COM 057 : Personnalité et Comportement :
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I.) Introduction : La psychologie différentielle :
La psychologie a pour objet la description et l’explication des conduites, la description et
l’explication des états et des processus mentaux. Cet objet peut être abordé avec des méthodes
différentes en abordant des points de vue variés. C’est donc le choix des méthodes et des points
de vue qui définissent les grandes sous disciplines de la psychologie. La Psychologie Différentielle
est l’une de ces sous discipline. Le premier à dénoncer la psychologie différentielle est un
psychologue allemand, William Stern, en 1900.
La psychologie différentielle se propose de décrire et d’expliquer au moyen de méthodes
objectives les différences individuelles du point de vue psychologique.
Distinction entre la psychologie expérimentale et la psychologie clinique. On oppose la
psychologie expérimentale, fondée sur la méthode expérimentale en laboratoire donc la
manipulation des variables indépendantes, explicatives… a la psychologie clinique fondée sur
l’observation libre et le dialogue avec le sujet.
La psychologie expérimentale se veut une psychologie générale qui se propose d’établir des lois
valables pour tous les individus. Elle va s’intéresser en particulier aux aspects cognitifs des
comportements.
La psychologie clinique est le plus souvent une psychologie individuelle qui vise à la compréhension
de cas singuliers. Elle va privilégier généralement l’étude des aspects affectifs des conduites et
des comportements (étude du stress, des émotions…).
La psychologie différentielle peut être rapprochée de la psychologie clinique par l’importance
qu’elle accorde à l’individu. Elle se rapproche aussi de la psychologie expérimentale par les
méthodes qu’elle met en œuvre. Elle va valoriser l’étude d’observation systématique et bien
contrôlée et elle valorise la mesure des phénomènes psychologiques. Elle humanise la psychologie
expérimentale.
La psychologie expérimentale, au lieu d’établir des lois générales valables pour un individu moyen,
elle montre des lois modulées par des individus particuliers.
Comment les conduites sont expliquées, décrites par la psychologie différentielle ? Sur quel
mécanisme va-t-on s’appuyer pour analyser les conduites ?
Les conduites sont à la fois sous l’influence de facteurs sociaux et de facteurs biologiques. Dans
l’analyse, la description ou l’explication on peut s’intéresser à l’un ou à l’autre des facteurs. La
psychologie différentielle va analyser les phénomènes de variabilité inter individuelle que l’on
observe tant en psychologie sociale qu’en psychologie physiologique.
On peut étudier les différentes populations (hommes, femmes, animaux, …) comme pour faire des
comparaisons. Par exemple, la psychologie animale devient une psychologie différentielle
lorsqu’elle vise à situer l’homme dans la hiérarchie des espèces et qu’elle met en parallèle les
possibilités comportementales et les structures nerveuses.
Quelle que soit la perspective que l’on aborde, on peut aussi s’intéresser aux phénomènes de
variabilité. Il existe une psychologie différentielle animale, il existe une psychologie pathologique
différentielle.
Parfois, la psychologie différentielle tente, dans un processus de comparaison, d’établir des lois
générales. Ces lois nérales vont être établies pour des groupes d’individus (groupes d’âges, de
sexe, de niveaux socio culturels…). Par ce type de comparaison, la psychologie différentielle se
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rapproche de la psychologie expérimentale pour établir des lois générales.
En conclusion, la psychologie différentielle peut à la fois orienter ses études du point de vue
fondamental comme du point de vue appliqué. Les gens diffèrent physiquement et
psychologiquement les uns des autres.
Allport et Odbert (1936) : ils ont mis en évidence plus de 4500 adjectifs qui servaient à dénoter
des différences psychologiques entre individus. Chaque adjectif correspond à un trait de
personnalité. Un trait de personnalité est un patron plus ou moins stable de comportements
associés qu’une personne dénotée par le trait va avoir tendance à manifester dans certaines
circonstances.
