VEILLE DE CULTURE GENERALE AVRIL 2008 Veille de culture générale _ avril 2008 Page 1 SOMMAIRE : PAGES : -3 Livre de Luc Ferry, La naissance de l’esthétique -5 Livre de Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra -7 Livre de René Descartes, Méditations métaphysiques -9 Article Cahier Français : L’identité nationale : quelles réalités ? Quelle réalité européenne ? -10 Article Sciences Humaines : La démocratie est-elle en crise ? -11 Article Futuribles : Les violences hydrauliques au Proche-Orient -13 Article Regards sur l’actualité : La loi relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile -15 Article Philosophie Magazine : Aimer au temps de l’individualisme -16 Conférence sur L’hôpital de demain -18 Conférences à Rennes en Avril 2008 -19 Bouillon de culture : Sortir se cultiver à Rennes en Avril/Mai Veille de culture générale _ avril 2008 Page 2 Luc Ferry, La naissance de l’esthétique aux éditions Cercle d’Art ( en complément, Luc Ferry, Le Sens du Beau : Aux origines de la culture contemporaine) En guise d’introduction dans La Naissance de l’esthétique, Luc Ferry nous propose de nous interroger sur ce qui fait que nous percevons certaines choses comme belles et selon quels critères ? « Pourquoi trouvonsnous qu’une œuvre ou un paysage naturel sont beaux ? Quels sont les critères qui se cachent dans nos jugements de goût ? Et pourquoi éprouve-t-on le besoin d’en discuter avec d’autres ? » Il s’agit de retracer l’histoire de l’esthétique, c’est-à-dire « la réflexion moderne sur le beau ». La vocation essentielle de l’art depuis toujours est sans doute de « mettre en scène dans un matériau sensible (couleur, son, pierre…) une vérité tenue pour supérieure. Cette mise en scène peut par exemple se retrouver dans des grottes comme la Grotte de Lascaux datée de 17000 av. J.-C. Ensuite, dans l’Antiquité, l’art se voulait expression de l’harmonie de l’univers, du cosmos ; c’est pour cela que l’art antique se limité souvent à l’imitation de la nature. (Platon était favorable à une mimésis). A l’ère des religions monothéistes, l’art exprimait « la grandeur et la sublimité du divin » et à présent dans les démocraties humanitaires, il peut exprimé la richesse du génie humain. La légitimité de l’art change, elle n’est désormais plus transcendante et passe à travers « la volonté, les intérêts et la raison des êtres humains. » L’humanisme esthétique naît et par là « la question de la création va pouvoir se poser » à travers une double révolution de l’esthétique. Ce bouleversement est comparable à la fin du théologico-politique dans l’ordre de la cité. L’esthétique symbolise au mieux cette naissance car il possède une signification spécifiquement moderne (le terme n’apparaît que pour la première fois en 1750 dans l’Aesthetica du philosophe Alexander Baumgarten). En quoi consiste donc cette double révolution de l’esthétique ? Tout d’abord, du côté de l’auteur, rien n’est plus pareil. L’art, avant cette révolution avait pour mission de refléter un ordre cosmique, extérieur aux hommes. Mais, au cours du XVII ème s., l’art devient expression « pure et simple de l’individualité » c’est-à-dire une création d’un univers imaginaire. Désormais, la vérité de l’œuvre d’art se trouve à l’intérieur de l’artiste, non plus hors de lui ; le beau s’invente et ne se trouve plus tel quel dans le cosmos. Ainsi, « la révolution de l’auteur porte en germe le culte du nouveau et de l’original qui marquera de façon si profonde l’art contemporain ». De plus, le geste de la rupture avec la tradition et de la création radicale du nouveau, comme l’a suggéré Octavio Paz, a fini par devenir lui-même tradition. Du côté du spectateur tout change aussi puisque la notion de goût émerge. Le beau ne désigne alors plus une qualité ou un ensemble de propriétés appartenant de façon intrinsèque aux œuvres d’art qui procure un certain type de plaisir tout intérieur. Se développe par conséquent une multitude de mondes particuliers propres à chaque artiste. L’œuvre devient ainsi un prolongement de soi. « Schönberg, après Nietzsche, y a consacré ses plus belles pages : l’artiste est un « solitaire », un résistant voué, selon la formule maintes fois répétée par Kandinsky, à se détourner du monde pour mieux exprimer sa « pure vie intérieure. Une œuvre unique ne saurait donc plus suffire à dire l’essentiel : c’est seulement dans l’itinéraire de l’artiste, voire à travers des séries, qu’il pourra se dévoiler, par les hésitations et les ruptures de ton et de styles qui scandent le rythme de sa « vie intérieure ». Cette multiplication de mondes particuliers pose le problème des critères de l’œuvre d’art. Les critères font défaut par exemple lorsque nous visitons un grand musée d’art moderne et contemporain. Ainsi apparaît un problème crucial : « si le beau est subjectif, s’il est, comme on dit, « affaire de goût » et de sensibilité, comment expliquer l’existence de consensus autour de ce qu’on nomme les « grandes œuvres » ? Peut-on discuter du beau ? Comment peut-il y avoir un consensus, ou même un accord un tant soit peu général sur la beauté d’une œuvre de l’art ? Le relativisme semblerait rentrer en compte dans l’esthétisme. Nous vivons aujourd’hui une « crise de l’universel » (c’est-à-dire que nous ne regardons plus les choses comme intemporelles et éternelles, on ne voit plus de vérité absolue). Les œuvres d’art sont subjectives, et comment ainsi fonder l’objectivité sur la subjectivité ? « Le beau est tout à la fois ce qui nous réunit le plus aisément et le plus mystérieusement. » Le consensus dans le domaine de l’art est aussi large, voire davantage que dans le domaine de la science et pourtant nous sommes au cœur même de la subjectivité la plus intense et la plus avouée. A la fin du XVIIIème s., trois grandes réponses sont apportées à la question du critère du beau : Le rationalisme qui peut s’illustrer par exemple par ces quelques vers de Boileau dans l’Art Poétique ; le beau apparaissant comme l’illustration d’une idée vraie. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 3 Rien n’est beau que le vrai Le vrai seul est aimable Il doit régner partout Et même dans la fable. On peut donc juger de la beauté comme de la vérité et ce pour une raison bien compréhensible : la première n’est rien d’autre que l’expression sensible de la seconde.(ex : Rameau fondera sa musique sur les mathématiques). Cependant le « matérialisme » surtout du côté de l’empirisme anglais s’oppose à cette thèse et au contraire, celui-ci tend à dire que les hommes étant constitués des mêmes organes, le beau pour ces mêmes personnes est donc universellement reconnu. (l’art se rapproche ici de l’art culinaire.) La réponse ici apportée repose sur l’hypothèse d’une structure psychobiologique commune à l’humanité. Le beau peut être défini comme un intermédiaire entre la nature et l’esprit, entre l’intelligible et le sensible, comme une réconciliation des deux. C’est la vision kantienne du beau qui ressort de La Critique de la faculté de juger. L’œuvre devient intelligible. La naissance de la critique : histoire contre tradition La critique apparaît bien avant Diderot et Winckelmann, c’est-à-dire lors de la querelle des Anciens et des Modernes. Les Anciens utilisent non plus des arguments d’autorité (du type « ils sont anciens.») mais développent des critères de critique comme l’incarnation d’une tradition respectable et digne d’admiration…En fait, ce qui est mis en valeur dans les œuvres de l’Antiquité, c’est leur capacité à se conformer à une norme, à un principe qui leur est en quelque façon supérieur et qui peut servir, le cas échéant, à les évaluer. Et c’est ceci qui constitue la première forme de la critique. Avec les classiques français et leur cartésianisme, la critique repose sur la raison et l’imitation devient impératif suprême. Ensuite, la critique aura d’autres attentes : le génie se mesurera par exemple « à l’aune d’une histoire de l’art au sein de laquelle il s’agit d’apporter quelque chose pour acquérir droit de cité. » L’irrationalité du beau l’autonomie du sensible comme coupure entre l’homme et dieu Le beau selon la tradition platonicienne a longtemps été perçu comme une présentation sensible du vrai, comme la transposition dans l’ordre de la sensibilité matérielle d’une vérité morale ou intellectuelle. Cependant une mutation s’est opérée et la conquête du sensible (proprement artistique) se combina à diminution du divin dans l’art puisque Dieu, tout intelligible, n’est pas affecté par cette marque de l’imperfection et de la finitude humaine qu’est la sensibilité. La conquête de cette autonomie du sensible, cette invention d’un