THÈSE En vue de l'obtention du DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE Délivré par l’Université Toulouse III – Paul Sabatier Discipline ou spécialité : Ingénieries Microbienne et Enzymatique Présentée et soutenue par Amandine DE ALMEIDA COURNET Le 30 avril 2010 Titre : Etude de la catalyse microbienne de la réduction électrochimique du dioxygène JURY Rapporteurs : Mme M. Elisabeth LOJOU (CNRS, Marseille) José MOURA (Université de Lisbonne) Examinateurs : Mme M. M. M. Marie-Noëlle BELLON-FONTAINE (AgroParisTech, Paris) Frédéric JORAND (Université de Nancy) Mathieu BERGE (Université de Toulouse) Alain BERGEL (CNRS, Toulouse) Directrice de thèse : Co-directrice de thèse : Mme Mme Christine ROQUES (Université de Toulouse) Marie-Line DELIA (INP de Toulouse) Ecole doctorale : Sciences Ecologiques, Vétérinaires, Agronomiques et Bioingénieries Unité de recherche : LU49, Adhésion bactérienne et formation de biofilms Laboratoire de Génie Chimique CNRS UMR 5503 Directrices de Thèse : Christine Roques et Marie-Line Délia 1 Remerciements Avant de rentrer dans le vif du sujet, je souhaite adresser mes remerciements à toutes les personnes qui m’ont m’accompagnée dans ce travail de thèse et qui m’ont permis d’aboutir à ce résultat. Tout d’abord mes directrices de thèse, Christine Roques et Marie-Line Délia. Merci de m’avoir donné l’opportunité de travailler sur un sujet aussi intéressant et novateur que les bactéries électroactives en particulier dans le domaine de la santé. Merci également pour m’avoir toujours encouragée à présenter mes travaux dans de nombreux congrès aux quatre coins du monde. Merci pour toutes les formations : qualité, hygiène et sécurité, microscopie électronique et autres. Enfin, je n’oublierai pas votre grande efficacité lors de la rédaction et de la correction du présent manuscrit. Je remercie Elisabeth Lojou et José Moura qui ont accepté d’évaluer mon travail de thèse et d’en être les rapporteurs. Merci également aux autres membres du jury, Marie-Noëlle BellonFontaine et Frédéric Jorand, qui ont accepté de participer à l’examen de mon travail. Merci à vous quatre pour l’intérêt que vous avez porté à cette étude et l’intéressante discussion que nous avons eu ensemble au cours de la soutenance. Je tiens également à remercier Alain Bergel qui a participé à l’encadrement de ces travaux. Merci de m’avoir presque tout appris de la bioélectrochimie. Merci pour les réunions, tes commentaires, ton encouragement, toujours très efficaces, que se soit au cours du travail de paillasse ou de la rédaction des publications. Un gigantesque merci à Mathieu Bergé qui a encadré et suivi ce travail au jour le jour. Merci pour ton immense disponibilité et tout l’intérêt que tu t’es découvert pour ces bactéries qui font de l’électricité ! Je ne te remercierai jamais assez pour tout le soutien que tu m’as apporté pour orienter et planifier le travail, toujours dans la bonne humeur. Merci de t’être réjoui avec moi des manips qui marchaient et de t’être scandalisé avec moi de celles qui ne marchaient pas ! Merci aussi pour les très bons moments passés en salle de repos et pour toutes nos 2 discussions allant de l’histoire d’Alexandre le Grand au dernier match de foot ou de rugby en passant par les poussettes et autres accessoires bébé ! Merci à Joanna, ma petite sœur, et Cécile, qui ont participé à ces travaux en tant que stagiaires. Je tiens également à exprimer ma sincère reconnaissance à Marie-line de Solan pour le temps qu’elle a consacré à me former à la microscopie électronique à balayage. Un grand merci à Laurence Tellier, pour tout son soutien administratif et qualité. Merci aussi à Mme Chamayou pour son aide comptable. Ce travail a été réalisé au sein de l’équipe Biosym du Laboratoire de Génie Chimique et au sein du Laboratoire de Microbiologie Industrielle. Je tiens à remercier tous mes collègues avec qui j’ai partagé mon quotidien. Tout d’abord les membres de l’équipe Biosym lors des premiers mois de ma thèse : Sandrine, Claire, Maha, Nancy, Régine, Liz, Hicham, Benjamin, Luc… Puis tous les employés de la FONDEREPHAR : Cathy, Paméla, Ingrid, Sabine, Haouaria, Jocelyne, Cédric, Carole, Sylvie, Sandra, Delphine, Leila et Elisabeth. Enfin, je remercie mes collègues du LabMI pour leur soutien à toute épreuve et leur amitié : Julien et ses lacs méromictiques, Aurélie et nos nombreuses discussions parfois scientifiques, Sophie et nos sorties à la danse, Alain pour les rigolades en salle de repos, Audrey, Christel, Léïla et Pouneh. Merci pour toutes les joies et les déceptions partagées. Je remercie mes parents, ma famille, mes amis qui m’ont toujours soutenue pendant ces longues années d’étude. Merci de vous être même intéressés à mon travail ! Pour terminer, merci Rémi ! Pour m’avoir soutenue et encouragée dans mes choix. Pour avoir lu et relu ce manuscrit. Pour ton amour inconditionnel et ta confiance en moi malgré les moments difficiles. Portée par vous tous j’ai pu achever ce travail de thèse. Merci ! 3 Sommaire Sommaire Introduction générale________________________________________________________ 7 Enjeux et objectifs______________________________________________________________ 8 Présentation du manuscrit _______________________________________________________ 9 Chapitre I : I.1 Synthèse bibliographique ________________________________________ 11 Pseudomonas aeruginosa et biofilm ________________________________________ 12 I.1.1 Pseudomonas aeruginosa : généralités et enjeux de santé publique ______________________ 12 I.1.2 Le biofilm __________________________________________________________________ 13 I.1.2.1 Définition______________________________________________________________ 13 I.1.2.2 Formation du biofilm_____________________________________________________ 15 I.1.3 I.2 I.1.2.2.1 Facteurs de mobilité et d’adhérence _______________________________________ 17 I.1.2.2.2 Le quorum sensing : facteur de différenciation_______________________________ 18 Autres bactéries et biofilms_____________________________________________________ 21 Les bactéries électroactives _______________________________________________ 22 I.2.1 Définition, découverte et intérêt _________________________________________________ 22 I.2.2 La pile à combustible microbienne _______________________________________________ 23 I.2.3 Les environnements, les bactéries ________________________________________________ 25 I.2.4 Les mécanismes _____________________________________________________________ 29 I.2.4.1 Mécanismes indirects_____________________________________________________ 29 I.2.4.2 Mécanismes directs ______________________________________________________ 30 I.2.4.2.1 Production de médiateurs _______________________________________________ 31 I.2.4.2.2 Pili conducteurs_______________________________________________________ 34 I.2.4.2.3 Contact direct avec des protéines membranaires _____________________________ 35 I.2.4.2.4 Combinaison des trois mécanismes _______________________________________ 37 I.2.5 Les bactéries à Gram positif ____________________________________________________ 38 I.2.6 Biocathodes : la catalyse de la réduction du dioxygène _______________________________ 39 I.3 I.2.6.1.1 Enjeu des biocathodes__________________________________________________ 39 I.2.6.1.2 Biocathodes utilisant le manganèse ou le fer ________________________________ 40 I.2.6.1.3 Biocathodes utilisant directement le biofilm_________________________________ 41 Détection de micro-organismes opportunistes et pathogènes ___________________ 42 I.3.1 Généralités__________________________________________________________________ 42 I.3.2 Méthodes classiques __________________________________________________________ 44 I.3.3 Biocapteurs _________________________________________________________________ 46 4 Sommaire I.3.3.1 Définition______________________________________________________________ 46 I.3.3.2 Stratégies d’immobilisation ________________________________________________ 46 I.3.3.3 Transduction du signal____________________________________________________ 48 I.3.4 Capteur d’adhésion de bactéries _________________________________________________ 48 Chapitre II : Matériels et méthodes_________________________________________ 50 II.1 Souches bactériennes ____________________________________________________ 51 II.2 Entretien et protocoles appliqués aux bactéries ______________________________ 54 II.2.1 Conservation, entretien et préparation_____________________________________________ 54 II.2.2 Electrolytes _________________________________________________________________ 54 II.2.3 Dénombrement et caractérisation des bactéries______________________________________ 54 II.2.4 Prétraitements des bactéries ____________________________________________________ 55 II.2.4.1 Fixation et inactivation des bactéries_________________________________________ 55 II.2.4.2 Filtration ______________________________________________________________ 56 II.2.4.3 Lyse __________________________________________________________________ 56 II.2.4.4 Stress oxydant __________________________________________________________ 56 II.3 Matériels et techniques électrochimiques ___________________________________ 56 II.3.1 Electrodes __________________________________________________________________ 56 II.3.2 Potentiostats ________________________________________________________________ 58 II.3.3 Voltammétrie cyclique ________________________________________________________ 58 II.3.4 Chronoampérométrie__________________________________________________________ 59 II.4 Test d’électroactivité des bactéries en voltammétrie cyclique ___________________ 59 II.5 Etudes en chronoampérométrie ___________________________________________ 61 II.5.1 En bécher___________________________________________________________________ 61 II.5.2 En réacteur _________________________________________________________________ 61 II.6 Voltammétrie cyclique sur des molécules immobilisées ________________________ 62 II.7 Microscopie électronique à balayage _______________________________________ 63 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa ____________ 64 III.1 Introduction ___________________________________________________________ 65 III.2 Catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène par P. aeruginosa mesurée par voltammétrie cyclique__________________________________________________________ 66 III.2.1 Article “Electrochemical reduction of oxygen catalyzed by Pseudomonas aeruginosa” ____ 66 III.2.2 Résultats complémentaires ___________________________________________________ 84 III.3 Chronoampérométrie ___________________________________________________ 90 5 Sommaire III.3.1 En réacteur _______________________________________________________________ 90 III.3.2 En bécher ________________________________________________________________ 91 III.4 III.3.2.1 Chronoampérométrie continue _____________________________________________ 92 III.3.2.2 Chronoampérométrie séquentielle ___________________________________________ 93 Conclusion ____________________________________________________________ 94 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries _________ 96 IV.1 Introduction ___________________________________________________________ 97 IV.2 Bactéries pathogènes ou opportunistes _____________________________________ 97 IV.2.1 Article “Electrochemical reduction of oxygen catalyzed by a wide range of bacteria including Gram-positive” _____________________________________________________________________ 98 IV.2.2 Résultats complémentaires __________________________________________________ 109 IV.3 Bactéries environnementales_____________________________________________ 110 IV.4 Conclusion ___________________________________________________________ 116 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques ____________________________________ 118 V.1 Introduction __________________________________________________________ 119 V.2 Activité métabolique ___________________________________________________ 120 V.3 Activité de molécules et d’enzymes directement fixées sur l’électrode ___________ 122 V.4 Conclusion ___________________________________________________________ 125 Conclusion générale et perspectives __________________________________________ 126 Conclusions _________________________________________________________________ 127 Perspectives et applications potentielles __________________________________________ 129 Références bibliographiques ________________________________________________ 132 Annexes_________________________________________________________________ 144 Annexe I : Liste des abréviations________________________________________________ 145 Annexe II : Table des figures ___________________________________________________ 146 Annexe III : Table des tableaux_________________________________________________ 150 Annexe IV : Titre et résumé en anglais___________________________________________ 151 6 Introduction générale Introduction générale 7 Introduction générale Enjeux et objectifs Depuis plusieurs années le biofilm est reconnu comme la forme de développement majoritaire des bactéries dans la nature. En effet, ce mode de développement confère aux bactéries de nombreuses protections vis-à-vis des différents stress environnementaux. Il se trouve que ce mode de croissance est souvent associé à des problèmes de santé publique tels que la formation de biofilms contenant des bactéries opportunistes dans les réseaux d’eau, sur les dispositifs médicaux (cathéters, endoscopes…) ou encore les muqueuses du corps humain. Une fois le biofilm formé il est très difficile de l’éliminer du fait de sa grande résistance aux agents antibactériens. Un des exemples les plus connus de micro-organismes générant ce type de biofilms est Pseudomonas aeruginosa. Cependant, certains biofilms bactériens peuvent avoir des implications plus bénéfiques en liaison avec des propriétés particulières des cellules adhérées. Nous développerons ici le cas des biofilms électroactifs. Ces biofilms, découverts assez récemment, sont capables d’échanger des électrons directement avec des matériaux conducteurs et donc de générer un courant électrique. Cette propriété intéresse beaucoup les chercheurs dans l’optique de la mise au point de piles à combustible microbiennes dans lesquelles la production d’électricité par les micro-organismes électroactifs est souvent couplée au traitement de déchets organiques. Dans un tel contexte, la compréhension et la maîtrise des mécanismes de transferts d’électrons entre les biofilms électroactifs et les électrodes a une importance majeure. A l’heure actuelle, les mécanismes de transfert d’électrons de la bactérie vers l’électrode (réaction anodique) sont bien décrits alors que les transferts de l’électrode vers la bactérie (réaction cathodique) sont peu connus. Concernant les applications, cette propriété n’a encore jamais été proposée comme outil de détection précoce de biofilm. Les enjeux de notre travail sont doubles. Le premier enjeu est assez fondamental puisqu’il s’agit de la description d’un nouveau phénomène de transfert d’électrons entre une électrode et une bactérie lors d’une réaction cathodique : la catalyse de la réduction du dioxygène. Le deuxième enjeu est quant à lui plus appliqué et consiste à déterminer si cette nouvelle propriété ne pourrait pas permettre la mise au point d’une méthode de détection de la phase d’adhésion, première étape du processus de formation de biofilm. 8 Introduction générale De tels enjeux ont permis de fixer des objectifs à cette étude. Tout d’abord nous avons décidé de travailler sur une bactérie modèle pour l’adhésion et la formation du biofilm que nous maîtrisons bien : Pseudomonas aeruginosa. Il était important dans un premier temps de déterminer si cette bactérie était électroactive ou non. Le deuxième objectif était d’analyser ce phénomène pour mieux comprendre les mécanismes mis en jeu lors du transfert électronique entre la bactérie et une électrode. Enfin, nous avons souhaité élargir l’étude à d’autres bactéries que P. aeruginosa d’une part pour déterminer la spécificité de cette méthode de détection et d’autre part pour aller plus loin dans la compréhension des mécanismes mis en jeu. Présentation du manuscrit Ce travail s’organise en 5 chapitres. Le chapitre I est une synthèse bibliographique qui présente en premier lieu la bactérie Pseudomonas aeruginosa qui a été utilisée comme modèle dans cette étude, ainsi que la problématique biofilm liée à cette bactérie. Ensuite est présentée une propriété découverte assez récemment chez certaines bactéries sous forme de biofilms, leur électroactivité. Une revue bibliographique est faite sur les différentes bactéries possédant cette propriété ainsi que sur les mécanismes actuellement décrits pour ces transferts d’électrons. Enfin, dans la dernière partie de cette synthèse sont présentées les différentes méthodes de détection de micro-organismes pathogènes et de biofilms qui existent à l’heure actuelle. Le chapitre II inventorie les différentes souches et traitements étudiés ainsi que les matériels et méthodes électrochimiques utilisés lors de cette étude. Dans les chapitres suivants nous exposons les résultats obtenus en les discutant. Le chapitre III est consacré aux tests effectués sur P. aeruginosa visant à mettre en évidence et à analyser la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène par cette bactérie. Le chapitre IV évalue cette catalyse chez un grand nombre d’autres bactéries. Dans la première partie de ce chapitre nous analysons cette catalyse chez des souches référencées d’intérêt 9 Introduction générale médical. La deuxième partie porte sur l’étude d’isolats environnementaux issus de biofilms électroactifs de rivière. Nous avons terminé ce travail avec le chapitre V qui présente les résultats obtenus sur des molécules directement immobilisées sur une électrode. Enfin une conclusion générale permet de résumer les résultats obtenus et de discuter des perspectives et applications potentielles d’un tel travail. 10 Chapitre I : Synthèse bibliographique Chapitre I : Synthèse bibliographique 11 Chapitre I : Synthèse bibliographique I.1 I.1.1 Pseudomonas aeruginosa et biofilm Pseudomonas aeruginosa : généralités et enjeux de santé publique P. aeruginosa, bacille à Gram négatif, aérobie strict et ubiquiste, est un microorganisme privilégié pour l’étude de la dynamique des biofilms. Naturellement, P. aeruginosa se retrouve dans de nombreux environnements, comme les sols, l’eau ou encore les végétaux. Ce pathogène opportuniste peut infecter une multitude d’hôtes : nématodes, insectes, humains, plantes (Rahme et al., 2000). Chez l’homme, P. aeruginosa est la cause majeure d’infections, notamment nosocomiales chez les patients immunodéprimés. Ce microorganisme est à l’origine de pneumonies, d’infections des plaies et brûlures ainsi que du tractus urinaire, et de septicémies. P. aeruginosa est également la bactérie pathogène prédominante causant des infections pulmonaires chez les patients atteints de mucoviscidose. En effet, d’après les données du « U.S. Cystic Fibrosis Patient Registry », 58,7% des patients sont colonisés par la bactérie et cette proportion atteint même 80% chez les patients d’âge adulte. Les infections par ce pathogène, secondaires à la colonisation, se traduisent par des bronchiectasies (bronchioles chroniquement dilatées et inflammées) et des hémoptyses progressives (présence de sang dans le sputum) causant un déclin des facultés respiratoires et un taux de mortalité de plus de 90 % chez ces patients. En effet, son mode de développement en biofilm dans les alvéoles pulmonaires des patients le protège des traitements antibiotiques (Brooun et al., 2000), ainsi que des défenses de l’hôte (Yu et Head, 2002). La virulence de cette bactérie et les problèmes de santé publique qu’elle occasionne sont fortement liés à son mode de développement sous forme de biofilm. En effet, une fois le biofilm formé, les bactéries sont protégées contre les systèmes de défense immunitaires et les traitements, qu’ils soient physiques ou chimiques : désinfectants, détergents et antibiotiques. La formation de biofilm, quasi-systématique pour cette bactérie dans un système comportant une phase aqueuse, est décrite dans le paragraphe suivant. 12 Chapitre I : Synthèse bibliographique I.1.2 Le biofilm I.1.2.1 Définition La définition d’un biofilm a beaucoup évolué depuis sa découverte attribuée à Van Leeuwenhoek au 17ème siècle. En effet, il aurait observé, pour la première fois, en utilisant son microscope certes primitif, des micro-organismes adhérés à la surface des dents. Plus récemment, les travaux de Claude E. Zobell, un des pionniers de la recherche sur les biofilms, ont grandement contribué à l’élaboration du concept d’attachement bactérien (Zobell et Allen, 1933; Zobell et Allen, 1935). Les chercheurs sont toujours en désaccord sur certains points mais une définition communément admise est celle de Donlan et Costerton (Donlan et Costerton, 2002) : « un biofilm est une communauté microbienne sessile caractérisée par des cellules attachées de manière irréversible à un substrat, une interface ou tout simplement entre elles, enrobées d’une matrice extracellulaire de substances polymériques (en général d’exopolysaccharides) qu’elles ont elles-mêmes produites et qui présentent un phénotype particulier en terme de taux de croissance et de transcription de gènes. » Les surfaces pouvant servir de support peuvent être de différentes natures : roches, canalisations plastiques ou métalliques, muqueuses de l’organisme (cas de P. aeruginosa dans les alvéoles pulmonaires de patients atteints de la mucoviscidose)… Les biofilms se forment ainsi à l’interface surface/liquide, mais peuvent également être observés à l’interface air/liquide. Les flocs ou agrégats sont également considérés comme des biofilms. La structure du biofilm est renforcée par la matrice extra-cellulaire d’exopolymères, constituée essentiellement d’exopolysaccharides (EPS) : l’alginate chez P. aeruginosa (Figure I.1). Cette matrice englobe d’autres molécules de nature organique et inorganique, jouant également un rôle dans la résistance aux stress environnementaux, par exemple l’ADN extracellulaire, les protéines et les ramnolipides (Allesen-Holm et al., 2006; Pamp et TolkerNielsen, 2007). Cette matrice représente 85% du volume total et permet au biofilm de conserver une grande plasticité. Au sein du biofilm, les bactéries sont regroupées en microcolonies séparées par des canaux aqueux. Ce réseau de canaux assure le transport du dioxygène et des nutriments ainsi que l’évacuation des déchets. Ainsi, les constituants solubles capables de diffuser à travers la matrice peuvent être utilisés par les bactéries. Un gradient de nutriments et de dioxygène est observable depuis le sommet du biofilm jusqu’à sa 13 Chapitre I : Synthèse bibliographique base où règne un micro-environnement anaérobie (de Beer et al., 1994). Cette observation conforte l’idée selon laquelle l’état métabolique d’une bactérie à l’intérieur d’un biofilm dépend de sa localisation au sein de la structure (Filloux et Vallet, 2003). Figure I.1 Formule développée des alginates. Le mode de développement en biofilm est pour le micro-organisme un moyen de lutter pour sa survie dans un environnement hostile. En effet, cette organisation présente de nombreux avantages. Tout d’abord, et bien évidemment, celui de la protection vis-à-vis de l’environnement. En effet, comme il a été expliqué plus haut, la population bactérienne est enrobée d’une matrice composée principalement d’EPS qui fait partie intégrante de l’organisation structurelle du biofilm. Il a été montré que la matrice d’EPS pouvait physiquement empêcher l’entrée de certains agents antimicrobiens à l’intérieur du biofilm, en agissant comme un échangeur d’ions par exemple, et ainsi réduisant la diffusion de composés depuis le milieu extérieur vers l’intérieur du biofilm (Gilbert et al., 1997; Teitzel et Parsek, 2003). Il a également été montré que le mode de développement sous forme de biofilm protégeait de différents stress environnementaux comme les radiations ultra violettes (Espeland et Wetzel, 2001), la présence de métaux lourds (Teitzel et Parsek, 2003), les variations de pH (McNeill et Hamilton, 2003), les chocs osmotiques et la dessiccation (Le Magrex-Debar et al., 2000), la phagocytose (Leid et al., 2002) et contre plusieurs antibiotiques et agents antimicrobiens (Mah et O'Toole, 2001; Stewart et Costerton, 2001; Elasri et Miller, 1999; Ophir et Gutnick, 1994). Une autre caractéristique peut être celle de la coopération métabolique (Davey et O'Toole, 2000). En effet, il est très fréquent de trouver différentes espèces au sein d’un même 14 Chapitre I : Synthèse bibliographique biofilm. Leur proximité facilite les échanges de substrats et l’évacuation ou la distribution de produits métaboliques. Les biofilms fournissent un environnement idéal pour l’établissement de relations syntrophiques (symbiose particulière où deux types de bactéries métaboliquement différents dépendent l’un de l’autre pour utiliser certains substrats). I.1.2.2 Formation du biofilm Un modèle de formation du biofilm communément admis chez P. aeruginosa est présenté dans la figure I.2. Il comporte quatre étapes : l’adhésion dite réversible, l’adhésion irréversible, la maturation et le détachement. Pour aboutir à l’étape d’adhésion réversible, la bactérie doit dans un premier temps approcher le support. Des mécanismes dans lesquels la cellule n’est pas active interviennent : mouvement brownien, sédimentation et transfert de masse par convection (Yang et al., 1999), mais aussi des mécanismes où la cellule est active comme le chimiotactisme et la mise en place d’appendices générateurs de mouvement tels que les flagelles (O'Toole et Kolter, 1998). Cette approche conduit à un attachement transitoire pendant lequel la bactérie va chercher à « évaluer » la surface sur laquelle elle se trouve. A ce stade (entre 20 et 50 nm du support), l’adhésion dite réversible, est due aux forces de Van der Waals, aux forces acide-base de Lewis et aux forces électrostatiques. Les bactéries peuvent alors être remises en suspension sous l’effet des mouvements browniens, des forces de cisaillement du flux de liquide ou encore de la mobilité intrinsèque des cellules (Campanac, 2002). Dans un deuxième temps, une association stable avec la surface s’établit grâce à des structures adhésives telles que des adhésines filamenteuses (fimbriae, pili) ou non (EPS, capsule,…) et à la mise en place de nombreuses liaisons de faible énergie comme les liaisons hydrogène, hydrophobes et les liaisons ioniques (Palmer et al., 2007). L’attachement irréversible établi, des micro-colonies vont pouvoir se former. Les bactéries adhérées vont se multiplier et synthétiser une matrice extracellulaire d’EPS dans laquelle elles se retrouveront incluses. 15 Chapitre I : Synthèse bibliographique Le biofilm va ensuite entrer en phase de maturation. C’est lors de cette étape qu’il va prendre la forme de « champignon », caractéristique chez P. aeruginosa, et que le réseau de canaux aqueux va se mettre en place. Enfin vient l’étape de détachement au cours de laquelle des cellules vont être libérées sous forme planctonique pour la colonisation de nouvelles surfaces. Figure I.2. Représentation schématique des différentes étapes de formation d’un biofilm de P. aeruginosa et visualisation par microscopie à transmission : 1 adhésion réversible, 2 adhésion irréversible/formation de micro-colonies, 3 et 4 maturation, 5 détachement (Stoodley et al., 2002). La formation et la vie d’un biofilm font intervenir de nombreux éléments de régulation. Ces facteurs commencent à être bien caractérisés chez P. aeruginosa et d’autres bactéries d’intérêt médical. Nous présenterons d’une part les facteurs de mobilité et d’adhérence, en particulier les pili, qui interviennent durant les premières phases d’adhésion et d’autre part les facteurs de différenciation tels que le quorum sensing et l’alginate qui interviennent plutôt lors de la phase de maturation. 