Introduction : La fonction motrice de l’estomac est sa principale fonction. L’estomac possède aussi une fonction sécrétoire. Il produit de 1,5 à 2 litres par 24 heures d’une sécrétion très acide. Cette sécrétion provient de deux types de glandes, les glandes fundiques et les glandes antro-pyloriques, avec des fonctions très différentes. I – Les glandes de l’estomac A) Les glandes fundiques : Elles sont responsables d’une sécrétion exocrine qui se déverse dans l’estomac et d’une sécrétion endocrine/paracrine. 1) Sécrétion exocrine : Les cellules pariétales ou bordantes ou oxyntiques : Elles produisent l’acide chlorhydrique de l’estomac de pH 0,8 à 1, à une concentration de 140 mmoles/l Elles sécrètent aussi le facteur intrinsèque indispensable à l’absorption de la vitamine B12. Les cellules principales Elles sécrètent le pepsinogène I Les cellules à mucus : Elles sécrètent le mucus qui tapisse la muqueuse gastrique pour protéger l’estomac contre l’agression acide. Il y a aussi sécrétion d’eau, de bicarbonates, de divers ions tels le Na+ et le K+ 2) Sécrétion endocrine : Les cellules EnteroChromaffine Like ECL : Elles ont une grande importance dans la physiologie gastrique. Elles sont responsables de la sécrétion d’histamine. Les cellules D : Elles fabriquent quant à elles la somatostatine. Les glandes fundiques ont donc une grande importance, exocrine surtout. 2 B) Les glandes antro-pyloriques 1) Sécrétion exocrine : Il s’agit des cellules à mucus qui sécrètent du mucus et du pepsinogène II. 2) Sécrétion endocrine : Les cellules D à somatostatine Les cellules G à gastrine. 3 II- Cellule pariétale et sécrétion acide : A) Structure de la cellule pariétale : 1) Particularités de la cellule pariétale : Elle est constituée de petits canalicules sécrétoires dans lesquels est déversée la sécrétion acide. On remarque aussi la présence de tubulovésicules. Une autre particularité de la cellule est que son aspect change selon qu’elle est activée ou non. Au repos, la membrane sécrétoire et les tubulo-vésicules sont intracytoplasmiques. Lors de l’activation de la sécrétion acide, il y a fusion des tubulo-vésicules avec la membrane sécrétoire des canalicules, ce qui augmente considérablement la surface sécrétoire. 4 2) La pompe à protons : La pompe à protons est une enzyme localisée dans la membrane sécrétoire. Son but est d’échanger un ion H+ qui va sortir dans les canalicules contre un ion K+ qui va rentrer. Il s’agit donc d’une H+/K+ ATPase. On peut signaler la présence d’un canal chlore à côté de la pompe, il a un rôle important cependant le prof. ne s’est pas attardé dessus. Cette pompe consomme énormément d’énergie. En effet, elle doit lutter contre un gradient acide (le milieu intracellulaire étant neutre) afin d’obtenir un pH de 1 à l’extérieur. On a donc besoin de beaucoup d’énergie pour produire cette sécrétion. 5 B) Stimulants de la cellule pariétale : 1) L’histamine : L’histamine est le principal stimulant de la cellule pariétale. Il existe deux types de récepteurs histaminiques : le récepteur de type 1 impliqué dans les phénomènes d’allergie et le récepteur de type 2, que l’on retrouve sur les cellules pariétales. L’histamine produite par les cellules ECL se fixe sur son récepteur H2 et après une cascade d’événements cellulaires, active la pompe à protons. 2) Le nerf vague X : La stimulation du nerf vague entraine la libération d’acétylcholine. Cette acétylcholine se fixe sur son récepteur muscarinique de type 3 (R-M3) et participe à l’activation de la cellule pariétale. Le nerf vague peut également stimuler les cellules ECL (productrices d’histamine) 3) La gastrine : Elle est produite par les cellules G de l’antre, elle passe dans le sang et va activer les cellules ECL. Même si elle possède son propre récepteur au niveau de la cellule pariétale, son action principale reste la stimulation de la cellule ECL. C) Inhibiteurs de la cellule pariétale : 1) La somatostatine : C’est une substance freinatrice de toutes les sécrétions digestives. 