EPFL - Mathématiques Bachelor 3-4 D’après le cours du professeur Eva Bayer Algèbre I-II Jallut Automne 2010 0 1 Table des matières 1 Notions fondamentales 1.1 Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Congruences, classes de congruences et groupes algébriques 1.3 Actions d’un groupe sur un ensemble . . . . . . . . . . . . . 1.4 Anneaux, corps, théorème d’Euler et le théorème chinois . . 2 Groupes 2.1 Classes modulo, un sous-groupe . . . . . . 2.2 Sous-groupes normaux et groupe quotient 2.3 Théorème d’isomorphisme . . . . . . . . . 2.4 Actions de groupe et structure quotient . 2.5 Sous-groupes de groupes quotients . . . . 2.6 Sous-groupes des commutateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 4 11 14 18 . . . . . . 26 26 29 31 33 34 36 3 Groupes abéliens finis 38 4 Groupes finis 4.1 Rappels... . . . . . . . . 4.2 Equation des classes . . 4.3 Les p-groupes . . . . . . 4.4 Les théorèmes de Sylow 42 42 42 43 44 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Anneaux de polynômes 47 5.1 Polynôme à coefficient dans un anneau commutatif . . . . . . . . . . . . . . 47 5.2 Polynôme à coefficient dans un corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 6 Idéaux et anneaux quotients 49 6.1 Idéal d’anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 6.2 Anneau quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 7 Anneaux commutatifs 54 7.1 Idéaux premiers et maximaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 7.2 Théorème chinois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 7.3 Anneaux principaux et anneaux factoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 2 TABLE DES MATIÈRES 7.4 7.5 0 Caractéristique d’un anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Anneaux intègres et corps de fractions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 8 Corps 8.1 Extensions de corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2 Extensions algébriques et extensions transcendantes 8.3 Extensions monogènes . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.4 Construction d’extensions monogènes . . . . . . . . . 8.5 Corps finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.6 Corps des racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.7 Corps algébriquement clos . . . . . . . . . . . . . . . 9 Polyômes sur un anneau factoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 61 61 62 63 64 68 70 72 10 Quaternions 75 10.1 Corps des quaternions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 10.2 Groupe des quaternions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 11 Introduction à le théorie de Galois 79 3 Chapitre 1 Notions fondamentales 1.1 Groupes Définition 1.1.1. Un groupe est un ensemble G muni d’une loi de composition G × G −→ G (g, g 0 ) 7−→ g ∗ g 0 et qui vérifie les propriétés suivantes : 1. g ∗ (h ∗ k) = (g ∗ h) ∗ k pour tout g, h, k ∈ G (associativité) ; 2. il existe e ∈ G tel que e ∗ g = g ∗ e = g pour tout g ∈ G (élément neutre) ; 3. pour tout g ∈ G, il existe g 0 ∈ G tel que g ∗ g 0 = g 0 ∗ g = e. Définition 1.1.2. On dit que (G, ∗) est un groupe abélien (commutatif) si pour tout g, h ∈ G g ∗ h = h ∗ g. Définition 1.1.3. On dit que (G, ∗) est un groupe fini si ]G est fini. (G n’a qu’un nombre fini d’élément). De plus, ]G est appelé l’ordre de G. Exemples : 1. (Z, +) est un groupe abélien : (a) clair ; (b) élément neutre : 0 ; (c) Si a ∈ Z, alors a + (−a) = 0. 2. (Z, ·) n’est pas un groupe : (a) clair ; 4 1.1. GROUPES 1 (b) élément neutre : 1 ; (c) Si a = 3, alors il n’existe pas de b ∈ Z tel que 3b = 1. 3. (Q, +) est un groupe abélien. 4. (Q∗ ,·) est un groupe abélien : (a) clair ; (b) élément neutre : 1 ; (c) Si a ∈ Q - {0} , alors 1 a = a−1 ∈ Q − {0} et on a aa−1 = a−1 a = 1. 5. Mn (R) = matrice n × n à coefficient dans R (Mn (R), +) est un groupe abélien : (a) clair ; (b) élément neutre est la matrice nulle ; (c) M ∈ Mn (R), alors −M ∈ Mn (R) et M + (−M ) = 0. 6. Soit GLn (R) = {M ∈ Mn (R) | det M 6= 0} (matrices inversibles) (GLn (R), ·) est un groupe, mais non abélien. (a) la multiplication de matrice est associative ; (b) élément neutre : Matrice In ; (c) si M ∈ GLn (R), alors M −1 ∈ GLn (R) et M M −1 = M −1 M = In . 7. D3 groupe des rotations et symétrie d’un triangle équilatéral. Liste des éléments de D3 : (a) Id ; (b) rotation de 120 degrés dans le sens = r = 240 degrés dans le sens ; (c) rotation de 240 degrés dans le sens = r ∗ r = r2 = 120 degrés dans le sens ; (d) symétrie s ; (e) symétrie s ∗ r = sr = r2 s ; (f) symétrie s ∗ r ∗ r = sr2 = rs. Ceci est un groupe non-abélien d’ordre 6. L’élement neutre est Id. Or, la troisième propriété n’est pas vérifiée, car : s2 = Id , (sr)2 = Id, (rs)2 = Id, rr2 = Id. Non-abélien, car rs 6= sr. Notation : 1. On note g ∗ h = gh (sauf lorsque G est abélien et ∗ = + , on note alors souvent g ∗ h = g + h). 2. On note e = 1 (sauf lorsque G est abélien et ∗ = + , on note alors e = 0). 3. Si g 0 ∈ G est tel que gg 0 = g 0 g = 1, alors on note g 0 = g −1 et on l’appelle l’inverse (sauf lorsque G est abélien et ∗ = + , on note alors g 0 = −g). Définition 1.1.4. Soit G un groupe. Un sous-groupe de G est un sous ensemble H de G tel que 5 1.1. GROUPES 1 1. pour tout g, h ∈ H, on a gh ∈ H ; 2. pour tout g, on a g −1 ∈ H. Exemples : 1. (Z, +) est un sous-groupe de (Q, +) ; 2. ({−1, +1} , ·) est un sous groupe de (Q∗ , ·) ; 3. N ⊂ Z n’est pas un sous-groupe . Par exemple, −5 ∈ / N; 4. {−2, +2} ⊂ Q∗ n’est pas un sous groupe. Par exemple, 2(−2) = −4 ∈ / {−2, +2} ; 5. (Mn (R), +) et H = {M ∈ Mn (R)| Tr(M ) = 0}. Alors H est un sous groupe. En effet, si M et N ∈ H, alors Tr(M + N ) = Tr(M ) + Tr(N ) = 0, donc M + N ∈ H. De plus, si M ∈ H, alors Tr(−M ) = −Tr(M ) = 0, donc −M ∈ H. 6. (Z, +), soit H = 3Z, alors H est un sous groupe. En effet, si a, b ∈ H, alors a = 3a0 , b = 3b0 pour a0 , b0 ∈ Z. On a : a + b = 3a0 + 3b0 = 3(a0 + b0 ) ∈ H. De plus, si a ∈ H, a = 3a0 avec a0 ∈ Z, alors −a = −3a0 = 3(−a0 ) ∈ H. Remarque : Tous les sous-groupes de (Z, +) sont de la forme mZ pour un certain m ∈ Z. (cf. exercice 2 série 3) 7. (GLn (R), ·) et (a) H = {M ∈ GLn (R)| det(M ) = 1} = SLn . Alors SLn est un sous-groupe. Soit M, N ∈ SLn (R). On a det(M + N ) = det(M ) det(N ) = 1, donc M N ∈ SLn (R). De plus, si M ∈ SLn (R), alors det(M −1 ) = (det(M ))−1 = 1, donc M −1 ∈ SLn (R). (b) On (R) = M ∈ GLn (R)|M M t = In , "le groupe orthogonal". Remarquons que M ∈ On (R) ⇐⇒ M −1 = M t . Donc, on a aussi M t M = In . Vérifions que On (R) est un sous-groupe. M}t = In , donc Soient M, N ∈ On (R), alors : (M N )(M N )t = M |N{z N}t M t = M | {z =In =In M N ∈ On (R). De plus, si M ∈ On (R), alors (M −1 )(M −1 )t = M t (M t )t = M t M = In , donc M −1 ∈ On (R). (c) remarquons que si M ∈ On (R), alors det(M M t ) = det(In ) = 1, donc det(M ) det(M t ) = 1, donc (det(M ))2 = 1, donc det(M ) = ±1 et donc On (R) * SLn (R). (d) posons SOn (R) = On (R) ∩ SLn (R), alors SOn (R) est un sous-groupe de On (R) et aussi de SLn (R), ainsi que GLn (R). Définition 1.1.5. 1. Soient G et H deux groupes et soit F : G −→ H une application. On dit que F est un homomorphisme de groupes si F (gh) = F (g)F (h) 6 ∀g, h ∈ G. 1.1. GROUPES 1 2. Un homomorphisme bijectif s’appelle un isomorphisme. Si il existe un isomorphisme de groupes F : G −→ H, alors on dit que G et H sont isomorphes et on note F ∼ = H. 3. Un isomorphisme de groupes F : G −→ G est appelé un automorphisme de G et on note Aut(G), l’ensemble de tous les automorphismes de G. Exemples : 1. G = (Mn (R), +) et H = (R, +). On considère F : Mn (R) −→ R définie par M 7−→ Tr(M ). Alors, F est un homomorphisme de groupes. En effet, soient M, N ∈ Mn (R), alors F (M + N ) = Tr(M + N ) = Tr(M ) + Tr(N ) = F (M ) + F (N ). 2. G = (GLn (R), ·) et H = (R∗ , ·). On considère F : GLn (R) −→ R définie par M 7−→ det(M ). Alors, F est un homomorphisme de groupes. En effet, si M, N ∈ GLn (R), alors F (M N ) = det(M N ) = det(M ) det(N ) = F (M )F (N ). a 1 1 0 3. On considère le groupe (GL2 (R), ·). Posons G = |a ∈ R ⊂ GL2 (R). Alors G est un sous-groupe. (Vérification triviale... ou presque). 1 a Soit H = (R, +). On considère F : G −→ H, définie par 7−→ a. Alors, F 0 1 a 1 est un homomorphisme de groupes. En effet : F( 1 0 a 1 1 0 b 1 1 0 ) = F( a+b 1 ) = a + b = F( 1 0 ) + F( 1 0 b 1 ) De plus, F est bijective. En effet, F est injective : Si F ( 1 0 a 1 ) = F( 1 0 b 1 ) =⇒ a = b =⇒ F est aussi surjective : soit a ∈ R, alors a = F ( 1 0 1 0 a 1 a 1 = 1 0 b 1 . ). ∼ (R, +). Donc, F est un isomorphisme de groupes (G, ·) = Définition 1.1.6. Soit F : G −→ H un homomorphisme de groupes. On appelle le noyau de F, l’ensemble ker(F ) = {g ∈ G | F (g) = 1} . On appelle l’image de F, l’ensemble Im (F ) = F (G) = {h ∈ H | ∃g ∈ G avec F (g) = h} . Proposition 1.1.7. Soit F : G −→ H un homomorphisme de groupes. Alors ker(F ) est un sous-groupe de G et Im(F ) est un sous-groupe de H. 7 1.1. GROUPES 1 Démonstration. Montrons que ker(F ) est un sous-groupe de G. Soient g, h ∈ ker(F ), alors F (gh) = F (g)F (h) = 1, donc gh ∈ ker(F ). De plus, si g ∈ ker(F ), alors F (g −1 ) = F (g)−1 = 1, donc g −1 ∈ ker(F ). Montrons que Im(F ) est un sous-groupe de H. Soient h1 , h2 ∈ Im(F ), alors il existe g1 , g2 ∈ G avec h1 = F (g1 ) et h2 = F (g2 ). On a donc h1 · h2 = F (g1 )F (g2 ) = F (g1 g2 ), donc h1 h2 ∈ Im(F ). On a aussi, si h ∈ Im(F ), alors h = F (g) pour un certain g ∈ G. On a alors h−1 = F (g)−1 = F (g −1 ), donc h−1 ∈ Im(F ). Exemples : 1. G = (Mn (R), +) et H = (R, +) et F : Mn (R) −→ R définie par M 7−→ Tr(M ). Alors, on a ker(F ) = {M ∈ Mn (R) | F (M ) = 0} = {M ∈ Mn (R) | Tr(M ) = 0} et Im(F ) = R. 2. G = (GLn (R), ·) et H = (R∗ , ·), F : GLn (R) −→ R définie par M 7−→ det(M ). Alors, on a ker(F ) = SLn (R) et Im(F ) = R∗ . Groupes symétriques : Sn , ensemble des permutations de n-éléments. On a ]Sn = n! . Sn est un groupe par rapport à la loi de composition consistant à composer les permutations. Définition 1.1.8. Soit σ ∈ Sn . On dit que σ est une permutation paire si σ = τ1 ◦ τ1 ◦ . . . ◦ τr avec τi des transpositions et r est pair. On dit que σ est une permutation impaire sinon. On définit Sign : Sn −→ {±1} ( σ 7−→ 1 si σ est paire. −1 si σ est impaire. Alors sign est un homomorphisme de groupes. Posons An = ker(sign). On appelle An , le groupe alterné. C’est un sous-groupe de Sn . Exemple : On considère S3 . On a ]S3 = 6. ρ= σ= 1 2 2 3 3 1 1 2 2 1 3 3 σ◦ρ= ρ2 = (1 2 3) , = (1 2) , ◦σ = 1 1 2 3 3 2 ρ2 σ2 = = 1 1 1 3 2 2 2 2 3 1 3 3 = (1 3 2), = (2 3) et σ ◦ = Id, ρ2 =ρ◦σ = 1 3 2 2 3 1 = (1 3). On remarque que S3 est un groupe non-abélien, car σρ 6= ρσ et donc on a n o S3 = id, ρ, ρ2 , σ, σρ, σρ2 . 8 1.1. GROUPES 1 De plus, A3 = Id, ρ, ρ2 , car ρ = σσρ et ρ2 = σσρ2 . D3 = id, r, r2 , s, sr, sr2 , groupe des rotations et symétries d’un triangle équilatéral. On a un homomorphisme de groupes : D3 −→ S3 r 7→ ρ r2 7→ ρ2 s 7→ σ sr 7→ σρ sr2 7→ σρ2 On vérifie que c’est un homomorphisme de groupes et aussi une bijection, donc un isomorphisme de groupes. Définition 1.1.9. Soit G un groupe et soit g ∈ G. La conjugaison par g est Cg : G −→ G x 7→ gxg −1 C’est un automorphisme de g, appelé automorphisme intérieur de G. On note Int(G) l’ensemble des automorphismes intérieur de G. Montrons qu’il s’agit bien d’un automorphisme. Homomorphisme : cg (xy) = g(xy)g −1 = gxg −1 gyg −1 = cg (x)cg (y). Injectivité : cg (x) = cg (y) ⇐⇒ gxg −1 = gyg −1 ⇐⇒ x = y. Surjectivité : Soit x ∈ G. Posons x = g −1 yg, alors gxg −1 = g(g −1 yg)g −1 = y. Définition 1.1.10. Soit G un groupe et soit H un sous-groupe de G. On dit que H est un sous-groupe normal de G si gHg −1 = H pour tout g ∈ G. Ceci est équivalent à dire que pour tout h ∈ H et pour tout g ∈ G, ghg −1 ∈ H. Exemples : G = S3 1. H = {id, σ} est un sous-groupe de S3 , σ 2 = id. Est ce que H est un sous-groupe normal de S3 ? Autrement dit, est ce que gσg −1 ∈ H, pour tout g ∈ S3 . Prenons g = ρ, on a : ρσρ−1 = ρσρ2 , car ρ−1 = ρ2 puisque ρ3 = id et donc, (ρσ)ρ2 = (σρ2 )ρ2 = σρ4 = σρ ∈ / H; donc H n’est pas un sous-groupe normal de S3 . 9 1.1. GROUPES 1 2. H = A3 = id, ρ, ρ2 (groupe alterné) ; ici, par contre, il s’agit d’un sous-groupe normal de S3 . On a σρσ −1 = σρσ = ρ2 σσ = ρ2 σ 2 = ρ2 ∈ A3 ; σρ2 σ −1 = σρ2 σ = ρσσ = ρ ∈ A3 . On vérifie de même que gρg −1 ∈ A3 , pour tout g ∈ S3 et que gρ2 g −1 ∈ A3 , pour tout g ∈ S3 . Donc, A3 est un sous-groupe normal de S3 . Proposition 1.1.11. Soit F : G −→ H un homomorphisme de groupes. Alors ker(F ) est un sous-groupe normal de G. Démonstration. Soit x ∈ ker(F ) et soit g ∈ G. Alors, F (gxg −1 ) = F (g)F (x)F (g −1 ) = F (g)F (g)−1 = 1, car F (x) = 1 puisque x ∈ ker(F ). Donc, on a gxg −1 ∈ ker(F ), pour tout g ∈ G et ainsi ker(F ) est bien un sous-groupe normal de G. Remarque : Si G est abélien, alors Int(G)={id} et tout sous-groupes de G est normal. En effet, cg (x) = gxg −1 = x gg −1 = x ∀x ∈ G. | {z } =id Définition 1.1.12. Soit G un groupe et g ∈ G. On dit que l’ordre de g est égal à n si g n = 1 et g m 6= 1, si 0 < m < n. Si un tel n n’existe pas, on dit que g est d’ordre infini. Exemples : Si on a σ 2 = id et σ 6= id, alors l’ordre de σ est 2. ρ3 = id et ρ 6= ρ2 6= id, alors l’ordre de ρ est 3. Théorème 1.1.13 (Lagrange). Soit G un groupe fini d’ordre n (n = ]G). Soit g ∈ G, alors g n = 1. Démonstration pour les groupes abéliens. Supposons G abélien. On a G = {g1 , g2 , . . . , gn }, alors G = {gg1 , gg2 , . . . , ggn }. On a donc g1 g2 . . . gn = (gg1 )(gg2 ) . . . (ggn ) = g n (g1 g2 . . . gn ) et donc g n = 1. Proposition 1.1.14. Soit F : G −→ H un isomorphisme de groupes. Alors, pour tout g ∈ G, l’ordre de g est égal à l’ordre de F (g). Démonstration. Soit g ∈ G et soit n l’ordre de g. On a donc g n = 1 et g m 6= 1 pour tout 0 < m < n. Alors, F (g)n = F (g n ) = 1. Donc l’ordre de F (g) ≤ n. Montrons que F (g)m 6= 1 pour 0 < m < n. En effet, supposons F (g)m = 1, alors F (g m ) = 1. Comme F est injectif, ceci entraine g m = 1. Contradiction avec l’hypothèse. 10 1.2. CONGRUENCES, CLASSES DE CONGRUENCES ET GROUPES ALGÉBRIQUES 1 Proposition 1.1.15. Soit F : G −→ H un homomorphisme de groupes. Alors F injectif ⇐⇒ ker(F ) = {1} . Démonstration. =⇒ : est clair. ⇐= : Soient g1 , g2 ∈ G, avec F (g1 ) = F (g2 ). Alors, F (g1 g2−1 ) = 1, donc g1 g2−1 ∈ ker(F ) = {1}, donc g1 g2−1 = 1. Ainsi, on a g1 = g2 . 1.2 Congruences, classes de congruences et groupes algébriques Soit m ∈ N, m > 1 : Définition 1.2.1. Soient a, b ∈ Z. On dit que a et b sont congrus modulo m, noté a ≡ b mod (m) si m|a − b. Proposition 1.2.2. La congruence modulo m est une relation d’équivalence. 1. a ≡ a mod (m) ∀a ∈ Z (réflexivité) ; 2. a ≡ b mod (m) =⇒ b ≡ a mod (m) ∀a, b ∈ Z (symétrie) ; 3. ∀a, b, c ∈ Z, on a : a ≡ b mod (m) et b ≡ c mod (m), alors a ≡ c mod (m) (transitivité). Démonstration. Immédiate ! Soit Z/mZ, l’ensemble des classes de congruences modulo m. On a ](Z/mZ) = m. On note : [a]m ∈ Z/mZ la classe de a ∈ Z. Exemple : m = 3, on a [0]3 = [3]3 = [−33]3 = · · · [1]3 = [4]3 = [−2]3 = · · · [2]3 = [5]3 = [−1]3 = · · · Donc, Z/3Z = {[0]3 = [1]3 = [2]3 }. De manière générale, on a Z/mZ = {[0]m = [1]m = · · · = [m − 1]m }. Proposition 1.2.3. Soient a, a0 , b, b0 ∈ Z tels que : a ≡ a0 mod (m), b ≡ b0 mod (m). Alors, 1. a + b ≡ a0 + b0 mod (m) ; 2. ab ≡ a0 b0 mod (m). Démonstration. Immédiate aussi ! 11 1.2. CONGRUENCES, CLASSES DE CONGRUENCES ET GROUPES ALGÉBRIQUES 1 La partie 1. de la proposition nous permet de définir une addition sur Z/mZ. On définit + : Z/mZ × Z/mZ −→ Z/mZ ([a]m , [b]m ) 7−→ [a]m + [b]m = [a + b]m ; par la proposition, ceci est bien défini. De plus, on a que (Z/mZ, +) est un groupe abélien, d’élément neutre [0]m . On a [a]m + [−a]m = [0]m . On a aussi un homomorphisme de groupes : (Z, +) −→ (Z/mZ, +) a 7−→ [a]m appelé la réduction modulo m, dont le noyau est mZ. Définition 1.2.4. Soit G un groupe et soit X un sous-ensemble de G. Le sous-groupe de G engendré par X, noté hXi est l’intersection de tous les sous-groupes de G contenant X. C’est le plus petit sous-groupe de G contenant X. Exemples : 1. G = Z, X = {3}, hXi = 3Z ; 2. G = Z, X = {3, 5}, hXi = Z. En effet, par Bezout : 2 × 3 − 5 = 1, donc tout sous-groupe de Z contenant 3 et 5 contient aussi 1. On a donc bien hXi = Z. 3. G = Z/6Z, X = {[1]6 }, alors : hXi = Z/6Z ; 4. G = S3 , X = {ρ}, alors : hXi = A3 . En effet, A3 = id, ρ, ρ2 . Définition 1.2.5. 