MAPAR 2004
192
trogénation complète [23]. L’induction doit se faire à séquence rapide avec manœuvre
de Sellick et intubation endotrachéale du fait du risque accru d’inhalation bronchique
(voir supra), de la désaturation rapide lors de l’apnée et des difficultés techniques de
ventilation au masque facial particulièrement fréquentes [24].
Les indications de l’intubation trachéale doivent donc être larges. Mais la fréquence
de l’intubation trachéale difficile est plus importante chez les patients obèses que chez
les patients minces, et s’accompagne d’un risque important de désaturation [25]. Elle
est estimée à 15 % des patients [25]. La mise de la tête en extension facilite l’intuba-
tion [26]. La surélévation des épaules, du cou et de la tête au dessus du thorax de façon
à ce qu’une ligne horizontale imaginaire relie le conduit auditif externe et le sternum,
faciliterait également la laryngoscopie [27], et augmenterait le délai d’apparition d’une
désaturation en cas de difficultés d’intubation [28]. Plusieurs revues de la littérature
conseillent de réaliser systématiquement l’intubation des patients obèses de façon vigile,
par fibroscopie. Nous déconseillons une telle attitude qui n’est validée ni par la littérature
ni par notre expérience. Ainsi, dans une étude prospective portant sur 129 patients obèses
consécutifs, aucune fibroscopie ne fut nécessaire pour assurer l’intubation trachéale [25].
De même, dans une étude rétrospective ayant inclus 434 patients obèses opérés de
chirurgie bariatrique, l’intubation a du être réalisée par fibroscopie dans seulement 9
cas. Les seuls critères de prédiction d’intubation difficile rapportés chez les obèses sont
les critères de Mallampati (mais dont la valeur prédictive positive et la spécificité sont
faibles) [25, 29], la taille de la circonférence du cou (risque de 35 % d’intubation difficile
quand la circonférence est supérieure ou égale à 60 cm) [29] et, pour certains, l’existence
d’un SAS [30]. Malheureusement, il n’existe pas de critère précis d’indication de la
fibroscopie. Aussi, lors de toute laryngoscopie, le matériel doit être prêt pour faire face
à une difficulté d’intubation imprévue.
Des alternatives à l’intubation trachéale ont été utilisées mais ont des inconvé-
nients. Ainsi la ventilation au masque facial est difficile en cas d’obésité [24]. Quant
à l’utilisation d’un masque laryngé (masque classique ou Proseal*), elle permet une
ventilation satisfaisante sans distension gastrique [31]. Mais aucune de ces techniques
ne protège les voies aériennes en cas de régurgitation. Notons que le masque laryngé est
une méthode de sauvetage qui permet l’intubation trachéale à travers le masque en cas
de laryngoscopie difficile, même en cas d’obésité morbide [32].
Une fois le patient intubé et ventilé, la position semi-assise [33] et l’application d’une
PEEP permettent d’améliorer les échanges gazeux peropératoire [34]. Ces techniques sont
particulièrement utiles en cas de pneumopéritoine qui est responsable d’une altération de
la compliance pulmonaire et des résistances de voies aériennes, déjà altérées par l’obé-
sité elle-même [35]. L’augmentation du volume courant ne permettrait pas d’améliorer
l’oxygénation [36, 37] même si tous les auteurs ne sont pas d’accord [38]. Pour obtenir
une normocapnie (PaCO2 = 40 mmHg) sous anesthésie générale, il a été évalué qu’il
suffisait de majorer la ventilation minute de 15 % par rapport à celle appliquée à un sujet
mince [35]. Des volumes courants plus importants seraient inutiles [37].
6. ENTRETIEN DE L’ANESTHÉSIE
Chez les patients obèses, les posologies d’anesthésiques généraux et en particu-
lier de propofol doivent être calculées en se référant au poids réel et selon les mêmes
posologies en mg/kg que celles utilisées chez le sujet mince [39]. L’administration
de posologies insuffisantes d’anesthésiques expose au risque d’obtenir un sommeil et
des conditions d’intubation de mauvaise qualité. A l’inverse, des posologies majorées,
adaptées au poids réel, exposent au risque d’hypotension artérielle. Pendant l’entretien de
l’anesthésie, il faut préférer les médicaments de court délai et de courte durée d’action,