2) La prostaglandine E2 : 6 Nous avons étudié la sécrétion acide au niveau cellulaire, maintenant nous allons voir comment ça se passe au niveau de l’organisme. III- Organisme et sécrétion acide : La sécrétion acide est stimulée par trois phases : la phase céphalique, la phase gastrique, et la phase intestinale. A) La phase céphalique : Lorsque l’on voit, sent ou goûte (sans l’avaler) quelque chose de bon, il y a stimulation du cerveau et du nerf vague. Celui-ci est aussi stimulé par l’hypoglycémie. Le nerf vague étant un des stimulants de la cellule pariétale, son activation va logiquement entrainer la stimulation de cette cellule, mais aussi dans des moindres mesures celle de la cellule G à gastrine et de la cellule ECL. Il y a donc mise en route de la sécrétion acide sans rien avoir ingéré, juste par la vue, le gouter et le toucher. Pendant la phase céphalique, la sécrétion acide augmente de 30%. B) La phase gastrique : 1) Les différentes étapes : L ‘aliment a été ingéré. Il y a donc distension de l’estomac grâce à des réflexes vagaux courts. Cette distension stimule la sécrétion d’acide, toujours par voie vagale. 7 Dans un deuxième temps, la sécrétion de gastrine (activatrice de la cellule ECL, elle-même productrice d’histamine) va être déclenchée par les peptones, qui sont des protéines de bas poids moléculaire, et les acides aminés de la nourriture absorbée. 2) Régulation entre la sécrétion de gastrine et la sécrétion d’acide : pH<4 : il y a augmentation de la production de somatostatine par les cellules D, ce qui entraine un blocage de la sécrétion de gastrine. La cellule ECL est donc moins stimulée, elle produit moins d’histamine. L’activation de la pompe à protons diminue. Il y a donc moins d’ions H+ rejetés dans le milieu extérieur, la sécrétion acide diminue. pH>4 : la production de somatostatine est inhibée, le sécrétion de gastrine va être levé, la cellule ECL va activée, et ainsi produire plus d’histamine. La pompe sera stimulée, rejettera plus d’ions H+ dans le milieu par conséquence la sécrétion acide augmente. frein à la donc être à protons extérieur, C) La phase intestinale : Quand le bol alimentaire arrive dans le duodénum, les lipides qu’il contient induisent la sécrétion de sécrétine et de cholécystokinine, enzymes d’origine pancréatique. Ces enzymes ont un effet inhibiteur sur la sécrétion de gastrine. Il y a donc un frein intestinal à la sécrétion d’acide gastrique. 8 D) Rôles de l’acide gastrique : Après un cours passionnant comme celui-ci, on peut légitimement se demander mais à quoi sert l’acide gastrique ??? » Bah paradoxalement, à « pas grand chose », on peut très bien vivre sans. Cependant, il a quelques propriétés physiologiques, il permet notamment la transformation du pepsinogène en pepsine, l’absorption de la vitamine B12 et du Fer. Il a aussi un rôle de « barrière infectieuse » avec un effet stérilisant protecteur. Nous allons détailler les deux premières propriétés. 1) Transformation du pepsinogène en pepsine : Les pepsinogènes I et II sont des enzymes protéolytiques qui en présence d’acide se transforment en pepsine. La pepsine a un rôle dans la dégradation des protéines alimentaires en peptones. Un pH acide est nécessaire à cette transformation. Remarque : le pepsinogène peut passer dans le sang sans conséquence pour l’organisme. Le taux de pepsinogène I est corrélé à la masse cellulaire pariétales et principales. Les individus qui souffrent de gastrite atrophique (c’est à dire qui n’ont plus ces cellules) ont un taux de pepsinogène très bas. Le dosage du pepsinogène I sanguin est donc utilisé pour dépister la gastrite atrophique. 2) Absorption de la vitamine B12 : Quand on mange de la viande, la vitamine B12 (ou cobalamine sur les diapos) est accrochée aux protéines animales. En présence de pH acide, la liaison de la vitamine B12 avec les protéines de la viande se modifie. La vitamine B12 se lie à une autre protéine, généralement d’origine salivaire. Il y a donc eu transformation de la liaison sous l’influence de l’acide. L’acide joue un rôle important dans cette dissociation. En effet, les individus qui sont sous antisécrétoires peuvent avoir une carence en vitamine B12 par défaut de dissociation. Ce composé (vitamine B12- Protéine salivaire) arrive dans le duodénum où il se lie au facteur intrinsèque. Cette combinaison facteur intrinsèquevitamine B12 parcourt tout l’intestin pour être absorbée au niveau de l’iléon grâce à des récepteurs spécifiques. 