1. On dit qu’on groupe est cyclique s’il peut être engendré par un seul élément. Autrement dit, G est cyclique s’il existe g ∈ G avec G = h{g}i. 2. (G, ·) est un groupe cyclique si il existe g ∈ G tel que Fg : (Z, +) −→ (G, ·) soit surjective. Ou Fg est un homomorphisme définit comme suit. Soit g ∈ G Fg : (Z, +) −→ (G, ·) n 7−→ g n Notation : h{g}i = hgi Remarque : G est cyclique si et seulement si G = 1, g, g 2 , . . . , g n , . . . |n ∈ Z . Exemples : 1. (Z, +) est cyclique ; (Z, +) −→ (Z, +) n 7−→ n n 7−→ −n 12 choix g = 0; choix g = −1. 1.2. CONGRUENCES, CLASSES DE CONGRUENCES ET GROUPES ALGÉBRIQUES 1 2. G = Z/2Z ; (Z, +) −→ (Z/2Z, +) n 7−→ [n]2 Proposition 1.2.6. Soit G un groupe cyclique, c’est à dire qu’il existe Fg :(Z, +) −→ (G, ·). Alors, Fg n’est pas injectif ⇐⇒ (G, ·) ∼ = (Z/mZ, +). Démonstration. =⇒ : Supposons que Fg ne soit pas injectif. Soit N = ker(F g) 6= 0. ker(F g) est un sous groupe de Z. Soit n ∈ N, le plus petit élément positif de N . Comme n ∈ N , on a g n = 1. On définit un homomorphisme Z/nZ −→ (G, ·) 0 7−→ 1 1 7−→ g .. . n − 1 7−→ g n−1 n 7−→ g n = 1. Cet homomorphisme est surjectif. Soit g m ∈ G, pour un certain m ∈ Z. En effectuant la division euclidienne, on a : m = xn + n0 avec 0 ≤ n0 < n. 0 0 0 Donc, g m = g xn+n = (g n )x g n = g n et ainsi Z/nZ −→ G est surjectif. | {z } =1 Il reste à montrer l’injectivité. Supposons g m = 1, avec 0 ≤ m < n. Or, un tel m ne peut pas exister par hypothèse de minimalité sur n. Donc, Z/nZ −→ G est injectif. m 7−→ g m C’est donc un isomorphisme et donc les deux groupes sont isomorphes. ⇐= : Supposons que Z/mZ −→ G défini par [n]n 7−→ g n soit un isomorphisme de groupes. Alors, g m = 1 implique directement que Fg n’est pas injectif. Proposition 1.2.7. Supposons que G soit de cardinal n (]G = n). Alors, G est cyclique ⇐⇒ ∃ g ∈ G d’ordre n. 13 1.3. ACTIONS D’UN GROUPE SUR UN ENSEMBLE 1 Démonstration. =⇒ : Supposons que G soit cyclique. Alors on a (Z, +) −→ (G, ·) m 7−→ g m est injectif. Par la proposition précédente, on sait que Z/aZ −→ (G, ·) m 7−→ g m est un isomorphisme. Ceci implique que ](Z/aZ) = ]G = n. Ainsi, a = n. Donc, Z/n/Z −→ (G, ·) est un isomorphisme. Dans Z/nZ, 1 est d’ordre n. g est donc d’ordre n. ⇐= : Supposons que G soit d’ordre n (]G = n).Alors, n o 1, g, g 2 , · · · , g n−1 ⊂ G; de plus, g i 6= g j ∀i 6= j ∈ {0, 1, · · · , n − 1}. Donc G est cyclique. 1.3 Actions d’un groupe sur un ensemble Définition 1.3.1. Soient G un groupe et X un ensemble. Une action (à gauche) de G sur X est une application G × X −→ X (g, x) 7−→ g · x; satisfaisant les deux propriétés suivantes : 1. 1 · x = x pour tout x ∈ X ; 2. g1 · (g2 · x) = (g1 · g2 ) · x pour tout g1 , g2 ∈ G et pour tout x ∈ X. Remarques : On peut aussi définir une action à droite : G × X −→ X (g, x) 7−→ x · g; satisfaisant les deux propriétés suivantes : 1. x · 1 = x pour tout x ∈ X ; 2. (x · g1 ) · g2 = x · (g1 · g2 ) pour tout g1 , g2 ∈ G et pour tout x ∈ X. On dit parfois que X est un "G-ensemble" au lieu de dire que "G agit sur X". 14 1.3. ACTIONS D’UN GROUPE SUR UN ENSEMBLE 1 1. G = Z/2Z, X = C ; Z/2Z × C −→ C ([0] , w) 7−→ w ∀w ∈ C; ([1] , w) 7−→ w ∀w ∈ C; où w représente la conjugaison complexe. Il reste à vérifier les deux propriétés d’une action. 2. G = (R, +), X = R2 ; R + R2 −→ R2 (t, p) 7−→ eit p; où eit p représente la rotation d’angle t. C’est une action. (Exercice de vérifier...) 3. G= un groupe quelconque ; G × G −→ G (g, h) 7−→ gh Ceci définit une action de G sur lui-même. Vérifions 2 ; g1 (g2 h) = g1 g2 h = (g1 g2 )h. Rappel : X un ensemble. Sym(X) = {φ : X → X|φ une bijection} est un groupe muni de la composition. Proposition 1.3.2. Soit X un ensemble et G un groupe. Se donner une action de G sur X est équivalent à se donner un homomorphisme de groupes. G −→ Sym(X) Démonstration. Soit A l’ensemble des actions de G sur X et Hom(F , Sym(X)) l’ensemble des homomorphismes de G, dans Sym(X). On définit φ : A −→ Hom(G,Sym(X)) φ(a1 ) (g)(x) = g · x ∀g ∈ G, ∀x ∈ X. | {z } ∈Hom(G,Sym(X)) | {z ∈Sym(X) } On vérifie tout d’abord que φ est bien défini. On doit vérifier que pour tout g ∈ G , on a φ(a1 )(g) ∈ Sym(X), donc que φ(a1 )(g) est une bijection de X dans X. Affirmation : X −→ X défini par x 7→ gx est une bijection. On considère l’application X −→ X x 7−→ g −1 x 15 1.3. ACTIONS D’UN GROUPE SUR UN ENSEMBLE 1 et on vérifie que les deux applications sont inverses l’une de l’autre : x 7→ gx 7→ g −1 (gx) = x. Donc on a que φ : A → Hom(G,Sym(x)) est bien définie. On définit à présent l’application ψ : Hom(G,Sym(X)) → A par ψ : G × X −→ X (g, x) 7−→ f (g)(x) ∀f ∈ Hom(G,Sym(X)); On doit vérifier que ψ et φ sont inverses l’un de l’autre. φ ψ A −→ Hom(G,Sym(X)) −→ A; z}|{ z}|{ a1 7−→ φ(a1 )(g)(x) 7−→ G × X 7−→ X; | {z } g·x ψ φ Hom(G,Sym(X)) −→ A −→ Hom(G,Sym(X)); z}|{ ( f 7−→ ψ(f ) : G × X → X gx = f (g)x z}|{ ) 7−→ φ(ψ( f ))(g)(x) =⇒ φ(ψ(f )) = f ∀f ; |{z} f (g)(x) ∀g∈G,∀x∈X =⇒ ψφ = φψ = Id. Remarque : En général, si G × X −→ X est une action, alors l’homomorphisme G −→ Sym(X) associé, n’est pas injectif. Par exemple, G × X −→ X défini par (g, x) 7→ x a pour homomorphisme associé ; G −→ Sym(X) g 7→ Id ∀g ∈ G. Définition 1.3.3. Soit G × X −→ X une action de G sur X. Si {gx = x ∀x ∈ X} ⇒ g = 1. On dit que l’action est effective. (Dans ce cas là, G −→ Sym(X) associé à cette action est injective.) Définition 1.3.4. Soit G × X −→ X une action de G sur X et x ∈ X. On appelle Gx ⊂ X l’orbite de x que l’on note Orb(x). Ainsi, Orb(x) = {y ∈ X| ∃g ∈ G avec y = gx}. Exemple : (R, +) agit sur R2 par rotation d’angle α ∈ R. Proposition 1.3.5. Soit G × X −→ X une action de G sur X. Alors, les orbites forment une partition de X, i.e, 1. tout x ∈ X appartient à une orbite ; 2. orb(x) ∩ orb(y) 6= ∅ =⇒ orb(x) = orb(y). Démonstration. 1. En effet, x ∈ orb(x), car 1 · x = x. 16 1.3. ACTIONS D’UN GROUPE SUR UN ENSEMBLE 1 2. Supposons que orb(x) ∩ orb(y) 6= ∅. Alors, il existe z ∈ X tel que z = gx = hy avec g, h ∈ G. Alors, h−1 (hy) = h−1 (gx); | {z =y } y = h−1 gx =⇒ y ∈ orb(x). De même, x ∈ orb(y) et ainsi, on a orb(x) = orb(y). Définition 1.3.6. On dit que l’action est transitive s’il n’y a qu’une seule orbite. Exemples : 1. Soit G un groupe. Alors G agit sur lui-même par multiplication à gauche. Cette action est transitive. En effet : si x, y ∈ G, alors il existe g ∈ G avec g · x = y. Il suffit de prendre g = yx−1 . On a −1 (yx−1 )x = y x | {z x} = y. =1 2. D3 agit sur l’ensemble de les sommets X = {A, B, C} d’un triangle équilatéral. Si s est la symétrie par rapport à l’axe vertical, alors on a sA = A, sB = C, sC = B. L’action est transitive. En effet, pour tout x, y ∈ X, il existe g ∈ D3 avec gx = y. Proposition 1.3.7. Soit G×X −→ X une action et soit x ∈ X. Alors Gx = {g ∈ G|gx = x} est un sous-groupe de G. Démonstration. Soient g, h ∈ Gx . Alors, gx = x, hx = x et on a, (gh)x = g (hx) = gx = x. | {z } =x Donc gh ∈ Gx . Soit g ∈ Gx , alors gx = x. Il faut montrer que g −1 ∈ Gx . g −1 (gx) = g −1 x =⇒ g −1 x = x. | {z } (g −1 g)x=1·x=x Donc, g −1 ∈ Gx et donc on a montré que Gx est un sous-groupe de G. Définition 1.3.8. Gx s’appelle groupe d’isotropie ou stabilisateur de X. Exemples : On reprend les exemples précédents : 17 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS 1 1. Rotation d’angle α. Alors Gx = multiple de 2π si x 6= 0 et G0 = G. 2. Multiplicité à gauche. Soit x ∈ G, alors Gx = {g ∈ G | gx = x} = {1}. 3. D3 . On veut calculer les invariants de A. Autrement dit, le groupe d’isotropie GA = {id, s}. 4. Soit G un groupe, alors G agit sur lui-même par conjugaison G × G −→ G (g, x) 7−→ gxg −1 et ceci est bien une action. On le vérfiie. 1. 1x = 1x1−1 = x ∀x ∈ G; 2. (gh)x = (gh)x(gh)−1 = g(hxh−1 )g −1 = g (hxh−1 ) = ghx ∀g, h ∈ G et ∀x ∈ X. | {z =hx } Les orbites sont les classes de conjugaisons. Si x ∈ G, alors n o g ∈ G | gxg −1 = x = {g ∈ G | gx = xg} = CG (x); et on appelle CG (x) le centralisateur de x dans G. Le centre de G est par définition Z(G) = {g ∈ G | gx = xg ∀x ∈ X}, l’intersection de tous les centralisateurs de X dans G. Remarque : Si G est abélien, alors Z(G) = G. 1.4 Anneaux, corps, théorème d’Euler et le théorème chinois Soit m ∈ N, m > 1. On sait que (Z/mZ, +) est un groupe abélien. On peut aussi définir la multiplication sur Z/mZ. Z/mZ × Z/mZ −→ Z/mZ ([a]m , [b]m ) 7−→ [a]m [b]m = [ab]m . Elle est bien définie, car a0 ≡ a mod (m) et b0 ≡ b mod (m), alors a0 b0 ≡ ab mod (m). Ceci conduit à la définition d’anneau. Définition 1.4.1. Soit A un ensemble muni de deux lois de composition, notées + et · . On dit que A est un anneau si 1. (A, +) est un groupe abélien. (On note 0 l’élément neutre de A) ; 2. a · (b · c) = (a · b) · c ∀a, b, c ∈ A (associativité) ; 3. il existe 1A = 1 ∈ A avec 1A · a = a · 1A = a ∀a ∈ A (élément unité) ; 4. a · (b + c) = a · b + a · c et (b + c) · a = b · a + c · a ∀a, b, c ∈ A 18 (distributivité). 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS 1 On dit que A est commutatif si a · b = b · a, pour tout a, b ∈ A. Exemples : 1. Z est un anneau commutatif ; 2. Z/mZ est aussi un anneau commutatif ; 3. Mn (R) est un anneau, non-commutatif. Définition 1.4.2. Soit A un anneau. On dit que a ∈ A est une unité (ou élément inversible) s’il existe b ∈ A tel que ab = ba = 1. Si a est une unité, alors son inverse b est unique et est noté a−1 . Notation : On note A∗ l’ensemble des unités de A. Exemples : 1. Z∗ = {1, −1} ; 2. Mn∗ (R) = GLn (R). Proposition 1.4.3. Soit A un anneau. Alors (A∗ , ·) est un groupe. Si A est un anneau commutatif, alors (A∗ , ·) est même abélien. Démonstration. En effet, A∗ × A∗ −→ A∗ (a, b) 7−→ ab est une loi de composition. A voir, si a, b ∈ A∗ , alors ab ∈ A∗ et a−1 , b−1 ∈ A∗ aussi. En effet, (ab)(b−1 a−1 ) = a(bb−1 )a−1 = aa−1 = 1; (b−1 a−1 )(ab) = b−1 (a−1 a)b = b−1 b = 1. L’associativité résulte de la propriété 2. de A. L’élément neutre de (A∗ , ·) est 1, par la propriété 3. de A. De plus, tout a ∈ A∗ a un inverse a−1 ∈ A∗ par la définition de A∗ . Donc, (A∗ , ·) est un groupe. Définition 1.4.4. Soit A un anneau commutatif. On dit que A est un corps si A∗ = A {0}. Autrement dit, A est un corps si et seulement si tout élément non nul de A est inversible. Exemples : 1. Z n’est pas un corps ; 2. Q est un corps ; 3. R est un corps ; 19 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS 1 4. C est un corps. Proposition 1.4.5. Soit m ∈ N, m > 1. Soit a ∈ Z, alors : [a]m ∈ (Z/mZ)∗ ⇐⇒ (a, m) = 1. Démonstration. ⇐ : Il existe r, s ∈ Z avec ra + sm = 1 par l’identité de Bezout ! Ceci implique que ra ≡ 1 mod (m), donc [r]m [a]m = [1]m et donc [a]m ∈ (Z/mZ)∗ . ⇒ ; Supposons [a]m ∈ (Z/mZ)∗ , alors il existe b ∈ Z tel que [a]m [b]m = [1]m . Donc, ab ≡ 1 mod (m) et donc il existe c ∈ Z avec ab + cm = 1, d’où on tire que (a, m) = 1. Corollaire 1.4.6. n o Soit p un nombre premier. Alors, (Z/pZ)∗ = (Z/pZ) [0]p . Autrement dit, si a ∈ Z est tel que p - a, alors [a]p ∈ (Z/pZ)∗ . Corollaire 1.4.7. Si p est un nombre premier, alors Z/pZ est un corps. Notation : On note ce corps Fp . Exemples : 1. m = 5 et Z/5Z = {[0]5 , [1]5 , [2]5 , [3]5 , [4]5 } ; (Z/5Z)∗ = {[1]5 , [2]5 , [3]5 , [4]5 } ; car [2]5 [3]5 = [1]5 , et donc ](Z/5Z)∗ = 4. Ainsi, on a (Z/5Z)∗ = F5 . 2. m = 6, Z/6Z = {[0]6 , [1]6 , [2]6 , [3]6 , [4]6 , [5]6 } ; (Z/6Z)∗ = {[1]6 , [5]6 } ; Donc on a, ](Z/6Z)∗ = 2. Définition 1.4.8. Soit m ∈ N, m > 1. Posons ϕ(m) = ](Z/mZ)∗ , ϕ(m) s’appelle indicatrice d’Euler. Exemples : ϕ(5) = 4, ϕ(6) = 2. Proposition 1.4.9. Soit p un nombre premier. Alors, ϕ(p) = p − 1. n o Démonstration. En effet, (Z/pZ)∗ = Z/pZ\ [0]p . Donc, ϕ(p) = ](Z/pZ)∗ = p − 1. Proposition 1.4.10. Soit p un premier. Alors, ϕ(pn ) = (p − 1)pn−1 . Démonstration. (cf. Série 8 Exercice2) 20 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS 1 Théorème 1.4.11 (Théorème d’Euler). Soit m ∈ N, m > 1. Soit a ∈ Z tel que (a, m) = 1. Alors aϕ(m) ≡ 1 mod (m). Démonstration. On regarde le groupe abélien G = (Z/mZ)∗ . Soit g = [a]m ∈ (Z/mZ)∗ . On a, n = ]G = ](Z/mZ)∗ = ϕ(m). Par le théorème de Lagrange, on a g n = 1. Ce qui implique que = [1]m et donc aϕ(m) ≡ 1 [a]ϕ(m) m mod (m). Corollaire 1.4.12 (Petit théorème de Fermat). Soit p un premier et soit a ∈ Z, tel que p - a. Alors, ap−1 ≡ 1 mod (p). Démonstration. En effet, si m = p, alors ϕ(m) = p − 1. Exemple : p = 5, a = 2, alors : 25−1 = 24 = 16 ≡ 1 mod (5). En passant et pour votre culture générale... Test de primalité : Soit m ∈ N. Si 2m−1 1 mod (m), alors m n’est pas premier. et Conjecture d’Artin Soit p un nombre premier, p 6= 2. On sait que 2p−1 ≡ 1 mod (p), alors il existe une infinité de premier p tel que pn 1 mod (p), si 0 < n < p − 1. Exemple : p = 3, 22 = 4 ≡ 1 mod (3) ; p = 5, 24 = 16 ≡ 1 mod (5), mais pour p = 7, on a 23 = 8 ≡ 1 mod (7) et donc 6 n’est pas minimal. Revenons à nos moutons... Théorème chinois : Problème : Soient m1 , m2 ∈ N, m1 , m2 > 1 et (m1 , m2 ) = 1. Soient a1 , a2 ∈ Z. Existe-t-il x ∈ Z tel que, " x ≡ a1 mod (m1 ) x ≡ a2 mod (m2 ) Exemple : m1 = 5, m2 = 7, a1 = 3, a2 = 2. Identité de Bezout : 3 · 5 + (−2) · 7 = 1. Posons x1 = (−2)7 = −14 ≡ 1 mod (5) et x1 = −14 ≡ 0 mod (7) et posons x2 = 3 · 5 = 15 ≡ 0 mod (5) et x2 = 15 ≡ 1 mod (7). Enfin, en posant x = a1 x1 + a2 x2 = 3(−14) + 2 · 15 = −12 et ainsi, on a bien, 21 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS ( −12 ≡ 3 2 1 mod (5) mod (7) Approche plus conceptuel du théorème chinois... Définition 1.4.13. Soient A et B deux anneaux. Le produit de A et B est par définition : A × B = {(a, b) | a ∈ A, b ∈ B} ; avec les lois de compositions, (a, b) + (a0 , b0 ) = (a + a0 , b + b0 ) ∈ A × B; | {z } | {z } ∈A ∈B (a, b) · (a0 , b0 ) = (|{z} aa0 , |{z} bb0 ) ∈ A × B. ∈A ∈B L’élément zéro est (0,0) et l’élément unité est (1,1). Définition 1.4.14. Soient A et B deux anneaux et soit f : A −→ B une application. On dit que f est un homomorphisme d’anneaux si 1. f (a + b) = f (a) + f (b) ∀a, b ∈ A ; 2. f (ab) = f (a)f (b) ∀a, b ∈ A ; 3. f (1A ) = 1B . ∼ B. Si de plus, f est bijectif, alors c’est un isomorphisme d’anneaux et on note A = Théorème 1.4.15 (Théorème chinois version moderne). Soient m1 , m2 ∈ N tel que m1 , m2 > 1 et (m1 , m2 ) = 1. Alors Z/m1 m2 Z ∼ = Z/m1 Z × Z/m2 Z. Démonstration. Posons m = m1 m2 et soit f : Z/mZ −→ Z/m1 Z × Z/m2 Z définie par [a]m 7→ ([a]m1 , [a]m2 ) et montrons que f est bien un isomorphisme d’anneaux. Vérifions la bijectivité. Injectivité : Soient a, b ∈ Z tels que f ([a]m ) = f ([b]m ). On a alors ([a]m1 , [a]m2 ) = ([b]m1 , [b]m2 ). Donc, [a]m1 = [b]m1 et [a]m2 = [b]m2 et ainsi, on a que m1 | a − b et m2 | a − b. Comme (m1 , m2 ) = 1, on a m = m1 m2 | a − b. Donc, [a]m = [b]m , d’où l’injectivité. Surjectivité : ](Z/mZ) = m1 m2 , mais aussi ](Z/m1 Z × Z/m2 Z) = m1 m2 . Comme f est injective, ceci entraîne la surjectivité. Ainsi, f est bien un isomorphisme d’anneaux. 22 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS 1 Corollaire 1.4.16. Soient m1 , m2 ∈ N, m1 , m2 > 1 et (m1 , m2 ) = 1. Soient a1 , a2 ∈ Z. Posons m = m1 m2 . Alors, il existe x ∈ Z tel que " x ≡ a1 mod (m1 ) x ≡ a2 mod (m2 ) De plus, si y ∈ Z vérifie les mêmes propriétés, alors x ≡ y mod (m). Démonstration. C’est une conséquence du théorème précédent. La première affirmation est équivalente à la surjectivité de f . Soit ([a1 ]m1 , [a2 ]m2 ) ∈ Z/m1 Z × Z/m2 Z. La surjectivité de f signifie qu’il existe x ∈ Z tel que f ([x]m ) = ([a1 ]m1 , [a2 ]m2 ). Donc, " x ≡ a1 x ≡ a2 mod (m1 ) mod (m2 ) La deuxième affirmation est équivalente à l’injectivité de f . En effet, f ([x]m ) = f ([y]m ) = ([a1 ]m1 , [a2 ]m2 ) =⇒ [x]m = [y]m =⇒ x ≡ y mod (m). Corollaire 1.4.17. Soient m1 , . . . , mn ∈ N, mi > 1 et (mi , mj ) = 1 si i 6= j. Posons m = m1 m2 · · · mn . Alors Z/mZ ∼ = Z/m1 Z × Z/m2 Z × · · · × Z/mn Z. Corollaire 1.4.18. Soient m1 , . . . , mn ∈ N, mi > 1 et (mi , mj ) = 1 si i 6= j. Posons m = m1 m2 · · · mn . Soient encore a1 , . . . , an ∈ Z. Alors, il existe x ∈ Z tel que x ≡ a1 mod (m1 ) .. . x ≡ an mod (mn ) De plus, si y ∈ Z vérifie les mêmes propriétés, alors x ≡ y mod (m). Remarque : L’hypothèse (m1 , m2 ) = 1 est indispensable. En effet, m1 = 2, m2 = 2, m = 4, mais, Z/4Z Z/2Z × Z/2Z. On a [1]4 + [1]4 + [1]4 + [1]4 = [0]4 , mais [1]4 + [1]4 = [2]4 6= [0]4 . Z/2Z × Z/2Z = {([0]2 , [0]2 ), ([0]2 , [1]2 ), ([1]2 , [0]2 ), ([1]2 , [1]2 )} . Proposition 1.4.19. Soit f : A −→ B un homomorphisme d’anneaux. Alors f induit un homomorphisme de groupes f : A∗ −→ B ∗ . 