monde où le divin se retire sans cesse davantage au profit de l’humain, s’opère en plusieurs étapes. Avec l’Aesthética de Baumgarten et la Phénoménologie de Johann Heinrich Lamert, le beau apparaît comme le propre de l’homme et la sensibilité humaine est distinguée du point de vue de Dieu. Ensuite avec Kant, le monde sensible et le monde intelligible sont séparés et c’est avec Nietzsche que le monde intelligible est tout simplement supprimé. Cette transition laisse place au « proprement humain », la vérité devenant fable, le philosophe doit laisser place à l’artiste : « incipit aesthetica ». Dans le même temps, l’art bascule du côté du non rationnel et le beau ne peut donc plus être appréhender par la raison mais par la faculté d’une autre ordre. « C’est en ce point, que l’esthétique moderne rencontre encore le concept de goût, entendu ici comme le corrélat subjectif de l’irrationalité de l’objet beau en tant qu’objet sensible. » Il se produit un désenchantement de l’art du fait que celui-ci est l’émanation d’un être humain et plus l’imitation d’une harmonie cosmique ou d’une vérité divine. Pour terminer, Luc Ferry explique que le sentiment de beau résulte, on vient de le voir d’une subjectivité de l’homme, mais aussi d’une certaine transcendance ; non pas celle de l’intelligible mais une autre forme explicitée ainsi : « Dans toute présence à la subjectivité et à la conscience humaine il y a aussi une part d’absence, dans tout visible une part d’invisible, une part de transcendance en quelque façon, et c’est ce que Heidegger […] nommera l’être. […] Sans doute est-ce aujourd’hui grâce à l’expérience esthétique qu’il nous reviendra de penser la transcendant comme étant une transcendance dans l’immanence à la subjectivité, et non pas comme une transcendant imposée du dehors, au nom d’une cosmologie ou d’une église. » La transcendance deviendrait intérieure. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 4 AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA Un livre pour tous et pour personne de Friedrich Nietzsche Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philosophe et un philologue prussien né en 1844 et mort en 1900 à Weimar (Allemagne). L'œuvre de Nietzsche se rattache principalement à la métaphysique dont il fait la critique radicale. Ses écrits incluent des critiques de la religion, de la moralité, de la culture contemporaine, de l'art et de la philosophie.L'influence de Nietzsche est considérable dans la philosophie et au-delà, notamment dans des mouvements qui lui succèderont, par exemple l'existentialisme et le post-modernisme. Toute la pensée de Nietzsche tourne autour d'une idée essentielle : comment comprendre les conditions et les moyens de l'ennoblissement et de l'élévation de l'homme? Ainsi, le thème fondamental et constant de la pensée de Nietzsche, à travers les nombreuses variations de ses écrits, est le problème de la culture — ou « élevage », problème qui comprend la question de la hiérarchie et de la détermination des valeurs propres à favoriser cette élévation. Ce projet embrasse une partie critique omniprésente dans son œuvre, la destruction des valeurs de l'idéalisme platonicien et chrétien qui ont gouverné jusqu'ici l'Occident et qui, selon Nietzsche, menacent de conduire l'humanité à s’éloigner quasi définitivement de la possibilité même de son élévation. Dans toute son oeuvre, Nietzsche affirme cette volonté d'élévation de l'homme : des termes et des notions récurrents apparaissent : « Volonté de puissance », « Éternel Retour » et « Surhomme ». Ces thèmes, sans s'exclure, se succèdent, parfois en s'approfondissant et s'entremêlant les uns aux autres. Sa philosophie de l'affirmation se présente sous la forme d'une exaltation de la puissance créatrice humaine. Nietzsche veut éviter d'écrire des traités systématiques, car toute pensée est, pour lui, toujours en devenir. Ainsi, ainsi parlait Zarathoustra va être suivi par de nombreuses oeuvres qui reprennent sa pensée, la complètent, s'entremêlent (La volonté de la puissance, l'Antéchrist, le Crépuscule des idoles...). Nietzsche décrit ses textes comme un labyrinthe dont on doit trouver l'accès qui mènera à travers tous les aphorismes. On peut toutefois remarquer qu'il a au contraire écrit ses dernières œuvres avec le souci d'être compris. Ainsi parlait Zarathoustra se compose de discours, de paraboles, de poésies et de chants répartis en quatre livres : Nietzsche choisit la forme poétique pour transmettre ses premières idées sur la métaphysique du surhomme. Comment Nietzsche arrive-t-il à son concept de surhomme ? D'emblée, il nous introduit dans un monde allégorique. Zarathoustra, qui s'était retiré dans une caverne dans la montagne pendant dix ans, revient parmi les hommes pour leur faire partager sa pensée. Il a pensé, il a médité, et maintenant sa sagesse est mure, est prête à se déverser, et il veut la partager avec le genre humain. Dans sa descente il rencontre un saint ermite, quelqu'un qui a vécut dans la forêt au pied de la montagne pendant des années et des années. Le saint ermite essaie de persuader Zarathoustra de ne pas descendre parmi les hommes. Il dit ce sera une perte de temps, car les hommes ne sont pas gratifiants, ils sont distraits. Mais Zarathoustra ne se laisse pas dissuader de sa mission. Il laisse le saint ermite à ses prières dans la forêt, et il continue à descendre la montagne. Et comme il va, il se dit à lui-même, ce peut-il que ce vieux saint n'ait encore rien entendu de cela, que Dieu est mort. Et cela bien sur, cette remarque que Dieu est mort, représente, constitue une des visions les plus importantes de Nietzsche. Dieu est mort. Les âges chrétiens, qu'ils soient de foi ou de non foi, sont derrière nous. Donc Dieu est mort. Et ce fait, cette déclaration, nous donne aussi un indice de la pensée de Nietzsche au regard du surhomme. Si Dieu est mort, si la chrétienté est morte, si le dogme chrétien est mort, si la théologie chrétienne est morte, alors la vue chrétienne, la conception chrétienne de l'homme est morte aussi. La conception de l'homme comme un être déchu, un être qui une fois a désobéi, qui a pêché, qui maintenant a besoin de grâce pour se racheter, qui doit croire, qui sera jugé, qui sera punit peut-être, ce genre de concept, ce genre de dogme à propos de l'homme est mort. Donc on doit trouver une nouvelle conception de l'homme. L'homme se trouve en quelque sorte dans un univers sans dieu. Il est seul. Donc l'homme doit essayer de se comprendre lui-même, de nouveau. Il ne peut pas prendre quelque conception ou quelque idée déjà faites sur lui-même. Il se trouve simplement ici, ici et maintenant, et doit se demander qui suis-je ? que suis-je ? Maintenant que les vieilles définitions sont caduques, l'homme doit se définir lui-même, doit se définir lui-même de zéro, doit se découvrir, se connaître. Et ceci est en fait ce que Veille de culture générale _ avril 2008 Page 5 Zarathoustra a déjà fait sur la montagne. Il a pensé, il a médité peut-être, contemplé peut-être, pendant dix longues années, et maintenant il sait ce qu'est l'homme. Et c'est maintenant le message qu'il apporte à l'humanité. S'adressant d'abord à la foule qui ne le comprend pas, il décide alors de s'adresser à un public plus éclairé, qu'il conçoit non comme des disciples, mais comme des compagnons. Il parle à ses compagnons des prédicateurs de la mort et des arrières-mondes, des vertus, de la justice, de l'État, de l'amitié, de la finalité de l'humanité (et donc du Surhomme), du suicide, de la générosité. Une grande partie de ces thèmes sont issus des œuvres précédentes. Ils forment une critique de la métaphysique et de la morale, et invitent l'homme à créer par dessus lui-même. La deuxième partie voit surgir le thème du dépassement de soi et la Volonté de puissance. Dans la dernière partie, Zarathoustra rencontre des hommes supérieurs, et il s'entoure d'eux, les invitant à partager son repas. Chacun de ses hommes supérieurs représente un certain type d'homme dont l'idéal est brisé ou anéanti (Dieu, la vérité, l'art), mais qui ne peut se résoudre à en tirer les conclusions en se dépassant soi-même. Aussi ces hommes supérieurs sont-ils pour Nietzsche supérieurs par ironie, et souffrent intimement de leur incapacité à se réaliser. Ce sont, aux yeux de Nietzsche, des hommes faibles, maladifs, estropiés, comédiens de leur anciennes vertus. En fait, Quelle leçon veut faire passer Zarathoustra ? Celle de la venue du surhomme : par-delà le Bien et le Mal, par-delà le vice et la vertu, le surhomme sera débârrassé de tout ce qui l'entrave dans sa condition d'homme faible. Cette oeuvre est à la fois noire comme la nuit et pleine de couleurs - néfaste dans ses propos et gaie dans ses métaphores poétiques. Dans sa grande sagesse, Zarathoustra se rend compte encore qu'il lui manque la chose pour laquelle il entraîne les foules : il lui manque tout ce qui fait le surhomme. Non, Zarathoustra n'est pas un surhomme; Nietzsche ne l'est pas non plus. Tout au plus, s'appuyant l'un sur l'autre, ils décrivent ce que sera ce surhomme. Car il semble bien que la leçon soit celle-ci : on ne devient pas surhomme, on naît ainsi. Cette oeuvre de Nietzsche est celle qui occupe la plus grande place dans son idée d'Übermensch, de surhomme; peu de ses autres récits se seront aventurés aussi loin dans cette idéologie. