L’Encéphale (2008) Supplément 6, S194–S200 j o u r n a l h o m e p a g e : w w w. e m - c o n s u l t e . c o m / p r o d u i t / e n c e p Effets des antipsychotiques sur la neuroplasticité : données animales TM. Jay(a, b) (a) INSERM, Physiopathologie des Maladies psychiatriques, U894, Centre de Psychiatrie et Neurosciences, 75014 Paris (b) Université Paris Descartes, Faculté de Médecine Paris Introduction La plasticité synaptique La plasticité est une propriété fondamentale du système nerveux nécessaire aux fonctions cérébrales normales. La neuroplasticité fait référence à la capacité du système nerveux à s’adapter aux changements environnementaux. Elle inclut différents types de plasticité : La plasticité synaptique est un des mécanismes cellulaires qui expliquerait les phénomènes d’apprentissage et mémorisation. Sa déÀnition remonte à 1949 période à laquelle le psychologue canadien Donald O. Hebb, énonçait que lorsqu’un neurone prend part de façon répétée à l’activation d’un autre neurone, l’efÀcacité des connexions entre ces neurones est augmentée. Les premières évidences expérimentales de cette plasticité synaptique remontent aux travaux de Bliss et Lomo en 1973 [5] qui montrent que des changements brefs et répétitifs de l’activité des synapses excitatrices dans l’hippocampe provoquent une augmentation persistante de l’efÀcacité de la transmission synaptique appelée potentialisation à long terme (LTP pour l’appellation anglo-saxonne Long Term Potentiation). La LTP est un phénomène inductible chez l’animal en plaçant une électrode de stimulation au niveau présynaptique et une électrode d’enregistrement au niveau post-synaptique. Ces électrodes permettent l’enregistrement d’un potentiel post synaptique dont la latence et l’amplitude sont caractéristiques de la région ciblée. Une stimulation répétitive de quelques secondes permet d’augmenter de façon durable l’amplitude de la réponse synaptique traduisant une augmentation d’efÀcacité synaptique prolongée. L’augmentation d’efÀcacité synaptique peut durer plusieurs jours, voire des semaines. Ces phénomènes de LTP ont été reproduits dans différents • synaptique permettant le développement de connexions entre les systèmes neuronaux et le remodelage des contacts synaptiques en terme d’efÀcacité et de densité ; • structurale au niveau des épines dendritiques, reliée à la plasticité synaptique ; • la neurogenèse ou développement de nouveaux neurones. Ces dernières années ont vu une révolution dans nos concepts sur le fonctionnement du cerveau et sa plasticité, y compris chez l’adulte. Il est maintenant accepté que le cerveau forme et élimine à grande vitesse des synapses. La capacité du cerveau adulte à augmenter les connexions en réponse à un stimulus est importante, allant jusqu’à une augmentation de la densité synaptique de 36 % en 24 heures. La zone sous-ventriculaire, située sur les parois des ventricules latéraux, et la zone sous-granulaire dans le gyrus denté de l’hippocampe produisent en permanence de nouveaux neurones. Les cellules souches deviennent des cellules précurseurs puis des neuroblastes et enÀn des neurones. * Auteur correspondant. E-mail : [email protected] L’auteur n’a pas signalé de conÁits d’intérêts. © L’Encéphale, Paris, 2008. Tous droits réservés. Effets des antipsychotiques sur la neuroplasticité : données animales circuits cérébraux et chez de nombreuses espèces animales y compris l’homme. Chez ce dernier, une augmentation durable (plusieurs heures) de l’efÀcacité des synapses au niveau du gyrus denté de l’hippocampe a récemment été reproduite sur des coupes de lobe temporal de patients épileptiques [4]. La LTP est principalement limitée aux synapses excitatrices et le transmetteur excitateur est le