laissée à l’abandon depuis des années, ainsi que des dégâts environnementaux considérables pesaient fortement sur le
développement économique. Face à cette situation de départ et à la rupture soudaine des débouchés dans les autres Etats
membres du Conseil d’assistance économique mutuelle, le choc de la modernisation était inévitable.
Bien sûr, l’insatisfaction initiale manifestée par certains au sujet de la reconstruction de l’Est provenait également du
fait que les problèmes des deux Etats et des deux économies avaient été sous-estimés au début du processus. Le bilan de
la Treuhand, l’agence chargée de la privatisation des biens de la République démocratique allemande, montre
clairement, à lui-seul, à quel point l’idée que l’on se faisait en 1990 dans la politique et dans le public de l’état de
l’économie est-allemande était irréaliste. En octobre 1990, on s’attendait encore à ce que les bénéfices de la
privatisation réalisée par la Treuhand atteignent environ 600 milliards de marks, alors que celle-ci enregistrait en fait un
déficit de 230 milliards de marks à la fin du processus.
C’est en prenant conscience d’une situation économique initiale particulièrement désastreuse que l’on met clairement en
évidence ce qui a déjà été réalisé au cours des deux dernières décennies. Avec le soutien actif de l’Etat fédéral, des
länder et de l’Union européenne et grâce à la solidarité financière de tous les Allemands et à la politique de privatisation
systématique de la Treuhand, nous avons réussi, au cours des deux dernières décennies, à réaliser une transformation
remarquable et à passer à un système économique de marché moderne et performant.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 1991 à 2009, le produit intérieur brut par habitant dans les länder de l’Est est
passé de 43 à 73 pourcent de celui de son équivalent dans les länder de l’Ouest. Le nombre de chômeurs en Allemagne
de l’Est a baissé d’environ un demi-million entre 2005 et 2009. Il diminue par ailleurs plus fortement dans les nouveaux
länder que dans les anciens.
Parallèlement, le taux d’emploi a augmenté, passant à 68 pour cent en 2008 ; il dépasse désormais le niveau moyen de
l’Union européenne. Différents autres indicateurs, comme l’augmentation de la productivité et celle du taux du secteur
manufacturier dans la valeur ajoutée brute de l’économie, reflètent eux aussi le processus de convergence. Il y a
maintenant presque autant de créations d’entreprises pour 1 000 habitants dans les nouveaux et dans les anciens länder.
La rapidité de l’intégration des concitoyennes et concitoyens est-allemands dans les systèmes de protection sociale de la
République fédérale, qui a permis de reconnaître les années de travail des citoyens de la RDA, a elle aussi apporté une
contribution importante à l’unité intérieure. Grâce au transfert du droit à la retraite, la retraite de référence mensuelle
d’un travailleur touchant un salaire moyen et ayant cotisé pendant 45 ans se monte désormais à 88,7 pour cent, alors
qu’elle atteignait 40,3 pour cent du niveau de l’ouest le 1er juillet 1990.
Tout cela montre que nous avons, en 20 ans de réunification, bien plus progressé que beaucoup ne l’avaient escompté au
milieu des années 90. Comme le remarquait Marianne Birthler l’an dernier dans le cadre d’un débat public à la
Paulskirche de Francfort/Main, nombreux, parmi les contrastes que l’on peut constater, sont ceux qui ne sont plus des
contrastes Est-Ouest. Le Mur dans les têtes ne sépare donc plus l’Est de l’Ouest, mais les hommes qui apprécient la
liberté de ceux qui la craignent.
Il existe un autre effet que l’on a souvent tendance à oublier dans l’analyse de l’état de l’unité allemande : nous vivons à
une époque de changements toujours plus rapides et plus complexes – des changements craints par beaucoup de nos
concitoyens et pour lesquels on trouve volontiers un coupable ou une explication aussi monocausale que possible. C’est
alors trop souvent la réunification qui est mise en cause, alors que ces changements n’ont rien à voir avec l’Allemagne
de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est, mais avec les progrès fulgurants de l’économie et de la technique qui, dans le cadre
de la globalisation, modifient notre société.
L’objectif du gouvernement fédéral reste d’établir des conditions de vie identiques dans l’ensemble de l’Allemagne.
Grâce au pacte de solidarité en vigueur jusqu’en 2019, nous disposons des moyens financiers qui nous permettront de
faire face aux défis structurels qui restent à maîtriser. La volonté de la société allemande de fournir d’immenses efforts –
qui auront alors duré 30 ans – pour établir un niveau de vie équivalent des deux côtés montre à quel point les citoyens
de notre pays veulent effacer les plaies laissées par 40 ans de séparation et de dictature. Cette volonté est essentielle. La
cohésion sociale intérieure, la conscience d’un destin commun sont au moins aussi importantes pour la fusion de
l’Allemagne que le rapprochement des niveaux de vie économique et sociale. Ce sont tous deux des processus qui ne
sont pas encore achevés, qui ne le seront peut-être jamais, mais qui ont largement progressé en vingt ans.