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 6 René Descartes ( 1596-1650 ) Méditations métaphysiques ( ou Méditations sur la philosophie première ) Présentation de l'auteur : René Descartes naît à La Haye en Touraine en 1596. Mathématicien, physicien et philosophe français, il est considéré comme l'un des fondateurs de la philosophie moderne. Sa méthode, exposée à partir de 1637 dans le Discours sur la méthode et développée par la suite, montre une rupture par rapport à ce qui est enseigné jusqu'alors : la réflexion cartésienne est rationaliste. En usant de la raison seule dans l'étude des phénomènes, Descartes fonde une nouvelle métaphysique radicalement différente de l'ancienne. Descartes reçoit en 1634 le livre de Galilée qui valut la condamnation de ce dernier. Il décide alors de donner une autre orientation à son œuvre : ce sera le Discours de la méthode ( en 1637 ) et les essais qui le suivent, en particulier les Méditations métaphysiques ( 1641 ) et les Principes de la philosophie ( 1644 ). Descartes, dont le projet philosophique s'inscrit en réaction au procès de Galilée, a eu une influence considérable sur la pensée scientifique, surtout en France. L'impact de cette pensée fut grand car elle toucha à des questions théologiques. On ne peut pourtant attribuer à Descartes l'entière paternité de la philosophie moderne, puisqu'il jugeait qu'il serait nuisible de faire usage de sa philosophie dans le domaine politique. Il meurt à Stockholm en 1650. Présentation de l'oeuvre : Méditations métaphysiques est l'œuvre philosophique majeure de Descartes, parue d'abord en latin en 1641. Du point de vue de l'histoire de la philosophie, elle constitue l'une des expressions les plus influentes du rationalisme classique. Le titre original traduit en français de Méditations sur la philosophie première indique que cet ouvrage a été écrit comme une critique de la philosophie première qui était alors enseignée dans les universités. Dans ces méditations, au nombre de 6, Descartes présente l'homme comme ayant une substance essentiellement pensante ( cogito ), qui s'oppose à son corps, qui est une substance matérielle. Ces méditations sont pour lui une expérience philosophique, et le lecteur est invité à faire ce même parcours. Descartes y explique le cheminement de sa réflexion, réflexion qui a pour but de trouver un fondement solide à la connaissance : qu'est-ce qui nous permet de croire que nous connaissons des vérités ? La première étape consiste alors à rejeter tout ce qui est douteux, afin de trouver quelque chose qui ne l'est pas. La conséquence de cette première étape est que tout se trouve rejeté, à l'exception d'une chose : le « moi » comme sujet pensant, donc existant ( le cogito cartésien ). Vient ensuite reconstruction de la connaissance, sur la base de la certitude. On découvre ainsi en première certitude notre propre existence, puis celle de Dieu, puis celle des essences et enfin celle des existences. Il s'agit donc dans cette œuvre de balayer les anciens préjugés et de repartir sur des choses certaines, pour lesquelles le doute n'est plus possible. Cette expérience se compose de 6 étapes ou méditations, et chacune est consacrée au traitement d'un ensemble particulier de problème. Les méditations se présentent ainsi : Première Méditation : Des choses que l'on peut révoquer en doute Cette première méditation est ce qu'on a appelé la table rase. Il s'agit de rejeter tout ce qui est douteux. Descartes commence à remarquer que beaucoup de ses certitudes lui viennent de l'enfance, or l'enfance est un âge où la raison est mal formée. Il veut une connaissance certaine, et non des idées vagues et des préjugés. Dans cette méditation, il fait également la distinction entre l'ordre de la vie et l'ordre de la connaissance. Même s'il s'agit de douter de tout, il ne s'agit pas de ne plus vivre. Tout ce qui est rejeté l'est dans le domaine de la connaissance. Descartes veut établir la certitude des connaissances, non pas inscrire le doute dans son mode de vie. Méditation Seconde : De la nature de l'esprit humain ; et qu'il est plus aisé à connaître que le corps. Cette méditation a pour but de trouver une première certitude qui nous permettrait de sortir du doute. Nous pouvons nous tromper sur toutes les choses auxquelles nous pensons, ... Dans chacune de ces possibilités, il y a une chose qui est impossible : c'est que « moi », qui me suis trompé sur toutes ces choses, n'existe pas. Nous Veille de culture générale _ avril 2008 Page 7 nous retrouvons alors avec une première certitude : « Je suis, j'existe». Nous pouvons toujours connaître l'existence de notre esprit, comme nous pouvons toujours nous tromper sur les choses extérieures. Méditation Troisième : De Dieu ; qu'il existence Descartes s'efforce dans cette méditation d'accroître la somme de ses connaissances : il s'agit alors à présent de trouver un moyen de sortir de la sphère étroite du cogito pour établir, s'il le peut, l'existence de quelque chose qui est extérieure à nous. Ce moyen se révele être l'idée de Dieu, que nous trouvons en nous et à partir de laquelle ilest possible d'établir l'existence de Dieu. Puis l'examen de la nature de la divinité nous assure désormais définitivement que nous ne pouvons pas nous tromper lorsque ce que nous concevons est clair et distinct. Méditation Quatrième : Du vrai et du faux Deux objectifs étroitement liés sont poursuivis dans cette méditation : elle va disculper Dieu de la responsabilité de nos erreurs, et elle va nous montrer en quoi consiste ces erreurs et nous permettre ainsi de les éviter. Méditation Cinquième : De l'essence des choses matérielles : et, derechef, de Dieu, qu'il existe Désormais, nous sommes parés pour avoir des connaissances indubitables. Nous possèdons un critère de vérité: le fait qu'une idée soit claire et distincte. Nous sommes assurés de la fiabilité et de la permanence de ce critère. Il s'agit donc maintenant de produire des connaissances. Mais il s'agira finalement plutôt dans cette méditation de raisonnement de géométrie abstraite et une fois encore de l'existence de Dieu. Meditation Sixième : De l'existence des choses matérielles, et de la réelle distiction entre l'âme et le corps de l'homme La dernière méditation va elle tenter de dissiper autant que possible le doute portant sur la fiabilité des sens et sur l'existence des choses matérielles qui sont extérieures au sujet pensant. Après examen de la nature de l'imagination, on peut établir la haute probabilité de l'existence des corps, puis le principe de l'existence de ce qu'on appelle « substance », principe que Descartes utilise pour établir l'existence d'une substance pensante puis celle d'une substance corporelle. Au final, tous les doutes de la première méditation ont été levé, à l'exception d'un seul : le rêve. Descartes achève les méditations sur la finitude et la faiblesse de notre connaissance. Le monde n'est jamais fini, il est toujours à construire, et on peut parler de développement indéfini de nos connaissances du monde. Pourquoi lire cet ouvrage ? Tout d'abord, parce que c'est l'oeuvre majeure de Descartes, et un classique de la philosophie. Les Méditations Métaphysiques constitue le fondement de la nouvelle métaphysique de Descartes, et sa pensée ( la réflexion cartésienne, développée dans cette oeuvre ) a eu des impacts considérables. Les Méditations proposent en un même ensemble la « philosophie première » de Descartes, qui vise à engendrer les règles élémentaires de certitude, qui donnent accès à toutes les autres connaissances selon lui. Et même si certaines choses peuvent apparaître comme extravagantes au premier abord ( par exemple douter de son propre corps ), le cheminement des Méditations permet de tout rétablir mais avec une certitude qui s'en trouve renforcée. De plus ce texte cartésien est considéré comme un modèle exemplaire de ce qu'est une démarche philosophique. