Catalina Voican, Connexion Roumanie, France

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FEM’21
L’étude novatrice
Voix et voies de femmes en Europe’21 : culture,
traditions, diversité, amitié
2011-2013
(GRU-11-C-LP-120-B-RO)
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Sommaire
Dr.Georgeta Adam, Roumanie: Que signifie l'égalité des chances entre les femmes et les
hommes?/ p.3
Jelena Stojkovic-Ring , France: L’experience et l’étude, richesses inépuisables / p.6
Ionela Flood, Grande Bretagne : Les Femmes et le management culturel / p.10
Catalina Voican, France : Le management culturel – une introduction / p.19
Sally Powell, Grande Bretagne: La place de la femme dans la société / p. 23
Catalina Voican, France : Le harcèlement de rue / p. 26
Dr. Georgeta Adam, Roumanie: La represéntation des femmes dans la publicité télévisée de
Roumanie / p. 29
Dr. Rodica Anghel, Roumanie : L’Image des femmes dans la publicité audiovisuelle en
Roumanie / p.32
Dr. Marina Roman, Roumanie: Paradigmes temporels du journalisme féminin en Roumanie:
1990-2013 / p. 37
Marilena Chiriţă, Roumanie: Voix... contre la violence envers la femme /p. 42
Robert Adam, France : Harcèlement sexuel: comment le délit a cessé d’exister en France / p. 45
Cristina Hermeziu, France : « Cherchez la femme. Petit bréviaire contemporain des absences au
féminin » / p.47
Catalina Voican, France : Parité lointaine : notes comparatives sur la représentation des femmes
au Parlement en France et en Roumanie / p. 55
Dr. Georgeta Adam, Roumanie: Les femmes des médias roumains et quelques lignes stratégiques
internationales GMMP 2010 / p. 58
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Dr. Georgeta Adam, Roumanie:
Que signifie l'égalité des chances entre les femmes et les hommes?
Visibilité, autonomie, responsabilité et la participation égale des deux sexes à/dans
toutes les sphères de la vie publique et privée (source: Intégration de l'égalité des chances
entre les femmes et les hommes, Conseil de l'Europe, 1998).
Considérant les capacités, les besoins et les aspirations différents des personnes de sexe
masculin et, respectivement féminin et leur traitement égal (source: article 1 aligne 2 de
la Legea nr. 202/2002 relative a l’égalité des chances pour des femmes et des hommes.).
Les femmes et les hommes ont les mêmes droits, des obligations et des possibilités en ce
qui concerne:
- la possibilité d’avoir un lieu de travail, qui peut assurer leur indépendance
économique;
- leur implication par des tâches ménagères et pour l’éducation des enfants;
- la participation à des activités politiques, syndicales, culturelles et communautaires.
Qu'est-ce que c’est la discrimination entre les sexes?
Toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe’ qui a comme effet ou comme
but la prévention ou l’annulation de la reconnaissance, du bénéfice ou de l'exercice par les
femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l'égalité entre les hommes et les
femmes, des droits de l'homme et des libertés fondamentales, aux domaines politique,
économique, social, culturel, civil ou dans tout autre domaine.
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
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(Source: Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les
femmes)
Qu'est-ce que le harcèlement sexuel?
C'est la forme de comportement verbal, non-verbal ou physique, sexuelle qui a pour effet
la violation de la dignité d'une personne et, en particulier la création d'un milieu
intimidant, hostile, dégradant, humiliant et offensant.
La Loi sur l'égalité des chances entre les femmes et les hommes (Legea nr. 202/2002)
définit le harcèlement sexuel comme «toute forme de comportement en fonction du sexe,
dont une personne qui est coupable, elle sait qu’on affecte la dignité humaine, si ce
comportement est refusé et celui-ci représente la motivation pour une décision affectant
ces personne-là ".
Qu’est-ce que la disposition de discriminer?
Comme le harcèlement, la disposition de discriminer a été récemment introduite en
législation de la Roumanie par la Loi n. 27/2004, sans se retrouver, officiellement, dans
la législation sur l'égalité entre les sexes. Par cette disposition est portée à l'avant-plan
aussi la responsabilité des décideurs, qui peuvent établir des ordres ou des règlements
discriminatoires. (Source: Guide des informations et de bonnes pratiques sur l'égalité des
chances pour les femmes et les hommes, CPE, Bucarest, 2004).
On trouver au cours de plus de deux décennies de démocratie "originale" de Roumanie,
des études divers, des recherches, des baromètres, des lois, des institutions dont le but est
l'égalité de genre. Nous passerons en revue seulement quelques domaines importants sur
lesquels les ONG actives de la société civile, des universités, des études réalisées au
niveau européen ou international ont mis en garde:
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 le changement des mentalités de la société, mais des femmes aussi, ceux des
institutions publiques, etc. À cet égard, la nécessité des campagnes de
sensibilisation des femmes sur leurs droits sont encore nécessaires, mais aussi l’
élargissement de la perspective sur les femmes, qui devraient avoir une
représentation plus large dans la politique et dans les institutions
gouvernementales;
 le renforcement des institutions chargées de promouvoir l'égalité des chances,
notamment sur les critères de genre (il y a un revers pendant ces dernières années,
par la diminution des attribues des ANES, la dissolution);
 encourager la participation et la représentation des femmes (y compris
l'introduction de quotas de représentation, par exemple 30% pour le Parlement et
pour les Conseils locaux);
 soutien direct aux femmes (pour les affaires judiciaires conduisant à la
discrimination, des bureaux pour conseiller les femmes, des services sociaux
pour la famille, etc.)
 -des études, des recherches, des évaluations statistiques (le développement des
statistiques de genre dans le système statistique roumain, des recherches sur la
discrimination entre les sexes, l’identification des barrières culturelles qui
empêchent la participation des femmes à la vie publique, appelé en général des
stéréotypes culturels, générant des attitudes et des perceptions négatives sur les
femmes, des rapports de suivi et d’évaluation du statu des femmes dans la société
roumaine, des progrès réalisés par les institutions publiques dans ce domaine, mis
dans le débat public à travers les médias etc.)
Qu'est-ce que c’est l'égalité des sexes?
L'intégration
des
femmes
et
des
hommes
dans
toutes
les
politiques.
"Gender mainstreaming" est l'intégration systématique des questions relatives aux
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femmes- hommes à tous les stades de l'élaboration des politiques - de la conception,
mis en œuvre, le développement et l'évaluation - et dans toutes les politiques de
l'Union Européenne, en matière de promotion de l'égalité entre les femmes et les
hommes. Cela implique une analyse de l'impact des politiques sur les femmes et les
hommes, de sorte que, en cas de déséquilibres, ceux-ci peuvent être ajustés.
L'intégration de la dimension du genre est le moyen de rendre l'égalité des sexes une
réalité concrète, de créer pour chaque personne un espace au sein des organisations et
celui des communautés, ayant comme but de contribuer à mettre en pratique une
vision partagée du développement humain durable.
Jelena Stojkovic-Ring , France:
L’experience et l’étude, richesses inépuisables
Ce sont mes études des langues orientales (arabe et turc) à l’Université de Belgrade qui
ont donné une orientation à ma carrière. Mais évidemment, à ce moment-là je ne savais
pas vraiment où ça me mènerait. Je savais juste que la langue arabe m’intéressait
beaucoup. Un autre événement a joué dans la suite des événements : j’ai obtenu mon
diplôme en 1991, l’année du début de la guerre en ex-Yougoslavie. Je suis partie en
Libye pour travailler et poursuivre mes études.
Au cours des six années suivantes, j’ai travaillé comme assistante de direction, comme
traductrice, comme bibliothécaire, comme assistante d’orientation pour les étudiants
étrangers en France. A un moment, comme je m’étais trouvée au chômage –pour une
courte durée en fait, mais je ne pouvais pas le savoir à l’avance, j’avais commencé à
apprendre le français grâce aux cours de l’Institut Culturel Français. Par la suite, j’ai suivi
un cycle de préparation pour le doctorat en langue arabe (correspondant à un Master) à
l’Université de El Fatah de Tripoli. J’étais la seule étudiante non-arabe du département de
la linguistique. Cette formation m’a demandé deux ans. Je travaillais de 8 heures à 14
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heures 30, puis j’allais à mes cours de 15 heures à 19 heures, et le soir j’étudiais, six jours
par semaine. Mes nuits de sommeil étaient souvent très courtes.
En conseillant les étudiants désirant se rendre en France pour y poursuivre des études, j’ai
appris l’existence de l’Ecole Supérieure d’Interprétation et de Traduction (E.S.I.T.) à
Paris. J’avais très envie d’apprendre l’interprétation de conférence (consécutive et
simultanée) et d’essayer de faire de l’arabe et du français, en plus de ma langue
maternelle, le serbe, mes langues de travail. Le serbe faisait partie du « régime spécial »
et il n’était pas possible de le combiner avec l’arabe. J’ai donc dû faire une demande
d’inscription avec l’anglais comme troisième langue.
Pendant plus d’un an, j’ai pris des cours particuliers et travaillé beaucoup toute seule car
il fallait que j’améliore mon niveau d’anglais pour préparer l’examen d’entrée à l’E.S.I.T.
J’ai beaucoup travaillé la compréhension à l’écoute. En 1997, j’ai réussi l’examen
d’entrée et j’ai donc passé trois ans à Paris. Je n’ai pas réussi à obtenir mon diplôme au
bout de deux ans. Je l’ai obtenu une année plus tard.
L’E.S.I.T. veille à ouvrir le monde de travail à ses diplômés. L’année de mon diplôme, le
chef des Services de traduction et d’interprétation du Tribunal Pénal International pour
l’ex-Yougoslavie (TPIY) avait été invitée pour faire partie du jury. A l’issue d’une série
de 5 épreuves différentes, après que le président du jury m’a informée que j’ai réussi à
mon examen de diplôme, elle m’a suggéré de postuler pour un poste d’interprète au
TPIY.
Cette dernière année et après le diplôme, je partageais mon temps entre la France et le
Liban. A cette époque, mon mari travaillait au Sud Liban : hé oui, j’avais trouvé du temps
pour me marier. Fin 2000, j’ai quitté le Liban pour prendre mes fonctions d’interprète au
Tribunal de la Haye.
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C’était de nouveau une période d’apprentissage intense : pour travailler dans un tribunal
et parvenir à interpréter aussi fidèlement que possible, un interprète doit apprendre
beaucoup, en particulier sur le droit et sur la jurisprudence internationale. J’ai d’abord
travaillé en cabine B/C/S (bosniaque/croate/serbe), puis après plusieurs années
d’expérience et de formation ciblée, aussi en cabine française. J’ai suivi chaque formation
qui nous a été proposée. Plus tard encore, je me suis portée volontaire pour assister la
direction dans la planification des équipes d’interprètes qui devaient couvrir parfois huit
audiences par jour. Cela m’a permis de me familiariser avec certains aspects de gestion
des services d’interprétation dans une institution judiciaire internationale.
Avec la fermeture du TPIY imminente, j’ai commencé à chercher un autre poste, où je
pourrais combiner mes expériences passées et élargir mes compétences. L’ouverture du
Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) m’a donné cette opportunité. J’ai postulé pour le
poste du chef adjoint des services linguistiques pour lequel ma connaissance du
fonctionnement des services d’interprétation d’un tribunal, a laquelle s’ajoutait
ma
connaissance de la langue arabe – quoique un peu rouillée – a été décisive.
Au TSL depuis 2010, j’ai beaucoup appris sur la gestion d’un service; j’ai suivi plusieurs
formations et élargi mes connaissances dans les domaines variés, en particulier dans celui
des systèmes et outils de traduction.
J’ai surtout appris qu’il est très important pour chacun qui travaille dans une institution
ou une entreprise, de savoir exactement quel est son rôle et quelle est sa contribution, la
sienne et celle de son service, à la mise en place de la mission de l’institution. J’ai eu
aussi la confirmation que le respect des autres est primordial dans un lieu de travail.
Je ne sais pas ce que je vais faire le jour ou le TSL, institution ad hoc, fermera, mais je ne
crains pas ce moment. Je me crois capable d’accepter le changement et d’apprendre de
nouveau ce qu’il faut pour évoluer ou occuper autre type de postes. Evidemment, il se
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pourrait que ca soit plus difficile si je dois quitter le milieu des langues, qui est un milieu
où les femmes ne sont pas en général désavantagées par rapport aux hommes.
Mon conseil aux jeunes qui débutent leurs carrières serait le suivant : il n’y a pas
d’expérience, ni d’études inutiles. Même si à un moment donné, on peut croire que
quelque chose ne nous est pas utile, il se peut fort que ça devienne un atout par la suite.
Par exemple, si on ne trouve pas de travail avec sa formation à un moment, il ne faut pas
hésiter à ce réorienter et à diversifier ses compétences. Il est fort possible que la
formation initiale et que l’expérience passée deviennent des atouts pour la suite d’une
carrière. Quand j’ai commencé à apprendre le français, je ne pensais à aucun instant que
cette décision allait me permettre 5 ou 6 ans plus tard de m’inscrire dans une des écoles
les plus prestigieuses pour l’interprétation de conférence et plus tard de travailler au
TPYI. En débutant comme interprète au TPIY, je me disais que la page de la langue arabe
dans ma vie professionnelle était tournée, et puis 10 ans plus tard, elle m’a conduite au
TSL. Le fait d’avoir occupé des postes administratifs immédiatement après mes études
d’arabe, m’aide aujourd’hui à mieux comprendre et mesurer à sa juste valeur le travail de
mes assistants. Même le fait d’avoir fait du repassage et du ménage pour gagner ma vie
pendant les périodes sans emploi stable, heureusement jamais longues, ou pour financer
mes études, fait que j’apprécie beaucoup le travail fait aujourd’hui par la personne qui
s’occupe de la maison et garde les enfants quand mon mari et moi ne pouvons pas le
faire. En 2010, je n’étais pas tout à fait sûre que le passage de l’interprétation pure à un
emploi où l’administration et la gestion tiennent une place importante me conviendrait.
En fait, j’aime beaucoup le métier que je fais aujourd’hui. Je pense que c’est en grande
partie grâce à toutes mes expériences passées : elles sont une richesse qui me permet de le
nourrir et de le faire évoluer en étant une force de proposition. En fait, il n’y a pas de
métiers ni d’expérience subalternes et les carrières rectilignes, sans difficultés ou
adaptations, en particuliers aujourd’hui, n’existent que rarement.
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Ionela Flood, Grande Bretagne :
Les Femmes et le management culturel
Les femmes et les salons littéraires
Les salons littéraires tenus par des femmes sont apparus au xvie siècle et s’épanouiront au
siècle suivant. La protection et le soutien financier des femmes qui les ont tenus ont
contribué de façon majeure à des projets d’importance capitale pour l’histoire de la
pensée, en présidant à la genèse de la préciosité ou à la création de l’Encyclopédie au
