Lycée Charlemagne TS Quelques éléments de logique mathématique Les objets de la logique sont des propositions (on dit aussi assertions ); une proposition est un énoncé dont on peut décider sans ambiguïté s'il est vrai ou faux . Exemples : « Le triangle ABC est isocèle » ; « le nombre 927 est premier » . Par contre l'énoncé : « 1327 est un grand nombre » n'est pas une proposition au sens mathématique du terme (qu'est-ce que signifie grand ?) . On notera P , Q ,R .... des propositions. I L'implication et sa contraposée Exemple : R = « Si x 3 alors x 23 » est une proposition composée de 2 autres propositions . P≝ x 3 et Q≝ x 23 peuvent être chacune vraie ou fausse ( tout dépend de x ), mais R affirme que si P est vraie alors Q est vraie; on dit aussi P implique Q . Si P et Q sont des propositions , l'implication P ⇒ Q est aussi une proposition qui est fausse uniquement si P est vraie et Q est fausse . Implique est une opération sur les propositions. Règle1 : Pour prouver qu'une implication P ⇒ Q est fausse il suffit de prouver que l'on peut avoir simultanément P vraie et Q fausse . Exemple . L'implication : pour tout réel x x2 3⇒ x 3 est fausse puisqu'en prenant x= -2 on a: 2 −2 3 et −2≤ 3 On note non(P) la négation de P . Donc non P ⇒Q ≡[ P et nonQ] ( on a utilisé le signe ' ≡' pour « est synonyme de »; sous-entendu pour toutes propositions P et Q : c'est un théorème de logique ) Condition nécessaire (CN) : Il faut que x 23 pour que l'on ait x 3 , mais ce n'est pas suffisant (il faudrait en outre (x>0) Condition suffisante (CS) : il suffit que x 3 pour que x 23 mais ce n'est pas nécessaire . Donc si P ⇒ Q (dans l'exemple x 3 ⇒ x2 3 ) alors : Q est une CN pour P ; P est une CS pour Q . Lien avec les ensembles: Soit P(x) et Q(x) deux propositions dépendant d'une variables x ; on pose A≝{x ; P x} et B≝{x ;Q x } alors: P ⇒ Q ≡ A⊂ B Dans l'exemple : A= ] 3 ;∞ [ B=]−∞ ;− 3[ ∪ ] 3 ;∞ [ Contraposée : Supposons qu'on veuille prouver dans ℕ l'implication : « si n 2 est impair alors n est impair » . On peut raisonner de la façon suivante : supposons n² impair . Si n est pair , n s'écrit n=2p avec p entier donc n²=4p² =2(2p²) serait pair , ce qui est contradictoire avec l'hypothèse . On en déduit donc que n est impair . On dit qu'on a raisonné par l'absurde. En fait au lieu de prouver P ⇒ Q on a prouvé nonQ ⇒ non P L'implication nonQ ⇒ non P est la contraposée de P ⇒ Q Règle 2: il est équivalent de prouver une implication ou sa contraposée Règle 3 : il y a transitivité de l'implication : si P ⇒ Q et Q ⇒ R alors P ⇒ R Implications réciproques Les implications P ⇒ Q et Q ⇒ P sont réciproques l'une de l'autre mais elles n'ont pas nécessairement les mêmes valeurs de vérité . Exemple : x 3⇒ x2 3 est vraie ; mais x2 3⇒ x 3 est fausse En maths, on n'écrit - si possible – que des affirmations vraies et on ne précise donc pas en général « est vraie ». Si la proposition P est fausse , on écrira « non P » (sous-entendu est vraie). II L'équivalence Deux propositions P et Q sont équivalentes si chacune implique l'autre. P ⇒ Q et Q ⇒ P Donc P ⇔ Q signifie ( P ⇒ Q et Q ⇒ P ) On lit « P équivaut à Q » ou « P si et seulement si Q) . Q est une condition nécessaire et suffisante (CNS) pour P. Lien avec les ensembles : P ⇔ Q signifie que A=B Exemple: Soit x et y , 2 réels on veut prouver l'équivalence : ∣x y∣=∣x∣∣y∣⇔ xy≥ 0 On dispose de 2 méthodes : – soit démontrer une implication puis ensuite sa réciproque – soit procéder par équivalences (mais il faut être certain que toutes les affirmations sont bien équivalentes) P≝∣x