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 8 Cahier Français 342 – Janvier Février 2008 (P. 17 à 22) L’identité nationale : quelles réalités ? Quelle identité européenne ? Le terme d’identité recouvre différentes significations qui peuvent même être contradictoire. Les identités politiques peuvent être définies comme « des récits offrant à chacun la possibilité de se définir par rapport aux autres et de caractériser les relations l’unissant à un groupe ». L’ « imaginaire prégnant » que les identités véhiculent rapprochent les individus et leurs sont enseignés dès leur enfance (c’est le processus de socialisation, c’est-à-dire l’ensemble des mécanismes par lesquels les individus font l'apprentissage des rapports sociaux entre les hommes et assimile les normes, les valeurs, et les croyances d'une société et d'une collectivité). L’Europe est elle aussi soumise à un élan d’identité qui s’opère de façon différente dans les pays selon le degré d’investissement des appareils institutionnels et l’investissements des élites proeuropéennes. Qu’entendons-nous avec le terme « d’identité » européenne ? Faut-il y voir une façon d’affirmer que l’Europe est le futur annoncé de la « nation France » ? Qu’attend-on de l’identité européenne ? Que sait-on, aujourd’hui du développement d’une identité européenne ? Contrairement à l’identité nationale qui se définirait comme « une communauté politique imaginaire et imaginée comme intrinsèquement limitée et souveraine » (Benedict Anderson), l’identité européenne requiert une définition préalable car le terme d’identité prend des significations variées. Comme l’a montré Rogers Brubaker, la notion d’identité est utilisée pour évoquer à la fois : ce qui est antonyme à la notion d’intérêt, c’est-à-dire des phénomènes collectifs renvoyant à la similitude (objective ou subjective) entre les membres d’un groupe social le processus interactif de compréhension et de solidarité entre membres d’un groupe l’attribut permanent et profond d’un individu ou d’un groupe Ainsi on peut dire définir avec le sociologue Charles Tilly les identités politiques comme étant des « arrangements sociaux » qui permettent aux individus de dire à la fois qui ils sont par rapport aux autres, et de caractériser les relations qui unissent les membres d’un même groupe. Cependant ces arrangements sociaux ne font jamais l’unanimité et il existe toujours des débats autour de ceux-ci. D’après cette définition de l’identité, que faut-il pour parler d’identité européenne ? Il faudrait à l’échelle européenne avoir une certaine convergence de son histoire, des valeurs, de sa vocation, de ses frontière, de ses projets sans oublier de mesurer le degré d’adhésion des citoyens à la structure des attitudes sociales et politiques fondamentales. L’identité européenne désigne donc un ensemble de valeurs et de modes de vie assez largement partagé par les Européens et considérés comme des caractéristique des pays de l’Union. La naissance de l’identité européenne passe par une reconstruction de l’histoire qui serait celle de l’Union Européenne. En effet, l’identité européenne requiert un socle culturel commun. Cependant ce socle est difficile à établir parce qu’il y a une diversification des sources ce qui a pour conséquence de rendre les initiatives, qui contribuent à donner du sens à l’histoire de l’Europe, partielles. Ces différentes initiatives ont contribué à donner deux présentations de l’Europe : une conception post-nationaliste dans laquelle l’UE apparaît comme moyen d’en finir avec les horreurs produites par les ferveurs. L’Europe est alors centrée sur la diversité et les droits fondamentaux. une position plus modérément européenne, dans laquelle l'intégration est plutôt comprise comme un processus consistant à limiter les effets pervers de la globalisation, dans la mesure où elle prolonge le pouvoir politique des nations en leur donnant les moyens d'agir, ensemble, à une échelle et avec des ressources appropriées. Mais en fait les histoires de l'Europe dépendent très largement des cadres nationaux dans lesquels on les diffuse et les traduit. Autrement dit, ce n'est pas une identité européenne dont on observe aujourd'hui la construction, mais bien des identités européennes, qu'il faudra nécessairement un certain temps à articuler. De plus ces formes d'identité européenne atteignent difficilement le grand public qui entend très peu parler de l'Europe mis à part les campagnes pour l'élection des europarlementaires ou les grands évènements européens. Finalement, l'Europe acquiert une grande importance quand il en est question (« importance invisible »). L'une des conséquences de ce manque d'informations est la difficulté des citoyens de l'Europe à s'approprier cette identité. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 9 L'identité européenne suppose une large adhésion de la part des différentes populations à un groupe auxquels ils se sentent appartenir, dans l'histoire desquels ils se projètent. Cependant l'identification est difficile à mesurer d'autant plus que la population est souvent loin du soucis de l'Europe. Quelques chiffres ressortent cependant. Jusqu'au milieu des années 90, les attitudes à l'égard de l'intégration européenne étaient caractérisées par la notion de « consensus permissif » (Europe's World-Be Polity : Patterns of change in the European Community). La Communauté en construction était alors trop lointaine pour que les citoyens s'y intéressent et s'opposent à ce qui apparaissait comme un projet des élites. Après 90, l'intérêt fut grandissant et on commença à utiliser le terme d'identité pour désigner les attitudes positives des citoyens à l'égard de l'UE. Mais les opinions divergent selon les pays. Par exemple, les Italiens sont très favorable à l'UE tandis que les Anglais sont qualifiés « d'euroseptique ». Ces divergences s'expliquent par des différences de perception d'intérêts ou de bénéfices tirés de la construction européenne. Les divergences se trouvent aussi à l'intérieur des pays en fonction de l'échelle sociale : par exemple, l'élite est globalement proeuropéenne tandis que les catégories populaires le sont peu. L'identification à l'Europe semble aussi supposer un détachement à l'identité nationale ou du moins un affaiblissement des attachements nationaux. Dans les faits, il s'agit du contraire. Le premier vecteur d'identification à l'Europe n'est pas les intérêts ou les bénéfices que l'on peut en tirer mais c'est la multi appartenance. La notion d'identité européenne se heurte donc à la disparité des formes qu'elle prend dans les différents pays, à l'absence de d'identification forte et homogène de la part des citoyens. La matrice de l'identité européenne semblerait concentrer dans les mains de l'élite minoritaire et non dans les mains du peuple. L'apprentissage à l'Europe pour les peuples est très inégalitaire selon les pays. Ainsi, pour la majorité des pays, le sentiment qui ressort de l'Europe est la distance. « Ainsi sommes-nous bien en peine de dire aujourd'hui, vers « quelle identité européenne? » nous tendons, si tant est que ce soit cette direction que nous prenons. » Magazine Sciences Humaines, Avril 2008 La démocratie est- elle en crise ? Avec la fin du bloc communiste, au début des années 90, le triomphe de la démocratie semble achevé ; pourtant, à peine 20 ans plus tard, la vision utopiste a beaucoup changé, et la démocratie a déçu plus d’un. Les Etats-Unis l’ont instrumentalisée pour justifier leurs interventions militaires en Afghanistan et en Irak, la Chine émergente attire tous les regards par sa croissance économique qui ne favorise en rien sa démocratisation. De plus, la montée des extrêmes, de l’abstention et le manque de confiance pour la classe politique des citoyens, minent les démocraties de l’intérieur. Assistons-nous donc à une crise de la démocratie ? C’est ce qu’affirme Marcel Gauchet pour qui les démocraties connaissent, pour la seconde fois de leur histoire, une crise de croissance. La première a eu lieu après la Première Guerre Mondiale, lorsque les régimes parlementaires mis en place déçoivent et que l’antagonisme des classes ronge la société. La conséquence est l’avènement des dictatures dans les années 30. Celle que les démocraties connaissent aujourd’hui résulte de la montée du libéralisme qui se traduit par un le triomphe l’individualisme. La souveraineté de l’individu supplante désormais celle du peuple. Pour M. Gauchet, cette crise correspond à une accélération du processus de « Désenchantement du monde » c'est-à-dire de sortie de la religion. Pierre Rosanvallon, quant à lui, fait une analyse similaire bien que moins sombre. Il refuse en particulier la critique récurrente sur le manque d’implication politique des citoyens : la montée des pétitions, des grèves et des manifestations montre qu’on ne peut pas parler d’apathie politique. Il s’agirait plutôt d’une mutation de la citoyenneté Qui s’organise de plus en plus autour d’un principe de défiance vis-à-vis du pouvoir, même si ce principe risque de dégénérer en un populisme dévalorisant la sphère politique. Peut-on remédier à cette crise ? Pour M. Rosanvallon, le renouvellement de la démocratie peut être en partie assuré par la « démocratie participative » qui regroupe les nouvelles formes d’implication des citoyens dans les décisions tels que les conseils de quartier. Elle est néanmoins caractérisée par une dimension locale et trop souvent dépolitisée. