08 logie La place de la bioeutique p dans le suivi théra e de la femm INFERTILITÉ Optimiser la prise en charge de l'infertilité Focus sur l'AMH Le dosage de l’hormone antimüllérienne (ou AMH) est en passe de devenir incontournable chez les patientes ayant des troubles de la fertilité. Quand le bilan des autres hormones est normal, il permet de diagnostiquer un trouble de l’ovulation. C’est également un marqueur d’évaluation de la réserve ovarienne, prédictif en termes de réponse ovarienne à la stimulation lors d’une fécondation in vitro (FIV). Docteur Dewailly, endocrinologue et médecin de la reproduction, Centre Hospitalier de Lille LE SYNDROME DES OVAIRES POLYKYSTIQUES (OU SOPK) « Le SOPK représente 80 % des troubles de l’ovulation. Dans ce syndrome, trop de follicules ovariens sont présents et leur croissance terminale est bloquée. Un excès d’androgènes est responsable de l’excès de croissance folliculaire avec pour conséquence une sécrétion élevée d’AMH qui empêcherait la croissance terminale de ces derniers. Un comptage folliculaire par échographie vient en général confirmer ces informations », explique le Docteur Dewailly, endocrinologue et médecin de la reproduction au Centre Hospitalier de Lille. Cependant, l’élévation de l’AMH à elle seule ne suffit pas à diagnostiquer un SOPK. D’après le Consensus de Rotterdam établi en 2003 1, le SOPK est défini par la présence de deux des trois critères suivants : un trouble du cycle menstruel, des signes d’hyper androgénie et un comptage folliculaire élevé. Le dosage de l’AMH peut intégrer cette classification en remplaçant ou en renforçant ce dernier item. Aucun seuil consensuel n’est défini dans la littérature, tout dépend de la technique utilisée. D’ici un an ou deux, des standards internationaux devraient être mis en place. La trousse AMH proposée par Roche Diagnostics France propose des valeurs de référence dans le SOPK : médiane, 10e et 90e percentile. « Le traitement a pour but d’augmenter le taux de FSH plasmatique chez ces patientes car la FSH a un effet inhibiteur sur la sécrétion d’AMH par les gros follicules. La stimulation de la production de FSH endogène par des anti-œstrogènes permet de rétablir l’ovulation chez les deux tiers des patientes. Les patientes pour lesquelles ce traitement ne fonctionne pas reçoivent de la FSH exogène. Dans ce cas, la posologie est adaptée progressivement afin d’éviter une hyper ovulation. Grâce à ces traitements, 75 % des femmes obtiennent la grossesse désirée. », indique le Docteur Dewailly. « Le dosage de l’ AMH permet donc d’adapter le protocole thérapeutique, afin d’obtenir le maximum d’ovocytes de bonne qualité. » DR DEWAILLY, ENDOCRINOLOGUE, CENTRE HOSPITALIER DE LILLE Si une patiente a une réserve riche, elle risque de faire une hyperstimulation et va donc être traitée par des doses plus faibles. En revanche, si la réserve est basse, les doses initiales seront plus élevées. » Le dosage de l’AMH en FIV est un très bon marqueur prédictif du nombre d’ovocytes mais c’est un moins bon marqueur des chances de grossesse car elles dépendent également des paramètres masculins. LA FÉCONDATION IN VITRO Lors des FIV, le dosage de l’AMH permet d’estimer la réserve ovarienne de la femme. L’AMH est le reflet du nombre de follicules en croissance qui est directement proportionnel au nombre de follicules primordiaux. Ce pool est variable d’une femme à l’autre. « Les doses d’hormones utilisées pour stimuler l’ovulation vont être fixées en fonction de cette réserve ovarienne. Le dosage de l’AMH permet donc d’adapter le protocole thérapeutique afin d’obtenir le maximum d’ovocytes de bonne qualité. « L’accessibilité au dosage de l’AMH est relativement limitée, d’une part parce que la majorité des laboratoires ne pratiquent pas un dosage automatisé de l’AMH et d’autre part, parce que ce dosage n’est pas remboursé. Actuellement c’est l’apanage des grands centres, mais l’arrivée du dosage automatisé proposé par Roche Diagnostics France peut faire évoluer cette situation », conclut le Dr Dewailly. • [1] Rotterdam ESHRE/ASRM-Sponsored PCOS consensus workshop group, Hum Reprod. 2004 Jan;19(1):41-7. Disponible sur PubMed, PMID: 14688154. 10 000 BIO - N° 92 - NOVEMBRE 2014 MAG_10MBIO_92_GYNECO_24P_235*300_VF3_BAT_21112014.indd 8 21/11/2014 11:43