Le système osseux. II. Les fractures (notions générales).

Le système osseux¹
II. Les fractures (notions générales)
par le Dr Andrès Cano Torres
Médecin conseil de la fédération espagnole de judo
La « fracture osseuse » se définit comme une
perte de continuité d’un os. Tous les os peu-
vent se fracturer, mais cela arrive plus fré-
quemment à ceux qui sont les plus longs, qui
présentent des incurvations, ou sur lesquels
viennent s’insérer de puissants muscles et des
ligaments.
La plupart des fractures surviennent chez
l’homme adulte, approximativement entre 25
et 40 ans, âge de la plus grande activité
physique et sportive. Chez les personnes
âgées les fractures sont aussi fréquentes,
surtout en quelques points localisés, du fait
que les os décalcifiés sont fragiles et cassants.
Elles sont plus rares chez l’enfant, dont les os
sont très flexibles et élastiques, difficilement
cassables.
Une fracture peut se produire soit en raison
de traumatismes externes soit lors de con-
tractions musculaires violentes. Un os peut
être soumis à une série de forces telles que
traction, flexion, compression, cisaillement et
torsion. Chacune de ces forces peut produire
une fracture.
Considérons donc, selon les causes, les types
de fractures suivants:
1. Fractures par cause directe
Elles se situent à l’endroit où le traumatisme
a eu lieu.
2. Fractures par cause indirecte
Elles sont les plus fréquentes. Elles se pro-
duisent presque toujours lors d’une chute et
se situent à une certaine distance du point sur
lequel a porté le traumatisme.
3. Fractures par action musculaire
Elles sont dues à des contractions musculai-
res violentes.
¹ Voir « Revue Olympique » No 95-96. Publié avec
l’aimable autorisation de la revue de la Fédération
espagnole de judo.
4. Fractures pathologiques
Elles se produisent dans les os malades et
sans traumatismes apparents.
Mécanisme de production des fractures
Dans l’établissement d’une fracture il faut
prendre en considération:
I. La résistance mécanique de l’os, qui
dépend de sa solidité et de son élasticité.
II. Le fondement structural de la résistance
osseuse, qui dépend de ses fibrilles, de la
substance inorganique et du ciment osseux.
III. Les facteurs qui conditionnent l’élasticité
et la solidité. On sait que là où prédominent
les éléments inorganiques c’est l’inverse qui se
produit.
IV. Les variations de la résistance osseuse,
laquelle se modifie avec l’âge et avec les alté-
Fracture par traction ou arrachement
A - Mécanisme de traction-flexion
B - Mécanisme de traction parallèle
Figure 3
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rations pathologiques. Ainsi, l’os de l’enfant,
pauvre en calcium mais riche en eau et en
tissu ostéoide, est peu solide mais très élasti-
que. C’est pourquoi, en raison de son élastici-
té, il plie en atténuant la force du choc, et
résiste le plus souvent. Chez les personnes
âgées, on observe le contraire.
Classification des fractures selon leur
mécanisme de production
1. Fractures par traction ou arrachement
Elles surviennent dans les épiphyses des os
longs, dans les zones d’insertion des liga-
ments dans les os courts, et parfois lors de
mouvements articulaires forcés qui détermi-
nent une tension excessive des ligaments,
lesquels, exerçant une forte traction sur leur
point d’insertion, parviennent à vaincre la
résistance de l’os qui se fracture.
La ligne de fracture est habituellement per-
pendiculaire au sens de traction des
ligaments.
Le plus souvent, dans le cas des fractures par
arrachement, à la traction s’associe une force
composante de flexion.
Nous pouvons observer sur la figure 3 la
fracture par traction ou arrachement; la
figure A représente le mécanisme de traction-
flexion qui est le plus fréquent, la B repré-
sente le mécanisme de traction paralléle.
2. Fractures par glissement ou cisaillement
Elles sont produites par l’action de deux
forces simultanées, de même direction, mais
de sens opposé.
