SUR LA VARIÉTÉ DES CARACTÈRES p-ADIQUE DE Gal(Qp/Qp)5
est réunion disjointe, indexée par les entiers npremiers à p, de la restriction à
Qpde la boule unité ouverte de rayon 1sur Qp(µn). Les travaux de plusieurs
auteurs, notamment de M. Kisin et G. Böckle, ont permis de décrire essentiellement
complètement X2quand K=Qp, sauf quand p= 2 auquel cas la description est
encore incomplète à notre connaissance (voir le chapitre 4).
Théorème 2.1. Xnest équi-dimensionnel de dimension dn2+ 1 et l’ouvert Xirr
nest
Zariski-dense.
Tout d’abord, le fait que Xirr
nest régulier d’équi-dimension dn2+ 1 est clas-
sique. En effet, il suffit de voir que si Lest une extension finie de k(x)sur laque-
lle ρxest définie, alors b
OXn,x ⊗k(x)Lest formellement lisse sur Lde dimension
dn2+ 1. Or comme on a vu cette L-algèbre est l’algèbre pro-universelle des dé-
formations continues de la représentation absolument irréductible ρx(vue sur L).
L’assertion découle alors de ce que H0(GK,ad(ρx)) est de dimension 1(sur k(x)),
H2(GK,ad(ρx)) = HomGK(ρx, ρx(1)) = 0 (dualité de Tate), de sorte que par la for-
mule de caractéristique d’Euler pour la cohomologie continue de GKdûe à Tate on
adim H1(GK,ad(ρx)) = ddim(ad(ρx)) + 1 = dn2+ 1.
Nous allons démontrer par récurrence sur la dimension nque Xirr
nest Zariski-dense
dans Xn, ce qui entraîne le théorème par le paragraphe ci-dessus.
Comme Xirr
nest un ouvert Zariski, son adhérence Zariski est une réunion de com-
posantes irréductibles de Xn. Supposons par l’absurde que cette réunion soit stricte,
il existe donc un ouvert affinoïde U⊂Xnqui ne la rencontre pas. À fortiori,
U∩Xirr
n=∅. Soit x∈U. Il existe donc deux entiers non nuls aet btels que
a+b=net tels que xest dans l’image du morphisme naturel
ιa,b :Xa×Xb→Xn.
Soit (u, v)∈Xa×Xbtel que ιa,b(u, v) = x. Par hypothèse de récurrence, l’ouvert
Zariski de Xa×Xbparamétrant les paires de représentations irréductibles est Zariski-
dense, on peut donc trouver (u0, v0)assez proche de (u, v)dans Xa×Xb, de sorte
que ιa,b(u0, v0)∈Uet que ρu0et ρv0soient irréductibles. Si a=bon peut supposer
de plus que ρu06' ρv0(m)pour tout m∈Z: il suffit de tordre l’un par un caractère
assez proche de 1bien choisi. On pose x0=ιa,b(u0, v0).
Choisissons Vune extension non triviale de ρu0par ρv0, disons définie sur une
extrension finie Lassez grande de k(u0, v0)(donc de k(x0)). Une telle extension existe
car H1(GK,Hom(ρu0, ρv0)) est de dimension [K:Qp]ab > 1par les théorèmes de
Tate suscités. Soit OVl’anneau de déformation pro-universel de Vaux Qp-algèbres
artiniennes locales de corps résiduel L(Mazur, Schlessinger). Par des arguments
similaires à ceux de l’étude plus haut des points dans Xirr
n,OVest formellement
lisse sur Lde dimension dn2+ 1. On dispose de plus en prenant la trace d’un
morphisme local de L-algèbres ϕ:b
OXn,x0⊗k(z)L−→ OV.
Lemme 2.2. Soit Wune GK-déformation continue de Vsur L[ε]/(ε2), telle que
trace(g|W) = trace(g|V) ∀g∈GK,
alors dans une L[ε]-base bien choisie, West une déformation triangulaire supérieure
de Vqui est constante sur les deux blocs diagonaux.