Autour du dernier Th´eor`eme de Fermat Cours de

Autour du dernier Th´
eor`
eme de Fermat
Cours de Licence - Module OpA
Thomas Hausberger
15 Mars 2004
Table des mati`eres
2 Arithm´etique des courbes elliptiques 2
2.1 Motivations ................................. 2
2.2 Courbes planes et singularit´
e....................... 2
2.3 Courbes elliptiques et loi de groupe ................... 2
2.4 Points rationnels et th´
eor`
eme de Mordell ................ 2
2.5 Courbes elliptiques et nombres congruents ............... 2
2.6 Courbes elliptiques sur Z/pZ....................... 2
2.7 D´
etermination de E(Q)tors .......................... 2
B Annexes au chapitre deux 2
B.1 Le plan projectif ............................... 2
B.2 Les nombres p-adiques ........................... 2
1
2. Arithm´etique des courbes elliptiques
2.1. Motivations
2.2. Courbes planes et singularit´e
2.3. Courbes elliptiques et loi de groupe
2.4. Points rationnels et th´eor`eme de Mordell
2.5. Courbes elliptiques et nombres congruents
2.6. Courbes elliptiques sur Z/pZ
2.7. D´etermination de E(Q)tors
B. Annexes au chapitre deux
B.1. Le plan projectif
B.2. Les nombres p-adiques
B.2.1. Motivation
L’entier 2 n’est pas un carr´
e rationnel, mais si l’on passe de Q`
aR, l’´
equation
x2=2 poss`
ede deux solutions : ±2, o `
u2=1,414213 ···. Cette ´
ecriture est
l’´
ecriture d´
ecimale de 2, tout r´
eel pouvant s’´
ecrire x=±Pn
k=−∞ ak10k, o `
u les ak
{0,...,9}(´
ecriture unique, sauf pour les d´
ecimaux o `
u···cn000 ··· et ···(cn1)999 ···
repr´
esentent le mˆ
eme nombre). On peut d´
efinir les r´
eels de cette mani`
ere, l’in-
conv´
enient ´
etant la d´
efinition des op´
erations.
Une autre fac¸on de regarder le d´
eveloppement d´
ecimal de 2 est la suivante :
on consid`
ere la suite (xn) d´
efinie par x0=1, x1=14/10, x2=141/100, etc... C’est une
suite de Cauchy de rationnels qui n’admet pas de limite dans Qmais converge vers
2 dans le corps complet R. La d´
efinition moderne des r´
eels passe par les suites de
Cauchy : Rest le compl´
et´
e de Qpour la valeur absolue archim´
edienne |•|. Enfin, les
rationnels xnsont de approximations de 2 de plus en plus fines : |2xn| ≤ 10n.
Consid´
erons maintenant la suite de congruences x22 mod 7npour n=1,2, . . ..
Lorsque n=1, on a deux solutions : x=x1≡ ±3 mod 7. Ce choix fait, les xn
(n2) sont uniquement d´
etermin´
es : en eet, supposant xnconstruit (et unique
modulo 7n), alors xn+1v´
erifie ´
egalement x22 mod 7n, donc xn+1xnmod 7npar
unicit´
e. On ´
ecrit xn+1=xn+cn7net x2
n2=dn7n; alors x2
n+12x2
n2+2xncn7n
mod 7n+1dn7n+2x1cn7nmod 7n+1. Il faut donc que dn+2x1cn0 mod 7, ce
qui d´
etermine cnmodulo 7 (x1est inversible modulo 7), donc xn+1modulo 7n+1.
Par exemple, si x1=3, on trouve cndnmod 7, d’o `
u la formule de r´
ecurrence
xn+1xn+xn22 mod 7n+1.
Que se passe-t-il «`
a la limite», lorsque ntend vers l’infini ? La suite (xn) poss`
ede-
t-elle une limite ? D’une part, il n’existe pas d’entier xv´
erifiant x22 mod 7npour
2
tout n1, car x22 serait divisible par une puissance arbitraire de 7, ce qui n’est
possible que si x22=0. D’autre part, la s´
erie Pcn7n(o `
ucn∈ {0,...,6}) ne converge
pas dans R, au sens usuel, pour la distance issue de la valeur absolue archim´
edienne.
Nous allons d´
efinir les «nombres p-adique»(pour chaque nombre premier p).
L’anneau Zpdes entiers p-adiques contient Z; il est muni d’une distance, la «distance
p-adique»issue de la «valeur absolue p-adique»|•|p. La s´
erie Pcn7nconverge pour
la distance 7-adique ; sa somme, not´
ee x, est un entier 7-adique qui v´
erifie x2=7
dans Z7. L´
ecriture x=P+
n=0cn7nconstitue le «d´
eveloppement 7-adique»de x.
Le corps Qpdes nombres p-adiques est le corps des fractions de Zp; il contient
Q. En fait, on peut ´
egalement l’obtenir par «compl´
etion»de Qpour la distance
p-adique.