16 Chapitre I : Synthèse bibliographique I.1.2.2.1 Facteurs de mobilité et d’adhérence O’Toole et Kolter ont pu mettre en évidence certains facteurs de mobilité et d’adhérence (1998). Ils ont montré qu’un mutant défectueux dans la formation du flagelle (appendice polaire chez P. aeruginosa constitué essentiellement par la sous-unité FlicC et permettant à la bactérie de se déplacer en milieu liquide ou semi-solide) n’adhère que très faiblement au support. Plus récemment il a été montré que des mutants possédant un flagelle inactif étaient également incapables d’adhérer à une surface (Vallet et al., 2001). Le flagelle est donc particulièrement important dans l’approche du support. Les pili de type IV sont des structures fibrillaires présentes au pôle de la bactérie et permettant des mouvements à l’interface de surfaces solides liés à leur rétraction. O’Toole et Kolter (1998) ont montré que des mutants défectueux dans la biogenèse des pili de type IV peuvent former une monocouche cellulaire sur un support mais sont incapables de former les micro-colonies. De plus, la protéine Crc (catabolite repression protein) de P. aeruginosa, qui réprime le métabolisme des glucides en présence d’intermédiaires du cycle de Krebs est nécessaire à la formation du biofilm. La mutation Crc- aboutit, entre autres, à un défaut de formation des pili de type IV qui peut expliquer l’incapacité à développer un biofilm de ces mutants (O'Toole et al., 2000). Vallet et al. (2001), ont mis en évidence l’existence de pili de type fimbriae et leur nécessité dans la phase d’attachement en travaillant sur un mutant défectueux dans la voie Chaperone Usher Pathway (Cup) qui en permet l’assemblage. Il a été montré grâce à l’utilisation de puces à ADN que l’expression des gènes codant pour PilA, la sous-unité structurale des pili de type IV, FlicC et CupA1 diminue en contexte biofilm (Whiteley et al., 2001). Cela démontre que ces appendices de surface ne sont pas nécessaires au maintien du biofilm, une fois le développement débuté. Les lipopolysaccharides (LPS) forment le feuillet externe de l’enveloppe bactérienne des bactéries à Gram négatif et semblent jouer un rôle particulier dans la formation du biofilm. P. aeruginosa possède deux types de LPS : LPS de type A et LPS de type B. La composition en LPS et la variation du niveau de A et de B sont importantes pour l’attachement sur différents types de surfaces selon qu’elles sont hydrophobes ou hydrophiles (Makin et Beveridge, 1996). D’après les auteurs, la présence de LPS de type A favoriserait 17 Chapitre I : Synthèse bibliographique l’adhésion à des surfaces hydrophobes et les LPS de type B l’adhésion à des surfaces hydrophiles. I.1.2.2.2 Le quorum sensing : facteur de différenciation Le quorum sensing (QS) est un mode de communication entre bactéries d’une même espèce. Ce mécanisme semble fortement impliqué dans la régulation de l’adaptation écologique et la pathogénicité de P. aeruginosa. Dans ce système dit à deux composants, la bactérie produit des petites molécules diffusibles qui peuvent être détectées par les bactéries environnantes. Dans le cas de P. aeruginosa, et la plupart des bactéries à Gram négatif, ces molécules de signal sont des N-acyl-homosérine lactones (HSL-s). Cela constitue un système de communication chimique bactérien intercellulaire, dépendant de la densité de population bactérienne et permettant aux bactéries de coordonner l’expression de certains gènes spécifiques et donc de contrôler leur réponse globale en fonction de la densité de population. Chez P. aeruginosa, deux principaux systèmes de QS ont été décrits : le système las et le système rhl, contrôlant à eux deux la transcription de plusieurs gènes impliqués dans la formation du biofilm et plus largement dans la virulence. Le système las, le premier à avoir été décrit (Gambello et Iglewski, 1991), comprend le gène lasR codant pour la protéine régulatrice LasR et le gène lasI codant pour une enzyme, auto-inducteur synthase, LasI, nécessaire à la synthèse d’un type d’HSL : N-(3oxododecanoyl)-L-homosérine lactone (3-oxo-C12-HSL). La 3-oxo-C12-HSL possède la propriété de traverser facilement les membranes bactériennes et constitue ainsi un véritable moyen de communication entre les bactéries. Lorsque la concentration en 3-oxo-C12-HSL atteint un seuil critique, témoin d’une concentration bactérienne élevée, elle provoque l’activation d’un régulateur transcriptionel de type « R » qui va alors déclencher l’expression de plusieurs gènes cibles (Figure I.3). Beaucoup de ces gènes cibles sont impliqués dans la virulence de P. aeruginosa. lasI fait également partie de ces cibles permettant une amplification du signal par auto-induction. Le deuxième système rhl fonctionne selon le même schéma (Figure I.3) et comprend le gène rhlR, codant pour la protéine régulatrice RhlR et le gène rhlI, codant pour une enzyme auto-inducteur synthase, RhlI nécessaire à la synthèse d’un second type d’HSL : N-butyryl-L- 18 Chapitre I : Synthèse bibliographique homosérine lactone, C4-HSL (Ochsner et al., 1994; Latifi et al., 1995). Le complexe RhlRC4-HSl contrôle l’expression de plusieurs gènes dont rhlI (auto-induction). Un troisième régulateur existe chez P. aeruginosa, le système QscR (Chugani et al., 2001). Bien que cette protéine ne soit pas associée à une auto-inducteur synthase, il a été montré qu’elle pouvait répondre à des signaux HSL, et qu’elle était un régulateur clé d’un sous-ensemble de gènes contrôlés par le QS (Lequette et al., 2006). Figure I.3. Mécanisme moléculaire du quorum sensing chez P. aeruginosa (Ruimy et Andremont, 2004). La figure I.3 présente certains facteurs de virulence contrôlés par le QS chez P. aeruginosa. Ceux qui nous intéressent ici plus particulièrement sont ceux impliqués dans la formation du biofilm. Le rôle du QS dans la formation de biofilm à P. aeruginosa n’est pas encore parfaitement compris (Kirisits et Parsek, 2006). Il est clair que plusieurs facteurs régulés par le QS interviennent dans la construction du biofilm tels que les EPS, essentiellemnt l’alginate, et les rhamnolipides nécessaires à la structuration du biofilm mais également au détachement cellulaire (Davey et al., 2003), la pyoverdine qui est un 19 Chapitre I : Synthèse bibliographique sidérophore (Banin et al., 2005), l’expression des lectines LecA et LecB (Tielker et al., 2005; Diggle et al., 2006) ou encore la libération d’ADN qu’on retrouve dans la matrice extracellulaire (Allesen-Holm et al., 2006). On pourrait donc penser que des mutants de QS formeraient des biofilms avec de lourds défauts. Plusieurs études corroborent cette hypothèse (Hentzer et al., 2002; Hentzer et al., 2003; Christensen et al., 2007). Cependant certains travaux montrent que des mutants de QS produisent des biofilms identiques à ceux des souches sauvages (Heydorn et al., 2002; Purevdorj et al., 2002). Dans leur revue de 2006, Kirisits et Parsek considèrent que pour ces études-là, les conditions de culture pour l’obtention du biofilm n’induisaient pas l’activation du QS. Ils insistent sur le fait que QS et formation du biofilm sont des processus clairement liés mais que ce lien est très dynamique et dépend grandement des conditions environnementales. Il a récemment été montré que des analogues des HSL, en particulier de la C4-HSL, synthétisés chimiquement, pouvaient entrer en compétition avec les HSL naturelles et perturber le système de QS chez P. aeruginosa (Khalilzadeh, 2009). De telles molécules entrainent un défaut de formation du biofilm pendant l’étape de colonisation et de formation des micro-colonies (Khalilzadeh, 2009). Cette étude confirme l’implication du QS, notamment du système rhl, dans la formation du biofilm et plus particulièrement au niveau des étapes de formation des micro-colonies. L’alginate, qui est un EPS produit par P. aeruginosa, est également un facteur de virulence contrôlé par le QS. Il est connu depuis de nombreuses années que les isolats pulmonaires de P. aeruginosa sont fortement muqueux. La mucosité est due à la production d’alginate. Contrairement aux flagelles et aux pili, l’expression de algC est augmentée d’un facteur quatre en biofilm (Garrett et al., 1999). Il est également intéressant de constater que le facteur sigma alternatif σ22, ou AlgT, contrôle positivement la production d’alginate alors qu’il contrôle négativement la synthèse du flagelle (Garrett et al., 1999). Alors qu’une souche non muqueuse peut former un biofilm d’une épaisseur de 6 µm, une souche muqueuse peut donner un biofilm ayant une épaisseur moyenne de 40 µm. La figure I.4 récapitule les différents facteurs génétiques, et secondairement phénotypiques, intervenant dans la formation du biofilm chez P. aeruginosa. 20 Chapitre I : Synthèse bibliographique Cup Figure I.4. Facteurs génétiques et phénotypiques intervenant lors de la formation du biofilm à P. aeruginosa (Davey et O'Toole, 2000). I.1.3 Autres bactéries et biofilms P. aeruginosa n’est pas la seule bactérie capable de former des biofilms. La plupart des pathogènes opportunistes et des bactéries en général, sont capables de se développer sous cette forme et de résister à un grand nombre d’agressions extérieures. Il est maintenant communément admis que le biofilm est la forme de développement la plus répandue dans l’environnement pour l’ensemble des micro-organismes. La forme planctonique ne serait qu’une étape transitoire avant la colonisation de nouvelles surfaces. Voici quelques exemples de bactéries pathogènes connues et étudiées pour leur formation de biofilm : Staphylococcus spp. (Gotz, 2002), Escherichia coli (Reisner et al., 2003), Mycobacterium spp. (Hall-Stoodley et al., 2006), Vibrio cholerae (Watnick et Kolter, 1999), Bacillus spp. (Hamon et al., 2004)… Les biofilms sont très souvent connus pour leurs aspects néfastes. En premier lieu viennent les nombreux problèmes de santé publique liés au développement de biofilms de bactéries opportunistes et/ou pathogènes sur les muqueuses chez l’homme et sur des surfaces inertes directement en contact avec le sujet (dispositifs médicaux) ou non comme les réseaux d’eau (Hall-Stoodley et al., 2004). Dans l’industrie agroalimentaire, en plus des problèmes sanitaires, les problèmes d’encrassement se posent, par exemple celui des réacteurs et des réseaux d’eau (Carpentier et Cerf, 1993; Lequette et al., 2010). Des biofilms ont également été mis en cause dans les phénomènes de biocorrosion (Beech et Sunner, 2004) notamment en milieu marin (plate-formes pétrolières, coques de bateaux, installations portuaires…). Malgré tout cela, il existe des biofilms que l’on pourrait qualifier de bénéfiques. Certains biofilms très utiles en détoxification, par exemple dans le cas des boues activées (Guellil et al., 2001), ou encore ces nombreux biofilms qui permettent de réguler les 21 Chapitre I : Synthèse bibliographique écosystèmes humains comme les écosystèmes intestinaux et oraux (Isolauri et al., 2004; Filoche et al., 2010). Un autre exemple est celui des biofilms électroactifs grâce auxquels il est possible de récupérer de l’énergie électrique à partir de l’énergie à bas coût contenue dans des matières organiques telles que des sédiments marins ou des mélasses. La partie suivante de cette synthèse bibliographique décrit l’état des connaissances sur ces biofilms particuliers. I.2 I.2.1 Les bactéries électroactives Définition, découverte et intérêt En 1911, Michael C. Potter obtient pour la première fois une force électromotrice dans une pile, entre des électrodes plongées dans une culture de bactéries ou de levures et des électrodes plongées dans un milieu stérile (Potter, 1911). D’après lui, l’énergie électrique provient de la dégradation de la matière organique par les micro-organismes. Vingt ans plus tard, Barnett Cohen confirme ces résultats avec la mise au point d’une pile bactérienne délivrant 35 V pour 0,2 mA (Cohen, 1931). Après ces deux publications, il a fallu attendre les années 1960 pour que l’idée de génération microbienne d’électricité soit reprise, dans le cadre d’un programme lancé par la NASA, en tant qu’opportunité de recycler les déchets en énergie électrique durant les vols spatiaux (Canfield et al., 1963). Cependant, d’autres technologies comme le photovoltaïque ont évolué beaucoup plus rapidement, ce qui explique la baisse d’intérêt pour l’énergie électrique microbienne. Une très forte reprise de la recherche sur les piles à combustible microbiennes a marqué le début des années 2000. Les bactéries électroactives sont maintenant définies comme des bactéries capables d’échanger des électrons avec une électrode et ainsi de participer à la génération de courant. Ce phénomène découvert au début du XXème siècle intéresse à nouveau les chercheurs pour sa capacité à transformer l’énergie chimique contenue dans un substrat en énergie électrique. Dans le contexte actuel où les gouvernements, les industriels et les scientifiques sont à la recherche de nouvelles sources d’énergie, les piles à combustible microbiennes ont tout à fait leur place. En effet, ces systèmes (voir paragraphe suivant pour plus de détails) permettent d’extraire du courant à partir d’une grande variété de déchets organiques grâce à l’activité des biofilms bactériens électroactifs qui se forment à la surface des électrodes. L’augmentation fulgurante du nombre d’articles consacrés aux piles à 22 Chapitre I : Synthèse bibliographique combustible microbiennes ces dernières années montre bien l’intérêt croissant des chercheurs pour ce type de biofilms (Figure I.5). Certes, les puissances récupérées sont encore beaucoup trop faibles pour la plupart des applications envisagées ; l’enjeu est donc d’augmenter ces puissances. Pour cela l’analyse des mécanismes mis en jeu au niveau de la cellule a son importance. Figure I.5. Nombre de publications concernant les piles à combustible microbiennes en fonction de l’année de publication (données issues de l’ISI Web of Science). De manière générale, quel que soit le mécanisme considéré, le principe d’électroactivité est toujours le même. La bactérie, en absence de son accepteur final d’électrons naturel utilise pour le remplacer une électrode, participant ainsi à la génération d’un courant électrique. Par exemple, Geobacter sulfurreducens, qui est une des bactéries les plus étudiées dans ce domaine, utilise en culture de laboratoire l’acétate comme donneur d’électrons et le fumarate comme accepteur final d’électrons. Si l’on ne fournit que l’acétate à la bactérie, elle est capable d’utiliser l’électrode comme accepteur final d’électrons en remplacement du fumarate (Bond et Lovley, 2003). I.2.2 La pile à combustible microbienne Une pile à combustible classique est composée de deux électrodes, une anode et une cathode, séparées par un électrolyte qui assure entre autres le passage du courant par transfert 23 Chapitre I : Synthèse bibliographique ionique des charges. Dans un tel système, la génération d’électricité se fait grâce à l’oxydation sur l’anode d'un combustible réducteur (par exemple le dihydrogène) couplée à la réduction sur la cathode d'un oxydant, tel que le dioxygène. La réaction d'oxydation du dihydrogène est accélérée par un catalyseur qui est généralement du platine. Le principe d’une Pile à Combustible Microbienne (PCM) est tout à fait comparable à celui d’une pile à combustible classique, à ceci près que la réaction anodique est catalysée par des micro-organismes électroactifs. Dans le compartiment anodique, le biofilm ayant colonisé l’anode oxyde un donneur d’électrons. Les électrons issus de cette oxydation sont transférés à l’anode directement ou indirectement par les bactéries. Ils circulent ensuite dans le circuit électrique externe jusqu’à la cathode où, couplés à l’arrivée de protons ils donnent lieu à une réduction, très souvent celle du dioxygène en eau (Figure I.6). Figure I.6. Principe d’une pile à combustible microbienne (http://pcm-lgc.blogspot.com/). L’intérêt particulier d’une PCM par rapport à une pile à combustible classique (à dihydrogène par exemple) réside dans le fait que les micro-organismes qui colonisent l’anode permettent d’utiliser comme combustible toute sorte de matières organiques : acétate, glucose, mélasses, mais aussi les déchets organiques contenus dans les eaux de stations d’épuration, les déchets agricoles (laiteries, lisiers, etc.), les déchets domestiques et tout type de substrats fermentescibles. Cette technologie permet donc de produire de l’électricité directement par la dégradation de matière organique. Les PCM ouvrent la voie à l’exploitation de combustibles à très bas coûts, voire gratuits lorsqu’il s’agit par exemple de la charge organique contenue dans 24 Chapitre I : Synthèse bibliographique les effluents aqueux domestiques ou industriels. La pile assure alors une double fonction : produire de l’électricité et intensifier les procédés de traitement d’effluents en accélérant la dégradation de la matière carbonée. La figure I.7 donne une idée des densités de puissances atteintes par les PCM. On remarque très bien une nette évolution de cette puissance du début des années 2000 à nos jours. Figure I.7. Densités de puissance de PCM, normalisées par rapport à la surface d’électrode (Logan, 2009). Les données représentées par des cercles proviennent d’études publiées entre 1999 et 2006 par différents groupes de recherche utilisant du dioxygène à la cathode (Logan et Regan, 2006). Les triangles représentent des études plus récentes avec des densités de puissance plus élevées, pour lesquelles la puissance a été normalisée par rapport à la surface de la cathode puisque la puissance est limitée par la cathode. I.2.3 Les environnements, les bactéries La plupart des micro-organismes électroactifs sont issus d’environnements naturels tels que l’eau de mer, le compost ou les sédiments, ou d’environnements renfermant une flore microbienne complexe tels que des boues ou des effluents. La figure I.8 illustre la diversité des environnements utilisés comme sources de micro-organismes électroactifs. 25 Chapitre I : Synthèse bibliographique effluents agricoles (1) effluents industriels (2) effluents domestiques (11) sédiments (15) boues activées (16) boues anaérobies (12) Figure I.8. Environnements utilisés comme sources de micro-organismes électroactifs pour ensemencer le compartiment anodique des piles à combustible microbiennes. Entre parenthèses est précisé le nombre de publications mentionnant la source de micro-organismes électroactifs citée. Cette étude est basée sur un total de 57 publications (Parot, 2007). Très souvent cette électroactivité est mise en évidence en absence de dioxygène puisque dans la plupart des PCM les réactions à l’anode se font en totale anaérobiose. Dans le tableau I.1 est présenté un grand nombre de bactéries électroactives ainsi que leur provenance et leurs particularités. Les mécanismes de transfert y sont mentionnés lorsqu’ils ont été étudiés. Ces mécanismes et le cas particulier des bactéries à Gram positif seront décrits plus en détail dans les pages qui suivent. Tableau I.1. Liste non exhaustive des micro-organismes dont l’électroactivité a été démontrée et caractérisation de cette électroactivité. 26 Souche de référence DSM 10664 Isolat PCM eaux usées Souche de référence BBK006 Isolat PCM eaux usées Souche de référence DSM 14005 Souche de référence WV6 Souche de référence MR 1 Desulfitobacterium hefniense Clostridium butyricum sp. EG3 Bacillus subtilis Corynebacterium sp. MFC03 Thermincola ferriacetica Clostridium isatidis Shewanella oneidensis Souche de référence K12 HB101 Isolat PCM boue Brevibacillus sp. PTH1 Escherichia coli Provenance Micro-organisme Pili conducteur Courant PCM (anode) Le transfert est dû à des composés redox excrétés par les bactéries (quinones) Contact direct (cytochrome) Courant PCM (anode) Courant PCM (anode) + VC Le transfert est dû à des composés redox excrétés par les bactéries (riboflavines) Le transfert semble direct Le transfert semble direct Le transfert est dû à des composés redox excrétés par les bactéries Le transfert est dû à des composés redox excrétés par les bactéries Le transfert semble direct Utilise des acides humiques comme médiateurs exogènes Utilise des médiateurs exogènes produits par P. aeruginosa (phénazines) Mécanisme Courant PCM (anode) + VC Courant PCM (anode) + VC Courant PCM (anode) + VC Courant PCM (anode) 7,3 mW/m² pH 9 + VC Courant PCM (anode) 1,05 mW/cm² + VC Pics en oxydation et en réduction en VC Courant PCM (anode) + Voltammétrie Cyclique (VC) Courant PCM (anode) 400 mW/m² Mise en évidence du phénomène (Qiao et al., 2008; Zhang et al., 2008b) (Gorby et al., 2006) (Bretschger et al., 2007) (Marsili et al., 2008; von Canstein et al., 2008) (Compton et al., 2000) (Marshall et May, 2009) (Liu et al., 2009) (Nimje et al., 2009) (Park et al., 2001) (Milliken et May, 2007) (Aelterman et al., 2006; Pham et al., 2008) Référence Chapitre I : Synthèse bibliographique 27 Courant PCM (anode) + VC Courant PCM (anode) + VC Isolat PCM boue Référence ATCC BAA-621 Référence DSMZ 2032 Isolat sédiment eau douce Isolat PCM Isolat PCM eaux usées Isolat d’une rivière acide Isolat PCM eaux usées Isolat sédiments forêt Levure (provenance non déterminée) Pseudomonas aeruginosa Rhodoferax ferrireducens Desulfobulbus propionicus Geothrix fermentans Ochrobactrum anthropi YZ-1 Acidiphilium sp. 3.2Sup5 Aeromonas hydrophila Klebsiella pneumoniae L17 Hansenula anomala Rhodopseudomonas palustres Isolat sédiment marin Desulfomonas acetoxidans Courant PCM (anode) + VC Catalyse anodique VC Courant PCM (anode) Courant PCM (anode) + VC Courant PCM (anode) Courant PCM (anode) Courant PCM (anode) Courant PCM (anode) + VC Courant PCM (anode) 0,014 W/m² Courant PCM (anode) Souche de référence ATCC 51573 Geobacter sulfurreducens Mise en évidence du phénomène Provenance Micro-organisme Transfert direct par enzymes membranaires : ferricyanure réductase et lactate déshydrogénase Le transfert semble direct Le transfert semble direct Le transfert semble direct Non déterminé Le transfert est dû à des composés redox excrétés par les bactéries Le transfert semble direct Le transfert semble direct Le transfert semble direct Le transfert est dû à des composés redox excrétés par les bactéries (phénazines, pyocyanine) Non déterminé Contact direct (cytochrome) Pili conducteur Mécanisme (Prasad et al., 2007) (Zhang et al., 2008a) (Pham et al., 2003) (Malki et al., 2008) (Zuo et al., 2008) (Xing et al., 2008) (Bond et Lovley, 2005) (Holmes et al., 2004a) (Chaudhuri et Lovley, 2003) (Rabaey et al., 2005) (Bond et al., 2002) (Reguera et al., 2005; Reguera et al., 2006) (Holmes et al., 2006) Référence Chapitre I : Synthèse bibliographique 28 Chapitre I : Synthèse bibliographique I.2.4 Les mécanismes Les mécanismes de transfert d’électrons de la bactérie vers l’électrode (réaction anodique) sont de mieux en mieux appréhendés, surtout pour les bactéries à Gram négatif. Dans ce paragraphe, seuls les mécanismes découverts chez les bactéries à Gram négatif sont présentés. Le cas particulier des bactéries à Gram positif sera discuté dans le paragraphe I.2.5. Les mécanismes indirects sont connus depuis plusieurs dizaines d’années. La découverte des mécanismes directs étant plus récente, ce sujet fait encore débat. Les paragraphes qui suivent ont pour objectif de présenter ces divers mécanismes et les avancées scientifiques dans ces domaines. I.2.4.1 Mécanismes indirects Depuis plus d’une quinzaine d’années, la production de courant par des microorganismes via des médiateurs exogènes est bien connue. Dans de tels systèmes, le transfert d’électrons entre la bactérie et l’électrode est facilité par l’ajout de médiateurs solubles (Figure I.9). La bactérie est capable de réduire un médiateur qui pourra ensuite être ré-oxydé au contact de l’électrode, phénomène assurant le transfert d’électrons entre la bactérie et l’électrode, et donc une génération de courant. De nombreux composés ont été testés avec plusieurs micro-organismes. En voici quelques exemples : le ferricyanure de potassium (Emde et al., 1989), l’acide 2,6-disulfonique d’anthraquinone, le sepulchrate de cobalt (Emde et Schink, 1990), la thionine (Kim et al., 2000), le rouge neutre (Park et Zeikus, 2000) et l’azure A (Choi et al., 2001). L’utilisation de médiateurs reste problématique car beaucoup d’entre eux sont toxiques et ne peuvent pas être utilisés pour récupérer de l’énergie à partir de matière organique dans des environnements ouverts. 29 Chapitre I : Synthèse bibliographique Donneur d’électrons Donneur d’électrons oxydé Electrode Médiateur exogène oxydé Médiateur exogène réduit Electron Bactérie Figure I.9. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons indirect entre une bactérie et une électrode via des médiateurs exogènes. I.2.4.2 Mécanismes directs Ce n’est que depuis le début des années 2000 que le transfert direct d’électrons entre une électrode et un micro-organisme a été mis en évidence. En 2001, une équipe américaine a démontré la possibilité de puiser de l’énergie à l’interface eau/sédiments marins sans ajout de médiateurs exogènes (Reimers et al., 2001). En effet, si des électrodes de graphite ou de platine sont placées dans les sédiments marins (anaérobiose, compartiment anodique) et connectées à des électrodes similaires dans l’eau surnageante (aérobiose, compartiment cathodique), une puissance électrique peut être fournie (0,01 W/m² d’électrode). Ils avaient ainsi créé un tout nouveau type de PCM. En analysant la communauté bactérienne attachée à l’anode (dans les sédiments), la même équipe a pu montrer que ces anodes étaient particulièrement riches en Geobacteraceae (Bond et al., 2002). Les chercheurs ont ensuite travaillé sur des espèces de Geobacteraceae in vitro. Ils ont ainsi pu montrer que G. sulfurreducens était capable d’oxyder des donneurs d’électrons (acétate, dihydrogène) en utilisant l’électrode comme unique accepteur d’électrons et ce sans aucun ajout de médiateurs exogènes (Bond et Lovley, 2003). 30 Chapitre I : Synthèse bibliographique Depuis cette découverte, de nombreuses équipes essayent de trouver de nouveaux micro-organismes électroactifs et de comprendre les mécanismes cellulaires qui permettent à ces bactéries d’utiliser, sans ajout de médiateur exogène, une électrode comme accepteur d’électrons. Plusieurs mécanismes ont pu être mis en évidence : l’utilisation de médiateurs endogènes, l’utilisation de pili conducteurs ou encore le transfert d’électrons par contact direct avec des protéines membranaires. Ces différents phénomènes sont décrits par la suite. I.2.4.2.1 Production de médiateurs Certaines bactéries sont capables d’utiliser leurs propres médiateurs pour assurer le transfert d’électrons vers l’électrode. La cellule produit une molécule qu’elle réduit et qui peut ensuite être oxydée au contact de l’électrode. Cette molécule peut de nouveau être réduite par la bactérie, assurant ainsi le transport d’électrons entre la cellule et l’électrode (Figure I.10). Quelques exemples des recherches les plus abouties sur ce sujet sont présentés ici. Donneur d’électrons Donneur d’électrons oxydé Electrode Médiateur endogène oxydé Médiateur endogène réduit Electron Bactérie Figure I.10. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons entre une bactérie et une électrode via des médiateurs endogènes. 31 Chapitre I : Synthèse bibliographique Dans le cas de Shewanella oneidensis, des chercheurs ont montré l’implication de molécules électroactives d’origine bactérienne, présentes dans le biofilm, dans le transfert d’électrons entre cette bactérie et une électrode (Marsili et al., 2008; von Canstein et al., 2008). Il s’agit de riboflavine (Figure I.11) et de riboflavine-5’-phosphate. Enlever ces molécules du biofilm entraine une réduction du taux de transfert d’électrons de plus de 70%. Ils ont également démontré qu’il restait une couche de flavines adsorbées à l’électrode même après avoir enlevé les molécules surnageantes. De plus, parmi les cellules participant à la génération de courant dans une pile à combustible microbienne à S. oneidensis, un grand nombre est sous forme planctonique, ce qui confirme l’implication de médiateurs solubles (Lanthier et al., 2008). Figure I.11. Formule semi-développée de la molécule de riboflavine. Le transfert d’électrons entre E. coli et une électrode semble également être dû à la production de transporteurs d’électrons par la bactérie. En effet, le contact entre les bactéries et l’électrode n’est pas nécessaire. Une équipe a pu montrer que couvrir l’électrode d’une membrane avec des pores plus petits que la taille de la bactérie ne changeait pratiquement rien à l’efficacité de la pile à combustible (Zhang et al., 2008b). Une analyse du filtrat par GC-MS les a conduits à suspecter trois molécules (Figure I.12). Une deuxième équipe travaillant sur E. coli soupçonne l’implication de dérivés d’hydroquinone (Qiao et al., 2008). Ils proposent un mécanisme entièrement couplé au métabolisme de la cellule (Figure I.13). Figure I.12. Formules semi-développées de trois transporteurs d’électrons suspectés dans une pile à combustible microbienne à E. coli (Zhang et al., 2008b). 32 Chapitre I : Synthèse bibliographique A B C Figure I.13. Mécanisme hypothétique de transfert d’électrons entre E. coli et une électrode (Qiao et al., 2008) (A) et formules semi-développées de la quinone (B) et de l’hydroquinone (C). Enfin, les mécanismes de transfert d’électrons de P. aeruginosa vers une électrode ont été largement étudiés. Cette bactérie, dont une souche a été extraite du compartiment anodique d’une pile à combustible microbienne, est capable d’assurer la production de courant en utilisant comme médiateurs la pyocyanine (Figure I.14) et des phénazines (Rabaey et al., 2004). Ces molécules sont des pigments naturellement produits par la bactérie et impliqués dans la virulence. Des mutants défectueux pour la synthèse de pyocyanine et de phénazine-1-carboxamide n’atteignent que 5% de la puissance électrique produite par la souche sauvage. L’ajout de pyocyanine permet de restaurer 50% de cette puissance (Rabaey et al., 2005). Figure I.14. Formule semi-développée de la molécule de pyocyanine. 33 Chapitre I : Synthèse bibliographique D’autres bactéries sont capables d’échanger des électrons avec une électrode via des médiateurs endogènes (Tableau I.1), mais les molécules responsables du transfert sont mises en évidence mais rarement caractérisées. I.2.4.2.2 Pili conducteurs Un autre mécanisme découvert beaucoup plus récemment est l’utilisation de pili conducteurs. Certaines bactéries ont leur surface recouverte d’appendices appelés pili impliqués dans plusieurs processus : mobilité, formation du biofilm, chimiotactisme, conjugaison… Il a été montré pour certaines bactéries électroactives que ces pili pouvaient conduire le courant électrique et étaient nécessaires au transfert d’électrons entre les cellules et les électrodes (Figure I.15). De tels appendices présentent des avantages évidents pour la bactérie (Gorby et al., 2006). Tout d’abord, celui de faciliter le transfert d’électrons puisqu’il n’y a plus forcément besoin de contact direct avec la surface de la bactérie ; on peut même imaginer que ces « nano-fils électriques » permettent d’atteindre des zones inaccessibles à la cellule elle-même. Enfin, leur implication permet d’augmenter considérablement la surface active. Donneur d’électrons Donneur d’électrons oxydé Electrode Pilus conducteur Electron Bactérie Figure I.15. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons direct entre une bactérie et une électrode via des pili conducteurs. 34 Chapitre I : Synthèse bibliographique Deux bactéries très connues dans le monde de l’électroactivité microbienne, que nous avons déjà mentionnées, disposent de tels « nano-fils ». La première est G. sulfurreducens. Les espèces de Geobacter sont connues pour être capables de réduire des oxydes de Fe(III) (Lovley et al., 2004). Ces espèces disposent de pili unilatéraux (Childers et al., 2002) et il a été proposé que ces pili aidaient à établir un contact entre les oxydes de Fe(III) et la bactérie. En 2005, l’équipe de Derek Lovley de l’université du Massachusetts a montré qu’un mutant de G. sulfurreducens défectueux dans la formation de ces pili (pilA-) était tout à fait capable de fixer les oxydes de Fe(III) mais pas de les réduire (Reguera et al., 2005). Ils ont également montré que ces pili étaient très conducteurs. Tout ceci indique que les pili de G. sulfurreducens, outre leur rôle dans la formation du biofilm (Reguera et al., 2007), peuvent servir de « nano-fils » assurant le transfert d’électrons entre la surface de la bactérie et les oxydes de Fe(III) (Reguera et al., 2005). La deuxième bactérie chez laquelle ce mécanisme a été mis en évidence est S. oneidensis. Cette bactérie possède des appendices semblables à des pili capables de conduire l’électricité (Gorby et al., 2006). En allant plus loin dans l’étude du mécanisme, les chercheurs ont pu montrer que les cytochromes MtrC et OmcA, déjà connus pour être impliqués dans le transfert d’électrons entre la bactérie et une électrode, étaient indispensables à la production des nano-fils conducteurs. Ces appendices électriquement conducteurs ont été mis en évidence chez d’autres micro-organismes sans lien direct avec la réduction de métaux, comme par exemple, chez la cyanobactérie Synechocystis (Gorby et al., 2006). Chez Pelotomaculum thermopropionicum ils semblent même servir de connections électriques entre la bactérie et Methanothermobacter thermoautotropicus (Gorby et al., 2006). De telles découvertes tendent à montrer que les nano-fils ne sont pas spécifiques des bactéries métalloréductrices et qu’ils peuvent participer à des transferts d’électrons de diverses natures tels que le transfert entre espèces bactériennes. I.2.4.2.3 Contact direct avec des protéines membranaires Enfin, le troisième mécanisme implique des protéines membranaires et nécessite un contact direct entre la surface de la bactérie et l’électrode. Ces protéines sont capables 35 Chapitre I : Synthèse bibliographique d’assurer de manière directe le transfert d’électrons entre la bactérie et l’électrode (Figure I.16). Donneur d’électrons Donneur d’électrons oxydé Electrode Protéine membranaire Electron Bactérie Figure I.16. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons direct entre une bactérie et une électrode via des protéines membranaires. Les protéines les plus souvent mises en cause dans ce transfert par contact sont les cytochromes. Ces protéines contiennent des groupements prosthétiques (non protéiques) constitués d’un noyau porphyrine contenant du fer. Les cytochromes s’oxydent et se réduisent en perdant ou en gagnant un seul électron provenant de l’atome de fer situé dans l’hème. Ces protéines sont situées dans la membrane cytoplasmique des bactéries et font partie de la chaîne de respiration. Il existe différentes classes de cytochromes. Chez G. sulfurreducens, il a été montré que plusieurs cytochromes de type c situés sur la surface extérieure de la cellule tels que OmcB, OmcS et OmcE, étaient impliqués dans le transfert d’électrons direct vers une électrode ou des oxydes de fer (Holmes et al., 2006; Leang et al., 2003). La figure I.17 présente le modèle proposé par Lovley (2008) concernant ce transfert d’électrons depuis le NADH (issu de l’oxydation de la matière organique) jusqu’à l’électrode. 