23 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS 1 Démonstration. Vérifier que si a ∈ A∗ , alors f (a) ∈ B ∗ . Puisque a ∈ A∗ , il existe b ∈ A∗ avec ab = ba = 1. Donc, f (ab) = f (ba) = f (1) = 1, puisque f est un homomorphisme d’anneaux. On a aussi que f (ab) = f (a)f (b) et f (ba) = f (b)f (a). Donc, f (a) f (b) = f (b) f (a) = 1. On en déduit que f (a) ∈ B ∗ . | {z } |{z} ∈B ∈B |{z} | {z } ∈B ∈B Montrons que f est un homomorphisme de groupes. Pour ceci, il suffit de vérifier que pour tout a, b ∈ A, on a f (ab) = f (a)f (b). Mais ceci est l’une des propriétés d’un homomorphisme d’anneaux. Corollaire 1.4.20. Si f : A −→ B est un isomorphisme d’anneaux, alors f induit un isomorphisme de groupes f : A∗ −→ B ∗ . Démonstration. En effet, comme f est un isomoprhisme d’anneaux, son inverse f −1 : B −→ A est aussi un homomorphisme de groupes et induit donc un homomorphisme de groupes f −1 : B ∗ −→ A∗ par la proposition précédente. Donc, f : A∗ −→ B ∗ est bien un isomoprhisme de groupes. Définition 1.4.21. Soient G et H deux groupes. Alors, on définit le produit direct G × H comme suit, on pose le groupe (G × H, ·), où on définit (g, h) · (g 0 , h0 ) = ( gg 0 , |{z} hh0 ). |{z} ∈G ∈H L’élément neutre est (1, 1) = (eG , eH ) et l’inverse de (g, h) est (g −1 , h−1 ). Proposition 1.4.22. Soit A et B des anneaux. Alors, (A × B)∗ = A∗ × B ∗ . Démonstration. Il est claire que A∗ × B ∗ ⊆ (A × B)∗ . Montrons que (A × B)∗ ⊆ A∗ × B ∗ . Soit (a, b) ∈ (A × B)∗ . Il existe donc (c, d) ∈ A × B tel que (a, b)(c, d) = (1, 1) = (c, d)(a, b); (ac, bd) = (1, 1) = (ca, db). Ce qui implique que ac = 1 = ca et bd = 1 = db. Donc, a ∈ A∗ , b ∈ B ∗ . Ainsi, (a, b) ∈ A∗ × B ∗ . Corollaire 1.4.23 (du théorème chinois). Soient m1 , m2 ∈ N, m1 , m2 > 1 et (m1 , m2 ) = 1. Posons encore m = m1 m2 . Alors (Z/mZ)∗ ∼ = (Z/m1 Z)∗ × (Z/m2 Z)∗ . 24 1.4. ANNEAUX, CORPS, THÉORÈME D’EULER ET LE THÉORÈME CHINOIS 1 Démonstration. Par le théorème chinois moderne, on a que : Z/mZ ∼ = Z/m1 Z × Z/m2 Z. Ceci entraîne un isomorphisme de groupes : (Z/mZ)∗ ∼ = ((Z/m1 Z) × (Z/m2 Z))∗ = (Z/m1 Z)∗ × (Z/m2 Z)∗ , où la dernière égalité provient de la proposition précédente. Corollaire 1.4.24. Soient m1 , m2 ∈ N, m1 , m2 > 1 et (m1 , m2 ) = 1. Alors ϕ(m1 m2 ) = ϕ(m1 )ϕ(m2 ). Démonstration. En effet, ϕ(m1 m2 ) = ](Z/m1 m2 Z)∗ = ]((Z/m1 Z)∗ × (Z/m2 Z)∗ ) = ]((Z/m1 Z)∗ )]((Z/m2 Z)∗ ) = ϕ(m1 )ϕ(m2 ). Résumé des propriétés de l’indicatrice d’Euler : Si p est un premier et n ∈ N, alors ϕ(pn ) = (p − 1)pn−1 . Si m1 , m2 ∈ N, m1 , m2 > 1 et (m1 , m2 ) = 1, alors ϕ(m1 m2 ) = ϕ(m1 )ϕ(m2 ). Exemple : ϕ(32 · 53 · 72 ) = ϕ(32 )ϕ(53 )ϕ(72 ) = (2 · 3)(4 · 25)(6 · 7) = 25200. 25 Chapitre 2 Groupes 2.1 Classes modulo, un sous-groupe Rappel : G = Z et H = mZ, alors a ≡ b ←→ a − b ∈ mZ est une relation d’équivalence. De plus, Z/mZ est un groupe. Nouvelle construction : G un groupe, H un sous-groupe de G. On définit une relation d’équivalencesur G. Si g, g 0 ∈ G. Alors, g ∼ g 0 ⇐⇒ g −1 g 0 ∈ H. On vérifie assez aisément que ceci est bien une relation d’équivalence. On note l’ensemble des classes d’équivalence G/H. Proposition 2.1.1. Soit x ∈ G, alors la classe d’équivalence de x est égal à xH. Démonstration. En effet, on a : x ∼ y ⇔ x−1 y ∈ H ⇔ y ∈ xH. Terminologie : Les xH avec x ∈ G s’appelle les classes à gauche modulo H. Exemple : G = Z, H = 3Z. Les classes à gauche modulo H sont ; - classe à gauche de 0 : 0 + 3Z = 3Z ; - classe à gauche de 1 : 1 + 3Z = {. . . , −2, 1, 4, 7, . . .} ; - classe à gauche de 2 : 2 + 3Z = {. . . , −1, 2, 5, 8, . . .}. Ainsi, G/H = Z/3Z. Proposition 2.1.2. Les classes à gauche modulo H forment une partition de G. Démonstration. En effet, les classes à gauche sont des classes d’équivalence et on sait qu’elles forment une partition (cf. Série 7). On écrit : G = modulo H. Exemples : F x∈R xH, où R est un système de représentant de classes à gauche 26 2.1. CLASSES MODULO, UN SOUS-GROUPE 2 1. G = Z, H = 3Z. Les classes à gauche modulo H sont 3Z, 1 + 3Z, 2 + 3Z. On a bien une partition de Z. G Z= a + 3Z. a∈{0,1,2} 2 2. G = S3 = id, ρ, ρ2 , σ, σρ, σρ où on avait, σ = (12), ρ = (123) et les propriétés que σρ = ρ2 σ et σρ2 = ρσ. Posons H = {id, σ}. Les classes à gauche mod H sont ; - la classe de id mod H : idH = {id, σ} ; - la classe de ρ mod H : ρH = {ρ, ρσ} = ρ, σρ2 ; - la classe de ρ2 mod H : ρ2 H = ρ2 , ρ2 σ = ρ2 , σρ . On remarque que ces 3 classes forment une partition de S3 . Ainsi, si on calcule les autres classes à gauche, on aura ; - la classe de σ mod H : σH = {σ, σσ} = {σ, id} = idH ; - la classe de σρ mod H : σρH = {σρ, σρσ} = σρ, σσρ2 = σρ, ρ2 = ρ2 H ; - la classe de σρ2 mod H : σρ2 H = σρ2 , σρ2 σ = σρ2 , ρσσ = σρ2 , ρ = ρH. Donc, on a : G/H = idH, ρH, ρ2 H et ](G/H) = 3. 3. G = S3 , H = A3 = id, ρ, ρ2 . Les classes à gauche modulo A3 sont ; - la classe de id mod A3 : idA3 = id, ρ, ρ2 (= ρA3 = ρ2 A3 ) ; - la classe de σ mod A3 : σA3 = σ, σρ, σρ2 (= σρA3 = σρ2 A3 ). Ces deux classes forment une partition de S3 . Donc, S3 /A3 = {idA3 , σA3 } et ](S3 /A3 ) = 2. Remarques : 1. G/H 6= R. En revanche, on a une bijection entre ces deux ensembles, R ←→ G/H ; où x 7→ xH. 2. On a aussi une application entre G −→ G/H ; x 7→ xH. 3. Enfin, pour tout x ∈ G, on a une bijection H −→ xH ; h 7→ xh. Notation : Supposons que ](G/H) < ∞, alors on note [G : H] = ](G/H), appelé l’indice de H dans G. Exemples : Dans les exemples précédents, on a [S3 : H] = 3 ; [S3 : A3 ] = 2. Théorème 2.1.3 (Lagrange). Soit G une groupe fini et soit H un sous-groupe de G. Alors ]G = (]H) [G : H] . F Démonstration. G = x∈R xH avec R un système de classes de représentant de classes à gauche. On a ]R = ](G/H) et ](xH) = ]H pour tout x ∈ G. Ainsi, ]G = (]R)(]H) = (]H)(](G/H)) = (]H) [G : H] . 27 2.1. CLASSES MODULO, UN SOUS-GROUPE 2 Corollaire 2.1.4 (Lagrange encore). Soit G un groupe fini et soit H un sous-groupe de G. Alors, ]H | ]G. Corollaire 2.1.5 (Lagrange toujours). Soit G un groupe fini avec ]G = n. Soit x ∈ G, alors xn = 1. Démonstration. Posons H = hxi, le sous-groupe cyclique engendré par x. Soit m = ]H. On a xm = 1. Par le corolaire précédent, on a que m | n, donc xn = 1. Définition 2.1.6. G un groupe et H un sous-groupe. R relation d’équivalence sur G, x ∼ y ⇐⇒ xy −1 ∈ H. Les classes d’équivalence s’appellent les classes à droite modulo H. Proposition 2.1.7. Soit x ∈ G, alors la classe à droite modulo H contenant x est Hx = {hx | h ∈ H}. Proposition 2.1.8. F Les classes à droite forment une partition de G. G = x∈R0 Hx, où R0 est un système de représentants des classes à droite modulo H. Notation : On note l’ensemble des classes à droite modulo H, H\G. Remarques : 1. On a une application G −→ H\G ; x 7→ Hx. 2. On a une bijection R0 ←→ H\G ; x 7→ Hx. 3. On a une bijection H ←→ Hx pour tout x ∈ G. Exemples : 1. G = S3 , H = {id, σ}. On a - Hid = {id, σ} ; - Hρ = {ρ, σρ} ; - Hρ2 = ρ2 , σρ2 . On remarque dans cet exemple que R = R0 , mais que Hρ 6= ρH et Hρ2 6= ρ2 H. 2. G = S3 , H = A3 . On a - A3 id = id, ρ, ρ2 ; - A3 σ = σ, ρσ, ρ2 σ . Or dans cette exemple, on remarque que A3 id = idA3 et A3 σ = σA3 . Cette observation motivera la prochaine section de ce chapitre. Proposition 2.1.9. Soit R un système de représentants des classes à gauche mod H. Posons R0 = x−1 | x ∈ R . Alors, R0 est un système de représentants des classes à droites mod H. 28 2.2. SOUS-GROUPES NORMAUX ET GROUPE QUOTIENT Démonstration. Par hypothèse, on a G = G définie par x 7→ x−1 . G = f (G) = f ( G x∈R xH) = F x∈R xH. G 2 On considère l’application f : G −→ f (xH) = x∈R G Hx−1 = x∈R G Hx, x∈R donc R0 est bien un système de représentants des classes à droite mod H. Remarque : On a une bijection G/H ←→ H\G ; xH ↔ Hx−1 , mais en général G/H 6= H\G. 2.2 Sous-groupes normaux et groupe quotient Rappel : Soit G un groupe et H un sous-groupe de G. On dit que H est un sous-groupe normal de G si xHx−1 = H pour tout x ∈ G. Proposition 2.2.1. Soit H un sous-groupe normal de G, alors les classes à gauche coïncident avec les classes à droites. Autrement dit, xH = Hx pour tout x ∈ G. Démonstration. Soit x ∈ G, alors puisque H est un sous-groupe normal de G, on a xHx−1 = H. On a donc clairement que xH = Hx. Proposition 2.2.2. Soit G un groupe et H un sous-groupe normal de G, alors G/H est un groupe et π : G −→ G/H, π(x) = xH est un homomorphisme de groupes. Démonstration. On définit une loi de composition sur G/H en posant : (xH)(yH) = (xy)H x, y ∈ G. Montrons que ceci est bien défini. On montre que si x0 , y 0 ∈ G avec x0 H = xH et y 0 H = yH, alors (x0 y 0 )H = (xy)H. Or, l’hypothèse implique que x0 = xh et y 0 = yk avec h, k ∈ H. On a donc puisque H est un sous-groupe normal, kH = xyH. (x0 y 0 )H = xhykH = xy y −1 hy |{z} | {z } ∈H ∈H L’élément neutre est 1 · H = H et l’inverse de xH est x−1 H. On a bien x−1 HxH = xx−1 H = H. Enfin, l’associativité est immédiate. Donc G/H est un groupe. Enfin, montrons que π : G −→ G/H est un homomorphisme de groupes. On a π(xy) = xyH = xHyH = π(x)π(y), donc π(xy) = π(x)π(y) pour tout x, y ∈ G. Terminologie : - G/H est appelé le groupe quotient de G par H. - L’homomorphisme π : G −→ G/H s’appelle la projection ou projection canonique. 29 2.2. SOUS-GROUPES NORMAUX ET GROUPE QUOTIENT 2 Proposition 2.2.3 (Propriété universelle du groupe quotient). Soit G un groupe, H un sous-groupe normal de G et soit F : G −→ Γ un homomorphisme de groupes, tel que F (H) = {1}. Alors, il existe un unique homomorphisme de groupes F : G/H −→ Γ tel que F ◦ π = F , i.e. : F G π { { { / {= Γ F G/H Démonstration. On définit F : G/H −→ Γ par F (xH) = F (x). - Vérfions que F est bien défini. Soit x0 ∈ G tel que xH = x0 H. On a alors x0 = xh avec h ∈ H. On a donc F (x0 H) = F (xhH) = F (xh) = F (x) F (h) = F (x) = F (xH). | {z } =1 Donc F est bien défini. - On a xH = π(x), donc (F ◦ π(x)) = F (xH) = F (x) pour tout x ∈ G. Donc, on a bien F ◦ π = F. - Vérifions que F est un homomorphisme de groupes. F ((xH)(yH)) = F (xyH) = F (xy) = F (x)F (y) = F (xH)F (yH) ∀x, y ∈ G. - Montrons enfin que F est unique. Soit Fe : G/H −→ Γ tel que Fe ◦ π = F . Alors, Fe (xH) = Fe (π(x)) = Fe ◦ π(x) = F (x) = F (xH) ∀x ∈ G. On a donc Fe = F , d’où l’unicité de F . Terminologie : On dit que F se factorise par G/H et que F est induit par F . Exemples : 1. F : Sn −→ {−1; 1}, avec s 7→ sign(s) est un homomorphisme de groupes. Le sous-groupe An de Sn est un sous-groupe normal, car An ∈ ker(F ). Donc, on a F (An ) = {1}. Il existe donc F : Sn /An −→ {−1; 1} tel que F ◦ π = F , où π : Sn −→ Sn /An est la projection canonique. 2. F : GLn (R) −→ R∗ , avec M 7→ det(M ) est un homomorphisme de groupes. Le sous-groupe SLn (R) = {M ∈ GLn (R) | det(M ) = 1} est un sous-groupe normal de GLn (R). De plus, on a ker(SLn (R)) = {1}. Il existe donc un homomorphisme F : GLn (R)/SLn (R) −→ R∗ tel que F ◦ π = F où π : GLn (R) −→ GLn (R)/SLn (R) est la projection canonique. 30 2.3. THÉORÈME D’ISOMORPHISME 2.3 2 Théorème d’isomorphisme Théorème 2.3.1 (1er théorème d’isomorphisme). Soit F : G −→ Γ un homomorphisme de groupes, alors il existe un isomorphisme de groupes F : G/ ker(F ) −→ Im(F ). Démonstration. On applique la propriété universelle du groupe quotient avec H = ker(F ). Il est claire que F (ker(F )) = {1}. On sait aussi que ker(F ) est un sous-groupe normal de G. Donc, on peut appliquer la propriété universelle et on obtient un homomorphisme de groupes F : G/ ker(F ) −→ Γ, avec F (x ker(F )) = F (x), ∀x ∈ G. Montrons que F : G/ ker(F ) −→ Im(F ) est surjectif. En effet, Im(F )= Im(F ), comme F (x ker(F )) = F (x) pour tout x ∈ G. Montrons que F : G/ ker(F ) −→ Im(F ) est injectif. Il suffit de montrer que ker(F ) = {1}. En effet, supposons que F (x ker(F )) = F (x) = 1. Alors, x ∈ ker(F ) et donc x ker(F ) = ker(F ). Ainsi, F est injectif. Donc, F : G/ ker(F ) −→ Im(F ) est un isomorphisme de groupes. Corollaire 2.3.2. Soit F −→ Γ un homomorphisme de groupes surjectif. Alors, il existe un isomorphisme F : G/ ker(F ) −→ Γ. Démonstration. Clair, car ici, Im(F ) = Γ. Exemples : 1. F : Sn −→ {−1; 1}, avec s 7→ sign(s) est un homomorphisme de groupes surjectif, ker(F ) = An . On a donc un isomorphisme entre Sn /An et {−1; 1}. Donc, Sn /An ∼ = {−1; 1}. 2. F : GLn (R) −→ R∗ , avec M 7→ det(M ) est un homomorphisme de groupes surjectif, ker(F ) = SLn (R). On a donc GLn (R)/SLn (R) ∼ = R∗ . Proposition 2.3.3. Soit G un groupe et soient H et N deux sous-groupes de G. Soit N H = {nh | n ∈ N, h ∈ H}. Supposons que N soit un sous-groupe normal de G. Alors, N H est un sous-groupe de G et on a N H = HN . Démonstration. Montrons que N H est un sous-groupe de G. Soient nh, n0 h0 ∈ N H avec n, n0 ∈ N et h, h0 ∈ H. A montrer : (nh)(n0 h0 ) ∈ N H. On a puisque N est un sous-groupe −1 hh0 ∈ N H. Soit nh ∈ N H avec n ∈ N et h ∈ H. Alors, normal, nhn0 h0 = n |hnh {z } |{z} ∈N ∈H −1 −1 (nh)−1 = h−1 n−1 = h n h} h−1 ∈ N H. | {z ∈N ∈N z }| { Montrons que N H = HN . Soit nh ∈ N H avec n ∈ N et h ∈ H. On a nh = h h−1 nh ∈ HN . 31 2.3. THÉORÈME D’ISOMORPHISME 2 −1 On a donc N H ⊂ HN . De même, on a si hn ∈ HN , avec h ∈ H, n ∈ N , hn = hnh | {z } h ∈ ∈N N H, donc HN ⊂ N H. Donc, on a bien HN = N H. Théorème 2.3.4 (2ème théorème d’isomorphisme). Soit G un groupe, H un sous-groupe de G et N un sous-groupe normal de G. Alors, on a N H/N ∼ = H/N ∩ H. Démonstration. Rappelons que N H est un groupe, puisque N est normal dans G. Remarquons que N est aussi un sous-groupe normal de N H. Montrons que N ∩ H est un sous−1 groupe normal de H. En effet, si h ∈ H, on a h(N ∩ H)h−1 = hN h−1} ∩ hHh | {z | {z } = N ∩ H. =N =H Soit F : H −→ N H l’inclusion et soit π : N H −→ N H/N . On a donc π◦F : H −→ N H/N . H F /NH π / N H/N 5 π◦F Montrons que π ◦ F est surjectif. Soit x ∈ N H/N . Comme π est surjectif, il existe n ∈ N et h ∈ H avec π(nh) = x. Mais, π(nh) = π(n)π(h) = π(h). On a donc (π ◦ F )(h) = π(F (h)) = π(h) = x. Donc, on a bien que π ◦ F est surjectif. Par le premier théorème d’isomorphisme, on a H/ ker(π ◦ F ) ∼ = N H/N . Il reste juste à montrer que ker(π ◦ F ) = H ∩ N . On a ker(π ◦ F ) = (π ◦ F )−1 (1) = F −1 (π −1 (1)) = F −1 (N ) = H ∩ N . On a donc H/N ∩ H ∼ = N H/N. Théorème 2.3.5 (3ème théorème d’isomorphisme). Soit G un groupe, N et M des sous-groupes normaux de G et N ⊂ M . Alors, on a (G/N )/(M/N ) ∼ = G/M. Démonstration. Remarquons que M/N est un sous-groupe normal de G/N (cf. exercices). Soit π1 : G −→ G/N et π2 : G/N −→ (G/N )/(M/N ). On a donc : G π1 / G/N π2 / (G/N )/(M/N ) 2 π2 ◦π1 On a que π2 ◦ π1 : G −→ (G/N )/(M/N ) est surjectif, puisque π1 et π2 . De plus, on a ker(π2 ◦ π1 ) = (π2 ◦ π1 )−1 (1) = π1−1 (π2−1 (1)) = π1−1 (M/N ) = M . Ainsi, on peut utiliser le premier théorème d’isomorphisme pour obtenir le résultat. En effet, G/ ker(π2 ◦ π1 ) = G/M ∼ = (G/N )/(M/N ). 32 2.4. ACTIONS DE GROUPE ET STRUCTURE QUOTIENT 2.4 2 Actions de groupe et structure quotient Soit G un groupe et H un sous-groupe de G. Alors, G agit à gauche sur G/H. Si g, x ∈ G ; G × G/H −→ G/H (g, xH) 7−→ g · (xH) = gxH. Vérifions que c’est une action. 1. 