Concepts de base en arithmétique
Jean-Louis Tu
Objectifs de ce document
Ce document s’adresse à tout élève de fin de collège ou début de lycée souhaitant
s’initier aux exercices d’arithmétique de type olympique. Il rassemble les connaissances
nécessaires et suffisantes pour pouvoir résoudre des exercices de compétition pour les
juniors. Sa lecture est indispensable à tout élève débutant en arithmétique et souhaitant
participer aux activités de l’OFM (envois d’exercices par correspondance, stages).
Les exercices de ce document sont pour l’essentiel des exercices d’apprentissage, et
permettent d’acquérir certains réflexes, mais sont rarement des exercices de compétition.
Par conséquent, pour être performant en situation de concours, l’élève devra les compléter
par d’autres, par exemple ceux provenant de polycopiés de stages olympiques.
Une fois que l’élève aura acquis de l’aisance avec les concepts de base, pour se hisser
au niveau des compétitions de type Olympiades Internationales, il devra élargir ses
connaissances avec des notions plus avancées (ordre multiplicatif, fonctions arithmétiques,
réciprocité quadratique, entiers de Gauss,...).
1 Préliminaires
1.1 Notations
On note N={0,1,2,3, . . .}l’ensemble des entiers naturels, Nl’ensemble des entiers
naturels non nuls ;
Z={. . . , 3,2,1,0,1,2,3, . . .}l’ensemble des entiers relatifs ;
Ql’ensemble des nombres rationnels, c’est-à-dire qui peuvent s’écrire sous la forme a
b
avec aZet bN;
Rl’ensemble des nombres réels.
Qdésigne l’ensemble des rationnels non nuls, Q
+l’ensemble des rationnels strictement
positifs et Q
l’ensemble des rationnels strictement négatifs. On introduit de même les
notations Z,Z,R,R
+,R
.
Si aet bsont deux nombres, alors ab désigne le produit a×b.
1
1.2 Principe de récurrence
Dans ce document, nous utiliserons fréquemment le principe de récurrence suivant.
Soit P(n)une propriété d’un entier n. On suppose que
(i) (initialisation) P(0) est vraie
(ii) (hérédité) pour tout entier naturel n, si P(n)est vraie alors P(n+ 1) est vraie.
P(0) P(1) P(2) P(3) P(4)
Alors P(n)est vraie pour tout n.
Vocabulaire : lorsque l’on essaye de démontrer l’implication P(n) =P(n+ 1), la
propriété P(n)que l’on suppose vraie s’appelle l’hypothèse de récurrence.
Une variante de ce principe est la récurrence forte : supposons que
(i) (initialisation) P(0) est vraie
(ii) (hérédité) pour tout entier naturel n, si P(k)est vraie pour tout k6nalors
P(n+ 1) est vraie.
Alors P(n)est vraie pour tout n.
1.3 Mode d’emploi des exercices
Trois niveaux de difficultés (sans doute subjectifs) sont indiqués pour les exercices.
Les exercices non marqués sont des tests de compréhension immédiate, ou bien demandent
simplement d’appliquer une méthode indiquée quelques lignes plus haut.
Les exercices marqués avec le symbole peuvent demander une petite idée non évidente,
ou un peu de calcul.
Les exercices marqués avec ¶¶ nécessitent un temps de réflexion un peu plus long.
2
2 Divisibilité
Soient a, b deux entiers relatifs. On dit que adivise b(ou que best divisible par a, ou
que best un multiple de a) s’il existe un entier ctel que b=ac. On note a|b.
Définition 2.1.
Par exemple, 2|6,26 |7,1|n,n|n,n|0pour tout entier n.
Soient a, b, b0, c, λ des entiers.
(i) (Transitivité) Si a|bet b|calors a|c.
(ii) Si a|balors a|bc.
(iii) Si a|bet a|b0alors a|b+b0.
(iv) Si a|bet a|b0alors a|b+λb0.
(v) Si λ6= 0 alors a|bsi et seulement si λa |λb.
(vi) Si a|bet b6= 0 alors |a|6|b|.
(vii) Si a|bet b|aalors b=aou b=a.
Proposition 2.2.
Démonstration. (i) Par définition, il existe uet vtels que b=au et c=bv. On a alors
c= (au)v=a(uv)donc a|c.
(ii) Il est clair que b|bc. D’après (i), on en déduit que a|bc.
(iii) Il existe uet vtels que b=au et b0=av. On a alors b+b0=au +av =a(u+v)
donc a|b+b0.
(iv) D’après (ii), on a a|λb0, et d’après (iii) on en déduit que a|b+ (λb0).
(v) Si a|b, alors il existe utel que b=au. Ceci entraîne λb = (λa)udonc λa |λb.