xviiie siècle. À bien des égards, la prodigieuse fécondité intellectuelle issue du cadre
informel des salons littéraires soutient heureusement la comparaison avec l’Académie
française où les femmes ne seront admises que trois siècles et demi après sa création.
Derrière l’apparence légère de ces aristocrates, modernes et intellectuelles qui bousculent
les conventions sociales de leur époque apparaissent des intellectuelles qui ouvrent aux
plus grands esprits de leur temps leurs salons où se mêlent personnalités politiques, lettrés
et scientifiques des deux sexes et de toutes conditions. Instruites et, la plupart du temps,
écrivaines elles-mêmes, elles entretiennent une abondante correspondance avec tout ce
que l’Europe d’alors pouvait compter d’esprits ouverts : la seule correspondance de
Marie du Deffand compte, par exemple, 1 400 lettres. La plus célèbre de ces
correspondances est celle de Marie de Sévigné. Ces réunions assez nombreuses d’esprits
d’élite ou de personnes tenant à la « société polie », qui existèrent jusqu’au début du xixe
siècle, constituèrent autant de centres, de foyers littéraires dont la connaissance est
indispensable pour saisir dans ses détails et ses nuances l’histoire de la littérature.
Comme ces salons littéraires furent presque toujours présidés par des femmes, l’histoire
des premiers ne peut s’envisager indépendamment des secondes. C’est dans le salon de
ces femmes distinguées par l’esprit, le goût et le tact que s’est développée l’habitude de la
conversation et qu’est né l’art de la causerie caractéristique de la société française. Ces
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salons où l’on s’entretenait des belles choses en général, et surtout des choses de l’esprit
exercèrent une influence considérable sur les mœurs et la littérature.
Le premier salon littéraire fut celui de l’hôtel de Rambouillet, dont la formation remonte
à 1608 et dura jusqu’à la mort de son hôtesse, Catherine de Rambouillet, dite « Arthénice
», en 1659. D’autres réunions moins célèbres, mais néanmoins dignes d’être citées,
existèrent au xviie siècle, sans compter les ruelles, réduits et alcôves, où Précieux et
Précieuses s’efforcèrent d’imiter l’hôtel de Rambouillet.
Sous Louis XIII, on trouve le salon de Marie Bruneau des Loges, que ses admirateurs
appelaient la dixième muse, et dont Conrart a dit :
« Elle a été honorée, visitée et régalée de toutes les personnes les plus considérables, sans
en excepter les plus grands princes et les princesses les plus illustres... Toutes les muses
semblaient résider sous sa protection ou lui rendre hommage, et sa maison était une
académie d’ordinaire. »
Balzac, Malherbe, Beautru, fréquentèrent surtout cette maison et, parmi les grands
personnages qui témoignèrent leur estime à Marie Bruneau des Loges, on remarqua le roi
de Suède, le duc d’Orléans et le duc de Weimar.
Vers le milieu du xviie siècle, c’est le salon de Madeleine de Scudéry qui prit de
l’importance. Les troubles des deux Frondes ayant dispersé en grande partie les habitués
de l’hôtel de Rambouillet, cette écrivaine le reforma dans sa maison de la rue de Beauce,
dans le Marais. Là vinrent Chapelain, Conrart, Pellisson, Ménage, Sarrasin, Isarn,
Godeau, le duc de Montausier, la comtesse de La Suze, la marquise de Sablé, la marquise
de Sévigné, madame de Cornuel, Arragonais, etc.
Dès le commencement du xviiie siècle, on trouve le salon de la duchesse du Maine ouvert
dans son château de Sceaux où elle accueillait les écrivains et les artistes mais donnait
également des fêtes de nuits costumées. Elle en fit, suivant la remarque d’un écrivain, le
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temple des galanteries délicates et des gracieuses frivolités ; c’était un piquant contraste
avec ce château de Versailles où s’éteignaient les années moroses de Louis XIV à son
déclin. Malézieu et l’abbé Genest présidaient aux divertissements littéraires que la
duchesse offrait à ses habitués dont les plus fidèles composaient « l’ordre de la Mouche à
miel », que des courtisans spirituels avaient imaginé en son honneur. Parmi les gens
d’esprit que l’on voyait aux fêtes de Sceaux, se distinguaient, au premier rang,
Fontenelle, La Motte Houdar et Chaulieu. La femme de chambre de la duchesse,
Marguerite de Launay, future baronne de Staal, se fit bientôt remarquer et joua son rôle
dans celle aimable société dans laquelle on pouvait également côtoyer Voltaire, Émilie du
Châtelet, Marie Du Deffand, Montesquieu, D’Alembert, le président Hénault, le futur
cardinal de Bernis, Henri François d'Aguesseau, le poète Jean-Baptiste Rousseau, le
dramaturge Antoine Houdar de la Motte, Sainte-Aulaire, l’abbé Mably, le cardinal de
Polignac, Charles Auguste de La Fare, l’helléniste André Dacier, l’abbé de Vertot, le
comte de Caylus, etc.
Contrairement à ce qu’a rapporté une certaine historiographie, jamais les cercles
abusivement nommés salons — le mot n’apparaît qu’au xixe siècle, entre autres sous la
plume de la duchesse Laure Junot d’Abrantès —, et la sociabilité n’ont eu autant
d’importance en France et en Europe qu’à la toute fin du xviiie siècle et dans les
premières années du xixe siècle. Il existe encore à cette époque plusieurs expressions
pour désigner ce qu’on appellera plus tard « salons littéraires ». On parlait couramment
en effet sous Louis XVI de « bureaux d’esprit » pour désigner une réunion à intervalles
réguliers chez une dame du monde, et ses habitués forment sa « société ».
La sociabilité des temps pré-révolutionnaires et révolutionnaire s’articule autour de ces
lieux d’influence dont la caractéristique commune, contrairement aux clubs et académies
de jeu qui apparaissent avec les loges maçonniques, est de cantonner exclusivement dans
la sphère privée. Selon les époques et surtout selon l’actualité, ces réunions qui ne sont
pas accessibles au tout-venant et prennent une tonalité moins « littéraire » — si tant est
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que le salon « littéraire » stricto sensu ait jamais existé — que politique, plus ou moins —
même si la littérature, le théâtre, le jeu, la peinture et la musique y occupèrent alors une
place importante. Selon les cas, on est plus ou moins en faveur des philosophes, d’une
nomination, d’une décision ministérielle, d’une pièce de théâtre à sous-entendus, d’un
acteur ou d’une actrice à succès.
Les derniers des salons littéraires dignes de ce nom ont été ceux, sous la Restauration, de
Juliette Récamier et de Delphine de Girardin au salon régulièrement fréquenté, entre
autres, par Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Alfred de Musset, Victor Hugo, Laure
Junot d’Abrantès, Marceline Desbordes-Valmore, Alphonse de Lamartine, Jules Janin,
Jules Sandeau, Franz Liszt, Alexandre Dumas père, George Sand et Fortunée Hamelin.
Un des derniers grands salons littéraires de Paris a été celui de Virginie Ancelot à l’hôtel
de La Rochefoucauld. Meilleure écrivaine que son mari, Jacques-François Ancelot, qui
fut élu à l’Académie française en 1841, celle qui était, par ses talents, plus digne que lui
d’intégrer cet auguste corps, fit de son salon où elle accueillit, de 1824 à sa mort en 1875,
Pierre-Édouard Lémontey, Lacretelle, Alphonse Daudet, Baour-Lormian, Victor Hugo,
Sophie Gay et sa fille Delphine de Girardin, le comte Henri de Rochefort, Mélanie
Waldor, la comédienne Rachel, Jacques Babinet, Juliette Récamier, Anaïs Ségalas,
François Guizot, Saint-Simon, Alfred de Musset, Stendhal, Chateaubriand, Alphonse de
Lamartine, Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, Delacroix, presque un passage obligé vers
cette institution.
Parlant, dans son discours de réception, de ces « femmes de l’Ancien Régime, reines des
salons et, plus tôt, des « ruelles » qui inspiraient les écrivains, les régentaient parfois »,
Marguerite Yourcenar, première femme à être élue à l’Académie française trois siècles et
demi après sa création, déclara : « Je suis tentée de m’effacer pour laisser passer leur
ombre ».
Les femmes de lettres
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Le terme femme de lettres désigne une écrivaine ; c’est la forme féminisée de
l’expression française « homme de lettres ». Ce terme se popularise au cours du xviie et
du xviiie siècle, de par le rôle joué par certaines femmes cultivées et d’influence, dans les
salons littéraires qu’elles organisent et qui servent de lieu de rencontre et de débats dans
le milieu intellectuel parisien, et jouent ainsi un rôle prédominant à l’époque des
Lumières. Ces femmes jouèrent également un rôle de pionnières dans la
conceptualisation de la pensée féministe, qui conduisit plus tard à la création des premiers
mouvements féministes.
Dans son ouvrage Une chambre à soi, Virginia Woolf analyse l’influence de la condition
féminine sur le travail artistique des écrivaines. Découragé, bridé1, le talent de certaines
femmes de lettres ne put être que le pâle reflet de ce qu’il aurait pu être en des
circonstances sociales et financières plus propices à l’exercice de leur art.
L’activité littéraire des femmes fut souvent bridée par les conceptions sexistes et la
structure sociale des sociétés occidentales des époques moderne et contemporaine. Leurs
travaux sont souvent critiqués, minimisés, par leurs contemporains masculins et
féminins[réf. nécessaire]. L’activité littéraire des femmes emprunte donc souvent à cette
époque et plus tard des voies détournées, comme la publication anonyme (Jane Austen)
ou l’usage de pseudonymes masculins : les sœurs Brontë, George Sand, George Eliot, y
ont par exemple eu recours.
À partir du xvie siècle, des femmes de la noblesse, influentes et cultivées, organisent des
salons littéraires, qui deviennent au cours des deux siècles suivants des hauts lieux de la
vie culturelle. Leurs contributions à l’élaboration et la transmission des idées des
Lumières et la vie intellectuelle parisienne et européenne est donc majeure. Des femmes
écrivains comme Madeleine de Scudéry, mieux connue sous son pseudonyme de «
Sappho », s’y illustrent, et ont une carrière littéraire très dense, même si dans le cas de
Sappho, une partie de ses œuvres est publiée sous le nom de son frère.
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L’échange de correspondance est également une activité littéraire qu’elles exercent,
certaines devenant des témoignages célèbres d’une époque, et évoluent vers un véritable
genre littéraire caractérisant les romans épistolaires. Le cas des correspondances de
l’épistolière Marie de Sévigné est à ce titre exemplaire : rédigées au xviie siècle, ses
lettres sont publiées de façon clandestine en 1725, puis publiées officiellement par sa
petite-fille en 1734-1737 et en 1754, et rencontrent une grande popularité.
Les écrits de ces femmes apportent souvent à la littérature une vision féminine
particulière, allant de simples badinages, à des critiques piquantes de personnalités ou des
structures sociales de leur époque. Avec ces écrits émergent également les premières
conceptualisations de l’ère contemporaine qui donneront naissance au féminisme. La
femme de lettres Olympe de Gouges emprunte ainsi une carrière politique et de
polémiste, dont les écrits portent en faveur des droits civils et politiques des femmes et de
l’abolition de l’esclavage des Noirs : elle est notamment l’auteure de la Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne. Les idées révolutionnaires françaises se répandant
en Europe, l’institutrice anglaise Mary Wollstonecraft publie en 1792 son pamphlet
révolutionnaire et féministe, Défense des droits de la femme.
Ces femmes et leurs écrits sont parfois vivement critiqués, par les deux sexes, à cause de
leur statut de femme : le critique littéraire Samuel Johnson compare ainsi les femmes
prédicateurs à « un chien en train de danser : vous êtes étonné de le voir réaliser un tour,
mais sa danse demeure boiteuse et mal exécutée. » Toutefois, cette critique-ci s’inscrit
dans le contexte particulier de la société anglaise du xviiie siècle. D’autres sont mieux
accueillies et font l’objet d’une véritable reconnaissance sociale et littéraire. Malgré
l’aspect parfois subversif de ses écrits vis-à-vis de la société patriarcale et machiste de
son époque, Madeleine de Scudéry a été la première femme à recevoir le prix de
l’éloquence de l’Académie française.
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À la fin du XIIIe siècle, les bas-bleu désignent ces femmes de lettres qui fréquentent les
salons littéraires. L'expression existe également en Angleterre, sous la forme
bluestockings. Il finit par identifier un courant littéraire et intellectuel féminin, le basbleuisme. Au XIXe siècle, le terme devient très péjoratif, et se voit utilisé par les
opposants à la présence des femmes dans la carrière littéraire, et en particulier des
écrivaines comme Sophie Gay, George Sand, et Delphine de Girardin, par exemple. Des
personnalités majeures de la littérature stigmatisent les femmes de lettres, comme
Gustave Flaubert, tandis que d'autres dénoncent cette forme de misogynie, comme
Honoré de Balzac.
Les femmes managers
Aujourd’hui de plus en plus nombreuses au sein des entreprises, les femmes managers
ouvrent la voie à une autre manière de diriger. Les valeurs dites féminines font de plus en
plus d'adeptes, y compris chez certains de leurs homologues masculins. Si elles
demeurent encore sous représentées parmi les hauts postes de direction, les femmes ont
désormais toute leur place dans le monde de l’entreprise. Et plus seulement aux places
traditionnellement associées à leur sexe, telles les ressources humaines, ou la
communication. Mieux, elles réussissent à imposer progressivement des valeurs «
féminines » qui viennent ébranler le modèle masculin, la référence depuis des siècles.
En cinquante ans, le paysage de l’entreprise a changé : on y compte de plus en plus de
femmes. Pour autant, « le référentiel culturel du management est masculin », explique
Pierre Blanc-Sahnoun, coach et conseil en développement professionnel. « Dans notre
culture occidentale, les schémas liés au commandement sont des schémas guerriers ».
Compétitivité, conquête, agressivité… Dans le domaine du management, l’homme reste
globalement ce chasseur, qui rapporte, non plus de la viande, mais des contrats. À
l’opposé, la femme reste traditionnellement celle qui donne la vie, et elle propose, plus
qu’elle n’impose. Et puis, elle mélange vie privée et vie professionnelle. Sens de l’écoute,
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
souci des autres, empathie… Autant de qualités de type féminin qu’Agnès Arcier détaille
dans son ouvrage Le quotient féminin de l’entreprise (Le Village mondial, 2002). « Ce
sont des qualités que la société conduit à considérer comme féminines », constate-t-elle.
Parmi elles, le sens du concret, le partage d’informations, la mise en avant des
collaborateurs, la capacité à persuader et à former un consensus… « Elles peuvent être
utiles dans une organisation, aux côtés de qualités plus traditionnelles de type masculin ».
qui la préserve. Protection, sensibilité, intuition, font ainsi partie de ses grandes
composantes.
"La plupart des stéréotypes voudraient nous faire croire que les femmes leaders excellent
dans des compétences de 'soin', comme l'attention aux autres, la construction des
relations, ou encore pour certains, l'intégrité et l'accomplissement personnel. Mais les
atouts des femmes ne se limitent pas du tout aux points forts qui leur sont
traditionnellement attribués", écrivent Jack Zenger et Joseph Folkman sur le site de la
Harvard Business Review.
Pourtant, hormis la "prise d'initiative", les compétences assignées aux femmes semblent
bien recouper ces préjugés. Selon l'étude, les femmes cadres possèderaient une plus haute