B.2.2. Construction de Zp
On consid`
ere les Z/pnZ; la projection in:ZZ/pnZa pour noyau pnZpn+1Z,
donc factorise `
a travers ZZ/pn+1Z. Les projections ´
etant surjectives, on obtient
des morphismes surjectifs pn:Z/pn+1ZZ/pnZ.
D´efinition B.2.1. Zpest la limite projective de ce syst`eme, c’est-`a-dire l’ensemble des suites
(x1,x2,...,xn, . . .)Z/pZ×Z/p2Z× ··· × Z/pnZ··· qui v´erifient xn=pn(xn+1)pour
tout n 1.
On ´
ecrit Zp=lim
n+
Z/nZ. C’est un sous-ensemble de Qn1Z/pnZ, et en fait un
sous-anneau pour les op´
erations h´
erit´
ees (car les projections sont des morphismes
d’anneaux).
On a une inclusion naturelle i:ZZp: les morphismes in(n1) sont compa-
tibles aux projections pn(i.e. les idagrammes ´
evidents commutent), donc d´
efinissent
un morphisme ipar la formule i(x)=(in(x)) =(xmod pn). Bien qu’aucun des inne
soit injectif, la r´
esultante iest injective : si in(x)=¯
0 dans Z/pnZpour tout n, alors pn
divise xpour tout n, d’o `
ux=0.
D´
eveloppement p-adique d’un ´
el´
ement de Zp:soit x=(xn)Zp, o `
uxnZ/pnZ,
et soit ˜
xnle repr´
esentant de xncompris entre 0 et pn1. Ecrivons pour tout nl’entier
˜
xnen base p:˜
xn=c(n)
0+c(n)
1p+··· +c(n)
n1pn1, o `
uc(n)
i∈ {0,...,p1}.
Lemme B.2.1. Pour i n1,onac(n+1)
i=c(n)
i.
En eet, ˜
xn+1˜
xnmod pn(puisque xn=pn(xn+1) ; ´
ecrivant ˜
xn+1=˜
xn+pnu, on
montre que u∈ {0,...,p1}: si u<0, on aurait ˜
xn+1˜
xnpn<0 et si upalors
˜
xn+1pn+1; c’est impossible. Donc c(n)
0+c(n)
1p+··· +c(n)
n1pn1+upnest l’´
ecriture en
base pde ˜
xn+1; on conclut par l’unicit´
e de ce dernier.
D´efinition B.2.2. On appelle d´eveloppement p-adique de x la suite infinie des chires ci:
(c0,c1,...,cn, . . .), ci∈ {0,p1}. On note x =c0+c1p+··· +cnpn+··· (`a prendre pour
l’instant comme une ´ecriture formelle).
Nous venons d’associer `
axZpune suite infinie de chires. R´
eciproquement,
´
etant donn´
ee (c0,c1,...,cn, . . .), on lui associe x=(xn)Zp, o `
uxnest la classe de
c0+c1p+··· +cn1pn1modulo pn. Ces deux constructions sont r´
eciproques l’une de
l’autre : on peut se donner un entier p-adique par son d´
eveloppement p-adique.
3
B.2.3. Propri´et´es alg´ebriques de Zp
Lemme B.2.2. Soit x =(xn)Zp; alors x est inversible dans Zpsi et seulement si x1,¯
0.
Preuve : le sens direct est ´
evident ; ´
etant donn´
e un ´
el´
ement inversible x=(xn)
de Zp, la composante x1en particulier est inversible dans Z/pZ, donc non nulle.
R´
eciproquement, soit xtel que x1est inversible dans Z/pZ; nous noterons y1son
inverse. Soit yZ/pn+1Zet pn(y) son image par la projection Z/pn+1ZZ/pnZ;
on a le r´
esultat g´
en´
eral suivant :
Si pn(y) est inversible dans Z/pnZalors yest inversible dans Z/pn+1Z.
En eet, les inversible de Z/pnZsont les ¯
mou (p,m)=1. Soit ˜
yun entier qui
repr´
esente la classe y; par hypoth`
ese, la classe pn(y) de ˜
ymodulo pnest inversible,
donc ( ˜
y,p)=1. Par cons´
equent, la classe yde ˜
ymodulo pn+1est ´
egalement inversible.
Cela montre, de proche en proche, que les xnsont inversibles dans Z/pnZ; nous
notons ynles inverses. Montrons que yn=pn(yn+1) : appliquant pn`
a l’´
egalit´
exn+1yn+1=
¯
1, on obtient xnpn(yn+1)=¯
1 et conclut par l’unicit´
e de l’inverse.
Lemme B.2.3. Si x n’est pas inversible dans Zpalors il existe y Zptel que x =py.
R´eciproquement, py n’est pas inversible.
Preuve : D’apr`
es le lemme pr´
ec´
edent, si x=(xn) n’est pas inversible, alors x1=0.
Le repr´
esentant de x1dans {0,...,p1}est donc c0=0 et le d´
eveloppement p-
adique s’´
ecrit c1p+··· +cnpn+··· (somme «formelle»). L’entier p-adique ydont le
d´
eveloppement p-adique est c1+··· +cnpn1+··· v´
erifie x=py : en eet, xnest la
classe de c1p+···+cn1pn1modulo pnet yncelle de c1+··· +cn1pn2, donc xn=pyn
pour tout n. R´
eciproquement, py =(¯
0,¯
py1, . . .) n’est pas inversible.
