Construction de l’ensemble des entiers relatifs Denis Vekemans ∗ On suppose l’ensemble des entiers naturels construit sur lequel l’addition et la multiplication sont définies. 1 Problème de la différence de deux entiers naturels] Soient a et b deux entiers naturels, l’équation x + b = a admet une solution d = a − b dans l’ensemble uniquement dans le cas ou a ≥ b, si a < b l’équation x + b = a n’a pas de solution. Exemples – L’équation x + 3 = 4 admet pour solution unique x = 4 − 3 = 1 dans l’ensemble des entiers naturels ; – l’équation x + 4 = 1 n’admet aucune solution dans l’ensemble des entiers naturels. Ce problème va engendrer la construction de l’ensemble des entiers relatifs, on peut remarquer que pour un entier naturel fixé d, il existe une infinité de couples (a; b) d’entiers naturels tel que d est la différence a − b. Exemple 3 = 5 − 2 = 6 − 3 = 18 − 15 = 13 − 10 = 100 − 97 = . . . Considérons un entier naturel d fixé et soient deux couples d’entiers naturels (a; b) et (a′ ; b′ ) tels que d = a − b = a′ − b′ . Si a − b = a′ − b′ alors a + b′ = a′ + b, mais cette dernière relation a + b′ = a′ + b n’est pas uniquement vérifié dans le cas ou a ≥ b et a′ ≥ b′ . Exemple Les couples (3; 8) et (2; 7) sont tels que 3 + 7 = 2 + 8 et pourtant 3 < 8 et 2 < 7. 2 Construction de l’ensemble des entiers relatifs Dans un premier temps, on s’intéressera à l’ensemble Z des entiers relatifs à l’ensemble produit des couples de N2 , muni de la relation précédente, deux couples (a; b) et (a′ ; b′ ) définirons le même élément si et seulement si a + b′ = a′ + b ; dans le cas ou a ≥ b et a′ ≥ b′ les couples (a; b) et (a′ ; b′ ) définissent toujours l’entier naturel d = b − a = b′ − a′ . La relation vérifiée par deux couples (a; b) et (a′ ; b′ ) quelconque de N2 : a + b′ = a′ + b est bien une relation d’équivalence, notons la ≡. On définit un entier relatif comme étant l’ensemble des classes de couples équivalents par la relation ≡. ∗ Laboratoire de mathématiques pures et appliquées Joseph Liouville ; 50, rue Ferdinand Buisson BP 699 ; 62 228 Calais cedex ; France 1 PLC1 Construction de l’ensemble des entiers relatifs 2006 Exemple (0; 5), (1; 6), (2; 7) ,(3; 8), (4; 9), . . . appartiennent à la même classe d’équivalence. Ils représentent un entier relatif (que l’on notera (−5)). 2.1 Addition sur Z Si (a; b) et (c; d) sont deux couples d’entiers naturels tels que a ≥ b et c ≥ d, alors le couple (a; b) définit le nombre entier naturel a − b et le couple (c; d) définit le nombre entier naturel c − d, et additionner a − b et c − d revient à calculer (a + c) − (c + d). Il n’était pas nécessaire d’utiliser cette propriété pour additionner 2 et 6 mais pour définir une addition qui coïncide quand les entiers relatifs sont des entiers naturels. On définit donc l’addition sur N2 pour tous couples (a; b) et (c; d) d’entiers naturels par (a; b) + (c; d) = (a + c; b + d). Cette addition sur N2 est une loi interne, commutative, associative et l’élément (0; 0) est l’élément neutre pour cette loi. De plus, elle est compatible avec la relation ≡, et elle induit donc sur Z une addition commutative, associative, admettant pour élément neutre la classe des éléments équivalents à (0; 0). 2.2 Notation des entiers relatifs Le dernier couple de chaque liste est appelé couple canonique il représente comme les autres le même entier relatif mais ces éléments sont les plus petits possibles. La classe d’équivalence du couple canonique (n; 0) où n est un entier naturel non nul est appelé entier relatif strictement positif, on la note +n ou tout simplement n. La classe d’équivalence du couple canonique (0; n) où n est un entier naturel non nul est appelé entier relatif strictement négatif on la note −n. La classe d’équivalence du couple canonique (0; 0) est appelé entier relatif nul on la note 0. L’entier naturel n est appelé valeur absolue du nombre relatif n ou −n. 2.3 Multiplication sur Z On définit d’abord une "multiplication" sur l’ensemble N2 . On définit donc l’addition sur N2 pour tous couples (a; b) et (c; d) d’entiers naturels par (a; b) × (c; d) = (a × c + b × d; a × d + b × c). On démontre que cette multiplication sur N est une loi interne, commutative et distributive par rapport à l’addition, qu’elle admet pour élément neutre le couple (1; 0) et qu’elle est compatible avec la relation d’équivalence ≡. Elle induit donc sur Z une multiplication commutative, associative, distributive par rapport à l’addition et admettant pour élément neutre la classe des éléments équivalents à (1; 0). Remarque (Z, +, ×) est un anneau d’intégrité commutatif et unitaire. –2/4– Mathématiques PLC1 3 2006 Construction de l’ensemble des entiers relatifs Comparaison de deux entiers relatifs Soient a, b, c trois entiers relatifs. 3.1 Relation d’ordre sur Z Considérons la relation notée ≥ définie sur Z par : a ≥ b ⇐⇒ (a − b) ∈ Z+ . Cette relation est une relation d’ordre total sur Z et on dit a est supérieur ou égal à b. Considérons la relation notée ≤ définie sur Z par : a ≤ b ⇐⇒ (b − a) ∈ Z+ . Cette relation est une relation d’ordre total sur Z et on dit a est inférieur ou égal à b. 3.2 Relation d’ordre strict sur Z La relation notée > définie sur Z par : a ≥ b et a 6= b est une relation d’ordre strict sur Z. On dit a est strictement supérieur à b. La relation notée < définie sur Z par : a ≤ b et a 6= b est une relation d’ordre strict sur Z. On dit a est strictement inférieur à b. 3.3 Propriétés Les(relations ≤ et ≥ sont compatibles avec l’addition sur Z et la multiplication sur Z+ : a≥b – =⇒ a + c ≥ b + c. c∈Z ( a≥b – =⇒ a × c ≥ b × c. c ∈ Z+ ( a≤b – =⇒ a + c ≤ b + c. c∈Z ( a≤b – =⇒ a × c ≤ b × c. c ∈ Z+ Autres propriétés : – On(change le sens d’une inégalité quand on multiplie les deux membres par un nombre négatif : a≥b – =⇒ a × c ≤ b × c. c ∈ Z− ( a≤b – =⇒ a × c ≥ b × c. c ∈ Z− – Tout entier positif est supérieur ou égal à 0. – Tout entier négatif est inférieur ou égal à 0. –3/4– Mathématiques PLC1 Construction de l’ensemble des entiers relatifs 2006 – Tout entier positif est supérieur ou égal à tout entier négatif. – Tout sous ensemble majoré de Z admet un plus grand élément. – Tout sous ensemble minoré de Z admet un plus petit élément. – L’anneau (Z, +, ×) est archimédien : pour tout entier relatif non nul x et tout entier relatif y il existe un entier relatif n tel que nx > y. –4/4– Mathématiques