1 · (xH) = 1xH = xH pour tout x ∈ G. 2. g · (g 0 · (xH)) = g · (g 0 xH) = gg 0 xH = (g · g 0 ) · (xH) pour tout x, g, g 0 ∈ G. De même, on a une action à droite de G sur H\G. A partir de maintenant, "action" signifiera action à gauche (et les mêmes notions et propriétés valent aussi pour les actions à droite). Terminologie : Supposons qu’un groupe G agisse sur un ensemble X, alors on dit que X est un G-ensemble. Si de plus, l’action est transitive, on dit que X est un G-ensemble transitif. Définition 2.4.1. Soit G un groupe et soient X, Y deux G-ensembles. Soit F : X −→ Y une application. On dit que F est un morphisme de G-ensembles ou que F préserve l’action de G si g · F (x) = F (g · x) ∀x ∈ X, ∀g ∈ G. Proposition 2.4.2. Soit X un G-ensemble transitif. Alors, pour tout x ∈ X, on a un isomorphisme de Gensembles, X ∼ = G/Gx où Gx est le groupe d’isotropie, i.e. Gx = {g ∈ G | g · x = x}. Démonstration. Supposons gGx = hGx, alors g −1 h ∈ Gx , donc (g −1 h) · x = x, d’où g (g −1 h) · x = g · x. Donc, hx = gx. On peut donc définir F : G/Gx −→ X par F (gGx) = gx. - Montrons que F est un morphisme de G-ensembles. F (g · (hGx )) = F (ghGx ) = (gh) · x = g · (hx) = gF (hGx ) ∀g, h ∈ G. - F est surjectif. En effet, on a Im(F ) = {g · | g ∈ G} = orb(x) = X, donc F est surjectif. - F est injectif. Soient g, h ∈ G tels que F (gGx ) = F (hGx ). Donc, g −1 (gx) = g −1 (hx) et | {z } g·x | {z } h·x ainsi x = (g −1 h) · x. On a (g −1 h)·x = x, donc g −1 h ∈ Gx . Ceci implique que gGx = hGx , donc F est injectif. Corollaire 2.4.3. Soit G un groupe fini et soit X un G-ensemble transitif. Alors, X est un ensemble fini et ]X = [G : Gx ] pour tout x ∈ X. 33 2.5. SOUS-GROUPES DE GROUPES QUOTIENTS 2 Démonstration. Par la proposition précédente, nous avons un isomorphisme de G-ensembles, X ∼ = G/Gx . On a donc ]X = ](G/Gx ) = [G : Gx ]. En particulier, X est fini puisque G l’est par hypothèse. Corollaire 2.4.4. Soit G un groupe fini et soit X un G-ensemble. Soit x ∈ X, alors on a ]orb(x) = [G : Gx ]. Démonstration. Remarquons que G agit transitivement sur orb(x). Donc, par le corollaire précédent, on a directement que ]orb(x) = [G : Gx ]. 2.5 Sous-groupes de groupes quotients Lemme 2.5.1. Soient G1 , G2 deux groupes et F : G1 −→ G2 un homomorphisme de groupes. Alors i) L’image d’un sous-groupe H de G1 est un sous-groupe de G2 . ii) L’image réciproque d’un sous-groupe K de G2 est un sous-groupe de G1 . Démonstration. i) Soit H un sous-groupe de G1 . On va montrer que F (H) est un sousgroupe de G2 . On considère F |H : H −→ G2 . C’est encore un homomorphisme de groupes. Son image est F (H) et on sait que l’image d’un homomorphisme de groupes est un sousgroupe. Donc, on a bien que F (H) est un sous-groupe de G2 . ii) Soit K un sous-groupe de G2 . On va démontrer que F −1 (K) est un sous-groupe de G1 . Soient x, y ∈ F −1 (K), alors F (x), F (y) ∈ K. On a F (xy −1 ) = F (x)F (y −1 ) = F (x)F −1 (y) ∈ K et ainsi, xy −1 ∈ F −1 (K). Donc, F −1 (K) est un sous-groupe de G1 . Lemme 2.5.2. Soient G1 , G2 deux groupes et F : G1 −→ G2 un homomorphisme de groupes. Alors i) Supposons F surjectif. Alors l’image d’un sous-groupe normal H de G1 est un sousgroupe normal de G2 . ii) L’image réciproque d’un sous-groupe normal K de G2 est un sous-groupe normal de G1 . Démonstration. i) On sait que F est surjectif. Soit H un sous-groupe normal de G1 . On va montrer que F (H) est un sous-groupe normal de G2 . Remarque : On a l’équivalence suivante si G est un groupe et N un sous-groupe normal de G : ∀x ∈ G, xN x−1 = N ⇐⇒ ∀x ∈ G, xN x−1 ⊆ N. Soit x ∈ G2 , a-t-on xF (H)x−1 = F (H) ? Puisque F est surjectif, il existe y ∈ G1 tel que F (y) = x et ainsi on a xF (H)x−1 = F (y)F (H)F −1 (y) = F (yHy −1 ) = F (H). Donc, F (H) est un sous-groupe normal de G2 . 34 2.5. SOUS-GROUPES DE GROUPES QUOTIENTS 2 ii) Soit K un sous-groupe normal de G2 . On va montrer que F −1 (K) est un sous-groupe normal de G1 . Soit π : G2 −→ G2 /K la projection canonique. On considère alors π ◦ F : G1 −→ G2 /K. C’est clairement un homomorphisme de groupes. Montrons que ker(π ◦ F ) = F −1 (K). Par définition, on a ker(π ◦ F ) = (π ◦ F )−1 (eG2 /K ) = F −1 (π −1 (eG2 /K )) = F −1 (K). | {z } K Ainsi, par une proposition du cours, on sait que le noyau d’un homomorphisme de groupes est toujours un sous-groupe normal. Donc, on a montré que F −1 (K) est un sous-groupe normal de G1 . Théorème 2.5.3. Soit G un groupe et N un sous-groupe normal de G. La projection canonique π : G → G/N induit une application f : {H | H sous-groupe de G : N ⊆ H} −→ {K | K sous-groupe de G/N } ; H 7−→ π(H) avec les propriétés suivantes : 1. f est bijective ; 2. f induit une correspondance bijective entre les sous-groupes de G contenant N et les sous-groupes normaux de G/N . 3. Soient H1 , H2 deux sous-groupes de G1 contenant N . Alors i) Si H1 ⊆ H2 , alors f (H1 ) ⊆ f (H2 ) ; ii) f (H1 ∩ H2 ) = f (H1 ) ∩ f (H2 ) ; iii) f (hH1 ∪ H2 i) = hf (H1 ) ∪ f (H2 )i. 4. Soient K1 , K2 deux sous-groupes de G/N . Alors i) Si K1 ⊆ K2 , alors f −1 (K1 ) ⊆ f −1 (K2 ) ; ii) f −1 (K1 ∩ K2 ) = f −1 (K1 ) ∩ f −1 (K2 ) ; iii) f −1 (hK1 ∪ K2 i) = hf −1 (K1 ) ∪ f −1 (K2 )i. Démonstration. i) Par le lemme 2.5.1, on a que f est bien défini. Considérons g : {K | K sous-groupe de G/N } −→ {H | H sous-groupe de G : N ⊆ H} ; K 7−→ π −1 (K). Par le lemme 2.5.2, g est bien défini. Soit H un sous-groupe de G, N ⊆ H. On calcule g(f (H)) = π −1 (π(H)). Montrons que π −1 (π(H)) = H. On a toujours que π −1 (π(H)) ⊇ H, car si x ∈ H, alors π(x) ∈ π(H) et donc x ∈ π −1 (π(H)). Montrons que π −1 (π(H)) ⊆ H. Soit y ∈ π −1 (π(H)), donc π(y) ∈ π(H), alors il existe x ∈ H tel que yN = xN , donc xy −1 ∈ N . Comme N ⊆ H, on a xy −1 ∈ H, mais x ∈ H, −1 −1 −1 −1 donc y = (y −1 )−1 = (x |{z} (xy )) ∈ H. Donc y ∈ H et ainsi π (π(H)) ⊆ H. ∈H | {z } ∈H 35 2.6. SOUS-GROUPES DES COMMUTATEURS 2 On a donc montré que H = π −1 (π(H)). Soit K un sous-groupe de G/N . On calcule f (g(K)) = π(π −1 (K)). Montrons que π(π −1 (K)) = K. On a tojours que π(π −1 (K)) ⊆ K, car x ∈ π(π −1 (K)) ⇒ x = π(y), y ∈ π −1 (K), comme x = π(y) ∈ K. On a x ∈ K. Montrons que π(π −1 (K)) ⊇ K. Soit x ∈ K. Comme π est surjectif, il existe y ∈ G, π(y) = x ⇒ y = π −1 (x) ∈ π −1 (K) ⇒ x ∈ π(π −1 (K)), d’où K ⊇ π(π −1 (K)) et donc on a montré que π(π −1 (K)) = K. Ainsi, on a montré que f est bijective. ii) Par le lemme 2.5.3, f se restreint à une application bien définie fb : {H | H sous-groupe normal de G : N ⊆ H} −→ {K | K sous-groupe normal de G/N } De manière analogue pour g, on définit gb. Comme f ◦g = g ◦f = id, on obtient directement que fb ◦ gb = gb ◦ fb = id, donc fb est bijectif. 2.6 Sous-groupes des commutateurs Définition 2.6.1. Soit G un groupe et soient g, h ∈ G. On appelle commutateur [g, h] = ghg −1 h−1 . Remarque : [g, h] = 1 ⇔ gh = hg. Définition 2.6.2. On appelle sous-groupe des commutateurs le sous-groupe de G engendré par tous les commutateurs. Notation : On note [G; G] le sous-groupe des commutateurs de G. Proposition 2.6.3. [G; G] est un sous-groupe normal de G et G/[G; G] est abélien. Démonstration. Soit [g, h] ∈ [G; G] et soit x ∈ G. A montrer : x[g, h]x−1 ∈ [G; G]. En effet, x[g, h]x−1 = xghg −1 h−1 x−1 = (xgx−1 )(xhx−1 )(xg −1 x−1 )(xh−1 x−1 ) = [xgx−1 , xhx−1 ] ∈ [G; G]. Soit π : G −→ G/[G; G] la projection canonique A montrer : pour tous x, y ∈ G/[G; G], on a xy = yx, autrement dit [x, y] = 1. Il existe g, h ∈ G tels que x = π(g) et y = π(h). On a [x, y] = [π(g), π(h)] = π([g, h]) = 1. Donc, xy = yx. Notation : On note Gab = G/[G; G] et on l’appelle l’abénialisé de G. Exemples : 1. Si G est abélien [G; G] = {1} et Gab ∼ = G. 2. G = S3 , [S3 , S3 ] = A3 et (S3 )ab = S3 /A3 ∼ = C2 . (groupe cyclique d’ordre 2). 36 2.6. SOUS-GROUPES DES COMMUTATEURS 2 Proposition 2.6.4. Soit G un groupe et soient H et K deux sous-groupes normaux de G. Supposons que G = HK et H ∩ K = {1}. Alors G ∼ = H × K. Démonstration. Montrons d’abord que pour tout h ∈ H et k ∈ K, on a hk = kh. On −1 −1 −1 a [h, k] = h |kh−1 ∈ K. Donc, [h, k] ∈ H ∩ K et puisque {zk } ∈ H et [h, k] = hkh | {z } k ∈H ∈K par hypothèse H ∩ K = {1}, on a [h, k] = 1. Soit f : H × K −→ G; (h, k) → hk est un homomorphisme de groupes car hk = kh. Montrons que f est bijectif. f est surjectif, car G = HK. f est injectif. En effet, soit h ∈ H et k ∈ K tels que f (h, k) = 1. On a f (h, k) = hk. Comme f (h, k) = hk = 1, on a h = k −1 ∈ K et k = h−1 ∈ H. Donc, h, k ∈ H ∩ K = {1}, donc h = k = 1. Donc, f est un isomorphisme de groupes d’ou on tire que G ∼ = H × K. 37 Chapitre 3 Groupes abéliens finis Théorème 3.0.5. Tout groupe abélien fini est isomorphe à un produit direct de groupes cycliques. Notation : On note Cn le groupe cyclique (unique à isomorphisme près) d’ordre n. Remarque : Cn ∼ = (Z/nZ, +). Théorème 3.0.6. Tout groupe abélien fini est isomorphe à un produit direct de la forme. Cpn11 × · · · × Cpnrr où p1 , . . . , pr sont des nombres premiers et les ni ∈ N. Définition 3.0.7. Soit p un nombre premier. On dit qu’un groupe G est un p-groupe si G est un groupe fini dont l’ordre est une puissance de p. Théorème 3.0.8. Tout groupe abélien fini est isomorphe à un produit direct de la forme Cd1 × · · · × Cdr avec d1 , . . . , dr ∈ N tel que d1 |d2 | . . . |dr . Notation : (A, +) groupe abélien, élément neutre 0. Définition 3.0.9. Soit A un groupe abélien fini. On dit que A est annulé par n ∈ N si |a + a +{z. . . + a} = na = 0. On dit que A est annulé par n si tout a ∈ A est annulé par n. Exemples : 1. Z/8Z × Z/4Z × Z/4Z × Z/2Z × Z/8Z est annulé par 8. 2. Z/3Z × Z/5Z est annulé par 15. n Proposition 3.0.10. Soit A un groupe abélien fini annulé par n ∈ N. Supposons n = rs avec (r, s) = 1. Alors, ∼ A1 × A2 où A1 = {a ∈ A|ra = 0} et A2 = {a ∈ A|sa = 0}. De plus, on a que A1 = sA A= et A2 = rA. Démonstration. Par l’identité de Bezout, on a ur + vs = 1 avec u, v ∈ Z. Montrons que A = rA + sA. On a A = (ru + sv)A ⊂ rA + sA ⊂ A. Donc A = rA + sA. Remarquons que rA et sA sont des sous-groupes de A. 38 3 Montrons que rA ∩ sA = {0}. Soit a ∈ rA ∩ sA, alors a = rb et a = sc avec b, c ∈ A. Donc, on a a = rb, donc sa = srb = nb = 0. De plus, a = sc, donc ra = rsc = nc = 0. Donc, a = (ur + vs)a = ura + vsa = 0. On a donc A ∼ = rA × sA. Montrons enfin que rA = A2 et sA = A1 . Il est clair que rA ⊂ A2 . Il reste à montrer que A2 ⊂ rA. Soit a ∈ A2 , on a sa = 0. On a a = (ur + vs)a = ura + |{z} vsa = r(ua) ∈ rA. =0 Donc, A2 ⊂ rA et donc A2 = rA. On montre de la même manière que A1 = sA. Donc, ∼ A1 × A2 . A= Corollaire 3.0.11. Soit A un groupe abélien fini annulé par n. Supposons que n = m1 m2 . . . mr avec (mi , mj ) = ∼ A1 × . . . × Ar avec Ai = {a ∈ A|mi a = 0}. De plus, Ai = 1 si i 6= j. Alors, A = (m1 . . . mi−1 mi+1 . . . mr )A. Démonstration. Récurrence sur r. Le cas r = 1 est évident. Le cas r = 2 est la proposition. Supposons que r > 3. Par la proposition, on a A ∼ = B×Ar avec B = {a ∈ A|(m1 . . . mr−1 )a = 0}. ∼ A1 × · · · × Ar−1 , donc A ∼ On applique l’hypothèse de récurrence à B. On a B = = A1 × · · · × Ar . Corollaire 3.0.12. Soit A un groupe abélien fini annulé par pn1 1 · · · pnr r où p1 , ..., pr sont des nombres premiers Q n n distincts et ni ∈ N, alors A ∼ = A1 × . . . × Ar avec Ai = {a ∈ A| pi i a = 0} = i6=j pj j A. Démonstration. Ceci découle du corollaire précédent en posant mi = pni i . Lemme 3.0.13. Soit A un groupe abélien fini, annulé par n. 1. Soit r ∈ N, (r, n) = 1. Alors, mr : A −→ A définie par mr (a) = ra est un automorphisme du groupe A. 2. Supposons de plus que A soit cyclique d’ordre n, alors si a ∈ A engendre A, alors rA engendre aussi A. Autrement dit, si A = hai, alors A = hrai. Démonstration. i) Comme (n, r) = 1, alors par l’identité de Bezout, il existe u, v ∈ Z tels que un + vr = 1. On veut montrer que mr : A −→ A définie par mr (a) = ra est un automorphisme. Il est clair que mr est un homomorphisme de groupes. Il suffit donc de montrer que mr est bijectif. Considérons l’homomorphisme mv : A −→ A définie par mv (a) = va et montrons que mv est l’inverse de mr . On a pour tout a ∈ A, (mv ◦ mr )(a) = (mv (mr (a))) = (mv (ra)) = vra = vra + 0 = vra + una = a (vr + un) = a | {z =1 } Donc, (mv ◦ mr )(a) = idA . De même, on montre que (mr ◦ mv )(a) = idA . Donc, mr est bijectif, donc un automorphisme de groupes. ii) Par hypothèse, on a A = hai = {0, a, 2a, ..., (n − 1)a}. On a r ∈ N avec (n, r) = 1. Nous avons vu que mr : A −→ A est bijectif. Donc, on a A = {0, a, 2a, ..., (n − 1)a} = {0, ra, 2ra, ..., (n − 1)ra} = hrai. 39 3 Lemme 3.0.14. Soit A un p-groupe abélien fini, où p un nombre premier. Soit a ∈ A un élément d’ordre maximal. Posons, A1 = hai et posons Ā = A/A1 et soit π : A −→ Ā, la projection canonique. Soit x ∈ Ā, alors il existe y ∈ A tel que π(y) = x et tel que l’ordre de y dans A soit égal à l’ordre de x dans Ā. Démonstration. cf.Série 15, exercice 3. Théorème 3.0.15. Tout p-groupe abélien fini est isomorphe à un produit direct de groupes cycliques. Démonstration. Par récurrence sur l’ordre de A. Supposons ]A = p. Alors, A est isomorphe à un groupe cyclique d’ordre p, i.e., A ∼ = Cp . Soit a1 ∈ A un élément d’ordre maximal. Posons, A1 = hai et Ā = A/A1 et soit π : A −→ Ā, la projection canonique. On a ]Ā < ]A. En appliquant l’hypothèse de récurrence à Ā, on obtient Ā ∼ = Ā2 × . . . × Ār où Ā2 , · · · , Ār sont des sous-groupes cycliques de Ā. On a Āi = hāi i pour un certain āi ∈ Āi , i = 1, 2, ..., r. Par le lemme, il existe ai ∈ Ai , i = 1, ..., r tels que π(ai ) = āi et tel que l’ordre de ai dans A soit égal à l’ordre des āi dans Āi . Posons Ai = hai i ⊂ A. Soit pni l’ordre des āi dans Āi , i = 2, ..., r. Alors, par construction, l’ordre des ai dans Ai est aussi égal à pni , i.e, ]Ai = pni = ]Āi . On s’intéresse à A2 + . . . + Ar qui est un sous-groupe de A. On a π(A2 + . . . + Ar ) = Ā2 +. . .+ Ār ∼ = Ā2 ×. . .× Ār . L’ordre de Ā2 ×· · ·× Ār = pn2 · · · pnr Donc, ](A2 +. . .+Ar ) ≥ N = pn2 · · · pnr . D’autre part, tous les éléments de A2 + . . . + Ar s’écrivent sous la forme λ2 a2 + . . . + λr ar où 0 ≤ λi ≤ pni − 1. Il y a au plus pn2 · · · pnr éléments de ce type, donc ](A2 + . . . + Ar ) ≤ N = pn2 · · · pnr . On a alors ](A2 + . . . + Ar ) = N = pn2 · · · pnr . D’autre part, ∼ A2 × · · · × Ar . ]Ai = pni i = 2, . . . , r. D’où, on tire A2 + . . . + Ar = Montrons que ∼ A1 × A2 × · · · × Ar = A1 × (A2 × · · · × Ar ) ∼ A= = A1 × (A2 + . . . + Ar ) Pour cela, il suffit de montrer que 1. A = A1 + (A2 + . . . + Ar ). 2. A1 ∩ (A2 + . . . + Ar ) = {0}. 1. Il est claire que A ⊃ A1 + (A2 + . . . Ar ). Montrons l’autre inclusion. Soit x ∈ A, alors π(x) ∈ Ā = A/A1 = Ā2 + . . . + Ār , donc π(x) = x2 + . . . + xr avec xi ∈ Ai , i = 2, . . . , r. Soit y1 , . . . , yr ∈ A tels que π(yi ) = xi pour tout i = 2, . . . , r. On a donc, π(x) = x2 + . . . + xr = π(y2 ) + . . . + π(yr ) = π(y2 + . . . + yr ). Donc, π(x − y1 − . . . − yr ) = 0. On a x − (y2 + · · · + yr ) ∈ ker(π). Mais ker(π) = A1 . Ainsi, x − (y2 + · · · + yr ) ∈ A1 . Posons y1 = x − (y2 + · · · + yr ) ∈ A1 . On obtient alors x = y1 + y2 + · · · + yr avec yi ∈ Ai pour tout i = 1, . . . , r. 2. On a A1 ∩ (A2 + · · · + Ar ) = ker(π) ∩ (A2 + · · · + Ar ) = ker(π|A2 +···+Ar ) = {0}, car π|A2 +···+Ar : (A2 + · · · + Ar ) −→ (Ā2 + · · · + Ār ) est un isomorphisme. Ce qui conclut enfin notre preuve. 40 3 Corollaire 3.0.16. Soit A un groupe abélien fini, alors il existe d1 , d2 , . . . , dn ∈ N tel que d1 |d2 | · · · |dn et que ∼ Cd × Cd × · · · × Cd . De plus, les entiers di sont entiers. A= n 1 2 Démonstration. Cf. Série 16, exercice 2 ! Exemple : A ∼ = A1 × A2 × A3 × A4 avec A1 = C8 × C4 × C2 (2-groupe) A2 = C27 × C3 (3-groupe) A3 = C5 (5-groupe) A4 = C7 × C7 (7-groupe) Posons alors : B1 = C8 × C27 × C5 × C7 ∼ = C8·27·5·7 ∼ B2 = C4 × C3 × C7 = C4·3·7 B 3 = C2 Alors, on a A ∼ = B1 × B2 × B3 avec Bi cycliques. Posons d1 = 2, d2 = 4 · 3 · 7, d3 = 8 · 27 · 5 · 7. Alors, on a bien que d1 |d2 |d3 et A ∼ = Cd1 × Cd2 × Cd3 . Proposition 3.0.17. Soit A un p-groupe abélien fini. Alors, A contient un élément d’ordre p. Remarque : Nous verrons que la proposition est aussi vraie si A n’est pas abélien. Démonstration. Cf. Série 16, exercice 3 41 Chapitre 4 Groupes finis 4.1 Rappels... Théorème 4.1.1 (Lagrange). Soit G un groupe fini et H un sous-groupe de G, alors ]H | ]G et donc ]G = ]H[G : H]. Proposition 4.1.2. Soit X un G-ensemble. Soit x ∈ X. Alors, ] orb(x) = [G : Gx ] où Gx est le groupe d’isotropie, i.e., Gx = {g ∈ G| gx = x} et orb(x)= {g · x| x ∈ X} ⊂ X. Corollaire 4.1.3. ]orb(x) | ]G. Définition 4.1.4. Soit X un G-ensemble et soit x ∈ X. On dit que x est un point fixe si gx = x pour tout g ∈ G. On dit alors que orb(x) = {x} est un orbite triviale. Remarque : x est un point fixe ⇐⇒ Gx = G ⇐⇒ [G : Gx ] = 1. Définition 4.1.5. Soit G un groupe fini. On a l’action G × G −→ G définie par (g, x) → gxg −1 . Alors CG (x) = g ∈ G|gxg −1 = x = {g ∈ G|gx = xg} est appelé le centralisateur de x. Z(G) = {g ∈ G|gx = xg ∀x ∈ G} est appelé le centre de G. Proposition 4.1.6. Soit X un G-ensemble fini et soient x1 , . . . , xn les représentants des orbites. Alors, ]X = n X ]orb(xi ) = i=1 Démonstration. En effet, X = 4.2 n X [G : CG (xi )] i=1 Fn i=1 orb(xi ). Equation des classes Proposition 4.2.1 (Equation des classes). Soit G un groupe fini et soient x1 , . . . , xm des représentants des orbites triviales et xm+1 , . . . , xn 42 4.3. LES P-GROUPES 4 des représentants des orbites non-triviales. Alors, ]G = ]Z(G) + n X [G : CG (xi )] i=m+1 Démonstration. On a ]G = ni=1 [G : CG (xi )] = De plus, on a les équivalences suivantes : P Pm i=1 [G : CG (xi )] + Pn i=m+1 [G : CG (xi )]. {xi } une orbite triviale ⇐⇒ xi est un point fixe ⇐⇒ gxi g −1 = xi ⇐⇒ gxi = xi g ∀g ∈ G ∀g ∈ G ⇐⇒ xi ∈ Z(G) ⇐⇒ G = CG (xi ) ⇐⇒ [G : CG (xi )] = 1. On a donc ]Z(G) = m (nombre d’orbites triviales). Pour tout i = 1, . . . , m, on a [G : CG (xi )] = 1. On a finalement, ]G = 4.3 m X n X i=1 i=m+1 [G : CG (xi )]+ [G : CG (xi )] = m+ n X [G : CG (xi )] = ]Z(G)+ i=m+1 n X [G : CG (xi )] i=m+1 Les p-groupes Définition 4.3.1. Soit p un premier et soit G un groupe fini. Alors, G est dit un p-groupe si son ordre est une puissance de p. Proposition 4.3.2. Le centre d’un p-groupe est toujours non-trivial. Démonstration. Soit G un p-groupe et montrons que ]Z(G) > 1. Par l’équation des classes, on a n ]G = ]Z(G) + X [G : CG (xi )] i=m+1 Rappelons que xm+1 , . . . , xn sont des représentants des orbites non-triviales. Donc, [G : CG (xi )] > 1 si i = m + 1, . . . , n. Comme G est un p-groupe, ceci implique que p | [G : CG (xi )]. On a aussi que p | ]G. Par l’équation des classes, on a alors que p | ]Z(G). Mais, on a ]Z(G) ≥ 1, p > 1, donc ]Z(G) > 1. Remarque : Il existe des groupes finis avec Z(G) = {1}. Par exemple, on a Z(S3 ) = {1}. 