Cours – « L`Empire français au moment de l`exposition coloniale de

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Cours – « L'Empire français au moment de
l'exposition coloniale de 1931, réalités,
représentations et contestations » [CA
v1.0]
Note : correspond aux chap. du Livre p.
Sommaire
Introduction.........................................................................................................1
1. La « plus grande France »...............................................................................2
1.1. Face à la guerre........................................................................................2
1.2. Face à la crise économique......................................................................2
2. Le triomphe du colonialisme en métropole.....................................................3
2.1. Un large soutien politique.........................................................................3
2.2. Une opinion publique conquise.................................................................3
3. La colonisation : réalisations et contestations.................................................6
3.1. La diversité des statuts.............................................................................6
3.2. Oppression... et réalisations coloniales.....................................................7
3.3. Une contestation croissante.....................................................................7
Conclusion...........................................................................................................8
Table des illustrations
Illustration 1: Carte de l'Empire colonial français en 1930..................................2
Illustration 2: Tableau statistique du commerce entre la France et l'Empire,
1890-1938...........................................................................................................3
Illustration 3: Affiche de l'exposition coloniale de 1931......................................4
Illustration 4: Plan de l'exposition coloniale de Paris, 1931.................................5
Illustration 5: Carte des divers statuts des territoires coloniaux.........................6
Introduction
C'est une métropole à peine sortie de la plus grande guerre (1914-1918) de
son Histoire et victime de la plus grave crise économique (1929) des deux
derniers siècles qui met en scène l'Empire colonial dans la grande exposition
coloniale de 1931.
Dans ce contexte difficile, l'Empire semble un recours.
Ce rêve d'une « plus grande France » s'accompagne d'un triomphe du
colonialisme en métropole, alors même que la contestation croissante des
colonisés montre que les réalités coloniales en sont, souvent, bien éloignées...
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1. La « plus grande France »
1.1.
Face à la guerre
La première guerre mondiale (1914-1918) a convaincu beaucoup de Français
de l'utilité de l'Empire. Les colonies ont fourni à la métropole des soldats (550
000) et des travailleurs (180 000). Le tirailleur sénégalais, mis en avant par les
autorités et la presse avide d'exotisme, est devenu une figure familière.
1.2.
Face à la crise économique
En 1931, l'Empire est à son apogée avec plus de 12 millions de km² et 60
millions d'habitants. La métropole et son Empire forment ainsi la « plus grande
France » de 100 millions d'habitants.
Illustration 1: Carte de l'Empire colonial français en 1930
Beaucoup y voient un remède à la crise économique commencée aux EtatsUnis en 1929 : les échanges avec les colonies sont supposées compenser
l'effondrement du commerce mondial.
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Illustration 2: Tableau statistique du commerce entre la France et l'Empire,
1890-1938
Effectivement, les chiffres montent bien un repli apparent sur l'Empire dans les
années 1930. Mais, attention, ce mouvement s'explique plutôt par un
effondrement plus prononcé du commerce français avec le reste du Monde que
par une réelle croissance du commerce colonial !
2. Le triomphe du colonialisme en métropole
2.1.
Un large soutien politique
Un fort consensus se dégage en faveur de la colonisation. La droite
nationaliste, parfois réticente avant 1914, voit désormais dans l'Empire un
élément de puissance. La gauche radicale et socialiste, la Ligue des Droits de
l'Homme condamnent certains excès du colonialisme, mais très rarement son
principe. Le parti communiste français (PCF) dénonce l'impérialisme comme
une forme de l'exploitation capitaliste mais son action reste mesurée.
2.2.
Une opinion publique conquise
Les Français sont de plus en plus réceptifs à la propagande coloniale, qui
culmine avec la célébration du centenaire de l'Algérie française en 1930 et,
surtout, l'Exposition coloniale internationale de mai à novembre 1931 à
Paris. A voir : un article sérieux et complet avec une riche iconographie
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et un riche dossier documentaire sur l'exposition de 1931
Illustration 3: Affiche
coloniale de 1931
de
l'exposition
(source)
Le 6 mai 1931 est inaugurée, par le président de la République, l'exposition,
installée dans le parc de Vincennes. L'objectif de cet évènement officiel, lancé
en 1913, est de promouvoir l'Empire. Elle a pour commissaire général le
maréchal Louis Lyautey, ancien résident général au Maroc. Parmi les
monuments les plus marquants, l'on trouve une copie du temple d'Angkor Vat
(pavillon du Cambodge) [vue] ; un bâtiment s'inspirant de la grande mosquée
de Djenné (pavillon de l'AOF, Mali). L'exposition est un succès, car 33 millions
de billets sont vendus (correspondant à peu près à 8 millions de personnes, un
même visiteur étant amené à utiliser 4 ou 5 billets en moyenne ; répartition
estimée : 4 millions de Parisiens, 3 millions de provinciaux et 1 million
d'étrangers).
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Illustration 4: Plan de l'exposition coloniale de Paris, 1931
(Source : <http://www.zoohumain.com/softgaleri/albums/userpics/10001/021-1931~2.jpg>)
publicité pour l'exposition coloniale de 1931.
Images d'archives (2 min.) et Images INA sur l'exposition coloniale
de 1931 [première minute] - Attention ! ne pas accorder d'importance au
commentaire « journalistique » qui est sans rigueur scientifique.
