Question 198. Dyspnée aiguë et chronique.
Module 12. Uro-Néphro-Pneumologie.
Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy)
en cas de BPCO sous-jacente sévère, le tableau
clinique peut réaliser une insuffisance respiratoire aiguë
avec signe de gravité :
polypnée superficielle (> 30/min)
cyanose, sueurs
modification du mode ventilatoire avec tirage et
mise en jeu des muscles respiratoire accessoires. A
un stade plus avancé, apparaissent des signes de
fatigue des muscles respiratoires : respiration
alternée thoraco-abdominale puis respiration
paradoxale (creusement de l'abdomen lors de
l'inspiration)
tachycardie > 120/min, turgescence des jugulaires
OMI. A un stade évolué, un collapsus CV peut
survenir
confusion et troubles de la conscience surviennent
plus tardivement et témoignent de l'hypoxémie
profonde et de l'hypercapnie
la gazométrie se détériore : baisse de la PO2 d'au
moins 10 mm de Hg par rapport à l'état de base (la
pO2 est en moyenne à 40-50 mm Hg en cas
d'exacerbation), augmentation de la pCO2 d'au
moins 10 mm Hg par rapport à l'état de base (en
moyenne entre 50 et 60 mm Hg mais des
hypercapnies atteignant 70- 80 mm Hg sont parfois
observées). L’acidose est un facteur de mauvais
pronostic justifiant l’hospitalisation en milieu
spécialisé.
Le traitement repose sur l’oxygénothérapie nasale à
faible débit, le drainage bronchique par kinésithérapie
respiratoire ou aspiration bronchique, l’antibiothérapie
(cf question 227 : BPCO), les broncho-dilatateurs en
nébulisation et la corticothérapie. La ventilation non
invasive au masque nasal ou invasive sur sonde
trachéale trouve ses indications dans l’échec du
traitement médical
Les pneumonies
Le diagnostic est aisé lorsque s’associent des signes
infectieux (frissons, fièvre à 39-40°C, hyper
leucocytose) et des signes thoraciques (douleur, toux,
dyspnée, foyer alvéolaire radiologique). Il est plus
difficile lorsque les signes thoraciques sont dissociés et
la dyspnée au devant de la scène. La radiographie
permettra de rattacher la dyspnée au diagnostic
Les germes habituellement responsables des
pneumonies communautaires sont le pneumocoque, les
germes atypiques (mycoplasme) et les virus à tropisme
respiratoire. A l’inverse, les bacilles gram négatif et le
staphylocoque souvent multi-résistants sont
responsables des pneumonies nosocomiales. Enfin, les
virus (cytomégalovirus, VRS…) et les parasites
(Pneumocystis) sont les agents pathogènes rencontrés
chez les immunodéprimés.
La prise en charge des pneumonies communautaires
dépend de deux facteurs essentiels : le terrain et les
signes de mauvaise tolérance.
L’âge (> 60 ans) et les co-morbidités (cancer,
insuffisances cardiaque, rénale, respiratoire, cirrhose)
constituent des facteurs péjoratifs du pronostic
La mauvaise tolérance de la pneumonie se traduit
par une polypnée > 30/min, une cyanose, les signes de
fatigue des muscles respiratoires (respiration alternée,
respiration paradoxale) une fréquence cardiaque
125/min, une TAsyst < 90 mmHg ou une TA diast < 60
mm Hg, une somnolence ou une confusion mentale.
Une hypoxémie < 60 mm Hg et l’étendue de la
pneumonie à plusieurs lobes sont également des
facteurs de mauvais pronostic.
Le traitement repose sur une antibiothérapie
adaptée (cf module 7, question 86). La présence de signe
de gravité justifie la prise en charge hospitalière et
l’utilisation d’une antibiopthérapie à large spectre
associant une amino pénicilline + ac clavulanique et un
macrolide ou une fluoroquinolone.
Les pathologies pleurales
Les pneumothorax spontanés ou provoqués se
révèlent fréquemment par une dyspnée d’apparition
brutale contemporaine d’une douleur thoracique. Le
diagnostic est assuré par l’examen clinique (triade
abolition du murmure vésiculaire, tympanisme,
abolition des vibrations vocales) et la radiographie de
thorax (bande hyper claire avasculaire séparant le bord
externe du poumon de la paroi thoracique). Certains
pneumothorax compressifs peuvent être responsables
d’un tableau de tamponnade gazeuse :
Polypnée superficielle > 30/min
Tachycardie > 120/min ; turgescence des
jugulaires, pouls paradoxal
Déviation du médiastin du côté opposé
pneumothorax refoulant le poumon sain
Hypoxémie marquée < 60 mm Hg
Le traitement consiste à évacuer sans délai
l’épanchement gazeux, le plus souvent par drainage
pleural .
Les pleurésies liquidiennes sont également une
cause de dyspnée aiguë lorsqu’elles sont abondantes.
Leur diagnostic est effectué sur la radiographie de
thorax montrant une opacité homogène, dense de
l’ensemble du champ pulmonaire, un élargissement
des espaces intercostaux et une déviation du
médiastin du côté opposé.
Les causes d’épanchement pleural sont multiples
mais les formes abondantes sont généralement de
nature infectieuse ou tumorale.
Leur traitement symptomatique repose sur
l’évacuation du liquide pleural par ponction ou
drainage pleural.
Les œdèmes pulmonaires lésionnels
Conséquence de la perte de l’intégrité de la
membrane alvéolo-capillaire, ils sont dus à une
inondation alvéolaire par un liquide riche en protéines
(composition est proche de celle du plasma). Les
facteurs étiologiques sont variés : états infectieux,
pneumonie d’aspiration (syndrome de Mendelhson),
états de choc, pancréatite aiguë, noyade,
polytraumatisme, brûlure étendue, CEC, CIVD.
Le tableau clinique ressemble initialement à celui
d’un œdème hémodynamique : dyspnée rapidement
progressive, râles crépitants, syndrome alvéolaire
radiologique en aile de papillon. En quelques heures ou