Etude d’un ensemble documentaire (correction)
Les facteurs de l’émancipation des peuples dépendants : la décolonisation après la Seconde Guerre
mondiale, un processus inéluctable ?
1ère PARTIE : Questions
Document 1
Ici, De Gaulle souligne l’affaiblissement des métropoles dû à la Seconde Guerre mondiale : « Nos deux anciens pays se trouvent
affaiblis simultanément ». En effet, les Etats colonisateurs sortent épuisés d’une guerre qui a accéléré le déclin de l’Europe : « Je
sais qu’elle ne retrouvera pas sa puissance d’autrefois ». Les pertes humaines, les coûts exorbitants de cette guerre et les
destructions massives provoquent des difficultés importantes : « Votre situation relative risque-t-elle d’être diminuée, étant
donné vos pertes et vos dépenses ». De plus, la Collaboration, le système concentrationnaire nazi remettent en cause le prestige
et la suprématie du vieux continent. Ainsi, en 1945, les métropoles ont du mal à restaurer leur autorité dans les colonies et n’ont
plus les moyens de leur puissance. Cette première place perdue pour l’Europe ne va pas rester vacante et deux pays vont
désormais l’occuper : les Etats-Unis et l’URSS, grands vainqueurs de ce conflit mondial (« L’ascension de l’Amérique et de la
Russie »). La hiérarchie des puissances est donc profondément bouleversée. Les mouvements de libération nationale vont donc
profiter de l’affaiblissement de l’Europe pour agir et vont pouvoir bénéficier du soutien des deux Grands, fortement opposés au
colonialisme.
Document 2
Les élites locales se forment des les écoles et universités des métropoles comme c’est le cas pour Gandhi, parti étudier à
Londres, ou Senghor, venu au lycée Louis-le-Grand à Paris après son baccalauréat passé à Dakar. Les études supérieures sont
pour ces élites le moyen de se former intellectuellement afin de se forger des armes idéologiques, des arguments solides.
Notons, que Gandhi a suivi des études de droit et est devenu avocat, ce qui l’a aidé à défendre la cause des peuples opprimés
par le système colonial. Se réclamant des principes européens des Lumières, ces individus ont pu retourner les idéaux de liberté
et d’égalité contre les colonisateurs.
Ils vont s’efforcer de rassembler autour de leurs idées les communautés indigènes et vont jouer le rôle de leader charismatique
comme ce fut le cas pour Gandhi au sein du parti du Congrès ou pour Senghor, qui a mené une brillante carrière politique. Porte-
voix des peuples dépendants, ils ont ainsi ouvert la voie de l’indépendance.
Document 3
Les troupes coloniales ont joué un rôle de premier plan durant la Seconde Guerre mondiale, notamment avec les FFL pour la
Libération de la France comme le souligne Ben Bella : « L’occupation de l’Afrique du Nord par les Alliés laissait présager qu’on
allait mobiliser les réservistes ». Le film Indigènes, par exemple, montre l’épopée d’une troupe coloniale en Italie puis en France.
Ben Bella souligne la ségrégation dont faisait l’objet les combattants des troupes coloniales, considérés comme des soldats de
seconde ordre et ne disposant pas des mêmes droits que les combattants français. La séparation des uns et des autres et les
humiliations constantes étaient de mise : « Deux mess distincts pour les deux catégories d’officiers […] Nos assiettes n’avaient
pas le droit de fraterniser avec les Français de grade égal ». Cette situation était, évidemment, très mal perçue et vécue par les
soldats coloniaux et le sentiment d’humiliation et donc d’injustice s’est propagé rapidement au sein des troupes : « Je passe sur
la gêne et les humiliations que cette ségrégation entraînait ».
La rancœur s’est aussi doublée d’une prise de conscience : les combattants des troupes coloniales estiment être en droit de
disposer de la liberté après avoir combattu pour celle des métropoles. Conscients du déclin de l’Europe, cette guerre sonne pour
eux l’heure de l’indépendance comme le pressent Ben Bella : « Pour les peuples sous domination coloniale, l’année 1940 avait
éclaté comme un coup de tonnerre. […] Les Etats s’écroulaient, tout était remis en cause. […] Nous avions l’impression de nous
réveiller d’un grand sommeil. ». La rupture est donc irréversible entre les colonies et les métropoles.
Document 4
Dès sa création en 1945, l’ONU prend position face au problème colonial. Ainsi, dans sa charte, il est clairement annoncé le
retrait progressif de l’autorité européenne dans les colonies afin d’aboutir à l’indépendance : « De développer leur capacité de