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PRISE EN CHARGE TACHYCARDIE - 24/11/2005 5/6
hypovolémie, les troubles ioniques, d'assurer une analgésie adaptée et de restaurer une hémodynamique
compromise chez un malade insuffisant cardiaque ou coronarien.
5.1 - CONSEQUENCES HEMODYNAMIQUES DES ANTIARYTHMIQUES.[8]
Les antiarythmiques dépriment tous à des degrés divers la contractilité myocardique. L'atteinte est d'autant
plus marquée que l'antiarythmique est administré par voie veineuse et que la fonction cardiaque est
préalablement altérée. L'effet de l'agent antiarythmique sur d'éventuels mécanismes compensateurs
hémodynamiques (tonus artériel et veineux) est aussi à prendre en compte. En particulier les interactions
avec le système sympathique et parasympathique.
En ce qui concerne les antiarythmiques de la classe I, seuls la lidocaïne et la mexilétine peuvent être
utilisés de manière titrée, dans la mesure où ils sont peu inotropes négatifs sur un coeur sain, cependant,
cet effet est majoré par l'insuffisance cardiaque. A l'inverse le disopyramide, les antiarythmiques de la
classe Ic peuvent induire de manière imprévisible la décompensation d'une insuffisance cardiaque. Les
effets hémodynamiques des ß-bloquants s'exercent essentiellement en diminuant la fréquence cardiaque.
De plus, ils entraînent une augmentation des résistances vasculaires systémiques. De ce fait, ils modifient
la capacité d'adaptation et peuvent décompenser une insuffisance cardiaque.
L'amiodarone lorsquíelle est administrée lentement par voie intraveineuse, modifie peu les constantes
hémodynamiques. En administration chronique, elle n'altère pas la fraction d'éjection même chez les
patients dont la fraction d'éjection initiale est basse. Cependant, ces effets a- et ß-freinateurs peuvent être
à l'origine de collapsus ou de bradycardies sévères difficilement réductibles lors de l'induction de
l'anesthésie.
5.2 - TROUBLES CONDUCTIFS GRAVES
Les troubles conductifs induits par les antiarythmiques peuvent se manifester sous la forme d'une
bradycardie sévère, d'un bloc sino-auriculaire (BSA) ou d'un BAV. Ceux-ci se rencontrent habituellement
lors de surdosage chez des malades porteurs de troubles conductifs préexistants. La nature du trouble
conductif dépend de la classe de l'antiarythmique considéré. Les antiarythmiques de la classe I sont plus
souvent à l'origine de BAV infra-Hissien que de BSA. Les ß-bloquants peuvent être responsables de BAV
supra-Hissien ou de BSA. Enfin l'amiodarone peut entraîner une bradycardie sinusale importante, un BSA
ou un BAV lors d'un surdosage. Ces troubles conductifs sont souvent très mal tolérés, imposant l'utilisation
en urgence d'amines vaso-actives ou la mise en place d'une stimulation cardiaque.
5.3 - EFFETS PRO-ARYTHMOGENES
L'effet proarythmogène d'un antiarythmique se définit par la survenue de troubles du rythme plus graves
que ceux à l'origine de leur prescription. La fréquence de ces accidents a été chiffrée à 8 % lors de
traitements visant à prévenir les tachycardies ou les fibrillations ventriculaires. Les mécanismes impliqués
dans cet effet ne sont pas univoques. Il peut s'agir díune augmentation ou de diminution de taux
plasmatique, d'une dyskaliémie, d'une dysmagnésémie, d'une interaction entre antiarythmique et le
système nerveux autonome, de l'altération de la fonction cardiaque. Ces accidents concernent en premier
lieu les agents de la classe Ic dont les mécanismes sont des réentrées provoquées par un ralentissement
excessif des vitesses de conduction à l'origine de bloc fonctionnels. L'amiodarone, les antiarythmiques de
la classe Ia et Ib peuvent également être en cause. Bien qu'il ait pas été décrit des torsades de pointes
avec le bépridil, le sotalol et l'amiodarone, celles-ci surviennent en particulier avec les antiarythmiques de
la classe Ia et les quinidiniques. Elles seraient dues à une activité auto-déclenchée par l'apparition de post-
potentiels précoces, et favorisées par la bradycardie, l'hypokaliémie et l'hypomagnésémie.
Il faut savoir que la marge de sécurité entre l'efficacité díun antiarythmique et l'accident toxique
proarythmogène est imprévisible, en particulier avec les agents de la classe I.
6 - CONDUITE A TENIR
Le traitement d'un trouble du rythme grave repose sur le choc électrique externe. Une fois la tachycardie
réduite, il convient d'en rechercher une cause curable , pour en prévenir les récidives. Ceci passe par les
vérifications cliniques et paracliniques usuelles, profondeur d'anesthésie, oxygénation, équilibre hydro-
électrolytique. L'utililisation d'un antiarythmique doit tenir compte de ses effets secondaires potentiels mais
surtout de l'état de la cardiopathie sous jacente.