CRITIQUES DE LIVRES
Printemps 2007 Revue militaire canadienne 115
CINDERELLA ARMY: THE
CANADIANS IN NORTHWEST
EUROPE, 1944-1945
par Terry Copp
Toronto, University of Toronto Press, 2006
407 pages, 45 $ (livre relié)
Compte rendu de Bernd Horn
Ce livre ne réserve aucune surprise. C’est un
récit bien documenté et digne de foi au sujet
des Canadiens, plus particulièrement sur la
façon dont la 1re Armée canadienne opérait
pendant les derniers neuf mois de la Seconde
Guerre mondiale en Europe. Il représente par contre les
attentes des lecteurs qui connaissent l’historien canadien
chevronné et bien respecté, Terry Copp. Dans les
premières pages du livre, l’auteur
explique brièvement que ce dernier
chef-d’œuvre est une suite de son
précédent ouvrage intitulé Fields of
Fire: The Canadians in Normandy.
Il y poursuit l’argument selon lequel
« l’exploit des Alliées et surtout des
Canadiens a été considérablement
sous-apprécié alors que l’efficacité
de l’armée allemande a été
fortement exagérée ».
Le choix du titre, Cinderella
Army est aussi révélateur. En
utilisant le titre d’un célèbre conte de
fées, Terry Copp fait le lien
direct avec les défis que l’Armée
canadienne a dû affronter à la fin de
l’année 1944, alors qu’elle manquait
sérieusement de ressources, qu’elle
était accablée d’innombrables tâches
pénibles, et qu’elle devait affronter
un certain nombre de batailles de
moindre importance en périphérie
du théâtre. Malgré ces défis, les
Canadiens sont sortis victorieux,
bien qu’ensanglantés.
L’auteur commence son texte clair et touchant par un
bref résumé de l’incapacité des Alliés à détruire l’Armée
allemande en désengagement à l’ouest de la Seine. Cette
incapacité était la conséquence des actions menées à la suite
de programmes nationaux et de changements de personnalité.
Terry Copp se concentre ensuite sur les opérations que la
1re Armée canadienne a lancées le 15 août 1944 en bordure
du versant côtier de la tête de pont de la Normandie.
Le professeur Copp rend avec adresse une myriade de
thèmes dans son résumé concis de l’échec des Alliés pour
piéger et détruire les importants restes de l’Armée allemande,
alors que cette dernière s’enfuyait de la Normandie.
Il comprend bien et explique clairement la complexité des
opérations et des commandements nationaux ainsi que des
personnalités versatiles et des facteurs conjoncturels
qui existaient sur le terrain et dans le contexte de la culture
militaire et des opérations de la coalition. Il décrit un
kaléidoscope d’activités menées par les unités et les
formations canadiennes, clairement intégrées afin de donner
un portrait évident des opérations de poursuite entreprises
par les Canadiens pour détruire les forces allemandes. Le
lecteur suit avec une fascination toute particulière l’examen
et l’analyse de la capture d’Anvers, et la question de la
sécurité des ports de la Manche, surtout l’effet que cela a sur
l’insistance de Montgomery pour une importante offensive
contre Arnhem en vue de démolir la vallée de la Ruhr.
Ici encore, Copp fait une réévaluation de la performance
canadienne. Il soutient que la 1re Armée canadienne a faibli
pendant la poursuite de la Seine
et de l’Escaut. Il insiste toutefois
sur le fait qu’aux ports de la Manche,
les commandants tels que Simonds
et Spry, ainsi que leurs états-majors
respectifs, planifiaient, et que les
soldats de la 3eDivision canadienne
exécutaient ensuite des opérations
très réussies.
Nous l’avons déjà mentionné,
mais cela mérite d’être souligné
de nouveau : le texte est exception-
nellement bien écrit. Par exemple,
Terry Copp fait une description
tout à fait saisissante de la bataille de
l’enclave de Breskens. Il rapporte
le combat tactique qui s’est déroulé
dans la boue et dans la pluie froide
incessante, dans toute la lumière
des difficultés humaines. En même
temps, il véhicule avec limpidité les
activités stratégiques et opération-
nelles plus complexes menées par
l’état-major supérieur, par exemple
l’impératif de la vitesse et des mesures
énergiques sur le terrain, la réaction aux contre-mouvements
de l’ennemi, et les conséquences de la réduction des
ressources qui ont été assignées à d’autres « priorités ».
Dans le même ordre d’idées, Copp traire les
différents problèmes et enjeux, comme le débat au sujet
du renforcement, l’opération de l’île Walcheren, les
batailles féroces de la Rhénanie et la libération de la
Hollande, avec clarté et détails. De plus, contrairement à
beaucoup d’autres historiens, Copp examine minutieusement
le dernier mois de la guerre, notamment la campagne
d’avril 1945 en Hollande. Même si l’effondrement final
du Reich était sans doute presque terminé, les dernières
semaines du conflit ont quand même fait 1 191 morts
chez les Canadiens.
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CRITIQUES DE LIVRES
À la fin, Copp souligne encore une fois que les
Canadiens ne devraient pas dénigrer leur performance.
La contribution canadienne aux forces alliées dans le
Nord-Ouest de l’Europe n’a jamais totalisé plus de
185 000 hommes sur environ quatre millions de soldats.
En dépit de cela, Copp insiste sur le fait que les Canadiens
ont joué un rôle sans commune mesure compte tenu de leur
petit nombre. Après tout, leur participation pour assurer la
sécurité des ports de la Manche et ouvrir les abords d’Anvers
et le rôle qu’ils ont joué dans les batailles de la Rhénanie
les placent parmi les divisions les plus engagées et les
plus éprouvées des forces alliées.
En principe, le livre de Copp est un magnifique
ouvrage. Il compte de nombreuses notes en fin de
chapitre, un index détaillé et une excellente bibliographie.
Il indique également d’excellentes références complé-
mentaires dans ses appendices, lesquels sont véritablement
révélateurs, renvoyant à un choix de dossiers et de rapports
sur la guerre. Ces appendices couvrent des sujets tels que
l’appréciation de la situation militaire pour des opérations
spécifiques et les leçons à retenir. De plus, il y a une
profusion de cartes claires et détaillées. Plus de 50 photos
de qualité supérieure en noir et blanc complètent les
cartes. Le tout dresse la toile de fond et fournit des
représentations graphiques qui aident à donner vie au texte.
En résumé, le livre est un ajout important à la
littérature canadienne qui traite de la Seconde Guerre
mondiale. Tous les passionnés d’histoire et d’armée
ainsi que ceux qui s’intéressent à l’étude de la guerre
doivent se le procurer. Nous le recommandons fortement
aux militaires en service parce que le livre donne une
excellente perspective sur le commandement et les opérations
de guerre.
Le colonel Bernd Horn, O.M.M., CD, Ph.D, est officier d’infanterie
et actuellement commandant adjoint du Commandement des forces
d’opérations spéciales du Canada.
Infantry Near Nijmegen, Holland,
tableau du capitaine David (Alex) Alexander Colville.
Collection de scènes de guerre Beaverbrook, Musé canadien de la guerre, 19710261-2079
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