glutamate. Lors d’une activation normale de la synapse, le glutamate n’ouvre que des canaux non-NMDA (AMPA). Les récepteurs NMDA qui permettent l’entrée de calcium (Ca2+) dans la cellule sont inactifs au repos car ils sont bloqués par les ions magnésium (Mg2+). La stimulation tétanique (induction LTP) provoque une forte dépolarisation de la membrane via l’entrée d’ions sodium (Na+) par les récepteurs AMPA qui ouvrent les canaux NMDA (éjection de l’ion Mg2+) et permet l’entrée de Ca2+ dans le neurone. L’entrée massive d’ions Ca2+ est le facteur principal déclenchant la potentialisation synaptique. Cet afÁux calcique va provoquer l’activation de plusieurs protéines kinases dont la PKC, TK, CaMKIIŞ, PKA, MAPK… L’activation de ces nombreuses kinases présentes au niveau synaptique va permettre d’activer plusieurs voies de signalisation cellulaire qui aboutiront à la potentialisation de la synapse. La phosphorylation des récepteurs AMPA va augmenter leur conductance aux ions Na+ et conjointement, provoquer une augmentation du nombre de récepteurs AMPA insérés dans la membrane postsynaptique. Ainsi, lors de la prochaine stimulation nerveuse, il y aura facilitation de la dépolarisation postsynaptique par augmentation globale de l’efÀcacité des récepteurs AMPA. L’efÀcacité de A B Transmission synaptique normale Terminaison axonique S195 la synapse sera donc augmentée (Fig. 1). Conjointement et via l’activation de facteurs de transcription, l’expression de gènes et une synthèse de protéines de novo détermineront le maintien ou non de la LTP. La LTD (pour l’appellation anglo-saxonne Long Term Depression) représente une diminution de l’efÀcacité de la transmission excitatrice glutamatergique. Phénomène en miroir de la LTP, la LTD repose également sur une entrée d’ions calcium via les récepteurs NMDA, mais en quantité nettement moindre. À l’inverse de la LTP, l’expression de la LTD se traduit par une diminution du nombre de récepteurs AMPA au niveau de la synapse. L’étude des mécanismes de la LTP et de la LTD a mis en évidence une dynamique temporelle d’un ensemble de mécanismes biochimiques et moléculaires qui permettent la réorganisation des connexions synaptiques, la formation de nouveaux réseaux neuronaux. Ces changements de la force synaptique constituent les mécanismes les plus vraisemblables de l’apprentissage et de la mémoire. Il existe certes un faisceau convergent d’arguments en faveur d’un lien éventuel entre LTP et mémoire, mais aucune preuve n’est établie de manière certaine. Toutes les conclusions ne convergent pas : par exemple, un apprentissage est possible chez des souris knock-out dépourvues de capacité de LTP. De très nombreuses études reposent sur des approches d’électrophysiologie sur tranches tissulaires menées ex vivo. On ne sait pas si ces phénomènes identiÀés et caractérisés existent in vivo. C Induction de LTP Terminaison axonique Après LTP Terminaison axonique Glu + Mg2+ NMDA AMPA PKC TK Ca2+ Ca2+ CaM CaMK Épine dendritique AMPA CaMK PKC Na+ NMDA AMPA Pool latent de R. AMPA CaM PKC TK TK CaMK Épine dendritique FT CaM : Ca**-calmoduline CaMK : Ca**-calmoduline kinase FT : Facteurs de transcription Na Mg2+ Na+ NMDA Pool latent de R. AMPA CaM Épine dendritique Mg2+ Na+ PKC : Protéinkinase C TK : Tyrosine kynase Figure 1 Mécanismes moléculaires de la LTP. Le transmetteur est le glutamate. Dans des conditions d’activation normale des synapses (A), le glutamate n’ouvre que des canaux non-NMDA (AMPA), les récepteurs NMDA sont bloqués par l’ion Mg 2+. Lors de l’activation répétitive ou tétanique (induction) qui permet l’induction de la LTP (B), l’entrée d’ions sodium (Na+) par les récepteurs AMPA engendre une dépolarisation sufÀsante pour provoquer le déblocage des récepteurs