43 4.4. LES THÉORÈMES DE SYLOW 4.4 4 Les théorèmes de Sylow Soit p un premier et soit G un groupe fini d’ordre pr k avec r ≥ 1 et (p, k) = 1 Définition 4.4.1. Un p-sous-groupe de Sylow (où p-Sylow) de G est un sous-groupe P de G avec ]P = pr . Théorème 4.4.2 (1er théorème de Sylow). Si p | ]G, alors G admet un p-sous-groupe de Sylow. Démonstration. Par récurence sur ]G. Si ]G = p, alors le théorème est évident. Supposons que ]G > p. Par l’équation des classes, on a ]G = ]Z(G) + n X [G : CG (xi )] i=m+1 On va distinguer deux cas. Cas 1 : Il existe i avec m + 1 ≤ i ≤ n avec p - [G : CG (xi )]. On sait que [G : CG (xi )] > 1. Donc, ]CG (xi ) < ]G. Comme p - [G : CG (xi )], on a ]CG (xi ) = pr k 0 avec k 0 | k (k 0 < k). Par l’hypothèse de récurrence appliquée à CG (xi ), on a que CG (xi ) possède un p-sousgroupe de Sylow. Il existe donc un sous-groupe P de CG (xi ) d’ordre pr . Mais, P est aussi un sous-groupe de G et donc on a ]P = pr , donc P est un p-Sylow de G. Cas 2 : p | [G : CG (xi )] pour tout i = m + 1, . . . , n. On a ]G n X = ]Z(G) + |{z} [G : CG (xi )] . i=m+1 divisible par p | {z divisible par p } Donc, on a p | ]Z(G). Les groupe Z(G) est abélien et p | ]Z(G). Donc, Z(G) contient un élément d’ordre p. Soit z ∈ Z(G) d’ordre p. Posons H = hzi, le sous-groupe engendré par z. Alors, H est un sous-groupe normal de G, car H ⊂ Z(G). Posons Ḡ = G/H et π : G −→ Ḡ la projection canonique. On a ]H = p, donc ]Ḡ = ]G/p = pr−1 k < ]G. Par l’hypothèse de récurrence appliquée à Ḡ, il existe un sous-groupe P̄ de Ḡ avec ]P̄ = pr−1 . Soit P = π −1 (P̄ ). Alors, P est un sous-groupe de G. Remarquons que π|P : P −→ P̄ est surjectif et le noyau est H. Donc, par le premier théorème d’isomoprhisme, on a P̄ ∼ = P/H. Donc, ]P = ]P̄ · ]H = pr−1 p = pr . Donc, P est un p-sous-groupe de Sylow de G. Corollaire 4.4.3. Si un nombre premier p divise l’ordre de G, alors G a un élément d’odre p. Démonstration. Par le premier théorème de Sylow, on sait qu’il existe un p-Sylow P . On a donc ]P = pr . On sait que P 6= {1}. Soit g ∈ P avec g 6= 1. Par le théorème de Lagrange, l’ordre de g est pr avec 1 ≤ n ≤ r. n−1 Posons h = g p , alors h est d’ordre p. 44 4.4. LES THÉORÈMES DE SYLOW 4 Lemme 4.4.4. Soient P et Q deux p-sous-groupes de G tels que P ⊂ NG (Q). Alors, P Q est un p-sousgroupes de G. Démonstration. Exercice 3, série 17. Théorème 4.4.5 (2ème théorème de Sylow). i) Tous les p-sous-groupes de Sylow de G sont conjugués. ii) Tout p-sous-groupes de G est contenue dans un p-sous-groupe de Sylow. Théorème 4.4.6 (3ème théorème de Sylow). Soit P un p-sous-groupe de Sylow de G. Le nombre de p-sous-groupe de Sylow de G est égal à [G : NG (P )]. Ce nombre est ≡ 1 mod (p) et divise l’ordre de G. Démonstration. Nous allons montrer les deux théorèmes en même temps. Soit P un p-Sylow de G. Posons X = gP g −1 | g ∈ G . Alors, ]X = [G : NG (P )]. On considère l’action conjuguée de P sur X. Alors, X est une réunion d’orbites triviales et non-triviales. Soit {Q} une orbite triviale (Q ∈ X, donc Q = gP g −1 pour un certain g ∈ G). On a donc hQh−1 = Q pour tout h ∈ P . Ceci implique que P ⊂ NG (Q). Par le lemme, P Q est un p-sous-groupe de G. On a ](P Q) ≤ pr . On a P ⊂ P Q et ]P = pr . On a donc P = P Q, mais on a aussi Q ⊂ P Q et ]Q = pr . Donc, Q = P Q. On obtient donc Q = P . Donc, il existe exactement une orbite triviale qui est égale à {P }. D’autre part, le cardinal de tout orbite non-triviale est divisible par p. On a donc ]X = 1 + multiple de p. On a donc ]X ∼ = 1 mod (p). Soit R un p-sous-groupe de G et on regarde l’action de R sur X.Alors, X est une réunion d’orbites triviales et non-triviales. Comme R est un p-groupe, le cardinal de toutes orbites non-triviales est divisible par p. Donc, ]X =(nombre d’orbites triviales) + (multiple de p). Soit {Q} une orbite triviale. On a donc rQr−1 = Q pour tout r ∈ R. Ceci implique que R ⊂ NG (Q). Par le lemme, RQ est un p-sous-groupe de G. On a Q ⊂ RQ et ]Q = pr . D’autre part, ](RQ) ≤ pr . Donc ]Q = ]RQ = pr . On a donc Q = RQ. Mais on a aussi R ⊂ RQ, ce qui entraine R ⊂ Q. On a Q = gpg −1 pour un certain g ∈ G. Donc R est contenu dans un p-Sylow de G qui est un conjuguée de P . Si de plus, R est un p-Sylow, alors ]R = ]Q = pr . On a donc R = Q = gP g −1 . Donc, R est conjugué à P et on a ENFIN fini. Corollaire 4.4.7. Soit P un p-sous-groupe de Sylow de G. Alors, P est l’unique p-Sylow de G si et seulement si P est un sous-groupe normal de G. 45 4.4. LES THÉORÈMES DE SYLOW 4 Démonstration. En effet, P est l’unique p-Sylow de G ⇐⇒ [G : NG (P )] = 1 ⇐⇒ G = NG (P ) ⇐⇒ P est un sous-groupe normal de G. Exemple : Soit G un groupe d’ordre 35. Alors, G ∼ = C5 × C7 . Autrement dit, G est cyclique. En effet, par le 3ème théorème de Sylow, le nombre de 5-Sylow de G est ≡ 1 mod (5) et c’est un diviseur de ]G = 35. Les diviseurs de 35 sont 1, 5, 7 et 35. le seul diviseur de 35 qui est ≡ 1 mod (5) est 1. Donc, G contient un 5-Sylow, isomorphe à C5 . Par le corollaire, ce 5-Sylow est un sous-groupe normal de G. De plus, le nombre de 7-Sylow de G est un diviseur de 35 et ≡ 1 mod (7). Mais le seul diviseur de 35 qui convient est 1. Donc, G contient un 7-Sylow qui est isomorphe à C7 . Par le corollaire, ce 7-Sylow est un sous-groupe normale de G. On a donc G ∼ = C5 × C7 . 46 Chapitre 5 Anneaux de polynômes 5.1 Polynôme à coefficient dans un anneau commutatif Soit A un anneau commutatif. Un polynôme (à une variable) à coefficient dans A est an X n + an−1 X n−1 + . . . + a1 X + a0 où a0 , . . . , an ∈ A. On note A[X] l’ensemble des polynômes à coefficients dans A. Alors, A[X] est un anneau commutatif par rapport à l’addition et multiplication des polynômes. Les éléments neutres sont 0 et 1. L’anneau A est un sous-anneau de A[X]. Définition 5.1.1. Soit f (X) = an X n + . . . + a0 ∈ A[X] avec an 6= 0. Alors, le degré de f , noté deg(f ) est égal à n. Définition 5.1.2. On dit que A est un anneau intègre si A ne contient pas de diviseur de zéro. Autrement dit, si ab = 0 avec a, b ∈ A, alors a = 0 où b = 0. Proposition 5.1.3. Soit A un anneau intègre. Alors, deg(f g) = deg(f ) + deg(g). Démonstration. Soit f (X) = an X n + . . . + a0 et g(X) = bm X m + . . . + b0 avec ai , bi ∈ A. et an 6= 0, bm 6= 0. Alors, deg(f ) = n et deg(g) = m. Alors, f (X)g(X) = an bm X m+n + . . . + a0 b0 . Comme A est intègre, on a an bm 6= 0. Donc, deg(f g) = n + m = deg(f ) + deg(g). Exemple : A = Z/4Z qui est non-intègre. Soit f (X) = [2]4 X + [1]4 et g(X) = [2]4 X − [1]4 . Alors, f (X)g(X) = [2]4 [2]4 X 2 − [1]4 = [4]4 X 2 − [1]4 = −[1]4 . On a donc deg(f ) = 1 = deg(g), mais deg(f g) = 0 6= 2 = deg(f ) + deg(g). 47 5.2. POLYNÔME À COEFFICIENT DANS UN CORPS 5 Évaluation d’un polynôme : Soit B un anneau commutatif qui contient A comme sous-anneau. On définit un homomorphisme d’anneau, l’évaluation en b ∈ B comme suit : evb : A[X] −→ B f (X) 7−→ f (b) On note A[b] l’image A[X] par l’homomorphisme evb , i.e., A[b] = {f (b) | f ∈ A[X]}. Alors, A[b] est un sous-anneau de B. Exemple : Soit A = Z, B = C et b = i. Alors, on a evi : Z[X] −→ C f (X) 7−→ f (i) Alors, Z[i] = {f (i) | f ∈ Z[x]} ⊂ C. Remarquons que i2 = −1, donc ( n (i) = ±1 si n est pair ±i si n est impair Donc, Z[i] = {ai + b | a, b ∈ Z} 5.2 Polynôme à coefficient dans un corps Soit K un corps (commutatif) et on considère l’anneau K[X]. Proposition 5.2.1 (Division eucludienne). Soient f, g ∈ K[X], g 6= 0. Alors, il existe q, r ∈ K[X] avec f = gq + r avec deg(r)<deg(g). De plus, q et r sont uniques. Démonstration. Exercice Corollaire 5.2.2. Soit f ∈ K[X] et soit a ∈ K. Alors, f (a) = 0 ⇐⇒ (x − a) divise f (x). Démonstration. ⇐= : Évident. =⇒ : Par le théorème, il existe q, r ∈ K[X] avec f (x) = (x − a)q(x) + r(x) et deg(r) < deg(r − a) = 1. Comme deg(r) < 0, on a r ∈ K. On a donc f (x) = (x − a)q(x) + r, donc r = 0. On a donc f (x) = (x − a)q(x), donc x − a divise f . 48 Chapitre 6 Idéaux et anneaux quotients 6.1 Idéal d’anneau Définition 6.1.1. Soit A un anneau et soit I un sous-groupe additif de A. On dit que 1. I est un idéal à gauche si ax ∈ I pour tout a ∈ A et x ∈ I. 2. I est un idéal à droite si xa ∈ I pour tout a ∈ A et x ∈ I. 3. I est un idéal bilatère si I est un idéal à gauche et à droite. Exemples : 1. Soit A = Z, I = mZ avec m ∈ N. Alors, I est un idéal (bilatère) de A. 2. Soit A = K[X] où K un corps et soit P ∈ K[X] un polynôme. Alors, I = P K[X] est un idéal (bilatère) de A. 3. Soit A = M2 (R) et soit I = A I estun sous-groupe de A. x z Soit On a x z y t a b ∈ M2 (R) et soit y t a b 0 0 = 0 0 a b ax + by az + bt | a, b ∈ R . Alors, I est un idéal à gauche de 0 0 = 0 0 a b ∈ I. ∈ I, donc I est un idéal à gauche de A. Remarquons que I n’est pas un idéal à droite : a b 0 0 x z y t = ax bz ay bt et ay, bt ne sont pas nuls en général. 4. A = M2 (R), J = a 0 b 0 | a.b ∈ R . Alors, J est un idéal à droite de A, mais pas un idéal à gauche. Définition 6.1.2. On dit qu’un idéal I est propre si I 6= {0} , A. Proposition 6.1.3. Un corps n’a aucun idéal propre. 49 6.2. ANNEAU QUOTIENT 6 Démonstration. Soit K un corps et soit I un idéal de K. Supposons que I 6= {0}. Soit x ∈ I, x 6= 0. Il existe y ∈ K tel que xy = 1. Comme I est un idéal et x ∈ I, on a xy = 1. Comme I est un idéal et x ∈ I, on a xy ∈ I, donc 1 ∈ I. On a donc K ⊂ I. En effet, soit a ∈ K, alors a = a1 ∈ I. Alors, par définition, I ⊂ K et donc I = K. 6.2 Anneau quotient Soit A un anneau et soit I un idéal bilatère de A. On a donc le groupe quotient A/I et l’homomorphisme de groupes canonique π : A −→ A/I. Si a ∈ A, notons ā = π(a). ¯ Montrons que ceci est bien défini. Soient a0 , b0 ∈ A Soient ā, b̄ ∈ A/I. Posons ā · b̄ = ab. ¯ tel que ā0 = ā et b̄0 = b̄. Il faut que vérifier que a¯0 b0 = ab. On a a0 = a + x avec x ∈ I et b0 = b + y avec y ∈ I. On a a0 b0 = (a + x)(b + y) = ab + xb + ay + xy . En effet, xb ∈ I comme I est un idéal à droite. | {z } ∈I ay ∈ I, comme I est un idéal à droite et de même pour xy. ¯ Et donc, a¯0 b0 = ab. Alors, π est aussi un homomoprhisme d’anneaux. En effet, on sait déjà que c’est un homomorphisme de groupe. On a π(ab) = π(a)π(b) pour tout a, b ∈ A par définition du produit dans A/I. Proposition 6.2.1 (Propriété universelle de l’anneau quotient). Soit A un anneau et I un idéal bilatère et π : A −→ A/I la projection canonique. Soit B un anneau et soit f : A −→ B un homomorphisme d’anneaux tel que I ⊂ ker(f ). Alors, il existe un unique homomorphisme d’anneaux f¯ : A/I −→ B tel que f¯ ◦ π = f . Donc le diagramme suivant commute. A π f { { { f¯ /B {= A/I Démonstration. Par la propriété du groupe quotient, f¯ : A/I −→ B existe et est unique. On a f¯(ā) = f (a). Vérifions que f¯ est un homomorphisme d’anneaux. On a f¯(āb̄) = ¯ = f (ab) = f (a)f (b) = f¯(ā)f¯(b̄). f¯(ab) Proposition 6.2.2. Soit A un anneau et I ⊂ A. Alors, I est un idéal bilatère de A si et seulement si I est le noyau d’un homomorphisme d’anneaux. Démonstration. =⇒ : Soit I un idéal bilatère de A et soit π : A −→ A/I, l’homomorphisme canonique. Alors, I = ker(π). ⇐= : Soit f : A −→ B un homomorphisme d’anneaux et soit I = ker(f ). On sait déjà que I est un sous-groupe additif de A. Montrons que I est un idéal bilatère. Soit x ∈ I, on a alors f (x) = 0. Soit a ∈ A. On a 50 6.2. ANNEAU QUOTIENT 6 f (ax) = f (a) f (x) = 0. On a donc ax ∈ ker(f ) = I, d’où I est un idéal à gauche. | {z } =0 On a aussi f (xa) = f (x) f (a) = 0. On a donc xa ∈ ker(f ) = I. Donc I est un idéal à | {z } =0 droite. Donc, I est un idéal bilatère. Théorème 6.2.3 (1er théorème d’isomorphisme). Soit f : A −→ B un homomorphisme d’anneaux. Alors, f induit un isomorphisme d’anneaux f¯ : A/ ker(f ) −→ Im(f ). En particulier, si f est surjectif, alors on a un isomorphisme d’anneaux f¯ : A/ ker(f ) −→ B. Démonstration. Par la propriété universelle, on a un homomorphisme d’anneaux unique f¯ : A/ ker(f ) −→ Im(f ). Par le premier théorème d’isomorphisme pour les groupes, on sait que f¯ est bijectif. Donc, f¯ est un isomorphisme d’anneaux. Si de plus, f est surjectif, alors B = Im(f ) et donc on a bien un isomorphisme d’anneaux f¯ : A/ ker(f ) −→ B. Proposition 6.2.4. Soit f : A −→ B un homomorphisme d’anneaux. 1. Supposons que f soit surjectif. Alors, l’image par f d’un idéal à gauche (respectivement à droite où bilatère) de A est un idéal à gauche (respectivement à droite où bilatère) de B. 2. L’image réciproque d’un idéal à gauche (respectivement à droite où bilatère) de B est un idéal à gauche (respectivement à droite où bilatère) de A. Démonstration. i) Soit I un idéal à gauche de A. On sait déjà que f (I) est un sous-groupe additif de B. Soit x ∈ f (I) et b ∈ B. Alors, montrons que bx ∈ f (I). On a x = f (y) avec y ∈ I. Comme f est surjectif, il existe a ∈ A tel que f (a) = b. On a donc bx = f (a)f (y) = f ( ay ) ∈ f (I). |{z} ∈I Donc, f (I) est un idéal à gauche de B. On utilise le même argument pour les idéaux à droite, ce qui nous donnera le résultat pour les idéaux bilatères. ii) Soit J un idéal à gauche de B. Montrons que f −1 (J) est un idéal à gauche de A. On sait déjà que f −1 (J) est un sous-groupe additif de A. Soit x ∈ f −1 (J) et a ∈ A. Montrons que ax ∈ f −1 (J). On a f (x) ∈ J. Comme J est un idéal à gauche, on a f (a)f (x) ∈ J. Mais, f (a)f (x) = f (ax). On a donc f (ax) ∈ J, donc ax ∈ f −1 (J). Donc, f −1 (J) est un idéal à gauche de A. On utilise le même argument pour les idéaux à droite, ce qui nous donnera le résultat pour les idéaux bilatères. 51 6.2. ANNEAU QUOTIENT 6 Exemple : Soit f : Z −→ Q l’inclusion. C’est un homomorphisme d’anneaux non-surjectif. Soit I = 2Z. Alors, I est un idéal de Z. On a f (I) = 2Z. C’est un sous-groupe additif de Q, mais pas un idéal. Théorème 6.2.5. Soit I un idéal bilatère de A. Alors, on a une bijection entre (Idéaux à gauche (reps. à droite, resp. bilatère) de A contenant I) l (Idéaux à gauche (reps. à droite, resp. bilatère) de A/I) Démonstration. Nous savons déjà que la projection canonique π : A −→ A/I induit une bijection Sous-groupe de A contenant I ←→ Sous groupe de A/I Nous savons que π est un homomorphisme d’anneau surjectif. Il suffit donc de vérifier que l’image d’un idéal à gauche (resp. à droite, resp. bilatère) par π est un idéal à gauche (resp. à droite, resp. bilatère). Ceci est une conséquence de la proposition précédente. Exemple : A = Z, I = 5Z, alors (Idéaux de Z contenant 5Z) ←→ (Idéaux de Z/5Z) (Z, 5Z) ←→ (Z/5Z, {0}) Opérations sur les idéaux : Soient I, J deux idéaux à gauche (reps. à droite, resp. bilatères). On définit IJ = ( n X ) ai bi | ai ∈ I, bi ∈ J, n ∈ N . i=1 Alors, I ∩ J, IJ, I + J sont des idéaux à gauche (reps. à droite, resp. bilatères). Remarque : Si I et J sont bilatères, alors IJ ⊂ I ∩ J. En effet, soient a ∈ I et b ∈ J. Alors, ab ∈ I ∩ J. Exemples : 1. A = Z, I = 2Z, J = 3Z. On a IJ = 6Z, I ∩ J = 6Z, I + J = Z par Bezout. 