36 Chapitre I : Synthèse bibliographique S. oneidensis présente également également ce type de mécanisme. Il a été montré que certains cytochromes jouaient un rôle clé dans les procédés de génération de courant et de réduction d’oxydes métalliques chez cette bactérie (Bretschger et al., 2007). Figure I.17. Modèle du transfert d’électrons chez Geobacter sulfurreducens depuis le NADH issu de l’oxydation de matières organiques vers une électrode (Lovley, 2008). I.2.4.2.4 Combinaison des trois mécanismes Les trois mécanismes décrits dans les paragraphes précédents sont très certainement utilisés de façon simultanée au sein d’un biofilm électroactif. Plusieurs faits vont dans le sens de cette hypothèse. Tout d’abord, pour certaines bactéries, plusieurs mécanismes ont été mis en évidence. C’est le cas par exemple de G. sulfurreducens (pili conducteurs et cytochromes) et de Shewanella sp. (pili conducteurs, médiateurs endogènes et cytochromes). Par ailleurs, les biofilms électroactifs sont souvent des structures assez épaisses composées de plusieurs genres de bactéries et même parfois de levures, de champignons et d’algues (Parot, 2007). Dans cette communauté complexe, les différents mécanismes coexistent nécessairement. Les bactéries en contact direct avec la surface utilisent sans doute des protéines membranaires telles que les cytochromes, les bactéries un peu plus éloignées utiliseraient les pili conducteurs et celles en périphérie du biofilm pourraient utiliser des médiateurs solubles 37 Chapitre I : Synthèse bibliographique (Lovley, 2008). Il a même été montré que certaines bactéries étaient capables d’utiliser des médiateurs produits par d’autres pour assurer un transfert d’électrons jusqu’à l’électrode (Pham et al., 2008). I.2.5 Les bactéries à Gram positif La grande majorité des bactéries décrites comme électroactives jusqu’à présent sont des bactéries à Gram négatif. En effet, les bactéries à Gram positif possèdent une paroi beaucoup plus épaisse formée essentiellement de peptidoglycane et surtout n’ont pas de membrane externe très riche en protéines. Selon certains chercheurs, cette paroi pourrait fortement réduire le transfert d’électrons direct entre la bactérie et une électrode. De plus, les théories actuelles concernant la réduction directe de l’anode supposent une localisation des systèmes de transport d’électrons sur la membrane externe des bactéries à Gram négatif (Lovley, 2008). Ainsi, l’absence de telles protéines membranaires chez les bactéries à Gram positif explique que, jusqu’à présent, les chercheurs pensaient plutôt à un rôle secondaire de ces bactéries au sein des communautés microbiennes électroactives (Rabaey et al., 2007). Ceci justifie le peu de travaux effectués sur ce type de bactéries concernant leur potentiel électroactif. Cependant quelques études montrent la possibilité pour des bactéries à Gram positif d’échanger, directement ou non, des électrons avec une électrode et de générer du courant. Venant appuyer l’idée de Rabaey et al. (2007), deux études montrent la nécessité d’incuber des micro-organismes à Gram positif avec des médiateurs solubles exogènes pour obtenir un courant. Desulfitobacterium hafniense est capable de générer du courant dans une pile à combustible microbienne lorsque sont ajoutés des acides humiques (Milliken et May, 2007). De même, une souche de Brevibacillus peut transférer des électrons à une électrode en utilisant comme médiateur des phénazines, qui sont des pigments produits par P. aeruginosa, une bactérie à Gram négatif (Pham et al., 2008). Cependant plusieurs études montrent une activité directe de bactéries à Gram positif. Certaines produisent leurs propres médiateurs. Bacillus subtilis a été utilisé dans le compartiment anodique d’une pile à combustible microbienne pour récupérer 1,05 mW/cm² d’électrode (Nimje et al., 2009). Le transfert d’électrons a été caractérisé par voltammétrie 38 Chapitre I : Synthèse bibliographique cyclique et, en comparant les activités du surnageant et des bactéries remises en suspension, les auteurs ont montré l’implication de médiateurs excrétés par les bactéries. De même, une souche de Corynebacterium testée sous des conditions alcalines permet d’atteindre des densités de puissance de 7,3 mW/m² en utilisant des médiateurs endogènes (Liu et al., 2009). Clostridum butyricum (Park et al., 2001), Clostridium isatidis (Compton et al., 2000) et Thermincola ferriacetica (Marshall et May, 2009) sont capables d’utiliser directement par contact une électrode comme accepteur d’électrons. En conclusion, même si pour l’instant leur nombre est inférieur à celui des bactéries à Gram négatif, les bactéries à Gram positif sont également capables de catalyser des réactions d’oxydoréduction au contact d’électrodes. D’ailleurs, l’intérêt des chercheurs pour cette catégorie de micro-organismes commence sensiblement à augmenter. I.2.6 Biocathodes : la catalyse de la réduction du dioxygène I.2.6.1.1 Enjeu des biocathodes Toutes les études présentées dans les paragraphes précédents portent sur des microorganismes capables de catalyser des réactions anodiques, c’est-à-dire de transférer des électrons à une électrode. Beaucoup moins nombreux sont les auteurs qui s’intéressent à la catalyse cathodique. Pourtant, la réaction ayant lieu à la cathode dans une PCM (le plus souvent la réduction du dioxygène), peut s’avérer limitante. À l’heure actuelle, on utilise souvent du platine comme catalyseur. La possibilité de mettre au point des biocathodes est très intéressante en termes de coûts. Avec ce procédé, la réduction ayant lieu à la cathode est catalysée par des micro-organismes. La PCM devient alors totalement biologique (compartiments anodique et cathodique). Outre l’avantage du coût plus faible de construction et d’entretien, les biocathodes peuvent permettre d’améliorer la durabilité de la pile. En effet les problèmes dus à la sensibilité du platine à toute sorte de pollutions inhibantes ou encore à la consommation d’éventuels médiateurs d’électrons peuvent être éliminés. Enfin, le métabolisme microbien au sein des biocathodes peut être utilisé pour produire des molécules d’intérêt (Lovley, 1991) ou pour éliminer des composés indésirables, comme par exemple dans la dénitrification. 39 Chapitre I : Synthèse bibliographique Quelques études sont consacrées à la mise au point de ces biocathodes et à l’analyse du transfert d’électrons de l’électrode vers la bactérie. Les biocathodes peuvent être classées en deux groupes : les biocathodes aérobies et les biocathodes anaérobies. Nous ne parlerons ici que des premières, puisque c’est bien la réduction du dioxygène qui nous intéresse dans cette étude. Le dioxygène est l’accepteur final d’électrons le plus utilisé pour la réaction cathodique dans les PCM, à cause de son potentiel redox élevé (E°O2/H2O = 1,23 V – 0,059 pH /ESH), de son abondance dans l’air, et de son coût réduit. Différentes stratégies d’utilisation des bactéries dans les biocathodes ont été imaginées. I.2.6.1.2 Biocathodes utilisant le manganèse ou le fer Certaines études utilisent des micro-organismes pour participer à l’oxydation de composés métalliques transitoires pour transférer les électrons au dioxygène, tels que Mn(II) ou Fe(II). C’est grâce à ce mécanisme que la première biocathode a vu le jour dans une PCM complète (Rhoads et al., 2005). Dans cette pile, entièrement biologique, Klebsiella pneumoniae est utilisée comme catalyseur dans le compartiment anodique et Leptothrix discophora dans le compartiment cathodique. Les auteurs ont montré qu’en ajoutant le cycle d’oxydation/réduction du manganèse dans la cathode aérobie, la puissance pouvait être multipliée par plus de 40. Dans la première étape du cycle, qui est abiotique, MnO2 est réduit en un hydroxyde MnOOH, en acceptant un électron de la cathode. Cette réaction est suivie par une réduction supplémentaire de MnOOH en Mn2+ grâce à l’apport d’un deuxième électron par la cathode. La deuxième étape fait intervenir les MOB (manganese oxidizing bacteria) comme par exemple Leptothrix discophora, qui oxydent Mn2+ en MnO2 en donnant deux électrons au dioxygène. Ce mécanisme est résumé dans la figure I.18. La pile entièrement microbienne ainsi mise au point a permis d’alimenter en électricité un capteur sans fil implanté dans l’environnement (Shantaram et al., 2005). 40 Chapitre I : Synthèse bibliographique Figure I.18. Représentation schématique du dépôt et de la ré-oxydation du manganèse utilisés comme réaction cathodique (Rhoads et al., 2005). Les systèmes utilisant le Fe(II) sont relativement similaires, avec un avantage supplémentaire puisque le fer est 5 à 10 fois plus abondant que le manganèse sur Terre (Nealson et Saffarini, 1994). Le Fe2+ est oxydé par les bactéries en Fe3+, qui est ensuite réduit à la cathode. Ce système a été utilisé pour la détoxification des eaux usées en transformant cette fois-ci de l’énergie électrique en énergie chimique (Lopez-Lopez et al., 1999). I.2.6.1.3 Biocathodes utilisant directement le biofilm Un autre système fait intervenir des biofilms électroactifs développés à la surface de la cathode. Ce principe a été testé particulièrement pour les PCM en milieux marins. Dans ces milieux ouverts il est pratiquement impossible d’empêcher la formation de biofilm sur la cathode, puisque celle-ci est exposée dans l’environnement aqueux à une grande diversité de communautés microbiennes (Holmes et al., 2004b). Au cours d’un projet sur une pile abiotique en milieu marin, des chercheurs se sont rendus compte que le biofilm développé sur la cathode augmentait les taux de réduction du dioxygène (Hasvold et al., 1997). Plus récemment, une PCM en eau de mer formée d’une anode abiotique et d’une cathode recouverte d’un biofilm a été mise au point (Bergel et al., 2005). Les auteurs ont montré que la densité de puissance maximale fournie par la pile chutait de 270 mW/m² à 2,8 mW/m² lorsque le biofilm était enlevé de la cathode. Les auteurs pensent que les micro-organismes au sein du biofilm sont capables de catalyser la réduction du dioxygène. 41 Chapitre I : Synthèse bibliographique Un dispositif similaire avec une anode abiotique et une biocathode aérobie a été mis en œuvre par K. Rabaey (Rabaey et al., 2008). La biocathode a été ensemencée avec un mélange d’isolats environnementaux issus d’eaux de rivières. Les chercheurs sont ainsi parvenus à une densité de puissance de 303 mW/m² de cathode. La communauté microbienne a été analysée et plusieurs bactéries se sont révélées dominantes : Sphingobacterium, Bacteroides, Acinetobacter et Acidovorax sp. Récemment, la formation d’un biofilm anaérobie sur une anode plongée dans du terreau de jardin a permis d’identifier, contre toute attente, certaines bactéries capables de catalyser la réduction du dioxygène, comme par exemple Enterobacter spp. (Parot et al., 2009). Cette activité a été démontrée en voltammétrie cyclique. La première application de l’électroactivité des bactéries reste la production d’électricité dans les piles à combustible microbiennes. Cependant, des chercheurs ont imaginé utiliser des techniques électrochimiques dans les applications en détection de microorganismes. Bien que de nombreux biocapteurs soient basés sur des méthodes électrochimiques, à l’heure actuelle aucun d’entre eux n’utilise les propriétés électroactives des bactéries. Les paragraphes qui suivent décrivent les différentes techniques utilisées dans la détection de micro-organismes pathogènes et présentent les avantages des méthodes électrochimiques ; y sont également présentés les quelques travaux effectués en électrochimie concernant la détection de biofilms. I.3 I.3.1 Détection de micro-organismes opportunistes et pathogènes Généralités La détection de micro-organismes pathogènes est un problème majeur depuis plusieurs dizaines d’années en raison des conséquences graves dans le domaine de la santé publique. Un groupe de chercheurs a récemment réalisé une étude basée sur plus de 2500 articles publiés entre 1985 et 2005 dans le domaine de la détection de bactéries pathogènes (Lazcka et al., 2007). Les résultats de leur étude bibliographique sont présentés dans les figures I.19 et I.20. Les trois domaines d’application que sont l’industrie alimentaire, le diagnostic clinique 42 Chapitre I : Synthèse bibliographique et les contrôles qualité de l’eau et de l’environnement représentent à eux seuls plus des deux tiers des articles consacrés à la détection de pathogènes. Figure I.19. Distributions par application et par micro-organisme du nombre de travaux concernant la détection de pathogènes (Lazcka et al., 2007). La figure I.20 compare les différentes méthodes utilisées, toujours en fonction du nombre de publications. On peut remarquer que les méthodes classiques telles que la PCR ou les méthodes par culture et dénombrement sont de loin les plus utilisées. La sélectivité et la fiabilité des ces méthodes expliquent sans aucun doute leur succès constant. Même si les méthodes par culture prennent beaucoup plus de temps que la PCR, ces deux techniques fournissent des résultats exploitables. Les biocapteurs sont très prometteurs puisqu’ils semblent proposer des résultats tout aussi fiables mais dans des délais plus courts, ce qui explique le grand intérêt qu’ils suscitent. Quoi qu’il en soit, il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant que les biocapteurs ne deviennent une réelle alternative. Cependant, l’analyse de la figure I.20 b suggère que la technologie des biocapteurs est celle qui évolue le plus rapidement ces dernières années. Le marché potentiel est également très prometteur (Alocilja et Radke, 2003). 43 Chapitre I : Synthèse bibliographique Figure I.20. (a) Nombre approximatif d’articles utilisant différentes techniques pour détecter et/ou identifier des bactéries pathogènes. (b) Evolution du nombre de travaux publiés sur la détection de bactéries pathogènes de 1985 à 2005 (Lazcka et al., 2007). I.3.2 Méthodes classiques La PCR, le dénombrement et l’identification après culture et les tests immunologiques représentent les outils les plus classiques utilisés pour la détection de pathogènes. Malgré quelques inconvénients tels que la durée de l’analyse ou encore la complexité de mise en œuvre, ces méthodes restent intéressantes et il est encore possible de les faire progresser. De 44 Chapitre I : Synthèse bibliographique plus, ces trois techniques sont souvent utilisées en parallèle pour fournir des résultats par confrontation. Le dénombrement après culture est sans aucun doute la technique la plus ancienne et demeure la méthode standard de détection. Cependant, il faut attendre un à deux jours pour obtenir des résultats pour la détection de P. aeruginosa par exemple, et cela peut aller jusqu’à plusieurs jours et même plusieurs semaines pour des bactéries avec des exigences culturales plus importantes ou des cinétiques de croissance très lentes, comme les espèces de Legionella. Ce long temps d’analyse représente un inconvénient majeur lorsqu’il s’agit de détecter une contamination le plus rapidement possible. La PCR, développée dans le milieu des années 80 (Mullis et al., 1986), est une méthode basée sur l’isolation, l’amplification et la quantification d’une petite séquence d’ADN à l’intérieur du matériel génétique de la bactérie à détecter. Cette méthode prend beaucoup moins de temps (de quelques heures à une journée) et permet par exemple de rechercher spécifiquement une espèce (PCR classique), d’estimer cette espèce sur le plan quantitatif (PCR quantitative), ou alors de rechercher plusieurs bactéries à la fois (multiplex PCR). Une des limitations est que la PCR ne fait pas la distinction entre les bactéries viables et les bactéries non-viables. La reverse transcriptase PCR (RT-PCR) a été développée pour ne détecter que les cellules viables et augmenter le seuil de détection (Yaron et Matthews, 2002). Les méthodes immunologiques de détection de bactéries sont des outils analytiques très puissants pour un grand nombre de cibles. Le test ELISA (Enzyme-Linked ImmunoSorbent Assay) est la technique la plus aboutie dans ce domaine, et son principe représente une grande source d’inspiration pour de nombreux biocapteurs. Ce procédé permet de doser les antigènes (corps considérés comme étrangers par l'organisme) ou les anticorps grâce à l'utilisation d'un marqueur (molécule dont la détection permet d'identifier ces éléments) couplé à l’anticorps ou antigène correspondant. Dans la méthode ELISA, ces marqueurs sont des enzymes. Cette méthode permet de détecter les immunoglobulines (anticorps) qui sont dirigées contre un virus ou une bactérie. Autrement dit, le test ELISA permet de savoir si une personne est effectivement affectée par un micro-organisme. 45 Chapitre I : Synthèse bibliographique I.3.3 Biocapteurs I.3.3.1 Définition Une définition communément admise pour les biocapteurs est celle du journal Biosensors & Bioelectronics (http://www.elsevier.com/wps/find/journaldescription.cws_home /405913/description). Les biocapteurs sont des appareils d’analyse comprenant une substance biologique (tissus, micro-organismes, organelles, récepteurs cellulaires, enzymes, anticorps, acides nucléiques…), un composé dérivé d’une substance biologique (anticorps recombinants, aptamères…) ou une substance biomimétique (récepteurs synthétiques, catalyseurs biomimétiques, ligands, polymères…) qui sont intimement liés ou intégrés dans un transducteur physico-chimique ou un microsystème de transduction, qui peut être optique, électrochimique, thermométrique, piézo-électrique, magnétique ou micromécanique. Les biocapteurs fournissent en général un signal numérique électronique qui est proportionnel à la concentration de la substance analysée ou au groupe de substances analysées. I.3.3.2 Stratégies d’immobilisation Plusieurs stratégies existent pour immobiliser la molécule de reconnaissance sur un support. Il y a trois classes principales de molécules utilisées dans les biocapteurs : les enzymes, les anticorps et les acides nucléiques. Cependant, dans la détection de microorganismes, les enzymes sont plus utilisées comme marqueurs (comme dans les tests ELISA) qu’en tant que molécules de reconnaissance. L’utilisation d’anticorps est beaucoup plus répandue que celle des sondes à ADN. C’est pourquoi nous ne présenterons ici que les stratégies utilisant les anticorps. Dans tous les cas, les anticorps sont immobilisés sur un substrat qui peut être la surface du détecteur lui-même, ses environs ou encore un transporteur. Pour l’or, qui est le matériau le plus utilisé dans le domaine des biocapteurs, trois principales méthodes d’immobilisation existent : l’adsorption directe (Tombelli et Mascini, 2000), le système avidine-biotine (Ouerghi et al., 2002) et le système par monocouches auto-assemblées (Su et Li, 2004). Le principe de ces trois techniques est présenté dans la figure I.21. 46 Chapitre I : Synthèse bibliographique Figure I.21. Représentation schématique des principales stratégies d’immobilisation et des étapes clé. Adsorption directe : a1, nettoyage de la surface ; a2, immersion dans la solution d’anticorps ; a3, lavage ; a4, addition de l’échantillon ; a5, détection. Système avidine-biotine : b1, nettoyage de la surface ; b2, fixation de l’avidine ; b3, addition d’anticorps biotinylés ; b4, lavage ; b5, addition de l’échantillon ; b6, détection. Monocouches auto-assemblées : c1, nettoyage de la surface ; c2, formation de la monocouche auto-assemblée ; c3, activation ; c4, immobilisation des anticorps ; c5, lavage ; c6, addition de l’échantillon ; c7, détection. La première méthode est sans aucun doute la plus simple et la plus rapide mais également la moins fiable du fait qu’elle repose sur l’attachement aléatoire des anticorps sur le substrat. L’adsorption est non-spécifique et les performances du capteur sont rarement satisfaisantes (Tombelli et Mascini, 2000). La deuxième méthode est simple et très efficace. Un des avantages majeurs est le fait que l’attachement, bien que résistant, est non-covalent, ce qui permet une réutilisation du substrat après lavages. En revanche, les réactifs sont assez coûteux. La troisième méthode, plus complexe, consiste à immerger la plaque d’or dans une solution (éthanol) contenant un surfactant (disulfures, thiols…). Après la formation de cette monocouche, l’anticorps est lié à l’autre extrémité du groupement thiol en utilisant différentes méthodes chimiques de modification et d’activation pour optimiser l’orientation de l’anticorps sur le substrat. Cette technique est utilisée dans un grand nombre d’applications (Mansfield et Forsythe, 2001; Oh et al., 2003; Vaughan et al., 2001). 47 Chapitre I : Synthèse bibliographique I.3.3.3 Transduction du signal Nous venons de décrire les mécanismes de reconnaissance basés sur l’utilisation d’anticorps. Le biocapteur, pour être efficace, nécessite ensuite une technique de transduction rapide. Les plus connues sont les techniques optiques et les techniques électrochimiques. Les capteurs optiques sont très populaires du fait de leurs très bonnes sélectivité et sensibilité. Plusieurs méthodes de détection optique existent : la détection par fluorescence où un composé fluorescent est couplé à l’anticorps (Li et al., 2004), la détection par Surface Plasmon Resonance (Cooper, 2003) basée sur la mesure du changement d’indice de réfraction induit par des altérations structurales d’un film de métal suite aux interactions anticorps/antigène, ou encore la technique piézoélectrique (O'Sullivan et Guilbault, 1999) qui repose sur l’observation du changement de fréquence de résonance d’une microbalance à la suite du changement de masse du support. Les techniques électrochimiques sont principalement basées sur l’observation de modifications de courant ou de potentiel dues aux interactions à la surface du support. Les méthodes ampérométriques, qui sont les plus communes, consistent à fixer le potentiel du capteur à une valeur pour laquelle le micro-organisme à analyser produit directement ou indirectement (ajout de médiateur) un courant. Une équipe est arrivée à détecter entre 100 et 600 cellules d’E. coli en 30 min en utilisant une méthode ampérométrique (Abdel-Hamid et al., 1999). D’autres techniques comme la potentiométrie (Schoning et Poghossian, 2002), la conductimétrie (Lu et al., 2008; Muhammad-Tahir et Alocilja, 2003) et les méthodes par mesure d’impédance (Ong et al., 2001) sont également des stratégies intéressantes, mais plus complexes à mettre en œuvre. I.3.4 Capteur d’adhésion de bactéries Devant l’importance des populations microbiennes adhérées ou sous forme biofilm dans la maîtrise du risque microbiologique, que ce soit au niveau industriel ou hospitalier, certains chercheurs se sont attachés à mettre en place des capteurs d’adhésion de bactéries. L’objectif n’est plus de détecter spécifiquement un micro-organisme libre dans une solution (par exemple du sang, de l’eau…), comme c’était le cas dans les paragraphes précédents, mais plutôt de détecter une contamination sous forme de biofilm directement dans la zone à 48 Chapitre I : Synthèse bibliographique contrôler. Une équipe de chercheurs portugais a mis au point une méthode utilisant la voltammétrie cyclique permettant de détecter une formation de biofilm à P. fluorescens (Vieira et al., 2003). Ils ont montré que la réponse obtenue en voltammétrie cyclique était proportionnelle à l’épaisseur du biofilm formé à la surface de l’électrode. En effet, en présence du biofilm, une diminution du courant est observée à cause de l’encrassement de l’électrode et donc de la diminution du courant de réduction du dioxygène dû soit à la diminution de la surface disponible, soit à la limitation du transfert de matière (Vieira et al., 2003). La société Neosens développe la sonde Neosens FS-1000 WT qui permet de suivre en ligne et en continu les phénomènes d’encrassement rencontrés dans tout procédé de traitement de fluide par calorimétrie. Ce capteur de quelques millimètres a été mis au point au Laboratoire d'Ingénierie des Systèmes Biologiques et des Procédés à Toulouse. Il utilise la technique du fil chaud et mesure les flux de chaleur. Il se positionne à l’intérieur des équipements pour fournir une mesure industrielle en continu, en ligne et in situ. Périodiquement chauffé de façon imperceptible, il renseigne sur l’état d’encrassement de l’équipement via la mesure de sa température de surface. De manière très simplifiée, plus le dépôt est important, moins la chaleur générée par le capteur peut diffuser dans le liquide. L’ensemble de ces résultats est protégé par un brevet français qui a été étendu au niveau international (Fillaudeau et al., 2006). Un accord de licence exclusif a été signé avec l’entreprise Neosens pour le développement et l’exploitation commerciale du dispositif. En conclusion, les biocapteurs, notamment les capteurs électrochimiques, offrent une alternative très intéressante aux méthodes classiques de détection, en particulier grâce au gain de temps qu’ils représentent. Certains capteurs sont même directement implantables, par exemple dans des réseaux d’eau, et permettent la détection de contamination sous forme de biofilm et plus seulement sous forme planctonique. Cependant, ces derniers sont peu sélectifs puisqu’ils détectent tout encrassement de l’électrode, qu’il soit biologique ou minéral. Le travail présenté dans cette thèse pourrait se révéler une alternative ou tout du moins un début de réponse à ce problème. 49 Chapitre II : Matériels et méthodes Chapitre II : Matériels et méthodes 50 Chapitre II : Matériels et méthodes II.1 Souches bactériennes Les différentes souches testées dans cette étude sont rassemblées dans les tableaux II.1, II.2 et II.3. Les souches référencées proviennent de l’Institut Pasteur à Paris. Les isolats cliniques nous ont été fournis par le Laboratoire de Bactériologie et d’Hygiène de l’Institut Fédératif de Biologie du CHU de Purpan de Toulouse. Les isolats de P. aeruginosa ont été prélevés chez des patients atteints de mucoviscidose. Ces différentes souches ont été choisies pour leur phénotype particulier : pigmentation, aspect mucoïde ou non. Tableau II.1. Souches bactériennes d’intérêt médical utilisées dans cette étude : origine et particularité. Bactéries Pseudomonas aeruginosa Pseudomonas fluorescens Brevundimonas diminuta Burkholderia cepacia Branhamella catarrhalis Enterobacter cloacae Escherichia coli Shigella flexneri Acinetobacter sp. Kingella kingae Kingella denitrificans Bacillus subtilis Micrococcus luteus Staphylococcus carnosus Staphylococcus aureus Staphylococcus epidermidis Enterococcus faecalis Enterococcus hirae Lactobacillus farciminis Streptococcus mutans Référence/Origine PA01 Isolat clinique CIP 103020 CIP 80.24 CIP 73.21 Isolat clinique K 12 CIP 82.48 Isolat clinique CIP 80.16 CIP 103473 Particularité Génome séquencé Pathogène opportuniste Pathogène opportuniste Pathogène opportuniste Infection oto-rhino-laryngologique Pathogène opportuniste Infection urinaire Infection intestinale Pathogène opportuniste Isolement nasal Isolement du pharynx CIP 52.62 CIP 53.45 SJ 149 CIPF CIP 4.83 CIP 68.21 Isolat clinique CIP 58.55 CIP 103136 CIP 103220 Contaminant Pathogène opportuniste Non pathogène Isolement lésion cutanée Pathogène opportuniste Pathogène opportuniste Pathogène opportuniste Espèce anaérobie facultative Isolement lésion carieuse 51 Chapitre II : Matériels et méthodes Tableau II.2. Souches de P. aeruginosa utilisées dans cette étude : origines et particularités phénotypiques. Nom PA01 7844 M 7844 S 7645 M A01 A02 A03 A04 A05 A06 PA14 PA14 Kat APA14 Kat BPA14 Kat EPA14 Kat ABETB TB PA5349-KO-mutant Origine Institut Pasteur (France) isolat clinique isolat clinique isolat clinique isolat clinique isolat clinique isolat clinique isolat clinique isolat clinique isolat clinique Phénotype pigmentation verte mucoïde révertant non-mucoïde mucoïde aucune pigmentation pigmentation brune aucune pigmentation aucune pigmentation pigmentation bleue pigmentation brune Université de Sogang (Corée) Université de Sogang (Corée) Université de Sogang (Corée) Université de Sogang (Corée) Université de Sogang (Corée) Catalase + Catalase -/+ Catalase + Catalase + Catalase - Medizinische Hochschule Hannover (Allemagne) Medizinische Hochschule Hannover (Allemagne) PAK-NP pilA-/ladZ25 PAK-NP pilA-/IC41 CNRS, Marseille CNRS, Marseille PAK-NP pilA-/ladN6 CNRS, Marseille souche sauvage pas de rubrédoxine réductase non piliés et présentant un retard de colonisation (support Tygon®) par rapport à la souche sauvage Des mutants de P. aeruginosa ont également été testés. Chez P. aeruginosa, il y a trois gènes monofonctionnels de catalase : katA, katB and katE. Les simples mutants PA14 KatA-, PA14 KatB-, PA14 KatE-, le triple mutant PA14 KatABE- et la souche sauvage PA14 ont été fournis par l’Université de Sogang en Corée du Sud (Lee et al., 2005). Des mutants non piliés de la souche PAK de P. aeruginosa proviennent du Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Macromoléculaires du CNRS de Marseille : PAK-NP pilA-/ladZ25, PAK-NP pilA-/IC41, PAK-NP pilA-/ladN66 (Campanac, 2002). Une souche mutée incapable de produire la rubrédoxine réductase ainsi que la souche sauvage correspondante proviennent de la Medizinische Hochschule Hannover en Allemagne (Hagelueken et al., 2007). Les isolats environnementaux testés sont issus de biofilms épilithiques électroactifs récupérés sur des électrodes en acier immergées dans la Garonne (Haute-Garonne, France) et 52 Chapitre II : Matériels et méthodes la Vézère (Dordogne, France) lors d’une étude précédente par Emilie Lyautey du Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle à Toulouse (UMR 5245 CNRS–UPS–INPT). Les différentes souches ont été identifiées par séquençage de l’ADN 16S par le même laboratoire. Ces isolats sont regroupés dans le tableau II.3. Tableau II.3. Indentification des isolats environnementaux provenant de biofilms épilithiques électroactifs par séquençage de l’ADN 16S (Emilie Lyautey du Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle à Toulouse). Numéro d’accession GQ398331 GQ398332 GQ398333 GQ398334 GQ398335 GQ398336 GQ398337 GQ398338 GQ398339 GQ398340 GQ398341 GQ398342 GQ398343 GQ398344 GQ398345 GQ398347 GQ398350 GQ398351 GQ398353 GQ398355 GQ398356 GQ398357 GQ398359 GQ398360 GQ398364 GQ398367 GQ398368 GQ398369 GQ398370 GQ398373 GQ398374 GQ398375 Bactérie la plus proche (% de similitude) Citrobacter gillenii (99.8) Klebsiella oxytoca (99.0) Aeromonas sobria (100) Morganella morganii (99.6) Aeromonas sharmana (97.4) Acinetobacter johnsonii (96.2) Microbacterium oxydans (100) Sphingomonas molluscorum (98.6) Moraxella osloensis (99.9) Arthrobacter aurescens (99.8) Exiguobacterium acetylicum (99.9) Myroides odoratus (99.5) Pseudomonas fluorescens (99.8) Massilia timonae (99.5) Rhodococcus equi (100) Rhizobium radiobacter (99.6) Variovorax paradoxus (99.6) Chryseobacterium ureilyticum (99.5) Flavobacterium johnsoniae (99.0) Exiguobacterium sibiricum (99.9) Exiguobacterium undae (99.7) Novosphingobium aromaticivorans (97.7) Bacillus cereus (99.9) Bacillus flexus (100) Raoultella terrigena (100) Curtobacterium flaccumfaciens (99.8) Labedella kawkjii (99.8) Frigoribacterium faeni (99.5) Leucobacter luti (98.7) Pseudomonas putida (100) Janthinobacterium lividum (99.9) Zoogloea ramigera (98.7) 53 Chapitre II : Matériels et méthodes II.2 Entretien et protocoles appliqués aux bactéries II.2.1 Conservation, entretien et préparation Toutes les souches ont été conservées à -80°C dans du bouillon Eugon (Biomérieux, France) additionné de glycérol à 10% (v/v). La majorité des bactéries a été régénérée sur gélose TS (Biomérieux, France) sous condition aérobie (incubation à 37°C). Seul S. mutans et les deux souches de Kingella ont été régénérés sur gélose au sang (Milieu Colombia au sang de mouton stérile, Biomérieux, France). L. farciminis a, quant à lui, été entretenu sur gélose MRS (AES, France). Avant chaque manipulation les souches ont été mises en culture dans 20mL de milieu liquide TS (Biomérieux, France) sous agitation douce à 37°C pour les bactéries d’origine humaine et 20°C pour les isolats environnementaux. S. mutans et L. farciminis ont été mis en culture liquide sans agitation. Après 16 h d’incubation, les suspensions bactériennes ont été centrifugées (10min, température ambiante, 3000 × g), lavées deux fois dans l’électrolyte avant d’être re-suspendues dans ce même électrolyte. II.2.2 Electrolytes Différents électrolytes ont été utilisés : du tampon phosphate (K2HPO4/KH2PO4, 0.1 mol/L, pH 7), du bouillon TS (Biomérieux, France) et du bouillon biofilm modifié (Tableau II.4). Ce dernier est un milieu minimum qui a été mis au point au laboratoire pour la culture spécifique de P. aeruginosa sous forme de biofilm (Khalilzadeh, 2009). Tableau II.4. Composition du bouillon biofilm modifié. Composants MgSO4, 7H2O FeSO4 Na2HPO4 KH2PO4 (NH4)2SO4 Glucose pH (non ajusté) Concentration 0,2 g/L 0,0005 g/L 1,25 g/L 0,5 g/L 0,1 g/L 0,05 g/L 7,2 II.2.3 Dénombrement et caractérisation des bactéries 54 Chapitre II : Matériels et méthodes L’évaluation du nombre de bactéries a été faite par mesure de densité optique (DO) à 640 nm et par dénombrement sur boîte de TS gélosé (Biomérieux, France). Dans ce dernier cas, des dilutions sériées de raison 10 sont réalisées dans l’eau distillée stérile dont 0,1 mL sont soit inclus dans le milieu gélosé soit étalés sur la gélose. La caractérisation phénotypique des souches a été effectuée par coloration de Gram. Les tests catalase et cytochrome c oxydase ont été réalisés avec les tests ID color Catalase et Oxidase Reagent sur disque (Biomérieux, France). Les résultats de ces tests seront notés par la suite : catalase + ou catalase - et oxydase + ou oxydase -. Les productions de pyocyanine et de pyoverdine ont été évaluées sur les milieux gélosés KingA et KingB (AES, France), après 24h d’incubation à 37°C. La pyocyanine bleuit le milieu KingA. Une coloration rouge traduit la production de pyorubine. La pyoverdine rend, quant à elle, le milieu KingB vert-jaune. II.2.4 Prétraitements des bactéries Différents tests électrochimiques ont été effectués sur des bactéries pré-traitées afin de mieux caractériser les implications des cellules et de leur métabolisme dans les phénomènes observés. II.2.4.1 Fixation et inactivation des bactéries Des tests ont été pratiqués sur des cellules mortes de P. aeruginosa PA01. Après une culture sur la nuit dans du bouillon TS (Biomérieux, Fance), les cellules ont été lavées comme décrit dans le paragraphe II.2.1 et re-suspendues dans du méthanol 99,5 % (Aldrich, France) durant 30 min. Les cellules ainsi tuées ont été lavées à nouveau avec du tampon phosphate et testées en voltammétrie cyclique de la même façon que les cellules vivantes. Dans une autre expérience, les cellules ont été tuées directement à la surface de l’électrode de travail après un certain temps de contact entre les bactéries et les électrodes. Dans ce cas, après le temps de contact, l’électrode de travail a été immergée dans du méthanol pendant 30 min. Un test en 55 Chapitre II : Matériels et méthodes voltammétrie cyclique a été fait sur cette électrode avec des cellules mortes adhérées à sa surface. II.2.4.2 Filtration Après une heure d’agitation de la suspension bactérienne (bactéries lavées et resuspendues dans 20 mL de tampon phosphate) en concentration contrôlée, 20 mL ont été filtrés à travers un filtre stérile de porosité 0,45 µm puis à travers un filtre stérile de porosité 0,20 µm (Millipore, Bellirica, USA). Le filtrat a ensuite été testé en voltammétrie cyclique comme décrit au paragraphe II.4. Ce filtrat a également été testé après traitement pendant 15 min à 90°C pour l’inactivation des enzymes. II.2.4.3 Lyse Après deux lavages successifs dans du tampon phosphate, les bactéries ont été resuspendues dans 500µL de lysozyme (Sigma Aldrich, France). Après 10min d’attente à température ambiante, le même volume de SDS 1% a été rajouté (Sigma Aldrich, France) lysant ainsi les bactéries. L’activité du lysat a pu ainsi être évaluée en voltammétrie cyclique. II.2.4.4 Stress oxydant Après culture pendant la nuit dans du TS liquide, du peroxyde d’hydrogène H2O2 (Sigma Aldrich, France) a été ajoutée dans le milieu de culture avec les bactéries à une concentration finale de 500 µmol/L (Horsburgh et al., 2001). La suspension bactérienne a alors été incubée pendant une heure dans ces nouvelles conditions. Les bactéries ont ensuite été récupérées et lavées comme décrit au paragraphe II.2.1. II.3 Matériels et techniques électrochimiques II.3.1 Electrodes 56 Chapitre II : Matériels et méthodes Le montage utilisé est un montage électrochimique classique à trois électrodes : une électrode de travail, une électrode de référence et une contre-électrode. L’ensemble des électrodes utilisées dans cette étude est présenté dans la figure II.1. Deux types d’électrodes de travail ont été utilisés. Les premières sont des barreaux de carbone vitreux (Carbone vitreux V25, 3 × 150 mm, Carbone Lorraine, Gennevilliers, France) de 0,07 cm² de section, enrobés dans un cylindre de résine inerte (Epofix, Struers) d’environ 1 cm de diamètre pour garantir que seule la section de 0,07 cm² soit active. Avant leur utilisation, les électrodes ont été polies mécaniquement (polisseuse ESCIL, ESC 200 GTL) avec du papier abrasif (LAM-PLAN, France) de grains successifs décroissants (P400, P800, P1200, P2400, P4000), jusqu’à obtenir une surface polie parfaitement uniforme. La qualité du polissage a été vérifiée avant chaque expérience en voltammétrie cyclique. Une désinfection à l’alcool a été effectuée avant chaque expérimentation. Ces électrodes ont surtout été utilisées lors des expériences de voltammétrie cyclique. Le deuxième lot d’électrodes de travail utilisé est en acier inoxydable 254 SMO. Les électrodes sont des plaques de dimension 30 mm × 25 mm × 1mm. Les connexions électriques ont été réalisées par l’intermédiaire d’une tige de titane (diamètre 2 mm, Alfa Aesar) filetée et vissée sur l’électrode. Avant leur utilisation, les électrodes ont d’abord été dégraissées dans une solution 50 : 50 (v/v) d’acétone/éthanol pendant 20 min puis rincées à l’eau distillée. Elles ont ensuite été traitées pendant une heure sous agitation magnétique dans un bain contenant 20 % (v/v) d’acide nitrique à 65% et 2% (v/v) d’acide fluorhydrique à 40%. Pour finir, elles ont été abondamment rincées à l’eau. Les électrodes de référence utilisées sont des électrodes au calomel saturées (ECS, Hg/Hg2Cl2/Cl-, Copenhagen, Radiometer). Le potentiel de ces électrodes a été régulièrement vérifié. Elles ont été conservées dans une solution de KCl saturée. Une désinfection à l’alcool a été effectuée avant chaque utilisation. Les contre-électrodes sont en platine. Pour les faibles volumes, en bécher, de simples fils de platine ont été utilisés. Pour les volumes plus conséquents, en réacteur de 500mL, les contre-électrodes sont des grilles de platine. Avant toute utilisation, la stérilisation a été effectuée à la flamme d’un bec Bunsen. 57 Chapitre II : Matériels et méthodes A B C D E Figure II.1. Electrodes utilisées dans cette étude : électrode de carbone vitreux (A), électrode en acier inoxydable (B), contre-électrodes en platine (C et D) et électrode de référence au calomel saturée (E). Les électrodes ainsi préparées et désinfectées sont placées sous PSM (Poste de Sécurité Microbiologique) de classe II pour la réalisation des essais. II.3.2 Potentiostats Trois potentiostats différents ont été utilisés pendant l’étude : un potentiostat monovoie Princeton Applied Research piloté par le logiciel Power Suite, un potentiostat quatre voies et un multipotentiostat 16 voies (VMP, Bio-logic S.A., France) pilotés par le logiciel EC-Lab. II.3.3 Voltammétrie cyclique La voltammétrie cyclique (VC) consiste à faire varier linéairement le potentiel de l’électrode de travail au cours du temps en effectuant des allers-retours entre deux valeurs limites. Pendant ce balayage, le potentiostat mesure le courant résultant des réactions électrochimiques qui se produisent à la surface de l’électrode de travail. On obtient alors un voltammogramme cyclique, qui représente la réponse en courant en fonction du potentiel appliqué (Figure II.2). Par convention, les courants d’oxydation sont notés positivement et les courants de réduction négativement. Ainsi, l’oxydation d’un composé à la surface de l’électrode de travail donne un pic sur la partie supérieure du voltammogramme (courant positif). Par opposition, la réduction d’un composé se manifeste sous la forme d’un pic sur la 58 Chapitre II : Matériels et méthodes partie inférieure du cycle (courant négatif). Cette méthode permet d’observer des phénomènes électrochimiques transitoires. 6 Oxydation 4 2 I (µA) 0 -2 -4 Réduction -6 -8 -10 -12 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 E (V/SCE) Figure II.2. Exemple d’un voltammogramme cyclique illustrant la réduction du dioxygène. Les flèches marquent le sens du balayage de potentiel effectué à 0,1 V/s. II.3.4 Chronoampérométrie La chronoampérométrie (CA) consiste à imposer un potentiel constant à l’électrode de travail. Le potentiostat mesure au cours du temps le courant résultant des réactions électrochimiques qui se produisent à la surface de l’électrode de travail. La chronoampérométrie permet surtout de mettre en évidence des phénomènes lents et durables. II.4 Test d’électroactivité des bactéries en voltammétrie cyclique Les tests ont été effectués dans un bécher de 40 mL en utilisant comme électrolyte le tampon phosphate et comme électrodes de travail les électrodes de carbone vitreux (Figure II.3). Un premier voltammogramme a été réalisé avec 20 mL de tampon seul. Ce test permettait de contrôler la qualité de l’état de surface de l’électrode de travail après polissage. En effet, un polissage imparfait augmente la surface active de l’électrode et fournit donc des intensités de courant plus importantes contrôlables par voltammétrie cyclique. La reproductibilité du polissage mécanique a ainsi pu être attestée. Un deuxième test a été effectué après l’ajout des bactéries préalablement re-suspendues dans du tampon phosphate en concentration finale contrôlée (108 bactéries/mL sauf indication contraire). Pendant les temps 59 Chapitre II : Matériels et méthodes d’attente (contact entre les bactéries et l’électrode), la suspension bactérienne a été agitée avec un agitateur magnétique pour maintenir une concentration constante en dioxygène dissous. Après ce temps d’attente, un dernier voltammogramme a été effectué pour déterminer l’effet du temps de contact bactéries/électrodes. Les mesures en conditions anaérobies ont été effectuées après barbotage de diazote N2 (Aga, France) dans la solution pendant 20 min. Le barbotage de N2 ou l’agitation ont toujours été arrêtés avant d’effectuer les mesures de voltammétrie cyclique. Les cycles de voltammétrie ont été réalisés avec différentes vitesses de balayage allant de 10 à 1000 mV.s-1. La vitesse de 100 mV.s-1 a été choisie comme le meilleur compromis entre la qualité et l’intensité de la réponse obtenue. Les bornes du cycle ont été choisies de façon à pouvoir observer la réduction du dioxygène sans être gêné par la réduction et/ou l’oxydation de l’électrolyte. Ainsi les voltammogrammes ont été réalisés en commençant à 0,1 V/ECS (potentiel de repos de l’électrode de travail), en effectuant trois cycles de 0,7 V/ECS à -1 V/ECS et en terminant au potentiel de départ. Electrode de travail Electrode de référence Contre-électrode Suspension bactérienne Figure II.3. Montage à trois électrodes en bécher. 60 Chapitre II : Matériels et méthodes II.5 Etudes en chronoampérométrie II.5.1 En bécher Le même montage que celui décrit au paragraphe précédent a été utilisé (Figure II.3). Deux types de chronoampérométrie ont été effectués sur les suspensions bactériennes. Tout d’abord une chronoampérométrie classique, c'est-à-dire une mesure du courant au cours du temps à potentiel fixé, a été réalisée. Le potentiel choisi était -0,35 V/ECS, valeur pour laquelle le courant en présence des bactéries après 1 h d’attente est très élevé par rapport au témoin. La chronoamapérométrie a donc été commencée sur du tampon seul (témoin), puis poursuivie pendant plusieurs heures après l’ajout des bactéries. Pendant toute la durée de la mesure, la suspension a été agitée pour maintenir une concentration en dioxygène dissous constante. La deuxième méthode était une chronoampérométrie que l’on appellera séquentielle. Les mesures ont été réalisées durant quelques minutes, cette fois de manière séquentielle, avant l’ajout de bactéries (témoin), immédiatement après l’ajout des bactéries, et après 1h, 3h, 4h et 5h de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation. Durant les mesures, le potentiel a été fixé à -0,35 V/ECS et la suspension bactérienne n’a pas été agitée. II.5.2 En réacteur Les électrodes en acier inoxydable (30mm ×25mm ×1mm, 254 SMO) ont été utilisées comme électrodes de travail. L’électrode de référence est toujours une ECS. La contre électrode est une grille de platine. Des réacteurs (spécialement fabriqués par le verrier du Laboratoire de Génie Chimique pour permettre le montage à trois électrodes) de volume utile 500 mL, préalablement stérilisés, ont été remplis avec du bouillon biofilm. L’objectif étant d’obtenir un développement bactérien sur les électrodes, il a fallu fournir aux cellules une source de carbone, le glucose, dans le bouillon biofilm. Les réacteurs ont ensuite été ensemencés à 107 cellules/mL avec une culture de 16 h en milieu liquide TS (37°C sous agitation) après lavage 61 Chapitre II : Matériels et méthodes des cellules dans du bouillon biofilm. Les réacteurs ont été placés dans un bain thermostaté à 37°C pendant plusieurs jours sous un PSM. Ces réacteurs ont été alimentés en continu, pendant toute la durée de l’expérience, avec du bouillon biofilm au débit de 2 mL/min à l’aide de pompes péristatiques (Campanac, 2002). L’apport de dioxygène et l’agitation ont été faits par barbotage d’air par un fritté. La figure II.4 fournit une vue globale du montage. Le courant a été suivi de manière continue en chronoampérométrie tout au long de l’expérience, le potentiel étant fixé à -0,35 V/ECS. En complément, une série de voltammétries cycliques a été réalisée chaque jour. Le cycle a été adapté au nouveau milieu toujours dans l’objectif de minimiser les effets dus à l’oxydation ou à la réduction de composés présents. Ainsi, le cycle commençait à -0,4 V/ECS, puis suivaient trois boucles de 0 V à -0,8 V/ECS. Enfin, le cycle se terminait à -0,4 V/ECS. Trois vitesses de balayage différentes ont été testées : 200, 100 et 10mV/s. Figure II.4. Photographie du montage pour les mesures de chronoampérométrie en réacteur sous PSM. II.6 Voltammétrie cyclique sur des molécules immobilisées La procédure qui suit a été utilisée pour tester en voltammétrie cyclique les molécules suivantes toutes fournies par Sigma Aldrich : catalase (référence C1345), hémine (référence 51280), porphyrine de fer (2,3,7,8,12,13,17,18-Octaethyl-21H,23H-porphine iron(III) chloride, référence 257532) et porphyrine de magnésium (2,3,7,8,12,13,17,18-Octaethyl21H,23H-porphine magnesium, référence 257559). 62 Chapitre II : Matériels et méthodes Un premier voltammogramme a été effectué sur le tampon phosphate seul avec l’électrode de travail en carbone vitreux non modifiée pour vérifier l’état de surface. L’électrode de travail a ensuite été immergée dans du DMSO pur (Sigma Aldrich) pendant 15 min puis rincée avec l’électrolyte (tampon phosphate) et l’eau distillée. 2 mg/mL de molécule ont été dissous dans le DMSO. L’électrode a été immergée dans cette solution pendant 15 min et ensuite rincée avec l’électrolyte. L’électrode ainsi modifiée a été directement testée en voltammétrie cyclique comme décrit au paragraphe II.4. II.7 Microscopie électronique à balayage Les observations microscopiques ont été effectuées avec l’aide de Marie-Line de Solan au service analytique du Laboratoire de Génie Chimique avec un microscope électronique à balayage LEO 435 VP (Carl Zeiss SMT). Pour pouvoir observer la surface des électrodes de travail et évaluer le recouvrement par les bactéries, nous avons dû les découper pour disposer de petites surfaces utilisables dans le microscope. Avant observation, les échantillons ont été fixés dans une solution de glutaraldéhyde à 2,5% (Sigma Aldrich, France) à 4°C pendant 1 h et déshydratés par trempage dans des bains successifs d’éthanol de concentrations croissantes (30°, 50°, 80°, 99°) pendant 10 min à température ambiante. Les échantillons ont ensuite été séchés sous hotte à flux laminaire et recouverts d’une fine couche d’or pour garantir leur intégrité et leur conductivité électrique par vaporisation par procédé plasma (sputter coater Scancoat Six SE, Edwards). 63 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa 64 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa III.1 Introduction L’objectif à long terme de ce travail était de mettre au point une méthode de détection rapide de P. aeruginosa directement utilisable dans les réseaux d’eau. Pour cela il était important de parvenir à détecter la bactérie en présence de dioxygène. Les méthodes électrochimiques, comme décrit précédemment (§ I.3.3.3), sont des méthodes très intéressantes du point de vue de leur rapidité. Cette première phase de l’étude consiste donc à déterminer si P. aeruginosa est détectable par voie électrochimique, et de quelle manière se fait cette détection. Nous souhaitions également déterminer si des différences existaient suivant la virulence des bactéries, lors de la production importante d’EPS par exemple. Comme présenté dans le chapitre I (§ I.2.4.2.1), des souches de P. aeruginosa ont déjà été identifiées dans les compartiments anodiques de certaines piles à combustible microbiennes. Des études sur les mécanismes ont montré que les phénazines, pigments naturellement produits par P. aeruginosa et diffusibles dans le milieu, assuraient le transfert d’électrons de la bactérie à l’électrode. Mais ces études ont toutes été effectuées en absence de dioxygène. Dans ce chapitre nous étudions l’électroactivité de P. aeruginosa en présence de dioxygène et nous analysons le transfert d’électrons entre l’électrode et la bactérie. Plusieurs méthodes électrochimiques ont été utilisées. Tout d’abord la voltammétrie cyclique communément admise comme méthode rapide de détection de l’électroactivité, puis la chronoampérométrie pour analyser les processus de transfert d’électrons en régime stationnaire. Les essais ont essentiellement été réalisés sur la souche PA01. Les souches présentant des phénotypes particuliers ou mutées ont été évaluées pour mieux cerner le processus mis en cause. Ces essais ont alors été réalisés dans les conditions standards définies précédemment. Des tests complémentaires ont été réalisés en modifiant ces conditions pour la souche PA01. 65 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa III.2 Catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène par P. aeruginosa mesurée par voltammétrie cyclique III.2.1 Article “Electrochemical reduction of oxygen catalyzed by Pseudomonas aeruginosa” Les premières expériences ont eu pour objectif de déterminer si P. aeruginosa pouvait s’avérer électroactive dans ses conditions normales de métabolisme, c’est-à-dire en présence de dioxygène. Ces travaux ont donné lieu à la publication « Electrochemical reduction of oxygen catalized by Pseudomonas aeruginosa » dans le journal Electrochimica Acta. Un résumé en français de cette étude est présenté avant l’article lui-même. Plusieurs expériences permettant de compléter la compréhension des mécanismes impliqués sont ajoutées à la suite de la publication. Le pic de réduction du dioxygène dissous obtenu en VC qui commence à -0,37 ± 0,01 V/ECS dans du tampon phosphate seul est déplacé en présence de P. aeruginosa après 1h de contact entre les bactéries et les électrodes. Dans ces nouvelles conditions, la réduction commence à -0,18 ± 0,01 V/ECS et atteint son maximum à -0,44 ± 0,03 V/ECS avec une intensité de -11,4 ± 0,4 µA, qui est quatre fois supérieure à l’intensité obtenue dans le tampon phosphate seul à potentiel égal. P. aeruginosa est donc capable de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. Après avoir montré que P. aeruginosa était capable d’utiliser une électrode en carbone vitreux comme donneur d’électrons, nous avons essayé de progresser dans la compréhension du mécanisme. Différents temps de contact (15 s, 15 min, 30 min et 1 h) entre les bactéries et les électrodes ont été testés, montrant une augmentation de l’amplitude de la catalyse avec le temps de contact. Dès 15 min, la catalyse est observable mais l’activité devient maximale après une heure de contact. Nous avons d’abord pensé que ce temps d’attente correspondait au temps nécessaire aux bactéries pour adhérer à l’électrode de travail. Les observations au microscope électronique montrent qu’après quelques secondes, un recouvrement de l’électrode identique à celui observé après une heure est atteint. Ce temps de contact d’une heure est nécessaire pour que la catalyse ait lieu mais l’intensité de cette dernière n’est pas corrélée au nombre de bactéries à la surface de l’électrode. Cependant c’est bien ce qui est adsorbé ou adhéré à la surface de l’électrode qui est responsable de la catalyse puisque le phénomène persiste après avoir transvasé les électrodes dans du tampon neuf. De plus, le 66 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa filtrat n’a qu’une très faible activité, ce qui montre que les phénazines ou d’autres molécules médiatrices solubles ne sont pas responsables du phénomène. L’adhésion des bactéries est bien nécessaire mais pas suffisante. Puisque la présence des bactéries n’est pas suffisante pour obtenir la catalyse, deux hypothèses peuvent être émises. La première est que les bactéries sont simplement adsorbées sur la surface de l’électrode aux temps de contact courts (15 s) et que le transfert d’électrons nécessite une adhésion active de la part des bactéries (après 1 h). La deuxième est que les bactéries au contact de l’électrode ont besoin de temps pour produire certains composés électroactifs. La première hypothèse est assez difficile à vérifier. Il est en effet difficile de savoir si l’attachement irréversible des bactéries a été atteint. Cependant plusieurs pistes nous mènent vers la seconde hypothèse. Tout d’abord, aucune différence n’a été observée en microscopie entre les bactéries en contact avec l’électrode durant quelques secondes, et celles en contact durant une heure. Ensuite, l’alginate et les pili qui sont tous deux impliqués dans la phase d’adhésion irréversible ne semblent pas avoir d’effet sur la catalyse (voir § III.2.2 pour plus de précisions). La deuxième hypothèse semble donc plus probable. De plus, plusieurs études ont démontré l’activité électrochimique de certaines enzymes membranaires contenant un noyau hémique comme par exemple la catalase. Nous avons donc lancé différents essais afin d’explorer cette hypothèse. Des mutants de P. aeruginosa PA14 défectueux dans la production de catalase ont été testés et présentent la même électroactivité que la souche sauvage. La catalase n’est donc pas indispensable dans ce transfert d’électrons. Mais d’autres enzymes hémiques sont présentes au niveau de la membrane ou dans l’environnement très proche de la bactérie et peuvent être suspectées : oxydase, cytochrome, rubrédoxine, ferrédoxine… 67 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Electrochemical reduction of oxygen catalyzed by Pseudomonas aeruginosa Amandine Courneta,b, Mathieu Bergéa, Christine Roquesa, Alain Bergelb and Marie-Line Déliab* a Université de Toulouse; UPS; LU49, Adhésion bactérienne et formation de biofilms; 35 chemin des Maraîchers, 31 062 Toulouse cedex 09 France b Laboratoire de Génie Chimique CNRS UMR5503 ; 4 allée Emile Monso, BP 84234, 31432 Toulouse cedex 04 France Publication acceptée sous réserve de révisions mineures dans le journal « Electrochimica Acta » Abstract Pseudomonas aeruginosa has already been shown to catalyze oxidation processes in the anode compartment of a microbial fuel cell. The present study focuses on the reverse capacity of the bacterium i.e. reduction catalysis. Here we show that P. aeruginosa is able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. The use of cyclic voltammetry showed that, for a given range of potential values, the current generated in presence of bacteria could reach up to four times the current obtained without bacteria. The adhesion of bacteria to the working electrode was necessary for the catalysis to be observed but was not sufficient. The electron transfer between the working electrode and the bacteria did not involve mediator metabolites like phenazines. The transfer was by direct contact. Membrane-bound proteins, like catalase, may be involved. Various strains of P. aeruginosa, including clinical isolates, were tested and all of them, even catalase defective mutants, presented the same catalytic property. P. aeruginosa offers a new model for the analysis of reduction catalysis and the protocol designed here may provide a basis for developing an interesting tool in the field of bacterial adhesion. Keywords: Oxygen reduction, Pseudomonas aeruginosa, cyclic voltammetry, electrochemically active bacteria. 68 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa 1. Introduction Electroactive bacteria are able to transfer electrons to an electrode and thus produce current [1]. They have recently generated considerable interest concerning bioelectricity production in Microbial Fuel Cells (MFCs), in which they offer the possibility of converting chemical energy from a wide range of organic wastes into electrical energy [2]. Various bacteria have already been shown to be electroactive [3] and a lot of work is being done to try to decipher the cellular mechanisms by which such an electron transfer is possible. Many studies are devoted to oxidation processes that occur in the anode compartment of MFCs in an attempt to understand how bacteria transfer electrons to electrodes. Three different processes of transfer have been described. Some bacteria produce electrochemically active mediator metabolites that serve as electron shuttles between cells and electrodes [4]. Other bacteria have been shown to transfer electrons directly to electrodes without the implication of metabolites but through membrane-bound redox compounds such as C-cytochromes [5]. Finally, in some thick biofilms, involvement of conductive nanowires produced by the cells has been demonstrated with Shewanella and Geobacter species [6, 7]. These various studies have been mostly performed for anodic processes. Microbially-catalyzed reductions also exist [8-10] but have not been so largely studied. The catalysis of oxygen reduction by microbial biofilms was first identified in the field of microbial corrosion [11]. Biofilms formed in seawater have been shown to be efficient in catalyzing the reduction of oxygen on stainless steels and other materials but, for now, the mechanisms remain a subject of debate. Several hypotheses have been proposed, including direct catalysis by adsorbed enzymes like catalase [12, 13] or indirect catalysis via the production of hydrogen peroxide [14] or the production of manganese oxides/hydroxides by manganese oxidizing bacteria [15]. In recent years, attempts have been made to exploit the electrocatalytic properties of aerobic seawater biofilms to design biofilm-cathodes in MFCs [10, 16, 17]. Marine electro-active biofilms are composed of natural microbial consortia, in which microbial diversity is very large. It is suspected that mechanisms similar to those identified in corrosion studies may be involved but these mechanisms alone cannot explain the high current density values that are observed with natural seawater biofilms operating at controlled potential. . 69 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Several studies have been performed on the electroactivity of Pseudomonas species but all of them have focused on the ability of these microorganisms to give electrons to electrodes using their own electron shuttles. In 1996, pyocyanin, a blue pigment produced by several strains of P. aeruginosa, was studied by adsorptive stripping voltammetry [18]. This work revealed that pyocyanin had a redox activity of around -0.20 V vs Ag/AgCl. Some work on Pseudomonas chlororaphis assessed the necessity of phenazine-1-carboxamide (PCN) production for this strain to keep its ability to reduce Fe(III) [19]. More recently, P. aeruginosa was isolated from the anodic compartment of an MFC [20]. This bacterium was shown to produce soluble components called phenazines that served as electron shuttles between the bacteria and the electrode [4]. P. aeruginosa has already been used to improve electricity generation in the anodes of MFCs [21] but, to our knowledge, this bacterium has never been shown to catalyze a cathodic reaction. Here, we study the ability of P. aeruginosa to use an electrode as an electron donor. P. aeruginosa is an aerobic bacterium, so its usual electron acceptor is oxygen. For this reason, we focused on the ability of P. aeruginosa to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. This catalysis cannot be used in cathodic compartments of MFCs since the potential of the oxygen reduction catalyzed by bacteria is still too low for such an application. However, a specific experimental protocol was designed to study the reaction using cyclic voltammetry (CV). This method has already been shown to be efficient for rapid detection of the electroactivity of bacterial cells [20, 22]. The objectives of the present study were (i) to see whether P. aeruginosa was able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen (ii) to progress in understanding the mechanisms of the electron transfer, and (iii) to discuss the potential applications of such a property. 