L’étude des différences individuelles trouve ses racines chez les grecs et, déjà dans la Grèce
Antique on observait le fait que des personnes différentes se comportent différemment mais de
manière néanmoins stables et prévisibles dans une mesure, selon les circonstances.
Doctrine des grecs : Expliquer les différences individuelles par la prédominance d’un des quatre
fluides alors connus se trouvant dans le corps humain.
Chez les optimistes ou sanguins était sensé prédominer le sanguins (sang).
Chez les dépressifs ou mélancoliques, la melaina chole (la bile noire).
Chez les colériques, la chole (la bile jaune du foie).
Chez les apathiques ou flegmatiques, la phlegma (la lymphe).
C’est une doctrine qui a vraiment beaucoup compté jusqu’à la Renaissance. Suite aux
avancées de la recherche en biologie, cette doctrine a donc été mise à mal tout en
préservant tout de même quelques aspects essentiels.
La première étude des différences faisant appel à des techniques modernes de recherches a été
celle de l’anglais Francis Galton, portant sur l’intelligence (1884).
Depuis cette époque, les psychologues ont consacrés beaucoup d’attention aux différences
individuelles relatives à l’intelligence et au raisonnement. Ce sont ces différences qui ont susci
le plus de travaux et le plus de recherches car l’intelligence et le raisonnement sont liés à la
réussite scolaire et professionnelle d’où une importance sociale.
Les chercheurs se sont intéressés à l’intelligence et au raisonnement mais aussi à la
problématique de l’inné et de l’acquis. Etude de la personnalité.
II.) Personnalité et sens commun :
Dans la culture occidentale, nous possédons une riche tradition littéraire concernée d’une
manière ou d’une autre à la description, l’analyse et la compréhension de comment sont les autres
et de quelles manières leur personnalité affecte leur vie. Le langage quotidien dans la littérature
est rempli d’adjectifs et d’expressions qui se réfèrent à des caractéristiques de personnalité et
à des hypothèses de ce qu’est la personnalité.
Dans la vie quotidienne, on va parler de personnalité fameuse, de personne à faible ou forte
personnalité… Et les premières personnes dont on va parler sont les personnes célèbres, les
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politiques, nos proches… Nous catégorisons les gens que nous connaissons peu à l’aide d’ersatz de
personnalités ou stéréotypes. Exemple de stéréotypes, « les psychologues sont tous fous », « les
allemands sont sérieux et travailleurs »…
Nous faisons intuitivement des prédictions sur les comportements et sur les intentions de nos
amis et connaissances en employant des théories de la personnalité dite de bon sens.
Les théories, les opinions à propos des autres que nous forgeons son appelées Théories Implicites
de la Personnalité ou Théories Naïves de la Personnalité.
Même dans la vie quotidienne, nous savons que la combinaison d’un trait avec l’autre n’est pas
équiprobable. Par exemple, nous n’attendons pas que quelqu’un qui soit joyeux, plein d’allant et
intelligent soit froid, on ne s’attend pas non plus à ce que quelqu’un qui soit timide, tranquille et
studieux soit également agressif.
L’association des caractéristiques des personnalités dans les théories implicites va plus loin que
les simples caractéristiques comportementales. Par exemple, si on définit quelqu’un d’opiniâtre ou
de dogmatique, on va y associer un comportement et s’intéresser au système de croyances de
l’individu. Par rapport à çà, nous avons des comportements vis-à-vis des croyances et des
attitudes, nous avons des attentes stéréotypées.
Les psychologues ont fait des hypothèses sur tout cela :
Disposition et cohérence :
Dans l’essentiel des cas où nous parlons de personnalité, nous nous référons à celle-ci comme de
quelque chose qui appartient à chacun d’entre nous. Il s’agit de quelque chose qui est à l’intérieur
de nous. C’est ce caractère particulier qui nous autorise à parler de personnalité, à parler de
types de personnalité ou de traits de personnalité pour expliquer pour quelles raisons quelqu’un
est cohérent dans son comportement à travers des situations très diverses où sur une période de
temps longue.
