésiques s’accompagnent des troubles du langage (manque de mots, difficultés
orthographiques, …) et les praxies ne sont pas parfaites
La dénomination d’images révèle des troubles de la reconnaissance visuelle ou des difficultés
sémantiques.
En général les troubles de la mémoire s’aggravent et s’accompagnent de troubles dans le
domaine de la cognition, troubles attentionnels, d’orientation temporo-spatiale, du langage et
des praxies, des gnosies, du jugement, du raisonnement et des modifications thymiques (de
l’humeur). L’évolution des troubles neuropsychologiques est progressive.
Vittoz et mémoire
Nous sommes confrontés à un environnement de plus en plus complexe que nous maîtrisons
de moins en moins. Souvent nous regardons mais nous ne voyons pas, nous écoutons mais
nous n’entendons pas : nous ne recevons pas de façon adéquate les messages sensoriels et de
ce fait nous mémorisons mal.
Le but premier de Vittoz n’est pas d’améliorer la mémoire, mais les exercices concurrent à la
développer. Nous fixons mal par manque de réceptivité. En Vittoz nous allons rééduquer nos
sens, retrouver un rapport au réel plus objectif en installant l’état de présence.
C’est ainsi que après un temps de lâcher prise, vivre une réceptivité à quelques objets permet
de les mémoriser plus facilement.
« La mémoire est la façon d’enregistrer. Elle dépend de l’état de calme et de l’ordre du
cerveau « R. Vittoz, Notes et pensées p.25
Parce que nous sommes dispersés, nos manquons d’attention.
Les actes conscients vont se graver dans notre cerveau, dans notre corps et nous garderons le
souvenir.
Les exercices de concentration et de déconcentration vont permettre le stockage des
informations parce qu’ils diminuent la dispersion mentale, libèrent un espace et renforcent le
contrôle cérébral.
L’état de présence, l’accueil des sensations, la détente, favorisent la mémorisation mais ils
permettent aussi le resurgissement des souvenirs.
Quand on parle mémoire, il ne s’agit pas que d’une activité mentale, mais bien aussi de la
mémoire du corps.
« Notre corps est un mémento toujours actuel, griffé ou griffonné, de notre histoire
individuelle : il est l’agenda de nos désirs, nos besoins, notre existence »
(Leon-Loius Grateloup, cours de philosophie, terminal A, hachette 1990)
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La relaxation donne sa place au corps, lui permet de se poser, de déposer son fardeau, de se
retrouver. Elle ouvre des nouveaux conditionnements et donne accès à la rencontre de soi,
dans son unité, dans son histoire.
Un des bienfaits du Vittoz est d’apprendre à accueillir, à conserver, une juste affectivité se
met en place. Grâce à la mise à distance, nous ne nous laissons plus détruire par l’émotion qui
nous envahit liée à un souvenir. Nous n’avons plus besoin de refouler, mais nous le mettons
de côté avant de comprendre pourquoi ce souvenir nous perturbe grâce au travail psychique.
La dynamique de la thérapie Vittoz pourra déboucher sur la remontée de souvenirs perdus,
refoulés dans l’inconscient et qui paralysaient notre vie présente.
Tout le travail psychique du Vittoz tend, à travers cette recherche sur notre mémoire profonde
à réaliser cette prise en charge de nous-même.
Comme disait Proust : je rassemble les morceaux épars de mon passé (« A la recherche du
temps perdu »)
Le début de la cure est apprentissage de la vie au présent, sachant que mon présent est aussi
fait de mon passé. L’approfondissement psychique, lui, est au service de la résurgence des
souvenirs.
Cette nouvelle prise de conscience des souvenirs perdus ou refoulés permet de mieux
appréhender les situations anxiogènes et laisse place pour des nouvelles possibilités.
A travers un double cheminement, je me libère de la charge affective négative liée à tel
souvenir et j’assume mon passé, je le reconnais comme mien. Cette mémoire retrouvée me
redonne confiance en moi-même et me permet d’acquérir une nouvelle liberté d’être.
Comme nous le disent des vittoziens:
« Ne garder dans la mémoire qu’un souvenir de l’évènement vidé de sa charge affective,
neutralisé, c’est en être libre » Rosie Bruston
« Parce que je valorise le présent, le passé devient plus léger, j’attends l’avenir objectivement
(sans crainte, sans espoir excessif) mais aussi, ici, maintenant, l’instant sera plus juste, plus
heureux. » Michelle Bussillet
Et des auteurs :
« Pour évoquer le passé sous forme d’image, il faut pouvoir s’abstraire de l’action présente, il
faut savoir attacher du prix à l’inutile, il faut vouloir rêver. L’homme seul est peut-être
capable d’un effort de ce genre. Encore le passé où nous remontons ainsi est-il glissant,
toujours sur le point de nous échapper, comme si cette mémoire régressive était contrariée par
l’autre mémoire, plus naturelle, dont le mouvement en avant nous porte à agir et à vivre »
(Matière et mémoire, 1896, BERGSON, Alcan 1939 , pp 87-88
En plus : petit appendix
Il y a une qualité originelle de la mémoire. Les polyglottes ont un don et certains esprits sont
des encyclopédies vivantes. En revanche il existe une quantité de gens qui sont incapables se
souvenir d’une bonne histoire qui les a fait rire la veille.
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Quelles conditions pour développer sa mémoire ?
Quelles conditions psychologiques pour mémoriser ?
En court :
- La détente, le sommeil, la respiration, l’oxygénation
- La relecture réactive la mémoire
- Les moyens mnémotechniques
- L’affectivité, l’intérêt, la motivation, notre désir…
- L’attention volontaire joue un rôle très important, ainsi les actes conscients laissent
des traces. Il est nécessaire d’être attentif sans tension.
- Le contexte joue un rôle, le travail en images mentales aide à retrouver le vécu, le
contexte.
Bibliographie
BERGSON
Matière et mémoire, 1896, in « Œuvres », Pléiade, Gallimard, 1970
L’évolution créatrice
CHANGEUX J.P.
L’homme neuronal, Fayard 1983
CHAUCHARD
Le savoir vivre humain Ed. du Levain
DELAY
Les maladies de la mémoire
FREUD S.
Introduction à la psychanalyse, chapitre 2 : « Les actes manqués »
Payot, 1949
PROUST M.
A la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, Tome 1 ,
Gallimard, 1954
TADIE JY et M.
Le sens de la mémoire, Gallimard nrf 1999
Le cerveau et la pensée, numéro spécial de 181 de « Pour la science », Nov. 1992
La mémoire, numéro spécial 267 de « La recherche » Juillet Août 1994
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