y∣=∣x∣∣ y∣ 2 2 P ⇔ x y =∣x∣∣y∣ = x2 y2 2∣xy∣⇔ xy=∣xy∣⇔ xy ≥0 CQFD On a utilisé les propriétés suivantes : 1) si a ≥0 et b ≥0 alors a= b ⇔ a2 =b2 2 2) ∣x∣ = x 2 3) ∣x∣∣ y∣=∣xy∣ et 4) x=∣x∣⇔ x ≥0 Soit III « Et » ; « Ou » « et » signifie toujours en maths « à la fois » : la proposition (P et Q) n'est vraie que si P et Q sont simultanément vraies . Ce n'est pas toujours le cas en français : quand un cinéma annonce « réductions aux étudiants et aux chômeurs » on peut avoir une réduction même si on n'est pas à la fois étudiant et chômeur. Exemple : Soit a et b deux réels a 2b2 =0 ⇔ a =0 et b=0 Lien avec les ensembles : {x ; P x et Q x }= A∩B « ou » est toujours en maths (sauf précision contraire) un « ou » inclusif . La proposition (P ou Q) est vraie soit si P est vraie et Q fausse , soit si P est fausse et Q vraie soit si (P et Q) est vraie . Elle est donc fausse dans un seul cas : si P et Q sont fausses . Exemple : soit a et b 2 réels ab =0 ⇔[ a =0 ou b =0] et ab ≠0 ⇔ a ≠0et b≠0 Lien avec les ensembles : {x ; P x ou Q x }= A∪B Règle 4 : non(P ou Q)= (nonP) et (non Q) de même non( P et Q)= (non P) ou (non Q) Exemples 1) le nombre 26 n'est pas « impair ou multiple de 3 » en effet 26 n'est pas impair (non P) et 26 n'est pas multiple de 3 (non Q). nonP = x 0 ou 1 x 2) Soit P: 0≤ x ≤1 P est une abréviation de 0 ≤ x et x ≤1 IV Les quantificateurs 1) quantificateur existentiel Si l'on ne précise pas ce qu'est x on ne peut pas se prononcer sur la validité de (0 <x<1) ; mais par contre , on peut dire que « il existe au moins un réel x tel que 0<x<1 » est une proposition vraie . On écrit ∃ x ∈ℝ : 0 x 1 ∃ est le quantificateur existentiel Lorsqu'on veut préciser qu'il existe un et un seul , on utilise le point d'exclamation : « ∃ ! n ∈ℕ :0,5 n 1,5 » (en effet c'est 1) 2) quantificateur universel On peut affirmer que « pour tout réel x x 2≥0 . » On note ∀ x∈ℝ ; x 2≥0 . Pour tout , quelque soit, ∀ , est le quantificateur universel. 3) négation d'une proposition quantifiée : Il est faux de dire que tous les réels sont positifs en effet : il existe des réels négatifs ou nuls . Autrement dit non ∀ x∈ℝ ; x0⇔∃ x∈ℝ ; x≤0 . De même la négation de l'affirmation « il existe un élève de la classe qui a plus de 20 ans » est « tous les élèves ont 20 ans au plus » Règle 5 non ∀ x P x⇔ ∃ x nonP x et non ∃ x P x⇔ ∀ x nonP x Conséquence pratique : pour prouver qu'une affirmation universelle est fausse il suffit de donner un contreexemple ( un exemple qui va contre!) L'affirmation « la fonction définie sur ℝ par f x = x 2 x est paire » est fausse . En effet non ∀ x ∈ℝ f x = f −x ⇔∃ x ∈ℝ f − x ≠ f x et il suffit de prendre x=1 V Le raisonnement par récurrence n2 n2 n 2 Exemple on veut prouver : ∀ n∈ℕ ; 5 ≥4 3 n2 n2 n2 On pose P n=5 (c'est une proposition qui dépend de n ) ≥4 3 1)On commence par initialiser: Pour n=0 52 =25 et 42 3 2=16 9=25 On a donc P(0) ( sous-entendu est vraie) 2) Hérédité On démontre que pour tout n , si la propriété est vraie au rang n elle est également vraie au rang (n+1). Autrement dit ∀ n ∈ℕ : P n ⇒ P n 1 . Soit n un entier . Si 5n 2 ≥ 4 n2 3n2 alors en multipliant l'inégalité par 5 on obtient : n 3 n2 n2 . Or 5×4n2 ≥4× 4n 2 et 5×3n 2 ≥3×3n2 ; 5 ≥5×4 5×3 n 3 n 3 n3 donc 5 qui est la propriété P(n+1) . On vient d'établir ∀ n ∈ℕ : P n ⇒ P n 1 ≥4 3 3) Conclusion . Puisque la propriété est vraie au rang 0 et est héréditaire elle est toujours vraie sur ℕ Le principe de récurrence est donc : Soit une propriété P(n) telle que : a) P n0 est vraie et b) ∀ n≥ n 0 : P n ⇒ P n1 alors ∀ n≥ n 0 : P n