Lemme B.2.4. Tout x Zp\ {0}s’´ecrit de mani`ere unique sous la forme pny, o`u n Net
yZ×
p.
Preuve : D´
emontrons l’existence. Si xZ×
p, c’est termin´
e ; sinon, on ´
ecrit x=px1.
Si x1est inversible alors on a gagn´
e, sinon on poursuit : x=p2x2. Ainsi de suite ; le
processus s’arrˆ
ete bien : si l’on pouvait ´
ecrire x=pnxnpour tout n, alors on aurait
x=(¯
0,...,¯
0, . . .)=0. Pour d´
emontrer l’unicit´
e, on suppose que pny=pmz(avec
nm) : comme z=pnmyest inversible, alors n=m; puis y=z.
Proposition B.2.1. Zpest un anneau principal (donc factoriel) dont p est (aux associ´es pr`es)
l’unique ´el´ement irr´eductible. La d´ecomposition pr´ec´edente est la d´ecomposition en produit
d’irr´eductibles.
Preuve : D´
emontrons que Zpest int`
egre : ´
etant donn´
es xet x0deux ´
el´
ements non
nuls, il s’agit de montrer que xx0,0. Pour cela, on ´
ecrit x=pnyet x0=pn0y0, o `
uyet y0
sont inversibles, d’inverses zet z0. Alors xx0=pn+n0yy0. Comme (xx0)(zz0)=pn+n0,0,
n´
ecessairement xx0,0.
Soit maintenant Iun id´
eal non nul de Zp. On note nle plus petit entier tel que
pnI; prenant x=pmy(yinversible) dans I, alors pm=xy1I, donc nest bien
4
d´
efini et l’on a mnpar d´
efinition de n. Par cons´
equent xest un multiple de pn, ce
qui montre que I=(pn).
Il reste `
a montrer que pest irr´
eductible : si p=xx0, on ´
ecrit les d´
ecompositions
x=pnyet x0=pn0y0; alors p=pn+n0yy0, donc n+n0=1 par unicit´
e. Par cons´
equent
l’un des deux entiers est nul, donc l’un parmi xet x0est inversible.
Remarque. Tout id´
eal est donc de la forme (pn) pour un certain entier n. L’id´
eal
(p) est l’unique id´
eal premier non nul ; il est de plus maximal : on va voir que
Zp/pZp'Z/pZ, qui est un corps (ceci n’a rien d’´
etonnant : un id´
eal premier d’un
anneau principal est maximal).
Lemme B.2.5. La suite de morphismes
0Zp
α
Zp
β
Z/pnZ0,
o`u αesigne la multiplication par pnet β: (xn)7→ xn, est exacte. Autrement dit, αest
injective, ker β=Im αet βest surjective.
Preuve : L’injectivit´
e de αprovient du fait que Zpest int`
egre : si pnx=0, alors
x=0.
D´
emontrons que ker βIm α: un ´
el´
ement x=(xn) de ker βa ses npremi`
eres
composantes nulles (puisque xn=¯
0) ; son d´
eveloppement p-adique est donc de
la forme cnpn+cn+1pn+1+···. Soit yl’entier p-adique dont le d´
eveloppement est
cn+cn+1p+··· ; on v´
erifie que x=pny. L’inclusion ker βIm αest ´
evidente.
Enfin, βest surjective : ´
etant donn´
eλZ/pnZ, on pose xn=λ, ce qui d´
efinit xi
pour i<n(xi1=pi1(xi)). On utilise la surjectivit´
e des pipour d´
efinir les xilorsque
i>n. On peut donc construire xtel que β(x)=λ.
Corollaire. Zp/pnZp'Z/pnZ.
En eet, ker β=Im α=pnZp.
B.2.4. Propri´et´es topologiques de Zp
Sur Z, on dispose de la valuation p-adique vpd´
efinie comme suit : vp(x) est la
puissance de pqui apparaˆ
ıt dans la d´
ecomposition de x,0 en produit de nombres
premiers et vp(0) = +. On d´
efinit ensuite la valeur absolue p-adique par |x|p=avp(x),
o`
ua>1 est un r´
eel fix´
e ; souvent, on choisit a=p(cette normalisation permet d’avoir
la formule du produit : |x|Qp|x|p=1).
On v´
erifie facilement que vp(xy)=vp(x)+vp(y) et que vp(x+y)min(vp(x),vp(y))
(avec ´
egalit´
e si vp(x),vp(y)). Ainsi :
|x| ≥ 0 et |x|p=0x=0 ;
|x+y|pmax(|x|p,|y|p) (in´
egalit´
eultram´
etrique, plus forte que l’in´
egalit´
e trian-
gulaire) ;
|xy|p=|x|p|y|p;
Les trois propri´
et´
es pr´
ec´
edentes constituent la d´
efinition d’une valeur absolue
(ultram´
etrique ou non-archim´
edienne).
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