TH´
EOR`
EME DU CHANGEMENT DE BASE LISSE
ANNA CADORET
Contents
1. Introduction 1
2. Enonc´es 2
2.1. Morphisme de changement de base 2
2.2. Interlude sur les morphismes de bord d’une suite spectrale cohomologique 2
2.3. Acyclicit´e 3
2.4. Th´eor`eme de changement de base 4
3. Preuve du th´eor`eme 2.4 5
3.1. Cas o`u π:X0Xest compactifiable 5
3.2. Cas g´en´eral 6
4. Preuve du th´eor`eme 2.5 - esquisse 7
4.1. un crit`eres d’acyclicit´e 7
4.2. Preuve du th´eor`eme 2.5 11
5. Applications 14
5.1. Invariance de la cohomolohie ´etale par extension de corps s´eparablement clos 14
5.2. Th´eor`eme de sp´ecialisation de la cohomologie pour les morphismes propres et lisses 15
References 19
1. Introduction
Ces notes sont une version d´etaill´ee de mon expos´e sur le th´eor`eme du ’changement de base lisse’.
Je me suis essentiellement bas´ee sur les trois tomes de SGA 4 et Etale Cohomology, de Milne. Comme
on le verra, le th´eor`eme du ’changement de base lisse’ est la conjonction de ce qu’on pourrait appeler
le th´eor`eme du ’changement de base universellement localement acyclique’ (th´eor`eme 2.4), qui est une
cons´equence du th´eor`eme du changement base propre et du fait que tout morphisme lisse est uni-
versellement localement acyclique (th´eor`eme 2.5) qui, lui, ne r´esulte pas du th´eor`eme de changement
de base propre.
Etant donn´e un sch´ema X, on notera toujours Xet le petit site ´etale sur Xet S(Xet) la cat´egorie des
faisceaux en Z-modules sur Xet. On fera ´egalement l’hypoth`ese que tous les sch´emas sont localement
noetheriens. En particulier, les morphismes sont automatiquement quasi-s´epar´es. Cela permettra
d’utiliser le lemme suivant.
Lemma 1.1. [SGA4, VII.5.11](’La cohomologie commute `a certaines limites projectives’) Soit (Yj
Yi)j>i et (XjXi)j>i deux syst`emes projectifs de sch´emas sur X`a morphismes de transition affines
et (fi:YiXi)iun morphisme de syst`emes projectifs de sch´emas sur Xtel que les fi:YiXisont
quasi-compacts et quasi-s´epar´es. Notons
f:= lim
fi:Y:= lim
YiX:= lim
Xi
Pour tout i0et F ∈ S(Yi0et), notons Fi:= F|Yi,i>i0. Alors les morphismes canoniques
lim
(RnfiFi)|X˜Rnf∞∗(F|X), n 0
Date: Rencontre ARIVAF 30 mai - 1er juin 2011, Paris.
1
2 ANNA CADORET
sont des isomorphismes.
2. Enonc´
es
2.1. Morphisme de changement de base. A tout carr´e commutatif de sch´emas
Y
π
Y0
f0
oo
π0
X X0
f
oo
on peut associer des morphismes de foncteurs S(Yet)→ S(X0
et)
fRiπRiπ0
f0, i 0
appel´es morphismes de changement de base lorsque le carr´e ci-dessus est cart´esien.
En degr´e i, ce morphisme est d´efini comme l’adjoint de la compos´ee
RiπRiπf0
f0Ri(πf0)f0=Ri(fπ0)f0fRiπ0
f0,
o`u la premi`ere fl`eche est le foncteur Riπappliqu´e au morphisme d’adjonction
Id f0
f0,
la deuxi`eme fl`eche est le morphisme de bord Ei,0
2Eide la suite spectrale de Leray
RiπRjf0
Ri+j(πf0)
et la derni`ere fl`eche est le morphisme de bord EiE0,i
2de la suite spectrale de Leray
RifRjπ0
Ri+j(fπ0).
On voit donc qu’une condition suffisante pour que ces morphismes soient des isomorphismes est la
combinaison de (1), (2), (3) et (4) ci-dessous.
(1) Le morphisme d’adjonction F f0
f0Fest un isomorphisme;
(2) Le morphisme de bord Ei,0
2Eide RiπRjf0
F Ri+j(πf0)Fest un isomorphisme;
(3) Le morphisme de bord EiE0,i
2de RifRjπ0
F Ri+j(fπ0)Fest un isomorphisme;
(4) Le morphisme d’adjonction ff(Riπ0
f0F)Riπ0
f0Fest un isomorphisme.
2.2. Interlude sur les morphismes de bord d’une suite spectrale cohomologique. Soit
Ei,j
2Ei+j
une suite spectrale cohomologique (i.e. Ei,j
2= 0 pour i < 0 ou j < 0). En calculant les feuilles
successives en degr´e (0, n) et (n, 0), on obtient, respectivement
E0,n
2 E0,n
3· · ·  E0,n
En
et
En,0
2En,0
3· · · En,0
En.
