Mais où est donc Ornicar ?
Atelier de réflexion sur la langue française
On s’interroge, on fait des recherches, on échange et on partage. On essaie de
nourrir sept rubriques : les bizarreries, des précis linguistiques, les fautes de langue,
les expressions imagées, les astuces mnémotechniques, les étymologies
étonnantes, les devinettes et les jeux de mots et de lettres.
Site internet : http://jacge.nguyen.free.fr/ornicar/
Séance du 26 janvier 2010
Précis linguistiques
Formation du futur simple en français : Ce n'est pas par hasard que les terminaisons
concordent avec la forme du présent du verbe avoir. Le futur simple latin fut
abandonné par les Romains dans leur langue familière à l'époque impériale et il fut
remplacé par une combinaison de l'infinitif et du présent du verbe habere, par
exemple dans la phrase d'Augustinus (à propos du royaume de Dieu) :
Petant aut non petant venire habet. (Qu'on l'appelle ou non, il viendra.)
En effet, le futur simple français est issu du futur périphrastique latin (habeo cantare,
inversé en cantare habeo, a donné cantare ai, puis par fusion chanterai), ceci pour
toutes les personnes sauf les première et deuxième personnes du pluriel, qui ont
reçu un traitement différent.
Pour ces personnes, le futur simple serait chantereins et chantereiz si elles avaient
subi les mêmes transformations. En réalité, la forme contemporaine du futur simple
provient d'une analogie des morphèmes flexionnels avec ceux du présent de
l'indicatif chantons, chantez. [Wikipédia]
Ne dites pas, n’écrivez pas
Dites, écrivez
1,9 % des salariés ont voté…
1,9 % des salariés a voté… Si le chiffre est
inférieur à 2, le sujet n’est pas considéré comme un
pluriel.
J’habite sur Paris.
J’habite à Paris. Le seul cas où l’on peut employer
sur avec le nom d’une ville, c’est dans l’expression
marcher sur qui signifie « se diriger vers une cité
pour la prendre d’assaut ».
Ses manières sont un peu frustres.
Ses manières sont un peu frustes. Frustre n’existe
pas. Fruste : Non poli, mal dégrossi (avec
influence de rustre).
Suite à cette panne, il a changer de
voiture.
A la suite de cette panne, il a changer de
voiture. La tournure suite à, qui appartient au
langage commercial, est à éviter dans l’usage
courant. Dans la correspondance, on dira plutôt
comme suite à, pour faire suite à ou en réponse à.
Dans l’usage courant, on dira : après ou à la suite
de.
Expressions imagées
Se mettre en rang d’oignons Sens : se ranger à la file, sur une même ligne.
Référence : l’ordre de préséance imposée aux états généraux de 1576 par le
baron… d’Oignon sous le règne d’Henri III.
Astuces mnémotechniques
Pour retenir la terminaison de certains adjectifs (ou participes passés)
masculins, on les met au féminin : exclu exclue ; inclus incluse. Mais ça ne
marche pas toujours. Voici des moyens mnémotechniques pour quelques cas :
Andalou andalouse : Il est fou, cet Andalou !
Coi coite : Quoi ? Il n’y a pas de t à coi ?
Favori favorite : Riri, mon canari favori, a la santé !
Rigolo rigolote : Ce rigolo refuse de se mettre au thé pour en rester à l’eau.
Étymologies étonnantes
Zone et zona viennent du latin zona « ceinture ». Zone, dans son premier sens,
désigne chacune des cinq parties de la sphère terrestre, divisée selon les cercles
polaires et les tropiques, et caractérisée par un climat particulier. Zona, c’est le nom
d’une dermatose aiguë, qui suit le trajet des nerfs, touche le plus souvent la taille, la
ceinture.
Immarcescible, adjectif, var. immarcessible, étym. 1482; bas latin immarcescibilis, de
marcescere « se flétrir » : Bot. Didact. Qui ne peut se flétrir. Fig. Gloire
immarcescible. « La jeunesse plus forte que le temps, la jeunesse immarcessible »
(Mauriac).
Procrastination, nom féminin, étym. XVIe; du latin procrastinatio, de pro- et crastinus
« du lendemain » : Littér. Tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à
temporiser. « Mon indécision, ma “procrastination,” comme disait Saint-Loup »
(Proust).
Anamnèse, nom féminin, étym. 1908; « rétablissement de la mémoire » 1831; aussi
anamnésie 1843; grec anamnêsis :
1 Psychol. Évocation volontaire du passé; spécialt Renseignements fournis par le
sujet interrogé sur son passé et sur l'histoire de sa maladie.
Adj. anamnestique. Données, signes anamnestiques.
