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La Lettre du Rhumatologue - n° 339 - février 2008
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Ostéonécrose de la mâchoire
associée à un traitement par bisphosphonates :
extraits du rapport de la “task force” de l’ASBMR
et recommandations françaises
O
n peut avancer diérentes expli-
cations pour expliquer l’agitation
importante que suscite le pro-
blème des ostéonécroses de la mâchoire
(ONM) induites par les bisphosphonates,
mais force est de reconnaître qu’une fois
encore le défaut d’information sur un
risque jusque-là méconnu a largement
favorisé des prises de position exagé-
rées et, pour tout dire, irrationnelles au
regard des données scientiques. Un
amalgame très préjudiciable est actuel-
lement fait entre une situation théra-
peutique utilisant les bisphosphonates
à forte dose chez des patients traités
pour cancer et combinant de nombreux
autres facteurs de risque, et l’utilisation
des bisphosphonates dans le traitement
de l’ostéoporose dont le recul remonte
à près de 20 ans.
Il faut maintenant à la fois informer tous
les professionnels de santé ainsi que les
malades et calmer les esprits. C’est le but
des recommandations de la “task force”
de l’American Society of Bone and Mineral
Research (ASBMR) publiées à la n de
l’année 2007, sur le plan international,
et de la lettre aux prescripteurs récem-
ment publiée sur le site de l’Afssaps,
sur le plan français. Ces diérents docu-
ments, ainsi qu’une mise au point sur
ce sujet, vous sont présentés dans cette
revue par Pascal Guggenbuhl.
De notre point de vue de rhumato-
logues, on peut bien sûr regretter
l’alourdissement de la prise en charge
que sous-entend cette lettre aux pres-
cripteurs alors que l’ONM est, pour ce
que l’on en sait actuellement, un évé-
nement indésirable certes grave, mais
exceptionnel. Je rappelle que l’incidence
estimée dans le cadre de patientes
recevant des bisphosphonates pour le
traitement d’une ostéoporose est entre
1/40 000 et 1/100 000 patients/année.
Dans la situation de crise actuelle, il
était cependant indispensable de tenir
compte du point de vue et des inquié-
tudes de l’ensemble des professionnels
de santé concernés, et particulièrement
des dentistes. Quand on y regarde de
plus près, ces recommandations ne
sont nalement pas très diérentes de
ce que le bon sens recommande, puis-
qu’il est précisé que la mise en route
du traitement ne doit pas être retardée
chez les patientes à haut risque de faire
une fracture, c’est-à-dire l’essentiel de
la cible thérapeutique. À l’occasion
de la mise en route d’un traitement, il
convient donc de rappeler les règles
d’une bonne hygiène bucco-dentaire,
qui inclut un suivi spécialisé annuel. Il
revient maintenant à chacun d’entre
nous de faire cet eort supplémentaire
d’information et de communication à
destination des patients afin qu’un
retour à une situation plus rationnelle
fondée sur les évidences scientiques
puisse être envisagé.
T. Thomas
(
Équipe INSERM U890,
service de rhumatologie, hôpital Bellevue,
Saint-Étienne).
Risque méconnu, désinformation, rumeur :
la mauvaise spirale