2. Experimental 2.1. Bacterial strains, culture conditions and chemicals Experiments were performed on the reference strain PA01 of P. aeruginosa. Clinical isolates from patients with cystic fibrosis obtained from the Hospital Bacteriology and Hygiene Laboratory in Toulouse (France) were also tested (Table 1). Four P. aeruginosa PA14 catalase mutants were provided by Sogang University, Korea: PA14 KatA-, PA14 KatB-, PA14 KatE- and PA14 KatABE- [23]. Catalase activity was assessed with the ID color 70 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Catalase test (Biomérieux, France). All the strains were stored at -80°C in Eugon medium (10% glycerol). They were plated on Trypcase Soy Agar (Biomérieux, France) under aerobic conditions. Before each experiment, the strains were grown overnight in 20mL Trypcase Soy Broth (Biomerieux, France) at 37°C under gentle stirring (200 rpm). The bacterial suspensions were then centrifuged (10 min, room temperature, 3600 × g), washed twice in phosphate buffer (K2HPO4/KH2PO4, 0.1 M, pH 7), and re-suspended in the same buffer. All experiments were performed in the same buffer at room temperature. TABLE 1. Phenotypic characterization of various electroactive strains of P. aeruginosa. Name PA01 7844 M 7844 S 7645 M A01 A02 A03 A04 A05 A06 PA14 PA14 Kat APA14 Kat BPA14 Kat EPA14 Kat ABE- Origin Pasteur institute (France) clinical isolates clinical isolates clinical isolates clinical isolates clinical isolates clinical isolates clinical isolates clinical isolates clinical isolates Sogang University (Korea) Sogang University (Korea) Sogang University (Korea) Sogang University (Korea) Sogang University (Korea) Phenotype green pigmentation mucoid non-mucoid revertant mucoid no pigmentation brown pigmentation no pigmentation no pigmentation blue pigmentation brown pigmentation Catalase + Catalase -/+ Catalase + Catalase + Catalase - 2.2. Cyclic voltammetry method Cyclic voltammetry consists in performing a potential scan on a solution while recording the current obtained. Currents due to oxidation processes are conventionally noted as positive and those due to reduction as negative. Experiments were monitored by a Princeton Applied Research potentiostat and the Power Suite software. Working electrodes were 0.07 cm² glassy carbon rods inserted in an inert resin cylinder of approximately 1 cm diameter. Prior to use, the rods were polished with abrasive silicon carbide paper and cleaned in distilled water. The counter-electrode was a platinum wire and a saturated calomel electrode (Radiometer Analytical) was used as a reference (SCE). 2.3. Protocol conditions 71 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Experiments were conducted in a 40 mL cell. A first voltammogram was run with 20 mL buffer to check the quality of the working electrode surface. A second was performed immediately after the addition of bacterial cells (resuspended culture in buffer) at the final concentration of 108 bacteria/mL. Then the suspension was stirred for 15 min, 30 min or 1 h to maintain a homogeneous oxygen concentration and the CV scan was performed again. Measurements under anaerobic conditions were carried out after removing oxygen from the solution by 20 min of nitrogen bubbling. There was no stirring or gas bubbling during current recording. Similar CV experiments were done on the filtrate of P. aeruginosa PA01. After one hour of stirring, 20 mL of bacterial suspension was filtered through a 0.45 µm sterile filter then through a 0.20 µm one. The resulting filtrate was tested by CV as described above. Each experiment was independently performed at least three times. 2.4. Scanning electron microscopy (SEM) Scanning electron microscopy was used on small pieces of working electrodes to analyze the coverage of the surface by microorganisms. Prior to observations, the samples were fixed in 2.5% glutaraldehyde at 4°C for 1 h and dehydrated in a graded series of aqueous ethanol solutions (30, 50, 80 and 99%). Finally, samples were sputtered with gold and examined in a LEO 435 VP microscope (Carl Zeiss SMT). 3. Results 3.1. Preliminary measurements Before the measurements, voltammograms of P. aeruginosa PA01 in buffer were analyzed with different scan rates: 1000, 750, 500, 200, 100, 50, 20 and 10 mV s-1. The shape of the curves was the same whatever the scan rate, the only differences being the background signals, the time the measurement lasted, and the intensity of the response. The scan rate of 100 mV s-1 was chosen as the best compromise between quality, intensity and rapidity of the response obtained. Voltammograms starting at 0.1 V/SCE, continuing with three cycles from 0.7 V/SCE to -1 V/SCE and ending at the initial potential were reproducible and allowed easy observation of oxygen reduction. In the figures, only the first cycle is shown, to make the curves clearer. 72 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa 3.2. Control voltammograms on phosphate buffer The voltammograms performed on phosphate buffer under aerobic conditions presented a reduction wave (Fig 1A, line a). This wave was confirmed to correspond to the electrochemical reduction of the dissolved oxygen (O2 + 2 H+ + 2e- → H2O2 (1) and H2O2 + 2H+ + 2e- → 2H2O (2)) since it disappeared after oxygen was removed by nitrogen bubbling (Fig 1A, line c). It has previously been shown that the balance between the two reactions depends on the nature of the carbon electrode and of its pre-treatment. The balance between reactions (1) and (2) controls the general shape of the current-potential curve obtained by voltammetry. Numerical modelling has also indicated that, at high scan rate (as used here in voltammetry experiments), hydrogen peroxide is almost completely reduced by reaction (2) before it is able to move far from the electrode surface by diffusion [12]. So, in a first approach, an overall equation can be used to explain the phenomenon (O2 + 4H+ + 4e- → 2H2O). The voltammogram in phosphate buffer under anaerobic conditions showed neither a current peak nor a current wave (Fig 1A, line c). The flat curve corresponded to the capacitive (non-Faradic) current induced by the charging and discharging of the electrochemical double layer, but no electron exchange (oxidation-reduction phenomenon) took place between the electrode and dissolved compounds. Under aerobic conditions, oxygen reduction started at -0.37 ± 0.01 V/SCE, and a steady state current was established from -0.81 ± 0.02 V/SCE due to mass transfer limitation of oxygen to the electrode surface (diffusion-limited current). The average values and standard deviations were the result of 7 independent experiments. Moreover, oxygen bubbling led to an augmentation of the curve amplitude (data not shown). After one hour of stirring, the voltammogram remained the same (Fig. 1A, line b). Stirring ensured that the solution was regularly re-oxygenated and led to reproducible voltammograms. 73 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Fig. 1. Cyclic voltammograms of (A) phosphate buffer alone and (B) P. aeruginosa PA01 in phosphate buffer (line a), after one hour of gentle stirring (line b) and after 20 minutes of nitrogen bubbling (line c). 3.3. Electrochemical reduction of oxygen by P. aeruginosa PA01 The voltammogram recorded immediately after the addition of the suspension of P. aeruginosa PA01 (Fig. 1B, line a) was identical to the first voltammogram performed in phosphate buffer alone (Fig. 1A, line a). In contrast, after one hour of stirring, a displacement of the oxygen reduction wave was observed (Fig. 1B, line b). The presence of bacteria clearly modified the shape of the current-potential curve. In these new conditions, the wave started at -0.18 ± 0.01 V/SCE, reached its maximum at -0.44 ± 0.03 V/SCE (average values and standard deviations from 7 independent experiments) and finally returned to the same diffusion-limited current. For a given value of the potential, the current generated in presence of P. aeruginosa PA01 after one hour of stirring was higher than immediately after bacteria addition. It was observed to rise to as much as four times the current obtained without bacteria: -11.4 ± 0.4 µA (-162 ± 5 µA/cm²) compared to -2.4 ± 0.5 µA (-34 ± 7 µA/cm²) for the same potential value (7 independent experiments). After one hour of stirring in presence of bacteria and 20 min of nitrogen bubbling, very weak catalysis was observed (Fig. 1B, line c), probably due to traces of oxygen remaining in the solution. Different durations of stirring were tested. As shown in figure 2E (only the part of the voltammogram that is of interest is shown in order to make the phenomenon more clearly visible) the amplitude of the oxygen reduction wave increased with the contact duration. Weak catalysis was observed after 15 min (Fig. 2E, line b) but was maximal after 1h of contact (Fig. 2E, line d). Beyond one hour (3 h, 6 h, 24 h), the wave amplitude did not 74 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa increase further and it appeared that a steady state had been reached. Scanning microscopy was used to assess the working electrode surface coverage by bacteria. Observations were made after 15 s, 15 min, 30 min and 1 h of contact between electrodes and bacteria in phosphate buffer under gentle stirring (Fig. 2A, B, C and D). There were not more adhered bacteria after one hour of contact between electrodes and the bacterial suspension than after 15 seconds (Fig. 2A and D). These pictures show that the coverage did not significantly increase with the contact duration (Fig. 2A, B, C and D). The catalytic effect observed on the voltammogram was consequently not directly correlated to the bacterial surface coverage. Fig. 2. Scanning electron micrographs of the working electrode surface after 15 s (A), 15 min (B), 30 min (C) and 1 h (D) of contact with bacteria, magnification 5000, and corresponding cyclic voltammograms of P. aeruginosa PA01 in phosphate buffer (E) after 15s (line a), 15 min (line b), 30 min (line c), and 1 h (line d) of contact. Beyond 1 hour (3h, 6h and 24h), the wave amplitude does not increase further. 75 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa 3.4. Characterization of the electrochemical activity Three other tests were performed on P. aeruginosa PA01 to understand the phenomenon further. The bacterial suspension was stirred for one hour without any contact with the electrodes. After this delay, when the electrodes were plunged into the suspension, the voltammogram recorded was identical to the control curves recorded in buffer alone; no catalytic effect could be observed (data not shown). Thus, a certain time of contact between microorganisms and electrodes was absolutely necessary. In a second set of experiments, the bacteria were filtered out of the suspension, and the electrodes were plunged for one hour in the filtrate under stirring. Voltammograms revealed only a very weak catalytic effect compared with that of the bacterial suspension (Fig. 3). This demonstrated that a mediator alone was not responsible for the catalysis and that the presence of bacteria was necessary. The final test evaluated the activity of the matter adhering to the working electrode. After one hour of contact with bacteria under stirring, the electrodes were removed from the suspension, rinsed in distilled water and tested again in 20mL fresh phosphate buffer (Fig. 4). The curve in the fresh buffer presented the same catalysis of oxygen reduction. Bacteria, proteins or other molecules they produced, and which became attached to the working electrode surface, were consequently fully responsible for the catalytic effect. Fig. 3. Cyclic voltammograms in phosphate buffer (line a), with P. aeruginosa PA01 filtrate (line b) and P. aeruginosa PA01 filtrate after one hour of stirring (line c). After one hour of stirring, the bacterial suspension was filtered through a 0.45 µm sterile filter then through a 0.20 µm one. CV scans were performed on this filtrate (line b and c). 76 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Fig. 4. Cyclic voltammograms of P. aeruginosa PA01 in phosphate buffer (line a), after one hour of stirring (line b) and after the electrodes were removed and plunged into a fresh phosphate buffer (line c). 3.5. Electrochemical reduction of oxygen by other strains of P. aeruginosa All the strains of P. aeruginosa tested in this study by the cyclic voltammetry method (Table 1) presented the same behavior as PA01. The difference between the maximal intensity of the oxygen reduction peak in presence of PA01 and other strains of P. aeruginosa was lower than 5% (3 independent experiments on each strain). The clinical strains were chosen because of their different phenotypes so as to assess a possible implication of alginate and pigments in the catalytic effect. The strain 7844M is mucoid; it produces a lot of alginate. The 7844S is a non-mucoid revertant obtained after plating 7844M several times. Both presented the same restriction card and differed only by the production of alginate. These two strains showed similar positive activity, suggesting that alginate production was not involved in the electrochemical effect. Four strains of P. aeruginosa were tested because of their differences in pigmentation: green (pyoverdin), blue (pyocyanin), brown (pyomelanin, pyorubin) and three with no pigmentation at all. All of them presented the same electrochemical activity. Finally, no significant electrochemical differences were observed between the PA14 catalasedefective mutants and the wild type strain. The catalase activity of the mutants was tested and revealed that PA14 KatB- and PA14 KatE- presented a catalase activity similar to the wild type one, PA14 KatA- presented a weak catalase activity, and the triple mutant PA14 KatABE- no catalase activity at all (Table 1). 4. Discussion 77 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa In the presence of bacteria, the reduction of oxygen started for lower potentials and higher currents were obtained (Fig. 1). For the first time, P. aeruginosa has been shown to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. Previous studies on P. aeruginosa have been devoted to anodic processes only, where the bacterial cell transfers electrons to the electrodes. In the present work, the reverse phenomenon has been demonstrated (Fig. 1B). A certain time of contact between the bacterial suspension and electrodes is necessary for the full catalytic effect to be observed (Fig. 1B). A weak effect was detected in the first few minutes and was complete only after one hour (Fig. 2E). Microscopic images showed that a few seconds were enough to get a bacterial coverage of the electrode surface similar to that observed after one hour (Fig. 2A and 2D). Nevertheless, it was necessary to wait for 1 h to obtain the full catalytic effect even though there were not more bacteria on the electrode surface after this delay. On the other hand, experiments performed in fresh buffer after adhesion indicated that bacteria, proteins or other produced molecules adhering to the electrode surface were responsible for the phenomenon (Fig. 4). Adhesion is necessary but not sufficient; a prolonged contact time is also required. The attachment of bacteria to a solid surface implies two steps: reversible and irreversible attachment [24]. In the first step, the bacteria are transported close enough to the surface, involving van der Waals forces, electrostatic forces and hydrophobic interactions. The second stage of adhesion is the locking phase and employs molecularly mediated binding between the surface and specific adhesins, like exopolysaccharides (biofilm matrix), pili, fimbriae, etc. On the SEM images, no difference was observed between bacteria adsorbed on the electrode surface after 15 seconds or after one hour of contact. The 1-hour contact time did not lead to a visual modification of the adsorption pattern, which would have indicated biofilm development. Moreover, the tests on mucoid and non-mucoid strains indicated that alginate, which is the main component of the biofilm matrix formed by P. aeruginosa [25], had no effect on the catalysis (Table 1). Preliminary work on a P. aeruginosa pilA mutant (deficient in biogenesis of type IV pili) did not show any difference with respect to the wild type strain in cyclic voltammetry (data not shown). Like alginate, these pili are crucial for irreversible attachment and maturation of biofilm [24, 26]. In addition, beyond 1h of contact (3h, 6h or 24h), no increase in the catalysis was observed. All these data suggest that the pure process of adhesion and biofilm formation is not entirely responsible for the transfer of electrons. Something more than adhesion is needed. 78 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa A real contact between bacterial cells and the electrode surface was required since, after one hour of stirring of the bacterial suspension without any contact with the electrode, no catalytic effect was observed on the voltammogram. So the catalysis does not depend on compounds that bacteria produce and release into the medium, like phenazines. The negative result on the filtrate test confirmed this hypothesis (Fig 3). Previous studies that have demonstrated the involvement of phenazines in anodic processes related to P. aeruginosa showed a strong activity of the filtrate [4]. Then, whatever the pigmentation of the strain, due to the production of phenazines [27], detection became possible, even for strains with no pigmentation at all (Table 1). Phenazines are definitively not involved in the transfer of electrons described here. Hence, unlike in anodic catalysis, P. aeruginosa does not use released electron shuttles. Another explanation could be that bacteria do produce electroactive molecules but that they are bound into the membrane or are diffusible only for a short distance from the bacteria. This may explain why contact with the electrodes is required during the delay time if the catalytic effect is to be observed. The weak effect obtained with the filtrate would be explained by a small release of this compound from the cell membrane to the solution. For instance, type IV pili produced at the surface of Geobacter sulfurreducens were responsible for the transfer of electrons [7]. As presented above, P. aeruginosa mutants deficient in type IV pili biogenesis were able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. These pili were consequently not involved in the electronic transfer observed here. Several other biological compounds adsorbed alone on an electrode surface are known to catalyze the electrochemical reduction of oxygen without any involvement of bacterial cells. The most studied are iron-based proteins: haeme proteins [28], cytochrome [29], cytochrome c oxidase [30], catalase [12, 31]. Here, we focused on catalase, which had already been demonstrated to induce the catalysis of electrochemical reduction of oxygen on glassy carbon electrodes [13]. Catalase is an enzyme located on the outer membrane of the majority of Gram-negative and on several Grampositive bacteria [32]. It catalyzes hydrogen peroxide dismutation. Catalase adsorbed on glassy carbon electrodes has been tested with cyclic voltammetry under conditions similar to those in the work presented here. The voltammograms obtained had the same general shape as those plotted here with P. aeruginosa. The oxygen reduction wave was displaced and started around -0.20V/SCE in presence of catalase. We consequently suspected that this protein was responsible for the phenomenon observed here. In P. aeruginosa, there are three differentially evolved monofunctional catalase genes, katA, katB, and katE [33]. PA14 KatABE- strain does not present any catalase activity [23], but this strain is able to catalyze the electrochemical 79 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa reduction of oxygen like the wild type strain, PA14 (Table 1). Therefore catalase is not entirely responsible for the electrochemical catalysis of oxygen reduction. The concept of microbial electro-catalysis of oxygen reduction on metallic surfaces was first identified in the field of microbial corrosion with biofilms formed in fresh seawater. The work presented here, which was carried out with pure cultures of different P. aeruginosa strains, opens a new route for investigation. Actually, the different assumptions that have been evoked to explain the electro-catalysis of oxygen reduction by natural biofilms: production of hydrogen peroxide, involvement of manganese oxides/hydroxides, direct catalysis by adsorbed catalase, can no longer explain the electro-catalytic effect observed here with pure strains. Data obtained in the present work suggest that electro-catalysis is sustained by the production of a compound that remains linked to the cells or in the cell vicinity, with only weak release. Catalase cannot be responsible but other small iron-binding proteins, such as ferredoxin, cytochrome, rubredoxin etc., could play this role. The common denominator among all these proteins is their active site called porphyrin, and such haeme proteins are known to catalyze oxygen reduction on metallic cathodes [34]. Involvement of porphyrin molecules in the catalytic effect observed here would explain the similarity of the effect for all the P. aeruginosa strains tested. Moreover, recent work devoted to the identification of the microbial composition of the seawater biofilms that catalyze oxygen reduction has evidenced the large microbial diversity of these biofilms (Vandecandelaere, personal communication, to be published). The involvement of such ubiquitous molecules as porphyrins would also explain the fact that a large number of various species are able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. The present study will be completed by focusing on possible production of haeme compounds during the contact period. In a more technical approach, although the catalysis of oxygen reduction demonstrated here is not interesting for MFC applications (potential too low), the protocol allows the detection of the early stages of P. aeruginosa biofilm formation, i.e. the first step of adhesion. All the tested strains of P. aeruginosa, including clinical isolates, were able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. This property seems to be universal among P. aeruginosa strains. The catalytic effect allowed a detection of the bacterial adhesion to the electrode after a few minutes only (1 hour for the full catalytic effect). The signal obtained was easily identifiable and highly reproducible. Therefore this property may provide an opportunity for early detection of bacterial adhesion. Indeed, the majority of the 80 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa electrochemical methods already proposed to detect biofilm colonization have focused on biofilm growth and can only detect a deposit on the electrode surface, without indication of its biotic or abiotic character [35, 36]. In contrast, the technique presented here detects the presence of bacteria on the surface. The method does not only measure surface fouling; it requires a real interaction between the bacteria and the electrode. Further work is now in progress to assess whether the cyclic voltammetry protocol highlights a property present in most aerobic bacteria or a specificity of P. aeruginosa. Preliminary results have shown that other opportunistic bacteria, like Escherichia coli, Enterobacter cloacae and Shigella sp., are detectable using the CV method in the same way as P. aeruginosa. 5. Conclusion It has been demonstrated here that P. aeruginosa is able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. This phenomenon implies a prolonged contact between bacteria and the working electrode. The transfer of electrons is not due to electron shuttles released into the medium by bacteria and phenazines are not involved. Type IV pili are not involved in the process either. Finally, the activity of membrane-bound redox compounds seems the most probable explanation because of the similarity of results reported in the literature with adsorbed proteins. Tests performed on catalase mutants showed that this enzyme was not necessary for the catalysis described. P. aeruginosa now offers a new, easy-to-handle model to advance in deciphering the mechanism of microbial electro-catalysis of oxygen reduction. Moreover, the procedure designed here may become a suitable technique for detecting the first steps of bacterial adhesion. Acknowledgments We are grateful to Sandrine Parot (Laboratoire de Génie Chimique, Toulouse) for her expert advice and assistance in the cyclic voltammetry method and to Marie-Line de Solan (Laboratoire de Génie Chimique, Toulouse) for her precious help with SEM. Thanks to YouHee Cho (Sogang University, Korea) for having kindly provided the catalase mutant strains. We also thank the federative structure FERMAT for its support. References 81 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa [1] K. Rabaey, J. Rodriguez, L.L. Blackall, J. Keller, P. Gross, D. Batstone, W. Verstraete, K.H. 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Montenegro, Biofouling 19 (2003) 215. 83 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa III.2.2 Résultats complémentaires Certains résultats concernant la compréhension des mécanismes impliqués ont été directement présentés dans l’article sans être illustrés. Les pages suivantes les décrivent de façon plus complète. La figure III.1 démontre l’électroactivité indifférenciée de trois souches mutées de P. aeruginosa. Ces trois mutants ne possèdent pas de pili et présentent des retards de colonisation dans la formation du biofilm par rapport à la souche sauvage (Campanac, 2002). Pourtant, les trois souches possèdent la même propriété que la souche sauvage PA01, de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène, dans les mêmes proportions et sans retard (maximum de détection au bout d’une heure). Ces voltammogrammes montrent donc que d’une part, les pili de type IV ne sont pas directement impliqués dans le phénomène observé comme cela a été démontré chez G. sulfurreducens (Reguera et al., 2005), et que d’autre part, un défaut dans le processus de formation du biofilm (phases postérieures à l’adhésion) n’a aucune conséquence sur la catalyse. 4 4 A 2 0 0 -2 -2 I (µA) I (µA) 2 -4 -6 b -8 -4 -6 -10 -12 -12 -1 -0,8 -0,6 b -8 a -10 -14 -1,2 B -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 a -14 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 E (V/ECS) -0,2 0 0,2 0,4 0,6 E (V/ECS) 4 2 C 0 I (µA) -2 -4 b -6 a -8 -10 -12 -14 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 E (V/ECS) Figure III.1. Etudes en voltammétrie cyclique des mutants non pilié de P. aeruginosa PAK-NP pilA/ladZ25 (A), PAK-NP pilA-/IC41 (B), PAK-NP pilA-/ladN66 (C). Tampon phosphate après ajout des bactéries (ligne a) et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation (ligne b). 84 0,8 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Plusieurs manipulations ont été effectuées pour progresser dans la compréhension du phénomène et des mécanismes impliqués. Nous avons tout d’abord étudié l’intensité du pic de réduction du dioxygène dissous (Ipic) catalysé par P. aeruginosa après 1h de contact avec les électrodes en faisant varier la vitesse de balayage du cycle de voltammétrie. Pour chaque vitesse de balayage, Ipic moyen et l’écart-type ont été calculés à partir de trois expériences indépendantes. Tracer Ipic en fonction de la racine carrée de la vitesse de balayage renseigne sur la nature de la réduction. Ici, une droite est obtenue avec pour coefficient de régression 0,9957 (Figure III.2). Cela signifie que cette réduction est limitée par la diffusion du réactif, ce qui est tout à fait en accord avec les observations précédentes. Le pic observé est dû à la catalyse de la réduction du dioxygène dissous. Il est donc logiquement limité par la diffusion du dioxygène au sein de la suspension bactérienne jusqu’à l’électrode et/ou les bactéries. 0 -5 -10 Ipic (µA) -15 -20 -25 -30 -35 -40 -45 -50 0 5 10 15 20 0.5 Vitesse de balayage 25 (mV/s) 30 35 0.5 Figure III.2. Intensité du pic de réduction du dioxygène catalysée par P. aeruginosa PA01 en fonction de la racine carrée de la vitesse de balayage. Valeurs moyennes et écarts-types calculés sur trois expériences indépendantes. Régression linéaire : R² = 0,9957. Nous avons ensuite souhaité évaluer l’effet de la concentration en bactéries dans la suspension bactérienne pendant le temps de contact avec les électrodes. L’objectif était de déterminer si l’intensité de l’activité électrochimique était corrélée au nombre de bactéries en suspension. La figure III.3 présente les voltammogrammes cycliques de P. aeruginosa PA01 pour différentes concentrations cellulaires. La concentration en cellules a été évaluée par mesure de la densité optique (DO) à 640 nm. La corrélation DO / nombre d’unités formant colonie (UFC) a également été déterminée : nombre d’UFC = 5.108 unités de DO (relation 85 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa établie pour des DO comprises entre 0,05 et 0,8). Afin de mieux analyser ces courbes, pour chaque concentration, l’évolution de l’intensité du courant a été tracée en fonction du temps et l’aire comprise entre la courbe témoin (tampon phosphate seul) et la courbe après 1h de contact entre les bactéries et les électrodes a été calculée. La quantité d’électricité ainsi déterminée est présentée dans la figure III.4 en fonction de la concentration en bactéries. On remarque une certaine corrélation : plus il y a de bactéries en suspension plus la quantité de courant récupérée est importante. 2 témoin I (µA) 0 -2 DO 0,067 -4 DO 0,1 -6 DO 0,2 -8 DO 0,3 -10 DO 0,5 -12 -14 -1,1 DO 0,8 -1 -0,9 -0,8 -0,7 -0,6 -0,5 -0,4 -0,3 -0,2 -0,1 0 0,1 0,2 0,3 E (V/SCE) Figure III.3. Voltammogrammes cycliques après 1h de contact entre les électrodes et une suspension de P. aeruginosa à des concentrations différentes évaluées par la densité optique (DO) à 640 nm. Quantité d'électricité (C) 3,0E-05 2,5E-05 2,0E-05 1,5E-05 1,0E-05 5,0E-06 0,0E+00 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 DO Figure III.4. Représentation graphique de la quantité d’électricité (aire sous la courbe de la catalyse de la réduction du dioxygène) en fonction de la concentration en bactéries évaluée par la densité optique (DO) à 640 nm. Régression linéaire : R² = 0,9327. 86 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Il a également été vérifié que les bactéries étaient toujours vivantes après 1h de contact avec les électrodes dans le tampon phosphate. En effet, l’activité aurait pu être due à une lyse cellulaire qui relarguerait des molécules électroactives dans le milieu. Cette hypothèse a été évaluée par dénombrement sur boîte de TS. Aucune mort cellulaire significative de PA01 n’est observée après 1h, 3h et 6h passées dans le tampon. Pour compléter cette mesure, l’activité d’un lysat de P. aeruginosa a été testée (lyse avec du lysozyme et du SDS). La figure III.5 montre qu’après 1h d’attente on observe une activité d’amplitude inférieure à celle observée sur des cellules vivantes de PA01. Cette observation n’a pas permis de conclure quant à la réelle activité du lysat puisqu’il restait des cellules vivantes dans la suspension (contrôle sur milieu TS gélosé). Cependant, après filtration de cette solution aucune activité n’a été observée. 4 2 0 I (µA) -2 -4 -6 c b -8 -10 a -12 -14 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 E (V/ECS) Figure III.5. Voltammogramme cyclique sur du tampon phosphate seul (ligne a), après ajout du lysat de P. aeruginosa PA01 (ligne b), et après une heure de contact entre le lysat et les électrodes sous agitation (ligne c). L’expérience faite sur le filtrat de P. aeruginosa PA01 dans l’article précédent (§ III.2.1) montre que ce dernier a une faible activité. Dans l’article nous suggérons que ce phénomène pourrait être dû à l’activité de certaines enzymes et qu’un faible relarguage dans le milieu expliquerait l’activité résiduelle du filtrat. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons testé en voltammétrie cyclique ce même filtrat après traitement à 90°C pendant 15min. Aucune activité électrochimique n’a été obtenue (Figure III.6). Ceci corrobore l’hypothèse d’une activité enzymatique. 