Réciproquement, si λa |λb, alors il existe vtel que λb =λau. Comme λ6= 0, on peut
diviser par λ, ce qui donne b=au, autrement dit a|b.
(vi) Soit utel que b=au. Comme b6= 0, on a u6= 0, donc 16|u|. En multipliant
membre à membre par |a|, on obtient |a|6|au|=|b|.
(vii) On suppose que a|bet b|a.
Si a= 0, alors le fait que a|bentraîne b= 0 donc on a bien b=aou b=a. De
même, si b= 0 alors b=aou b=a.
Si a6= 0 et b6= 0, alors d’après (vi) on a |a|6|b|et |b|6|a|, donc |a|=|b|, ce qui
donne bien b=aou b=a.
Montrer que si a|bet c|dalors ac |bd.
Exercice 2.1.
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Quels sont les entiers ntels que n|n+ 7 ?
Exercice 2.2.
Quels sont les entiers ntels que n2+ 1 |n?
Exercice 2.3.
Montrer que pour tout entier n, l’entier n(n+ 1) est pair.
Exercice 2.4.
Montrer que pour tout entier n, l’entier n(n+ 1)(n+ 2) est divisible par 6.
Exercice 2.5.
Soient a, b, c des entiers. Montrer que si nest un entier vérifiant an2+bn +c= 0
alors n|c.
Exercice 2.6.
Déterminer les entiers ntels que n52n47n27n+ 3 = 0.
Exercice 2.7.
Soient a>1et ndes entiers tels que a|n+ 2 et a|n2+n+ 5. Montrer que a= 1
ou a= 7.
Exercice 2.8.
Démonstration. On a a|n(n+ 2) = n2+ 2ndonc a|n2+n+ 5 (n2+ 2n) = n+ 5.
On en déduit que a|(n+ 2) + (n+ 5) = 7, puis que a= 1 ou a= 7.
La division Euclidienne permet de tester si un entier est divisible par un autre.
Soient aet bdeux entiers tels que b>1. Alors il existe un et un seul couple (q, r)
d’entiers tel que
a=bq +r;
06r6b1.
Théorème 2.3.
4
Les entiers qet rs’appellent respectivement le quotient et le reste de la division
Euclidienne de apar b.
Démonstration. Montrons d’abord l’unicité. Si a=bq +r=bq0+r0avec 06r6b1
et 06r06b1, alors bq bq0=r0r, donc b|qq0|=|r0r|< b. En divisant par b,
on en déduit |qq0|<1, donc q=q0. Il vient r0r=bq bq0= 0, puis r=r0.
Montrons l’existence. Traitons d’abord le cas a>0. Remarquons d’abord que
il existe des entiers xtels que bx 6a(par exemple x= 0) ;
si x>aalors bx > a (puisque bx > ba).
Il existe donc un plus grand entier qtel que bq 6a. Par définition de q, on a b(q+ 1) > a,
c’est-à-dire bq +b>a. Posons r=abq, on a alors 06r < b, ce qui prouve l’existence
dans le cas a>0.
Si maintenant a < 0, on remarque que aba = (b1)(a)>0. On applique la
division Euclidienne de aba par b: il existe q0et rtels que aba =bq0+ret 06r < b.
On a alors a=b(a+q0) + r=bq +ravec q=a+q0.
Exemple : pour a= 25 et b= 7, le quotient est 3et le reste est 4. Pour déterminer ces
valeurs, on a en fait procédé exactement comme dans la preuve du théorème. On essaye
7×1=7,7×2 = 14,7×3 = 21,7×4 = 28 dépasse la valeur a. Donc le quotient qest
égal à 3. Pour calculer le reste, on effectue la soustraction 25 (7 ×3).
Si best un entier relatif non nul quelconque, il existe encore un et un seul couple
(q, r)d’entiers tel que a=bq +ret 06r6|b| − 1. Le cas b>1ayant déjà été
traité, supposons b61. L’unicité se montre de la même façon. Pour l’existence, on
effectue la division Euclidienne de apar b, ce qui permet d’écrire a= (b)q0+r.
On pose alors q=q0et on a a=bq +r.
Remarque 2.4.
Par exemple, la division Euclidienne de 17 par 5s’écrit 17 = (5) ×4+3.
Soient a, b, d, q, r des entiers. On suppose que a=bq +r. Alors ddivise aet bsi et
seulement si ddivise bet r.
Proposition 2.5.
Démonstration. Si ddivise aet balors ddivise abq d’après la Proposition 2(iv), donc
ddivise bet r. De même, si ddivise bet ralors ddivise bq +r=a.
Soient maintenant a>b > 0. L’algorithme d’Euclide consiste à effectuer des divisions
Euclidiennes successives : on pose a0=aet a1=b, puis pour tout k>0on effectue la
division Euclidienne de akpar ak+1 et on appelle ak+2 le reste.
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