Fiche pour compléter le cours sur l’Europe : les relations de l’UE avec la Méditerranée
1. La Méditerranée, contact et contrastes.
1.1. La mer commune.
Pour simplifier, la Méditerranée unit les pays de la rive Nord (de l’Union européenne)
à ceux de la rive Sud : historiquement, culturellement, elle est notre fonds commun dit
autrement, nous sommes tous enfants des grandes civilisations nées autour de la
Méditerranée. Par ailleurs, entre rive nord et sud se sont développés des liens forts pendant
la colonisation et après.
Il est à noter en outre que l’UE, depuis 2004, est davantage continentale (tournée vers
l’Est), mais qu’elle dispose d’une importante façade méditerranéenne, et même de pays
entièrement méditerranéens (Grèce).
1.2. Des lignes de fracture majeures
Toutefois, s’il existe – en termes de paysages, de climats et d’enjeux
(environnementaux ou migratoires notamment) des points communs et similitudes, la mer
sépare deux ensembles radicalement différents quant à leur développement social et
économique mais également politique comme le révèle la carte suivante concernant les
inégalités de développement
2. Un espace d’échanges intenses, mais inégaux.
Cf. chiffres sur diaporama.
La Méditerranée est la 2e mer la plus fréquentée du globe. Elle est une interface majeure, tant
pour les hommes que les marchandises. Dans tous les cas de figure, la structure des échanges
reflète les inégalités de développement.
2.1. La circulation des biens.
Comme les chiffres reproduits dans le diaporama le montrent, la richesse se concentre au
Nord, pour qui le commerce avec la rive sud de la Méditerranée est marginal, alors que le Sud
est très dépendant de ses échanges avec le nord.
Pour l’essentiel, le Nord exporte de biens manufacturés à forte valeur ajoutée, alors que le Sud
exporte au Nord des matières premières (pétrole algérien) et agricoles ; lorsqu’il s’agit de
biens manufacturés, ce sont des produits d’industrie de main-d’œuvre (donc à faible valeur
ajoutée et supposant une main d’œuvre peu qualifiée et peu chère)
Plus encore, signe de cette dépendance, le Sud est dépendant des délocalisations des fonctions
d’exécution du Nord (qui garde les fonctions de conception et de commandement), pour
assurer son développement : cf. les call-centers des opérateurs téléphones au Maghreb.
2.2. Le tourisme, un secteur économique particulier auquel il faut faire une place en
soi.
Contrairement à ce qu’on peut penser, c’est la rive nord qui bénéficie le pus du
tourisme. Et accueille le plus de touristes (France, Italie, Espagne).
Toutefois, celui-ci est un élément essentiel de création de richesse pour les pays de la
rive sud (cf. chiffres du diaporama), mais il dépend essentiellement des flux de touristes venus
du Nord (d’Europe)
Il modifie en profondeur les paysages et les territoires, en particulier en créant de
véritables enclaves touristiques sur les littoraux (type Club Med), qui ont un développement
off-shore, en se focalisant en des lieux précis, souvent déconnectés du reste du littoral sauf
des grandes métropoles, comme les stations balnéaires près de Tunis et surtout de l’intérieur
du pays (on parle alors d’isolat touristique). D’une manière générale, on assiste à une
littoralisation des pays de la rive Sud, avec une mince bande littorale (en fait des points les
stations et les métropoles) ouverts sur le monde et un intérieur marginalisé et souvent en plein
déclin démographique (montagnes marocaines ou désert tunisien).
2.3. Les flux humains : les migrations, reflets des différences de développement.
La carte des migrations internationales en Méditerranée révèle l’ampleur des flux – qui
se font selon les deux règles de proximité géographique (on migre au plus près) et proximité
culturelle (en général vers les anciennes métropoles coloniales : Algériens en France,
Marocains en Espagne ou en France). Attention, migrer coûte cher que la migration soit
légale ou non : ce ne sont pas les plus pauvres qui partent.
Les transferts financiers des migrants vers leurs pays d’origine est un élément essentiel
de l’économie et de l’équilibre social de ces derniers (cf. chiffres diaporama+ : iu migrant fait
vivre 7 à 10 personnes une famille entière - au pays)
3. Mieux intégrer la rive sud.
3.1. Des problèmes communs
Au-delà des clivages, des problèmes communs surgissent ; C’est très net en matière
d’immigration : les pays de la rive sud servent de porte d’entrée aux migrants clandestins
souhaitant entrer en Europe venant d’Afrique sub-saharienne par exemple : soit parce qu’ils
comportent sur leurs territoires des morceaux d’Europe (comme les enclaves au Maroc de
Ceuta et Melilla, deux villes espagnoles), soit en raison de leur grande proximité
géographique (la Sicile est aussi près de la Tunisie que de l’Italie, cf. également les Canaries
au large du Maroc). Ce sont des lieux de transit avec tous les problèmes que cela pose. Les
pays de la rive sud et nord ont donc intérêt à trouver des solutions communes en la matière.
