COMPORTEMENT ALIMENTAIRE
UV 305
Les anomalies du comportement alimentaire
chez le sportif
Docteur Hervé ROBERT
Médecin nutritionniste
Sommaire
A) Classification des troubles du comportement alimentaire
1) De la faim à la satiété 2
2) Qu’est-ce que la restriction cognitive ? 3
3) Grignotage, snacking et craving 3
4) La boulimie 5
5) L’anorexie 6
B) Comment corriger un trouble du comportement alimentaire ?
1) Comment lutter contre une restriction cognitive ? 8
2) Comment éviter le grignotage ? 8
3) Comment éviter le snacking ? 8
4) Comment lutter contre le craving ? 8
5) Comment traiter la boulimie ? 9
6) Comment traiter l’anorexie ? 9
C) Les grandes erreurs de choix nutritionnels chez le sportif
1) Les excès d’apports en protéines 11
2) Les erreurs de choix des glucides 14
3) L’hydratation insuffisante 21
4) L’insuffisance d’apport calcique 24
5) La croyance aux compléments alimentaires « miracle » 29
6) Les régimes amaigrissants inadaptés 36
Bibliographie 47
Introduction
Manger, pour l’Homme, ce n’est pas simplement se nourrir.
Il y a ce qu’il y a dans l’assiette, mais ce qui est autour de l’assiette est tout aussi important !
Le comportement alimentaire de l’homme sera fonction :
- des signaux internes envoyés par l’organisme (hypoglycémie, estomac vide, sensation de plaisir procuré
par l’ingestion d’un aliment)
- des signaux externes culturels, symboliques et sociaux.
Paradoxalement le mangeur est poussé à manger par la société de consommation qui, pourtant, incite à la
minceur !
A) Classification des troubles du comportement alimentaire
1) De la faim à la satiété
L’appétit chez l’homme est un mélange complexe de phénomènes physiologiques et
psychologiques qui inclut la sensation de faim, l’apport calorique total journalier, la nature
des ingrédients ingérés, le nombre et l’importance des repas, ainsi que les préférences
alimentaires.
Le signal de faim qui suscite la recherche de nourriture est lié notamment à une faible baisse
de la glycémie (d’environ 7 %) pendant une dizaine de minutes. Les protides sont plus
rassasiants que les glucides et les fibres ; les matières grasses ayant un effet moindre, c’est
pourquoi un régime trop riche en lipides déclenche une suralimentation passive, qui peut
favoriser un gain de poids. Le petit déjeuner idéal qui ne donnera pas de coups de pompe en
fin de matinée, peut ainsi être fait de pain complet (glucides et protides) avec une tranche de
jambon maigre (protides) et d’un yaourt (protides, calcium) avec un fruit (glucides, fibres,
antioxydant). L’arrêt de la prise d’aliments est déterminé par la diminution du plaisir
alimentaire, la sensation d’estomac plein et les sécrétions hormonales (insuline et glucagon).
Le rassasiement, c’est l’impression d’être repu. Elle met au moins 20 minutes à survenir, d’où la nécessité de ne
pas manger trop vite. Un repas expéden 10 minutes ne rassasiera pas et expose à un excès d’apport immédiat
ou à un grignotage ultérieur.
Survient enfin la satiété, période pendant laquelle on n’a pas envie de manger, elle dépend notamment du niveau
énergétique du repas et de sa nature liquide ou solide. Cette sensation de ne plus avoir faim, s’accompagne d’un
bien-être agréable.
Certains obèses ont peut-être un seuil de satiété décalé vers le haut, ou dépassent les signaux sensoriels de
rassasiement et continuent à manger pour des raisons non physiologiques.
Les troubles du comportement alimentaires apparaissent :
- soit entre les repas : grignotage, snacking, craving, boulimie
- soit pendant les repas : restriction cognitive, anorexie, hyperphagie.
Dans un groupe de 100 femmes obèses :
- 40 % ne mangent pas entre les repas
- 60 % ont une consommation alimentaire extra-prandiale (en hors des repas) :
25 % ont des compulsions alimentaires, 19 % grignotent, 1 % sont boulimiques et
15 % ont divers troubles associés.
En 1999 (étude INCA-CREDOC), 80 % des personnes déclaraient manger entre les repas, elles sont
92 % en 2003 (sondage IPSOS).
2) Qu’est-ce que la restriction cognitive ?
Cette attitude est archi-répandue aujourd’hui à cause de la folie de minceur actuelle. Elle est considérée comme
un authentique trouble du comportement alimentaire depuis 1980.
S’associent :
- un trouble de l’image de soi, avec le désir d’être plus mince pour se conformer aux normes sociales
idéales. Il y a un rejet de sa propre apparence et donc une mésestime de soi
- un effort délibéré de limitation de la ration alimentaire pour perdre du poids ou ne pas en prendre. Cette
démarche associe privation, frustration et obsession alimentaire.
Par contrainte mentale, il y a l’intention de diminuer l’apport alimentaire, mais en réalité, la restriction
énergétique n’est pas toujours effective, car les sujets sous-estiment ce qu’ils mangent.
Le petit déjeuner est souvent supprimé. Au déjeuner de midi, même s’il a encore faim, le sujet qui se contrôle
bien, arrête de manger à un moment, il ne va pas jusqu’à la sensation de satiété. Dans l’après-midi, il est tenté de
grignoter, il siste plus ou moins facilement… Au dîner, il a par contre une hyperphagie, il va au delà de la
satiété le soir !