intégrité et honnêteté, inspireraient et motiveraient davantage les autres, et
développeraient mieux que les hommes le travail d'équipe. Ceux-ci ne surclasseraient les
femmes que dans un seul savoir-faire: l'habilité à développer un point de vue stratégique
pour leur entreprise.
Dans un etude menée par Jack Zenger et Joseph Folkman auprès de 7280 managers, aux
Etats-unis. 64% d'hommes et 36% de femmes nous avons une vision différentialiste que
récuse pourtant Julie Muret, porte-parole d'Osez le féminisme. "Les femmes ne
gouvernent pas différemment des hommes. Cela supposerait que les deux sexes sont
différents dans leurs jugements et comportements, or ce n'est absolument pas prouvé
scientifiquement. Le cerveau est forgé sur l'expérience de vie, pas sur le sexe."
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Un constat que partage Monique Dental, animatrice du réseau féministe Ruptures. "Les
compétences managériales sont de l'ordre de la culture, pas de la nature humaine",
affirme-t-elle. Ainsi, si les femmes possèdent des "compétences plus humaines, c'est
parce qu'elles ont été exclues par les hommes des sphères du pouvoir et cantonnées aux
activités domestiques".
Les recherches sur les atouts des femmes managers ne cessent pourtant de fleurir.
Comme dans cette étude américaine, qui voit dans les dirigeantes un rempart anticrise,
grâce à leur prudence et altruisme face aux risques financiers. Ou dans une enquête du
cabinet McKinsey, pour qui la présence des femmes au sommet est un gage de bénéfices:
un management composé de plus de trois femmes augmenterait la rentabilité de
l'entreprise.
"Ce genre d'étude conduit à l'impasse", déplore Julie Muret. Et ne sert pas les femmes.
"Si l'on doit arriver à la parité, ce n'est pas parce que les femmes sont meilleures que les
hommes mais parce qu'elles représentent 51% de la population."
Bibliographie
Olivier Blanc, « Cercles politiques et salons du début de la Révolution (1789-1793) », in
Annales historiques de la Révolution française, 2006, no 2, p. 63-92.
(en) Amelia Ruth Gere Mason, The Women of the French Salons, New York, the
Century Co., 1891 ; Kessinger Publishing, 2004
(en) Evelyn Beatrice Hall, The Women of the salons, and other French portraits,
Freeport, Books for Libraries Press 1969.
Stephen Kale, French Salons, High Society and Political Sociability from the Old Regime
to the Revolution of 1848, the Johnson Hopkins University Press, Baltimore and London,
2004
Antoine Lilti, Le monde des salons — Sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle,
Paris, Fayard, 2005
(en) Carolyn C. Lougee, Le Paradis des femmes : women, salons, and social stratification
in seventeenth-century France, Princeton, Princeton University Press, 1976
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contenues. »
Mary Summer, Quelques Salons de Paris au xviiie siècle, Paris, Société française
d’éditions d’art, L. H. May, 1898
Jean de Viguerie, Filles des Lumières : femmes et sociétés d’esprit à Paris au xviiie
siècle, Bouère, Dominique Martin Morin, 2007
Laure Adler et Stefan Bollmann, Les Femmes qui écrivent vivent dangereusement, Paris,
Flammarion, 2007.
Virginia Woolf, Une Chambre à soi (A Room of One’s Own, 1929), traduit par Clara
Malraux, 10/18, 2001
John Stuart Mill, La Sujétion des femmes, 1869
Camille Aubaude, Lire les femmes de lettres, Paris, Dunod, 1993.
Geneviève Brisac, La marche du cavalier, Paris, éditions de l’Olivier, 2002.
Angela Carter, The Sadeian Woman : An Exercise in Cultural History, Londres, Virago,
1979.
Hélène Cixous, Entre l’écriture, Paris, éditions des Femmes, 1986.
Colette Cosnier, Le Silence des filles : de l’aiguille à la plume, Fayard, 2001.
Sandra M. Gilbert et Susan Gubar, The Madwoman in the Attic : The Woman Writer and
the Nineteenth Century Imagination, New Haven, Yale University Press, 1979.
Liesel Schiffer, Femmes remarquables du XIXe siècle, Paris, Vuibert, 2008.
Catalina Voican, France :
Le management culturel – une introduction
Management culturel - définition
Le management culturel définit un ensemble de compétences clefs nécessaires pour gérer
les organisations culturelles et artistiques, assurer les conditions nécessaires à la création
culturelle et artistique et sa réception par le public.
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L’acquisition de ces compétences fera possible une compréhension plus large des
institutions et des acteurs majeurs qui sont à l’oeuvre dans l’environnement culturel,
politique, social et économique où fonctionnent les arts et les organisations culturelles.
Un bon manager dans le domaine culturel doit disposer d’un ensemble de compétencesclefs en affaires, dont le marketing, la planification stratégique, les finances, les TIC et la
levée de fonds. L’expérience acquise dans une ONG est utile, mais des études
spécialisées sont nécessaires pour aborder ce domaine avec un maximum d’efficacité.
Compétences-clefs d’un bon manager :
• posséder une connaissance profonde des mécanismes culturels et pouvoir placer la
culture dans un contexte organisationnel plus large;
• se tenir au courant avec les évolutions conceptuelles dans le domaine, ainsi qu’avec les
méthodes de recherche dans le domaine du management culturel;
• avoir une perspective théorique, mais également appliquée à propos de la gestion des
arts et appliquer cette perspective dans les organisations où il souhaite s’intégrer;
• être ouver à l’accumulation de nouvelles connaissances, avoir une pensée créative;
• s’appuyer sur les connaissances antérieures et les compétences acquises, soit par des
études soit par l’expérience dans le domaine de l’industrie culturelle et créative;
• posséder des compétences relationnelles et d’adaptation au contexte institutionnel local.
Pourquoi avons-nous besoin de spécialistes en management culturel ?
La société contemporaine s’appuie sur la gestion des savoirs. Le besoin de connaître et
développer la gestion des biens culturels se fait sentir, et surtout l’approfondissement des
aspects administratifs, économiques, juridiques et institutionnels nécessaires à une bonne
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gestion des biens culturels qui se trouvent dans le domaine public ou privé. Les biens
culturels, qui dans ce contexte incluent tous les biens meubles ou immeubles à valeur
historique et/ou artistique, font l’objet d’une codification de plus en plus complexe ces
dernières décennies. Aux aspects traditionnels, qui ont trait à la conservation et
l’exposition muséale, à l’évaluation, authentification et restauration, s’ajoute ces
dernières années une vaste législation de protection du patrimoine, soutenue par la
constitution d’organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux spécialisés.
L’installation des mécanismes du marché libre en Roumanie a des effets directs aussi
dans le domaine des biens culturels, qui se retrouve de plus en plus partagé entre les
institutions publiques et l’espace privé, les collectionnaires et le marché des antiquités et
de l’art.
Contrairement aux idées reçues, la culture, dans son acception large qui inclut aussi les
industries créatives et l’exploitation du patrimoine, est un secteur qui produit de la valeur
économique, et non un simple consommateur de ressources. Par exemple, ces dernières
années, le tourisme s’est spectaculairement développé en Roumanie, générant des profits
pour les sociétés y impliquées et créant de l’emploi pour toujours plus de personnes. Les
objectifs culturels, qui ont une valeur historique, archéologique, touristique ne sont
toutefois pas toujours exploitées au mieux, du point de vie de l’optimisation de leur
attractivité touristique.
Institutions publiques qui font usage des ressources de management culturel:
- Ministère de la Culture
- réseau muséal
- Ministère des Affaires Etrangères – Services culturels
- ICR
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- Ministère de l’Intérieur – les directions spécialisées dans la criminalité liée au
patrimoine historique et culturel (y compris en coopération avec INTERPOL)
- administration locale – directions culturelles
Secteur privé :
- ONG spécialisées;
- marché des antiquités et de l’art: galeries d’art; galeries d’antiquités; maisons
d’enchères;
- sociétés d’assurances;
- bureaux de conseil pour la gestion des valeurs culturelles (acquisitions, évaluation,
conservation etc.)
Domaines connexes :
- presse écrite et audiovisuelle;
- secteur éditorial;
- tourisme;
- publicité;
- décorations intérieures;
- conseil image tous domaines.
Exemples de bonnes pratiques dans le management culturel en Roumanie
-
Théâtre National « Radu Stanca » Sibiu et Festival National de Théâtre de Sibiu, qui
capitalisent l’expérience de Sibiu capitale européenne de la culture 2007;
-
Festival Enescu;
-
TIFF Cluj-Napoca;
-
ICR (par les programmes d’aide à la traduction de littérature roumaine, plus de 300
titres sont parus en 6 ans).
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Sally Powell, Grande Bretagne:
La place de la femme dans la société
L'égalité des sexes est une représentation mesurable et égale des femmes et des hommes.
L'égalité des sexes ne signifie pas que les femmes et les hommes sont les mêmes, elle
signifie seulement que les deux catégories ont la même valeur et doit recevoir un
traitement égal.
L’Organisation des Nations Unies considère l'égalité des sexes comme un droit de
l’homme. Cette organisation souligne que l’émancipation des femmes est aussi un outil
indispensable pour promouvoir le développement et réduire la pauvreté.
Le droit de vote est un autre aspect qui tient à l’égalité des sexes, mais il ne s'applique pas
à toutes les femmes dans le monde. Un exemple est donné par l'Arabie Saoudite, un pays
qui ne donne pas aux femmes le droit de vote.
L'égalité en matière de rémunération pour le même volume de travail est l'un des
domaines où l'égalité entre les sexes est rare.
L’importance de l'égalité entre les sexes est mise en évidence par son inclusion comme
l'un des 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement, objectifs qui assure le cadre
pour réduire la pauvreté à moitié et améliorer la qualité de vie. Cependant, la
discrimination contre les femmes et les hommes reste la forme la plus répandue et
persistante
d'inégalité.
(http://ippf.org/our-work/what-we-do/gender/what-gender-
equality).
Une étude du cabinet de conseil McKinsey montre qu’au niveau des grandes entreprises
européennes en ce qui concerne l’environnement de travail, l’innovation, la responsabilité
et le profit, les meilleurs emplois tant pour les femmes que pour les hommes, sont offerts
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par les entreprises qui incluent un large nombre de femmes dans la direction. En plus, les
entreprises qui ont une composition équilibrée entre les sexes peuvent atteindre un
bénéfice d'exploitation de 56% plus élevé que celui des entreprises qui emploient
seulement des hommes.
Un certain nombre d'études sur les entreprises américaines figurant dans Fortune 500
révèle que la performance financière des entreprises avec un plus grand nombre de
femmes dans la direction est meilleure. Les entreprises ayant trois femmes ou plus dans
les postes supérieurs de gestion bénéficient de plus d'efficacité organisationnelle par
rapport aux entreprises sans aucune femme dans la direction. De plus, l'augmentation du
nombre de femmes dans la direction conduit à l’accroissement de l'innovation dans
l'entreprise.
L’impact de l’égalisation du poids des femmes et des hommes salariés se traduirait par
une augmentation de jusqu'à 13% du PIB de l'UE, selon une simulation réalisée par
Goldman Sachs.
D'autres études montrent que l'efficience, la créativité, la responsabilité sociale et même
la moralité sont plus élevées dans les entreprises avec des femmes dans des postes de
haut niveau.
Une perspective féminine a haut niveau et dans la direction des entreprises pourrait
conduire à un accroissement de la responsabilité sociale des entreprises, de la
préoccupation pour l'environnement et du respect vers les obligations morales.
La promotion de l'égalité entre les sexes est considérée comme un encouragement vers
une plus grande prospérité économique a ete presente dans un raport par World
BankGender Equality as Smart Economics: A World Bank Group Gender Action Plan Fiscal years 2007–10.( September, 2006).
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En 2010, l'Union Européenne a créé l'Institut Européen pour l'Egalité entre les Sexes
(EIGE) à Vilnius, en Lituanie, dans le but de promouvoir l'égalité entre les sexes et la
lutte contre la discrimination. Aussi, il est important de noter que l'égalité des sexes fait
partie de la stratégie nationale dans le Royaume-Uni et d'autres pays européens.
L'éducation personnelle, sociale et de santé, la religion, et les compétences linguistiques
sont des domaines qui concernent des questions liées à l'égalité entre les sexes, comme
des sujets de discussion très sérieux par rapport à leurs effets sur la société.
Par conséquent, il y a une plus grande importance attachée au sujet de l'égalité des sexes,
mais il ya aussi des situations qui confirment des différences significatives entre les
hommes et les femmes dans la société - tels que le droit de vote, l'égalité de rémunération
pour le même travail – en tenant compte de numéraux facteurs culturels qui tendent à
influencer le développement ou la réduction de ces disparités.
Sally Powell avec Ionela Flood (Romanca Society-Grand Bretagne), Belinda Donovan (Maire du District
de Hammersmith & Fulham, Londres), Raluca Milodin (traducteur), Dr. Adam Georgeta (ARIADNA Roumanie) et autre participants dans le project FEM21.
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Catalina Voican, France :
Le harcèlement de rue
Présentation générale :
 Une question d’actualité que nous, Connexion Roumanie, avons déjà essayé de
mettre en avant à l’occasion de la sortie du film « Femmes de la rue » (voir la
page Facebook). Comme les réactions sur les réseaux de socialisation en France,
comme en Belgique, où le film a été fait, ont été massives, nous avons décidé d’y
revenir.
 Deux mots sur le film et les réactions dans la presse. Pour son travail de fin
d’études, la jeune étudiante en cinéma Sofie Peeters filme avec une caméra
cachée dans un quartier populaire de Bruxelles. Elle apparaît à l’écran, habillée
d’une robe tout à fait normale et décente, se promenant dans un quartier de
Bruxelles. Le plus frappant dans ce film, ce n’est pas le personnage féminin mais
bien les propos des hommes qu’elle croise. Hommes que la fille ne connait pas,
mais qui lui parlent vulgairement pour la simple faute d’être femme et d’oser
porter une robe.
 Les réactions ont été vives et rapides. D’abord en Belgique et ensuite en France.
Sur twitter la page nouvellement créée « harcèlement de rue » a attiré beaucoup
de suiveurs. Deux nouveaux groupes sont créés sur Tumblr : « Paie ta shnek » et
« He mademoiseau ». Les femmes veulent partager leurs expériences et se faire
entendre. Elles veulent parler d’un problème qui les tracasse depuis très
longtemps mais auquel personne ne fait attention.
 Aux Etats Unis, le phénomène du « hollaback » est en discussion depuis quelques
années. Depuis 2005 il y avait même un groupe « hollaback » Europe, mais les
échos ont tardé à se faire entendre.
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 Nous ne parlons pas d’un phénomène nouveau mais de nos jours il monte en
intensité.
 Nous ne parlons non plus d’un problème français ou belge. Il touche beaucoup de
pays et des femmes de toutes les couches socio-économiques.
Double agression :

