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28 janvier 2015 Revue Médicale Suisse
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examen des fonctions
cognitives
Lexamen des fonctions cognitives est
souvent considéré comme très dif-
cile, voire impossible pour le médecin
non scialisé. Les pressions de Tarmed
freinent encore l’enthousiasme du médecin.
Cependant, un examen exploratoire des
fonctions cognitives est possible en peu de
temps et avec peu de moyens. Cet article
vise à expliquer la logique anatomique de cet
examen et à proposer quelques tests ex-
ploratoires réalisables en quelques minutes.
Un schéma de l’anatomie des troubles
cognitifs (gure 1) peut aider à guider une
exploration, en particulier si la lésion est
connue et si le médecin a une hypothèse à
propos de la région cérébrale atteinte (par
exemple, en cas d’hémiparésie).
Lobes frontaux
Les lobes frontaux (région 1 sur la figure 1)
sont critiques pour les capacités à planifier
et initier des actions, à se concentrer sur
une tâche tout en restant flexible pour inté-
grer de nouvelles informations importantes.
Le patient avec une atteinte frontale risque
d’être distractible ou persévérant, d’être
ralenti ou bavard et d’avoir des contacts
sociaux marqués par un désintérêt ou une
désinhibition envers l’autre. Lexploration cli-
nique repose particulièrement sur le sens
cli nique du médecin à saisir des change-
ments de personnalité et des particularités
du comportement. L attention, la tendance
à la persévération et la distractibilité peu vent
être explorées avec des tests simples.
Hémisphère gauche
Une atteinte de l’hémisphère gauche (-
gion 2 sur la gure 1) interfère souvent avec
les capacités linguistiques et symboliques,
y compris la production et la compréhension
du langage (aphasie) tant par voie orale que
dans le langage écrit ; les patients ont aussi
des difficultés à lire (alexie) et à écrire (agra-
phie). Le calcul et la production de gestes
sont aussi perturbés. L exploration clinique
doit prendre en compte le discours du pa-
tient pendant la prise d’anamnèse, la faci-
lité d’expression et – de façon plus ciblée
la dénomination d’objets. L écriture d’une
phrase peut servir de document précieux
pour suivre l’évolution d’un patient.
Hémisphère droit
Les atteintes de l’hémisphère droit risquent
de perturber l’exploration et la gestion spa-
tiale. Les patients ont des difficultés à inté-
grer des informations de l’espace gauche
(héminégligence gauche), souvent associées
à des difficultés à faire des constructions
ou des dessins complexes. L exploration cli-
nique peut consister en la copie d’un cube
ou le dessin d’une horloge, tests assez sen-
sibles pour détecter des troubles cognitifs.
Aires postérieures
Les atteintes des aires postérieures (-
gion 3 sur la gure 1) interfèrent avec la re-
connaissance visuelle. Les patients ont sou-
vent une diminution du champ visuel. Les
atteintes de la transition occipito-temporale
gauche sont souvent associées à des trou-
bles de la lecture (alexie), voire à la recon-
naissance de la signification des objets que
le patient perçoit correctement (agnosie vi-
suelle). Les atteintes de la même région à
droite peuvent perturber la reconnaissance
de l’individualité d’un visage (prosopagnosie)
ou l’orientation dans des espaces aupara-
vant familiers (topographagnosie). La pré-
sentation de stimuli de ces catégories et
leur dénomination sont des tests faciles à
réaliser.
Système limbique
Les troubles des régions paramédianes
du cerveau, le système limbique (région 4 sur
la figure 1) perturbent la mémoire, en parti-
culier la capacité d’apprendre de nouvelles
informations (amnésie antérograde). L ap-
pren tissage de cinq mots (3 fois) et leur
Status mental : potentiel
et limites
Quadrimed 2015
A. Schnider
Pr Armin Schnider
Service de neurorééducation
HUG, 1211 Genève 14
Rev Med Suisse 2015 ; 11 : 266-7
Figure 1. Correspondance anatomique des troubles cognitifs
G
1
1
2
3341
3
4
2 2
Syndromes frontaux
Amnésie
Distractibilité, persévération, …
Manque d’initiation
Agnosie des objets
Anomie des couleurs Prosopagnosie
Aphasies
Agraphie
Alexie
Héminégligence
spatiale
Troubles
visuoconstructifs
Agnosie digitale
Confusion
droite-gauche
Apraxie
Acalculie
Topographagnosie
Hyperverbalisation
Troubles de la
reconnaissance visuelle
Troubles du traitement spatial
Troubles associés au langage
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Bibliographie
Schnider A. Verhaltensneurologie. Die neurologi sche
Seite der Neuropsychologie. Eine Einführung für Ärzte
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denberg, G. and Miller, B. L., eds). Edinburgh : Elsevier
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rappel après dix minutes constituent un test
valable pour une amnésie. Dans des cas
plus sévères, l’orientation dans lespace et
dans le temps est souvent atteinte.
test exploratoire
Si possible, l’examen devrait être ciblé sur
les plaintes du patient. L exploration clinique
devrait comporter au moins les éléments
suivants, testables en cinq minutes
:
estimation de la vigilance et réactivité du
patient (ralentissement ?) ;
capacité de collaboration (compréhen-
sion des consignes, particularités compor-
temen tales ?) ;
communication (le patient s’exprime-t-il
aisément et de façon compréhensible ?) ;
orientation (le patient connaît-il le jour de
la semaine, le mois, lannée, le lieu, la raison
de la consultation ?) ;
écriture d’une phrase
;
lecture d’un petit texte
;
copie du dessin d’un cube ou test de
l’horloge (inscrire les chiffres dune horloge
dans un cercle et positionner les aiguilles à
10 h 10).
Ce petit bilan permet de détecter des
troubles cognitifs importants, tels qu’un dé-
but de démence. L échec dans ce bilan ex-
ploratoire ou, au contraire, le soupçon de
troubles plus subtils nécessitent normale-
ment l’exploration par un spécialiste, sou-
vent un examen standardisé par un neuro-
psychologue.
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