L’idée que nos personnalités nous disposent à agir de manière cohérente, prédictible, semble
fondamentale à presque toutes les théories de la personnalité. Ceci nous conduit à la notion de
disposition, à la fois dans les théories du sens commun et dans les théories plus formelles de la
personnalité. Sans cette idée sous jacente de cohérence, l’idée de personnalité semble s’évanouir
laissant le comportement des gens imprédictible, comme une simple réaction à la seule situation
dans laquelle on les a posé.
Qu’est ce qui produit la cohérence d’une personne ?
Peut être que cette cohérence est biologiquement déterminée par notre héritage biologique. Peut
être qu’il s’agit de quelque chose qui a été appris au cours du développement social.
Freud a rendu compte des cohérences dans le comportement à l’aide des notions de ça, de moi et
de surmoi qui forment une organisation interne à la personne et médiatisent le conflit entre la
biologie (un ensemble d’instincts hérités) et la société (l’environnement social de l’enfant). Pour
lui, la société a donc une cohérence interne.
Certains psychologues pensent que le comportement est très largement influencé par la situation
dans laquelle nous nous trouvons. Ce que nous traduisons en termes de cohérence de la personne
n’est que le résultat de normes sociales que chacun respecte et de rôles sociaux que chacun joue.
D’autres psychologues ajoutent que tout un chacun fait un effort permanent pour apparaître
cohérent.
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Développement de la personnalité et changement :
Le langage commun illustre le fait que nous parlons de la personnalité comme de quelque chose qui
est à la fois relativement stable et néanmoins ouvert à un certain développement. Quand on parle
de quelqu’un qu’on connaît bien, on dit souvent de lui qu’il n’a pas changé. Il est acquis que
certaines caractéristiques sont difficiles à modifier. Il est également admis en parallèle de ça
que certaines personnes peuvent modifier considérablement leur personnalité par des efforts
personnels ou par une thérapie (émotivité, sociabilité…).
De même que les vues du sens commun varient en matière de personnalité, les théories des
psychologues varient également. Elles varient selon qu’elles considèrent que la personnalité est
héritée à la naissance ou au caractère qu’elle se développe graduellement pendant l’enfance et
peut être même après. Ces théories prennent aussi en compte la manière dont la personnalité
doit, ou devrait, se développer ainsi que le moment elle se cristallise. Certaines théories font
du développement un problème central, d’autres ne s’en préoccupent guère. Le terme de
personnalité au sens courant est souvent chargé de jugements de valeurs ou de croyances, et
cela a une implication pour la santé et la stabilité mentale de l’individu.
Les théories formelles de la personnalité diffèrent dans l’importance accordée aux aspects
cliniques. Par exemple, certaines théories comme celles de Freud, sont basées sur des individus
souffrants à des degrés divers de désordre mentaux, d’autres théoriciens pensent que l’étude de
la personnalité doit principalement prendre comme base les sujets normaux, d’autres théoriciens
encore, ceux du courant dit humaniste, dépassent le problème de la normalité et se focalisent sur
l’enrichissement de la personnalité.
Individus uniques et patrons de similarités :
Dans la vie de tous les jours nous tendons employer le mot personnalité de 2 manières distinctes.
Nous employons ce terme pour mettre l’accent sur l’intégration, la cohérence et l’unicité d’une
personne entière.
Nous employons aussi ce terme pour exprimer des dimensions, pour traduire des similarités ou
des différences entre les gens. L’accent est mis sur les aspects du comportement des gens
plutôt que sur l’unicité de ceux-ci en tant que personnes entières.
Les théories des psychologues peuvent, de la même manière être regroupées en deux grands
types d’approches.
Il est possible de mettre surtout l’accent sur l’exploration du comportement, des expériences,
des sentiments et des vies d’individus singuliers et cela en profondeur (une telle approche est
appelée idéographique). Cette approche se concentre sur la personnalité d’individus, il n’y a pas de
généralisation relative à la manière dont les personnalités peuvent différées les unes des autres.