Beaucoup de personnes se demandent s’il s’agit vraiment d’une agression, s’il
y a vraiment un harcèlement.

L’agression existe. Elle est d’abord verbale, puis il y un envahissement de
l’espace personnel et souvent les mots sont accompagnés par des
attouchements.

Les femmes témoignent et expliquent qu’elles perçoivent « le harcèlement de
rue » comme une agression

Nous pouvons identifier deux facettes à cette agression : le fait en lui-même, la
manière dont la victime, la femme, le vit (réaction, le soutien, ou plutôt le
manque de soutien de la part des proches).

Les proches des victimes, dans leur majorité, ne « perçoivent » pas le
harcèlement de rue
comme un problème réel ou une agression. Tout au
contraire. Certains, en général les hommes, le voient comme une sorte de
compliment. Une raison pour la femme de se sentir flattée.
Explications :

Il est difficile de trouver les causes exactes de ce phénomène.

Il y a des explications sociologiques ou philosophiques. Elles partent de l’idée
que toute relation est une relation de force. La rue comme représentation de
l’espace public a toujours été un lieu où les hommes ont fait les règles. Pour y
accéder, les femmes ont dû se plier aux règles des hommes. Sinon elles en
étaient exclues ou elles s’auto excluaient. Certaines féministes voient donc
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dans cette agression, dans ce harcèlement une nouvelle tentative d’exclure
symboliquement les femmes de l’espace public.

D’autres sociologues y voient une conséquence de l’image de la femme comme
objet de consommation. Les médias présentent la femme comme un objet de
consommation qui en vaut un autre. Les jeunes hommes la veulent comme, en
exagérant un peu, ils veulent une nouvelle paire de baskets. Malheureusement,
quand ils sortent dans la rue, dans la vraie vie, ils se rendent compte que la
réalité est différente de ce que les médias leur avait induit. Les femmes ne « se
procurent » pas aussi facilement qu’une paire de chaussures. Cette différence
entre ce que était pensé et la réalité provoque une réelle frustration. Le
comportement agressif envers les femmes dans la rue saurait donc être expliqué
comme une expression de cette frustration.

