de conscience, et non point cynique et politicien, est passé sous silence ; mes
ennemis de tous bords ont même réussi, sur la Toile en général et Facebook en
particulier, à vampiriser cette démission historique par cet extrait de mon
interview sur BFM.TV, en face d’un Jean-Jacques Bourdin qui avait, comme
toujours avec ses invités, le beau rôle du défenseur de la veuve et de l’orphelin,
du redresseur de torts. Rama Yade et Rachida Dati en savent quelque chose !
(…).
(…) On l’aura compris, je n’ai pas la prétention d’écrire ici l’histoire d’une
révolution tunisienne que de mystérieux étrangers, toujours par exotisme, ont
baptisé « révolution du jasmin », alors que les Tunisiens voulaient l’appeler par
son véritable nom : la « révolution de la dignité ». J’ai juste l’intention de
montrer sa face cachée, ses implications géopolitiques sur le reste du monde
arabe ; de révéler ce que la majorité ignore et ce qu’une minorité sait déjà,
mais n’ose rien dire pour des raisons faciles à deviner.
Cette histoire, comme celle de toutes les révolutions, il faut plusieurs
années avant de l’écrire. Il faut beaucoup de documents, plusieurs
témoignages et d’enquêtes, des preuves irréfutables, des confidences que seuls
les principaux protagonistes –les Tunisiens comme les étrangers- peuvent
livrer. Rien de tout cela n’est totalement accessible pour le moment. Et pour
cause : l’heure est pour certains à la dissimulation de certaines archives
compromettantes, pour d’autres, au mensonge, à la course aux postes, au
partage du pouvoir, à la désinformation et à la manipulation de l’opinion
publique. Il faudrait attendre la séquence postrévolutionnaire pour pouvoir
porter un regard lucide et objectif sur cette « révolution du jasmin » saluée par
Obama et bénie par Qaradhawi et Oussama Ben Laden, avant son élimination
bien synchronisée ! (…).
(…) Je craignais les révolutions parce que, bien souvent et aussi loin que
l’on remonte dans l’histoire, elles ont conduit à des régimes encore plus
répressifs voire plus sanguinaires que les tyrannies qu’elles ont abattues. Il faut
relire la République de Platon pour se rendre compte que la succession des
régimes ne va pas toujours dans le sens du pire vers le meilleur. Bien au
contraire, chez Platon, c’est souvent la démocratie qui enfante la tyrannie. Et il
n’y a pas pire tyrannie que celle de la multitude. Polybe désignait le pouvoir de
la foule par un concept que Platon n’utilisait pas, celui d’ochlocratie. Malgré la