NMDA par l’éjection de l’ion Mg2+ et permettre l’entrée d’ions Na+ et Ca2+ dans le neurone. L’entrée d’ions Ca2+ déclencher l’activation de cascades intracellulaires (PKC, TK, CaMK) qui auront pour conséquence une phosphorylation des récepteurs AMPA et une incorporation de récepteurs AMPA supplémentaires dans la membrane post-synaptique (C). S196 TM. Jay A Cortex préfrontal Rec. B Contrôles Stress aigu Stressés SHF CA1/sub Hippocampe Changes in PSP amplitude (% of baseline) 180 Tetanized input 160 140 120 100 80 60 – 30 0 30 60 Time (min) 90 120 C Stress chronique Contrôles SHF Stressés Change in PSP amplitude (% baseline) 180 160 140 120 100 80 – 30 0 30 60 90 120 Time (min) Figure 2 Potentialisation à long terme (LTP) induite au niveau du circuit hippocampe-cortex préfrontal chez les rats contrôles, exposés à un stress aigu et chronique. A : Coupe schématique du cortex préfrontal montrant l’électrode d’enregistrement (Rec) placée dans les cellules pyramidales du cortex préfrontal médian aÀn d’enregistrer les potentiels de champ évoqués par l’électrode de stimulation (« tetanized input ») placées dans l’hippocampe ventral (CA1/ subiculum) d’où partent les Àbres en direction du cortex préfrontal. Les potentiels de champ enregistrés avant et après l’application de la stimulation tétanique sont montrés en 1 (contrôles) et 2 (stressés) : L’amplitude ces potentiels de champ est augmentée de façon durable (LTP) après l’application d’une stimulation tétanique. La LTP est bloquée après exposition à un stress aigu (B) et chronique (C). Adaptée d’après [6, 20]. Effets des APA sur les capacités cognitives et la plasticité synaptique Les antipsychotiques atypiques, par rapport aux neuroleptiques classiques, permettent l’amélioration de la symptomatologie positive et des performances cognitives [14, 17]. Lahti et coll. [13] montrent que chez des patients schizophrènes, la clozapine normalise le débit sanguin cérébral dans le cortex cingulaire lors d’une tâche cognitive et rétablit une performance normale chez les patients traités. Or, selon les données animales les performances cognitives dépendent du système glutamatergique et des récepteurs NMDA au niveau de l’hippocampe et du cortex préfrontal. Effets des antipsychotiques sur la neuroplasticité : données animales Peu d’études se sont intéressées à l’effet des antipsychotiques atypiques sur la LTP contrairement à celui des antidépresseurs. Les premières études ont été menées par l’équipe de Kubota et coll [10, 11]. Ces auteurs ont tout d’abord rapporté un blocage de la LTP par l’halopéridol et la carbamazépine. Ils ont ensuite mis en évidence que la clozapine, administrée pendant 3 semaines à la dose de 20 mg/kg chez le lapin, potentialise la réponse synaptique avant la LTP hippocampique et non l’induction de la LTP. Cette potentialisation dépend des récepteurs NMDA et induit une libération de dopamine au niveau de l’hippocampe. La rispéridone administrée de manière chronique à la dose de 10 et 20 mg/kg chez le lapin n’a pas d’effet inducteur de la LTP hippocampique [12]. Effets des APA sur les effets délétères du stress sur la plasticité synaptique Le stress bloque l’efÀcacité des synapses du système hippocampe – cortex préfrontal. Lorsqu’on applique un stress aigu comportemental à des animaux, on met en évidence une augmentation des corticostérones plasmatiques et un blocage de la LTP, témoin du blocage de la plasticité synaptique par le stress [20]. Le stress chronique entraîne aussi un blocage de la LTP chez l’animal, ainsi qu’un déÀcit de performances cognitives comme la mémoire de travail et la Áexibilité comportementale [6]. La Áexibilité comportementale fait référence à la capacité de l’animal à s’adapter à un nouvel