2. A = Z, I = 2Z, J = 4Z. On a IJ = 8Z, I ∩ J = 4Z, I + J = 2Z Théorème 6.2.6 (2ème théorème d’isomorphisme). Soit B un sous-anneau de A et soit I un idéal bilatère de A. Alors, B + I est un anneau et I est un idéal bilatère de B + I. On a un isomorphisme d’anneaux ∼ B/(I ∩ B) (B + I)/I = Démonstration. On a un homomorphisme d’anneaux f :B /B + I π / B + I/I 4 Par le 2ème théorème d’isomorphisme pour les groupes, on sait que f est surjectif et que ker(f ) = I ∩ B. Donc par le 1er théorème d’isomorphisme, f induit un isomorphisme d’anneaux (B + I)/I ∼ = B/(I ∩ B). 52 6.2. ANNEAU QUOTIENT 6 Exemple : Montrer que Z + 5Z[i]/5Z[i] ∼ = Z/5Z = F5 . Posons A = Z[i] = {a + bi | a, b ∈ Z} et I = 5Z[i] est un idéal de A. Soit B = Z, alors par le 2ème théorème d’isomorphisme, on a (B + I)/I ∼ = B/(I ∩ B). On a I ∩ J = 5Z. Donc, ∼ on a bien Z + 5Z[i]/5Z[i] = Z/5Z = F5 Théorème 6.2.7 (3ème théorème d’isomorphisme). Soient I et J deux idéaux bilatères de A avec J ⊂ I. Alors, on a un isomorphisme d’anneaux A/I ∼ = (A/J)/(I/J). Démonstration. On a un homomorphisme d’anneaux f :A π π 0/ / A/J (A/J)/(I/J) 3 Par le 3ème théorème d’isomorphisme pour les groupes, on sait que f est surjectif et que ker(f ) = I. Donc, f induit un isomorphisme d’anneaux A/I ∼ = (A/J)/(I/J). Corollaire 6.2.8. Soient J, J 0 deux idéaux bilatères de A. Alors, on a un isomorphisme d’anneaux (A/J)/[(J + J 0 )/J] ∼ = (A/J 0 )/[(J + J 0 )/J 0 ]. Démonstration. Posons I = J + J 0 . Alors, J ⊂ I, alors par le 3ème théorème d’isomorphisme , on a A/(J + J 0 ) = A/I ∼ = (A/J)/(I/J) = (A/J)/[(J + J 0 )/J] On a aussi J 0 ⊂ I, alors en réutilisant le 3ème théorème d’isomorphisme , on a A/(J + J 0 ) = A/I ∼ = (A/J 0 )/(I/J 0 ) = (A/J 0 )/[(J + J 0 )/J 0 ]. Et ainsi, on a montré le résultat. 53 Chapitre 7 Anneaux commutatifs 7.1 Idéaux premiers et maximaux Dans ce chapitre, nous considérerons toujours un anneau A commutatif. Définition 7.1.1. i) Soit I un idéal de A et supposons I 6= A. On dit que I est un idéal premier si pour tout a, b ∈ A, on a ab ∈ I =⇒ a ∈ I ou b ∈ I. ii) On dit que I est un idéal maximal si pour tout idéal J de A tel que I ⊂ J, on a soit I = J, soit J = A, i.e. I ⊂ J ⊂ A. Proposition 7.1.2. Soit I un idéal de A tel que I 6= A. Alors, on a i) I est un idéal premier de A ⇐⇒ A/I est un anneau intègre. ii) I est un idéal maximal de A ⇐⇒ A/I est un corps. Démonstration. i) I n’est pas un idéal premier ⇐⇒ ∃a, b ∈ A tel que a ∈ / I, b ∈ / I, mais ab ∈ I ⇐⇒ ∃ā, b̄ ∈ A/I tel que ā 6= 0, b̄ 6= 0, mais āb̄ = 0 ⇐⇒ A/I a des diviseurs de 0 ⇐⇒ A/I est un corps. ii) On a une bijection entre X = (idéaux de A contenant I) et X̄ = (idéaux de A/I). I est un idéal maximal ⇐⇒X = {I, A} ⇐⇒X̄ = {{0} , A/I} ⇐⇒A/I est un corps. Corollaire 7.1.3. Tout idéal maximal est premier. 54 7.2. THÉORÈME CHINOIS 7 Démonstration. En effet, I maximal =⇒ A/I est un corps =⇒ A/I est un anneau intègre =⇒ I est un idéal premier. 1. A = Z. Soit p un premier et soit I = pZ. Alors, A/I = Z/pZ = Fp est un corps. Alors I = pZ est un idéal maximal, donc premier. 2. A = Z[X]. Posons I = XZ[X]. Alors, I est un idéal de A. On a A/I = Z[X]/XZ[X] ∼ = Z. En effet, considérons l’homomorphisme d’anneaux f : Z[X] −→ Z défini par p(x) 7→ p(0) avec p(x) = an xn + . . . + a0 et donc p(0) = a0 . Alors, f est surjectif et ker(f ) = XZ[X] = I. Par le 1er théorème d’isomorphisme, on a un isomorphisme d’anneaux A/I ∼ = Z[X]/XZ[X] ∼ = Z. Comme Z est un anneau intègre, l’idéal I = XZ[X] est premier. Mais Z n’est pas un corps et donc I n’est pas maximal. 3. A = R[X] et posons I = XR[X]. Alors, I est un idéal de A. On a A/I ∼ = R[X]/XR[X] ∼ = R. Par le même raisonnement, I est un idéal maximal, car R est un corps. De plus, on a directement que I est premier. 7.2 Théorème chinois Lemme 7.2.1. Soient I, J deux idéaux de A tels que I + J = A. Alors IJ = I ∩ J. Démonstration. Nous savons déjà que IJ ⊂ I ∩ J. Montrons que I ∩ J ⊂ IJ. On a I + J = A, donc il existe a ∈ I et b ∈ J tels que a + b = 1. Soit x ∈ I ∩ J. Alors, x = x · 1 = x(a + b) = xa + xb, mais x ∈ I ∩ J ⊂ J, donc xa ∈ IJ, car x ∈ J, a ∈ I. On a aussi x ∈ I ∩ J ⊂ I, donc xb ∈ IJ, car x ∈ I, b ∈ J. Donc, x = xa + xb est aussi dans IJ. On a donc I ∩ J ⊂ IJ. Donc IJ = I ∩ J. Théorème 7.2.2 (Théorème chinois). Soit A un anneau commutatif. Soient I et J deux idéaux de A tel que I + J = A. Alors, A/IJ ∼ = A/I × A/J. Démonstration. cf.Exercice 2, Série 20 Cas particulier : On prend A = Z et I = nZ et J = mZ avec (m, n) = 1. Alors, I + J = nZ + mZ = (n, m)Z = Z et on a bien Z/(mn)Z ∼ = Z/nZ × Z/mZ. 55 7.3. ANNEAUX PRINCIPAUX ET ANNEAUX FACTORIELS 7.3 7 Anneaux principaux et anneaux factoriels Soit A un anneau commutatif. Définition 7.3.1. Soit X ⊂ A. On appelle idéal engendré par X le plus petit idéal de A (au sens de l’inclusion) contenant X. C’est l’intersection de tous les idéaux de A contenant X. On le note hXi. On peut montrer que hXi = {a1 x1 + · · · + an xn | n ∈ N, x1 , . . . , xn ∈ X, a1 , . . . , an ∈ A} . En particulier, si X = {a} , a ∈ A, alors hXi = aA = {ba | b ∈ A}. On dit que a est un générateur de hXi et par abus de notation, on écrit h{a}i = hai. Définition 7.3.2. i) Soit I un idéal de A. On dit que I est principal s’il existe a ∈ A tel que I = hai. ii) Soit A un anneau commutatif intègre. On dit que A est principal si tout idéal de A est principal. Désormais, on suppose que A est intègre et on note A∗ l’ensemble des unités de A. Définition 7.3.3. Soit a, b ∈ A. On dit que a divise b et on écrit a|b s’il existe c ∈ A tel que b = ac = ca. Définition 7.3.4. Soient a, b ∈ A. On dit que a est associé à b s’il existe u ∈ A∗ tel que a = ub. La relation "être associé à" est une relation d’équivalence sur A. Lemme 7.3.5. Soient a, b ∈ A − {0}. Alors, a et b sont associés ⇐⇒ hai = hbi. Démonstration. ⇒ : On suppose que a et b sont associés, alors il existe u ∈ A∗ tel que a = ub. Il s’ensuit que a ∈ hbi, d’où hai ⊆ hbi. De même, on a b = u−1 a, d’où hbi ⊆ hai. Ainsi, hai = hbi. ⇐ : Réciproquement, on suppose hai = hbi. De a ∈ hai = hbi, on déduit qu’il existe x ∈ A tel que a = bx. De b ∈ hbi = hai, on déduit qu’il existe y ∈ A tel que b = ay. Il suit que a = bx = (ay)x = a(yx). Puisque A est intègre, on obtient 1 = xy = yx, donc x, y ∈ A∗ . Donc, a et b sont bien associés. Définition 7.3.6. Soit a ∈ A. On dit que a est irréductible si a 6= 0 et a ∈ / A∗ et si pour tout x, y ∈ A (a = xy ⇒ x ∈ A∗ ou y ∈ A∗ ). Définition 7.3.7. Soit A un anneau commutatif intègre. On dit que A est factoriel si pour tout a ∈ A − {0}, i) il existe r ∈ N et p1 , p2 , . . . , pr ∈ A irréductibles tel que a = p1 p2 · · · pr . ii) Si a = p1 p2 . . . pr et a = q1 q2 . . . qs sont deux décompositions de a en produits de facteurs irréductibles, alors r = s et il existe σ ∈ Sr telle que qσ (i) soit associé à pi . 56 7.3. ANNEAUX PRINCIPAUX ET ANNEAUX FACTORIELS 7 Exemple : Z est un anneau factoriel. 6 = 2 · 3 = (−3) · (−2) sont deux décompositions de 6 en produits de facteurs irréductibles. Lemme 7.3.8. Soit A un anneau commutatif intègre et soit a ∈ A − {0}. Si hai est premier, alors a est irréductible. Démonstration. On suppose que hai soit premier. Par suite, hai = 6 A, donc a ∈ / A∗ . Soient x, y ∈ A tels que a = xy. Alors, xy ∈ hai. Comme hai est premier, on a que x ∈ hai ou y ∈ hai. Si x ∈ hai, il existe z ∈ A tel que x = az. Il vient a = xy = (az)y = a(zy), d’où 1 = zy = yz. Par suite, y est inversible. De même, y ∈ hai, alors x ∈ A∗ . Ainsi, a est irréductible. Lemme 7.3.9. Soit A un anneau factoriel. Soit a ∈ A, alors a est irréductible ⇐⇒ hai est premier. Démonstration. Cf.Exercice Lemme 7.3.10. Soit A un anneau principal. Soit a ∈ A − {0}. Les conditions suivantes sont équivalentes : i) a est irréductible ; ii) hai est premier ; iii) hai est maximal. Démonstration. On a toujours iii) ⇒ ii) ⇒ i). Montrons que i) ⇒ iii). On suppose que a est irréductibl. Soit I un idéal de A tel que hai ⊆ I ⊆ A. Comme A est principal, il existe b ∈ A tel que I = hai. De a ∈ hai ⊆ hbi, on déduit qu’il existe x ∈ A tel que a = bx. Du fait que a est irréductible, b ∈ A∗ ou x ∈ A∗ . Dans le premier cas, I = hbi = A. Dans le second, a et b sont associés et donc I = hai = hbi. Donc, hai est maximal. Théorème 7.3.11. Tout anneau principal est factoriel. Pour démontrer ce théorème, nous avons besoin des deux résultats suivant. Proposition 7.3.12. Soit A un anneau principal, alors tout ensemble non-vide d’idéaux de A totalement ordonné par l’inclusion admet une borne supérieur. Proposition 7.3.13. Soit A un anneau principal. Alors, tout ensemble non-vide d’idéaux de A ordonné par l’inclusion admet un élément maximal. Démonstration. Par la proposition précédente, tout sous-ensemble non-vide totalement ordonné de l’ensemble d’idéaux I considéré admet une borne supérieur. Par conséquent, l’ensemble est inductif. Par le lemme de Zorn, I admet un élément maximal. 57 7.4. CARACTÉRISTIQUE D’UN ANNEAU 7 Démonstration du théorème. Soit A un anneau principal. Montrons que A est factoriel. i) Existence de la décomposition en produit de facteurs irréductibles : Par l’absurde, on suppose que l’ensemble E des éléments non-nuls de A ne se décomposant pas en produit de facteurs irréductibles et non-vides. Soit I = {hai | a ∈ A}. Ainsi, I est une famille non-vide d’idéaux de A. Par la proposition précédente, il existe a0 ∈ E tel que ha0 i soit un élément maximal de I. Puisque a0 ∈ E, a0 n’est pas irréductible. Il existe donc x, y ∈ A, x, y ∈ / A∗ tel que a0 = xy. On a a0 ∈ hxi, donc ha0 i ⊆ hxi. De même, ha0 i ⊆ hyi. Du fait que y ∈ / A∗ , a0 et x ne sont pas associés, donc ha0 i = 6 hxi. Donc, on a ha0 i ⊂ hxi et ha0 i ⊂ hyi. Par maximalité de ha0 i dans I, on a hxi ∈ / I et hyi ∈ / I, donc x, y ∈ / E. Ainsi, x = p1 · · · pr et y = q1 · · · qs se décomposent en produits de facteurs irréductibles. il en va donc de même de a0 = xy = p1 · · · pr q1 · · · qs . Contradiction ! Par conséquent, E = ∅, donc tout élément non-nul de A s’écrit comme produit de facteurs irréductibles. ii) Unicité de la décomposition : Soit a ∈ A − {0}. Soient a = p1 p2 · · · pr = q1 q2 · · · qs deux décompositions de a en produits de facteurs irréductibles. On a q1 · · · qs ∈ hp1 i. Comme A est principal et que p1 est irréductible, ip1 h est premier. Donc, l’un des qj ∈ hp1 i. Quitte à renuméroter les qj , on peut supposer que c’est q1 . On a donc q1 ∈ hp1 i, d’où q1 = p1 x avec x ∈ A. Comme q1 et p1 sont irréductibles, x ∈ A∗ . Par suite, q1 et p1 sont associés, donc hq1 i = hp1 i. En raisonnant par récurrence sur r, on voit que s = r et que les qj correspondent bijectivement aux pi , à éléments inversibles près. Proposition 7.3.14. Soit K un corps et soit A = K[X]. Alors, A est un anneau principal. Démonstration. Il est clair que A est intègre. Montrons que tout idéal de A est principal. Soit I un idéal non-nul de A. Soit g ∈ I avec g 6= 0 et tel que pour tout g 0 ∈ I, g 0 6= 0., deg(g)<deg(g 0 ). Soit f ∈ I. Alors, il existe q, r ∈ A = K[X] tel que f = qg + r et deg(r)<deg(g). On a r = f − gq ∈ I. On a de plus deg(r)<deg(g). Donc, par minimalité de deg(g), on a r = 0. Donc, f = gq, d’où I = gA = hgi. Donc I est principal. Corollaire 7.3.15. K[X] est un anneau factoriel. Les élément irréductibles de K[X] sont les polynômes irréductibles. 7.4 Caractéristique d’un anneau Soit A un anneau commutatif. 58 7.5. ANNEAUX INTÈGRES ET CORPS DE FRACTIONS 7 Proposition 7.4.1. Il existe un unique homomorphisme d’anneau f : Z −→ A. Démonstration. Unicité : Soit f : Z −→ A un homomorphisme d’anneaux. On a f (1) = 1A . Soit n ∈ N, alors f (n) = f (1 + 1 +{z. . . + 1}) = f (1) + f (1) + · · · + f (1) = 1A + 1A + · · · + 1A = n1A | n fois | {z n fois } | {z n fois } et f (−n) = −f (n) = −n1A . Donc f est uniquement déterminée. Existence : On définit f : Z −→ A par f (n) = 1A +· · ·+1A pour n ∈ N et f (−n) = −f (n). Alors, f est un homomorphisme d’anneaux. Soit f : Z −→ A l’unique homomorphisme d’anneaux, alors ker(f ) = nZ, avec n ∈ N. Définition 7.4.2. On pose car(A) = n la caractéristique de l’anneau A. 1er cas : n = 0, alors f : Z −→ A est injectif, donc A contient un sous-anneau isomorphe à Z. Exemples : Z, Q, R, C, Z[X]. Remarque : Si car(A)=0, alors A est infini. 2ème cas : n > 0, alors le noyau de f est non-nul. ker(f ) = nZ 6= {0}. Par la propriété universelle des anneaux quotients, f induit f¯ : Z/nZ −→ A, un homomorphisme d’anneaux. Donc, A contient un sous-anneau isomorphe à Z/nZ. Exemples : Z/nZ, (Z/nZ)[X]. Remarque : car(A) = n ⇐⇒ 1A + . . . + 1A = 0A avec n minimal. Proposition 7.4.3. Soit A un anneau intègre. Alors, car(A) = 0 ou car(A) = p avec p un nombre premier. Démonstration. Supposons car(A) = n = rs avec r, s ∈ N et r, s > 1. Soit f : Z −→ A l’unique homomorphisme d’anneaux. Soient a = f (r), b = f (s). On a a 6= 0, b 6= 0, car r, s ne sont pas des diviseurs de n. D’autre part, ab = f (r)f (s) = f (rs) = f (n) = 0. Donc, A n’est pas intègre. 7.5 Anneaux intègres et corps de fractions Soit A un anneau intègre. Proposition 7.5.1. Soient a, b, c ∈ A avec c 6= 0. Si ac = bc, alors a = b. 59 7.5. ANNEAUX INTÈGRES ET CORPS DE FRACTIONS 7 Démonstration. En effet, si ac = bc, alors (a − b)c = 0. Comme A est intègre et c 6= 0, on a a − b = 0. Donc, a = b. Construction du corps des fractions de A : On définit une relation d’équivalence sur A × (A − {0}). (a, b) ∼ (a0 , b0 ) ⇐⇒ ab0 = ba0 . On note ab la classe d’équivalence de (a, b) et on note K l’ensemble des classes d’équivalences. On a donc K = ab | a, b ∈ A, b 6= 0 . Alors, K est un corps appelé corps des fractions de A. Exemples : 1. A = Z, alors K = Q. 2. A = k[X] où k est un corps, K = k(x) = K = k(X), le corps des fonctions sur k. n f g o | g, g ∈ k[X], g 6= 0 . On appelle Soit A un anneau intègre et K le corps des fraction de A. Alors, K contient un sous-anneau isomorphe à A. 60 Chapitre 8 Corps 8.1 Extensions de corps Soit K un corps. Définition 8.1.1. Une extension de corps L de K est un corps L qui contient K en tant que sous-corps. Notations : L/K. Exemples : R/Q , C/R , C/Q , Q(X)/Q , Fp (X)/Fp . Remarque : Si L/K est une extension de corps, alors L est un espace vectoriel sur K. Définition 8.1.2. Le degré de l’extension L/K, noté [L : K] est par définition la dimension de L en tant qu’espace vectoriel sur K, i.e., [L : K] = dimK (L). Exemples : 1. [R : Q] = ∞ ; 2. [C : R] = 2 ; 3. [C : Q] = ∞ ; 4. [Q(X) : Q] = ∞ ; 5. [Fp (X) : Fp ] = ∞. Proposition 8.1.3. Soient M/L et L/K deux extensions. Alors [M : K] = [M : L] = [L : K]. Démonstration. cf. Exercices 8.2 Extensions algébriques et extensions transcendantes Soit L/K une extension de corps et soit α ∈ L. 61 8.3. EXTENSIONS MONOGÈNES 8 Définition 8.2.1. On dit que α est algébrique sur K s’il existe f ∈ K[X] avec f (α) = 0. On dit que α est transcendant sur K si α n’est pas algébrique sur K. Exemples : 1. C/R, α = i. Alors, i est algébrique sur R. Soit f (x) = x2 + 1 ∈ R[X], alors f (i) = 0. √ 2. R/Q, α = 3 2. Alors, α est algébrique sur Q. Soit f (x) = x3 − 2 ∈ Q[X], alors √ f ( 3 2) = 0. 3. R/Q, α = π. Alors, π est transcendant sur Q, mais il est difficile de le montrer. Définition 8.2.2. On dit que L/K est une extension algébrique si tout α ∈ L est algébrique sur K. On dit que L/K est une extension transcendante si elle n’est pas algébrique. Définition 8.2.3. Soit α ∈ C. On dit que α est un nombre algébrique si α est algébrique sur Q et on dit que α est un nombre transcendant si α est transcendant sur Q. √ Exemple : 3 2 est un nombre algébrique et π est un nombre transcendant. 8.3 Extensions monogènes Soit L/K une extension de corps et soit α ∈ L, On a l’homomorphisme d’anneaux ev α : K[X] −→ L f (X) 7−→ f (α) On note K[α] l’image de evα . Remarquons que K[α] est le plus petit sous-anneau de L contenant K et α. Comme K[α] est un sous-anneau du corps K, alors K[α] est un anneau intègre. On note K(α) son corps des fractions. Alors, K(α) est une extension de K, appelée extension monogène. 