Nombres de Fermat, Mersenne et Fibonacci blogdemaths.wordpress.com 1 Nombres de Fermat On définit la suite (Fn ) des nombres de Fermat par : n ∀n ∈ N, Fn = 22 + 1 Théorème — . Pour tout m > 0, Fm = F0 × F1 × . . . × Fm−1 + 2 Démonstration. Le théorème est évidemment vrai si m = 1. Soit m > 0. Fm+1 − 2 = 22 m+1 m m m − 1 = (22 )2 − 1 = (22 − 1)(22 + 1) = (Fm − 2)Fm Donc, par récurrence, si on suppose que Fm = F0 × F1 × . . . × Fm−1 + 2 alors Fm+1 = (Fm − 2)Fm + 2 = (F0 × F1 × . . . × Fm−1 ) × Fm + 2 = F0 × F1 × . . . × Fm−1 × Fm + 2 ce qui prouve le théorème. 2 Nombres de Mersenne On définit la suite (Mn ) de nombres de Mersenne par : ∀n ∈ N, Mn = 2n − 1 Théorème — . Pour tout m > n, PGCD(Mm , Mn ) = M PGCD(m,n) Autrement dit, PGCD(2m − 1, 2n − 1) = 2PGCD(m,n) − 1. Démonstration. Si m > n, alors on peut faire la division euclidienne de m par n : m = nq + r avec r < n blogdemaths.wordpress.com 1 Ainsi, 2m − 1 = 2m − 2nq + 2nq − 1 = 2nq+r − 2qn + 2qn − 1 = 2qn × 2r − 2nq + 2nq − 1 = 2qn (2r − 1) + (2n )q − 1 = 2qn (2r − 1) + (2n − 1)(1 + 2n + 22n + . . . + 2(q−1)n ) Donc, Mm = 2nq Mr + Mn (1 + 2n + 22n + . . . + 2(q−1)n ) Montrons alors que les diviseurs communs à Mm et Mn sont identiques aux diviseurs communs à Mn et Mr . • Si d est un diviseur commun à Mm et Mn alors d divise Mm − Mn (1 + 2n + 22n + . . . + 2(q−1)n ) = 2nq Mr . Mais comme d divise le nombre Mn qui est impair, d ne peut diviser 2 et donc nécessairement, d divise Mr . • Réciproquement, si d divise Mn et Mr alors d divise 2nq Mr + Mn (1 + 2n + 22n + . . . + 2(q−1)n ) = Mm . Nous avons donc montré que les diviseurs communs de Mm et Mn sont les mêmes que les diviseurs communs de Mn et Mr . D’où : PGCD(Mm , Mn ) = PGCD(Mn , Mr ) Si on considère la suite (rn ) des restes successifs dans l’algorithme d’Euclide appliqué à m et n, et si on note rN le dernier reste non nul (qui se trouve être le PGCD de m et n) alors : PGCD(Mm , Mn ) = PGCD(Mn , Mr0 ) = PGCD(Mr0 , Mr1 ) PGCD(Mn , Mr0 ) . . . PGCD(M rN−1 , MrN ) = PGCD(MrN , M0 ) Or, M0 = 0 donc PGCD(Mm , Mn ) = PGCD(MrN , M0 ) = MrN = M PGCD(m,n) . CQFD. 3 Nombres de Fibonacci On définit la suite (fn ) des nombres de Fibonacci par : f0 =0 f = 1 1 fn+2 = fn+1 + fn pour tout n ∈ N Théorème — . Pour tout m > n, PGCD(fm , fn ) = fPGCD(m,n) Démonstration. Le principe est similaire à celui mis en oeuvre pour les nombres de Mersenne. 2 Etape 1 : On commence par montrer l’égalité suivante : ∀u, v > 0,fu+v = fu fv+1 + fu−1 fv (1) On fixe v et on fait une récurrence sur u. • Si u = 1, fu fv+1 + fu−1 fv = 1 × fv+1 + 0 × fv = f1+v • On suppose l propriété vraie au rang u. fu+1+v = fu+(v+1) = fu fv+2 + fu−1 fv+1 = fu (fv+1 + fv ) + fu−1 fv+1 = (fu + fu−1 )fv+1 + fu fv = fu+1 fv+1 + fu fv CQFD. Etape 2 : On montre par récurrence que pour tout entier v > 0 et tout entier naturel q, fv divise fqv (la récurrence est faite sur q) : • Si q = 0, le résultat est évident car fv divise f0 = 0. • On suppose que fv divise fqv . D’après l’égalité (1), on a : f(q+1)v = fqv+v = fqv fv+1 + fqv−1 fv et comme fv divise fqv et fv , il divise fqv fv+1 + fqv−1 fv donc f(q+1)v . Etape 3 : On montre que deux nombres de Fibonacci consécutifs sont premiers entre eux, c’est-à-dire que pour tout entier naturel n, PGCD(fn , fn+1 ) = 1. • C’est vrai si n = 0 car PGCD(f0 , f1 ) = PGCD(0, 1) = 1. • On suppose que PGCD(fn , fn+1 ) = 1. Si d est un diviseur commun à fn+1 et fn+2 alors d divise fn+2 − fn+1 = fn . Ainsi, d est un diviseur commun à fn+1 et fn donc d = 1 (car par hypothèse de récurrence, le plus grand diviseur commun à fn+1 et fn est 1). Etape 4 : A présent, passons à la démonstration du théorème à proprement parler. Soit m > n. On commence par effectuer la division euclidienne de m par n : m = nq + r avec r < n En appliquant l’égalité (1) démontrée précédemment à u = nq et v =r, on obtient : fm = fnq+r = fnq fr+1 + fnq−1 fr Comme pour les nombres de Mersenne, on montre que les diviseurs commun à fm et fn sont identiques aux diviseurs commun à fn et fr : 3 • Si d divise fm et fn alors il divise fm et fnq (voir étape 2) donc il divise fm − fnq fr+1 = fnq−1 fr . Mais comme fnq et fnq−1 sont consécutifs, ils sont premiers entre eux (étape 3), donc, puisque d divise fnq , il est lui aussi premier fnq−1 . Mais puisque d divise le produit fnq−1 fr , c’est qu’il divise fr . • Réciproquement, si d divise fn et fr , alors d divise fnq (étape 2) et donc il divise fnq fr+1 + fnq−1 fr = fm . On en déduit que PGCD(fm , fn ) = PGCD(fn , fr ) et le même raisonnement utilisant l’algorithme d’Euclide que celui effectué pour les nombres de Mersenne montre que : PGCD(fm , fn ) = PGCD(frN , f0 ) = PGCD(fPGCD(m,n) , 0) = fPGCD(m,n) 4