La différence nord-sud. Certains chercheurs qui se sont intéressés au
phénomène de harcèlement de rue ont remarqué qu’il est plus présent dans les
pays du sud que dans les pays du nord. Les explications culturelles, culture
latine vs. culture nordique, sont très populaires mais elles sont difficilement
corroborées par des données scientifiques.
Solutions :
 Légales : il n’y en a pas beaucoup. Au mieux, on peut parler d’attouchements
sexuels. Au niveau politique, puisque le débat public a redoublé d’intensité, des
solutions législatives sont envisagées. Malheureusement, à ce jour ces solutions
n’ont pas été identifiées. En pratique, il s’avère malaisé de codifier dans une loi
ce type de harcèlement.
 Pratiques : à Malines en France, la maire de la ville a proposé d’utiliser des
policières en « appâts » pour identifier les agresseurs, à Bruxelles une amende de
250 euros à payer par les coupables est préférée.
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L’importance du travail des ONG et des associations de soutien ressort clairement du
contexte évoqué. Des solutions légales sont assurément nécessaires, mais c’est
d’abord au niveau éducationnel qu’il est primordial d’agir.
D’autre part, le phénomène du harcèlement de rue s’est amplifié en toute impunité sur
fond de disparition de la loi contre le harcèlement sexuel, déclarée non constitutionnelle
par le Conseil d’Etat et pas encore été remplacée.
Dr. Georgeta Adam, România:
La represéntation des femmes dans la publicité télévisée de Roumanie
L'analyse de genre dans les messages
publicitaires en Roumanie. TVR1 intervalle
d’horaire prime time de 19,00 à 20,00h, bloc publicitaire compact, le 28 Août 2011
Notre histoire commence évidement devant le petit écran. TVR1 ou toute autre chaîne de
télévision parce que la publicité en Roumanie est répartie selon de rating entre les grands
opérateurs médias. Pendant quelques bonnes minutes, nous sommes bombardés de
publicités pour nous orienter dans l'espace et dans le supermarché, parce que le Roumain,
comme n'importe quel citoyen du monde civilisé, est fortement lié au phénomène de la
consommation! Alors qu'est-ce qu’on apprend pour ne pas être désorientés? Pour la
publicité de produit Calgon pour la machine de lavage on s’appelle un "professionnel"
l'homme qui explique les avantages des produits pour ne pas rester ,,au dehors de
wagon’’ avec notre marchandise de longue utilisation! Mais la femme est celle qui
renforce le message en utilisant sa voix insinuante, mélodieuse, chaude, en chantant de
bonheur, qu’elle seule est dans son milieu, dans l'espace domestique: "La machine à
laver vit plus au Calgon!" L’exultance du bonheur causée par le lavage est maxime
lorsqu’une présence féminine parle de séduction des secrets de la cuisine internationale et
... les taches sèches et difficiles que seul Ariel Impex (et je ne sais plus comment) peut les
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supprimer (je n'ai pas essayé, mais certainement ce n’est pas vrai cent pour cent). Alors,
la femme vend aussi le détergent Ariel! Elle est même heureuse de le faire, comme nous
démontre sans etre convaincue, l’actrice plantureuse, experte dans les détergents, qui est
devenu Magda Catone. L’Étoile des détergents lance ces jours-ci Bonux 2 en 1, qui a une
odeur séduisante, naturelle, séparés même d’Eden. "Vas-y, je t’ai trompé", elle plaisante
prête à nous prendre avant avec le nouveau produit qu’il faut devenir ,,un brand’’! Notre
commentaire vient sec: un stéréotype de genre est liée au rôle inferieur de la femme qui
peut se réjouir par les miracles d’un détergent plus que d’une symphonie ou d’un poème
lu dans un livre! Avec un Dero est également livré une autre chanson populaire
évidemment murmuré confidentiellement ,,Charge-toi avec de la fraîcheur!" insinuant La
voix féminine est aussi insinuante quand nous vende le nouveau Garnier avec cette
chanson-là populaire, murmuré «Prenez garde!" - un signe que de suite, la publicité liée
de soin du corps comme «produit», comme objet, sont toujours laissés au soin ...de la
femme. Mais la salle de bains est, à côté de la cuisine, un espace un endroit absolument
magnifique où la femme se sent heureuse et elle nous dit tout insinuant, émouvant,
enveloppant, comme un message d'amour adolescente: «Mon petit lieu secret!" Cela
parce qu’on doit aller à Praktiker et on doit investir, car la même voix séductrice susurre
comme un complice: "C'est ta maison! Tu sens comme c'est mieux! "... Pendant ce temps,
une annonce publicitaire insérée dans un projet POSDRU présente la femme - victime,
même en la montrant sur la table gynécologique pour un avortement (car on sait que 8%
des femmes qui ont né, elles ont perdu leur lieu de travail). Si tous les messages
antidiscrimination sont ainsi réalisés, on ne peut pas se demander pourquoi les pas que
nous faisons vers la connaissance des barrières de genre et d'inégalité de genre sont si
petits! Par ailleurs, une autre annonce publicitaire dédiée, dans un autre projet POSDRU
de BNS, présente une femme presque nue, serrée d'un corset ... qui sera finalement
coupé et les ciseaux libératrices sont aussi parlants: «Libérez-vous!" ...
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Par conséquent, la représentation de la femme-victime et de la femme au foyer est
dépleine dans les annonces promues d'ostentation pendant des heures à tous les écrans de
télévision qui nous hantent. Pendant ce temps-ci, les hommes font du sport en plein air,
pas enfermés dans une salle de bain ou dans la cuisine, ils boivent de la bière Golden
Brau, Bucegi, Neumarkt, Ciuc, Timisoreana, Noroc, brandy Union, et quand ils rentrent
chez eux ou au bar (on ne peut pas ici prononcer parce que cela ne semblait pas comme
une maison, mais un bar...) la femme lui demande ce qu'il a appris dans le monde. Mais
la leçon est l’une très claire, concise, avec un message compréhensible à tout homme: «Et
jamais ne gâchez la bière ...!"
Toujours c’est la femme qui est responsable de la nourriture de la famille, même dans le
parc, à une promenade à roulettes ou à vélo: c'est l'héroïne d'un clip pour Nutri day
délicieux, issu miraculeusement au milieu de la nature! Je ne sais pas comment concilier
cela avec le fait qu’un enfant doit respecter de l'hygiène avant les repas... Mais la mère et
en même temps la femme écoute les reniflements du mari et de l'enfant et elle va apporter
le yaourt bienfaisant dans le parc, parce que c'est son bonheur, il est clair, aucun signe de
la victimisation par là et ni de stéréotype que la mère est seulement l‘une, même dans le
parc elle vient avec du yogourt après toi!...
Pourtant, selon la parole de professeur Mihaela Miroiu, dans la vidéo pour la boisson
Expreso Cibo, Lui et Elle, ils boivent le café ensemble, c’est le seul pacte où l'égalité de
genre est respectée! Ce que la femme vend encore ou elle est utilisée comme la voix
convaincante de Logan Preference, par le programme Patraque/Rabla? "Profite dès
maintenant!", elle dit, car je sais que souvent les clés de voiture, même sur le marché
intérieur, l'homme les détient! Mais, on dit que les finances même! Même s’il y a une
annonce publicitaire où Elle, femme riche, nez crochu dégoûté d'apprendre que Dacia
Duster est trop bon marché pour sa "valeur"! Avec de tels stéréotypes nous passons tout
le temps, nous cherchons en vain de nous consoler toutefois que de tant théorie sur
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l'égalité des chances quelque chose va attraper aussi sur le cortex des producteurs de
publicité. Grâce à une annonce publicitaire, je suis allé trop vite au magasin du coin et j'ai
acheté Fairy Derma Protect pour voir ses résultats!
Ce qui me dérange dans cette annonce publicitaire qui commence par une question:
,,Qu'est-ce qu’elle fait la famille Popescu?" et elle continue par l’image d'une petite fille
en courant vers Mme Popescu pour lui rendre un traitement: le soin des mains avec ce
détergent pour la vaisselle?. .. Quand l'homme surgit enfin avec la question: «Qu'est-ce
que vous faites là ?", la réponse est celle attendue: «Nous nous soignons les mains" Cette
réclame ne fait que renforcer les stéréotypes de genre où la femme et la jeune fille aussi,
avec le sourire, en jeu, sont utilisées pour nous convaincre que les produits de cuisine les
sont dédiés et que ceux-ci ont un élément bénéfique pour leur existence ...L’avenir
semble donc prévisible: aussi la fille et la fillette de la fille, qui sera une fois, la femme,
elles laveront la vaisselle à la grande joie des Popesco, qui assureront la continuation de
la nation... Une nouvelle étoile sur le champs mioritique fait de la publicité à Catena – la
pharmacie de tous les Roumains – en utilisant délibérément la position de la femme
enseignante (on sait que surtout les femmes sont connues pour faire ce travail sous-payé,
ce qui renforce le stéréotype de genre que ce secteur appartient évidement aux femmes).
Cette réclame non seulement renforce et déstabilise le stéréotype, mais elle utilise le
format de leçon pour souiller certains symboles nationaux aussi, changeant ainsi le goût
du public.
Dr. Rodica Anghel (Conseilleuse Réglementation Medias Audiovisulles)
L’Image des femmes dans la publicité audiovisuelle en Roumanie
On peut commencer l’analyse de l’Image des femmes dans la publicité
audiovisuelle avec les mots de
David Ogilvy sur la publicité télévisée:
32
« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
«Quand je suis entré dans le monde de la publicité américaine en 1949, je pensais que la
publicité va passer par des changements majeurs.
Jusqu'ici, un seul d'entre eux peut être considéré comme majeur: la télévision est devenue
l'outil le plus puissant de vente pour la plupart des produits. «Mais, la déclaration faite
par David Ogilvy est –elle aujourd'hui toujours, valable?
Pourquoi?
Quel est le moteur de ce changement de paradigme ?
Est-ce l’Internet, notre vie qui dépend de l'information sur le net, les sites de réseaux
sociaux, de nouvelles habitudes d'achat en ligne ....
Où allons-nous?
Vers la lutte contre la publicité , vers l'autonomisation, l'éducation aux médias pour
les enfants, les parents et les grands-parents ....
Quelles sont les principales règles de la réglementation dand les États membres
relatives à la présence de la communication commerciale dans les émissions de
télévision:
•
les communications commerciales ne portent pas atteinte à la dignité humaine,
•
les communications commerciales audiovisuelles ne comportent pas de
discrimination fondée sur le sexe, l’origine raciale ou ethnique, la nationalité, la
religion ou les convictions, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle, ni ne
promeuvent une telle discrimination;
•
les communications commerciales audiovisuelles ne causent pas de préjudice
physique ou moral aux mineurs.
Où sommes-nous si l'on regarde les résultats des études sur la diffusion des messages
publicitaires dans l’audiovisuel roumain:
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
•
La famille est le premier lieu de socialisation des enfants de 6-10 ans à fin de
parler sur la publicitée (étude en 2007 de CNA l'impact de la publicité sur les
parents et les enfants)
•
Mais, les filles parlent plus (11%) que les garçons à ce sujet.
60
50
40
filles
30
garçons
NS/NR
20
10
0
•
Sur la perception globale de la publicité en termes d'esthétique, 59% des enfants
de 6-10 ans considérént belles les annonces pub, montrant une ouverture
maximale pour eux.
•
29% des annoces pub sont considérés comme laids.
Les filles de 6-10 ans s'avérer plus enclins à la publicité.
•
60% des filles considèrent annonces belles, tandis que les garçons sont plus
catégoriques et les rejetent
•
seulement 14% des garçons 6-10 ans considérent les annonces pub comme belles.
60
50
40
30
20
Filles
Garcons
NS/NR
10
0
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
•
La culture des stéréotypes sexistes dans la publicité télévisée apparaît depuis
l'enfance
Les résultats ont été analysés en fonction des préférences par sexes pour les
enfants 6-10 ans.
Les filles préfèrent publicité alimentaire destinée aux enfants et celle pour l'hygiène et
l'entretien de la santé
Les garçons préfèrent des publicités pour des rafraîchissements, des boissons alcoolisées,
des voitures et des portables.
“On peut dire quelles sont les idéaux, les valeurs d'une nation par l’observation de ses
messages publicitaires." (Norman Douglas)
•
La publicité reflète et construit les valeurs culturelles des groupes dominants.
•
Cela tend à capitaliser sur les stéréotypes en général et sur ceux de genre en
particulier.
•
Que montrent les études sur l’image de la de la femme dans la publicité en
Roumanie?
•
Du point de vue des sexes, le discours publicitaire roumain est-il construit dans
des termes conservateurs ou libérals?
•
Combien de mimétisme entre les sexes et combien de "courage" y a-t-il dans la
construction et la diffusion de messages atypiques, non conventionnelles ?
Regardons ensemble:
•
les rôles, les situations, les lieux où les hommes et les femmes apparaissent dans
les publicités,
•
les messages explicites ou implicites de genre envoyés par le langage non verbal,
la couleur, la proximité se trouvent en constante évolution .
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
•
Des stéréotypes occupationnels et psychologiques de genre dans une publicité
télévisée diffusée en Roumanie:
Les femme a la maison – les hommes impliqués dans la vie publique,
•
La femme plutot passive- L’homme plutot actif
La femme dépendante – L’hoome indépendant
La femme bavarde, heureuse – l’homme silencieux, sérieux.
Des tendances dans les messages publicitaires:
•
Promouvoir principalement du contenu publicitaire saturé de stéréotypes, y
compris de sexe
•
Renforcer les stéréotypes sexistes et les préjugés publicitaires
•
Le féminin / le masculin se construit notamment en termes de différences plutôt
que des similarités,
•
Écart entre le modèle de la féminité / masculinité proposé et la réalité
•
Erotisme / sexualité féminine sont couramment utilisés en excès.
•
La publicité utilise un mélange de stéréotypes de genre et d'âge:
•
La féminité est encouragée et est un synonyme de la jeunesse et de la beauté
•
La masculinité est un synonyme de la maturité et du succès dans la vie publique.