La ligne de fracture est généralement trans-
versale.
La figure 4 représente le mécanisme de frac-
ture par cisaillement. Les deux forces A et B
agissent dans la même direction mais en sens
opposé, provoquant une fracture transversale.
462
Mécanisme de fracture par cisaillement
Figure 4
Elles sont les plus fréquentes et se produisent
surtout dans les os longs, qu’ils soient rectili-
gnes ou courbes.
En ce qui concerne les os rectilignes, la force
vulnérante les fait plier jusqu’au moment où,
ayant dépassé le point de plus grande élastici-
té longitudinale, l’os se brise. La ligne de
fracture commence à la convexité de l’os et
s’étend vers la concavité.
3. Fractures par flexion
Dans les os courbes, la fracture se produit
lorsque l’action de l’agent vulnérant exagère
la courbure osseuse de sorte qu’est dépassé le
point de plus grande élasticité; le mécanisme
étant le même que précédemment. Ainsi, la
résistance à la flexion augmente avec la sur-
face de section de l’os et varie avec la forme
de celle-ci; les os de section carrée étant plus
résistants que ceux de section circulaire.
4
Fractures par compression ou écrasement
Elles sont produites par les chutes d’une
certaine hauteur et peuvent se classer en deux
catégories:
I. Les fractures par compression longitudi-
nale, c’est-à-dire dans la direction du grand
axe de l’os et portant sur les épiphyses.
II. Les fractures par compression transversa-
le, perpendiculaires à l’axe principal. Elles
sont produites par action directe et sont plus
accusées sur la face externe de l’os.
La résistance d’un os à l’écrasement augmen-
te avec son diamètre et diminue lorsque sa
longueur est plus grande.
Dans les os courts, la direction de la ligne de
fracture est déterminée par l’orientation des
fibres osseuses dont nous avons parlé
précédemment. Dans les os longs, la com-
pression s’accompagne habituellement d’un
mécanisme de flexion, c’est pourquoi les
fractures de ce type présentent la double
composante de compression-flexion. La ligne
de fracture est longitudinale et l’os casse dans
la zone où convergent les différentes forces
qui le compriment.
Elles surviennent quand, l’une des extrémités
de l’os étant fixe, l’autre subit une rotation
par suite d’un traumatisme. Ce sont des frac-
tures spiroïdales ou hélicoïdales sur lesquel-
les on peut observer deux extrémités aiguëes,
chacune coïncidant avec l’angle rentrant de
l’autre. La ligne de fracture est spiroïdale.
La résistance à la torsion augmente propor-
tionnellement au diamètre de l’os, elle est
toutefois bien moindre que la résistance à la
flexion.
5. Fractures par torsion
La figure 5 représente les différents types de
fractures; par flexion (A), par compression
(B), par torsion (C). Les frèches indiquent le
sens des forces qui les produisent.
Une fracture est fermée lorsqu’elle ne com-
munique pas avec l’extérieur, parce que sont
intègres les téguments, la peau, etc... Quand
A
C
B
A - Fracture par flexion
C - Fracture par torsion
B - Fracture par compression
Figure 5
Une fracture est complète quand la ligne de
fracture couvre toute l’étendue de l’os et
quand il y a deux fragments, ou plus, indé-
pendants. Lorsqu’elle ne traverse pas toute
l’épaisseur de l’os, la fracture est incomplè-
te.
elle communique avec l’extérieur par la
lésion des téguments, on dit que la fracture
est ouverte.
La fracture est intraarticulaire quand elle
affecte une articulation, dans le cas contraire
la fracture est extraarticulaire.
La fracture complète, en rapport avec le
nombre de fragments osseux indépendants,
est unique quand il y a deux fragments,
double s’il y en a trois, complexe quand elle
présente de multiples et petits fragments
osseux. A. C. T.
(A suivre)
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