Université Paul Sabatier, 2014–2015, cours L2 spécial, Algèbre linéaire 5
Soit λune valeur propre de uet supposons qu’elle ne soit pas racine de µu. Il existe alors des
constantes b0, . . . , bd, avec b06= 0, telles que
µu(X) = b0+b1(X −λ) + . . . +bd(X −λ)d
=b0+ (X −λ)[b1+. . . +bd(X −λ)d−1].
Par conséquent on a
0 = µu(u) = b0Id + (u−λId)[b1Id + . . . +bd(u−λId)d−1]
d’où on tire
(u−λId) b1
b0
Id + . . . +bd
b0
(u−λId)d−1=−Id .
Mais ceci implique que (u−λId) est inversible, donc que λn’est pas valeur propre de u: contradiction.
Le polynôme minimal permet de donner le critère suivant de diagonalisabilité:
Théorème 1.5. —Soit uun endomorphisme d’un espace vectoriel Ede dimension finie. Alors uest
diagonalisable si et seulement si µuest scindé et toutes ses racines sont simples.
Démonstration. — Supposons d’abord udiagonalisable et considérons une base de vecteurs propres
associées aux valeurs propres λ1, λ2, . . . , λd. Notons Dla matrice de udans cette base. On sait que µua
pour facteurs P = (X −λ1). . . (X −λd). Comme chaque espace propre est invariant par u, on vérifie que
(D −λ1Im1). . . (D −λdImd) = 0, donc P∈Ann u. Comme c’est un facteur de µuet qu’il est unitaire, on
en déduit que P = µu. Donc les racines sont simples.
Passons à la réciproque. Supposons que µuest scindé à racines simples. Les racines de µusont donc
l’ensemble des valeurs propres λ1, . . . , λd:
µu(X) = (X −λ1). . . (X −λd)
et les facteurs (X −λj)sont premiers entre eux. Donc le lemme des noyaux implique
E = Ker µu(u) = Ker (u−λ1Id) ⊕. . . ⊕Ker (u−λdId),
ce qui signifie que Eest somme directe des espaces propres de u, donc que uest diagonalisable.
Corollaire 1.6. —Soit uun endomorphisme défini sur un espace vectoriel de dimension finie. S’il
existe un polynôme scindé à racines simples qui annule u, alors uest diagonalisable.
Démonstration. — Soit P∈Ann uscindé à racines simples. Par définition du polynôme minimal, µu
divise P, donc µuest aussi scindé à racines simples, d’après le théorème de Gauss. Du coup, le théorème
précédent montre que uest diagonalisable.
1.3 Polynômes minimaux associés à des vecteurs
Soit u∈L(E) un endomorphisme d’un espace vectoriel de dimension finie. Soit x∈E, et notons
Ann(x, u) = {P∈K[X].P(u)(x) = 0}
l’annulateur de xrelatif à u. On vérifie comme dans le cas de Ann uque c’est un idéal, donc il existe un
unique polynôme unitaire µx,le polynôme minimal de xrelativement à u, tel que tout P∈Ann(x, u)est
divisible par µx.
Proposition 1.7. —Il existe x∈Etel que µu=µx.