C’est d’ailleurs également vrai en matière de migrations légales le brain-drain étant un
problème pour les pays de la rive sud, et attise en Europe des réflexes xénophobes et une
tendance à la fermeture (cf. circulaire Guéant récemment abrogée par M. Valls, rendant très
difficile la venue d’étudiants étrangers en France, avec l’idée sous-jacente que ces étudiants
viennent « manger les études des Français » pour pasticher Fernand Raynaud, càd créer de la
concurrence professionnelle avec les étudiants français, d’autant qu’ils se contenteraient de
salaires inférieurs).
C’est pourquoi l’UE collabore avec les pays de la rive sud surtout le Maroc et dans
une moindre mesure la Tunisie pour créer une sorte de double surveillance des frontières
européennes ou plus exactement un système de double frontière, assurée pour la frontière
« externe » par les pays de la rive sud pour le copte et avec l’appui financier et technique de
l’UE, et par l’UE elle-même pour la frontière « interne » (en gros, pour les pays de l’espace
Schengen, les frontières Schengen)
Il en est de même en termes de pollution, la pollution industrielle affectant les deux
rives de la même manière, et de crises politiques.
3.2. L’Union pour la Méditerranée
Voilà pourquoi l’UE cherche, sous impulsion française, à mieux associer les pays de la
rive sud et à développer les partenariats.
Dès 1995, l’UE organise une grande conférence à Barcelone en mettant en avant les thèmes des
droits de l’homme, de la lutte contre le terrorisme ou de libre-échange avec l’Union Européenne. Ce
sommet ne débouche cependant que sur peu d’initiatives et de politiques communes concrètes (à
l’exception du Plan Bleu ou Programme d’Action pour la protection et le développement de la région
Méditerranéenne).
La France relance le processus en 2007 avec le projet d’Union méditerranéenne, visant à associer
l’ensemble des pays riverains à un certain nombre de grands projets (d’infrastructures notamment)
communs, un peu à la manière des politiques sectorielles (concernant un secteur précis de
l’économie, comme l’agriculture, par exemple) communes des débuts de la CEE (ancêtre de l’UE),
comme la PAC.
La France entendait également réaligner l’Europe en la faisant regarder vers le Sud et pas seulement
vers l’Europe centrale et orientale. Les Allemands en 2008 s’opposent à ce réalignement et font céder
le président de l’époque ; s’ils acceptent finalement en 2008 un partenariat avec les pays de la rive
sud, c’est 1. en échange d’un partenariat avec les pays du Nord (de la Baltique) non membre de l’UE
et 2. surtout à condition que celui-ci soit quasiment vidé de toute substance et comportant tant de
membres qu’il n’ait plus aucun sens.
Ce partenariat minimal prend le nom d’Union pour la Méditerranée (dont le siège est à Barcelone),
dont le nom complet est « Processus de Barcelone : Union Pour la Méditerranée ». Elle compte
44 membres les 27 de l’UE + 16 pays riverains, avec la Ligue arabe en tant que telle (regroupement
de 22 pays arabes). Les buts de l’UPM sont d’ordre énergétique et environnemental : eau,
développement de l’énergie solaire, dépollution de la Méditerranée
Toutefois, même ces projets minimaux sont dans l’impasse en raison des tensions diplomatiques
(avec certains pays arabes), militaires (la Libye de Khadafi, grand ami à l’époque du président élu
entre 2007 et 2012 était un pilier de l’UPM…), et politiques (les révolutions arabes et leurs
conséquences, qui ont mis l’UPM en stand-by)
Toutefois, malgré ce qui est un échec certain, l’UE a su se rapprocher plus étroitement de certains
pays en fait un seul en créant des accords d’association, qui associent, comme le nom l’indique, le
pays associé au marché unique européen. Seul le Maroc a jusqu’à présent été associé Maroc qui
entretient par ailleurs les liens les plus étroits de tous les pays de la rive sud avec l’UE, toute matiière
(immigration, trafic de drogue, etc.) confondus.
Carte de l’UPM :
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