environnement. Les relations entre stress, fonctions cognitives et circuit hippocampe-cortex prefrontal et le rétablissement d’une fonction préfrontale normale sous clozapine [13] nous ont conduit à investiguer les effets de la clozapine sur les perturbations de plasticité synaptique hippocampopréfrontale observées chez l’animal. Nous avons montré que la clozapine en traitement aigu diminue les effets négatifs du stress sur la plasticité prefrontale [19]. Ces résultats suggèrent que, sous clozapine, les fonctions cognitives peuvent être maintenues après stress ou que la clozapine est capable de rétablir la balance au niveau des synapses hippocampo-préfrontales. Faisant référence aux travaux de Sebban et coll. [21], qui avaient montré des effets (dose dépendants) de la clozapine sur l’activité theta frontale chez des rats vigils, nous avons utilisé une dose bien inférieure à ce qui est classiquement utilisé. En effet, l’activité theta au niveau frontal joue un rôle majeur dans la mémoire de travail chez plusieurs espèces incluant l’homme et cette activité est très importante dans l’expression de la plasticité synaptique. Plasticité structurale La plasticité structurale est directement reliée à la plasticité synaptique. Sur le plan structural, les changements dynamiques sont localisés au niveau des épines dendritiques. Ces dernières sont le site majeur de l’excitation postsynaptique. La plupart des cellules pyramidales dans le S197 cortex cérébral ont des milliers d’épines le long de l’arbre dendritique. Grâce aux nouvelles techniques d’imagerie (microscopie confocale), on sait que les épines dendritiques sont en perpétuel changement. Récemment on a pu appliquer une stimulation répétitive des récepteurs NMDA au niveau des épines dendritiques des cellules CA1 de l’hippocampe et montrer que cette procédure de stimulation augmente de 28 % le diamètre des épines. Cette augmentation de taille dépend de la taille dendritique initiale. Chez le sujet souffrant de schizophrénie, on observe une diminution du volume du cortex préfrontal, une réduction de la densité et de la longueur des épines dendritiques ainsi qu’une diminution des terminaisons présynaptiques et de la taille du soma neuronal. Il est clairement établi que ces processus dynamiques sont régulés dans des conditions normales et pathologiques. Effets des APA sur cette plasticité structurale Une première étude menée par l’équipe de Critchlow et coll. montre que la spinophiline (phosphatase spéciÀque des épines dendritiques) est augmentée de 70 % dans des neurones hippocampiques cultivés in vitro en présence de clozapine (1 μM). Lorsque les auteurs examinent les dendrites de ces cellules en microscopie confocale, ils détectent une augmentation plus importante de la densité des épines dendritiques en présence de clozapine comparativement à l’halopéridol [7]. Plus récemment, Wang et Deutch se sont intéressés au devenir des terminaisons glutamatergiques dans le cortex préfrontal après un déÀcit dopaminergique [24]. Dans un premier temps, les auteurs ont étudié l’effet d’une lésion par la 6 hydroxy-dopamine sur les épines dendritiques in vivo. Puis ils se sont intéressés à l’impact des antipsychotiques (halopéridol ou olanzapine) sur les changements structuraux. Après 3 semaines, ils observent une diminution de la longueur et de la complexité de l’arbre dendritique des cellules pyramidales du cortex préfrontal chez les rats lésés traités avec une solution saline. Les rats lésés traités par halopéridol ne présentent pas un net changement au niveau de la longueur et des branchements dendritiques au niveau basal. En revanche, il existe une forte augmentation des épines dendritiques chez les animaux traités par olanzapine. Neurogenèse La