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 10 Comme l’a montré la campagne présidentielle et ses grands débats publics, la deuxième évolution importante de la démocratie est la délibération, néanmoins elle aussi insuffisante .Pour remédier à la crise, pas de solution miracle d’après lui, mais un ensemble de réformes visant à restaurer la confiance des citoyens et plus de lisibilité à l’action politique. Conclusion peut être décevante pour un citoyen déjà peu confiant. Celle de M. Gauchet n’est guère plus encourageante : « A court terme,(…) au stade où nous en sommes, la crise ne peut que s’aggraver ». Un autre article intéressant : - Peut on faire de la politique autrement ? Les critiques vis à vis du monde politique sont vives. Comment le faire évoluer ? De récentes tentatives se sont heurtées à l’inertie des pratiques. La démocratie participative, récemment mise au goût du jour, changera-t-elle la donne ? Futuribles mars 2008 numéro 339 Les violences hydrauliques au Proche-Orient par Pierre Blanc Contextualisation Le 22 mars 2008 se tiendra, comme chaque année depuis 16 ans, la journée mondiale de l'eau. En mettant ainsi l'accent sur cette ressource, les Nations unies nous rappellent à quel point l'homme en a besoin pour vivre et à quel point elle est inéquitablement répartie sur notre planète, occasionnant de plus en plus de conflits ou rivalités entre pays, ou entre populations diversement loties d'un même pays. Plan de l'article Pierre Blanc propose ici un tour d'horizon de ce qu'il qualifie de « violences hydrauliques » - à savoir non l'imminence de « guerres de l'eau », mais une forme d'atteinte aux besoins humains élémentaires - dans la région du Proche-Orient. Il propose tout d'abord un coup de projecteur sur le Liban, cas typique d'État sous domination hydraulique, une grande part de ses ressources en eau ayant été longtemps bloquée par Israël au sud, quand une autre partie, au nord, relevait du bon vouloir de la Syrie. Puis Pierre Blanc nous présente les violences hydrauliques propres à l'Égypte (bassin du Nil en particulier), rappelant les émeutes des « assoiffés » de l'été 2007, illustration de la mauvaise gestion nationale de la ressource en eau et de l'assainissement. Enfin, après un focus sur la ville de Damas et les différences de traitement centre / périphérie (riches / pauvres), l'auteur conclut qu'à l'échelon national comme au plan international, c'est bien la loi du plus fort (ou du plus riche) qui prévaut dans l'accès à l'eau, une tendance qui pourrait malheureusement bien perdurer encore longtemps. Résumé des idées générales de l'auteur : Les pays des rives méridionales et orientales de la Méditerranée sont les régions les plus exposées au déficit hydrique dans le monde. On distingue dans cette zone deux types de problèmes hydriques :la pauvreté hydraulique et la pénurie qui risque d'atteindre la plupart des pays si les autorités ne réagissent pas.Le déficit hydraulique n'est pas nouveau dans ces régions. Comme en témoignent les nombreuses références à cette ressource précieuse dans les textes des religions abrahamiques ou encore l'origine même du mot « civilisation « , « äbadan » qui vient directement du mot « äb », signifiant « eau », la prise de conscience de la préciosité hydraulique date de plusieurs millénaires. Or ce problème de l'eau serait un élément déterminant des structures étatiques, sociales et diplomatiques qui règnent au sein de ces civilisations que certains qualifient d'hydrauliques, ( c'est à dire qui s'érigent en fonction de la mais surtout, serait un facteur de guerre et pis encore, selon Pierre Blanc, de violence aux coûts de l'homme les plus élémentaires. Tout d'abord, la dimension belligène de la ressource en eau est tout à fait explicite dans ces propos de Kofi Annan tenus en 2001, et qui semblent aujourd'hui d'un actualité préoccupante : « Si nous n'y prenons pas Veille de culture générale _ avril 2008 Page 11 garde, les guerres du futur pourraient se faire à propos de l'eau et non plus au sujet du pétrole ».La ressource en eau est en effet beaucoup convoitée dans la région du Proche -Orient extrêmement aride, et de ce fait, est se définit en tant que véritable enjeu géopolitique. Les ouvrages hydrauliques sont d'ailleurs les cibles privilégiées en temps de guerre, en raison de l'efficacité de leur destruction à fragiliser l'ennemi. Notons à titre d'anecdote que le terme « rival » proviendrait de « rivus », signifiant le cours d'eau. Toutefois, cette notion de « Guerre d'eau » reste pour certains improbable .Ainsi, certains spécialistes mettent en doute leur existence compte tenu du coût économique excessif que nécessiterait une telle guerre et qui ne serait compensé par les gains hydrauliques acquis à l'issue du conflit. Pour Pierre Blanc le véritable problème, au delà d'une guerre d'eau serait en fait davantage la violence infligée aux besoins humains. L'exemple du Liban est à ce titre frappant. L'occupation du Sud du Liban par Israël depuis 1978 a en effet empêché pendant des années les libanais de prélever l'eau du Hasbani, amputant ainsi le potentiel agricole de Sud sous la contrainte hydraulique, au profit des produits agricoles israéliens. De fait, pèse aujourd'hui un mal développement considérable sur le sud Liban, résultat de la violence hydraulique qui s'abat sur la région et partant sur la population de plus en plus miséreuse. L'Égypte aussi serait soumise à de nombreuses violences hydrauliques aux conséquences néfastes sur la société.« La révolte des assoiffés » qui sévi il y a peu de temps avec comme principal mobile la piètre qualité du service d'adduction en eau potable en est la preuve. Les causes de ces violences hydraulique sont tout à fait différentes de celles du Liban. L'Égypte est relativement bien dotée, ce qui montre que le problème de l'eau n'est pas seulement une question de volumes utilisables, mais également d'un déficit d'accès en raisons d'incapacités économiques ou politiques. Les ménages ont en effet des difficultés pour financer l'acheminement de l'eau dans les logements en hauteur , ce qui témoigne à la fois d'une d'un problème économique ( incapacité de payer un service) et politique ( incapacité à peser politiquement pour obtenir un service).Du coup, les habitants se voient contraints de se tourner vers les « vendeurs d'eau » peu scrupuleux en matière d'hygiène ou pire encore, s'alimentent directement dans le Nil, ce qui génère de nombreuses maladies liées à la qualité hydraulique et pèse ainsi très lourdement sur la société. De gros efforts en matière d'infrastructures, de politiques de gestion de la demande, et de négociations diplomatiques sont donc nécessaires dans cette région en déficit hydraulique croissant pour prévenir la crise de l'eau et de ses coûts humains et s'opposer à la loi du plus fort (ou du plus riche) qui prévaut pour l'instant dans l'accès à l'eau. Un autre article intéressant : La santé en France : les évolutions récentes par André Vacheron Le bilan démographique 2007 de la France a été rendu public il y a quelques mois. Il confirme la tendance observée depuis plusieurs années, sinon plusieurs décennies, à l'allongement de l'espérance de vie en bonne santé des hommes et des femmes. Qu'en est-il dans le détail ? André Vacheron, président honoraire de l'Académie nationale de médecine, fait ici le point sur l'état de santé de la population française. Après une brève présentation des grandes caractéristiques démographiques de la France, il rappelle quelles sont aujourd'hui les principales pathologies qui affectent les Français, soulignant notamment l'importance des cancers et maladies cardio-vasculaires en tête des causes de morbidité et de mortalité du pays. L'auteur insiste ensuite sur la persistance d'inégalités sociales et géographiques en matière de santé : l'espérance de vie à 35 ans des cadres et professions libérales demeure supérieure à celle des ouvriers du même âge, et c'est toujours dans les régions du nord du pays (Bretagne, Alsace, Nord-Pas-de-Calais) que l'état de santé des Français est le plus dégradé. Enfin, signe encourageant quant aux évolutions à venir, les efforts de prévention se multiplient : outre la prévention routière, André Vacheron souligne la lutte contre le tabagisme, qui s'est renforcée ces dernières années, ainsi que l'action publique en faveur d'une alimentation équilibrée. Et de conclure sur la nécessaire responsabilisation des citoyens français en matière de santé, de manière à préserver un système de soins efficace mais peut-être parfois trop sollicité. