Caractérisation de la dysrégulation des hormones adipocytaires associée à l’obésité et à l’infertilité féminine (protocole ADIPOFERT) Thomas Fréour, Médecine et Biologie de la Reproduction, CHU de Nantes Les conséquences délétères de l’obésité, dont l’incidence augmente chez les femmes en âge de procréer, n’épargnent pas les résultats obtenus au cours des prises en charge en Assistance Médicale à la Procréation (AMP). L’obésité féminine peut être associée à de nombreux désordres endocriniens, notamment en lien avec l’augmentation de la masse adipocytaire impliquée dans de nombreux systèmes de régulation hormonaux. Cette étude pilote prospective non-interventionnelle visait à décrire le profil hormonal adipocytaire des patientes obèses prises en charge en FIV et évaluer sa corrélation éventuelle avec l’issue du cycle de stimulation. Les critères d’inclusion étaient les suivants : BMI>30 kg/m², cycle de FIV ou FIV-ICSI prévu dans les 6 mois suivant l’inclusion avec monitorage centralisé au CHU de Nantes, ethnie caucasienne ou africaine, consentement libre et éclairé. Le bilan biologique réalisé à jeun en début de phase folliculaire comportait les paramètres suivants :FSH, LH, E2 (technique Elecsys Roche), AMH (technique Immunotech Beckman), testostérone totale, delta4 androstene dione (RIA), leptine, adiponectine, ghréline, résistine (technique Luminex, fluorimetrie multiplex). Le compte des follicules antraux (CFA) était réalisé le même jour. Les paramètres de stimulation ovarienne et l’issue du cycle étaient également collectés. En parallèle, une population témoin était constituée selon les critères suivants : âge <35 ans, BMI = 18-25 kg/m², FSH<10 UI/L, E2<50 pg/ml, AMH = 2-7 µg/L, testostérone totale <0.7 µg/L, CFA<25. Au total, 20 patientes ont été incluses à ce jour, dont 10 porteuses d’un syndrome des ovaires polykystiques. L’âge moyen était plus élevé dans le groupe Adipofert que dans le groupe contrôle. Les concentrations sériques moyennes de LH, FSH, adiponectine étaient inférieures dans le groupe Adipofert par rapport au groupe contrôle. A l’inverse l’AMH, le CFA, l’œstradiol basal et la leptine étaient supérieurs dans le groupe Adipofert. Au total, 19 patientes obèses et 16 patientes contrôle ont été stimulées en vue de FIV. Malgré des doses de FSH supérieures chez les femmes obèses, la réponse ovarienne était inférieure avec un taux d’annulation pour défaut de recrutement plus important. L’étude de la corrélation avec les marqueurs adipocytaires montre notamment une corrélation entre réponse ovarienne et leptinémie, et l’absence d’implantation embryonnaire chez les femmes obèses ayant une leptinémie sérique élevée >50ng/ml. En conclusion, cette étude pilote retrouve une modification de la réponse ovarienne et des chances de succès chez les femmes obèses infertiles en FIV, associée à une dérégulation des hormones adipocytaires, ouvrant la voie à l’identification de nouveaux biomarqueurs d’aide à la décision thérapeutique en AMP. Travail effectué en collaboration avec le Dr Hélène Caillon, laboratoire d’hormonologie du CHU de Nantes