Ce sont ces compos´ees EnE0,n
2et En,0
2Enqu’on appelle les morphismes de bords. Par d´efinition
d’une suite spectrale cohomologique, on voit imm´ediatement que
Ei,j
2= 0, i+jn,i1E0,n
˜E0,n
2
Ei,ni
2= 0, i1En˜E0,n
Ei,j
2= 0, i+jn,j1En,0
2˜En,0
Enj,j
2= 0, j1En,0
˜En
Les conditions suffisantes (1), (2), (3) et (4) du paragraphe pr´ec´edent sont donc impliqu´ees par
(1) Le morphisme d’adjonction F f0
f0Fest un isomorphisme;
(2) Rjf0
F= 0, j1;
(3) RifF= 0, i1;
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EME DU CHANGEMENT DE BASE LISSE 3
(4) Le morphisme d’adjonction ff(Riπ0
f0F)Riπ0
f0Fest un isomorphisme.
Les propri´et´es (1), (2), (3), lorsqu’on se restreint aux morphismes π:YX´etales de pr´esentation
finie (ou quasi-finis), caract´erisent la notion d’acyclicit´e, qui est la ’bonne’ notion pour que les mor-
phismes de changement de base soient des isomorphismes.
2.3. Acyclicit´e.
Proposition 2.1. Soit Soit Pun ensemble (´eventuellement vide) de nombre premier et f:YX
un morphisme de sch´emas. Pour tout g:X0X, on utilisera les notations suivantes
Y
f
Y0
g0
oo
f0
X X0
g
oo
Les conditions (1) `a (4) ci-dessous sont alors ´equivalentes.
(1) Pour tout morphisme g:X0X´etale de pr´esentation finie et pour tout faisceau F0∈ S(X0
et)
de torsion dont la torsion est premi`ere `a P, le morphisme d’adjonction
F0f0
f0F0
est un isomorphisme et Rif0
(f0F0)=0,i1.
(2) Pour tout morphisme g:X0X´etale de pr´esentation finie et pour tout faisceau F0∈ S(X0
et)
de torsion dont la torsion est premi`ere `a P, les morphismes canoniques
Hi(X0,F0)Hi(Y0, f0F0), i 0
sont des isomorphismes.
(3) Pour tout morphisme g:X0Xquasi-fini et pour tout faisceau F0∈ S(X0
et)de torsion dont
la torsion est premi`ere `a P, le morphisme d’adjonction
F0f0
f0F0
est un isomorphisme et Rif0
(f0F0)=0,i1.
(4) Pour tout morphisme g:X0Xquasi-fini et pour tout faisceau F0∈ S(X0
et)de torsion dont
la torsion est premi`ere `a P, les morphismes canoniques
Hi(X0,F0)Hi(Y0, f0F0), i 0
sont des isomorphismes.
On dit qu’un morphisme f:YXqui v´erifie les conditions ´equivalentes (1), (2), (3), (4) ci-dessous
est P-acyclique. On dit qu’un morphisme f:YXest localement P-acyclique si pour tout yY
le morphisme induit spec(OY,y)spec(OX,f(y)) est P-acyclique. Enfin, on dit qu’un morphisme
f:YXest universellement (localement) P-acyclique si pour tout morphisme g:X0X, le
morphisme f0:Y0X0est encore (localement) P-acyclique.
Remark 2.2. Attention, un morphisme P-acyclique n’est pas forc´ement localement P-acyclique. Pour
le lien, relativement subtil, entre acyclicit´e et acyclicit´e locale, cf. th´eor`eme 4.5.
Preuve de la proposition 2.1. (3) (1) et (4) (2) sont imm´ediats puisque tout morphisme ´etale de
pr´esentation finie est quasi-fini.
Montrons d’abord (1) (2). (2) implique que RiIdX0F0˜Rif0
F0, 0 indonc (1). Pour (1)
(2), rappelons que le morphisme canonique Hi(X0,F0)Hi(Y0, f0F0) est d´efini comme la compos´ee
Hi(X0,F0)(a)
Hi(X0, f0
f0F0)(b)
Hi(Y0, f0F0),
o`u (a) est le foncteur sections globales appliqu´e au morphisme d’adjonction F0f0
f0F0et (b) est
le bord de la suite spectrale de Leray
Ep,q
2= Hq(X0, Rpf0
f0F0)Hp+q(X0, f0F0)
4 ANNA CADORET
(1) implique, d’une part, que (a) est un isomorphisme et, d’autre part, que Ep,q
2= 0, p1, ce qui
`a son tour implique que (b) est un isomorphisme, i0. Notons que l’argument ci-dessus montre
´egalement (3) (4).
Montrons maintenant (1) (3). Comme (3) est locale sur X0
et, le lemme suivant permet de se
ramener au cas o`u g:X0Xest fini.
Lemma 2.3. [M80, VI 6.4.7] (les morphismes quasi-finis sont finis localement pour la topologie ´etale)
Pour tout morphisme g:X0Xquasi-fini, il existe un recouvrement ui:X0
iX0,iIdans X0
et
tel que, pour tout iIon a un carr´e cart´esien
Xi
ui
X0
i
gi
oo
u0
i
X X0
g
oo
avec ui:XiX´etale et gi:X0
iXifini.