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 12 Regards sur l'actualité, numéro 338 février 2008 La loi relative à la maîtrise de l'immigration à l'intégration et à l'asile Par Maxence Loyer Contextualisation Le débat sur la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale a placé la question de l'immigration au coeur de la campagne présidentielle. Ce retour au centre de l'actualité a été confirmé par la place qui lui a été donnée dans le calendrier législatif des premiers mois du quinquennat du président de la République. Dès le mois de juillet, le nouveau ministre de l'immigration, l'intégration de l'identité nationale et du Codéveloppement a présenté un projet de loi visant à commencer la mise en oeuvre du programme présidentiel dans ce domaine. Le texte a été promulgué le 20 novembre 2007.C'est, en quatre ans, la troisième loi consacrée directement à l'immigration. Rappel des lois précédentes, directement ou indirectement liées à l'immigration : 26 novembre 2003 : loi relative à l'immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité. 10 décembre 2003 : loi modifiant le droit d'asile. 14 novembre 2006 : loi relative à la maîtrise de l'immigration et à l'asile, favorisant le concept d' « immigration choisie » 14 novembre 2006 : loi promulguant le contrôle de la validité des mariages. Cette nouvelle loi constitue une réponse à deux volontés du gouvernement, d'une part, celle de mettre en oeuvre les engagements pris pendant la campagne en matière d'intégration ou d'encadrement du regroupement familial,et d'autre part, celle de créer un recours suspensif contre le refus d'entrée au titre d'asile. Résumé de l'article : Éclairage sur les grands points constituants cette loi, et sur la situation de la France en matière d'immigration. 1. Des dispositifs d'intégration plus contraignants Commencer l'apprentissage de la langue française dans le pays d'origine. Les ressortissants étrangers de 16 à 65 ans qui souhaitent s'installer en France dans le cadre du regroupement familial pour rejoindre leur conjoint de nationalité française doivent désormais subir un test afin d'évaluer leur niveau de connaissance du français et des valeurs de la République.Le contrat d'accueil et d'intégration pour la famille, CAIF. La signature de ce contrat est dorénavant obligatoire pour les parents d'enfants entrés en France par la voie du regroupement familial. Concrètement, ce contrat se traduit par l'obligation de suivre une journée de formation sur les droites et les devoirs des parents. La signature de ce contrat est perçue aujourd'hui par de nombreuses familles comme un acte contraignant, un non respect de celui ci pouvant entraîner des sanctions comme la suspension des prestations familiales 2. Des conditions de ressources plus exigeantes pour le regroupement familial Cela se traduit concrètement par des durcissements des conditions de revenus et de logement. L'individu désirant - 13 -en effet être rejoint par sa famille doit désormais disposer d'un revenu au moins égal au SMIC. 3. Utilisation expérimentale et conditionnée des tests ADN comme élément de preuve d'une filiation déclarée dans le cadre du regroupement familial. Il s'agit ici d'un moyen extrêmement controversé pour établir l'existence d'une filiation entre une personne demandant un regroupement familial et ses enfants par identification des empreintes génétiques. 4. Une mise à niveau des procédures d'asile. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 13 - Cette mesure à été essentiellement mise en oeuvre afin de prendre en compte la condamnation de la France par la cour européenne des droits de l'homme, la cour de Strasbourg ayant en effet jugé que les garanties juridictionnelles offertes à l'étranger dans le cadre de procédures d'asile étaient insuffisantes. - Il faut ajouter à ceci le fait qu'un changement de tutelle à été opéré après la promulgation de cette loi : De l'office français de protection des réfugiés apatrides, la prise en charge des procédures d'asile est désormais passée entre les mains au ministère de l'Immigration de l'Intégration de l'Identité nationale et du Codéveloppement. Ce changement de tutelle soulève aujourd'hui la question d'une confusion dangereuse entre la notion d'immigration qui dépend de choix politiques et celle d'asile qui résulte d'obligations constitutionnelles et internationales. Ce texte, qui s'est fortement étoffé au cours de son examen par le parlement, a suscité, au fur et à mesure de son élaboration et même après son adoption, de nombreuses controverses au sein de l'opinion publique portant sur les problèmes du cadre législatif de l'immigration, ce qui témoigne du caractère extrêmement sensible du sujet et de toutes les précautions qu'il convient nécessairement de prendre à cet égard. Un autre article intéressant : LEVIERS D'ACTION ET OBSTACLES A LA MIS EN OEUVRE D'UNE POLITIQUE DE DEVLOPPEMENT SOUTENABLE. Pierres Lascoumes, directeur de recherche CNRS Le terme de soutenable signifie que le développement doit être durable en terme de ressources et d'impact mais aussi éthique t justifié au regard des inégalités présentes et des besoins futurs. Alors que l'Agenda de Rio 1992 prévoyait la définition des stratégies nationales de développement soutenable pour 1997, les autorités ont attendu s'emparer sérieusement de ce dossier et elles n'ont défini leur plan qu'en 2003. Dans ce domaine il existe donc un écart considérable entre signature d'un dossier et matérialisation réelle des intentions politiques. Le Grenelle ne semble pour l'instant pas faire d'exception même si il est trop tôt pour en juger. Pourtant des leviers d'action sont disponibles. Encore faut il pouvoir surmonter les inerties qui commencent déjà a se faire sentir. Plan de l'article 1. De nombreux leviers d'action la concrétisation des risques environnementaux et la peur des catastrophes Une mobilisation internationale de plus en plus marquée l'effort croissant des coordination des compétences politiques et administratives la création d'un ministère intégré la mise en oeuvre de dispositifs de suivi 2. Les obstacles au New Deal écologique français le manque de vigilance et de cohérence politique les dossiers ignorés ou laissés en suspens lors du Grenelle la hiérarchie des priorités gouvernementales la résistance des acteurs institutionnels associations et ONG :une capacité de pression incertaine Veille de culture générale _ avril 2008 Page 14 Philosophie magazine, avril 2008 Aimer au temps de l’individualisme Aujourd’hui, nous attendons tout de l’amour : qu’il enchante notre quotidien, satisfasse nos désirs, remédie à notre solitude, satisfasse notre besoin de consolation…Car nous sommes entrés dans l’ère de « la religion séculière de l’amour » d’après la formule d’Ulrick Beck. Mais ce constat se heurte au fait qu’au cours des siècles, l’amour n’a jamais été une expérience tranquille et a toujours été plus un problème qu’une solution. La forme contemporaine de l’amour est paradoxale. D’un côté, comme l’a diagnostiqué Anthony Giddens, les individus de la société occidentale sont à la recherche d’une « relation pure », c’est à dire d’une union consentie par chacun des partenaires, où le choix de l’être aimé est conscient, réflexif. Une telle relation dérive de la conception romantique de l’amour ; c’est une nouveauté dans l’histoire. En effet, dans les sociétés pré-modernes, le mariage est le plus souvent arrangé, imposé par les traditions et les nécessités matérielles. D’un autre côté, avec la maîtrise de la contraception, la sexualité contemporaine s’est affranchie de ses exigences de reproduction ; les comportements sexuels sont de plus en plus libres et expérimentaux, voire additifs. Ils ne sont plus fondés sur la domination masculine, mais sur l’égalité des partenaires. On voit alors se dessiner la problématique de l’amour contemporain : comment concilier l’aspiration romantique et le désir d’affranchissement