D’autres psychologues emploient les méthodes psychométriques pour décrire et prédire le
comportement des gens en général de manière à mettre à jour les lois du comportement. Cette
approche est appelée nomothétique. Les individus peuvent être ordonnés sur la base de traits de
personnalité. On mesure le degré auquel les gens possèdent ce trait et alors on peut faire des
comparaisons complexes, relatives aux différences individuelles. Cela constitue le domaine de la
psychométrie. Cette dernière a conduit à l’élaboration de tests psychologiques et a donc permit
d’étudier la personnalité en employant des tests et des questionnaires pour en mesurer les
aspects. L’intérêt des approches nomothétiques est qu’elles peuvent être exprimées clairement
et donc peuvent donner lieu à réfutation c'est-à-dire qu’elles peuvent être évaluées en terme de
vraisemblance par rapport aux données d’observation.
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III.) Dispositions et cohérence :
Il s’agissait de la première théorie qui ne soit pas issue du courant clinique ou du comportement
psycho dynamique Freudien. Il s’agissait d’une réaction contre l’accent quasi-exclusif mis sur le
passé, sur les motivations inconscientes et la personnalité anormale. La théorie d’Allport était
également une action à la montée des théories nomothétiques de l’époque qui régnaient en
psychologie expérimentale et en particulier contre le behaviorisme. Pour Allport l’expérience
propre des adultes normaux et uniques devait être placée au centre de l’étude de la personnalité.
Pour lui, une théorie de la personnalité ne peut se bâtir uniquement à partir d’observations et de
spéculations sur les enfants, les neurotiques et les animaux.
Il propose sa définition de la personnalité en 1961. L’élément de base de sa théorie est le trait
de personnalité.
Le trait de personnalité comme source de cohérence :
La personnalité pour Allport ne pouvait être expliquée entièrement en terme de rôle social ou
d’influence des situations environnementales du comportement et est aussi le responsable des
différences entre personnes lorsque celles-ci répondent à une même situation. Pour lui, la
personnalité est faite de dispositions personnelles internes qui déterminent le comportement.
Les traits pour Allport sont des entités réelles, des structures mentales. Il a recensé un nombre
impressionnant de termes anglais (18000) qui pouvait définir la personnalité. Etant donné que les
traits sont nombreux, Allport a essayé de définir combien d’entre eux suffisent pour décrire la
personnalité d’un individu.
Les traits les plus importants sont appelés cardinaux. Ce sont des principes dominants et
déterminants. On trouve ensuite les traits centraux qui sont assez restreints (pour un individu il
y a entre 5 et 10 traits centraux). On trouve également des dispositions secondaires, moins
générales, moins constantes et plus difficiles à observer, ce sont les idiosyncrasies. Ces
dernières sont des manières d’être particulières à chaque individu, qui l’amène à avoir des
réactions, des comportements qui lui sont propres. Les idiosyncrasies sont plus proches des
habitudes et des aptitudes.
Allport croyait que les traits pouvaient être observés directement à travers la fréquence
d’apparition d’un certain type de comportement, à partir de l’ensemble des situations dans
lesquelles globalement le même type de comportement apparaît et à travers l’intensité du mode
de réponse préférée dans ces situations.
1ère méthode : l’observation directe.
2ème méthode : l’entretien approfondi.
3ème méthode : l’analyse de documents (lettres, journaux intimes…).
Allport fait une étude idéographique à base de lettres (Letters from Jenny). Aidé de 26
psychologues, il trouve les traits centraux de la personne qui a écrit ces lettres. Au début de
l’analyse, 198 noms de traits furent produits. Allport réduira ce nombre à 9 : soupçonneuse,
cherchant querelle, centrée sur soi, indépendante, dramatique, artistique, agressive, cynique et
sentimentale.
Pour Allport, les traits ne sont pas pleinement présents à la naissance mais se développent et
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