•
Que-ce que nous pouvons voir dans l'analyse des produits annoncés?
Les produits d'hygiène personnelle sont mis en œuvre essentiellement par les
femmes.
Les produits de nettoyage domestiques sont promus par les hommes et les
femmes, mais ....
Les hommes savent qu'ils sont des détergents de bonne qualité mais le travail brut
est fait par les femmes. Les hommes seulement lisent le journal, regardent la
télé…
Quelques conclusions :
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
•
Les stéréotypes sexistes dans la publicité télévisée: les femmes sont perçues
comme largement concernés par la vie domestique, la promotion de l'hygiène et
des produits de nettoyage, des produits ménagers, des produits culturels et des
produits alimentaires.
Le rôle favori des femmes dans la publicité est de mère / de fille ... encadrés dans
l'univers de la famille.
Les professions les plus courantes pour les femmes sont: laver, cuisiner, prendre
soin de l'hygiène personnelle.
•
La présence des femmes dans la publicité:
•
54% des acteurs sont des femmes dans la publicité.
•
dans 70% des spots publicitaires, l’image des femmes est soigneusement
entretenue...
•
elle favorise l'image de la féminité comme peur et aussi comme préoccupation
majeure pour l'apparence physique.
•
Les dimensions sexospécifiques de la territorialité dans la publicité
Les femmes sont la plupart du temps rencontrees dans des images à l'intérieur, et
les hommes dans de vastes zones dans la nature.
Ainsi est consolidée la dichotomie sphère publique - dominé par les hommes, la
sphère privée comme la ville des femmes.
Marina Roman, docteur en journalisme, chargé de cours, Université „Hyperion”,
Bucarest, Roumanie:
Paradigmes temporels du journalisme féminin en Roumanie: 1990-2013
Décembre 1989. La frontière séparant deux systèmes totalement différents de pratique de
la profession de journaliste. Décembre 1989, le moment post quem où la presse en
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Roumanie a instantanément passé d'un système fermé, artificiel, imposé par les autorités
communistes et dont les chances d'évolution, de transformation étaient minimales, vers
un système ouvert, soumis à des changements rapides.
En Roumanie, la fin de la neuvième décennie et le début de la dernière décennie du
nouveau millénaire sont marquée par une explosion des moyens de communication de
masse: les journaux augmentent en quantité jusqu’aux quotas immenses – les journaux
quotidiens et périodiques qui s’étaient déjà imposés changent de nom en une nuit
(Scânteia [L’Étincelle] devient Adevărul [La Vérité], Scânteia Tineretului [L’Étincelle
de la jeunesse], Tineretul Liber [La Jeunesse Libre] et, par exemple, Informaţia
Bucureştiului [Informations de Bucarest], un quotidien familièrement connu comme un
foyer de la Securitate, fut lancé le 22 décembre 1989 comme le premier numéro du
quotidien Libertatea [La liberté], et maintenant, après plus de deux décennies, est une
marque à succès des médias tabloïds) – , la radio publique élargit ses heures d’ émission
et diversifie sensiblement ses programmes, et la télévision publique reçoit aussi le nom de
Libre, faisant Televiziunea Română Liberă (TvRL) [La Télévision Roumaine Libre] qui
allait transmettre pour quelques mois, comme un grand spectacle public, en direct, les
débats du nouveau parlement de la Roumanie. Dans ce paysage pléthorique des deux ou
trois premières années, je ne pense pas que nous puissions parler d'une posture
particulière de la femme journaliste. Elle fait partie de la tendance générale: les femmes
qui avaient travaillé dans le milieu de la presse avant les années ‘89 continuent leur
travail, comme les hommes, même si celles qui avaient des postes de direction étaient
obligées de prendre un peu de recul.
Il importe toutefois qu’on ouvrait les portes des Médias (cette fois en majuscule). On sait
que, pendant l'ancien régime, l'accès aux médias avait été conditionné par la carte de
membre du parti communiste.
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Ceux qui ne la possèdaient ne pouvait qu'espérer à la condition de collaborateur sur des
domaines le plus souvent secondaires (c'est mon cas, un cas véritablement heureux: j'étais
un collaborateur régulier de la revue Cinema [Le Cinéma] et de l'émission de la radio
publique Rampa şi Ecranul [La Rampe et l’Écran]). Eh bien, même du 22 décembre, les
jeunes – des garçons et des filles – ont commencé à frapper aux portes des salles de
rédaction, étant accueillis à bras ouverts, sur le principe qu’on apprend le métier à la
volée. Le «terrain» leur était destiné. Ils chassaient des nouvelles pour les apporter toutes
fraîches à l’éditeur, les journalistes à l'ancienne ayant seulement la tâche de les formuler.
C’est une habitude utilement conservée jusqu'à nos jours, seul le nombre de ceux qui
trouvent maintenant la porte ouverte est beaucoup plus réduit et il est toujours obligatoire
le curriculum vitae. De cet état de choses on déduit, dès le début des années ’90, une
première paradigme du journalisme féminin. Une paradigme reposant sur la possibilité
des représentent des médias d'obtenir plus facilement des informations d'un grand intérêt,
puisque les hommes sont le stockage de ces informations. Nous parlons même d’une
catégorie bien définie, rendue encore par le journaliste à meilleure visibilité: Ion Cristoiu
qui a établi en 1990 trois nouvelles publications (Expres Magazin, le premier journal
privé en Roumanie, Observator [L’Observateur] et Zig-Zag, une publication qui atteint
un tirage d’enregistrement de 600 000 exemplaires. En 1992, Ion Cristoiu lance au
marché le quotidien Evenimentul zilei [L’Événement d'une Journée], un précurseur dans
la presse roumaine. Et, inévitablement, une nouvelle façon de pousser.
Parmi les principaux domaines, la politique et l'économie et le sport restent l'apanage des
hommes. Entre les chroniqueurs des
années ‘90 n’on trouve que quelques noms
féminins, y compris celui brillant de Tia Şerbănescu (qui publie aujourd'hui dans Revista
22 [Le magazine 22]). Pour les femmes journalistes ils sont réservés les domaines de la
vie sociale, de la santé et surtout des loisirs. Ce fait commence à se vérifier avec
l'apparition des stations de radio FM et des chaînes de télévision privées au milieu des
années ‘90.
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Vers la fin de la première décennie du 3e millénaire, les choses évoluent dans les
périmètres de cet horizon d'attente. Pour l’étude « Who Makes the News » (« De qui les
nouvelles parlent ») de 2009, la recherche en Roumanie a été menée par la Faculté de
Journalisme et des Sciences de la Communication de Bucarest. Les résultats pour la
Roumanie font partie de la moyenne globale: les femmes-journalistes dominent le
domaine social, avec un pourcentage de 80%, les nouvelles sur la santé et la science, avec
un pourcentage de 76%, et le domaine des loisirs (célébrités, art, médias) avec 65%, des
nouvelles dont le contenu est la violence.
C'est aussi la période pendant laquelle il augmente le nombre de magazines glossy, la
plupart d’eux étant des versions roumaines de certaines marques célèbres dans le monde.
De Marie Claire à Elle, du Cosmopolitan [Le Cosmopolite] à Avantaje [Des Avantages]
ou Casa Lux [La Maison de Luxe]. Ici, les femmes sont en commande, ici, elles occupent
des postes de direction. C’est la zone d'efficacité maximale du journalisme des femmes.
Et pas seulement les femmes-journalistes de carrière trouvent leur place privilégiée dans
cette catégorie, mais aussi des femmes de succès et visibles dans la société roumaine.
Malheureusement, pendant ces dernières années, elle est devenue de plus en plus forte la
tendance de tabloïdisation de tous les canaux médiatiques: le processus, commencé avec
la télévision OTV, a aussi balayé lentement la presse écrite. Suivant le modèle The Sun
(qui implique des nouvelles banales dont les protagonistes sont de vraies célébrités), les
télévisions et les journaux sont venus à promouvoir ce qu’on appelle en Roumanie des
"étoiles en carton" : des personnes sans contribution professionnelle publique, réalisées
dans la rédaction et dont la mission est de maintenir l'intérêt du public autour de quelques
scandales le plus souvent mis en scène. Je ne cite que quelques quotidiens: le déjà nommé
Libertatea [La Liberté], Cancan, Click [Le Clique]. Pour cette catégorie, les femmesjournalistes sont préférées, les hommes tout en restant à leur direction. Pourquoi les
femmes sont des journalistes préférés? Pour leur inclination naturelle à potins, dirait un
misogyne. Pour le spectaculaire facil! En tant que professeur à une faculté de
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
journalisme, j’avoue à regret que plus de la moitié de mes étudiantes déclarent leur intérêt
dans les tabloïds (qui doit faire comprendre l’expression « presse à sensation ».La raison?
Je pense que la première raison est l'absence de la nécessité d'une solide expérience
aperceptif. Avec un peu de talent, plutôt par le talent d’écrire facilement, n'importe quel
sujet tabloïd peut être traité avec succès. Pour les autres domaines, les choses se
compliquent et, vous le savez, la culture générale devient, du jour au jour, un sujet de
plus en plus sensible quand on parle de ... la jeune génération. Ainsi, au cours des cinq
dernières années, j'ose dire que dans la presse roumaine il a été un changement de
paradigme: la presse imprimé continue à se tabloïdiser, ainsi que la couverture des
nouvelles dans l’audiovisuel. Les nouvelles sont dominées par les étoiles et la violence,
même lorsque le domaine est politique ou économique: les télévisions promeuvent leurs
émissions sous le titre «le spectacle des nouvelles » et nous commençons à parler de plus
en plus souvent sur ... infotainment.
En tant que journaliste pour l'impression, dans l’Internet ou pour la radio ou la télévision,
la femme-journaliste qui entre dans cet espace, avant de répondre à des critères
professionnels, doit respecter les normes établies en Roumanie pour l’apparition en
public: elle doit être maince, jolie et bien habillée (même si le salaire d’un journaliste de
télévision approche, juste aux cas les plus heureux, le montant de 500 euros au plus.
Personnellement, je considère cette approche superficielle, provinciale et pernicieuse à
long terme, car elle peut conduire à une déprofessionnalisation du journaliste.
Toutefois, afin de conclure sur une note optimiste, j’utilise la déclaration de Jim
Boumelha, le président de la Fédération Internationale des Journalistes, qui trouve que les
médias en Roumanie ne représentent aucune note particulière dans le paysage global: «Je
suis convaincu que les médias en Roumanie ne sont pas en faillite, mais traversent la
crise, comme la presse dans d'autres pays. Il ya un problème sur la gouvernance et
l'indépendance des médias publics; la grande difficulté est de savoir comment les médias
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
véhiculent l'information en tant que service public. Le reste de la presse, les tabloïds ou la
presse de tradition, traverse une crise économique comme dans d'autres pays.» La source:
ziare.com, le 27 avril 2013.
Marilena Chiriţă, Roumanie:
Voix... contre la violence envers la femme
La bibliothèque publique…une voix contre la violence envers la femme
La violence contre la femme est un phénomène multidimensionnel et présent sur
une grande échelle dans toutes les sociétés contemporaines. Les documents
internationaux fondamentaux reconnaissent ce fait. Dans la Convention du Conseil de
l’Europe relative à la prévention et la lutte contre la violence envers la femme et contre
la violence domestique (www.coe.int/conventionviolence), celle-ci est comprise comme
« une violation des droits de l’homme et une forme de discrimination contre les femmes
et signifiera toutes les actions de violence de genre qui résulte en, ou qui sont susceptibles
de résulter en, blessure ou souffrance physique, sexuelle, psychologique ou économique
causée aux femmes, y compris les menaces avec telles actions, la coercition ou la
privation arbitraire de liberté, même si elle survient en public ou dans la vie privée ».
C’est également ici qu’on affirme le fait qu’autant les femmes que les jeunes filles sont
exposées à un risque plus élevé de violence de genre que les hommes.
Deux caractéristiques font que l’intervention pour la réduction du phénomène soit
extrêmement difficile surtout dans les communautés étendues et multiculturelles. Cellesci sont : le secret qui entoure et protège la vie privée de famille et de couple et
l’acceptation traditionnelle, d’une part des rôles inégaux de la famille, et d’autre part de
l’exercice de l’autorité dans la famille par toute forme de violence. Sans tenir compte des
principes, de la structure et de leur contenu, les démarches pour la prévention et la lutte
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
contre la violence envers la femme doivent assumer une priorité des valeurs et agir
conséquemment en conformité avec lui.
Par conséquent, est nécessaire la conscience de la prise de la responsabilité
d’informer de manière correcte et complète sur ce phénomène. Voilà le motif pour lequel,
de plus en plus en Roumanie, les bibliothèques publiques, qui ont le rôle de fournir et
assurer l’accès libre à l’information pour tous les membres de la communauté,
apparaissent comme des partenaires, auprès des ONG avec expérience dans le domaine,
dans les projets nationaux et internationaux dédiés à ces démarches.
Un exemple à cet égard est l’implication de la Bibliothèque Métropolitaine de
Bucarest dans le déroulement de la Campagne nationale d’information et sensibilisation
sur le thème concernant la violence dans la famille – 16 Jours d’Activisme contre la
Violence envers la Femme. Initiée par la Fondation Sensiblu en partenariat avec le
Comité pour l’Égalité de Genre et Développement du Corps de la Paix Roumanie (GAD)
et avec la Fondation IREX/ Le Programme Biblionet, la Campagne, trouvée à la IVième
édition, s’est déroulée entre 25 novembre – 10 décembre, dans la même période où, à
niveau international, ont lieu des actions de conscience et protestation contre la violence
envers la femme. Les 16 jours comprennent des événements importants, comme :

