
Éditorial
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 mars  635
Le couple infernal de l’obésité 
et des troubles mentaux
Prs ALAIN GOLAY et FRANÇOIS PRALONG
La prévalence de l’obésité est telle que le 
terme d’« épidémie » a même été utilisé par 
l’OMS. Si la prévalence en Suisse est moindre 
qu’aux Etats-Unis, elle a quand même doublé 
en 20 ans (de 5 à 10 %). L’article de P. Fournier 
et coll. qui applique les données démographi-
ques de la dernière enquête de santé suisse 
au canton de Vaud identifie clairement l’en-
jeu majeur que constitue l’aug-
mentation prévisible du nombre 
de personnes en surpoids et obèses 
pour les systèmes de santé. 
C’est dans ce contexte que L. Lo-
catelli et coll. nous parlent du 
couple infernal de l’obésité et des 
troubles mentaux. Les auteurs 
nous démontrent que les person-
nes obèses souffrent davantage 
de troubles mentaux que la population gé-
nérale. Est-ce le poids qui influence la santé 
mentale ou l’inverse ? Par exemple, la dé-
pression augmente de plus de 50 % le risque 
d’obésité et l’obésité augmente aussi de plus 
de 50 % le risque de dépression. 
Un trouble du comportement alimentaire 
 actif demeure une des contre-indications de 
la chirurgie de l’obésité, alors que plus l’IMC 
est élevé, plus ce genre de trouble est fré-
quent. Boulanouar et coll. mettent en avant 
un concept d’addiction à la nourriture qui 
émerge de plus en plus. Les auteurs montrent 
qu’environ 30 % des patients obèses adressés 
pour une chirurgie de l’obésité ont une addic-
tion à la nourriture. Préciser cette maladie 
d’addiction à la nourriture permettrait de 
pouvoir reconsidérer la prise en charge spéci-
fique de ces patients obèses. 
On le constate à la lumière de ces deux ar-
ticles, les patients obèses, et particulièrement 
les patients candidats à une chirurgie de 
l’obésité, présentent des problématiques cli-
niques complexes où les enjeux psycholo-
giques et psychiatriques sont souvent pri-
mordiaux. Y. Corminboeuf et coll. proposent 
de prendre du temps pour les préparer à la 
chirurgie. Malgré une impulsion d’« urgence » 
des patients, partagée parfois par les soi-
gnants, il est essentiel d’aména-
ger un espace-temps leur per-
mettant de mettre en exergue les 
changements à venir pour leur 
nouvelle vie… et ce n’est pas une 
perte de temps ! On n’insistera 
jamais assez sur la nécessité de 
prendre en charge ces patients 
dans toutes leurs dimensions, so-
matiques et psychologiques, dans 
un cadre interdisciplinaire qui po-
sitionne le patient au milieu d’un réseau de 
compétences complémentaires et synergiques.
L’utilité des compétences complémentaires des 
équipes pluridisciplinaires se retrouve dans 
le suivi des patients après l’intervention, ce 
qui est bien illustré par l’article de V. di Vetta 
et coll. qui revoit les principes de prévention 
et de prise en charge des syndromes de dum-
ping, fréquents après by-pass gastriques. Dans 
cet article, les auteurs soulignent l’impor-
tance d’une approche coordonnée entre la 
diététicienne, l’infirmière et le médecin pour 
poser un diagnostic correct autant que pour 
proposer des approches thérapeutiques adé-
quates. 
Finalement, R.C. Martin-du-Pan et coll. pro-
posent une hypothèse originale avec des 
 peptides natriurétiques. Ceux-ci pourraient 
favoriser l’obésité quand les taux sont abaissés 
et auraient même un rôle de biomarqueurs 
de la survenue d’un diabète. 
Articles publiés  
sous la direction de 
ALAIN GOLAY
Médecin-chef 
Service 
d’enseignement 
thérapeutique pour 
maladies chroniques 
HUG, Genève
FRANÇOIS PRALONG
Médecin-chef
Service 
d’endocrinologie, 
diabétologie et 
métabolisme 
CHUV, Lausanne
AMÉNAGER UN 
ESPACETEMPS 
LEUR PERMETTANT 
DE METTRE EN 
EXERGUE LES 
CHANGEMENTS À 
VENIR POUR LEUR 
NOUVELLE VIE…