2Anneaux `a diviseurs et anneaux de Krull
Le
((
tour de force
))
qui est r´ealis´e par l’adjonction de pgcds id´eaux en th´eorie des nombres
peut-il ˆetre g´en´eralis´e de mani`ere significative ?
Oui, pour certains anneaux int´egralement clos, que nous appelons les anneaux `a diviseurs,
d´enomm´es
((
anneaux pseudo-pr¨uf´eriens
))
dans les exercices de Bourbaki, et
((
Pr¨ufer
v
-
multiplication domains
))
dans la litt´erature anglaise. Ils constituent une classe d’anneaux
suffisamment large pour lesquels on a une notion raisonnable de diviseurs, mais o`u l’on ne
r´eclame pas l’existence de diviseurs irr´eductibles.
La th´eorie correspondante en math´ematiques classiques semble due principalement `a
Lorenzen, Jaffard, Lucius et Aubert ([2,15,19,20,21]).
Un d´eveloppement moderne r´ecent de cette th´eorie se trouve dans [14].
Cette th´eorie g´en´eralise la th´eorie plus classique des anneaux dits de Krull, dans laquelle
on r´eclame une d´ecomposition unique en facteurs premiers pour les diviseurs. Elle a ´et´e
´elabor´ee notamment par Krull, Arnold (1929), van der Waerden (1929), Pr¨ufer (1932) et
Clifford (1938) ([
1
,
6
,
17
,
24
,
26
]). Il semble aussi que l’approche de [
4
] ait eu une forte
influence sur les expos´es ult´erieurs de la th´eorie.
En pratique les anneaux `a diviseurs sont au d´epart des anneaux `a pgcd int`egres ou des
domaines de Pr¨ufer. Ensuite la classe des anneaux `a diviseurs est stable par extensions
polynomiales ou enti`eres et int´egralement closes, ce qui donne les exemples usuels de la
litt´erature.
Voici un bref r´esum´e de l’article.
Dans la section 1nous donnons une version ´el´ementaire et constructive des bases de la
th´eorie des anneaux `a diviseurs. Nous donnons des caract´erisations simples des anneaux `a
diviseurs (th´eor`emes 1.5,1.28 et 1.29). Nous d´emontrons qu’un anneau int`egre coh´erent est `a
diviseurs si, et seulement si, il est int´egralement clos (th´eor`eme 1.18). Nous d´emontrons que
les anneaux `a diviseurs de dimension de Krull
6
1 sont les domaines de Pr¨ufer de dimension
de Krull
6
1 (th´eor`eme 1.19). Nous donnons en 1.27 un principe local-global concret pour la
divisibilit´e, les anneaux int´egralement clos et les anneaux `a diviseurs.
Dans la section 2nous abordons les questions de d´ecomposition des diviseurs. Nous
expliquons notamment les groupes r´eticul´es de dimension 1 et leurs propri´et´es de base.
Dans la section 3nous donnons les propri´et´es de stabilit´e essentielles pour les anneaux `a
diviseurs : localisation, anneaux de polynˆomes, clˆoture int´egrale dans une extension alg´ebrique
du corps de fractions.
Dans la section 4nous donnons un traitement ´el´ementaire et constructif des anneaux de
Krull (les anneaux dont les diviseurs forment un groupe r´eticul´e `a d´ecomposition born´ee).
Nous indiquons l’algorithme de d´ecomposition partielle pour les familles finies de diviseurs,
nous d´emontrons un th´eor`eme d’approximation simultan´ee, le th´eor`eme
((
un et demi
))
pour
les anneaux de Krull, et le th´eor`eme caract´erisant les anneaux de Krull qui ne poss`edent
qu’un nombre fini de diviseurs irr´eductibles.
La question des diviseurs irr´eductibles est trait´ee pour l’essentiel dans les ´enonc´es 1.13,
1.14,1.15 et 1.23, puis pr´ecis´ee en 2.5,2.11,3.5,4.12 et 4.13.
Nous terminons cette introduction par quelques explications concernant notre terminologie.
Dans la litt´erature anglaise nos
((
anneaux `a diviseurs
))
sont g´en´eralement appel´es des
((
Pr¨ufer
v-multiplication domain )), abr´eg´e en PvMD. Ce n’est vraiment pas tr`es ´el´egant. Ils ont ´et´e
introduits en 1967 par M. Griffin dans [
13
] initialement sous le nom de
v
-multiplication rings.
Lucius les appelle des anneaux avec une th´eorie des pgcds de type fini dans [
20
]. Dans les
exercices de Bourbaki, Alg`ebre Commutative, Diviseurs, leur nom est anneau pseudo-pr¨uferien.
Pour plus de renseignements sur la litt´erature existante voir [5,9,10,11].
Nous aurions voulu appeler ces anneaux anneaux divisoriels. Mais dans la litt´erature
anglaise on trouve
((
divisorial ring
))
pour un anneau int`egre dont tous les id´eaux sont
((
diviso-
riels
))
au sens de Bourbaki, c’est-`a-dire intersections d’id´eaux fractionnaires principaux. Cette