Trop de contraintes aboutissent aussi parfois, par désinhibition, à des compulsions (craving, voire boulimie).
3) Grignotage, snaking et craving
Qu’est ce que le grignotage ?
C’est l’absorption quasi automatique d’aliments par petites quantités fractionnées, parfois sur une durée
prolongée voire permanente, sans envie d’un aliment spécifique.
C’est un peu un « laisser-aller » devant la nourriture en situation de disponibilité. On pioche dans une boîte de
biscuits ouverte. Chez soi, le soir, on mange des bouts de fromage en préparant le dîner ou on fauche des chips
ou des cacahuètes avant l’apéritif.
Ce grignotage vise à combler un vide affectif ou à « évacuer la pensée ». Le grignotage est socialement
facilement admis et ne s’accompagne pas de culpabilité.
Sur 39 % des Français qui déclarent grignoter :
- 37 % c’est parce qu’ils ont faim
- 28 % par besoin de réconfort
- 16 % par besoin d’énergie
- 24 % pour d’autres raisons.
Les aliments consommés sont souvent gras-sucrés (pâtisseries, viennoiseries, barres
chocolatées, biscuits, chips…). Ce mode de consommation conduit à manger parfois
beaucoup avant d’être rassasié. Comme cet apport alimentaire se rajoute souvent aux repas
classiques, il déséquilibre la ration alimentaire et a comme risque nutritionnel la prise de
poids.
Qu’est-ce que le snacking ?
C’est la consommation d’aliments sous forme d’en-cas entre les repas. Il constitue un mini-
repas. Il y a fréquemment une anticipation et donc une programmation de ce repas
supplémentaire. Les aliments sont alors achetés à l’avance et emportés.
Cette tendance est favorisée par la commercialisation de multiples aliments tout prêts, peu
chers au goût agréable.
Ce trouble est d’avantage répandu chez les jeunes. Il touche 90 % des scolarisés.
Font plus de 21 repas par semaine : 54 % des femmes et 37 % des hommes.
Il apporte environ 30 % de l’énergie des ingesta quotidiens.
Il est nocif :
- si la consommation alimentaire se fait sans faim, ni besoin
- si c’est une compensation face à une angoisse (même s’il n’y a pas de compulsion
comme dans le craving
- si le sujet mange surtout des aliments gras et sucrés (barres chocolatées)
- s’il se surajoute à l’apport calorique habituel qui est maintenu aux autres repas.
Il est utile :
- s’il aboutit à une répartition des apports inchangés sur 4 ou 5 repas
- s’il fractionne ou complète un repas
- si les 3 (ou 4) principaux repas sont maintenus
- si l’équilibre alimentaire est respecté (céréale, laitage, fruit)
- s’il est une occasion d’apporter des protéines sans lipides : blanc de poulet ou de
dinde, jambon maigre, laitage à 0% de MG. C’est mieux qu’une diète protéique, car il
y a une mastication.
L’étude SU.VI.MAX confirme que les personnes qui goûtent ont un IMC plus faible que ceux
qui ne font que 3 repas.
Les femmes enceintes, le diabétique et les personnes âgées peuvent en tirer des bénéfices.
Le sportif aussi, car il peut ainsi mieux répartir sa ration calorique sur les 24 heures et assurer
un apport régulier de glucides (par exemple la ration d’attente avant une compétition).
Qu’est-ce que le craving ?
Le mot vient de l’anglo-saxon « crave » qui signifie « affamé ». Le craving est une
compulsion alimentaire difficilement contrôlable, qui pousse à manger de toute urgence un
aliment très apprécié pour obtenir un plaisir immédiat. Dans 40 % des cas, c’est un aliment
chocolaté.
C’est une ponse à l ‘organisme qui cherche les molécules de base nécessaires à la
fabrication de neuromédiateurs (sérotonine, endorphines). C’est un phénomène d’adaptation
au stress, une réponse à l’angoisse. Malheureusement, quand il dépasse son but et devient
excessif, il peut déboucher vers une boulimie.
Un cas particulier est la carence en sérotonine cérébrale qui entraîne des troubles de l’humeur,
associés à des envies ou des besoins urgents de consommer des aliments riches en glucides à
goût sucré, c’est le « carbohydrate craving ». Le sucre stimule la sécrétion d’insuline, ce qui
facilite le passage dans le cerveau du tryptophane, précurseur biochimique de la rotonine.
Mais un certain nombre de cellules nerveuses contiennent à la fois de la sérotonine et des
endorphines qui peuvent être libérées de manière simultanée. Les endorphines sont la
« morphine interne » que l’organisme sait fabriquer pour combattre la douleur. De fait, le
sucre est capable de calmer la douleur chez le nourrisson et soulage efficacement les douleurs
prémenstruelles.
Mais cette efficacité contre la douleur physique et morale peut finalement aboutir à un trouble
du comportement. Détourné de son utilisation première, il est utilisé presque comme une
« drogue ». Et comme le disent Le Barzic et Guy-Grand : « Les sucreries sont substituées à
l’objet manquant et finissent par être recherchées pour elles-mêmes. C’est paradoxalement,
pour échapper à la dépendance de l’être absent, que le sujet préfère entrer en dépendance à
l’égard des sucreries ». Le comportement devient pathologique, quand manger du sucre
devient l’unique réponse à une situation de stress, d’ennui, de conflit ou d’angoisse.
Andy Warhol qui souffrait de ce trouble, écrivait en 1975 : « La seule chose que j’ai jamais désirée,
c’est le sucre ».
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