affirmer de la sorte une position religieuse. En vérité leur position découle du
fait que leur grand-mère ne s'habillait pas comme cela et que pour eux la
mode de Mamie est une valeur religieuse. Or le fait est qu'une femme qui
respecte le chabbat, la cacherout et les règles de pureté familiale est une
femme juive religieuse même si, en conformité avec les habitudes
vestimentaires de notre époque, elle porte un pantalon. Il en va de même pour
un homme quant au port de la barbe. La Torah interdit de se raser avec un
rasoir mais il n'existe aucune obligation de se laisser pousser la barbe. La
barbe est une mode dans certains milieux juifs religieux. Un juif qui respecte
la Torah et les mitsvot n'est pas obligé de prendre sur lui cette mode là à
l'exclusion d'une autre. Mais il y a des imbéciles pour qui certains signes
extérieurs bien à la mode sont synonymes de religiosité.
Je tiens à réagir avec véhémence à vos propos se rapportant à la prière et
regrette, faute de temps, d'être obligé à être bref là où il y aurait lieu de
s'étendre. Vous demandez :"Vous priez parce que c'est une mitsva, et c'est
tout ? !"."C'est tout" : Ces mots témoignent d'un manque de compréhension. Il
n'est rien de plus élevé que la prière d'un homme qui prie en ayant conscience
que tel est le service de D. Cette conscience là est en elle-même le sens exact
de l'expression "conscience dans la prière
" (que nos sages exprimeront dans
les termes suivants:"qu'il oriente son cœur vers les cieux"). C'est pourquoi,
oui, "c'est tout". Celui qui ajouterait là quelque chose déprécierait l'ensemble.
Celui qui prie pour donner une expression aux émotions de son cœur s'exerce
dans un sport émotionnel, pas dans le service de D. Celui qui prie pour obtenir
quelque chose par le biais de sa prière ne s'oriente pas vers les cieux mais vers
son propre bien-être.
Je suis également obligé de ne pas engager le débat quant à vos propos sur la
Providence dans lesquels on devine que vous considérez D. comme un
vieillard siégeant au Ciel et tirant de là-haut les ficelles du monde. Vous
voudriez qu'il les tire dans une direction qui vous est favorable. Il y aurait lieu
ici de s'étendre…
Je n'ai pas non plus le temps d'aborder la question du monde à venir, qui n'est
mentionné ni dans la Torah, ni dans les prophètes, ni dans la prière
quotidienne (qui constitue le service quotidien de Dieu.), ni à Roch Hachana
ou à Yom Kippour. Cependant, sachez que je regrette profondément que vous
soyez tombée dans le piège à mensonges et à superstitions des morts revenus à
la vie. Peut-être aurais-je l'occasion de revenir sur plusieurs points au sujets
desquels vous demandiez une réponse.
Bonne année,
Yechayahou Leibovitz.
Kavana batefila : conscience, intention dans la prière. La kavana désigne la concentration, la
compréhension et l'engagement de la personne dans la mitsva. Dans la prière, en matière de kavana, la
halakha requiert attention aux mots et/ou conscience du "face à face avec Dieu."