neurogenèse, aboutissant à la production de nouveaux neurones, est restreinte à deux zones cérébrales : zones sous granulaire au niveau du gyrus denté et sous ventriculaire. Sa découverte chez l’adulte a modiÀé la compréhension de la plasticité cérébrale jusqu’alors considérée comme étant uniquement d’ordre synaptique. De nouveaux neurones naissent et meurent quotidiennement dans le gyrus denté de l’hippocampe adulte chez tous les mammifères, y compris chez l’homme. La neurogenèse dans le cerveau adulte est un phénomène de différenciation par lequel les cellules souches de l’hippocampe, se divisent : S198 TM. Jay une cellule demeure cellule souche, l’autre se transforme en neurone. Cette forme de plasticité neuronale est régulée par de nombreux facteurs physiologiques dont certains paraissent impliqués dans les troubles de l’humeur. Le stress chronique via une augmentation du cortisol plasmatique réduit le nombre de nouveaux neurones générés dans l’hippocampe alors que l’exercice physique, les antidépresseurs et le lithium l’augmentent [8]. La technique employée pour détecter la production de nouveaux neurones dans le cerveau est relativement simple. La plupart des études ont utilisé un analogue de la thymidine, la bromodésoxyuridine (BrdU). Lorsque cette molécule est administrée à un animal, elle s’incorpore dans le nouveau brin d’ADN qu’une cellule synthétise peu avant la mitose. Il est alors possible, a posteriori, de retrouver la trace des cellules qui ont incorporé le marqueur de synthèse grâce à des anticorps spéciÀques anti-BrdU. En combinant des marqueurs neuronaux spéciÀques du BrdU, on parvient à prouver que les cellules nouvellement générées sont effectivement des neurones et non des cellules gliales. Effets des APA sur la neurogenèse. Implication des facteurs trophiques Un travail mené par Newton et Duman en 2007 [18], résume les données à propos des effets des antipsychotiques atypiques sur la neurogenèse (Tableau 1). L’olanzapine apparaît comme la molécule augmentant le plus la neurogenèse dans les zones sous granulaire et sous ventriculaire mais aussi dans le cortex préfrontal. Cependant la neurogenèse dans le cortex préfrontal n’est pas observée dans des conditions physiologiques normales. L’olanzapine à long terme induit une augmentation de 56 % de la prolifération cellulaire non neuronale dans le cortex préfrontal. Ces données rejoignent les résultats de Selemon et al. chez le singe : après l’administration d’antipsychotiques atypiques pendant 6 mois, on observe une prolifération gliale [22]. Chez le rat, l’administration de quétiapine à la dose de 10 mg/kg pendant 7 ou 21 jours normalise la neurogenèse hippocampique après exposition au stress [16, 25]. Si les antipsychotiques atypiques ont un rôle dans la neurogenèse, est-ce par un effet sur les facteurs trophiques ? Les études ont essentiellement porté sur Brain Derived Neurotrophic Factor (BDNF), Nerve Growth Factor (NGF), et VGF. Les résultats publiés sont contradictoires. La rispéridone et l’halopéridol semblent diminuer l’expression du BDNF dans l’hippocampe, le cortex préfrontal et orbital [1] contrairement à l’olanzapine (2,7 mg/kg) et à la clozapine (10 mg/kg) au niveau hippocampique [3]. L’olanzapine augmenterait le NGF, la phosphorylation des voies de signalisation (Akt, ERK) impliquées dans la production de BDNF [15]. La clozapine (25 mg/kg), l’olanzapine (2,5 mg/ kg, 5 mg/kg, 10 mg/kg), et l’aripiprazole (2 mg/kg, 10 mg/ kg, 20 mg/kg) n’auraient pas d’effets sur les taux protéiques de BDNF et de NGF hippocampiques [23]. On peut donc s’interroger sur la nature des différences entre APA et neuroleptiques classiques. Tout d’abord à propos de l’action sur le BDNF : les antagonistes 5HT2A Tableau 1 Induction