1er cas : α algébrique sur K ⇐⇒ evα n’est pas injectif. ⇐⇒ ker(evα ) 6= {0} ⇐⇒ ker(evα ) est un idéal non-nul de K[X]. ⇐⇒ ker(evα ) = hgi avec g ∈ K[X], g 6= 0. On a evα : K[X] −→ K[α] ⊂ L. Par le 1er théorème d’isomorphisme, on a un isomorphisme d’anneaux et donc K[X]/hgi ∼ = K[α] ⊂ L. 62 8.4. CONSTRUCTION D’EXTENSIONS MONOGÈNES 8 Comme K[α] est intègre, hgi est un idéal premier de K[X]. De plus, K[X] est un anneau principal, donc hgi est aussi maximal. On a donc g ∈ K[X] est irréductible. Comme hgi est un idéal maximal de K[X], on a que K[X]/hgi est un corps. Donc, K[α] ∼ = K[X]/hgi est un corps, d’où K[α] = K(α). On peut supposer g ∈ K[X] unitaire. On appelle g le polynôme minimal de α. Proposition 8.3.1. [K(α) : K] = deg(g). Démonstration. cf.Exercices 2ème cas : α est transcendant sur K ⇐⇒ evα est injectif. ∼ K[X]. On a alors K[α] = Corollaire 8.3.2. α est algébrique sur K ⇐⇒ K[α] est un corps (K[α] = K(α)) ⇐⇒ [K(α) : K] < ∞. Proposition 8.3.3. Soient α, β ⊂ L algébrique sur K, ayant le même polynôme minimal. Alors, K(α) ∼ = K(β). Démonstration. En effet, soit f ∈ K[X] le polynôme commun de α et β. Alors, K(α) ∼ = K(β). = K[X]/(f ) ∼ Exemple : K = Q, L = C, α = commun est x3 − 2. On a donc Q(α) ∼ = Q(β). 8.4 √ 3 √ 2iπ 2, β = ω 3 2 où ω = e 3 . Alors le polynôme minimal Construction d’extensions monogènes Soit K un corps et soit f ∈ K[X]. irréductible (et unitaire). Posons L ∼ = K[X]/(f ). C’est un corps, extension de K. Considérons l’homomorphisme canonique π : K[X] −→ L = K[X]/(f ) x 7−→ π(x) = α. Posons α = π(x) ∈ L. Alors, L = K(α) et on a f (α) = 0. On a donc un corps L, extension de K contenant une racine α de f . On a [L : K] = deg(f ). Exemples : 1. K = Q, f (X) = X 2 + 1, alors Q[X]/(f ) ∼ = Q(i) ⊂ C. 2 2. K = F2 , f (X) = X + X + 1 ∈ F2 [X]. Alors, f est irréductible et alors F2 (α) = F2 /(x2 + x + 1) est un corps, où f (α) = 0. On a deg(f ) = 2, donc [F2 (α) : F2 ] = 2. On a F2 (α) = {a + bα | a, b ∈ F2 }. Alors, ]F2 = 4. On a donc construit un corps fini à 4 éléments. 63 8.5. CORPS FINIS 8 Proposition 8.4.1. Soit K un corps et f ∈ K[X]. Alors, il existe une extension L/K contenant toutes les racines de f . Démonstration. Par récurrence sur deg(f ). - deg(f ) = 1, clair. - Supposons deg(f ) > 1. Soit g ∈ K[X] un facteur irréductible de f . On considère K[X]/(g) = K(α). On a f (X) = (X − α)h(X) avec h ∈ K(α)[X] et deg(h) < deg(f ). Par hypothèse de récurrence, il existe un corps L contenant K(α) et toutes les racines de h. Alors, L contient K et toutes les racines de f . 8.5 Corps finis Soit p un nombre premier. Alors Fp est un corps fini à p-éléments. Il y en a d’autres, par exemple, F2 (α) = F2 [X]/(X 2 + X + 1) est un corps fini à 4 éléments. Nous verrons les résultats suivants : 1. Soit K un corps fini. Alors, il existe un nombre premier p et n ∈ N tel que ]K = pn . 2. Pour tout nombre premier p et tout n ∈ N, il existe un corps fini K avec ]K = pn . 3. Deux corps finis ayant le même nombres d’éléments sont isomorphes. Proposition 8.5.1. Soit K un corps fini. Alors il existe un nombre premier p et n ∈ N tel que ]K = pn . Démonstration. Comme K est fini, on a car(K) 6= 0. En effet, tout corps de caractéristique nul contient un sous-groupe isomorphe à Z, donc est infini. Ainsi, car(K) > 0. Nous avons vu que la caractéristique d’un anneau intègre est un nombre premier. Donc, il existe un premier p tel que car(K) = p. Alors, K contient un sous-corps isomorphe à Fp . Donc, K est une extension de Fp . On a [K : Fp ] = n < ∞. On a donc K = {a1 e1 + . . . + an en | ai ∈ Fp } où e1 , . . . , en ∈ K forment une base de K sur Fp . On a donc ]K = pn . Remarque : Soit K un corps fini à pn éléments. Posons q = pn . Alors, K ∗ est un groupe fini à q − 1 éléments. Soit a ∈ K ∗ . Alors, par le théorème de Lagrange, on a aq−1 = 1. Donc, a est racine de X q−1 − 1 ∈ Fp . Tout élément de K est racine de X q − X ∈ Fp . Lemme 8.5.2. Soit K un corps et soit f ∈ K[X]. Supposons que le polynôme f ∈ K[X] et f 0 ∈ K[X] où (f 0 est la dérivée de f ) n’ont pas de racines communes. Alors, toutes les racines de f sont distinctes. Démonstration. Supposons que f ait une racine multiple. Alors, f (x) = (x − a)2 g(x). Alors, on a f 0 (x) = 2(x − a)g(x) + (x − a)2 g 0 (x). Donc, a est aussi une racine de f 0 et donc f et f 0 ont une racine commune. 64 8.5. CORPS FINIS 8 Théorème 8.5.3. Soient un nombre premier p et n ∈ N, alors il existe un corps fini K avec ]K = pn . Démonstration. Posons q = pn . Soit F (X) = X q −X ∈ Fp [X]. Alors, il existe une extension E/Fp contenant toutes les racines de F . Posons K = {a ∈ E | aq = a} = {a ∈ E | F (a) = 0} . Montrons que K est un corps. Soient a, b ∈ K, alors aq = a et bq = b. A montrer : a + b, a − b, ab, a−1 ∈ K. 1. (ab)q = aq bq = ab, donc ab ∈ K. 2. (a + b)q = aq + +bq = aq + bq = a + b ∈ K. De même pour a − b. p(. . .) | {z } =0, carcar(E)=P 3. Supposons a 6= 0, a ∈ K. Alors, a−1 ∈ E. On a aq = a, donc (a−1 )q = (aq )−1 = a−1 , donc a−1 ∈ K. On a donc que K est un sous-corps de E. Montrons encore que ]K = q. Pour cela, montrons que les racines de F (X) = X q − X ∈ Fp sont disctintes. On a F 0 (X) = qxq−1 −1 ∈ Fp [X], donc F 0 (X) = −1 ∈ Fp [X]. | {z } =0 Donc, F 0 n’a aucune racine. On a donc que F et F 0 n’ont aucune racine en commun. Par le lemme ..., ceci entraîne que toutes les racines de F sont distinctes. Donc ]K = q. Théorème 8.5.4. Soit K un corps fini. Alors le groupe multiplicatif K ∗ est cyclique. Démonstration. Le groupe K ∗ est un groupe abélien. Par le théorème de structure des groupes abéliens finis, on sait que K ∗ = Cd1 × · · · × Cdr où Cdi est le groupe cyclique d’ordre di , et d1 |d2 | · · · |dr . On a ]K ∗ = d1 · · · dr . Comme d1 |d2 | · · · |dr , on a, pour tout x ∈ K ∗ , que xdi = 1. Ceci implique que tout x ∈ K ∗ est racine de polynôme X dr − 1 ∈ Fp [x] ; où p =car(K). Nous savons qu’un polynôme de degré dr a au plus dr racines. On a donc ]K ∗ ≤ dr et d’autre part, ]K ∗ = d1 · · · dr . Ceci entraîne que r = 1, donc K∗ ∼ = Cdr . Donc K ∗ est cyclique. Exemples : 1. K = F2 [X]/(X 2 + X + 1) = F2 (α) avec α2 + α + 1 = 0. K = {0, 1, α, α + 1} ; K ∗ = {1, α, α + 1} ; alors ]K = 4 et ]K ∗ = 3. 65 8.5. CORPS FINIS 8 On a K ∗ = hαi = hα + 1i. En effet, α2 = α + 1, α3 = α(α + 1) = α2 + α = 1. (α + 1)2 = α2 + 1 = α, (α + 1)3 = α(α + 1) = α2 + α = 1. 2. K = F3 [X]/(X 2 + 1) ; X 2 + 1 ∈ F3 [X] est irréductible. En effet, on a 0 + 1 6= 0, 1 + 1 6= 0, 4 + 1 6= 0. Ainsi, on a bien un corps K ∼ = F3 (α) à 32 = 9 éléments. K = 0, 1, 2, α, 2α, α + 1, α + 2, 2α + 1, 2α + 2 avec α2 + 1 = 0, donc α2 = 2 K ∗ = 1, 2, α, 2α, α + 1, α + 2, 2α + 1, 2α + 2 et ]K ∗ = 8. Est ce que K ∗ = hαi ? On a α2 = 2, α3 = 2α, α4 = 4 ≡ 1, donc K ∗ 6= hαi. Par contre, K ∗ = hα + 1i. On a (α + 1)2 = α2 + 2α + 1 = 2 + 2α + 1 = 3 + 2α = 2α 6= 1, (α + 1)4 = (2α)2 = 4α2 = α2 = 2 6= 1 et (α + 1)8 = 22 = 1. Proposition 8.5.5. Soit K un corps fini de caractéristique p. Alors il existe α ∈ K tel que K = Fp (α). Démonstration. Par le théorème précédent, il existe α ∈ K ∗ tel que K ∗ =< α >. Remarquons que hαi ⊆ Fp (α) et hαi ⊂ Fp (α)∗ . On a aussi Fp (α) ⊂ K, donc Fp (α)∗ ⊂ K ∗ , donc hαi ⊂ Fp (α)∗ ⊂ K ∗ . Comme hαi = K ∗ , on a donc hαi = Fp (α)∗ = K ∗ , d’où K = Fp (α). Corollaire 8.5.6. Soit K un corps fini de caractéristique p. Alors il existe f ∈ Fp [X] irréductible tel que K∼ = Fp [X]/(f ). Démonstration. En effet, il existe α ∈ K tel que K = Fp (α). Soit f ∈ Fp [X] le polynôme minimal de α. Alors K ∼ = Fp [X]/(f ). Corollaire 8.5.7. Soit p un nombre premier et n ∈ N. Alors il existe un polynôme irréductible f ∈ Fp [X] avec deg(f ) = n. Démonstration. Il existe un corps fini K à pn éléments. Par le corollaire précédent, il existe un polynôme irréductible f ∈ Fp [X] tel que K ∼ = Fp [X]/(f ). Alors deg(f ) = [K : Fp ] = n. Proposition 8.5.8. Soit p un nombre premier et n ∈ N. Soit f ∈ Fp [X] irréductible et deg(f ) = n. Alors f n divise le polynôme X p − X ∈ Fp [X]. n Démonstration. Posons F (X) = X p − X ∈ Fp [X]. Montrons la proposition par l’absurde. Supposons que f ne divise pas F . Comme f est irréductible, ceci entraîne que f et F sont 66 8.5. CORPS FINIS 8 premiers entre eux. Par l’identité de Bezout, il existe g, h ∈ Fp [X] tels que f (X) · g(X) + F (X) · h(X) = 1. (?) Soit K = Fp [X]/(f ) = Fp (α). On a f (α) = 0. On a aussi F (α) = 0. En effet, ]K = pn . n n On a donc pour tout a ∈ K, que ap = a. En particulier, αp = α. Donc F (α) = 0. Remplaçons X par α dans (?). On obtient f (α) g(α) + F (α) h(α) = 0 = 1, donc contra| {z } | {z } =0 =0 diction. Donc f divise F , ce qui démontre la proposition. Théorème 8.5.9. Deux corps finis ayant le même nombre d’éléments sont isomorphes. Démonstration. Soient K et L deux corps finis, ]K = ]L = pn avec p un nombre premier. On sait qu’il existe f ∈ Fp [X] tel que K ∼ = Fp [X]/(f ) = Fp (α), avec f (α) = 0. (f n p irréductible). Posons F (X) = X − X. Par la proposition précédente, f divise F . On a ]L = pn . Donc, pour tout a ∈ L, on a n ap = a. Ceci entraîne que tout a ∈ L est racine de F . D’autre part, f divise F . Donc il existe β ∈ L tel que f (β) = 0. Le polynôme minimal de β est égal à f , car f est irréductible. Donc Fp (β) ∼ = Fp [X]/(f ). n On a Fp (β) ⊂ L. Mais ]Fp (β) = p . Donc Fp (β) = L. ∼ Fp [X]/(f ) = ∼ Fp (β) = L, donc K = ∼ L. On a donc K = Fp (α) = Notation : Soit p un nombre premier, et soit n ∈ N. Posons q = pn . On note Fq le corps fini à q éléments, unique à isomorphisme près. Exemple : F9 Soit f (X) = X 2 + 1 ∈ F3 [X], et soit K = F3 [X]/(f ). Alors f est irréductible, donc K est un corps fini à 9 éléments. On a K ∼ = F9 . 2 Soit g(X) = X + X + 2 ∈ F3 [X]. Alors g est irréductible. Posons L = F3 [X]/(g). Alors L est un corps fini à 9 éléments. Donc L ∼ = F9 . On a donc K ∼ = L. Proposition 8.5.10. Soit K un corps fini à q = pn éléments et soit E/K une extension. Alors K = {a ∈ E | aq = a} . Démonstration. On sait déjà que K ⊂ {a ∈ E | aq = a}. Comme ]K = q, on a égalité. 2 Soit K un corps. On note K 2 = a2 | a ∈ K et K ∗ = a2 | a ∈ K ∗ . Proposition 8.5.11. 2 Soit K un corps fini de caractéristique 2. Alors K ∗ = K ∗ . Démonstration. cf.exercice 4, série 25 67 8.6. CORPS DES RACINES 8 Proposition 8.5.12. Soit K un corps fini, avec car(K) 6= 2. Soit q = ]K. Soit a ∈ K ∗ . Alors, 2 a ∈ K ∗ ⇐⇒ a q−1 2 = 1. 2 Démonstration. =⇒: est clair. En effet, si a ∈ K ∗ , alors il existe b ∈ K ∗ avec a = b2 . q−1 Comme b ∈ K ∗ , on a bq−1 = 1. Ceci entraine que a 2 = bq−1 = 1. ⇐=: Soit a ∈ K ∗ , et soit E une extension de K contenant toutes les racines de X 2 − a ∈ K[X]. Soit b ∈ E une racine de X 2 − a. On a alors b2 = a. On a b ∈ K ⇔ bq−1 = 1 ⇔ a q−1 2 = 1. Ceci démontre la proposition. Proposition 8.5.13. Soit K un corps fini à q éléments, et soit E/K une extention de degré fini. Alors, 1. ]E = q m pour un certain m ∈ N; 2. σ : E −→ E; a 7−→ aq est un automorphisme de E ; 3. K = {a ∈ E | σ(a) = a} . Démonstration. 1. E est une extension de K. Posons m = [E : K]. Alors ]E = q m . 2. Montrons que σ est un automorphisme. On a σ(1) = 1, σ(ab) = (ab)q = aq bq = σ(a)σ(b), pour tout ab ∈ E. On a σ(a + b) = (a + b)q = aq + q(. . .) +bq = aq + bq = σ(a) + σ(b), pour tout a, b ∈ E. | {z } =0 Donc σ est bien un homomorphisme d’anneaux, donc de corps. Il reste à montrer que σ est bijectif. Comme σ est un homomorphisme d’anneaux, ker(σ) est un idéal de E qui est un corps, donc ker(σ) = {0} ou ker(σ) = E. Mais σ 6= 0, donc ker(σ) 6= E. Ainsi, ker(σ) = {0} et donc σ est injective. Comme σ est une application injective entre deux ensembles de même cardinalité q k , σ est bijective. 8.6 Corps des racines Définition 8.6.1. Soit K un corps et p(x) ∈ K[X]. Un corps L s’appelle corps des racines de p(x) si L = Q K[a1 , . . . , an ], où a1 , . . . , an sont des racines de p(x) et p(x) = c ni=1 (x − ai ) avec c le coefficient dominant de p(x). Exemples : 1. K = R, p(x) = x2 + 1 ∈ R[X]. Les racines sont i, −i, donc L = R[−i, i] est un corps des racines de p(x). On remarque que L = R[i] = C. 68 8.6. CORPS DES RACINES 8 √ √ √ √ 2. K = Q, p(x) = x2 − 3 ∈ Q[X]. Les racines sont − 3, 3, donc L = Q[− 3, 3] est √ un corps des racines de p(x). On remarque que L = Q[ 3]. 3. K = Q, p(x) = x2 − 2 ∈ Q[X]. On note ω une racine primitive de x3 − 1 = 0. √ √ √ Les racines de p(x) sont 3 2, 3 2ω, 3 2ω 2 . On a √ √ √ √ √ L = Q[ 3 2, 3 2ω, 3 2ω 2 ] = Q[ 3 2, 3 2ω]. On va démontré que le corps des racines d’un polynôme est unique à isomorphisme près. Lemme 8.6.2. Un isomorphisme ϕ : K1 −→ K2 de deux corps induit un isomorphisme ϕ : K1 [X] −→ K2 [X]. Démonstration. On a ϕ : K1 [X] −→ K2 [X] avec ni=0 ai xi 7−→ ni=0 ϕ(ai )xi qui est un homomorphisme bijectif, car son inverse est donné par ϕ−1 : K2 [X] −→ K1 [X] avec Pn Pn i −1 i i=0 bi x 7−→ i=0 ϕ (bi )x P P Théorème 8.6.3. Soient K1 , K2 deux corps et ϕ : K1 −→ K2 un isomorphisme de corps. Soit p(x) ∈ K1 [X], L1 un corps des racines de p(x) et L2 un corps des racines de ϕ(p(x)). Alors L1 ∼ = L2 . Démonstration. On remarque que L1 est une extension finie de K1 (de même pour L2 et K2 ). On procède par récurrence sur [L1 : K1 ]. Q Si [L1 : K1 ] = 1, alors L1 = K1 , donc a1 , . . . , an ∈ K1 . Alors, p(x) = ni=1 implique Q Q Q ϕ(p(x)) = ϕ( ni=1 (x − ai )) = ni=1 ϕ(x − ai ) = ni=1 (x − ϕ(ai )). Donc, toutes les racines de ϕ(p(x)) sont dans K2 . Ainsi, L2 = K2 et donc L1 = K1 ∼ = K2 = L2 . On suppose le résultat vrai pour [L1 : K1 ] < n et supposons que [L1 : K1 ] = n. Si toutes les racines de p(x) sont dans K1 , alors on procède comme précédemment. Supposons qu’il y a au moins une racine a1 de p(x) tel que a1 ∈ / K1 . Soit q(x) le polynôme minimal de a1 sur K1 . On a les isomorphismes d’anneaux suivant K1 [x]/(q(x)) −→ K1 [a1 ] et K2 [x]/(ϕ(q(x))) −→ K2 [b1 ] où b1 est une racine du polynôme irréductible ϕ(q(x)) dans L2 . L’isomorphisme d’anneaux ϕ : K1 [x] −→ K2 [x] induit l’isomorphisme de corps ϕb : K2 [x]/(q(x)) −→ K2 [x]/(ϕ(q(x))). En effet, on considère la projection canonique π : K2 [x] −→ K2 [x]/(ϕ(q(x))). Comme π est surjectif, π ◦ ϕ est surjectif. Son noyau est (q(x)). En effet, R(x) ∈ ker(π ◦ ϕ) ⇐⇒ π(ϕ(R(x))) = 0 ⇐⇒ ϕ(R(x)) ∈ (ϕ(q(x))) ⇐⇒ ϕ(q(x)) | ϕ(R(x)) ⇐⇒ q(x) | R(x) ⇐⇒ R(x) ∈ (q(x)). b Par Par le 1er théorème d’isomorphisme, on obtient l’existence d’un isomorphisme ϕ. composition, on a l’isomorphisme K1 [x]/(q(x)) −→ K2 [x]/(ϕ(q(x))) −→ K2 [b1 ] 69 8.7. CORPS ALGÉBRIQUEMENT CLOS 8 x + q(x) 7−→ x + ϕ(q(x)) 7−→ b1 et l’isomorphisme K1 [x]/(q(x)) −→ K1 [a1 ] x + q(x) 7−→ a1 Par composition, on obtient un isomorphisme ψ : K[a1 ] −→ K2 [b1 ] avec a1 7→ b1 et λ ∈ K1 7→ ϕ(λ). n 1 :K1 ] On a [L1 : K1 [a1 ]] = [K[L = deg(q) < n, car deg(q) ≥ 2. Par l’hypothèse de récurrence, 1 :K1 [a1 ]] l’isomorphisme ψ s’étend en un isomorphisme L1 −→ L2 . On remarque que L1 est un corps des racines de p(x) ∈ K1 [a1 ][x], de même pour L2 et ψ(ϕ(x)) = ϕ(p(x)). Corollaire 8.6.4. Soit K un corps et p(X) ∈ K[X]. Alors, deux corps des racines sont isomorphes. Démonstration. On prend K1 = K2 = K et φ = id dans le théorème 8.6.3. bf Remarque : Soit p un nombre premier et n ∈ N, alors Fpn est le corps des racines du n polynôme X p − X ∈ Fp [X]. Ceci redémontre l’unicité à isomorphisme près des corps finis. 8.7 Corps algébriquement clos Théorème 8.7.1. Soit K un corps. Les conditions suivantes sont équivalentes. 1. Tout polynôme de K[X] irréductible est de degré 1. 2. Tout polynôme de K[X] non-constant s’écrit comme produit de polynôme de degré 1. 3. Tout polynôme de K[X] non-constant a une racine dans K. 4. Toute extension algébrique L de K est de degré 1. (L = K). Démonstration. 1. =⇒ 2. : Clair, car K[X] est un anneau factoriel. 2. =⇒ 3. : Clair. 3. =⇒ 1. : Soit p(X) ∈ K[X] un polynôme irréductible. Par 3., il existe a ∈ K tel que p(a) = 0, donc X − a | p(X). Il existe donc c ∈ K tel que p(X) = c(X − a) et alors deg(p(X)) = 1. 1. =⇒ 4. : Soit L/K une extension algébrique et a ∈ L. Soit p(X) le polynôme minimal de a sur K. Comme p(X) est irréductible, il est de degré 1 par hypothèse. Donc, [K[a] : K] = deg(p(X)) = 1. Donc, on a bien K[a] = K et donc a ∈ K. Ainsi, K = L. 4. =⇒ 1. Soit p(X) un polynôme irréductible et L = K[X]/(p(X)). Alors, L est une extension finie de K, de degré deg(p(X)). Donc, L/K est algébrique et par 4., [L : K] = 1 et donc deg(p(X)) = 1. 70 8.7. CORPS ALGÉBRIQUEMENT CLOS 8 Définition 8.7.2. Un corps qui satisfait une des conditions du théorème 8.7.1. s’appelle un corps algébriquement clos. Exemples : 1. F2 n’est pas algébriquement clos. Par exemple, p(X) = X 2 + X + [1]2 ∈ F2 [X] n’a pas de racines dans F2 . 