Le 25 Novembre : Le Jour International d’Élimination de la Violence contre les
Femmes

Le 29 Novembre : Le Jour des combattants pour les Droits des Femmes

Le 1er Décembre : Le Jour Mondial contre le SIDA

Le 3 Décembre : Le Jour International des Personnes Handicapées

Le 10 Décembre : Le Jour International des Droits de l’Homme
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Premier Prix – Photografie / Agripina Daniela Ioan – Paşcani Iaşi
En encourageant le débat concernant ce phénomène et la conscience de ses effets, la
Campagne a commencé avec une table ronde à laquelle ont participé des représentants
des institutions publiques et des ONG qui ont exprimé unanimement leur accord avec ce
qui disait lors de l’ouverture de l’événement Cristina Horia, le Directeur Exécutif de la
Fondation Sensiblu : « c’est notre obligation de combattants contre la violence envers les
femmes d’encourager, voire de déterminer un changement d’attitude à la prochaine
génération, de sorte que nos filles et nos fils vivent dans la sécurité, avec respect pour
l’être humain et pour la vie en général ».
Organisée sous la forme d’un Concours National d’Essais, Poésies, Ouvrages
d’Art Visuel, Spectacle de Théâtre, Photos et Films pour les élèves de lycée et gymnase,
la Campagne 2012 a été ouverte pour toutes les unités scolaires du pays, les organisations
civiques et les bibliothèques. Les élèves ont été encouragés à y participer, leur mission
étant celle d’exprimer le thème – « Par la Paix de la maison pour la Paix dans le monde »
- dans une manière positive et créative, par des ouvrages écrits (poésie, chanson, essai),
spectacle théâtral, art et film court et de démontrer quelles actions peuvent être
entreprises pour renforcer la pays à la maison, qui va créer de cette façon une paix plus
solide dans le monde. Les résultats finaux de la compétition démontrent le fait que les
jeunes participants ont réussi à surprendre très bien le fait que, pour lutter contre ce
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problème, on désire une forte éducation pour les jeunes générations, une information et
promotion par les écoles et les bibliothèques.
« Pour avoir la paix, nous avons besoin d’éducation, pour avoir d’éducation, nous
avons besoin de parents affectueux, pour avoir des parents affectueux et une belle
famille, nous avons besoin d’un seul sentiment…l’amour ! » (IIeme Prix Essais École
Secondaire –Frăţilă Raluca / École Secondaire Ion Pop Reteganul, Sâncel, Alba).
Robert Adam, France :
Harcèlement sexuel: comment le délit a cessé d’exister en France
A partir du 4 mars 2012, le délit de harcèlement sexuel a cessé d’exister en France. Le
Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction du pays, a decidé de censurer comme
non constitutionnelle la loi de 1992 qui introduisait ce délit dans le Code pénal. Quel est
le fondement de cette décision, qui ne manqua point de susciter des remous sur la scene
politique à deux jours du second tour de la presidentielle?
Il y a 20 ans, en 1992, le Parlement introduisait dans le Code penal l’article 222-33.
L'article concerné stipulait depuis 2002: « Le fait de harceler autrui dans le but d'obtenir
des faveurs de nature sexuelle est puni d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros
d'amende », rappelle le Conseil. Cette abrogation s'applique « à toutes les affaires non
jugées définitivement », c'est-à-dire en cassation, précise-t-il.
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contenues. »
En 2002, le champ d’application de la loi est étendu. Si jusqu’alors le harcelement visait
exclusivement les rapports de travail, a partir de cette date il n’y est plus confiné.
En 2011, un ancien député UDF, coalition de centre-droite, Gérard Ducray, se voit
condamné en appel à 3 mois de prison avec sursis et une amende de 5000 euro pour
harcèlement sexuel. Ducray fait saisir le Conseil par le biais d'une question prioritaire de
constitutionnalité (QPC) soulevée en cassation.
Son avocate plaide que le Code pénal, laissant au juge une trop grande marge
d'appréciation des éléments constitutifs du délit qui était reproché a son client, permettait
« tous les débordements, toutes les interprétations ». Le plaignant conteste la
constitutionnalité de la loi, dont il estime la rédaction trop floue, méconnaissant ainsi le
principe constitutionnel de la „légalité des infractions et peines”.
En même temps, une association de défense des droits des femmes, l’Association
européenne contre les Violences faites aux Femmes (AVFT), s’est jointe à cette
contestation, mais ses raisons étaient radicalement différentes. Si la défense de Ducray
considérait qu’on réprime une forme de séduction, fût-elle trop appuyée, l’association
demandait l’abrogation de ladite loi, car la justice en faisait usage pour qualifier
d’harcèlement des faits qui auraient justifié des poursuites pour aggression sexuelle voire
viol.
AVFT requérait toutefois l’abrogation de l’article au moment d’une nouvelle
rédaction, afin de ne point créer un vide juridique pendant ce temps.
Le Conseil constitutionnel censura cependant l’article en question, exigeant du législatif
une définition moins ambigue des éléments constitutifs de l’infraction. Ainsi, la requête
de l’AVTF a été rejetée, car une abrogation différée aurait été contraire au principe de
non rétroactivité de la loi penale. Ducray se vit ainsi innocenté, et toutes les plaintes pour
harcèlement sexuel formulées en vertu de cet article sont devenues caduques.
Heureusement, en 2002 l’infraction de harcèlement sexuel avait été explicitement
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
introduite dans le Code du Travail, donc toutes les procédures faites auprès des
prud’hommes continuent d’avoir une base légale.
De manière intéressante, un des membres du Conseil avait été collègue de législature du
requérant, et quatre des onze membres du Conseil faisait partie du législatif en 2002,
quand ladite loi avait été votée dans sa dernière lecture, censurée dix ans plus tard.
Les réactions de la société ont été fortes, de sorte que le nouveau président élu François
Hollande a promis une nouvelle loi pour tout de suite après les élections parlementaires.
Cristina Hermeziu, journaliste, France :
« Cherchez la femme. Petit bréviaire contemporain des absences au féminin »
Permettez-moi de décliner dès le début mon identité : je suis une femme et je ne suis pas
féministe. Où du moins pas si par ce terme on désigne des personnes qui rejettent
idéologiquement les différences naturelles entre les deux sexes, qui nient le poids de la
biologie, pour, disent-elles, mieux combattre les disparités homme-femme dans la
société. Pour moi le sexe biologique reste un marqueur d’identité et la nature a encore du
bon sens. Cela ne diminue toutefois en rien le constat que les inégalités homme-femme
font partie de la société d’aujourd’hui de la manière la plus naturelle qui soit.
Ceci dit, j’avoue de suite me réclamer d’une école philosophique, sociologique (je citerai
le nom de l’américaine Judith Butler), qui affirme que le genre a beau être biologique,
une évidence naturelle, il est surtout une construction culturelle. Autrement dit, il y a,
sans déni, un substrat biologique sur lequel viennent se greffer par la suite des strates très
épaisses dues à l’environnement social. Et, j’ajouterais, à l’habitude héritée.
On est la femme que la société veuille que l’on soit, on est l’homme que la société nous
sérine la tête qu’il faut être.
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Des psychologues et des neuroscientifiques s’interrogent de nos jours sur la pertinence de
nos grilles de lecture appliquées au genre : « est-ce seulement l’effet de l’éducation et de
la culture qui produirait des garçons dotés de meilleures compétences visiospatiales, des
filles plus aptes à communiquer, des garçons plus attirés par les positions de pouvoir et
des filles plus portées sur l’empathie ? » (Suzan Pinker, Le sexe fort n’est pas celui qu’on
croit/The Sexual Paradox, les Arènes, 2009).
Je laisse la question en suspension et je m’attaque à celle du miroir symbolique que la
société nous tend tous les jours. Nous faisons face à la bande de Moebius : à force de voir
ce reflet du matin au soir, nous prenons pour naturel ce qui est culturel.
Mais en fin de compte, qu’est-ce qu’on voit vraiment?
Mon garçon avait absolument besoin d’un nouveau pyjama : l’ancien avait l’air manches
courtes, même si, je vous le jure, quand je l’avais acheté, il y a je ne sais plus combien de
mois, c’était bien un modèle manches longues. Un beau jour j’ai tenté ma chance dans
une jolie boutique DPAM aux alentours du Chatelet: je suis tombée sur un véritable
festival de modèles et de couleurs, jaune, orange, corail, rouge, et j’en passe. Un vrai
bonheur qui n’a pas duré longtemps puisque je me suis aperçu que, hélas, je me trouvais
au rayon des filles. Au rayon garçon l’imagination des designers s’était épuisée. La
sobriété des petits garçons se décline même en pyjama. L’effervescence stylistique est,
par nature, féminine.
A la maison j’ai pris l’habitude de regarder, en fin de journée, une émission
d’information tardive, Soir 3. D’abord parce qu’elle commence après 22h, quand en
principe j’aurais déjà éteint la lumière dans la chambre de mon fils et déjà appuyé sur le
bouton marche du lave-vaisselle en mode évidemment économique. Ensuite parce que les
infos du jour étaient présentées par Patricia Loison, une journaliste qui sait articuler d’une
manière professionnelle sans arrière-pensée narcissique du genre « je suis une vedette »
ou, pire encore, « je suis une jolie femme ». Elle m’inspire sobriété et pertinence, et il y a
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
quelque chose de rassurant dans la manière dont elle pose des questions à ses invités,
comme s’il s’agissait d’abord de sa curiosité à elle, et comme si cela ne tenait pas
éminemment du spectacle très formaté des infos à la télévision. Un soir je découvre que
la chaine a relooké son émission d’information: le format « Le Grand Soir 3 » est plus
analytique, inclut un débat en direct, plusieurs reportages, plusieurs journalistes à livrer
leurs sujets en direct, en plateau. Mais la nouveauté, la trouvaille « révolutionnaire » de la
chaine est la manière d’incarner les événements du jour et le message symbolique
implicite. « Le Grand Soir 3 » est toujours présenté par Patricia Loison, mais elle est
épaulée par l’animateur vedette des « Racine et des Ailes », Louis Laforge. C’est lui qui
dit désormais le premier Mesdames, messieurs, bonsoir, pour ensuite donner la parole à
sa collègue, chargée d’énoncer les sujets du jour. C’est lui qui anime le débat, un bon
quart d’heure au cœur du Soir 3, tandis qu’elle a pour mission d’introduire sèchement
« Les Infos de vos régions ». Je ne caricature pas si j’ose dire qu’elle fait carrément figure
de sous - lieutenant, de subalterne docile puisque, l’évidence saute aux yeux, elle a été
« releguée ». Si le besoin de dynamiser le format reste légitime, en revanche, la formule
adoptée envoie un signal symbolique très fort, empreint de malaise: une femme ne suffit
pas. Et ce qui nous a été proposé n’était pas une complémentarité bien naturelle, mais une
hiérarchie.
J’ouvre, il y a deux semaines, les deux quotidiens de référence en France, Le Monde et Le
Figaro et je m’emploie à faire une expérience : compter les plumes de femmes et les
plumes d’hommes qui signent, le même jour, des commentaires, des analyses, des
chroniques, qui livrent des informations ou leur points de vue respectifs. Voici les
chiffres :
-les pages Politique :
Le Monde - 4 signatures : 3 hommes et 1 femme
Le Figaro – 6 signatures : 5 hommes et 1 femme
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
-les pages Décryptage, Débats, Enquête, Idées :
Le Monde – 9 signatures : 6 hommes, 3 femmes (réparties de la façon suivante :
Décryptage 3h-3f et Analyse : 3h)
Le Figaro – 6 signatures : 6 hommes
-les pages Société
Le Monde - 2 signatures : 2 femmes
Le Figaro- 3 signatures : 2 hommes et 1 femme
-les pages Culture :
Le Monde- 4 signatures : 2 hommes et 2 femmes
Le Figaro et Vous (le supplément) - 13 articles dont 7 hommes et 6 femmes
Le Monde Géopolitique (supplément)- 8 signatures dont 7 hommes et 1 femme
Le Figaro économique (supplément)- 11 articles dont 8 hommes et 3 femmes
D’après cette statistique très empirique, ponctuelle (je n’irai pas jusqu’à la généraliser), il
est évident que ce jour-là, un jour quelconque, soit le 9 mai 2013, le monde nous est
raconté en principal par des hommes, quand il s’agit d’analyser la géopolitique et
l’économie, et que les femmes sont compétentes dans des domaines comme
l’enseignement et la culture. Elles ont certainement quelque chose à dire sur des sujets de
société : là encore, s’il s’agit de parler des « sandales » c’est une femme qui est appelée à
le faire, tandis que s’il s’agit de parler de la « bagnole », c’est naturellement un homme
(voir, à ce sujet, Le Figaro et vous, 9 mai 2013).
Je reste dans le même champ, celui du Débat et des Idées, et je vais feuilleter Le Nouvel
Observateur du 9 mai qui affiche en couverture le titre « Les penseurs qui comptent. Pour
comprendre notre monde, les 25 indispensables. » J’ai voulu vérifier un mauvais
pressentiment : le tour du monde des idées d’aujourd’hui compte, d’après les journalistes
du Nouvel observateur, 20 cerveaux hommes et 5 cerveaux femmes.
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Je m’arrêterai maintenant à un évènement qui semble être en soi un concentré indéniable
de glamour, d’exquis, d’élégance, d’émotions et d’esthétisme, et vous allez être d’accord
avec moi, ce sont tous des attributs que l’on rattache plutôt au champ sémantique de la
féminité : le festival de Cannes. On y vend du rêve et on l’incarne au féminin. Stars,
robes de soir et tapis rouge, les ingrédients d’un mythe moderne, celui du luxe à
portée…d’écran. (Stratégie marketing ? Est-ce que le rêve se vend-il plus et mieux si on
décline l’emballage au féminin ?) Mais voyons ce qui se trouve au-delà du papier cadeau:
20 films internationaux entrent chaque année en compétition. En 2013, parmi les 20
réalisateurs de ces films – la fine fleur de la créativité cinématographique mondiale combien de femmes réalisatrices ? Réponse : une. Remontons le temps, prenons les 5
dernières années. 2012 : 20 films, 20 réalisateurs, tous des hommes. 2011 : 20 réalisateurs
dont 4 femmes (pas mal !). 2010 : 20 films, 20 réalisateurs, tous des hommes. 2009 : 20
réalisateurs dont 3 femmes.
Maintenant, ce que je veux dire, après avoir dressé cette liste subjective et incomplète des
absences au féminin dans l’espace public, c’est que les femmes elles mêmes semblent ne
pas s’inviter – sinon très rarement - dans les milieux investis, naturellement, n’est-ce pas,
par les hommes. Et que cette absence passe pour naturelle, parce que probablement la
part du culturel a parasité complètement la donne biologique.
Ce n’est pas qu’elles n’en seraient pas capables, ou qu’elles seraient empêchées ou
bloquées (systématiquement et forcément par des hommes). Le problème est, à mon sens,
que ni les femmes ni les hommes ne se posent même pas la question si elles désirent,
peuvent ou doivent investir certaines scènes réputées masculines. (Certes, passer à
l’action une fois accomplie cette prise de conscience ne serait pas une mince affaire : il
faut dégager du temps pour les femmes pour qu’elles s’arrachent à leur milieu réputé
féminin et pour oser s’investir dans d’autres domaines.)
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Les politiques et la société civile nous disent du matin au soir que le monde va mal;
qu’une réforme structurelle s’impose puisque de vastes champs d’action et de réflexion
sociale, tels que les marchés financiers, la démocratie, l’immigration, la religion, courent
à la catastrophe. Dans ce contexte-là, à quoi sert l’opposition stérile : les hommes, parce
qu’ils sont des hommes, sont plus attirés par les positions de pouvoir, et les femmes,
parce qu’elles sont des femmes, sont plus portées sur l’empathie ? Si le monde va mal, si
les solutions proposées aujourd’hui sont contestables comment justifier le ressenti
général, selon lequel une approche empathique, émotionnelle est jugée non pertinente
dans certains domaines, à l’instar du système financier ? Il ne s’agit pas de substituer qui
que ce soit, de supplanter la pensée « raisonnante », il s’agirait plutôt d’encourager une
démarche qui cherche à apporter un éclairage nouveau à des questions qui se trouvent en
impasse. C’est précisément parce que l’on est différents, inégaux en maints aspects que
des approches inédites et des solutions inédites sont possibles.
Des travaux de neuropsychiatres (je cite le nom du spécialiste anglais Simon BaronCohen et son ouvrage The Essential Difference. Male and female brains and the Truth
about Autism, 2003) montrent qu’entre les femmes et les hommes des différences très
précoces existent: il parait que, dès leurs premiers jours de vie, les bébés filles fixent plus
longtemps un visage humain alors que les garçons sont plus attirés par des objets
