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effet, une particularité des recherches qui sont exposées ici est qu’elles utilisent à la fois
le langage du calcul des probabilités et celui de la géométrie différentielle. Parmi d’autres
combinaisons possibles, j’ai choisi d’écrire ce texte en pensant à un lecteur familier avec les
probabilités et non hostile à la géométrie différentielle. Les objets géométriques importants
sont donc décrits en détail, bien plus sans doute qu’un expert en géométrie différentielle
ne pourrait le souhaiter. De plus, tout au long du texte, des précis sur divers sujets sont
présentés sous forme d’encarts, afin que le lecteur puisse aisément se référer à ceux dont
il a l’usage, et tout aussi aisément ne pas lire ceux dont il sait connaître le contenu.
Le troisième et dernier chapitre présente mes travaux, seul et en collaboration avec
Florent Benaych-Georges et Mylène Maïda, sur les grandes matrices unitaires aléatoires.
Dans ce domaine beaucoup plus familier à beaucoup de lecteurs potentiels, une présenta-
tion plus succinte du contexte m’a paru suffisante. Néanmoins, là encore, les objets sont
introduits en détail et des encarts balisent la progression du texte.
Enfin, en annexe à ces notes de synthèse, j’ai ajouté un texte que j’aurais beaucoup
aimé avoir à ma disposition au début de mes travaux. J’y trace un chemin (nécessairement
superficiel) qui relie les équations de Maxwell aux théories de jauge en mettant l’accent
sur la raison pour laquelle il est naturel d’introduire des fibrés principaux dans la for-
mulation quantique de l’électromagnétisme. La seule originalité de ce texte, qui est une
synthèse de fragments glanés ici ou là, est d’être écrit par un mathématicien et pour des
mathématiciens.
Présentation des résultats
Je vais maintenant décrire plus précisément le thème de mes recherches en indiquant
tout d’abord de quelle façon il est issu de la physique théorique.
Les difficultés mathématiques des théories de jauge
La mesure de Yang-Mills porte les noms des physiciens Chen Ning Yang et Robert
L. Mills qui, en 1954, ont les premiers considéré des champs de jauge prenant leurs va-
leurs dans des algèbres de Lie non abéliennes pour rendre compte de certains effets de
l’interaction forte [YM54]. Les théories de jauge non abéliennes auxquelles ils ont ainsi
ouvert la voie ont ensuite servi de cadre à des modèles de plus en plus vastes et précis
des interactions entre les constituants élémentaires de la matière, pour aboutir au modèle
standard qui est, depuis le début des années 1970, la meilleure théorie disponible dans
ce domaine et qui rend compte, de façon conceptuellement homogène, des interactions
électromagnétique, faible et forte [CG07].
Dans le modèle standard, les interactions sont véhiculées par des bosons de jauge, dont
les photons sont un exemple, qui véhiculent l’interaction électromagnétique 2. Ces bosons
sont représentés par des fluctuations d’un champ de jauge, dont la nature mathématique
est celle d’une connexion sur un fibré principal. La théorie de ces connexions a précisément
2. Pour imaginer comment deux électrons peuvent se repousser en échangeant des photons, on peut penser à
deux patineurs lancés parallèlement l’un à l’autre et qui s’envoient à tour de rôle une lourde balle, faisant ainsi à
chaque fois, par réaction, diverger un peu leurs trajectoires.