La Revue LISA / LISA e-journal. - ISSN 1762-6153 - Volume VI – n°1 / 2008
Français », « Qui est l’ennemi de la France à travers l’histoire ? », « Le
mensonge, arme politique anglaise »8, etc.
Le contrôle de l’information en tant de guerre permet d’identifier
trois commanditaires : les services officiels de propagande français, les
partis de collaboration et les services officiels de propagande allemands.
Du côté français, le gouvernement de Vichy et son Secrétariat
d’État à l’Information et à la Propagande sont les principaux émetteurs.
Paul Marion en prend la tête de 1940 à la fin de l’année 1943 et diffuse
auprès de ses délégués départementaux à l’Information des notes de
documentation qui fournissent l’argumentaire des campagnes de
propagande9. La politique en matière d’information n’est cependant pas
constante pendant ces années de conflit. D’une façon générale, Vichy
privilégie la politique intérieure qui promeut le Maréchal Pétain et la
Révolution nationale au détriment de la politique étrangère, domaine
réservé aux Allemands. Le Maréchal Pétain n’évoque la Grande-Bretagne
qu’à quatre reprises dans ses discours : le 11 juillet 1940 pour dénoncer
l’attaque de la marine française dans la rade algérienne d’Oran, le 7 avril
1941 pour dénoncer la « dissidence » et les anciens alliés en Afrique, le 8
juin le Maréchal intervient sur la Syrie et enfin le 10 mai 1942, le discours
sur Jeanne d’Arc établit, à mots couverts, un parallèle entre la Guerre de
Cent ans et le conflit actuel10. La modération du gouvernement de Vichy
s’explique, en 1940, par le projet non abouti et toujours mystérieux de
négociations secrètes du médecin et conseiller personnel du Maréchal
avec la Grande-Bretagne, le Dr. Ménestrel. Après Mers El-Kebir, le
gouvernement de Vichy rompt ses relations diplomatiques avec la
Grande-Bretagne mais sans pour autant aller jusqu’à la déclaration de
guerre. À partir de février 1941, la collaboration franco-allemande se
confirme et évolue sensiblement avec l’arrivée de l’Amiral Darlan nommé
vice-président du Conseil. Il personnalise un courant anglophobe
traditionnel dans les hautes sphères de la Marine nationale, plus vif que
jamais après les coups de boutoir britanniques de Mers El-Kebir et de
Dakar. Son éviction au profit de Pierre Laval constitue un tournant fort
dans la politique d’information de Vichy. Dorénavant, celle-ci ne relève
plus du Maréchal Pétain, mais de Pierre Laval imposé par les autorités
allemandes. À la fonction de Chef du gouvernement, il cumule celles de
ministre de l’Intérieur et ministre de l’Information. En janvier 1944,
8 Mes remerciements à M. Goulven Guilcher, du laboratoire des Études interdisciplinaires du
monde anglophone qui m’a fait part de sa bibliographie et de son travail en cours sur le sujet.
9 IHTP, ARC 074, cartons 11-12 : Ministère de l’Information, Note de documentation. Les leçons de
l’Histoire : comment les Anglo-saxons rendent ce dont ils s’emparent, non daté.
10 Philippe Pétain, Discours aux Français, 17 juin 1940-20 août 1944 : textes établis et présentés par
Jean-Claude Barbas, Paris : A. Michel, 1989.