87 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa 4 2 0 I (µA) -2 -4 a -6 b -8 -10 c -12 -14 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 E (V/ECS) Figure III.6. Voltammogramme cyclique sur du tampon phosphate seul (ligne a), sur du filtrat de P. aeruginosa PA01 inactivé (ligne b), et après une heure de contact entre ce filtrat et les électrodes sous agitation (ligne c). Toujours en VC, des tests ont été faits sur des cellules de P. aeruginosa PA01 prélevées durant différentes phases de la culture : phase exponentielle et phase stationnaire. L’objectif était de déterminer si cela avait un impact sur l’électroactivité de la souche. Aucune différence n’a été observée, indiquant que pour cette bactérie, l’état physiologique dans lequel se trouvent les cellules au moment de la mise en suspension n’a apparemment pas d’effet sur la catalyse de la réduction du dioxygène. Des mesures de VC ont été faites en utilisant d’autres électrolytes que le tampon phosphate. Dans du milieu liquide TS, aucune catalyse n’apparaît sur les voltammogrammes, même après une heure de contact entre les bactéries et l’électrode. De plus, les deuxième et troisième courbes ne correspondent pas à la première, les courants de réduction du dioxygène sont plus faibles (Figure III.7). Le milieu TS est un milieu riche dans lequel les bactéries continuent leur croissance. Donc, après l’ajout des bactéries, la composition du milieu change et les courbes ne sont plus reproductibles. Une autre explication possible peut être que le milieu s’adsorbe progressivement sur l’électrode et gêne le transfert d’électrons. De plus, le milieu TS est un milieu qui ne favorise pas l’adhésion et le développemt de biofilm mais plutôt la croissance sous forme planctonique (Khalilzadeh, 2009). Cela pourrait expliquer l’absence de catalyse dans ce milieu. Le bouillon biofilm est un milieu minimum qui favorise le développement sous forme de biofilm. Lorsque ce milieu est utilisé comme électrolyte en VC, la catalyse est faiblement détectable ; mais les résultats se sont avérés peu reproductibles, peut-être à cause de la composition du milieu (voir § II.2.2). 88 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa 4 2 0 I (µA) -2 -4 b c -6 -8 a -10 -12 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 E (V/ECS) Figure III.7. Voltammogrammes cycliques sur du milieu liquide TS seul (ligne a), après ajout de P. aeruginosa PA01 (ligne b), et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes (ligne c). Comme expliqué dans l’article, nous suspectons l’activité d’enzymes membranaires. Dans cette optique, l’effet de la rubrédoxine réductase a été testé. Ce système a été largement décrit chez P. aeruginosa et est indispensable pour l’oxydation des n-alcanes (Hagelueken et al., 2007). Dans ce complexe, la rubrédoxine sert de transporteur d’électrons entre la rubrédoxine réductase et l’alcane hydroxylase. Les rubrédoxines jouent aussi un rôle important dans la réponse au stress oxydatif chez les micro-organismes anaérobies ou microaérophiles puisqu’elles sont capables de réduire le dioxygène et la plupart des espèces réactives de l’oxygène (Fareleira et al., 2003). Les rubrédoxines sont de petites protéines diffusibles (≈6kDa) comprenant un site actif redox composé de quatre cystéines avec un atome de fer central. Ce système, et notamment la rubrédoxine, a été étudié pour son transfert d’électrons avec une électrode (dos Santos et al., 2003). Le complexe rubrédoxinerubrédoxine réductase pourrait assurer le transfert d’électrons entre la membrane de la bactérie et la surface de l’électrode. La souche de P. aeruginosa dont le gène codant pour la rubrédoxine réductase a été délété présente la même capacité à catalyser la réduction électrochimique du dioxygène que la souche sauvage (Figure III.8). Cette enzyme ne semble donc pas directement impliquée dans le phénomène décrit dans cette étude. Cependant, pour compléter ces résultats, il serait intéressant de tester un mutant pour la rubrédoxine, qui est la petite molécule qui assure le transfert d’électrons dans ce système. 89 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa 4 4 2 A 0 0 -2 -2 -4 I (µA) I (µA) 2 b -6 -4 -8 -10 -10 -14 a -16 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 c -12 c -14 b -6 -8 -12 B 0 E (V/ECS) 0,2 0,4 0,6 0,8 -16 -1,2 a -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 E (V/ECS) Figure III.8. Etudes en voltammétrie cyclique de la souche sauvage TBwt (A) et de la souche mutée qui ne produit pas de rubrédoxine TB PA5349 KO mutant (B). Tampon phosphate (ligne a) après ajout des bactéries (ligne b) et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation (ligne c). III.3 Chronoampérométrie III.3.1 En réacteur L’objectif des mesures en chronoampérométrie était de déterminer si le phénomène transitoire mis en évidence en voltammétrie cyclique était toujours présent en régime stationnaire. De plus, dans l’optique d’une application en biocathode, il était important de vérifier si ce transfert d’électrons était durable. Pour cela, une première expérience a été effectuée sur 10 jours en réacteur alimenté en bouillon biofilm en continu sur des électrodes en acier inoxydable généralement utilisées dans les PCM. Le bouillon biofilm a été choisi, malgré la faible reproductibilité de la catalyse observée dans cet électrolyte, car il permet préférentiellement la croissance des bactéries sous forme adhérée. Le potentiel a été fixé à -0,35 V/ECS, potentiel pour lequel la différence de courant est la plus importante entre le voltammogramme témoin et celui effectué après 1h d’attente sous agitation en présence des bactéries. Aucune évolution du courant n’a été observée dans cette expérience même après 10 jours de mesures. De plus, des voltammétries cycliques ont été faites chaque jour sur les électrodes dans les réacteurs sans observer aucune augmentation de courant. Une des raisons pour lesquelles aucune détection n’a été possible est peut-être liée au nouveau matériau utilisé pour les électrodes de travail. En effet, les bactéries pourraient ne pas adhérer à l’électrode en acier. Afin de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse, à la fin de 90 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa l’expérience, un dénombrement sur boîte de TS après grattage de l’électrode a été effectué pour déterminer la quantité de cellules adhérées à l’électrode. Un biofilm s’est bien formé à la surface des électrodes en acier inoxydable (8,7 ± 0,4 107 ufc/cm2 d’électrode). Lors de ces dénombrements, deux phénotypes de la même souche PA01 ont été mis en évidence : des bactéries très pigmentées ont été isolées sur les électrodes (pyoverdine/pyocyanine) alors que des bactéries produisant peu de pigment ont été isolées sous forme planctonique dans le milieu (pigmentation évaluée sur milieux KingA et KingB). Ces phénazines ont déjà été mises en cause dans la production de courant chez P. aeruginosa pour des réactions anodiques (Rabaey et al., 2005). L’électroactivité de ces deux isolats a été comparée en VC. Aucune différence significative n’a pu être observée (Figure III.9). 4 4 2 A 0 0 -2 -2 I (µA) I (µA) 2 -4 -6 b -4 -6 b -8 -8 c -10 -12 -14 -1,2 B -12 a -0,7 c -10 -0,2 0,3 0,8 -14 -1,2 a -0,7 E (V/ECS) -0,2 0,3 0,8 E (V/ECS) Figure III.9. Voltammogrammes cycliques de l’isolat pigmenté (A) et de l’isolat non pigmenté (B) à 100 mV/s. Tampon phosphate (ligne a) après ajout des bactéries (ligne b) et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation (ligne c). Le changement de milieu peut également expliquer l’absence d’augmentation de courant. En effet, la catalyse était faiblement reproductible dans ce milieu en voltammétrie cyclique. Ce problème peut être lié à la présence de glucose, qui est un donneur d’électrons, même en très faible quantité (0,05 g/L) dans le milieu. Pour répondre à ces différentes interrogations (nouveau milieu, matériau de l’électrode, changement de conditions…), des expériences en chronoampérométrie ont été réalisées en bécher sur des électrodes en carbone vitreux dans du tampon phosphate, mais sur des temps plus courts. III.3.2 En bécher 91 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa Les mesures de CA en réacteur en alimentation continue en bouillon biofilm sur des électrodes de travail en acier n’ayant pas donné de résultats, nous avons souhaité nous rapprocher le plus possible des conditions pour lesquelles la détection était possible en VC. Dans ce but, le modèle en bécher, avec des électrodes en carbone vitreux comme électrodes de travail et le tampon phosphate comme électrolyte, a été utilisé. III.3.2.1 Chronoampérométrie continue Une première mesure a été effectuée en continu pendant 1h30 pour déterminer si le courant de réduction détecté en VC étant également détectable en CA. Le potentiel a été fixé à - 0,35 V/ECS, potentiel pour lequel la différence de courant est la plus importante entre le voltammogramme témoin et celui effectué après 1 h d’attente sous agitation en présence des bactéries. Aucun courant de réduction n’apparaît sur le graphique même après 1h30 de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation (Figure III.10). 0,0 -0,2 Début de l’agitation I (µA) -0,4 -0,6 -0,8 -1,0 -1,2 Ajout des cellules -1,4 0 20 40 60 80 100 Temps (min) Figure III.10. CA continue sur une suspension de P. aeruginosa PA01 dans du tampon à potentiel imposé (-0,35 V/ECS). Cela tendrait à montrer que la chronoampérométrie ne permet pas de mettre en évidence les mêmes phénomènes que la voltammétrie cyclique. La souche PA01, pour laquelle on détecte une activité en réduction en VC, ne produit aucun courant cathodique au potentiel de -0,35 V/ECS. D’autres potentiels ont été testés (-0,30 ; -0,40 et -0,45 V/ECS) sans aucun résultat. Cette fois, le changement de conditions expérimentales ne peut pas être mis en cause puisque les mêmes conditions ont été utilisées pour la VC et la CA. Une 92 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa conclusion importante de ces mesures est que déterminer l’électroactivité d’une bactérie en voltammétrie cyclique ne garantit absolument pas de bonnes performances en régime stationnaire et donc pour une éventuelle application dans les piles à combustible microbiennes. Pourtant cette méthode est largement utilisée pour analyser rapidement les transferts d’électrons entre les bactéries et les électrodes (Rabaey et al., 2004). III.3.2.2 Chronoampérométrie séquentielle Pour approfondir encore la compréhension du phénomène, nous avons effectué des CA, toujours sur le montage en bécher, mais cette fois de manière séquentielle. Une mesure en CA au potentiel de -0, 35 V/ECS a été réalisée durant quelques minutes sur un bécher témoin (tampon seul) et sur un bécher contenant une suspension de PA01 dans du tampon à différents temps de contact entre la solution et les électrodes. Les résultats sont présentés en I (µA) figures III.11 et III.12. t0 1h 2h 4h Temps (min) Figure III.11. CA discontinue témoin sur du tampon seul à potentiel imposé (-0,35 V/ECS). Les temps annoncés correspondent aux temps d’attente sous agitation du tampon en présence des électrodes. 93 I (µA) Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa t0 1h 2h 4h 5h Temps (min) Figure III.12. CA discontinue sur une suspension de P. aeruginosa PA01 dans du tampon à potentiel imposé (-0,35 V/ECS). Les temps annoncés correspondent aux temps d’attente sous agitation de la suspension bactérienne en présence des électrodes. On peut remarquer sur le premier graphique (tampon seul, Figure III.11) de très faibles valeurs de courant détectées à -0,35 V/ECS. La plus grande est détectée après 2h d’agitation et n’atteint que -1 µA. Lors de la même expérience mais en présence de PA01, des pics de courant de réduction élevé sont détectés au tout début de chaque mesure. La plus forte valeur de courant, I = -4,8 µA, est relevée lors de la mesure après 4 h de contact entre les bactéries et les électrodes. Cependant ce courant revient en quelques minutes à sa valeur de base. Ces observations vont dans le sens d’une activité transitoire de certains composés de la membrane cellulaire. Le phénomène ne semble pas persister en régime permanent et donc ne semble pas lié au métabolisme de la cellule. III.4 Conclusion Cette première partie de l’étude a permis de montrer que P. aeruginosa PA01 est capable de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. C’est la première fois que l’activité de cette bactérie est démontrée en réduction. Ce phénomène est facilement observable en voltammétrie cyclique grâce à un déplacement de la vague correspondant à la réduction du dioxygène. La réduction a lieu pour des potentiels plus élevés, et des courants électriques plus forts sont obtenus en présence des bactéries. Cette catalyse est observable après seulement quelques minutes de contact entre les bactéries et l’électrode de travail et 94 Chapitre III : Catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa devient maximale après 1 h. La bactérie est elle-même responsable du phénomène par contact avec l’électrode de travail et n’utilise pas de médiateurs diffusibles autonomes tels que les phénazines. L’analyse du phénomène en voltammétrie cyclique nous pousse à suspecter l’activité de composés membranaires. En effet, le transfert d’électrons est probablement dû à des enzymes à la surface de la bactérie ou à de petites molécules diffusibles, mais dans l’environnement très proche de la cellule. L’étude de bactéries mutées de P. aeruginosa montre que les pili de type IV, la catalase et la rubrédoxine réductase ne sont pas impliqués. Nous suspectons toujours une activité enzymatique. Cette voie sera explorée dans le chapitre V. Des souches provenant d’isolats cliniques ont également été testées. Toutes présentent la même capacité catalytique que PA01, quelles que soient leur pigmentation et leur production d’alginate. Les phénazines et l’alginate sont tous deux des facteurs de virulence de la bactérie, or aucune différence n’est notée en fonction de leur production. Le phénomène a également été étudié en chronoampérométrie. Il n’est détectable que de manière transitoire en tout début de mesure. Sur plusieurs jours, malgré le développement de biofilm à la surface des électrodes de travail, aucun courant de réduction n’est produit. La voltammétrie cyclique et la chronoampérométrie ne permettent pas de mettre en évidence les mêmes transferts d’électrons. La voltammétrie cyclique permet de détecter des phénomènes transitoires qui ne sont pas directement utilisables en régime stationnaire. Les phénomènes ainsi détectés ne sont pas nécessairement intéressants pour des applications en PCM. Pourtant la voltammétrie cyclique est souvent utilisée comme moyen de détection d’électroactivité ou encore dans l’analyse des transferts d’élecrons observés en PCM en régime permanent (Nimje et al., 2009; Rabaey et al., 2004). D’un point de vue plus appliqué, le protocole de voltammétrie cyclique présenté ici permet la détection de P. aeruginosa PA01 dès les premiers stades d’adhésion à l’électrode. En effet, après seulement quelques minutes d’immersion dans la suspension bactérienne, la catalyse de la réduction du dioxygène due à la bactérie est observable. Cette méthode pourrait s’avérer intéressante pour la mise au point d’une méthode de détection rapide d’adhésion. Cependant, il reste encore à vérifier si cette propriété mise en évidence chez P. aeruginosa est spécifique de cette bactérie ou bien si elle se retrouve chez d’autres micro-organismes. Ceci fait l’objet du chapitre qui suit. En fonction des résultats, différentes applications pourront être envisagées. 95 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries 96 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries IV.1 Introduction Après avoir caractérisé la catalyse de la réduction du dioxygène pour une bactérie en particulier, P. aeruginosa, nous avons tenu à déterminer si cette propriété était commune à d’autres bactéries. Dans ce chapitre sont présentées deux études distinctes. Dans un premier temps, nous avons étudié la capacité de bactéries pathogènes, opportunistes et/ou contaminantes de l’environnement à catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. L’objectif était de tester un grand nombre de bactérie à Gram négatif et à Gram positif afin de déterminer si cette propriété découverte chez P. aeruginosa était répandue au sein du règne des bactéries. En effet, les bactéries à Gram positif étant beaucoup moins étudiées que les bactéries à Gram négatif, il était important de déterminer si elles aussi étaient capables de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. L’étude de bactéries qui sont des contaminants potentiels et/ou des pathogènes opportunistes était particulièrement intéressante dans l’optique de la mise au point d’une méthode de détection de bactéries associées à un risque en terme de santé publique. La deuxième partie du chapitre est consacrée à l’étude de cette catalyse chez des bactéries environnementales. Cette étude s’intégrait dans un programme plus large visant à étudier les biofilms épilithiques de rivière. Nous avons collaboré avec le Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle à Toulouse (UMR 5245 CNRS–UPS–INPT) et plus particulièrement avec Emilie Lyautey et Frédéric Garabétian. L’objectif principal était de déterminer si ces biofilms pouvaient être électroactifs et ensuite d’étudier cette électroactivité par voltammétrie cyclique. Nous avons ainsi analysé la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène chez 32 isolats environnementaux. IV.2 Bactéries pathogènes ou opportunistes 97 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries IV.2.1 Article “Electrochemical reduction of oxygen catalyzed by a wide range of bacteria including Gram-positive” Les travaux effectués sur les bactéries d’intérêt médical ont abouti à l’article « Electrochemical reduction of oxygen catalyzed by a wide range of bacteria including Grampositive » accepté dans le journal Electrochemistry Communications. Un résumé des résultats obtenus est présenté en français avant l’article lui-même. Dans cet article, la même méthode de VC que celle décrite précédemment (§ III.2.1) a été appliquée dans les conditions standards à Micrococcus luteus, une bactérie à Gram positif, souvent isolée de la peau des mammifères, qui peut s’avérer un pathogène opportuniste chez certains patients immunodéprimés. Les voltammogrammes effectués sur le tampon seul et sur le tampon en présence de la bactérie montre que celle-ci est capable de catalyser la réduction du dioxygène comme P. aeruginosa (§ III.2.1). Le filtrat de M. luteus a également été testé et n’a aucune activité, même après 1 h de contact avec les électrodes. Cela prouve l’absence de médiateur autonome en solution produit par la bactérie. Dix neuf autres bactéries d’intérêt ont été testées de la même manière. Toutes les souches à Gram négatif testées sont capables de catalyser la réduction du dioxygène. Quant aux bactéries à Gram positif, seulement un tiers des souches testées est électroactif. Des analyses statistiques (tests de Student) montrent qu’il n’y a pas de différence significative entre les souches capables de catalyser la réduction du dioxygène. Le même type de mécanisme doit donc être impliqué dans la catalyse pour toutes les bactéries. Certaines bactéries ne présentant pas d’activité catalase (K. kingae et K. denitrificans) sont capables de catalyser la réduction du dioxygène. Cela confirme les résultats obtenus avec les mutants de P. aeruginosa défectueux dans la production de catalase. La catalase n’est pas nécessaire pour que le phénomène ait lieu. La même conclusion peut être faite concernant la cytochrome c oxydase. Certaines souches ne présentant pas d’activité cytochrome C oxydase (E. coli et S. carnosus par exemple) possèdent les mêmes propriétés électroactives. De nombreuses bactéries sont donc capables de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. Parmi les bactéries testées toutes les bactéries aérobies sont positives. Les bactéries à Gram négatif anaérobies facultatives sont capables d’une telle catalyse mais 98 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries présentent un retard plus ou moins important (allongement du temps de contact de plusieurs heures pour la détection de la catalyse). Les bactéries incapables d’une telle catalyse sont des bactéries à Gram positif anaérobies facultatives ou aérotolérantes telles que les streptocoques et entérocoques. Ce travail a donc mis en évidence une propriété assez répandue chez les bactéries, y compris chez les Gram positif. Il a également permis de montrer que les capacités électrochimiques ne sont pas restreintes aux seules bactéries issues des PCM, mais que de nombreuses espèces bactériennes peuvent être considérées comme potentiellement électroactives. 99 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Electrochemical reduction of oxygen catalyzed by a wide range of bacteria including Gram-positive Amandine Courneta,b, Marie-Line Déliab, Alain Bergelb, Christine Roquesa and Mathieu Bergéa a Université de Toulouse, UPS ; LU49, Adhésion bactérienne et formation de biofilms ; 35 chemin des Maraîchers, 31 062 Toulouse cedex 09 France b Laboratoire de Génie Chimique CNRS UMR5503, 4 allée Emile Monso, BP 84234, 31432 Toulouse cedex 04 France Publication acceptée dans le journal « Electrochemistry Communications » Abstract Most bacteria known to be electrochemically active have been harvested in the anodic compartments of Microbial Fuel Cells (MFCs) and are able to use electrodes as electron acceptors. The reverse phenomenon, i.e. using solid electrodes as electron donors, is not so widely studied. To our knowledge, most of the electrochemically active bacteria are Gramnegative. The present study implements a transitory electrochemical technique (cyclic voltammetry) to study the microbial catalysis of the electrochemical reduction of oxygen. It is demonstrated that a wide range of aerobic and facultative anaerobic bacteria are able to catalyze oxygen reduction. Among these electro-active bacteria, several were Gram-positive. The transfer of electrons was direct since no activity was obtained with the filtrate. These findings, showing a widespread property among bacteria including Gram-positive ones, open new and interesting routes in the field of electroactive bacteria research. Keywords: Oxygen reduction, electrochemically active bacteria, Gram-positive bacteria, cyclic voltammetry. 100 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries 1. Introduction Electroactive bacteria are able to exchange electrons with conducting materials [1]. Therefore, these bacteria can produce current in microbial fuel cells by converting chemical energy from organic substrates into electrical energy. Today, various bacteria have already been shown to be electroactive, to exchange electrons directly (without the addition of any exogenous mediators) with electrodes [2]. Geobacter sulfurreducens is certainly the most thoroughly studied of these microorganisms [3-5]. Shewanella putrefaciens also presents this characteristic [6], as do many others like Pseudomonas aeruginosa [7], Escherichia coli [8], etc. All these microorganisms were harvested in environmental backgrounds like compost, sea water, and sea sediments. The mechanisms of their electron transfers have been widely studied. Several bacteria use their own mediators [8-10], others are able to transfer electrons to the electrodes by direct contact via membrane-bound redox compounds [11] or via conducting nanowires produced by the cell [12, 13]. Most of the research on electroactive bacteria has been done on Gram-negative bacteria [2]. The idea that Gram-positive bacteria can also exchange electrons with electrodes is still debated. Gram-positive bacteria possess a cell wall that could potentially reduce electron exchange by direct contact. However, a few recent studies have shown the electroactivity of Gram-positive bacteria. The vast majority of them describe indirect transfer of electrons between the electrode and the cells. It has been shown, for instance, that Brevibacillus sp., is able to use metabolites produced by a Gram-negative bacteria, Pseudomonas sp., to achieve extracellular electron transfer [14], Desulfitobacterium hafniense is able to use humic acids as electron shuttles [15], and Bacillus subtilis and Corynebacterium sp. use their own mediators to reduce the electrode [16, 17]. To our knowledge, only two genus of Gram-positive bacteria have already been shown to exchange electrons directly with electrodes: Thermincola [18], and Clostridium [19, 20]. These various studies have been performed for anodic processes except the one done on Clostridium isatidis that showed a reversible electroactivity of the strain on graphite electrodes [20]. Not so many bacteria are known to be able to perform the opposite process i.e. to microbially catalyze cathodic reductions. However, microbial catalysis of oxygen reduction remains an important challenge in the fields of biocorrosion [21] and MFC cathodes [22]. Enterobacter sp. E1, isolated from an electroactive biofilm formed in compost, was 101 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries found to be able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen when adsorbed on a carbon electrode [23]. This study used cyclic voltammetry to detect the catalytic effect, which implied a prolonged contact between bacteria and the working electrode. To our knowledge, only Gram-negative bacteria have been shown to be able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. The purpose of the present work was to test a wide range of aerobes and facultative anaerobes, including Gram-positive bacteria, for their possible ability to catalyze oxygen reduction on a carbon electrode. Cyclic voltammetry was used as a fast method to test many different strains in order to determine whether such electroactivity may be widespread among aerobic bacteria or correspond to a particular distribution. 2. Experimental 2.1. Bacterial strains, culture conditions and chemicals All the reference strains were provided by Institut Pasteur (Paris, France). Clinical isolates were obtained from the Hospital Bacteriology and Hygiene Laboratory in Toulouse (France). The strains are described in Table 1. They were maintained on Trypcase Soy agar (Biomérieux, France) under aerobic conditions except for S. mutans and Kingella sp., which were maintained on Columbia blood agar (Biomérieux, France), and L. farciminis, on M.R.S. agar (AES, France). Before each experiment, the strains were grown overnight in 20mL Trypcase Soy broth (Biomerieux, France) at 37°C under gentle stirring except for S. mutans and L. farciminis, which were not stirred. Bacterial suspensions were then centrifuged (10 min, room temperature, 3000 × g), washed twice in phosphate buffer (K2HPO4/KH2PO4, 0.1 M, pH 7), and re-suspended in the same buffer. All experiments were performed in the same buffer at room temperature (22 ± 2°C). Catalase and oxidase characterization were performed using the ID color Catalase test (Biomérieux, France) and Oxidase Reagent test (Biomérieux, France). 2.2. Cyclic voltammetry (CV) 102 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries CVs were performed with 0.07 cm² glassy carbon rods (Glassy Carbon V25, 3 × 150 mm, Carbone Lorraine, Gennevilliers, France) used as working electrodes and with a platinum wire used as a counter electrode. Potentials were monitored with respect to a saturated calomel reference electrode (SCE) and CVs were performed at a scan rate of 100 mV/s with a Princeton Applied potentiostat. Voltammograms started at 0.1 V/SCE to 0.7 V/SCE and continued with three cycles from 0.7 V/SCE to -1 V/SCE. In the figure, only the first cycle is shown, to make the curves clearer. Experiments were conducted in a 40 mL cell. A first CV was run in 20 mL buffer to control the quality of the clean working electrode surface. The cell suspension was added to obtain a cell density of around 108 bacteria/mL measured by the optical density at 640 nm. A second voltammogram was performed immediately after the addition of the microorganisms into the cell. Then the suspension was stirred for 1h or more, depending on the strains (Table 1), to maintain a homogeneous oxygen concentration and CV was performed again. The filtrate of M. luteus was also tested. After one hour of stirring, 20 mL of bacterial suspension was filtered through a 0.45 µm sterile filter then through a 0.20 µm one. The CV test was done on the resulting filtrate immediately and after one hour of stirring. Measurements under anaerobic conditions were carried out after removing oxygen from the solution by 20 min of nitrogen bubbling. There was no stirring or gas bubbling during current recording. Each CV experiment was performed three times, with clean working electrodes each time. 3. Results and discussion The control voltammograms performed on phosphate buffer alone (Fig. 1A) showed a reproducible wave starting at -0.37 ± 0.01 V/SCE (seven independent experiments). Initial CVs were strictly identical to the CVs recorded after one hour of stirring (Fig. 1A, lines a and b). This wave corresponded to the electrochemical reduction of dissolved oxygen since it disappeared after oxygen was removed by nitrogen bubbling (Fig. 1A, line c). After one hour of stirring in presence of Micrococcus luteus, the wave corresponding to the electrochemical reduction of oxygen started at higher potential and higher currents were obtained (Fig. 1B, line b). The oxygen reduction started at the potential Estart = -0.19 ± 0.01 V/SCE and reached its maximum of current at Epeak = -0.46 ± 0.03 V/SCE with Ipeak = -13.48 ± 0.21 µA (average values of three independent experiments). These three parameters, E start, 103 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Ipeak and Epeak, characterized the oxygen reduction reaction. Occurrence of a catalytic effect was identified by a shift of Estart towards positive potential and/or an increase in Ipeak with respect to the control experiment (Fig. 1A). Ipeak was four times the intensity obtained with the control at the same potential. After one hour of stirring in presence of bacteria and 20 min of nitrogen bubbling, the CV was identical to the one obtained in phosphate buffer alone after nitrogen bubbling (Fig. 1B, line c). After one hour of stirring, the bacteria were filtered out of the suspension, and clean electrodes were plunged into the filtrate. The voltammogram did not reveal any catalysis of oxygen reduction for the filtrate, even after one hour of stirring (Fig. 1B, line d). Consequently, no soluble mediator was involved in the electron transfer pathway. This is the first time to our knowledge that a Gram-positive bacterium has been shown to be electroactive in cathodic reactions in presence of oxygen with neither addition of exogenous mediators nor involvement of an endogenous mediator. Figure 1. Cyclic voltammograms of (A) phosphate buffer alone and (B) M. luteus in phosphate buffer and M. luteus filtrate. Initial CV (line a), after one hour of gentle stirring (line b) and after oxygen removal by nitrogen bubbling (line c). Line d represents the voltammogram for M. luteus filtrate after one hour of stirring. Solid lines on axes represent the characteristic values of the catalyzed peak: * Estart, ** Epeak and *** Ipeak. Nineteen other bacteria were tested using the same protocol (Table 1). Each strain was tested three times independently. All the Gram-negative strains tested were able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen and one third of the tested Gram-positive bacteria were electroactive. The electrocatalytic capacity does not seem to be related to the genus since one of the three tested species of Staphylococcus was able to catalyze the reduction of oxygen, while two were not (Table 1). Statistical analyses were carried out on the data that characterized the catalyzed peak: Ipeak, Epeak and Estart using the Student’s test. Fluctuations were observed but no significant difference appeared among any of the positive strains. This 104 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries indicates that the catalysis observed with all the bacteria was probably due to the same kind of mechanism. This phenomenon seems widespread among bacteria. Table 1 Electroactivity of Gram-positive and Gram-negative bacteria tested by cyclic voltammetry. CVs were performed in phosphate buffer (0.1 M, pH 7) on 0.07 cm² glassy carbon rods (Glassy Carbon V25, 3 × 150 mm, Carbone Lorraine, Gennevilliers, France) at 100 mV/s. The oxygen reduction started at the potential Estart and reached its maximum of current (Ipeak) at Epeak. These three parameters, Estart, Ipeak and Epeak, characterized the catalysed oxygen reduction. The detection time corresponded to the contact duration between electrodes and bacteria. Average values and standard deviations were calculated from three independent experiments for each strain. Catalyzed oxygen reduction peak Bacteria Reference Phenotype Cat = catalase Ox = oxidase Detection time Estart V/SCE Ipeak µA Epeak V/SCE Pseudomonas aeruginosa PA01 Gram-Cat+0x+ 1h -0.19 ± 0.03 -11.71 ± 0.19 -0.45 ± 0.05 Pseudomonas fluorescens clinical isolate Gram-Cat+Ox+ 1h -0.18 ± 0.01 -10.01 ± 0.08 -0.45 ± 0.01 Brevundimonas diminuta CIP 103020 Gram-Cat+Ox+ 1h -0.13 ± 0.02 -14.21 ± 3.97 -0.33 ± 0.01 Burkholderia cepacia CIP 80.24 Gram-Cat+Ox+ 1h -0.14 ± 0.03 -17.14 ± 2.75 -0.36 ± 0.05 Branhamella catarrhalis CIP 73.21 Gram-Cat+Ox+ 1h -0.18 ± 0.01 -13.43 ± 0.13 -0.44 ± 0.00 clinical isolate Gram-Cat+Ox- 6h -0.19 ± 0.01 -10.33 ± 1.02 -0.48 ± 0.01 K 12 Gram-Cat+Ox- 3h -0.21 ± 0.02 -10.25 ± 1.37 -0.49 ± 0.01 Enterobacter cloacae Escherichia coli Shigella flexneri CIP 82.48 Gram-Cat+Ox- 3h -0.21 ± 0.01 -11.54 ± 0.71 -0.51 ± 0.00 Acinetobacter sp. clinical isolate Gram-Cat+Ox- 1h -0.16 ± 0.01 -10.14 ± 0.68 -0.41 ± 0.05 Kingella kingae Kingella denitrificans Micrococcus luteus Bacillus subtilis CIP 80.16 Gram-Cat-Ox- 3h -0.22 ± 0.01 -9.59 ± 0.99 -0.49 ± 0.01 CIP 103473 Gram-Cat-Ox- 1h -0.21 ± 0.01 -12.05 ± 0.21 -0.49 ± 0.01 CIP 53.45 Gram+Cat+Ox+ 1h -0.19 ± 0.01 -13.48 ± 0.21 -0.46 ± 0.03 CIP 52.62 Gram+Cat+Ox+ 1h -0.18 ± 0.01 -11.57 ± 0.81 -0.49 ± 0.02 CIP 103274 Gram+Cat+Ox- 1h -0.22 ± 0.01 -9.54 ± 0.49 -0.52 ± 0.00 Staphylococcus aureus CIP 4.83 Gram+Cat+Ox- no catalysisa Staphylococcus epidermidis CIP 68.21 Gram+Cat+Ox- no catalysisa clinical isolate Gram+Cat-Ox- no catalysisa CIP 58.55 Gram+Cat-Ox- no catalysisa Lactobacillus farciminis CIP 103136 Gram+Cat-Ox- no catalysisa Streptococcus mutans CIP 103220 Gram+Cat-Ox- no catalysisa Staphylococcus carnosus Enterococcus faecalis Enterococcus hirae a no catalysis was observed even after a 24-hour immersion of the electrode in the cell suspension. 