Alibert, Nénufar, chanson officielle de l'Exposition coloniale de 1931
(autre copie) ; paroles
Perchicot, Ah ! que c'est beau l'exposition, 1931 (chanson)
Des Canaques de Nouvelle-Calédonie sont exhibés dans le jardin
d'acclimatation, dont certains recrutés pour jouer les cannibales [article].
Initiative privée en marge de l'Exposition, elle est organisée par une
association d'anciens coloniaux et un cirque, le gouverneur de NouvelleCalédonie aidant au recrutement (ce dernier est mis à la retraite anticipée par
Lyautey scandalisé).
Une contre-exposition « La vérité sur les colonies » [affiche ; tract] est
organisée par le parti communiste. Elle est illustrée par quelques intellectuels
d'avant-garde, comme les surréalistes (ex. : André Breton), qui veulent
réhabiliter « l'art nègre » et s'opposent à la propagande coloniale. Mais, elle n'a
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que 5 000 visiteurs en huit mois malgré l'organisation de visites collectives par
des syndicats...
L'Empire fournit de multiples thèmes exotiques à la publicité (ex. : Banania), au
cinéma ou à la chanson :
Edith Piaf, Mon légionnaire, 1937 (avec paroles)
Maurice Chevalier, Ali-Ben-Baba Chanson arabe, 1942 [paroles]
3. La colonisation : réalisations et contestations
3.1.
La diversité des statuts
Illustration 5: Carte des divers statuts des territoires coloniaux
•
La majeure partie de l'Empire est composée de colonies, c'est-à-dire des
territoires sous la domination politique directe de la métropole.
Concrètement, cela signifie qu'elles dépendent du Ministère des
colonies ; qu'un gouverneur y représente l’État ; que le drapeau français
y flotte sur les bâtiments officiels ; que des garnisons de l'armée
française y sont présentes ; que l'administration est calqué sur le modèle
métropolitain avec un personnel largement venu de France... ;
•
les protectorats : administration indirecte de territoires par
l’intermédiaires de pouvoirs locaux préexistant à la domination. Ils
relèvent du Ministère des Affaires étrangères. Ex. : le Sultan du Maroc
gouverne sous le contrôle étroit du Résident général français ;
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•
L'Algérie, seule colonie française « de peuplement » car on y trouve une
importante population de colons européens (français mais aussi italiens
et espagnols), est assimilée à la métropole. Composée de départements,
elle est gérée par le Ministère de l'Intérieur ;
•
Après la guerre, la Société des Nations (SDN) a, notamment, confié les
mandats du Togo, du Cameroun (anciennes colonies allemandes) et du
Levant (Syrie et Liban) [ancien empire ottoman] à la France.
3.2.
Oppression... et réalisations coloniales
● Les colonisés sont largement privés de droits par le « Code de
l'indigénat » (1881-1946) et, souvent, soumis au travail forcé. Avec le
soutien bienveillant de l'administration coloniale, les colons s'attribuent
les meilleurs terres [statistiques Algérie vers 1910]. Le colonisateur
impose ses valeurs, son système économique, ses lois, sa langue... Les
colons (surtout des hommes, il n'y a presque pas d'Européennes) ont des
relations sexuelles avec les indigènes mais le mariage inter-racial est
tabou. L'introduction de l'argent, de l'impôt... en résumé du capitalisme
libéral, a un effet souvent destructeur sur les sociétés indigènes et leur
mode de vie traditionnel.
● A contrario, même si les investissements demeurent modestes et au
service des intérêts de la métropole, routes, ponts, écoles primaires,
dispensaires, ports (ex. : Casablanca au Maroc développé par Lyautey –
sa statue), etc., sont construits par le colonisateur. Dès 1920,
l'introduction de la médecine moderne entraîne le « décollage
démographique » des colonies (ce qui entraîne souvent, effet pervers, un
appauvrissement par tête !).
3.3.
Une contestation croissante
La guerre du Rif, dirigée par Abd el-Krim, embrase le nord du Maroc de 1921 à
1926. De graves révoltes ont également lieu au Levant en 1925 et 1936, en
Indochine (Tonkin) en 1930-1931...
Une nouvelle génération, éduquée en Europe mais frustrée dans ses ambitions
par un colonisateur méfiant qui refuse de lui donner des responsabilités,
s'attaque au colonialisme en s'appuyant sur les idées européennes (droit de
l'Homme, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, communisme...) et
réclame l'autonomie voire l'indépendance (ex. : l'Étoile nord-africaine fondée
par Messali Hadj en Algérie en 1926 ; le Néo-Destour fondé par Habib
Bourguiba en Tunisie en 1934). La contestation peut aussi revêtir une
dimension religieuse (ex. : Jihad musulman) et culturelle. En 1934, le
Martiniquais Aimé Césaire et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor inventent le
concept de négritude, la « reconnaissance du fait d’être Noir », marquant un
retour aux sources de l'identité africaine et le rejet de l'assimilation culturelle.
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Conclusion
Le bilan de la colonisation est contrasté et fait encore débat aujourd'hui (cf. la
controverse sur la loi de 2005 : art. 4 « Les programmes scolaires
reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer,
notamment en Afrique du Nord »). Une seule certitude : la grande majorité des
colonisés n'a jamais cessé de considérer les colons (les « Blancs ») comme des
étrangers.
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