Lisa Schneider, la passion pure pour le théâtre
Le week-end dernier, lors du fes-
tival de théâtre amateur FriScènes, la
compagnie jurassienne
Vol de Nuit
a
presque raflé tous les prix avec son
adaptation de
La Cantatrice chauve
,
fameuse pièce d’Eugène Ionesco. Prix
du public, meilleure mise en scène,
meilleur acteur et meilleure actrice.
Ce dernier prix a été remporté par la
Bruntrutaine Lisa Schneider (
L’Ajoie
du 27 octobre 2015).
La rencontre a lieu dans les locaux
du journal, en toute décontraction, en
fin d’après-midi, « parce qu’après, je dois
aller chercher mon fils ». A 21 ans, Lisa
Schneider garde la tête sur les épaules.
L’interview de Lisa
La première question, on est bien
obligé de la poser : ça te fait quoi de rece-
voir une telle récompense ?
« C’est une reconnaissance pour tout
le travail accompli. Je pratique le théâtre
depuis que je suis toute petite. J’ai passé
des jours et des jours à m’entraîner.
Pour cette pièce-là, tous les week-ends
y sont passés. Maintenant que j’ai un
petit garçon, de consacrer tout mon
temps libre au théâtre, ce n’est pas for-
cément évident. Donc de recevoir un
prix pour tous ces efforts, c’est plutôt
chouette. »
Le jury, composé de professionnels du
théâtre, a relevé la qualité de ton interpré-
tation de M
me
Smith et ton travail remar-
quable sur la voix. Pas mal, non ?
« Oui, c’était encourageant. Ce jeu est
très particulier, les traits sont très exagé-
rés. Au niveau de la voix, dans le fameux
monologue du début, chaque mot a son
importance. Il y a une vraie recherche, à
mettre aussi sur le compte du metteur en
scène Nicolas Steullet. »
Qu’est-ce qui vous plaît dans cette
bonne vieille Cantatrice chauve ?
« Je suis la seule de la troupe à ne
l’avoir jamais vue. Ni à la Huchette à Paris
(n.d.l.r : pièce jouée en continu depuis
1957), ni ailleurs. On a vraiment voulu
s’amuser, essayer les propositions de
chacun. Nous avons un univers gestuel
très précis, très aggrandi. Dans la pro-
nonciation, on s’amuse avec les mots. Ce
texte est parfait pour cela. »
Qu’est-ce qui te séduit chez M
me
Smith ?
« Elle peut être agressive avec son
mari et très douce avec le pompier. Je
la joue tout en exagérations. Je mets
le texte dans mon corps, ce qui rend la
pièce encore plus artificielle et la com-
munication encore plus absurde. Ce que
j’apprécie aussi, c’est que notre spectacle
est toujours en progrès. A chaque repré-
sentation, on se lance des défis. Cela fait
un an qu’on tourne, mais on ne s’ennuie
jamais. »
Et le futur ?
« Avec
Vol de Nuit
, nous avons deux
ambitions parallèles en 2016. Le principal
projet pour moi, c’est en compagnie de
quatre autres femmes. Nous allons nous
pencher sur des textes de Sarah Kane et
Virginie Despentes. »
Propos recueillis par Sébastien Jubin