105 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Using the filtrate from M. luteus (Fig. 1B) demonstrated that the catalytic mechanism did not involve diffusible mediators. Thus, membrane-bound compounds may be suspected of being involved. The electrochemistry of several enzymes has already been studied and, among them, catalase adsorbed on glassy carbon electrodes gave an oxygen reduction peak very close to the one observed in the present study [24]. However, Kingella species that did not present any catalase also induced a catalytic effect, showing that the phenomenon cannot be attributed to the presence of catalase or, at least, not only to the presence of catalase. No correlation was observed with oxidase activity either. Catalase and oxidase do not seem necessary for this catalysis. Each aerobic strain tested was able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen. Among the facultative anaerobes tested, Gram-negative bacteria, especially Enterobacteriaceae, were electroactive. A delay in the catalysis of oxygen reduction was noted for E. coli, E. cloacae and S. flexneri, for which a contact time greater than 1 hour was required before a significant catalytic effect was observed (Table 1). The majority of the active strains were ubiquitous and possessed a large capacity of adaptation. The bacteria that did not reveal activity were Gram-positive facultative anaerobic or aerotolerant strains, some of them having higher cultural requirements (S. mutans and L. farciminis). The difficulty in detecting these bacteria might simply be due to the fact that the assay conditions impaired their physiological activity. However, CFU counting showed that there was no bacterial death after 1 hour in this buffer (data not shown). 4. Conclusion For the first time, M. luteus, a Gram-positive bacterium, has been shown to be able to catalyze the electrochemical reduction of oxygen on a carbon electrode. The electron transfer was not supported by exogenous or endogenous mediators. A wide range of aerobic and facultative anaerobic bacteria, including several Gram-positive bacteria presented the same electrochemical property. Catalase and oxidase, which have already been shown to affect oxygen reduction in similar ways, were not responsible for the phenomenon observed here. However, we still suspect membrane-bound redox compounds. The present work shows that the electrochemical property of bacteria is not restricted to species harvested in MFCs. All bacteria, including Gram-positive ones, should now be considered as potentially electroactive. 106 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Acknowledgments We are grateful to the FERMaT federative structure for its support. References [1] D.R. Lovley, Curr. Opin. Biotechnol. 19 (2008) 564. [2] B.E. Logan, Nat. Rev. Microbiol. 7 (2009) 375. [3] D.R. Bond, D.E. Holmes, L.M. Tender, D.R. 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Reed, M.F. Romine, D.A. Saffarini, E.A. Hill, L. Shi, D.A. Elias, D.W. Kennedy, G. Pinchuk, K. Watanabe, S. Ishii, B. Logan, K.H. Nealson, J.K. Fredrickson, Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 103 (2006) 11358. [13] G. Reguera, K.P. Nevin, J.S. Nicoll, S.F. Covalla, T.L. Woodard, D.R. Lovley, Appl. Environ. Microbiol. 72 (2006) 7345. [14] T.H. Pham, N. Boon, P. Aelterman, P. Clauwaert, L. De Schamphelaire, L. Vanhaecke, K. De Maeyer, M. Hofte, W. Verstraete, K. Rabaey, Appl. Microbiol. Biotechnol. 77 (2008) 1119. [15] C.E. Milliken, H.D. May, Appl. Microbiol. Biotechnol. 73 (2007) 1180. [16] M. Liu, Y. Yuan, L. Zhang, L. Zhuang, S. Zhou, J. Ni, Bioresour. Technol. (2009) 10.1016/j.biortech.2009.10.003 107 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries [17] V.R. Nimje, C.Y. Chen, C.C. Chen, J.S. Jean, A.S. Reddy, C.W. Fan, K.Y. Pan, H.T. Liu, J.L. Chen, J. Power Sources 190 (2009) 258. [18] C.W. Marshall, H.D. May, Energy Environ. Sci. 2 (2009) 699. [19] H.S. 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Une étude a montré que des bactéries à Gram positif étaient capables d’utiliser des molécules produites par P. aeruginosa comme médiateurs pour participer à la génération de courant dans une MFC (Pham et al., 2008). Nous avons voulu tester cette hypothèse sur une bactérie à Gram positif incapable de catalyser seule la réduction du dioxygène. Pour cela, des VC ont été réalisées avec la souche de S. aureus en présence de filtrat de P. aeruginosa PA01. Aucune différence n’a été observée entre le filtrat de P. aeruginosa PA01 et après ajout de S. aureus (Figure IV.1). Même après 1h de contact entre les bactéries et l’électrode le votammogramme ne présente pas de catalyse de la réduction du dioxygène comparable à celle obtenue avec PA01. Cette observation vient corroborer le fait que la catalyse ne serait pas soutenue par des molécules exocellulaires. De plus, même si PA01 produisait des molécules médiatrices, celles-ci ne sont pas utilisables par S. aureus. 4 2 0 I (µA) -2 -4 b -6 c -8 a -10 -12 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 E (V/ECS) Figure IV.1. VC sur du filtrat de P. aeruginosa seul (ligne a), sur du filtrat de P. aeruginosa PA01 après ajout de S. aureus (ligne b) et après 1h d’attente sous agitation (ligne c). Comme cela a été mentionné dans le chapitre III, nous pensons que ce phénomène est lié à l’activité d’enzymes membranaires. Il est donc légitime de suspecter des enzymes capables de réduire le dioxygène. Ces enzymes étant très répandues chez de nombreuses bactéries aérobies ou anaérobies facultatives, il est difficile d’expliquer les différents comportements des bactéries quant à la catalyse électrochimique de cette réduction. Nous 109 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries avons réalisé un stress oxydant par ajout d’H2O2 (voir § II.2.4.4) visant à augmenter l’activité de ces enzymes capables de réduire les espèces réactives de l’oxygène et le dioxygène luimême sur deux souches anaérobies facultatives : - d’une part, sur une souche ne présentant aucune électroactivité, S. aureus (Figure IV.2 A) - et d’autre part, sur une souche moyennement électroactive, E. coli (Figure IV.2 B). La catalyse électrochimique de la réduction du dioxygène a ensuite été analysée pour ces deux souches. On aurait pu s’attendre à une augmentation de la catalyse chez E. coli et/ou une apparition de la catalyse chez S. aureus. Pourtant, aucun effet du stress oxydant n’a été montré en voltammétrie cyclique pour ces deux souches (Figure IV.2 C et D). 4 4 A 2 0 0 -2 -2 I (µA) I (µA) 2 -4 -6 b -8 a B a -4 b -6 c -8 -10 -10 c -12 -14 -1,2 -1 -0,8 -0,6 d -12 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 -14 -1,2 0,8 -1 -0,8 -0,6 4 2 0 0 -2 -2 -4 b -6 a -8 0 0,2 0,4 0,6 0,8 0 0,2 0,4 0,6 0,8 D -4 a b -6 c -8 -10 -10 -12 -14 -1.2 -0,2 4 C I (µA) I (µA) 2 -0,4 E (V/ECS) E (V/ECS) -1 -0.8 -0.6 d -12 c -0.4 -0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 -14 -1,2 -1 -0,8 -0,6 E (V/ECS) -0,4 -0,2 E (V/ECS) Figure IV.2. Voltammogrammes cycliques sur des cellules de S. aureus (A) et E. coli (B) et sur des cellules de S. aureus et E. coli préalablement soumise à un stress oxydant à l’H2O2 (respectivement C et D). Tampon phosphate (lignes a) après ajout des bactéries (lignes b) et après 1h (lignes c) et 3h (lignes d) de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation. IV.3 Bactéries environnementales 110 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Dans le cadre d’une étude de biofilms épilithiques de rivières, au cours de deux expérimentations consécutives en 2006 puis 2007, des assemblages naturels de biofilms phototrophes testés en rivière par le Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle à Toulouse (UMR 5245 CNRS–UPS–INPT) se sont avérés être électroactifs. Les objectifs généraux de cette étude étaient i) d’évaluer l’électroactivité d’assemblages épilithiques in situ, ii) de caractériser la structure des communautés algales (diatomées) et bactériennes d’assemblages de biofilms épilithiques ayant colonisé des substrats différents (acier inoxydable vs cuivre) et de mettre en relation ces structures et les signaux enregistrés en continu, et iii) de caractériser le potentiel électrochimique de souches bactériennes isolées d’assemblages naturels. In situ, des variations de potentiel de +100 à +150 mV ont été observées au cours de la colonisation de coupons d’acier inoxydable immergés en rivière. Emilie Lyautey (postdoctorante dans le Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle à Toulouse) a isolé 32 taxons cultivables de ces biofilms électroactifs en utilisant une approche par culture sous condition aérobie. Ces isolats ont été caractérisés au plan moléculaire par séquençage de l’ADNr 16S. L’analyse phylogénétique des séquences alignées a permis de déterminer quelles étaient les espèces bactériennes les plus proches, et le pourcentage de similarité entre ces souches et leurs plus proches voisines (Tableau II.3), ceci afin de tester leur capacité à générer un signal détectable en laboratoire par voltammétrie cyclique. Mon travail s’est situé à ce stade de l’étude. Nous avons analysé, en collaboration avec Emilie Lyautey, la capacité des 32 isolats environnementaux à catalyser la réduction électrochimique du dioxygène en voltammétrie cyclique. Seuls ces résultats seront discutés dans cette partie. Ils devraient permettre de compléter la caractérisation de ces biofilms. L’intérêt pour notre travail est d’agrandir la liste des bactéries testées pour essayer de déterminer la source d’une telle propriété. Ce travail devrait donner lieu à une publication qui est en cours d’écriture. Certaines des figures qui suivent en sont extraites. Sur l’ensemble des isolats testés trois comportements différents ont été observés. Soit une catalyse forte avec un pic bien marqué ressemblant à celui observé avec P. aeruginosa, soit une catalyse faible avec un pic peu marqué, soit une absence de catalyse (Figure IV.3). L’ensemble des résultats est présenté dans deux tableaux : le premier concerne les bactéries à Gram négatif (Tableau IV.1) et le deuxième les isolats à Gram positif (Tableau IV.2). Sur les 32 isolats testés, 7 (22%) sont incapables de catalyser la réduction électrochimique du 111 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries dioxygène dans nos conditions (les tests ont été répétés deux fois pour ces bactéries), pour 4 isolats (12%) la détection est possible mais très faible et 21 souches (66%) donnent un pic de catalyse bien marqué. 4 Intensity (µA) 0 -4 -8 -12 -16 a -20 -1.0 -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 -1.0 b -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 c -1.0 -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 Potential (V vs SCE) Figure IV.3. Voltammogrammes cycliques obtenus pour a) un isolat incapable de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène (GQ398344 : Massilia timonae), b) un isolat capable d’une faible catalyse (GQ398350 : Variovorax paradoxus) et c) un isolat capable d’une forte catalyse (GQ398335 : Aeromonas sharmana). Les courbes grises correspondent aux voltammogrammes obtenus avant l’ajout des cellules et les courbes noires aux voltammogrammes obtenus après 3 h (a) et 1 h (b et c) de contact entre les électrodes et la suspension bactérienne (Lyautey et al., en préparation). Une première conclusion est que cette propriété est très répandue au sein des bactéries aérobies. Si l’on considère les proportions en tenant compte du Gram, cela donne : - pour les 20 bactéries à Gram négatif testées : 3 (15%) avec absence de catalyse, 2 (10%) avec une faible catalyse et 15 (75%) avec une catalyse bien marquée, - pour les 12 bactéries à Gram positif testées : 4 (33%) avec absence de catalyse, 2 (16%) avec une faible catalyse et 6 (50%) avec une catalyse bien marquée. La proportion de bactéries capables de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène est à nouveau plus élevée chez les bactéries à Gram négatif que chez les bactéries à Gram positif. Pour les bactéries présentant une faible catalyse les proportions sont à peu près équivalentes. En ce qui concerne les bactéries ne présentant aucune catalyse la proportion est plus de deux fois plus élevée chez les bactéries à Gram positif que chez les bactéries à Gram négatif. Ces observations tendraient à confirmer l’idée selon laquelle le groupe des bactéries à Gram positif renfermerait moins de potentialités en termes d’électroactivité. 112 proviennent des tests en voltammétrie cyclique effectués après 1h ou 3h de contact entre la suspension bactérienne et les électrodes. Tableau IV.1. Electroactivité, taxonomie et caractérisation phénotypique des isolats à Gram négatif de biofilms épilithiques électroactifs. Estart, Ipic et Epic Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries 113 proviennent des tests en voltammétrie cyclique effectués après 1h ou 3h de contact entre la suspension bactérienne et les électrodes. Tableau IV.2. Electroactivité, taxonomie et caractérisation phénotypique des isolats à Gram positif de biofilms épilithiques électroactifs. Eshift, Ipic et Epic Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries 114 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Attardons-nous maintenant sur les différences observées en fonctions des classes, ordres, familles, genres et espèces. Tout d’abord, en fonction des classes, on remarque que chez les γ-Proteobacteria tous les isolats testés sont capables de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène (Figure IV.4). C’est d’ailleurs dans cette famille que l’on retrouve les Pseudomonaceae (P. fluorescens et P. putida) et Aeromonas sharmana pour lesquelles on observe les plus forts courants de catalyse. En revanche, chez les Actinobacteria, la moitié des bactéries testées est incapable de catalyser cette réduction. 12 10 Catalyse bien marquée Nombre d'isolats 8 Catalyse faible Aucune catalyse 6 4 2 0 Flavobacteria α-Proteobacteria β-Proteobacteria γ-Proteobacteria Actinobacteria Bacilli Figure IV.4. Nombre d’isolats testés produisant une catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène bien marquée, une catalyse faible ou aucune catalyse, en fonction des classes de bactéries. Gram négatif : Flavobacteria, α-Proteobacteria, β-Proteobacteria et γ-Proteobacteria et Gram positif : Actinobacteria et Bacilli. Au sein d’une même famille et même parfois au sein d’un même genre, différents comportement sont observés. Par exemple dans la famille des Flavobacteriaceae, Myroides odoratus ne présente aucune catalyse contrairement à Flavobacterium johnsonia et Chryseobacterium ureilyticum. La même observation concerne la famille des Microbacteriaceae au sein de laquelle 3 bactéries sont incapables de catalyser la réduction du dioxygène, une est capable d’une faible catalyse et Frigoribacterium faeni donne une des plus fortes catalyses avec un Ipic de -14,5 µA. De même, l’appartenance à un genre ne garantit pas 115 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries un comportement catalytique identique. En effet, Bacillus flexus et Bacillus cereus testés dans cette étude assurent respectivement une faible catalyse et aucune catalyse (Tableau IV.2), alors que Bacillus subtilis, testé lors de l’étude sur les bactéries d’intérêt médical, présente une forte catalyse (§ IV.2). Enfin, aucune corrélation n’apparaît entre catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène et présence de cytochrome c oxydase chez les bactéries testées. Ceci confirme les résultats précédents (§ IV.2) concernant des bactéries d’intérêt médical. IV.4 Conclusion La catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène a été étudiée avec de nombreuses bactéries d’intérêt médical et issues de biofilms épilithiques de rivière. Le premier point important réside dans le fait que plusieurs souches à Gram positif, comme M. luteus et B. subtilis sont capables de réaliser cette catalyse. Ce travail montre que les bactéries à Gram négatif ne doivent pas être les seules pistes de recherche dans le domaine de la génération de courant par voie bactérienne. Ensuite, des souches de références et des isolats cliniques, provenant ni de piles à combustibles microbiennes ni de quelconques biofilms électroactifs, peuvent s’avérer capables d’un transfert d’électrons avec une électrode. Cela signifie que de nombreuses souches, quelle que soit leur origine, peuvent être considérées comme des micro-organismes potentiellement électroactifs. De plus, cette propriété semble très répandue, puisqu’au total, 75% des souches présentées dans ce chapitre sont capables de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. Certaines classes comportent un plus grand nombre de bactéries électroactives que d’autres, comme les γ-Proteobacteria par exemple. Mais au sein d’un même genre il peut y avoir des comportements différents. C’est le cas pour les genres Bacillus et Staphylococcus. Ces remarques, en complément des observations faites sur différentes souches de P. aeruginosa dans le chapitre III, tendent à prouver que cette propriété est plus vraisemblement liée à l’espèce. Cependant, cela devrait être confirmé sur différentes souches d’autres espèces que P. aeruginosa. 116 Chapitre IV : Catalyse de la réduction du dioxygène par d’autres bactéries Enfin, des enzymes classiquement impliquées dans le transfert d’électrons, comme la catalase et la cytochrome c oxydase ne semblent pas être responsables de cette catalyse puisque des bactéries ne possédant ni catalase ni cytochrome c oxydase en sont capables, ce qui confirme les résultats présentés dans le chapitre III. Cependant, nous suspectons toujours l’activité de protéines membranaires qui font l’objet du chapitre suivant. 117 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques Chapitre V : Mécanismes enzymatiques 118 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques V.1 Introduction Il a été montré dans le chapitre précédent que la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène était une propriété très répandue chez les bactéries aérobies, qu’elles soient à Gram positif ou négatif. Plusieurs tests (voir chapitre III) laissent envisager le rôle d’une activité enzymatique à la surface des bactéries. Ce chapitre a pour objectif de faire le lien entre l’activité observée chez les bactéries et celle observée pour des enzymes ou des molécules seules. De nombreuses enzymes ont été analysées par voie électrochimique, notamment en voltammétrie cyclique. Les cytochromes par exemple, ont été largement étudiés et ce bien avant que leur implication ne soit démontrée lors de transferts directs d’électrons entre les bactéries et les électrodes dans des PCM (Friedrich et al., 2008; Lojou et al., 2005). La rubrédoxine, dont nous avons déjà parlé dans le chapitre III, a également été analysée (dos Santos et al., 2003). La catalase est une autre enzyme membranaire étudiée, mais cette fois pour sa capacité à catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. Cette enzyme est composée de quatre sous-unités identiques comprenant chacune une Fe(III)-protoporphyrine IX. Ces quatre sites actifs sont composés de noyaux pyrroles au centre desquels se trouve un atome de fer qui peut être oxydé et réduit. Cette enzyme catalyse la dismutation du péroxyde d’hydrogène en dioxygène et en eau en évitant la formation de radicaux libres (2H2O2 → O2 + 2H2O). La catalase se retrouve chez la plupart des micro-organismes aérobies puisqu’elle protège les cellules des effets toxiques du péroxyde d’hydrogène produit lors du phénomène de respiration aérobie. Le transfert direct d’électrons entre la catalase et une électrode a été étudié récemment. Les chercheurs ont montré que la catalase était capable d’utiliser une électrode de carbone vitreux comme donneur d’électrons pour catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. En effet, lorsque l’enzyme est immobilisée sur l’électrode, la réduction du dioxygène apparaît pour des potentiels plus élevés, et des intensités de courant plus fortes sont obtenues (Lai et Bergel, 2000). Les auteurs émettent ensuite des hypothèses quant à l’effet de l’orientation de la molécule lors de son immobilisation sur l’électrode. En effet, l’hème (site actif) est accessible par un seul canal long de 30 Å qui est bordé de résidus hydrophobes (Fita et Rossmann, 1985). La fixation de l’enzyme par le DMSO permettrait de l’orienter de façon à ce que le transfert d’électrons soit possible depuis l’électrode vers le site actif (Lai et Bergel, 2002). Cette enzyme a été mise en cause dans certains transferts 119 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques d’électrons lors de réactions cathodiques entre des cellules de Pseudomonas sp. et des électrodes. En effet, les chercheurs ont montré que l’augmentation de courants cathodiques observée en présence de la bactérie était corrélée à son activité catalase (Busalmen et al., 2002). Ils supposent donc que la catalase joue un rôle important dans la biocorrosion. La première partie de ce chapitre est consacrée à l’étude du phénomène pour des bactéries de P. aeruginosa PA01 fixées (mortes mais intactes). Ces expériences visent à démontrer la nécessité ou non d’une activité métabolique des cellules pour que la catalyse ait lieu. La deuxième partie étudie l’activité électrochimique de molécules directement fixées sur l’électrode. Les molécules testées sont la catalase et l’hémine ainsi que deux molécules de porphyrine. Elles ont été choisies à cause de leur site actif commun porphyrinique. Les porphyrines sont composées de quatre sous-unités pyrrole combinées avec des métaux. Lorsque ce métal est un atome de fer on parle souvent d’hème. Les enzymes contenant des porphyrines sont très abondantes dans le monde du vivant. En effet, elles sont impliquées dans de nombreuses chaînes de transport d’électrons et en particulier dans le métabolisme de l’oxygène. Pour en citer quelques unes : catalases, oxydases, peroxydases, cytochromes, hémoglobine (Tsiftsoglou et al., 2006)… Toutes ces enzymes sont des candidats potentiels pour l’activité catalytique que nous avons détectée chez de nombreuses bactéries aérobies. V.2 Activité métabolique Dans le chapitre III, plusieurs résultats nous ont poussés à conclure à une processus enzymatique pour expliquer la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène chez P. aeruginosa et un grand nombre d’autres bactéries. C’est notamment le cas de l’expérience réalisée sur le filtrat de PA01 qui montre une très faible activité de ce filtrat, probablement due à un faible relargage de la molécule active dans le milieu, qui est totalement perdue lorsque ce filtrat est chauffé à 90°C pendant 15 min. Dans cette partie nous avons tenu à déterminer si cette activité enzymatique était liée au métabolisme de la cellule. Des tests ont été effectués pour analyser la nécessité d’une activité métabolique de la cellule pendant le transfert d’électrons. Les voltammogrammes réalisés sur des cellules mortes (traitées au méthanol pendant 30 min), même après une heure de contact entre ces cellules et les électrodes, ne font apparaître aucune catalyse de la réduction du dioxygène 120 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques (Figure V.1 A). En revanche, nous observons la catalyse lorsque les bactéries sont tuées à la surface de l’électrode après une heure de contact (Figure V.1 B). Un test similaire a été effectué sur des bactéries tuées à la surface de l’électrode mais après seulement quelques secondes de contact entre les bactéries et l’électrode. Aucune catalyse ne s’observe sur cette électrode. Figure V.1. Effets de différents traitements au méthanol sur la catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa PA01. A : VC sur le tampon seul (ligne a) après ajout de cellules de PA01 préalablement traitées au méthanol (ligne b) et après une heure sous agitation (ligne c). B : VC sur du tampon seul (ligne a), après ajout de cellules de PA01 (ligne b) et après une heure d’agitation l’électrode de travail est enlevée, traitée au méthanol et plongée dans du tampon phosphate propre (ligne c). Ces expériences montrent que les cellules doivent être vivantes pendant l’heure de contact. Après ce délai, probablement nécessaire pour la production ou la relocalisation de protéines ou d’autres composés microbiens à la surface des bactéries, les cellules peuvent être tuées sans que leur perte d’activité métabolique n’influence la catalyse. Cette observation conforte l’hypothèse de l’implication de molécules membranaires mais sans lien direct avec l’activité métabolique de la cellule. Plusieurs composés biologiques adsorbés seuls sur une électrode permettent de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène sans aucune implication de la cellule bactérienne, par exemple la catalase (Lai et Bergel, 2002). 121 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques V.3 Activité de molécules et d’enzymes directement fixées sur l’électrode Dans cette partie, nous analysons la réponse en voltammétrie cyclique de différentes molécules disposant de sites actifs porphyriniques dans le but de déterminer si ce type de molécules pourrait être responsable du transfert d’électrons observé entre l’électrode et la bactérie lors de la catalyse de la réduction du dioxygène. Les objectifs de cette partie restent assez modestes puisque nous avons fait varier peu de paramètres pour l’étude des molécules (seulement trois vitesses de balayage testées : 50, 100 et 500 mV/s). Cependant, les voltammogrammes sont reproductibles (trois manipulations indépendantes pour chaque enzyme) et permettent d’apporter un complément important aux analyses menées sur les bactéries. Nous avons sélectionné tout d’abord la catalase pour reproduire des résultats déjà décrits dans la litérrature (Lai et Bergel, 2000), puis l’hémine (Figure V.2 A), qui est un élément constitutif des hémoprotéines (hémoglobine, myoglobine, cytochromes, catalase, peroxydase…), et pour finir deux porphyrines, une de magnésium et l’autre de fer (Figure V.2 B et C). A B C Figure V.2. Formules de l’hémine (A), de la porphyrine de magnésium (B) et de la prophyrine de fer (C). Le protocole de fixation des molécules sur l’électrode fait intervenir du DMSO. Nous avons donc effectué un témoin sur une électrode modifiée après traitement au DMSO sans enzyme. Aucune activité parasite pouvant interférer avec l’observation de la catalyse de la réduction du dioxygène n’est observée sur le voltammogramme témoin (Figure V.3). 122 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques 6 4 2 0 I (µA) -2 -4 -6 -8 b -10 -12 a -14 -16 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 E (V/ECS) Figure V.3. VC témoin après avoir immergé l’électrode dans du DMSO pur pendant 30 min. Ligne a tampon seul, ligne b après modification de l’électrode au DMSO. Les résultats obtenus pour les quatre molécules sont regroupés dans la figure V.4. Trois vitesses de balayage ont été testées : 50, 100 et 500 mV/s. Seuls les voltammogrammes effectués à 100 mV/s sont présentés, les autres vitesses n’apportant pas d’information supplémentaire. On remarque que les quatre molécules sont capables de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. La catalyse est très forte et équivalente pour les deux molécules de porphyrines avec Ipic = -23,8 µA (Epic = -0,26 V/ECS) pour la porphyrine de fer et Ipic = -23 µA (Epic = -0,37 V/ECS) pour la porphyrine de magnésium. L’hémine donne également une catalyse très forte avec un Ipic de -24 µA (Epic = -0,24 V/ECS), mais le pic semble plus complexe. Certainement deux réactions d’oxydoréduction différentes se superposent. La catalyse est bien visible avec la catalase mais beaucoup plus faible avec un Ipic de -14,6 µA (Epic = -0,45 V/ECS). Les catalyses mises en évidence pour ces molécules sont tout à fait comparables à celles observées en présence des bactéries. En effet, les pics les plus forts en présence des bactéries, par exemple Aeromonas sharmana, atteignent des courants de -20 µA pour des potentiels de -0,36 V/ECS, proches de ceux observés pour la porphyrine de magnésium. 