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Revue Marocaine de Rhumatologie
durée moyenne de 4 ans dont 12 ont été suivis depuis plus
de 8 ans [45]. On a pu mettre en évidence une réduction de
l’intensité des douleurs avec disparition complète des douleurs
osseuses chez 60% des patients en réponse au traitement par
pamidronate. En outre, l’aspect radiologique s’est amélioré
chez 50% des patients avec épaississement des corticales et/
ou comblement des lacunes ostéolytiques. Enfin, 12 patients
(ayant une atteinte de l’extrémité supérieure du fémur), ont eu
une élévation significative de leur densité minérale osseuse
fémorale (15%) au site dysplasique par rapport au site sain.
D’autres équipes ont traité la dysplasie fibreuse à l’aide de
pamidronate (180 mg tous les 6 mois ou alendronate iv ou
oral) et ont noté une amélioration radiologique, une diminution
des douleurs et du remodelage osseux (CTX urinaires, ostéo
calcine et hydroxyprolinurie) tant chez des adultes que chez
des enfants atteints de syndrome de Mc Cune Albright [46]. En
revanche, dans une série canadienne d’enfants et d’adolescents
traités par pamidronate (3mg/kg/cure tous les 4 mois),
aucune amélioration n’a été identifiée malgré une réduction
significative du remodelage osseux [47]. Bien que les études
récentes concernant les bisphosphonates dans la dysplasie
fibreuse des os soient encourageantes, elles sont issues d’études
pilotes ouvertes ou de séries ne portant que sur quelques
dizaines de patients ce qui peut être à l’origine d’incertitudes.
C’est pourquoi, l’essai PROFIDAY qui est un véritable essai
thérapeutique randomisé contrôlé contre placebo en double
insu va tester l’efficacité d’un bisphosphonate habituellement
utilisé dans la maladie de paget : le risèdronate dans le
traitement de la dysplasie fibreuse. Cet essai est multicentrique
et européen recrutant 156 patients.
• Autres indications :
- Ostéoarthropathie hypertrophiante pneumique : Une étude
rétrospective faite par Speden et al. en 97, a montré une
amélioration clinique et radiologique de cette maladie dès la
première semaine et jusqu’à 3 mois après une perfusion de
pamidronate [48].
- Arthropathie nerveuse de Charcot : Un essai randomisé réalisé
sur 39 cas traités par perfusion de pamidronate 90 mg contre
placebo (sérum salé), a montré une amélioration significative
de la douleur [49].
- Syndrome SAPHO : (syndrome : synovite, acné, pustulose,
hyperostose, ostéite) : Une étude rétrospective menée par
Guignards et al. en 2002 [50] concernant 5 patients, a montré
une amélioration des douleurs après 3 jours consécutifs de
pamidronate à la dose de 60 mg/j par voie intraveineuse
seulement chez 4 patients. Il n’y a pas eu de réponse dans un
seul cas.
- Myosite ossifiante progressive (MOP) : Les bisphosphonates, de
part leur action d’inhibition des dépôts calciques dans les tissus
ont été prescrits dans la myosite ossifiante progressive (MOP)
à la phase aiguë de la maladie. En effet, Brantus J.F, dans une
étude ouverte sur 31 cas de MOP traités par de l’étidronate
en intraveineux associé à une corticothérapie orale, a observé
une nette amélioration des signes inflammatoires locaux
dans 29 cas et l’absence de nouvelles localisations dans 21
cas [51]. D’autres publications de cas isolés de MOP traités
par de l’étidronate ont rapporté des résultats aléatoires. Une
amélioration voire une stabilisation des lésions a été notée pour
certains [52,53] tandis qu’une absence de bénéfice est notée
pour d’autres [54]. En outre, l’utilisation des bisphosphonates
dans la MOP est peu documentée. Seuls quelques cas isolés
ont été rapportés [55, 56, 57].
CONCLUSION
L’intérêt de l’utilisation des bisphosphonates dans certaines
pathologies associées à une déminéralisation osseuse (comme
l’ostéoporose et l’ostéolyse maligne) a été bien démontré.
Dans ce cadre, les innovations concernent essentiellement le
développement de nouvelles molécules plus puissantes ou
d’administration intermittente. L’extension de l’utilisation des
bisphosphonates à de nombreuses affections ostéo articulaires
constitue actuellement une voie de recherche prometteuse
mais il reste indispensable de réaliser des études prospectives
randomisées et contrôlées contre placebo sur de plus larges
effectifs afin de pouvoir évaluer l’effet thérapeutique de ces
molécules dans certaines indications comme les rhumatismes
inflammatoires chroniques, l’algodystrophie, la dysplasie fibreuse
des os… et essayer ainsi de valider et de confirmer le bénéfice
potentiel attendu par ces molécules.
DÉCLARATION D’INTÉRÊT
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.
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FMC