Tale / Histoire Explication d’un document historique : La conférence de Bandung La conférence afro-asiatique a pris note du fait que l’existence du colonialisme dans plusieurs parties de l’Asie et de l’Afrique, sous quelque forme qu’il se présente, non seulement entrave la coopération culturelle mais aussi le développement des cultures nationales. (…) La conférence déclare appuyer totalement le principe du droit des peuples et des nations à disposer d'eux-mêmes tel qu'il est défini dans la Charte des Nations Unies et prendre en considération les résolutions des Nations Unies sur le droit des peuples et des nations à disposer d'eux-mêmes, qui est la condition préalable à la jouissance totale de tous les droits fondamentaux de l'homme. La conférence afro-asiatique déplore la politique et les pratiques de ségrégation et de discrimination raciales qui forment la base du système politique et des rapports humains dans de vastes régions d'Afrique et dans d'autres parties du monde. Un tel comportement est non seulement une violation des droits de l'homme, mais encore une négation des valeurs essentielles de la civilisation et de la dignité de l'homme. (…) En ce qui concerne la situation instable en Afrique du Nord et le refus persistant d'accorder aux peuples d'Afrique du Nord leur droit à disposer d'eux-mêmes, la conférence afro-asiatique déclare appuyer les droits des peuples d'Algérie, du Maroc et de Tunisie à disposer d'eux-mêmes et à être indépendants, et elle presse le gouvernement français d'aboutir sans retard à une solution pacifique de cette question. Extraits de la résolution finale de la conférence afro-asiatique de Bandung (Indonésie), 24 avril 1955. Questions : 1) Présenter la nature du document. 2) Qu’en est-il de « l’existence du colonialisme dans plusieurs parties de l’Asie et de l’Afrique » au moment de la conférence ? 3) Pourquoi la France est-elle particulièrement visée dans les dernières lignes et quelle est cette « situation instable en Afrique du Nord » ? 4) Quelle fut la portée de cette conférence ? CORRIGE- EXPLICATION D’UN DOC. HISTORIQUE : LA CONFERENCE DE BANDUNG (extrait de la résolution finale, 24 avril 1955) 1) Présentation : Il s ‘agit d’une résolution finale d’une conférence internationale, donc d’un texte de compromis diplomatique entre les différents pays participants. La conférence réunit 29 pays d’Asie et d’Afrique réunis à Bandoeng, en Indonésie. Leur but est de faire entendre leur voix sur la scène internationale et de dénoncer le colonialisme encore en activité. Les personnages principaux en sont le président de l’Indonésie Soekarno, pays organisateur, Nehru (1er Premier Ministre de l’Inde), Chou En-Lai (Chine) et Nasser(Egypte). Contexte, ultra-rapide car développé en 2) : décolonisation en cours et guerre froide. 2) Le colonialisme en 1955 : - rappel des empires coloniaux (GB et Fr surtout) et du colonialisme encore maintenu en Afrique. Quelques mots sur les causes de la décolonisation (mouvements nationalistes, appui sur les valeurs occidentales retournées contre les métropoles, soutien EU et URSS). - Décolonisation asiatique quasi terminée : c’est la première vague de la décolonisation (19451954). - Présenter 2 exemples aux modalités différentes, en 4-5 lignes chacun : Inde (indépendance négociée, 1947, et caractériser l’attitude britannique), Indochine (guerre de décolonisation 1946-54, défaite de Dien-Bien-Phu (mai 1954), accords de Genève (juillet 1954)…). 3) La France accusée (dernières lignes) : La France a une attitude de refus de la décolonisation (attachement à son empire comme un symbole de sa puissance passée), d’où une politique de répression plus fréquente. Mais sa position est plus faible depuis sa défaite en Indochine : la France est obligée de négocier. Présenter la situation des trois pays/colonies d’Afrique du Nord à cette date (Tunisie, Maroc : négociations en cours pour autonomie vers l’indépendance à l’initiative de P. Mendès France), (Algérie : statut de départements, poids important des colons, guerre commencée en nov. 1954 par les nationalistes révolutionnaires du FLN…). 4) La portée de la conférence : Elle est considérable dans le Tiers Monde car c’est la 1ère conférence internationale sans la participation de pays occidentaux. La conférence permet l’émergence du T.M. sur la scène internationale. - Cette conférence ouvre la seconde phase de la décolonisation (1954-1975), en Afrique. Citer rapidement la fin de la décolonisation algérienne et de l’Afrique noire. Les signataires du texte veulent tourner la page de la domination européenne. « droit des peuples à disposer d’euxmêmes » : utilisation de l’ONU comme tribune de l’anticolonialisme (adhésion des Etats nouvellement indépendants à l’organisation). - Cette conférence marque aussi le début du neutralisme (c-à-d le refus de se rattacher à la logique des blocs de la guerre froide) voulu notamment par Nehru. Sur cet aspect la portée de la conférence de Bandoeng reste limitée, d’autant que les pays présents n’y forment pas un ensemble homogène, certains appartenant à un des 2 blocs (Pakistan lié aux EU, Chine et Nord- Vietnam liés à l’URSS). Elle prépare la constitution du mouvement des non-alignés 6 ans plus tard à Belgrade, qui vise à remettre en cause la bipolarisation du monde autour des deux superpuissances.