sexuel dans une relation amoureuse ? Dès 1929, le philosophe Bertrand Russel avait tenté de résoudre le problème rationnellement dans un essai intitulé Le mariage et la morale. Partant du constat que les hommes et les femmes sont polygames par instinct, et que tout amour tend, à la longue, à s’épuiser, il propose de sauver l’institution du mariage en lui assignant un but : élever les enfants. Il considère qu’il n’y a pas lieu de renoncer aux relations extra-conjugales, ce qui impose néanmoins aux conjoints de vaincre leur jalousie, car mieux vaut discipliner cette « passion de contrainte et d’hostilité » qu’entraver un amour, « passion d’épanouissement généreux». Mais tout le monde n’est pas capable de faire preuve d’une telle maîtrise de soi…De plus, la méthode Russel ne prend pas en compte les potentiels rapports d’inégalité entre les partenaires : s’il l’un d’eux domine l’autre dans le couple (par une situation professionnelle brillante, tandis que l’autre reste au foyer par exemple), l’accord d’infidélité risque de tourner au bénéfice du plus fort. Enfin, elle réserve un statut incertain aux amants : on les aime, mais en refusant de s’attacher à eux ; c’est un amour limité, bridé. La vie conjugale tumultueuse de B. Russel, qui se maria quatre fois, montre bien qu’il a sans doute surestimé la portée d’une solution théorique au problème de l’amour… Pour mieux comprendre nos difficultés, revenons à la naissance de l’amour moderne, racontée par la littérature, et en particulier les pièces de Molière. Dans l’Avare, les enfants d’Harpagon aiment contre la volonté de leur père. Deux logiques s’affrontent : celle du choix individuel et celle de la tradition. Au temps de Molière, le problème de l’amour est un conflit intergénérationnel ; amour et liberté vont alors de pair. Aujourd’hui, amour et liberté rentrent au contraire en conflit. La relation pure impose en effet un choix exclusif de partenaire, limitant ainsi ses possibilités de découvertes. La diminution du nombre de mariages et l’augmentation de celui des divorces reflètent la précarisation du couple. Comme l’exprime Z. Bauman dans L’amour liquide, nous vivons dans une société où toutes les positions – habitats, profession, relations sentimentales – sont fragiles et momentanées. Finalement, l’amour contemporain pose un problème qui paraît insoluble. D’une part, il semble qu’il soit ontologiquement impossible. En effet, J.P Sartre, dans L’être et le néant, théorise l’impasse du sentiment amoureux. Selon lui, aimer, c’est désirer « posséder une liberté comme liberté ». Mais parvenu à cette possession, l’être aimé se révèle moins intéressant. Ainsi, l’amour porte en son projet même l’origine de sa destruction. Sartre va plus loin : selon lui, le couple a une structure sado-masochiste : il y a toujours le sujet et l’objet, l’un des partenaire affirmant sa liberté en niant celle de l’autre. D’autre part, la poussée de l’individualisme contemporain, et la menace d’isolement qui l’accompagne, génère une attente éperdue de fusion avec l’autre. Que doit-on en conclure ? Faut-il renoncer à l’accomplissement amoureux, comme le laisse à penser l’échec de Russel et le pessimisme de Sartre ? Bien au contraire. C’est parce que l’amour est problématique qu’il vaut d’être vécu. Toujours dispensateur à la fois d’affliction et de joie, il n’a rien de paisible, et ne peut être apprécié que si l’on est conscient de sa nature ambiguë. Un autre article intéressant : Mai 68, ou la revanche de Sartre . Veille de culture générale _ avril 2008 Page 15 La révolte étudiante et sociale provoque une tornade dans le monde des idées. Le structuralisme fait les frais de ce bouillonnement. Et c’est vers Jean-Paul Sartre que se tourne la jeunesse, galvanisée par son engagement et sa conception de la liberté. De la Sorbonne à Nanterre, la hiérarchie des sciences s’en trouve bouleversée et la place de la philosophie est contestée. Conférence : L’université de tous les savoirs L’HOPITAL DE DEMAIN Louis Omnès – économiste, maître de conférence à l’ENA, directeur d’hôpital. LA PROBLEMATIQUE DE L’HOPITAL : Répondre à la question : « quel sera l’hôpital de demain ? » est un exercice difficile car : L’hôpital n’est pas une famille homogène (petits hôpitaux locaux et grands complexes hospitalouniversitaires régionaux). Le monde hospitalier est un monde de complexité dans lequel sont imbriquées des architectures différentes : 1. Architecture de technologies. 2. Architecture de systèmes d’information et de communication. 3. Architecture de relations et de rapports humains. Ces trois architectures évoluent à des rythmes différents : o Temps court d’évolution des connaissances techniques. o Temps long d’évolution des mentalités et des comportements. o Temps très long d’évolution des organisations. L’hôpital évolue dans des environnements différents : 1. Environnement économique : Quel sera l’évolution de l’économie dans les dix années à venir ? Si l’on constate la faillite de l’analyse économique comme outil de prédiction du devenir de l’hôpital, on peut cependant tabler sur une croissance économique très faible, voir stationnaire. De ce fait le contrôle des dépenses de santé sera de plus en plus étroit. 2. Environnement sociologique : En ce qui concerne les professionnels de santé : l’hôpital reproduit à son échelle le comportement individuel et collectif qui existe dans la société française, largement déterminé par le corporatisme, le conservatisme, la défense des « avantages acquis ». En ce qui concerne les usagers, la demande de réponses techniques par l’hôpital à l’ensemble de leurs souffrances est toujours plus importante. Ceci est amplifié par une implication croissante des usagers dans la gestion du système de santé, en particulier par le biais des associations de malades. 3. Environnement démographique, épidémiologique et sanitaire : Il existe dans ce domaine des certitudes : o Le vieillissement de la population. o L’augmentation des contacts inter-individus : Liée à la facilité accrue des déplacements (avion), à la densification des milieux urbains, à la libération des mœurs, éléments qui favorisent le développement de maladies infectieuses nouvelles (SIDA, grippe aviaire…) et la résurgence de maladies infectieuse anciennes (syphilis par exemple) o L’absence prévisible de réforme du mode de financement des soins : Il n’est pas politiquement envisageable de revenir sur le système de protection sociale actuel, les français étant très attachés à leur « sécurité sociale ». Or, si rien n’est fait les experts s’accordent pour prévoir un déficit de 68 milliards d’euros en 2020. Il faudra savoir faire un savant dosage entre l’augmentation de la CSG d’une part et une diminution acceptable du taux de prise en charge d’autre part. 4. Environnement technologique : C’est le terrain le plus stable pour faire des prévisions à 10 ans. Actuellement les domaines suivants sont en pleine évolution : o La génétique et la biologie moléculaire. o Le génie génétique. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 16 o L’immunologie. Ces nouvelles biotechnologies permettront un diagnostic plus précoce des maladies et des thérapeutiques nouvelles basées sur la substitution des gênes. Les progrès vont concerner d’autres domaines techniques, comme par exemple l’imagerie qui sera plus efficace et moins invasive. Mais ces progrès entraînent des exigences qui aboutissent à une augmentation des coûts : o exigences des professionnels et des chercheurs ; o appétit des industriels ; qui font évoluer l’hôpital vers un hôpital technique, un hôpital « réparateur » avec 4 composantes : a) Un hôpital de bureaux (le nombre de bureaux devient plus important que le nombre de lits). b) Un complexe hôtelier et de loisirs. c) Une cité de connaissance, de savoir et de transmission du savoir. d) Un complexe médico-industriel. L’ORGANISATION ACTUELLE : Jusqu’à présent, pour répondre à cette problématique l’évolution de l’hôpital s’est faite vers : -une augmentation de la spécialisation des hôpitaux en développant les complémentarités régionales. -une hiérarchisation des hôpitaux en trois catégories en fonction de leur taille et de leurs missions. -une organisation des soins entre les séjours de courte durée et les séjours de durée plus longue (soins de suites et de réadaptation). L’ORGANISATION FUTURE : La labélisation des hôpitaux : A l’avenir certaines activités seront labellisées et d’autres non en fonction en particulier du volume d’actes réalisés par chaque établissement. Il n’est pas acceptable par exemple que 50% des patients opérés d’un cancer du sein le soient dans un établissement effectuant