de la neurogenèse et de la prolifération cellulaire par les antipsychotiques atypiques (d’après 18) Treatment Drug Atypical Olanzapine Olanzapine Dos (mg/kg) No. days 2 21 Brain regiona Effect Reference SGZ Increased 52 10 21 SGZ Increased 53 0.5 – 20 28 SGZ Increased 54 Risperidone 0.5 21 SGZ No effect 55 Olanzapine 2 21 SGZ No effect 55 Olanzapine 2 21 SVZ No effect 52 Risperidone 0.5 21 SVZ Increased 55 Olanzapine 0 21 SVZ Increased 55 Olanzapine 2 21 PFC Increased 52 Olanzapine 10 21 PFC Increased 53 Olanzapine 10 21 Striatum Increased 53 52 Increased 56 Clozapine Olanzapine Olanzapine 2 2 21 21 Striatum SVZ, PFC Increasedb Olanzapine 2 21 SGZ No effect 56 Risperidone 0.5 21 SVZ, SGZ No effect 56 a. SGZ and SVZ refer to neurogenesis : PFC and striatum refer to proliferation of non-neuronal cells. b. Trend for increased cell proliferation. OB = olfactory bulb ; PFC = prefrontal cortex ; SGZ = subgranular zone ; SVZ = subventricular zone. Effets des antipsychotiques sur la neuroplasticité : données animales augmentent la production de BDNF alors que les antagonistes D2 la diminuent. Par ailleurs, l’expression de BDNF est dépendante de la stimulation des récepteurs D1 dans le cortex préfrontal. La mesure de la protéine BDNF serait plus pertinente que la mesure de l’expression de BDNF. Un autre mécanisme est le remodelage synaptique sous tendu par la facilitation des récepteurs NMDA et AMPA. Alors que l’halopéridol diminue l’expression des récepteurs NMDA (NR1, NR2A), de la Calcium-Calmoduline kinase (CaMK II), et le traÀc des récepteurs AMPA, l’olanzapine n’induit pas de telles modiÀcations [9]. Il existe une sélectivité régionale : ces changements sont observés au niveau du cortex préfrontal et pas au niveau de l’hippocampe. Conclusion Les traitements antipsychotiques agissent sur la neuroplasticité et montrent un effet positif sur la plasticité synaptique pour ce qui est des APA. Cependant ils agissent plutôt en tant qu’antagonistes 5HT2A qu’antagonistes D2 et n’ont probablement pas d’effets directs sur le système glutamatergique vu leur faible afÀnité pour les récepteurs glutamatergiques [2]. Par contre, ils augmentent la dopamine et l’acetylcholine dans le cortex préfrontal et l’hippocampe qui vont améliorer les fonctions cognitives et les symptômes négatifs chez le schizophrène. L’autre hypothèse serait que les antipsychotiques normalisent la fonction glutamatergique dans ces régions. Les résultats sont plus controversés dans l’analyse des effets des APA sur les facteurs trophiques : BDNF et NGF. Ces différences qui s’expliquent en partie par l’utilisation de préparations in vivo et in vitro demandent à être vériÀées sur un plus grand nombre d’expériences. Certains APA semblent avoir un effet prononcé sur la prolifération cellulaire dans la zone sous granulaire et sous ventriculaire. Il reste à démontrer que l’intégration de ces nouveaux neurones dans l’hippocampe améliore la plasticité fonctionnelle de cette région et surtout que cette prolifération cellulaire contribue à l’efÀcacité thérapeutique des APA. Références [1] Angelucci F, Mathé AA, Aloe L. Brain-derived neurotrophic factor and tyrosine kinase receptor TrkB in rat brain are significantly altered after haloperidol and risperidone administration. J Neurosci Res. 2000 Jun 15 ; 60 (6) : 783-94. [2] Arnt J, Skarsfeldt T. Do novel antipsychotics have similar pharmacological characteristics ? A review of the evidence. Neuropsychopharmacology 1998 ; 18 : 63–101. [3] Bai O, Chlan-Fourney J, Bowen R et al. Expression of brainderived neurotrophic factor mRNA in rat hippocampus after treatment with antipsychotic drugs. J Neurosci Res. 2003 Jan 1 ; 71 (1) : 127-31. 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