
4
Commentaires
Cette observation nous amène à redéfinir le cadre des cholécystites aigües (CA) sur le plan
clinique, physiopathologique et anatomo-pathologique. Des lésions de cholécystite aiguë sont
retrouvées dans seulement 5 à 10% des vésicules biliaires examinées dans un laboratoire, loin
derrière les lésions de cholécystite chronique [1]. En outre, les lésions isolées de cholécystite
aigüe de novo sont rares ; elles viennent généralement compliquer l’évolution d’une
cholécystite chronique, dont l’origine est dans plus de 90% des cas une maladie lithiasique.
Nous avons cependant choisi d’exposer ici un cas de cholécystite aiguë dans sa forme
véritablement alithiasique, car cette entité mérite d’être connue pour sa gravité et pour son
association à des contextes cliniques particuliers comme la réanimation (notre cas), et plus
rarement des infections inhabituelles, ou des problèmes ischémiques (d’origine mécanique,
thrombo-embolique, ou même secondaires à une vascularite). La terminologie des lésions
macroscopiques et microscopiques observées dans les cholécystites aiguës [2] renvoie à la
sémiologie anatomo-pathologique générale de l’inflammation aiguë, et sera rappelée.
Caractéristiques cliniques
La cholécystite aiguë (CA) est définie cliniquement par l’apparition brutale et la persistance à
24 heures d’une douleur de colique hépatique avec fièvre, accompagnée d’une douleur et
d’une défense de l’hypochondre droit à la paplpation en inspiration (signe de Murphy), et
d’une hyperleucocytose biologique.
Dans plus de 90% des cas, la cause de la CA est la maladie lithiasique. La symptomatologie
résulte de l’enclavement persistant d’un calcul dans le collet vésiculaire (ou dans le canal
cystique), et de la distension secondaire de la vésicule. Environ 20% des patients atteints
d’une maladie lithiasique symptomatique vont développer une crise de CA. Il s’agit
majoritairement de femmes, de 60 ans environ, chez qui le tableau sera souvent bruyant. Sans
qu’on sache bien pourquoi, la corrélation entre la sévérité du tableau clinique et celle des
lésions anatomo-pathologiques est cependant médiocre [3].
Les CA alithiasiques représentent seulement 5 à 10 % des cas. Le tableau clinique est
différent [4], avec une atteinte préférentielle des hommes (2 cas sur 3) et un âge moyen plus
jeune (50 ans). De façon caractéristique, il s’agit presque toujours de patients débilités par des
traumatismes graves, des brûlures étendues, un sepsis, et/ou un choc hémodynamique ; il
existe une association avec la déshydratation, l’anesthésie (rôle des opiacés), la ventilation
assistée, la nutrition parentérale, les transfusions multiples et le diabète. Le terme de « CA de
réanimation » ou « cholécystite de stress » a donc été proposé dans ce contexte particulier. La
clinique est souvent pauvre, limitée à un fébricule et à un syndrome inflammatoire biologique,