Or, pour un morphisme g:X0Xfini, le foncteur g:S(X0
et)→ S(Xet) est exact et commute `a
tout changement de base [M80, II 3.5.c, 3.6 et 3.8]. En particulier
gRif0
(f0F0) = Rigf0
(f0F0) = Ri(gf0)(f0F0) = Ri(fg0)(f0F0) = Rifg0
(f0F0) = Rif(fgF0)
Comme f:YXest acyclique, le morphisme d’adjonction gF0f(fgF0) est un isomorphisme
et Rif(fπF0) = 0, i1. On en d´eduit (3) en passant aux germes et en utilisant que g:YX
est fini donc surjectif.
2.4. Th´eor`eme de changement de base.
Theorem 2.4. (Changement de base universellement localement acyclique) Soit Pun ensemble de
nombres premiers. Pour tout carr´e cart´esien de sch´emas
Y
π
Y0
f0
oo
π0
X X0
f
oo
avec f:X0Xuniversellement localement acyclique pour Pet π:YXquasi-compact et pour
tout F ∈ S(Yet)de torsion dont la torsion est premi`ere `a P, les morphismes de changement de base
fRiπF Riπ0
f0F, i 0
sont des isomorphismes.
Le th´eor`eme qu’on appelle classiquement le th´eor`eme du changement de base lisse est la combinaison
du th´eor`eme 2.4 et de l’´enonc´e suivant.
Theorem 2.5. Tout morphisme lisse f:X0Xest universellement localement acyclique pour
char(X)(o`u char(X)esigne l’ensemble des caract´eristiques r´esiduelles de X).
Dans la suite de cet expos´e je vais
- Donner la preuve du th´eor`eme 2.4;
- Esquisser la preuve du th´eor`eme 2.5;
- Enoncer et prouver deux applications classiques des th´eor`emes 2.4 et 2.5 `a savoir
– L’invariance de la cohomologie ´etale par extension de corps s´eparablement clos;
– La sp´ecialisation de la cohomologie ´etale pour un morphisme propre et universellement localement
acyclique.
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EME DU CHANGEMENT DE BASE LISSE 5
3. Preuve du th´
eor`
eme 2.4
3.1. Cas o`u π:X0Xest compactifiable. Soit
Y
π
i//Y
π
~
~
~
~
~
~
~
~
X
une compactification de π:YXi.e. π:YXest propre et i:Y Yest une immersion ouverte
(pas forc´ement d’image dense). On consid`ere les notations
X0
f
(1)
Y0
f0
π0
oo
(2)
Y0
f0
i0
oo
X Y
π
ooY
i
oo
On va montrer que les morphismes de changement de base sont des isomorphismes dans les deux carr´es
cart´esiens (1) et (2) et en d´eduire que les morphismes de changement de base sont des isomorphismes
dans le carr´e cart´esien (1) (2) en passant `a la limite dans les suites spectrales de Leray associ´ees
aux compos´ees des fl`eches horizontales. Le fait que les morphismes de changement de base sont des
isomorphisme dans (1) r´esulte du th´eor`eme de changement de base propre et le fait que les morphismes
de changement de base sont des isomorphisme dans (2) r´esulte de l’acyclicit´e locale de f:X0X.
Plus pr´ecis´ement, le th´eor`eme du changement de base propre (pour π:X0Xet RjiF0) implique
que les morphismes de changement de base
fRiπ(RjiF) ˜Riπ0
f
0(RjiF), i, j 0
sont des isomorphismes. Par ailleurs, les morphismes de changement de base
f
0RjiF˜Rji0
f0F, j 0
sont aussi des isomorphismes. En effet, pour tout y0Y0notons
˜
Y0:= spec(OY0,y0),˜
Y:= spec(OY ,f0(y0))
et consid´erons le cube commutatif suivant, dont les quatres faces lat´erales sont suppos´ees cart´esiennes.
˜
Y
˜
Y0
oo
~~}
}
}
}
}
}
}
}
Y
Y0
oo
˜
Y
˜
Y0
oo
Y Y 0
oo
Avec ces notations, on a
Hj(˜
Y , F|˜
Y)=(RjiF)f(y0)= (f
0RjiF)y0Rji0
f0Fy0= Hj(˜
Y0, f0F|˜
Y0)
Comme f:X0Xest universellement localement acyclique, il en est de mˆeme de f0:Y0Y. Donc
˜
f0:˜
Y0˜
Yest acyclique et, par cons´equent, Hj(˜
Y , F|˜
Y) ˜Hj(˜
Y0, f0F|˜
Y0) est un isomorphisme. En
appliquant les foncteurs Riπ0
aux isomorphismes f
0RjiF˜Rji0
f0F, on obtient des isomorphismes
fRiπ(RjiF) ˜Riπ0
(f
0RjiF) ˜Riπ0
(Rji0
f0F), i, j 0.
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