9 IV- Rôle physiopathologique de la sécrétion gastrique acide : A) Etats pathologiques et sécrétion gastrique acide : L’ulcère est une perte de substance creusante Cependant, beaucoup de questions restent sans réponses quant à sa survenue. Ce qui est certain, c’est que l’acide est indispensable pour faire un ulcère : « pas d’acide, pas d’ulcère ». Néanmoins, le fait de développer un ulcère ne dépend pas du niveau absolu d’acide gastrique. Certains ulcéreux ont en effet 10 une hypersécrétion hyposécrétion acide. d’acide gastrique, tandis que d’autres ont une De plus, il arrive que la muqueuse gastrique soit colonisée par une bactérie Helicobacter Pylori. L’implication de cette bactérie dans les mécanismes de formation de l’ulcère a été démontrée : si la bactérie est éradiquée, les gens ne font plus d’ulcère. Cependant, on ne sait pas comment Helicobacter donne un ulcère. Il a été malgré tout reconnu que l’ulcère résultait d’une rupture d’équilibre entre des facteurs d’agression qui s ‘attaquent à la paroi, comme la pepsine et l’acide, et des facteurs de protection, comme le mucus. Là encore, on ne sait pas comment le déséquilibre s’installe. L’acide gastrique a été mis en cause dans une deuxième pathologie : le Reflux Gastro Oesophagien RGO : C’est une pathologie courante dont souffre 25% de la population française. Elle entraine une oesophagite par reflux d’acide. On peut donc conclure en disant que si l’acide n’est pas une cause directe de ces pathologies, il n’en n’est pas moins un facteur incontournable. La fréquence élevée de ces pathologies a fait que les scientifiques ont cherché des moyens pour diminuer l’acidité gastrique. 11 B)Réduction de l’acidité gastrique : : Divers traitements ont été proposés Anticholinergiques comme l’atropine : c’est la méthode la plus ancienne. Elle présente une efficacité limitée, car d’action brève, et cause des effets secondaires insupportables. Antagonistes H2 : ils bloquent le R H2 (Tagamet, Azantac) Inhibiteurs de la pompe à protons : c’est le traitement actuel, il est très efficace (Mopral) L’autre solution consiste à couper le nerf vague, c’est la vagotomie. Ces divers traitements ont pour effet une réduction de la sécrétion gastrique. Par conséquence, le pH augmente (l’acidité diminue).Il y a ainsi déclenchement de la boucle de régulation : la production de somatostatine diminue, le taux de gastrine augmente. Il y a donc hypergastrinémie. L’hypergastrinémie créée par ces traitements a suscité de nombreux débats, car la gastrine a un effet trophique sur les cellules ECL et serait éventuellement responsable de tumeurs endocrines, bien que cela n’ai jamais été confirmé chez l’Homme. 12 V- Etats pathologiques et sécrétion gastrique acide : A) Trois états pathologiques : 1) L’achlorhydrie : On l’observe dans la maladie de Biermer qui est une maladie auto-immune où les cellules pariétales sont détruites. Il y a donc malabsorption de la vitamine B12 (anémie de Biermer) et hypergastrinémie. 2) L’hypochlorhydrie : La sécrétion gastrique acide est diminuée suite à un traitement par Inhibiteur de Pompe à Protons ou vagotomie. La gastrinémie est normale ou discrètement augmentée. 3) L’hyperchlorhydrie : Elle est liée à une tumeur à gastrine, en général pancréatique, qui déverse des flots d’acide dans l’estomac. Cela cause de très nombreux ulcères. C’est le syndrome de Zollinger Ellison (rare). Il y a une gastrinémie très élevée qui n’obéit pas aux freinages habituels. 13 B) Exploration de la sécrétion gastrique acide : 1) Par pHmétrie : C’est l’enregistrement de l’acidité sur 24h grâce à un holter. Ces enregistrements ont permis de voir que le pH n’était pas constant, qu’il y avait des phases acides et d’autres plus basiques. 2) Test à la pentagastrine : Il consiste à aspirer le suc gastrique chez un individu d’abord à jeun, puis après stimulation par exemple à la gastrine. On calcule le débit acide : Volume sécrété (en général en 15 mn) X concentration acide de l’échantillon On peut calculer la masse cellulaire pariétale grâce à cette méthode et donc dépister la gastrite atrophique. 3) Stimulation vagale : On stimule le nerf vague par un repas fictif ou sham feeding ou par injection d’insuline. Cela sert à voir si le nerf est intègre ou pas. 4) Test de freination de la gastrine à l a sécrétine : Si la sécrétion de gastrine est d’origine tumorale, alors il n’y aura pas de freination par la sécrétine. C’est un critère majeur pour déceler une tumeur. 14 15