2.R n’est pas algébriquement clos. Par exemple, p(X) = X 2 + 1 ∈ R[X] n’a pas de racines dans R. 3. Q n’est pas algébriquement clos. Théorème 8.7.3. C est un corps algébriquement clos. Théorème 8.7.4. Tout corps algébriquement clos est infini. Définition 8.7.5. Soit K un corps. Une extension algébrique normale de K s’appelle clôture algébrique de K. Théorème 8.7.6. Pour tout corps K, la clôture algébrique de K, notée K existe et elle est unique à isomorphisme près. 71 Chapitre 9 Polyômes sur un anneau factoriel Soit A un anneau factoriel. Définition 9.0.7. Soient a, b ∈ A non-nuls. L’élément c ∈ A s’appelle un plus grand diviseur commun de a et de b s’il satisfait i) c|a et c|b ; ii) si d ∈ A, d|a et d|b, alors d|c. On remarque que le pgcd est défini à multiplication par un inversible près. (Si c satisfait i), ii), alors pour tout u ∈ A∗ , cu les satisfait aussi.) Exemples : 1. Dans Z, 4 est un pgcd de 12 et de 16, tout comme −4. 2. Dans F3 [t], t + [1]3 est un pgcd de (t + [1]3 )(t + [2]3 ) et de t(t + [1]3 ), tout comme [2]3 (t + [1]3 ). Théorème 9.0.8. Soit A un anneau factoriel. Pour tout a, b ∈ A non-nuls, il existe un pgcd de a et b. Démonstration. Soient p1 , . . . , pn tous les irréductibles de A qui divisent a ou b. Alors, a = upα1 1 · · · pαnn et b = vpβ1 1 · · · pβnn avec u, v ∈ A∗ et αi , βi ≥ 0. On pose c = pγ11 · · · pγnn , γi = min(αi , βi ). On va montrer que c est un pgcd de a et b. Comme pour tout i, γi ≤ αi , c|a. De même pour b, on a c|b. Soit d ∈ A tel que d|a et d|b. Alors d = wpδ11 · · · pδnn , w ∈ A∗ et δi ≤ 0. Comme d|a, on a δi ≤ αi pour tout i et de même δi ≤ βi . Donc δi ≤ min(αi , βi ) = γi . pour tout i. Par conséquent, d|c. Définition 9.0.9. Soit A un anneau factoriel. Le contenu d’un polynôme non-nul f ∈ A[x] est le pgcd de ses coefficients. Le contenu est défini à multiplication par un inverse près. 72 9 Exemples : Dans Z[x], le contenu de f = 2x3 + 16x + 4 est 2 et celui de g = 4x4 + 3x + 5 est 1. Définition 9.0.10. Un polynôme de A[x] s’appelle primitif si son contenu est 1. Remarques : 1. Tout f ∈ A[x] − {0} s’écrit comme f = cont(f )f¯, où f¯ ∈ A[x] est primitif. 2. Soit p ∈ A irréductible. L’homomorphisme d’anneaux πp : A −→ A/(p), a 7→ a + (p) la surjection canonique induit l’homomorphisme d’anneaux π̃p : A[x] −→ [A/(p)][x], an xn + · · · + ao 7→ (an + (p))xn + · · · + a0 + (p). 3. Un polynôme f ∈ A[x] − {0} n’est pas primitif s’il existe un irréductible p ∈ A qui divise tous ses coefficients, i.e. f ∈ ker(π̃p ). Lemme 9.0.11 (Lemme de Gauss). Soit A un anneau factoriel. Soient f, g ∈ A[x] non-nuls. Si f, g sont primitifs, alors f · g l’est aussi. Démonstration. Soient f et g primitifs. Par l’absurde, supposons que f · g ne soit pas primitif. Alors, il existe p ∈ A tel que 0 = π̃p (f ·g) = π̃p (f )π̃p (g). Comme p est irréductible, (p) est un idéal premier, donc A/(p) est un anneau intègre. Ceci entraîne que (A/(p))[x] est intègre. Par conséquent, π̃p (f ) = 0 ou π̃p (g) = 0, donc f ou g n’est pas primitif. Contradiction avec l’hypothèse de départ. Ainsi, f · g est primitif. Corollaire 9.0.12. Pour tout f, g ∈ A[x] − {0}, alors cont(f g) = cont(f )cont(g). Démonstration. Soient f = cf¯ et g = dḡ, où c = cont(f ) et d = cont(g) et f¯, ḡ ∈ A[x] primitifs. Alors, f · g = (cd)f¯ · ḡ. Comme f¯ et ḡ sont primitifs, alors f¯ · ḡ l’est aussi par le lemme de Gauss. Donc, cont(f g) = cd = cont(f )cont(g). Soit K le corps des fractions de A. Théorème 9.0.13. Soit f ∈ A[x] − {0} un polynôme primitif. Alors, f est irréductible dans A[x] ⇐⇒ f est irréductible dans K[x]. Démonstration. =⇒: Supposons que f soit irréductible dans K[x]. Montrons que f l’est dans A[x]. Soit f = gh, g, h ∈ A[x]. non-inversibles. Ceci peut être vu comme une décomposition de f dans K[x]. Il reste à voir que g et h ne sont pas inversibles dans K[x]. Si g ∈ K[x]∗ , alors g ∈ K ∗ . Comme g ∈ A[x], on a g ∈ A − {0}, ce qui contredit le fait que f soit primitif, car g divise tous ses coefficients. 73 9 ⇐=: Réciproquement, supposons que f soit irréductible dans A[x]. Soit f = gh avec g, h ∈ K[x], non-inversibles. Soit g = abnn xn + · · · + ab00 avec ai , bi ∈ A et bi 6= 0. Alors, g= a0n xn + · · · + a00 pgcd(b0 , . . . , bn ) Notons g 0 le numérateur de g. On a g 0 ∈ A[x] et g 0 = cont(g 0 )ḡ 0 , avec ḡ 0 ∈ A[x] prmitif. Donc, cont(g 0 ) g= ḡ 0 . pgcd(b0 , . . . , bn ) Par conséquent, tout polynôme g ∈ K[x] s’écrit comme g = cḡ avec c ∈ K ∗ , ḡ ∈ A[x] primitif. De même, soit h = dh̄ avec d ∈ K ∗ , h̄ ∈ A[x] primitif. Alors, f = cdḡ h̄. Comme ḡ et h̄ sont primitifs, alors par le lemme de Gauss, ḡ h̄ l’est aussi. Soit cd = uv , u, v ∈ A, v 6= 0. On a f = uv ḡ h̄, donc vf = uḡ h̄ ∈ A[x]. Le contenu est à la fois u et v, donc il existe w ∈ A∗ tel que u = vw, donc uv = w. Ainsi, f = wḡ h̄. Comme f est irréductible dans A[x], on peut supposer sans perte de généralité que ḡ soit inversible, i.e., g ∈ (A[x])∗ = A∗ . Donc g ∈ K ∗ , donc g est inversible dans K[x]. Contradiction ! Donc f est irréductible dans K[x]. Corollaire 9.0.14. Un polynôme primitif de Z[x] est irréductible dans Z[x] ⇐⇒ il l’est dans Q[x]. Exemple : f = 6x2 + 5x + 1 ∈ Z[x]. On a 61 f = x2 + 56 x + 61 = (x + 12 )(x + 13 ). Comme f n’est pas irréductible dans Q[x], il ne l’est pas dans Z[x] non plus. Théorème 9.0.15 (Gauss). Si A est un anneau factoriel, alors A[x] l’est aussi. Remarques : Les éléments irréductibles dans A[x] sont de deux types : i) Les élément irréductibles de A. (vu comme polynôme de degré 0) ; ii) Les polynômes f ∈ A[x], primitifs dans A[x] et irréductibles dans K[x]. Corollaire 9.0.16. Si A est factoriel, alors A[x1 , . . . , xn ] l’est aussi. Démonstration. Par récurrence sur n. Si n = 1, alors par le théorème de Gauss, A[x1 ] est factoriel. Supposons que A[x1 , . . . , xn−1 ] est factoriel. Par Gauss encore, on a A[x1 , . . . , xn−1 ][xn ] = A[x1 , . . . , xn ] Corollaire 9.0.17. 1. Pour tout corps K, K[x1 , . . . , xn ] est factoriel. 2. Z[x1 , . . . , xn ] est factoriel. 74 Chapitre 10 Quaternions Définition 10.0.18. Soit A un anneau non-commutatif. On dit que A est un corps non-commutatifs (ou corps gauche, anneau à division) si pour tout a ∈ A, il existe b ∈ A tel que ab = ba = 1 (i.e. A∗ = A\ {0}). Théorème 10.0.19. Soit K un corps (commutatif ou non) qui soit un espace vectoriel de dimension finie sur R. Alors, dimR (K) = 1, 2, 4. 10.1 Corps des quaternions Soit H = {a · 1 + b · i + c · j + d · k | a, b, c, d ∈ R} muni de la multiplication déterminée par les propriétés suivantes : 1. L’élément 1 est l’unité de la multiplication ; 2. La multiplication est associative et bilinéaire ; 3. On a i2 = −1, j 2 = −1, k 2 = −1 et ij = −ji = k. Remarque : On a ik = i(ij) = i2 j = −j ; ki = (ij)i = iji = i(−ji) = −i2 j = j ; jk = j(−ji) = −j 2 i = i ; kj = −i. On peut plonger R dans H par l’application a 7−→ 1 · a + 0 · i + 0 · j + 0 · k. Donc H contient un sous-espace isomorphe à R. Remarquons que H est un anneau non-commutatif et est un espace vectoriel de dimension 4 sur R. Définition 10.1.1. Soit x ∈ H avec x = a + bi + cj + dk. Posons x̄ = a − bi − cj − dk. Ceci définit une application R-linéaire H −→ H x 7−→ x̄ appelée la conjugaison de H. 75 10.1. CORPS DES QUATERNIONS 10 Lemme 10.1.2. On a les propriétés suivantes : ¯ = x pour tout x ∈ H ; 1. x̄ 2. {x ∈ H | x̄ = x} = R. ¯ y = x̄ + ȳ pour tout x, y ∈ H. 3. x + 4. xy ¯ = x̄ȳ pour tout x, y ∈ H. Démonstration. 1, 2, 3 sont évidentes. Montrons 4. Par bilinéarité de la multiplication, il suffit de vérifier cette propriété pour les éléments de la base. On a ¯ = k̄ = −k ; j̄ ī = (−j)(−i) = ji = −k. ij ¯ = j̄ ī. Remarquons que īj̄ = (−i)(−j) = ij = k 6= ij ¯ = −k. On procède de même Donc ij avec les autres éléments de la base. Définition 10.1.3. On définit la norme N : H −→ R par N (x) = xx̄. Lemme 10.1.4. N (x) ∈ R pour tout x ∈ R. ¯ = xx̄ = N (x) pour tout x ∈ H. Ainsi, on a N ¯(x) = N (x) Démonstration. N ¯(x) = xx̄ pour tout x ∈ H. Donc par 2. du lemme 10.1.2. on a N (x) ∈ R pour tout x ∈ H. Lemme 10.1.5. N (xy) = N (x)N (y) pour tout x, y ∈ H. Démonstration. N (xy) = (xy)(xy) ¯ = x(y ȳ)x̄ = xN (y)x̄ = xx̄N (y) = N (x)N (y). Lemme 10.1.6. Soit x = a + bi + cj + dk ∈ H. Alors, N (x) = a2 + b2 + c2 + d2 . Démonstration. N (x) = xx̄ = (a + bi + cj + dk)(a − bi − cj − dk) = ... = a2 + (bi)(−bi) + (cj)(−cj) + (dk)(−dk) + 0 = a2 + b2 + c2 + d2 . Lemme 10.1.7. Soit x ∈ H. Alors N (x) = 0 ⇐⇒ x = 0. Démonstration. En effet, si x = a + bi + cj + dk, alors N (x) = a2 + b2 + c2 + d2 = 0 ⇔ x = 0. 76 10.2. GROUPE DES QUATERNIONS 10 Théorème 10.1.8. H est un corps non-commutatif. Démonstration. Soit x ∈ H, x 6= 0. On a donc N (x) 6= 0. Posons y = N 1(x) x̄ ∈ H. On a x · y = x · N 1(x) x̄ = N 1(x) xx̄ = N 1(x) N (x) = 1. De même, yx = N 1(x) x̄ · x = N 1(x) xx̄ = 1. Théorème 10.1.9. Soit K un corps non-nécésserairement commutatif qui est un espace vectoriel de dimension ∼ R, C, H. finie sur R. Alors, K = Lemme 10.1.10. Posons H0 = {a + bi + cj + dk | a, b, c, d ∈ Z} ⊂ H. Alors, H0 est un sous-anneau de H. Démonstration. En effet, on a i ∈ H0 et pour tout x, y ∈ H0 , x + y, x − y et xy ∈ H0 . Lemme 10.1.11. Soit x ∈ H0 , alors x̄ ∈ H0 . Démonstration. Clair, car si a, b, c, d ∈ Z, alors −a, −b, −c, −d ∈ Z aussi. Lemme 10.1.12. Soit x ∈ H0 , alors N (x) ∈ N. Démonstration. Conséquence du fait que si a ∈ Z, alors a2 ∈ N et du fait que N (x) = a2 + b2 + c2 + d2 . Lemme 10.1.13. Soit x ∈ H0 . Alors, x ∈ H0∗ ⇐⇒ N (x) = 1. Démonstration. =⇒ : Soit x ∈ H0∗ , alors y ∈ H0 avec xy = yx = 1. On a N (xy) = N (x) N (y) = N (1) = 1, donc N (x) = 1. | {z } | {z } ∈N ∈N ⇐= : Soit x ∈ H0 tel que N (x) = 1. Posons y = x̄. On a xy = xx̄ = N (x) = 1. On sait que y = x̄ ∈ H0 . De même, yx = 1, donc x ∈ H0∗ . 10.2 Groupe des quaternions Posons Q8 = H0∗ . Alors, Q8 est un groupe appelé groupe des quaternions. Proposition 10.2.1. On a Q8 = {1, i, j, k, −1, −i, −j, −k}. En particulier, Q8 est un groupe non-abélien fini à 8 éléments. Démonstration. Soit x = a + bi + cj + dk ∈ Q8 = H0∗ . On a N (x) = a2 + b2 + c2 + d2 = 1 avec a, b, c, d ∈ Z. Donc, soit 1. a2 = 1, b2 = c2 = d2 = 0 ⇐⇒ a = ±1, b = c = d = 0 ⇐⇒ x = ±1 ; 2. b2 = 1, a2 = c2 = d2 = 0 ⇐⇒ b = ±1, a = c = d = 0 ⇐⇒ x = ±i ; 77 10.2. GROUPE DES QUATERNIONS 10 3. c2 = 1, b2 = a2 = d2 = 0 ⇐⇒ c = ±1, b = a = d = 0 ⇐⇒ x = ±j ; 4. d2 = 1, b2 = c2 = a2 = 0 ⇐⇒ d = ±1, b = c = a = 0 ⇐⇒ x = ±k. De plus, Q8 est non-abélien, ij 6= ji. Remarquons que Q8 est un 2-groupe. Proposition 10.2.2. Z(Q8 ) = {−1, 1}. Démonstration. En effet, ij 6= ji et jk 6= kj. 78 Chapitre 11 Introduction à le théorie de Galois Définition 11.0.3. Soit K un corps. Soit f ∈ K[x] irréductible. On dit que f est séparable si toutes les racines de f sont distinctes. f (x) = (x − a1 ) · · · (x − an ) ai 6= aj , i 6= j Soit L/K une extension. Soit α ∈ L. On dit que α est séparable si le polynôme minimal de α sur K est un polynôme de K[x] séparable. On dit que L/K est une extension séparable si tout α ∈ L est séparable. Proposition 11.0.4. Soit f ∈ K[x] et soit a une racine de f (dans une extension de K). Alors, a est une racine multiple de f si et seulement si f 0 (a) = 0 i.e. a est aussi une racine de f 0 . Corollaire 11.0.5. Soit f ∈ K[x]. Alors toutes les racines de f sont distinctes si et seulement si f et f 0 n’ont pas de racines communes. Corollaire 11.0.6. Soit f ∈ K[x] irréductible. Alors f est séparable si et seulement si f 0 6= 0. Démonstration. Par le corollaire précédent, on a f séparable ⇐⇒ (f, f 0 ) = 1 ⇐⇒ f 0 6= 0. En effet, on a deg(f 0 ) < deg(f ). Corollaire 11.0.7. Supposons car(K) = 0. Alors tout polynôme irréductible est séparable. Démonstration. En effet, deg(f ) ≥ 1, donc f 0 6= 0. Corollaire 11.0.8. Toute extension d’un corps de caractéristique nulle est séparable. 79 11 Exemple : Soit p un premier. Soit K = Fp (y) où y est une variable. Soit f (x) = xp − y ∈ K[x]. On a f 0 (x) = pxp−1 = 0. Donc f n’est pas séparable. Proposition 11.0.9. Soit p un premier et soit f ∈ Fp [x] un polynôme irréductible. Alors, f est séparable. Démonstration. En effet, soit n = deg(f ). On sait que f divise F (x) = xp − x. Nous avons vu que F n’a pas de racine multiple. Donc, f est séparable. Corollaire 11.0.10. Toute extension d’un corps fini est séparable. Définition 11.0.11. Soit L/K une extension de degré fini. On dit que L/K est une extension normale si le polynôme minimalde tout élément de L a ses racines dans L. Exemple : √ √ 1. K = Q, L = Q( 3 2). Soit α = 3 2 ∈ L. Le polynôme minimal de α est x3 − 2. Or, √ √ √ 2iπ 3 3 / L. Donc, L/K n’est x3 − 2 = (x − 3 2)(x − ζ 2)(x − ζ 2 2) où ζ = e 3 et β, γ ∈ | {z } β | {z } γ pas normale. √ 2. K = Q, L = Q( 2). Alors, L/K est une extension normale. Soit par exemple √ √ √ α = 3 2 ∈ L. Alors, le polynôme minimale de α est x2 − 2 = (x − 2)(x + 2) et les deux racines sont dans L. Plus g énéralement, on peut montrer que le polynôme minimal de tout élement de L a toutes ses racines dans L. Proposition 11.0.12. Toute extension L/Fp où p est un premier est une extension normale. Démonstration. Soit α ∈ L et soit f ∈ Fp [x] le polynôme minimal de α. Soit n = [L : Fp ]. n Alors, deg(f )|n. On sait que f divise F (x) = xp − x Or, L consiste en les racines de F , donc toutes les racines de f sont dans L. Définition 11.0.13. Soit L/K une extension de corps de degré fini. On dit que L/K est une extension galoisienne si elle est séparable et normale. Exemple : √ 1. K = Q, L = Q( 3 2). Alors, L/K n’est pas galoisienne. √ 2. K = Q, L = Q( 2). Alors, L/K est galoisienne. 3. K = F3 , L = F3 . Alors, L/K est galoisienne. Théorème 11.0.14. Soit f ∈ K[x] un polynôme séparable. Alors, tout corps des racines de f est une extension galoisienne de K. 80 11 Notation : Soit L un corps. On note Aut(L) les automorphismes de corps de L. Soit L/K une extension de K. On note Aut(L/K) l’ensemble des automorphismes de L dont la restriction à K est l’identité. De plus, on a que Aut(L) est un groupe par rapport à la composition et Aut(L/K) est un sous-groupe de Aut(L). Exemple : √ √ 1. K = Q, L = Q( 2). Le polynôme minimal de 2 est x2 − 2. Soit σ ∈ Aut(L/K). √ √ √ √ Alors, σ( 2) est aussi racine de x2 − 2. Donc, σ( 2) = 2 ou − 2. Soit √ √ σ ∈ Aut(L/K) défini par σ( 2) = − 2. Alors, Aut(L/K) = {id, σ}. √ √ 2. K = Q, L = Q( 3 2). Le polynôme minimal de 3 2 est x3 − 2.On a √ √ √ 2iπ x3 − 2 = (x − 3 2)(x − ζ 3 2)(x − ζ 2 3 2) où ζ = e 3 . Soit σ ∈ Aut(L/K). Alors, √ 3 σ( 2) = √ 3 2 −→ σ = id √ ζ32∈ /L 3 ζ2 √ 2∈ / L. Donc, Aut(L/K) = {id}. Notation : Soit L/K une extension galoisienne. Alors, on note Gal(L/K) = Aut(L/K). Ce groupe est appelé groupe de Galois de L/K. Théorème 11.0.15. Soit L/K une extension galoisienne. Alors, ]Gal(L/K) = [L : K]. Définition 11.0.16. Soit f ∈ K[x] séparable. On dit que l’équation f (x) = 0 est résoluble par radicaux si on peut exprimer toutes les racines de cette equation par les quatre opérations de base et des extractions de racines. Exemple : deg(f ) = 2, alors f est résoluble par radicaux. Définition 11.0.17. Soit G un groupe fini. On dit que G est résoluble s’il existe une chaîne de sous-groupes {1} = H0 ⊂ H1 ⊂ · · · ⊂ Hn = G tell que pour i = 0, 1, . . . , n − 1, le sous-groupe Hi est un sous-groupe normal de Hi+1 et que le groupe quotient Hi+1 /Hi soit abélien. Théorème 11.0.18. Soit f ∈ K[x] un polynôme séparable et soit L un corps des racines de f . Soit G = Gal(L/K). Alors, l’équation f (x) = 0 est résoluble par radicaux si et seulement si G est un groupe résoluble. Théorème 11.0.19. Si n ≥ 5, alors Sn n’est pas résoluble. 81 11 Exemple : Soit f (x) = x5 − 4x + 2 ∈ Q[x]. Alors, f (x) = 0 n’est pas résoluble par radicaux. Soit N/K une extension galoisienne et soit G = Gal(N/K). Soit H un sous-groupe de G et posons L = N H = {x ∈ N | h(x) = x ∀h ∈ H}. Alors, L est un sous-corps de N contenant K. On voit que N est une extension galoisienne de L et G = Gal(N/K) = H. Théorème 11.0.20 (Théorème fondamental de la théorie de Galois). On a une bijection (Sous-groupes de G) ←→ (Sous-corps L de N contenant K) H 7−→ L = N H H = Gal(N/L) ←− L De plus, H est un sous-groupe normal de G si et seulement si L/K est une extension galoisienne. On a alors Gal(L/K) ∼ = G/H. 82