Plasticité cérébrale, vieillissement et apprentissage moteur
On sait que la capacité de notre cerveau à modifier ses connexions, c’est-à-dire la plasticité
cérébrale, est nécessaire à l’acquisition de nouvelles compétences (telles qu’apprendre à jouer d’un
instrument de musique ou rouler à vélo) et tend à évoluer avec l’âge.
Dans une nouvelle étude de l’ULB Neuroscience Institute (UNI) publiée dans la revue Cerebral Cortex,
Alison MARY (Unité de Recherche en Neuropsychologie et Neuroimagerie Fonctionnelle au Centre de
Recherches en Cognition et Neurosciences) et ses collègues montrent en collaboration étroite avec
l'Unité de Magnétoencéphalographie (MEG) de l’Hôpital Erasme que la manière dont l'activité de
notre cerveau est organisée avant un nouvel apprentissage influence la performance lors de
l'apprentissage, et que cette influence change au cours du vieillissement.
En effet, cette étude démontre que l’organisation des réseaux de neurones lors d'une période d'éveil
calme prédit le niveau individuel de performance lors d'une tâche ultérieure d’apprentissage moteur.
De plus, les réseaux neuronaux au repos qui prédisent cet apprentissage sont différents en fonction
de l’âge. Chez des jeunes adultes (19-30 ans), un réseau spécifique à un apprentissage moteur
automatisé, impliquant le cortex sensorimoteur primaire, le striatum et le cervelet est associé à un
meilleur apprentissage. Par contre, chez des adultes plus âgés (66-70 ans), l’acquisition de cette
nouvelle habileté motrice dépend davantage de réseaux neuronaux qui sous-tendent des processus
attentionnels et de contrôle cognitif, ce qui suggère que les participants âgés utilisent une stratégie
d'apprentissage plus contrôlée et demandeuse en ressources cognitives.
Ainsi, ces résultats montrent qu’indépendamment de nos capacités de plasticité cérébrale, la
manière dont nos réseaux cérébraux s'organisent influence nos capacités d’apprentissage, et que les
réseaux qui participent à l'apprentissage se modifient avec l’âge. Ces résultats permettent également
d’expliquer pourquoi, avec l’âge, l’être humain éprouve plus de difficultés à apprendre de nouvelles
habilités motrices.
Enfin, cette étude est la première du genre à utiliser la magnétoencéphalographie pour investiguer
ce type de phénomène. Elle ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour mieux comprendre l’effet de
l’âge sur l’organisation fonctionnelle du cerveau humain ainsi que sur les conséquences
comportementales qui en découlent.
Cette étude était financée par le Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS). La MEG est
financée par le Fonds Erasme.
Référence
Resting-state Functional Connectivity is an Age-dependent Predictor of Motor Learning Abilities
(2016) Alison MARY, Vincent WENS, Marc OP DE BEECK, Rachel LEPROULT, Xavier DE TIEGE and Philippe
PEIGNEUXCerebral Cortex doi: 10.1093/cercor/bhw286
http://cercor.oxfordjournals.org/content/early/2016/09/20/cercor.bhw286.abstract?keytype=ref&ij
key=Xv8p2vfG2ZoZyw1
Contact scientifique :
ULB
ULB Neuroscience Institute (UNI)
Faculté des Sciences psychologiques et de l’éducation