2 (1907) Liturg. Partie du canon qui suit la consécration, constituée par des prières
à la mémoire de la Passion, de la Résurrection et de l'Ascension.
Carmagnole, nom féminin, étym. 1791; veste des fédérés marseillais portée depuis
le XVIIe s. par les ouvriers piémontais; de la ville de Carmagnola :
1 Hist. Veste étroite, à revers très courts, garnie de plusieurs rangées de boutons.
2 Par ext. Ronde chantée et dansée par les volutionnaires. Dansons la
carmagnole !
Évergète, nom masculin, étym. 1948; grec euergetês « bienfaiteur » : Antiq. Riche
notable qui finançait des dépenses publiques par ses dons.
Devinettes, jeux de mots, jeux de lettres (Solutions pages 5, 6, 7)
1. Quel est le point commun entre les noms suivants : bougie, calepin, pantalon,
poubelle, bottin, godillot, guillemet ?
2. Voltairienne et volatile. Une énigme proposée par l’auteur de Candide :
« Cinq voyelles, une consonne,
En français, composent mon nom.
Et je porte sur ma personne,
De quoi l’écrire sans crayon. »
3. Moins vice que versa. Observez bien la première phrase et terminez la seconde
sur le même modèle :
Oh ! Cela te perd, répéta l’écho.
Ésope reste ici et se ……
4. Charade en rafale
Mon premier est une salade,
Mon deuxième est une salade,
Mon troisième est une salade,
Mon quatrième est une salade,
Mon cinquième est une salade,
Mon sixième est une salade,
Mon septième est une salade,
Mon huitième est une salade,
Mon tout est un écrivain anglais.
5. C’est nul ! Ce problème a été posé lors d’une épreuve de flexion aux étudiants
de l’université de Stanford (Californie).
Qu’est-que cela peut bien être ?
1. C’est mieux que Dieu.
2. C’est pire que le diable.
3. Les pauvres en ont.
4. Les riches en ont besoin.
5. Et si on en mange, on meurt.
6. Trouvez un nom, qui, au masculin, désigne un pot et, au féminin, un dépôt.
7. Trouvez un mot de deux lettres désignant une préposition.
Ajoutez une lettre et ça devient un poisson.
Ajoutez une lettre et ça devient le néant.
Ajoutez une lettre et ça devient un poète latin.
Le jeu de la langue française du Nouvel’Obs. Le quiz de Jacques Drillon (4)
1. Ce sont devant eux que je m’incline.
a. Il faut dire « ce sont »
b. Il faut dire « c’est »
c. On peut dire l’un ou l’autre.
2. Naître, vivre, mourir…
a. Est le destin de l’homme
b. Sont le destin de l’homme
c. L’un ou l’autre.
3. Plus d’un blessé…
a. A succombé
b. Ont succombé
c. L’un ou l’autre.
4. Equinoxe est…
a. Du masculin
b. Du féminin
c. Des deux genres.
5. Banal au pluriel fait :
a. Banals
b. Banaux
c. Les deux.
6. D’où vient l’adjectif « féru de » ?
a. De Georges Féru, passionné
d’astronomie
b. Du verbe férir
c. De la férule, dont les coups étaient
censés donner le goût des études.
7. Qu’est-ce qu’un dol ?
a. Une souffrance
b. Un dommage subi
c. Une tromperie.
8. Où est l’information exacte ?
a. Staline est éponyme de Stalingrad
b. « Le Mépris » est le film éponyme
du roman « le Mépris »
c. Eponyme et homonyme sont
synonymes.
9. Comment accorde-t-on ?
a. Les cent kilos qu’il a pesé avant son
régime
b. Les cent kilos qu’il a pesés avant
son régime
c. Les deux.
10. Le suffixe morphe signifie :
a. Force
b. Forme
c. Sommeil.
11. Comment nomme-t-on la pastille
de cuir collée au bout d’une queue de
billard ?
a. Façon
b. Manière
c. Procédé.
12. On dit (deux réponses) :
a. Il ne se départissait pas de sa bonne
humeur
b. Il ne se départait pas de sa bonne
humeur
c. Cela ressortissait à l’humour plus
qu’à la doctrine
d. Cela ressortait à l’humour plus qu’à
la doctrine.
13. On parle (pas dans les
dictionnaires) d’hybris ou d’ubris
grecque. C’est :
a. Le mélange, la mixité
b. La démocratie, la voix du peuple
c. La démesure, la passion.
14. « Je ne vous dirai pas que… », et il
le dit quand même. Il fait une :
a. Antonomase
b. Prétérition
c. Prolepse.