mobiles. Et alors ? Ce déterminisme n’est pas une fatalité en soi si on le considère
comme une banque de données, comme un capital dont on est censé tirer le maximum de
profit en termes de bien-être individuel et collectif. Et si on arrêtait de nous proclamer
égaux, si on arrêtait d’arrondir nos aspérités, de policer nos différences ? On aurait peutêtre le temps et l’énergie de repérer les domaines où nos inégalités, nos différences sont
créatrices.
En résumé, je dirais que l’on ne voit pas que la femme est absente parce qu’il est naturel
qu’elle ne soit pas là. Maintenant, est-ce qu’il faut bousculer cette habitude-là ? Pour quoi
faire ? Pour créer un monde meilleur, on dit.
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Il faut alors définir ce que « un monde meilleur » veut dire (…Retour à la case départ !)
Mais je finirai en vous racontant une expérience personnelle merveilleuse qui m’est
arrivée ici, en France, en tant que journaliste, en tant que femme et journaliste. Savezvous ce qui se passe dans les galléries du métro la nuit, une fois la dernière rame passée ?
C’était en 2007, j’étais correspondante à l’étranger, à Paris donc, pour le quotidien
roumain L’Evènement du jour/Evenimentul zilei. C’était juste avant la crise, quand, pour
vendre du rêve, un quotidien généraliste roumain, certes propriété d’un groupe
intertional, avait les moyens de me payer l’entrée à 100 euros pour que je voie, à Paris, le
dernier spectacle érotique en vogue au cabaret Crazy Horse. A l’affiche, la belle et
talentueuse Arielle Dombasle, épouse sophistiquée de BHL, le philosophe médiatique qui
lui aussi incarnait, en une seule personne, la raison, la virilité et le glamour. Je garde un
très bon souvenir de la rencontre avec l’actrice qui s’est montrée, lors de l’interview, très
simple, très sincère, facile d’accès, pas du tout une vedette intouchable et narcissique.
Bref, pour rédiger mon article, je suis allée voir toute seule le spectacle qui commençait
tard et se terminait encore plus tard dans la nuit. Mon mari était resté avec notre bébé à la
maison. (Laissez-moi vous préciser que je viens d’une culture où laisser son bébé avec
quelqu’un d’inconnu – même si on le paye pour cela - pour aller voir, en couple, un
spectacle érotique ne fait pas partie de « l’ordre des choses »…) Pour le retour, j’ai raté le
dernier métro. Je l’ai vu, en fait, depuis le quai, en s’éloignant et emportant avec lui dans
les galléries mes espoirs de retrouver dans la prochaine heure ma petite famille. Il n’y
avait que moi sur le quai, une femme seule, assez désemparée et méfiante à l’égard de ses
chances de trouver au hasard un taxi à Paris, en weekend, à une heure aussi avancée de la
nuit, quand soudain j’ai vu apparaître sur les rails une sorte de wagon qui s’est d’ailleurs
arrêté à ma hauteur. « Qu’est-ce qui vous arrive, petite dame ? » L’engin était manœuvré
par deux hommes. Je leur explique. Si je veux, je peux monter dans leur voiture
souterraine, et ils peuvent me conduire jusqu’à la Porte d’Italie, mais pas plus : c’est leur
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
trajet pour la nuit. La nuit, les galléries du métro sont investies par des hommes censés
récurer, bricoler, rafistoler, vérifier le matériel. Ça se voit vite, c’est un territoire
exclusivement masculin, et moi, cette nuit-là, j’ai été leur capture de nuit, fragile et
insolite, dont ils ont volontiers pris soin et qu’ils ont déposée, saine et sauve, sur le quai
de la Porte d’Italie, d’où le chef d’équipe des ouvriers nocturnes allait me déposer, en
voiture personnelle, jusqu’en bas de chez moi. J’en ai tiré un reportage et une leçon de
vie dont je suis fière. J’ai eu, à Paris, un métro rien que pour moi et j’ai appris que, s’ils
travaillaient de nuit, c’était un choix de vie. J’entends toujours les paroles de l’un des
ouvriers : « J’ai la vie beaucoup plus tranquille maintenant. J’en ai conduit moi, des
métros, en plein jour. Je suis fier que personne ne se soit suicidé sur mes rails.»
Je leur rends hommage aujourd’hui quand, devant vous, j’ai essayé de piocher, à dessein,
dans la société française, pour montrer du doigt quelques absences criantes des femmes
sur des scènes éminemment masculines. Grace à ces personnes j’ai envie de dire que j’ai
eu la chance, il y a 8 ans, de choisir comme pays d’accueil le meilleur des mondes
possibles.
Bibliographie
Simon Baron-Cohen, The Essential Difference. Male and Female brains and the Truth
about Autism, 2003.
Jean-François Bouvet, Le camion et la poupée. L’Homme et la femme ont-ils un cerveau
différent ?, Flammarion, 2012.
Judith Butler, Trouble dans le genre, La Découverte, 2006.
Lise Eliot, Cerveau rose, cerveau bleu. Les neurones ont-ils un sexe ?, Robert Laffont,
2011.
Suzan Pinker, Le sexe fort n’est pas celui qu’on croit/The Sexual Paradox, Les Arènes,
2009.
Dossier « 2012-2013 : les idées en mouvement » coordonné par Martine Fournier,
« Masculin-féminin : le genre explique-t-il tout ? » dans Science humaine n° 244S –
janvier 2013, p. 26-75.
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Dossier « Le tour du monde des idées » in Le Nouvel Observateur 9-15 mai 2013, p. 7081.
Le Monde, 9 mai 2013.
Le Figaro, 9 mai 2013.
Catalina Voican, France :
Parité lointaine : notes comparatives sur la
représentation des femmes au Parlement en France et en Roumanie
Au moment des élections, en Roumanie comme en France, il y a des sujets qui
ressurgissent à chaque cycle électoral. L’un des plus fréquents en est la présence des
femmes dans la vie politique.
Le pourcentage de représentation des femmes aux parlements des différents pays
européens varie de 44,7% en Suède à 8% en Malte. Conformément aux statistiques de
l’Union Interparlementaire (IPU), aux parlements des 187 pays les femmes occupent en
moyenne 20% des sièges, tandis qu’en Europe (les pays de l’OSCE) le pourcentage est de
22%.
En France le président socialiste a fait de la parité hommes-femmes, au moins au niveau
du discours, un fer de lance de sa campagne et de son programme de gouvernement.
C’est dans cette logique que la parité des ministres du gouvernement Ayrault I a été
présentée. Les chiffres nus des statistiques nous font constater une réalité légèrement
différente. Il y a effectivement un pas en avant, mais il n’est pas si important que
l’actuelle administration veut le croire. Au niveau de la nouvelle Assemblée il y a 26,8%
de femmes, alors que la précédente n’y comptait que 18%, mais les 44% de la Suède (le
pays le plus avancé en Europe de ce point de vue) sont loin d’être en vue. Au niveau du
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Sénat les chiffres sont encore moins impressionnants : seulement 23,5% de femmes (80
sénatrices pour 261 sénateurs).
Par comparaison, la situation en Roumanie n’est pas meilleure. Les statistiques montrent
que depuis la législature 1990-1992 le nombre de mandats détenus pas des femmes a
doublé mais plafonne à seulement 11,5%. En 1990, moment des premières élections
libres après la Révolution de 1989, il y a eu 24 femmes au Parlement, soit 4,9%.
Aujourd’hui, plus de 20 ans après, il n’y a que 68 femmes sur 588 élus : 55 à la Chambre
des Députes et 13 au Senat. Ces taux sont très bas, comparés à ceux des autres pays de
l’Union Européenne ou même de l’OSCE.
L’attitude des partis politique envers la représentation des femmes, ou plutôt le manque
d’attitude, est encore plus inquiétante. Aux élections générales de 2012 tous les partis
confondus ont présenté seulement 340 femmes sur un total de 2451 candidats, soit à
peine 13,8%. Seulement 20% en ont été élues aux deux chambres et se retrouvent au
Parlement.
Cette situation nous fait comprendre les partis politiques roumains sont loin de faire une
priorité de la question de la parité. Ces statistiques exposent au grand jour une faiblesse,
presque un échec, de la société civile qui était censée combattre pour les droits des
femmes.
En France, le Parti qui joue le rôle du bon élève est tout de même le PS. Parmi ses 280
députés, il y a 37% de femmes, soit 106 députées. L’UMP est fortement distancée avec
ses 12% de femmes, soit 27 femmes pour 194 hommes.
En Roumanie, le parti politique ayant présenté le plus de candidats femmes a été
l’UDMR (l’Union démocratique des hongrois de Roumanie) : 84. Toutefois, c’est
également la formation qui compte le moins d’élus femmes : une seule. Le pourcentage
d’élus femmes selon les partis politiques est le suivant : USL (l’Union Sociale Libérale)
11% (44 mandats sur un total de 398) ; ARD (Alliance Roumanie Juste) 12,6% (10
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contenues. »
mandats sur les 79 obtenus) ; PP-DD (le Parti Populaire-Dan Diaconescu) 18% (12
mandats sur les 66 obtenus) ; UDMR 3,7% (1 mandat sur les 27 obtenus) ; la Ligue des
Albanais de Roumanie un mandat.
Il nous faut rappeler que, en dépit de la faible présence des femmes dans le législatif
français, le 14 février 2012 a été voté le projet de loi sur les quotas dans la haute fonction
publique. Il faut savoir que les femmes constituent 60% des effectifs de la fonction
publique, mais elles ne sont que 14% parmi les cadres dirigeants et 24% des cadres
supérieurs. La nouvelle loi prévoit des quotas dans la haute fonction publique : 20% des
nominations de 2013 à 2015 et une augmentation de 10% toutes les deux années pour
arriver à 40% à partir de 2018.
Cette initiative témoigne d’une prise de conscience en France et indique une volonté de
faire avancer les choses en ce qui regarde la représentation des femmes dans la vie de la
société et de la communauté. Il reste toutefois du chemin à faire, ne serait-ce qu’au
niveau de la représentation des femmes parmi les élus locaux, soit environ 14%, mais une
direction se laisse entrevoir. En Roumanie, un pareil cheminement est loin de se dégager.
Dans le cas roumain, il vaudrait mieux parler de vagues. Chaque petit progrès est suivi
par un recul. À présent, l’intérêt pour les questions relatives aux droits des femmes est
fort réduit par la faute de plusieurs facteurs conjoints: une situation économique difficile,
une cohabitation politique et une société civile anémique qui peine à imposer un agenda
aux politiques.
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Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
Dr. Georgeta Adam, Roumanie:
Les femmes des médias roumains et quelques lignes stratégiques
internationales GMMP 2010
Pour le commencement, je vous présenterai quelques chifres et conclusions tirées du
rapport de surveillance pour la Roumanie (GMMP Monitoring Report 2010), réalisé par
une équipe de l'Université de Bucarest, dirigée par le Prof. univ. dr. Daniela RovenţaFrumuşani:
-Le contexte de la presse de Roumanie est marqué par le tabloïdisation des formats, les
postes de radio et de télévision sont dominés par la présence de célébrités (show biz,
mode, cinéma) et par la violence (le marché de la publicité).
-Les femmes-reporters ont une présence significative dans les domains comme :
informations sociales (80%), sciences / santé (76%), célébrités / arts / médias (72%) et
la violence (65%) ; des informations politiques sont fournis par les reporters-hommes.
Les infos politiques semblent être clairement destinées
pour les hommes, mais les
nouvelles sociales pour les femmes.
- Les femmes sont sujet d’infos comme des vedettes de médias et d’arts ((46%), mais
elles sont marginales dans la vie politique (13%). Le pourcentage est le reflet de la
situation présente des femmes dans la politique, parce qu’en Roumanie, les femmes sont
sous-représentées dans les ministères, dans les partis, dans le Parlement, à la suite du
rejet du faux égalitarisme rhétorique de l’époque Ceauşescu.
- La corrélation entre les contes et les sujets des infos renforce généralement les
stéréotypes ; ainsi les hommes dominent comme acteurs des nouvelles d’actualité (90%),
dans la presse économique (92%), mais dans les problèmes de fertilité et de contrôle des
naissances, les experts sont aussi les hommes et pas les femmes.
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-En ce qui concerne le medias, les reporters sont en majorité des femmes (60%); une
présence supérieure dans les médias est enregistrée aussi dans les médias écrits (63%) et
celle-ci est plus faible à la télévision (38%).
-Les femmes relatent généralement sur les femmes dans leurs reportages (72%).
- Les femmes-reporters veulent changer les stéréotypes mieux que les hommes-reporters
(7% contre 4%); d’entre elles, 69% renforcent les stéréotypes par rapport aux hommesreporters qui le font en pourcentage de 80% ou qui présentent des nouvelles d’une
perspective de genre neutre (24% vs 15%).
- La plupart des nouvelles renforcent les stéréotypes en pourcentage de 62% et seulement
5% veulent les changer; le reste ignore la perspective de genre. Les stéréotypes sont forts
dans les nouvelles visant les crimes ( en proportion de 88% les victimes sont des
femmes), en science et en santé (72%) et sur l’économie (71%). Les stéréotypes sont
moins présents et ceux-ci semblent se changer dans les infos sociales et dans la
législation (14%) et celles sur les vedettes (9%).
La conclusion générale du Rapport (GMMP Monitoring Report 2010) est que pour
s’observer un changement significatif d’infos, concernant la présence des femmes, il faut
attendre environ 40 ans. On fait appel pour accélérer le rythme du changement dans les
domaines des politiques et des pratiques des médias pour avancer vers des médias plus
équitables en matière de genre.
La marche route pour accélérer les progrès dans la description et la représentation des
femmes dans les infos
Nous vous présentons quelques objectifs de la marche route pour accélérer les progrès
dans la description et la représentation des femmes dans les infos, que les rapporteurs ont
la rédigée (WACC, GMMP), en accord avec la FIJ et quelle a été adoptée comme
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contenues. »
Déclaration dans de nombreuses réunions des organisations internationales de médias. À
noter que ces objectifs stratégiques sont inspirés par la Déclaration et le Programme
d'action de Beijing, adoptés en 1995, à la Quatrième Conférence Mondiale des Femmes,
organisée sous l’égide d’ONU.
Objectifs stratégiques
J.1. Se permettre aux femmes de s'exprimer et de participer davantage à la prise des
décisions au cadre et par l’intermédiaire de médias et des nouvelles technologies de la
communication (des annuaires régionaux avec des femmes experts, des formateurs dans
les domaines de médias, de la recherche journalistique, des programmes éducatifs et des
modules «genre et médias », la formation des propriétaires, des éditeurs, des directions
générales de radio et de télévision, des rédacteurs en chef, des directeurs, des producteurs
et des animateurs des émissions sur les questions de genre et la présentation équilibrée
en matière de genres dans les médias; promouvoir des femmes dans les postes de décision
dans les médias; l’encouragement de nouvelles pratiques dans la description et
la
représentation des femmes dans les médias.
J.2. Promouvoir une image équilibrée et non stéréotypée des femmes dans les médias.
Quelques mesures spécifiques, nous allons les mentionner dans ce module, comme base
pour l'approfondissement de la documentation située sur le site de GMMP. Ainsi, on
poursuivra la réalisation des initiatives de la sensibilisation sur les questions «genre et
médias »; la sensibilisation des médias dans les pratiques du reportage, qui respecte
l’équilibre de genre; la construction d’un nouvel imaginaire social, qui place les médias
justes et équilibrés, en matière de genre au statut des droits humaines des femmes, la « reformation » de consommateurs des médias, qui doivent comprendre que la violence en
médias contribue à une culture de la violence et à son renforcement; la « re-formation »
de consommateurs des médias, de sorte que ceux-ci contestent les médias qui
encouragent, incitent, glorifient, valorisent, érotisent ou décrivent trivialement la violence
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« Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont
contenues. »
sur les jeunes filles et les femmes; la formation d'une communauté de femmes et
d'hommes qui doit analyser d’une façon critique les médias, en saisissant des faits à partir
d'une perspective de genre; le lancement des initiatives de surveillance des genres en
médias; la réalisation des statistiques qui peuvent donner des données sur la dimension de
genre dans les nouvelles, dans la publicité, dans le divertissement, dans les films TV en
séries, qui sont présentés pour une longue période; la diffusion des résultats des
recherches et des observations sur les médias; se travailler avec les conseils de médias
pour mettre en œuvre des plans d'action à partir des résultats des surveillances nationales;
établir des codes de conduite des médias sensibles au genre; passer en revue des codes
d'éthique professionnelle et des politiques relatives à la communication, qui existent dans
les médias pour se tenir en compte de sexospécificité; des modifications de ces codes
pour tenir compte de genres.
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