mois de 15 interventions de ce type par an. Les hôpitaux de niveau 2 et 3 seront organisés en pôles d’activité. La labélisation des établissement fera l’objet d’une information des consommateurs. La dissociation des lieux de distribution du multiservice : Le public plébiscite à la fois les hôpitaux de haute technologie et les petits hôpitaux de proximité. Par ailleurs dans les hôpitaux de niveaux 2 et 3 doivent cohabiter des prise en charges lourdes, de haute technicité et des prises en charges plus légères, réalisées en ambulatoire. Il faudra donc organiser un hôpital dissocié. - La délocalisation du multiservice à domicile : Un nombre croissant de patients souffre de pathologies chroniques ce entraîne une inflation de la durée des séjours à l’hôpital. Pour diminuer la durée moyenne de séjour, il faut développer les réseaux de soins à domicile pour une délocalisation du multiservice au domicile du patient avec le concours de la médecine de ville. La reconfiguration gériatrique de l’hôpital : Un quart des patients pris en charge aux urgences des hôpitaux de paris en 2002 avaient plus de 75 ans. Il faut donc rééquilibrer l’offre au profit d’une médecine plus polyvalente par rapport à une médecine hyper spécialisée. - Pour répondre à ces enjeux, il faut développer : 1. Un fonctionnement en réseau : Il permet un décloisonnement des soins, une meilleure coordination des soins favorisant une prise en charge globale, multidisciplinaire, une meilleure continuité des soins et au total une meilleure qualité des soins. Ce fonctionnement en réseau se décline : o Par la création de pôles d’activité au niveau des établissements de santé. o Par le développement des réseaux ville hôpital. 2. Un partage des informations en temps réel par la généralisation du dossier patient informatisé : Le partage en temps réel des informations concernant le patient permet d’optimiser les stratégies thérapeutiques. 3. La lutte contre les effets pervers du progrès médical : Un développement durable au sein de l’hôpital doit permettre de diminuer les infections nosocomiales. Une réflexion étique doit être organisée concernant des actes comme la réanimation, les transplantations d’organes, les soins palliatifs… Veille de culture générale _ avril 2008 Page 17 CONCLUSION Les décideurs politiques doivent donner des réponse explicites à trois questions fondamentales : 1. Quels sont les objectifs stratégiques acceptables pour l’hôpital ? La maladie est un marché très lucratif pour de grosses sociétés internationales avec une augmentation permanente des budgets à un taux nettement supérieur au PIB des pays riches. Il faudra donc faire un choix entre d’un côté un hôpital technique coûteux et de l’autre des impératifs de santé publique qui le sont également. Faut-il développer la politique de tarification à l’acte actuellement mise en place dans les hôpitaux ? Ce mode de financement des hôpitaux fait pencher la balance au bénéfice de l’hôpital technologique et au détriment des missions sociales de l’hôpital. 2. 3. Faut-il réorganiser le temps de travail à l’hôpital : Pour corriger la dualité entre, d’une part la mise en place des 35 heures pour le personnel hospitalier et d’autre part les réalités du terrain en ce qui concerne les médecins hospitaliers qui travaillent en moyenne 48 heurs par semaine. La mise en place des 35 heures a aboutit à une sous utilisation des plateaux technique et une un temps d’attente de plus en plus long pour les soins programmés. Les pouvoirs publics doivent donc faire des chois pour répondre à des attentes de la société pleines de contradictions. Les conférences à Rennes en Avril : Le Deuxième sexe Du 16 février 2008 au 19 avril 2008. Les Champs Libres proposent une série de rendez-vous sur les femmes, ainsi que des manifestations sur une grande figure féminine du 20e siècle : l'ethnologue Germaine Tillion. Guillevic et ses peintres 9 avril 2008. La Bibliothèque propose la projection de "Guillevic et ses peintres", un film de Jean-Pierre Montier, produit par le CREA, université de Rennes 2. Bibliothèque des Champs Libres Lumière sur Guillevic 16 avril 2008. La Bibliothèque propose une rencontre avec Lucie Albertini-Guillevic et Julius Baltazar. Bibliothèque des Champs Libres. Putain de travail 23 avril 2008. La Bibliothèque propose une rencontre avec Jean-Pierre Levaray et Franck Magloire. Bibliothèque des Champs Libres. La grève générale de Mai-68 : étudiants et ouvriers menaient-ils le même combat ? 30 avril 2008 La Bibliothèque propose une rencontre avec Gilles Richard, professeur d'histoire contemporaine à l'IEP de Rennes. Bibliothèque des Champs Libres. Le Mardi 08 avril 2008 Voyage extraordinaire au centre du cerveau Salle de conférence Hubert-Curien aux Champs Libres À 20h30. Mardis de l'Espace des sciences. Avec Jean-Didier Vincent, neurobiologiste. Que sait-on aujourd’hui de ce pays mystérieux enfermé en nous-même ? Nos humeurs, nos désirs, nos souvenirs, nos idées : comment se forment-ils ? Un voyage que vous ne pouvez pas manquer. Séance de dédicaces à la fin. La guerre des cotons le 10 avril Maison du Ronceray. 110, rue de la Poterie. À 20h30. La guerre des cotons, film de Jean-Michel Rodrigo (52 minutes), suivi d’un débat avec Bernard Metais de Terre des hommes France. Participation libre. Café philo : la paresse. Le Jeudi 10 avril 2008. Rennes, Café des Champs libres 10, cours des Alliés À 18h30 L’ours polaire face au réchauffement climatique. Le Mardi 22 avril 2008 Rennes, Salle de conférence Hubert Curien aux Champs libres Veille de culture générale _ avril 2008 Page 18 À 20h30. Mardis de l’espace des sciences. Avec Rémy Marion, photographe, auteur, spécialiste des ours polaires. Adapté aux conditions les plus extrêmes, l’ours polaire est pourtant impuissant face au réchauffement climatique rapide car il est dépendant de la glace de mer pour se nourrir. Séance de dédicaces. Sortir se cultiver à Rennes en avril : Festival des arts de la parole Mythos Du Dimanche 06 avril 2008 au Samedi 12 avril 2008 Spectacle de rue Rennes, Théâtre du Vieux Saint-Etienne 4, rue d’Échange Mythos propose, cette année, plusieurs spectacles dans le cadre du projet "Parcours regards" qui constitue un espace, à part, au cœur du festival, un voyage consacré au récit contemporain pour aller à la rencontre de ces univers singuliers, pour participer à des rencontres, des échanges. Mars - Avril 2008 SUR LE QUAI : une série de conférences-débats sur les grands enjeux de nos sociétés ou comment une même question est résolue aux Etats-Unis et en France. Consulter le programme : Mardi 08 avril 2008 à 18h30 Eric Morrill, artiste californien VERNISSAGE de l'exposition "Polysociospécificité" Jeudi 10 avril 2008 à 20h00 Jacques Nissou, Spécialiste en études ethnologiques amérindiennes Conférence "La mythologie de l'Ouest en France au XXème siècle" Jeudi 10 avril 2008 à 21h00 Hervé Ciret,réalisateur du documentaire Ciné-conférence : Projection "Cow-Boys sans retour" suivi d'une rencontre avec les intervenants Iphigénie ou le péché des dieux de Michel Azama le samedi 12 avril Théâtre Rennes, Théatre de l'Adec 45, rue Papu À 20h30 Les dieux exigent le sacrifice d'Iphigénie afin de permettre à l'armée grecque de partir combattre les Troyens. Mais qui sont ces dieux assoiffés de sang qui gouvernent le monde ? Les hommes ne sont-ils que des poupées entre leurs mains ? Qu'est-ce qui peut justifier la mort d'une jeune fille ? Infos pratiques Plein tarif : 5€ , Tarif réduit : 4€ Terres Masaï, du sculpteur Armelle Auffret Estable du samedi 29 mars au samedi 26 avril. Exposition Saint-Grégoire, Banque CMB Centre commercial La Forge De 09h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h00 Terres Masaï, nouvelle exposition sur son thème de prédilection, l’Afrique, et plus particulièrement sur "la mère et l’enfant"; de nombreux bijoux, objets, tissus kenyans et photos sont exposés. Gratuit L'Illusion comique, sur écran géant le vendredi 18 avril 2008 Théâtre Rennes, Maison de quartier Sainte-Thérèse 14, rue Jean-Boucher À 15h00 Pièce de théâtre de Corneille diffusée dans le cadre des spectacles Cielécran. Plein tarif : 5.50€ , Tarif réduit : 4.50€ Entrez dans la Danse ! Du lundi 7 avril au dimanche 11 mai 2008 Exposition Rennes, MJC la Paillette Veille de culture générale _ avril 2008 Page 19 4 plasticiens proposent leur vision de la danse, 4 sensibilités, 4 techniques : Caroline Depoil (sculptures), Constance Villeroy (tableaux sur métal), Sophie Briand-Collet (paravents), Ronan Bagot (vidéo et tableaux). Jeudi 10 avril à 19 h, vernissage ponctué de démo danses. Gratuit. Veille de culture générale _ avril 2008 Page 20