123 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques 20 20 A 15 10 10 5 5 0 I (µA) I (µA) 15 -5 a -10 -15 B 0 -5 -10 a -15 -20 -20 -25 -30 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 b -25 -0,2 -30 -1,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 b -1 -0,8 -0,6 E (V/ECS) C 15 10 5 5 0 I (µA) I (µA) 0 0,2 0,4 0,6 0,8 0,2 0,4 0,6 0,8 20 10 -5 -10 a 0 -10 -15 -20 -20 b -25 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 E (V/ECS) D -5 -15 -30 -1,2 -0,2 E (V/ECS) 20 15 -0,4 a b -25 0,2 0,4 0,6 0,8 -30 -1,2 -1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 E (V/ECS) Figure V.4. VC avec la catalase (A), l’hémine (B), la porphyrine de fer (C) et la porphyrine de magnésium (D). Ligne a : témoin sur du tampon seul, ligne b : après fixation de la molécule sur l’électrode par le DMSO. La catalyse de la réduction du dioxygène constatée pour ces molécules est clairement due à l’atome métallique situé en leur centre. La catalase est une enzyme complexe formée de plusieurs sous-unités avec un site actif accessible par un seul canal (Fita et Rossmann, 1985). Cela peut expliquer la faible catalyse observée par rapport à des molécules comportant le même site actif, mais beaucoup plus petites, et donc plus accessibles, telles que les porphyrines ou l’hémine. La réaction de réduction du dioxygène est complexe : O2 + e- → O2•O2•- + 2H+ + e- → H2O2 H2O2 + e- + 2H+ → OH• + H2O OH• + H+ + e- → H2O Elle peut être simplifiée en : O2 + 2H+ + 2e- → H2O2 et H2O2 + 2H+ + 2e- → 2H2O. En fonction de l’étape lors de laquelle interviennent les différentes molécules, la forme des pics peut s’avérer très différente. Cela pourrait expliquer les différences observées entre l’hémine et les deux porphyrines. De plus, l’hémine est une molécule plus complexe, contenant des groupements carboxyles qui pourraient être impliqués dans le double pic observé. De plus 124 Chapitre V : Mécanismes enzymatiques amples analyses seraient évidemment nécessaires pour conclure complètement sur l’activité de ces molécules. V.4 Conclusion Cette partie permet de compléter le travail entrepris sur la recherche des mécanismes impliqués dans la catalyse microbienne de la réduction électrochimique du dioxygène. En effet, nous avons montré que l’activité métabolique des cellules n’était pas nécessaire une fois l’heure de contact passée entre les bactéries et les électrodes. Cela signifie que le transfert d’électrons entre l’électrode et le dioxygène n’est pas activement catalysé par les cellules. Il se fait sans aucun lien avec le métabolisme cellulaire. La thèse selon laquelle des protéines membranaires seraient impliquées est toujours valable, mais la bactérie n’est pas elle-même responsable de ce transfert. Les tests effectués sur des molécules et des enzymes seules immobilisées sur l’électrode donnent des résultats tout à fait comparables à ceux obtenus pour les bactéries. Bien que préliminaire, cette étude confirme que l’activité métabolique n’est pas nécessaire pour que le transfert ait lieu. Les molécules testées comprennent toutes le même site actif à base de porphyrine, à savoir un atome métallique au milieu de quatre groupements pyrrole. Ce sont donc vraisemblablement des enzymes porphyriniques qui sont responsables du transfert d’électrons entre les bactéries et l’électrode dans le cas de la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène. La catalase n’est pas indispensable au phénomène mais de nombreuses autres molécules membranaires contiennent ces sites actifs. Il est d’ailleurs tout à fait possible que plusieurs enzymes participent à la catalyse chez les bactéries. De plus, ces enzymes sont très répandues chez les bactéries aérobies, ce qui peut expliquer la grande proportion de bactéries testées capables de catalyser la réduction du dioxygène. Cette étude mériterait d’être approfondie, d’une part en diminuant les vitesses de balayage pour essayer de découpler les pics obsérvés avec l’hémine et de mieux les analyser. D’autre part, en testant ces molécules en absence de dioxygène, ce qui permettrait de vérifier la présence d’un pic en oxydation. 125 Conclusion générale et perspectives Conclusion générale et perspectives 126 Conclusion générale et perspectives Conclusions L’originalité des travaux présentés dans cette étude est basée sur un phénomène peu étudié de transfert d’électrons de l’électrode vers la bactérie. C’est en effet la première fois qu’un tel transfert est démontré chez P. aeruginosa et un grand nombre d’autres bactéries. La démarche entreprise est également peu commune puisqu’elle consistait à tester un grand nombre de souches, y compris des bactéries à Gram positif sans lien apparent avec des biofilms électroactifs. Ces travaux peuvent avoir des implications importantes sur notre vision de l’électroactivité des bactéries. L’objectif premier de cette étude était d’étudier un mécanisme de transfert d’électrons depuis l’électrode vers la bactérie. Un phénomène un peu particulier a été découvert tout d’abord chez P. aeruginosa. Cette bactérie se révèle capable de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène, c'est-à-dire qu’en sa présence, la réduction électrochimique du dioxygène a lieu pour des potentiels plus élevés, et des courants plus importants sont récupérés. Ce transfert d’électrons n’a lieu qu’après un certains temps de contact entre la suspension bactérienne et l’électrode, qui se traduit par une détection de bactéries à la surface de l’électrode. Cependant, l’adhésion ou tout du moins l’adsorption des bactéries à la surface de l’électrode ne semble pas suffisante pour que le transfert se fasse. Pourtant, nous n’avons mis en évidence l’implication d’aucun médiateur d’électrons extra-cellulaire soluble ; le transfert se fait par contact direct entre la bactérie et l’électrode. Les pili ne semblent pas impliqués puisque des mutants non piliés ont la même propriété que la souche sauvage. En revanche, plusieurs résultats nous conduisent à penser que des protéines membranaires sont responsables du phénomène. Nous avons testé quatre molécules porphyriniques directement sur l’électrode et toutes présentent la même capacité que les bactéries de catalyser la réduction du dioxygène. Ces travaux montrent l’ubiquité du phénomène chez ces enzymes et suggèrent que des molécules possédant des sites actifs à base de porphyrine sont responsables du phénomène chez les bactéries. La catalase fait partie de ces enzymes mais n’est pas nécessaire pour le transfert d’électrons observé dans cette étude. En effet, des mutants défectueux pour la production de catalase sont toujours capables de réduire le dioxygène. D’autres protéines membranaires pourraient jouer ce rôle, comme les cytochromes. Il est possible que plusieurs enzymes soient impliquées à la fois. Nous avons 127 Conclusion générale et perspectives également montré que le transfert d’électrons entre l’électrode et la bactérie ne nécessitait aucunement une activité métabolique de la cellule. Une fois un certain temps de contact écoulé entre les bactéries et l’électrode, les cellules peuvent être tuées sans que la catalyse ne soit perdue. Cela signifie que le transfert d’électrons se fait probablement entre des protéines membranaires de la cellule et l’électrode mais sans lien direct avec le métabolisme cellulaire. Ce mécanisme est illustré dans la figure 1. Enfin, plusieurs souches de P. aeruginosa ont été testées. Toutes présentent la même propriété quelque soit leur phénotype, notamment mucoïde ou non mucoïde. O2 H2O Electrode Protéine membranaire porphyrinique oxydée Protéine membranaire porphyrinique réduite Electron Bactérie Figure 1. Proposition du mécanisme de transfert d’électrons entre l’électrode et la bactérie dans le cas de la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène. Des analyses ont également été faites en chronoampérométrie, toujours sur P. aeruginosa. Aucune augmentation du courant n’a été montrée par cette méthode. Cela signifie que les phénomènes de transfert d’électrons mis en évidence en voltammétrie cyclique ne sont pas forcément durables et peuvent ne pas mener à une production de courant en chronoampérométrie et donc en pile à combustible. Cela remet en cause l’usage de la voltammétrie cyclique comme moyen de détection de l’électroactivité. Pourtant cette méthode est très souvent utilisée pour analyser le transfert d’électrons entre une bactérie isolée d’un biofilm électroactif dans une PCM et l’électrode. Certes, des systèmes d’oxydoréduction présents dans la bactérie ou son milieu environnant peuvent être mis en évidence par cette 128 Conclusion générale et perspectives technique, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont responsables de l’augmentation du courant en PCM. Un grand nombre d’autres bactéries a été testé pour déterminer si ce phénomène était spécifique de P. aeruginosa ou non. Des souches de référence, des isolats cliniques et des souches environnementales ont été testées. Il s’avère que sur les 52 bactéries testées, 75 % sont capables de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. Ce phénomène semble très répandu et n’est absolument pas spécifique d’une seule espèce. Même des bactéries à Gram positif sont capables d’un tel transfert, ce qui est peu décrit dans la littérature. L’étude de la répartition de cette capacité en fonction des classes, familles ou genres ne nous a pas permis de mettre en évidence une tendance particulière. D’ailleurs, au sein d’un même genre, des comportements différents sont parfois observés. En revanche, au sein d’une même espèce, la propriété semble être conservée. Cette partie du travail démontre que cette capacité est très répandue chez les bactéries aérobies. Une conséquence importante pour la recherche dans le domaine des bactéries électroactives est que, finalement, n’importe quelle souche, qu’elle soit isolée d’un biofilm électroactif ou non, peut être considérée comme une bactérie potentiellement électroactive. Nous suggérons que la recherche dans ce domaine ne doit pas se cantonner aux seules bactéries issues de piles à combustible microbiennes. Perspectives et applications potentielles La première des perspectives est d’essayer de progresser dans la compréhension des mécanismes cellulaires impliqués dans ce phénomène. Nous avons montré que des enzymes porphyriniques étaient sans doute responsables du transfert d’électrons. Certaines enzymes ne sont pas indispensables dans cette catalyse comme la catalase, la cytochrome c oxydase et la rubrédoxine réductase, mais nous n’avons pas déterminé précisément l’enzyme ou les enzymes réellement impliquées. La mise en œuvre de cette recherche peut se heurter à différents écueils, notamment le fait qu’un certains nombre de protéines potentiellement impliquées sont indispensables à la survie bactérienne (gènes difficilement délétables) et que plusieurs enzymes peuvent être impliquées à la fois. Cependant, certains gènes ont déjà été mutés chez des espèces de Pseudomonas dans la voie métabolique des porphyrines, hemA et hemH par exemple (Baysse et al., 2001). Ces mutants peuvent être intéressants d’une part pour confirmer l’implication des porphyrines et d’autre part pour cibler dans cette voie 129 Conclusion générale et perspectives métabolique les étapes indispensables à la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène, notamment si différentes enzymes sont impliquées. Les autres perspectives sont plus orientées vers les applications possibles de cette découverte. La première application à laquelle on peut penser est bien évidemment la production d’électricité dans les PCM. En effet, nous avons mis en évidence la catalyse d’une réaction cathodique. Cela peut sembler intéressant dans la mise au point de biocathodes, d’autant plus que la réaction à catalyser à la cathode d’une PCM est souvent la réduction du dioxygène. Cependant, le phénomène décrit n’est pas durable (aucun courant en chronoampérométrie), sans doute parce qu’il n’est pas couplé au métabolisme de la cellule. De plus la catalyse observée ici a lieu pour des potentiels trop faibles pour être vraiment intéressante dans les applications de type biocathodes. Par ailleurs, la méthode mise au point pourrait être utilisée comme méthode de détection de l’électroactivité de bactéries. Mais une fois encore, les mesures de voltammétrie cyclique ne renseignent pas sur la capacité à produire du courant de manière durable en chronoampérométrie ou en PCM. Le dernier point est la simple détection de bactéries, et même plus spécifiquement d’adhésion de bactéries. En effet, la méthode présentée dans ce travail offre la possibilité de détecter la présence de cellules adhérées à l’électrode. Cette détection est facilement observable (déplacement du pic de réduction du dioxygène) et rapide, le test ne durant que quelques secondes ou minutes. De plus, il est possible de détecter les toutes premières phases d’adhésion, et donc de formation du biofilm, puisque la catalyse est visible dès les premières minutes de contact entre les bactéries et l’électrode. Cela peut être très intéressant dans le domaine de la détection de bactéries opportunistes, dans les réseaux d’eau et de productions d’eau traitée (à faible contamination) par exemple, où il est primordial de parvenir à détecter la contamination le plus tôt possible lors de la formation du biofilm. En effet, une fois le biofilm mature, l’élimination devient très difficile. L’avantage de cette technique est qu’elle peut être rapide : elle ne nécessite aucune phase préliminaire d’isolement ou de culture des micro-organismes comme cela est le cas dans la plupart des méthodes de détection. Cependant, il reste encore beaucoup de travail pour arriver à un dispositif directement implantable dans les réseaux d’eau, notamment la miniaturisation du dispositif et la vérification de sa fonctionnalité in situ. De plus, ce capteur n’est pas spécifique et nous 130 Conclusion générale et perspectives n’avons encore aucun moyen de préciser le type de micro-organisme présent sur l’électrode. Autre limite, toutes les bactéries ne sont pas détectables par cette technique. Par exemple, il nous est encore impossible de détecter S. aureus. Malgré ces quelques bémols, cette méthode reste compétitive si on la compare aux autres méthodes électrochimiques existantes pour la détection d’adhésion. Les capteurs qui existent à l’heure actuelle sont essentiellement des capteurs d’encrassement. Ils ne font aucune différence entre les micro-organismes et la matière inerte. La méthode décrite dans cette étude permet la détection spécifique de bactéries adsorbées. Ce travail a permis de mettre en évidence un nouveau phénomène de transfert d’électrons entre l’électrode et la bactérie qui permet de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène. Il apporte une meilleure compréhension de ces mécanismes, et de l’ensemble des résultats présentés pourrait finalement émerger de nouvelles applications autres que la production d’énergie, notamment un projet en détection de biocontamination lors des premières étapes d’adhésion. 131 Références bibliographiques Références bibliographiques 132 Références bibliographiques Abdel-Hamid, I., D. Ivnitski, P. Atanasov et E. Wilkins, (1999) Flow-through immunofiltration assay system for rapid detection of E coli O157 : H7. Biosens. Bioelectron. 14: 309-316. Aelterman, P., K. Rabaey, H. T. Pham, N. Boon et W. Verstraete, (2006) Continuous electricity generation at high voltages and currents using stacked microbial fuel cells. Environ. Sci. Technol. 40: 3388-3394. Allesen-Holm, M., K. B. Barken, L. Yang, M. 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Représentation schématique des différentes étapes de formation d’un biofilm de P. aeruginosa et visualisation par microscopie à transmission : 1 adhésion réversible, 2 adhésion irréversible/formation de micro-colonies, 3 et 4 maturation, 5 détachement (Stoodley et al., 2002)._______________________________________________________________ 16 Figure I.3. Mécanisme moléculaire du quorum sensing chez P. aeruginosa (Ruimy et Andremont, 2004). _________________________________________________________ 19 Figure I.4. Facteurs génétiques et phénotypiques intervenant lors de la formation du biofilm à P. aeruginosa (Davey et O'Toole, 2000). ________________________________________ 21 Figure I.5. Nombre de publications concernant les piles à combustible microbiennes en fonction de l’année de publication (données issues de l’ISI Web of Science). ___________ 23 Figure I.6. Principe d’une pile à combustible microbienne (http://pcm-lgc.blogspot.com/). 24 Figure I.7. Densités de puissance de PCM, normalisées par rapport à la surface d’électrode (Logan, 2009). Les données représentées par des cercles proviennent d’études publiées entre 1999 et 2006 par différents groupes de recherche utilisant du dioxygène à la cathode (Logan et Regan, 2006). Les triangles représentent des études plus récentes avec des densités de puissance plus élevées, pour lesquelles la puissance a été normalisée par rapport à la surface de la cathode puisque la puissance est limitée par la cathode. ________________________ 25 Figure I.8. Environnements utilisés comme sources de micro-organismes électroactifs pour ensemencer le compartiment anodique des piles à combustible microbiennes. Entre parenthèses est précisé le nombre de publications mentionnant la source de micro-organismes électroactifs citée. Cette étude est basée sur un total de 57 publications (Parot, 2007)._____ 26 Figure I.9. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons indirect entre une bactérie et une électrode via des médiateurs exogènes. __________________________ 30 Figure I.10. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons entre une bactérie et une électrode via des médiateurs endogènes. ____________________________ 31 Figure I.11. Formule semi-développée de la molécule de riboflavine. _________________ 32 Figure I.12. Formules semi-développées de trois transporteurs d’électrons suspectés dans une pile à combustible microbienne à E. coli (Zhang et al., 2008b). ______________________ 32 Figure I.13. Mécanisme hypothétique de transfert d’électrons entre E. coli et une électrode (Qiao et al., 2008) (A) et formules semi-développées de la quinone (B) et de l’hydroquinone (C).______________________________________________________________________ 33 Figure I.14. Formule semi-développée de la molécule de pyocyanine._________________ 33 146 Annexes Figure I.15. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons direct entre une bactérie et une électrode via des pili conducteurs. ______________________________ 34 Figure I.16. Représentation schématique du mécanisme de transfert d’électrons direct entre une bactérie et une électrode via des protéines membranaires.________________________ 36 Figure I.17. Modèle du transfert d’électrons chez Geobacter sulfurreducens depuis le NADH issu de l’oxydation de matières organiques vers une électrode (Lovley, 2008).___________ 37 Figure I.18. Représentation schématique du dépôt et de la ré-oxydation du manganèse utilisés comme réaction cathodique (Rhoads et al., 2005). _________________________________ 41 Figure I.19. Distributions par application et par micro-organisme du nombre de travaux concernant la détection de pathogènes (Lazcka et al., 2007)._________________________ 43 Figure I.20. (a) Nombre approximatif d’articles utilisant différentes techniques pour détecter et/ou identifier des bactéries pathogènes. (b) Evolution du nombre de travaux publiés sur la détection de bactéries pathogènes de 1985 à 2005 (Lazcka et al., 2007). _______________ 44 Figure I.21. Représentation schématique des principales stratégies d’immobilisation et des étapes clé. Adsorption directe : a1, nettoyage de la surface ; a2, immersion dans la solution d’anticorps ; a3, lavage ; a4, addition de l’échantillon ; a5, détection. Système avidinebiotine : b1, nettoyage de la surface ; b2, fixation de l’avidine ; b3, addition d’anticorps biotinylés ; b4, lavage ; b5, addition de l’échantillon ; b6, détection. Monocouches autoassemblées : c1, nettoyage de la surface ; c2, formation de la monocouche auto-assemblée ; c3, activation ; c4, immobilisation des anticorps ; c5, lavage ; c6, addition de l’échantillon ; c7, détection. ______________________________________________________________ 47 Figure II.1. Electrodes utilisées dans cette étude : électrode de carbone vitreux (A), électrode en acier inoxydable (B), contre-électrodes en platine (C et D) et électrode de référence au calomel saturée (E)._________________________________________________________ 58 Figure II.2. Exemple d’un voltammogramme cyclique illustrant la réduction du dioxygène. Les flèches marquent le sens du balayage de potentiel effectué à 100 mV/s._____________ 59 Figure II.3. Montage à trois électrodes en bécher._________________________________ 60 Figure II.4. Photographie du montage pour les mesures de chronoampérométrie en réacteur sous PSM. ________________________________________________________________ 62 Figure III.1. Etudes en voltammétrie cyclique des mutants non pilié de P. aeruginosa PAKNP pilA-/ladZ25 (A), PAK-NP pilA-/IC41 (B), PAK-NP pilA-/ladN66 (C). Tampon phosphate après ajout des bactéries (ligne a) et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation (ligne b)._________________________________________ 84 147 Annexes Figure III.2. Intensité du pic de réduction du dioxygène catalysée par P. aeruginosa PA01 en fonction de la racine carrée de la vitesse de balayage. Valeurs moyennes et écarts-types calculés sur trois expériences indépendantes. Régression linéaire : R² = 0,9957. _________ 85 Figure III.3. Voltammogrammes cycliques après 1h de contact entre les électrodes et une suspension de P. aeruginosa à des concentrations différentes évaluées par la densité optique (DO) à 640 nm. ____________________________________________________________ 86 Figure III.4. Représentation graphique de la quantité d’électricité (aire sous la courbe de la catalyse de la réduction du dioxygène) en fonction de la concentration en bactéries évaluée par la densité optique (DO) à 640 nm. Régression linéaire : R² = 0,9327. _______________ 86 Figure III.5. Voltammogramme cyclique sur du tampon phosphate seul (ligne a), après ajout du lysat de P. aeruginosa PA01 (ligne b), et après une heure de contact entre le lysat et les électrodes sous agitation (ligne c). _____________________________________________ 87 Figure III.6. Voltammogramme cyclique sur du tampon phosphate seul (ligne a), sur du filtrat de P. aeruginosa PA01 inactivé (ligne b), et après une heure de contact entre ce filtrat et les électrodes sous agitation (ligne c).___________________________________________ 88 Figure III.7. Voltammogrammes cycliques sur du milieu liquide TS seul (ligne a), après ajout de P. aeruginosa PA01 (ligne b), et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes (ligne c). _________________________________________________________ 89 Figure III.8. Etudes en voltammétrie cyclique de la souche sauvage TBwt (A) et de la souche mutée qui ne produit pas de rubrédoxine TB PA5349 KO mutant (B). Tampon phosphate (ligne a) après ajout des bactéries (ligne b) et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation (ligne c).___________________________________________ 90 Figure III.9. Voltammogrammes cycliques de la souche pigmentée (A) et de la souche non pigmentée (B) à 100 mV/s. Tampon phosphate (ligne a) après ajout des bactéries (ligne b) et après une heure de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation (ligne c). ____ 91 Figure III.10. CA continue sur une suspension de P. aeruginosa PA01 dans du tampon à potentiel imposé (-0,35 V/ECS). _______________________________________________ 92 Figure III.11. CA discontinue témoin sur du tampon seul à potentiel imposé (-0,35 V/ECS). Les temps annoncés correspondent aux temps d’attente sous agitation du tampon en présence des électrodes. _____________________________________________________________ 93 Figure III.12. CA discontinue sur une suspension de P. aeruginosa PA01 dans du tampon à potentiel imposé (-0,35 V/ECS). Les temps annoncés correspondent aux temps d’attente sous agitation de la suspension bactérienne en présence des électrodes. ____________________ 94 Figure IV.1. VC sur du filtrat de P. aeruginosa seul (ligne a), sur du filtrat de P. aeruginosa PA01 après ajout de S. aureus (ligne b) et après 1h d’attente sous agitation (ligne c). ____ 109 Figure IV.2. Voltammogrammes cycliques sur des cellules de S. aureus (A) et E. coli (B) et sur des cellules de S. aureus et E. coli préalablement soumise à un stress oxydant à l’H2O2 148 Annexes (respectivement C et D). Tampon phosphate (lignes a) après ajout des bactéries (lignes b) et après 1h (lignes c) et 3h (lignes d) de contact entre les bactéries et les électrodes sous agitation. ________________________________________________________________ 110 Figure IV.3. Voltammogrammes cycliques obtenus pour a) un isolat incapable de catalyser la réduction électrochimique du dioxygène (GQ398344 : Massilia timonae), b) un isolat capable d’une faible catalyse (GQ398350 : Variovorax paradoxus) et c) un isolat capable d’une forte catalyse (GQ398335 : Aeromonas sharmana). Les courbes grises correspondent aux voltammogrammes obtenus avant l’ajout des cellules et les courbes noires aux voltammogrammes obtenus après 3 h (a) et 1 h (b et c) de contact entre les électrodes et la suspension bactérienne (Lyautey et al., en préparation). ___________________________ 112 Figure IV.4. Nombre d’isolats testés produisant une catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène bien marquée, une catalyse faible ou aucune catalyse, en fonction des classes de bactéries. Gram négatif : Flavobacteria, α-Proteobacteria, β-Proteobacteria et γ-Proteobacteria et Gram positif : Actinobacteria et Bacilli. ______________________________________ 115 Figure V.1. Effets de différents traitements au méthanol sur la catalyse de la réduction du dioxygène par P. aeruginosa PA01. A : VC sur le tampon seul (ligne a) après ajout de cellules de PA01 préalablement traitées au méthanol (ligne b) et après une heure sous agitation (ligne c). B : VC sur du tampon seul (ligne a), après ajout de cellules de PA01 (ligne b) et après une heure d’agitation l’électrode de travail est enlevée, traitée au méthanol et plongée dans du tampon phosphate propre (ligne c).____________________________________________ 121 Figure V.2. Formules de l’hémine (A), de la porphyrine de magnésium (B) et de la prophyrine de fer (C). ______________________________________________________ 122 Figure V.3. VC témoin après avoir immergé l’électrode dans du DMSO pur pendant 30 min. Ligne a tampon seul, ligne b après modification de l’électrode au DMSO. _____________ 123 Figure V.4. VC avec la catalase (A), l’hémine (B), la porphyrine de fer (C) et la porphyrine de magnésium (D). Ligne a : témoin sur du tampon seul, ligne b : après fixation de la molécule sur l’électrode par le DMSO._________________________________________ 124 Figure 1. Proposition du mécanisme de transfert d’électrons entre l’électrode et la bactérie dans le cas de la catalyse de la réduction électrochimique du dioxygène. ______________ 128 149 Annexes Annexe III : Table des tableaux Tableau I.1. Liste non exhaustive des micro-organismes dont l’électroactivité a été démontrée et caractérisation de cette électroactivité. _______________________________ 26 Tableau II.1. Souches bactériennes d’intérêt médical utilisées dans cette étude : origine et particularité._______________________________________________________________ 51 Tableau II.2. Souches de P. aeruginosa utilisées dans cette étude : origines et particularités phénotypiques._____________________________________________________________ 52 Tableau II.3. Indentification des isolats environnementaux provenant de biofilms épilithiques électroactifs par séquençage de l’ADN 16S (Emilie Lyautey du Laboratoire d’Ecologie Fonctionnelle à Toulouse). ___________________________________________________ 53 Tableau II.4. Composition du bouillon biofilm modifié.____________________________ 54 Tableau IV.1. Electroactivité, taxonomie et caractérisation phénotypique des isolats à Gram négatif de biofilms épilithiques électroactifs. Estart, Ipic et Epic proviennent des tests en voltammétrie cyclique effectués après 1h ou 3h de contact entre la suspension bactérienne et 113 les électrodes. Tableau IV.2. Electroactivité, taxonomie et caractérisation phénotypique des isolats à Gram positif de biofilms épilithiques électroactifs. Eshift, Ipic et Epic proviennent des tests en voltammétrie cyclique effectués après 1h ou 3h de contact entre la suspension bactérienne et 114 les électrodes. 150 Annexes Annexe IV : Titre et résumé en anglais Title: Microbial catalysis of the electrochemical reduction of oxygen Summary: Electroactive bacteria are able to directly exchange electrons with electrodes and thus produce current. This property was discovered in the early 2000s and is very interesting for microbial fuel cells applications. Many studies have been devoted to the analysis of electronic transfer from bacteria to electrodes (anodic reaction) but very few to the reverse phenomenon (cathodic reaction). The objectives of the present work were first to search for the capacity of catalyzing a cathodic reaction (oxygen reduction) among a wide range of bacteria including Gram - and Gram + and second to analyse the mechanisms involved in such a transfer of electrons using Pseudomonas aeruginosa. Our results show that this property is widespread among bacteria and suggest that membrane-bound enzymes with porphyrin active sites may be involved. Finally, this phenomenon could be used to design an interesting tool in the field of bacterial adhesion detection. Keywords: Electroactive bacteria Oxygen reduction Pseudomonas aeruginosa Porphyrins Detection 151 AUTEUR : Amandine DE ALMEIDA COURNET TITRE : Etude de la catalyse microbienne de la réduction électrochimique du dioxygène DIRECTRICES DE THESE : Christine ROQUES et Marie-Line DELIA LIEU ET DATE DE SOUTENANCE : Toulouse, le 30 avril 2010 RESUME : Les bactéries électroactives sont capables d’échanger directement des électrons avec une électrode et ainsi de générer du courant. Cette propriété mise en évidence au début des années 2000 est très intéressante pour la mise au point de piles à combustible microbiennes. De nombreuses études se consacrent au transfert d’électrons de la bactérie vers l’électrode (réaction anodique), mais très peu analysent le phénomène inverse (réaction cathodique). Les objectifs de ce travail ont été de rechercher cette capacité à catalyser une réaction cathodique, en l’occurrence la réduction du dioxygène, chez un grand nombre de bactéries, Gram – et Gram +, et d’étudier les mécanismes impliqués dans ce transfert d’électrons chez Pseudomonas aeruginosa. Nos résultats démontrent l’ubiquité du phénomène et suggèrent l’implication d’enzymes membranaires porphyriniques. La propriété mise en évidence dans ce travail pourrait être utilisée pour mettre en place un outil de détection d’adhésion de bactéries. Titre et résumé en anglais au recto de la dernière page MOTS-CLES : bactéries électroactives, réduction du dioxygène, Pseudomonas aeruginosa, porphyrines, détection DISCIPLINE ADMINISTRATIVE : Ingénieries Microbienne et Enzymatique INTITULE ET ADRESSE DES LABORATOIRES : - LU49, Adhésion bactérienne et formation de biofilms, Faculté des Sciences Pharmaceutiques, 35 chemin des Maraîchers, 31062 TOULOUSE cedex 9 Laboratoire de Génie Chimique CNRS UMR 5503, 4 allées Emile Monso, 31432 TOULOUSE cedex 4