15. On écrit :
a. Il pourvoira à ses besoins
b. Il pourvoiera à ses besoins
c. Les deux.
16. On écrit :
a. De plain-pied
b. De plain pied
c. De plein-pied
d. De plein pied
17. On dit :
a. Si j’ai le temps et qu’il fasse beau
b. Si j’ai le temps et qu’il faisait beau
c. Si j’ai le temps et qu’il ferait beau.
18. Quelle est la bonne concordance
des temps ?
a. J’arrivai après qu’il ait parlé
b. J’arrivai après qu’il eut parlé
c. Je suis arrivé après qu’il eût parlé.
19. Cette séquence de film a duré :
a. 2 min 26 s
b. 2’ 26’’
c. 2 min. 26 s.
20. Pour cette toile, Renoir a employé
« le noir d’ivoire ». Il est obtenu :
a. Par dessiccation (assèchement) de
truffes
b. Par calcination et broyage d’os très
durs
c. Par peroxydation de dents de cheval
(ou de bœuf).
Solutions des devinettes :
1. Ce sont des noms communs provenant de noms propres.
Bougie : étym. 1300 « cire pour chandelles », importée de Bougie, ancien n. de
Bejaia, ville d'Algérie.
Calepin : étym. 1803; « dictionnaire » 1534; de Calepino, lexicographe italien.
Pantalon : étym. 1802; « haut-de-chausses étroit qui tient avec les bas » 1650; du
nom d'un personnage de la comédie italienne.
Poubelle : étym. 1890; de Poubelle, nom du préfet de la Seine qui l'imposa en 1884.
Bottin : étym. 1867; nom déposé, du nom de S. Bottin.
Godillot : étym. 1876; de Alexis Godillot, n. d'un fournisseur de l'armée.
Guillemet : étym. 1677; de Guillaume, n. de l'imprimeur qui inventa ce signe.
2. Voltairienne et volatile : oiseau.
3. Moins vice que versa : repose. Ces deux phrases sont des palindromes : elles
peuvent se lire aussi bien de gauche à droite que de droite à gauche.
4. Charade en rafale : Lewis Caroll ( les huit scaroles).
5. Cest nul ! Rien. Rien n’est mieux que Dieu ; rien n’est pire que le diable ; les
pauvres n’ont rien ; les riches n’ont besoin de rien ; si on ne mange rien, on meurt.
6. Vase. Le vase ; la vase.
7. DE => IDE => VIDE => OVIDE
Solutions du quiz de Jacques Drillon :
1b
2a - Les trois verbes naître, vivre, mourir forment le destin et ne sont pas séparables.
3a - Après plus d’un, le verbe se met ordinairement au singulier ; après moins de
deux, il se met au pluriel : ce n’est pas, en effet, sur la valeur numérique de ces
expressions que la pensée s’arrête, c’est sur le complément de plus ou de moins :
Plus d’un se rappela… (Flaubert). Moins de deux ans lui suffirent (J. d’Ormesson).
Le verbe se met au pluriel si plus d’un est répété ou encore si l’on exprime la
réciprocité : Je suis r que plus d’une anguille, plus d’un barbeau, plus d’une truite
suivaient le courant (F. Fabre). A Paris on voit plus d’un fripon qui se dupent l’un
l’autre (Marmontel).
4a
5c - Banal au sens de « ordinaire » fait banals au pluriel : Des propos banals.
Banal au sens de « communal » fait banaux au pluriel : Des fours banaux.
6b - Féru, ue, adjectif, étym. xve; de férir « frapper » : passionné; fam. fana, mordu.
Férule, nom féminin, étym. 1372; latin ferula :
1. Plante herbacée (ombellifères) aux racines énormes, dont une espèce fournit
l'assa-fœtida.
2. (1385; peut-être du bois de la férule) Petite palette de bois ou de cuir avec laquelle
on frappait la main des écoliers en faute.
. Georges Féru n’existe pas.
7c dol, nom masculin, étym. 1248; latin dolus « ruse » :
Dr. Manœuvres frauduleuses, agissements malhonnêtes destinés à surprendre et
tromper une personne pour lui faire prendre un engagement qu'elle n'aurait pas pris.
Captation, fraude, tromperie. Le dol, vice du consentement. Contrat entaché de dol.
8a éponyme, adjectif, étym. 1751; grec epônumos, de epi « sur » et onoma « nom
» : Antiq. gr. Qui donne son nom à (qqn, qqch.). Athéna, déesse éponyme
d'Athènes. Mod. Tenir le rôle éponyme d'une pièce, d'un film (ex. le rôle d'Ondine
dans la pièce du même nom).
9a - Participe passé de certains verbes intransitifs :
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