Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Analyse vectorielle 1 Notion de champ Nous rencontrerons, notamment en électromagnétisme, des grandeurs physiques définies sur des régions étendues de l’espace et dépendant des coordonnées d’espace et du temps, ces grandeurs pouvant être scalaires (densité volumique de charge, potentiel électrostatique, ...) ou vectorielles (champ électrique, champ magnétique, ...). De telles grandeurs correspondent à ce que l’on appelle des champs scalaires ou des champs vectoriels. (a) Champ de température (b) Champ de pression (c) Carte des courants (champ vectoriel) Figure 1 – Exemples de champs 2016/2017 1/13 Lycée Newton - PT 2 Analyse vectorielle Contours et surfaces 2.1 Définitions On appelle contour toute courbe orientée Γ reliant deux points de l’espace. Lorsque la courbe est fermée, le contour est dit lui-même fermé et définit alors une surface S associée. On appelle surface fermée une surface délimitant un volume V . Γ Γ S • V S • (a) Contour orienté reliant deux points 2.2 (b) Contour fermé Γ délimitant une surface associée S (c) Surface fermée S délimitant un volume associé V Conventions • Une surface fermée est conventionnellement orientée positivement vers l’extérieur du volume qu’elle délimite. • L’orientation d’une surface (ouverte) s’appuyant sur un contour fermé est conventionnellement associée à l’orientation du contour par la règle de la main droite : 2.3 2.3.1 Circulation et flux Circulation d’un champ vectoriel Considérons, dans une région où l’on a défini un champ de vecteur a, un contour Γ allant d’un point A à un point B. dl •B δC A• 2016/2017 M• a(M ) 2/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Localement, en un point M de ce contour, le sens de parcours est donné par le vecteur déplacement élémentaire dl, localement tangent au contour au point M et représentant le déplacement élémentaire le long du contour Γ. Circulation élémentaire d’un champ vectoriel : On appelle circulation élémentaire δC d’un champ vectoriel a en un point M d’un contour la projection locale du champ sur le contour : δC = a(M ) · dl (1) Remarques : • Si la composante du champ le long du contour est orientée dans le même sens que le contour, la circulation élémentaire est positive ; • Elle est négative dans le cas contraire. • Si le champ est localement orthogonal au contour, la circulation élémentaire est nulle. On peut également définir une circulation entre deux point A et B du contour Γ : Circulation d’un champ vectoriel entre deux points A et B d’un contour Γ : On appelle circulation C d’un champ vectoriel a entre deux points A et B d’un contour Γ la somme des circulations élémentaires entre ces deux points : Z B Z B δC = C= a(M ) · dl (2) A A Remarque : Si le contour est fermé, on note la circulation du champ : I B C= a(M ) · dl (3) A 2.3.2 Le flux d’un champ vectoriel Considérons, dans une région où l’on a défini un champ de vecteur a, une surface S orientée. Localement, en un point M de cette surface, l’orientation de cette surface est donnée par le vecteur surface élémentaire dS, localement normal à la surface et de norme égale à l’élement de surface élémentaire autour du point M : dS = dSn (4) n étant le vecteur unitaire localement normal à la surface en M . Flux élémentaire d’un champ vectoriel : On appelle flux élémentaire δφ d’un champ vectoriel a en un point M d’une surface orientée la projection locale du champ sur le vecteur surface élémentaire : δφ = a(M ) · dS 2016/2017 (5) 3/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Remarques : • Si la composante du champ le long du vecteur surface élémentaire est orientée dans le même sens que la surface, le flux élémentaire est positif ; • Il est négatif dans le cas contraire. • Si le champ est localement tangent à la surface, le flux élémentaire est nul. On peut également définir un flux à travers une surface finie S : Flux d’un champ vectoriel à travers une surface S : On appelle flux φ d’un champ vectoriel a à travers une surface S orientée la somme des flux élémentaires traversant l’ensemble de la surface : x x φ= δφ = a(M ) · dS (6) S S Remarque : Si la surface orientée est une surface fermée, on note le flux du champ : { φ= a(M ) · dS (7) S 3 Les opérateurs vectoriels 3.1 Le gradient d’un champ scalaire 3.1.1 Définition - Interprétation Considérons un champ scalaire f (M, t), fonction des coordonnées cartésiennes x, y, z et du temps t. L’évolution dans le temps du champ en un point donné fait intervenir la dérivée temporelle dont le calcul est immédiat. Notons df la variation élémentaire de f associé à un déplacement élémentaire dl. Définition intrinsèque du gradient : Le gradient d’un champ scalaire f est défini par la relation : df = gradf · dl (8) Remarque : L’opérateur gradient s’applique à un champ scalaire qu’il transforme en un champ vectoriel. L’ensemble des points tels que f = cte définit une surface. Si, à partir d’un point de la surface, on se déplace de dl sur cette surface, c’est-à-dire dans le plan tangent à la surface au point considéré, df = 0. Cela implique que le vecteur gradf est orthogonal aux surfaces f = cte. Si on se déplace maintenant sur la normale, df est positif si gradf et dl sont de même sens : gradf est donc dirigé vers les f croissants. Signification du gradient : Le vecteur gradf , orthogonal aux surfaces f = cte et dirigé vers les f croissants, indique dans quelle direction, dans quel sens et avec quelle intensité la grandeur f varie dans l’espace. 2016/2017 4/13 Lycée Newton - PT 3.1.2 Analyse vectorielle Expressions analytiques La définition (8) possède un caractère intrinsèque car elle ne fait pas intervenir un système de coordonnées particulier. C’est à cette relation que nous ferons appel pour obtenir l’expression du gradient dans les différents systèmes de coordonnées. . En coordonnées cartésiennes : différentielle : df = ∂f ∂f ∂f dx + dy + dz ∂x ∂y ∂z déplacement élémentaire : dl = dxex + dyey + dzez On déduit de l’expression précédente l’opérateur en coordonnées cartésiennes. La même démarche permet de déterminer l’expression de l’opérateur gradient en coordonnées cylindriques et sphériques. Expression de l’opérateur gradient dans le différents systèmes de coordonnées : - en coordonnées cartésiennes : gradf = ∂f ∂f ∂f ex + ey + ez ∂x ∂y ∂z (9) gradf = 1 ∂f ∂f ∂f er + eθ + ez ∂r r ∂θ ∂z (10) ∂f 1 ∂f 1 ∂f er + eθ + eφ ∂r r ∂θ r sin θ ∂φ (11) - en coordonnées cylindriques : - en coordonnées sphériques : gradf = Remarque : On utilise souvent l’opérateur symbolique ∇, appelé opérateur nabla et s’exprimant en cartésien de la façon suivante : ∂ ∂ ∂ ∇= ex + ey + ez (12) ∂x ∂y ∂z Cet opérateur agit sur le champ scalaire f , de sorte que son gradient peut s’exprimer à partir de l’opérateur nabla : gradf = ∇f (13) 2016/2017 5/13 Lycée Newton - PT 3.1.3 Analyse vectorielle Un champ à circulation conservative est le gradient d’un champ scalaire Champ à circulation conservative : Un champ vectoriel est dit à circulation conservative si, pour tout couple de points A et B de l’espace, la circulation du champ le long d’un contour reliant les points A et B ne dépend pas du contour choisi pour relier ces deux points : on dit que la circulation du champ est indépendante du chemin suivi. La circulation d’un tel champ de A à B peut donc s’exprimer comme la différence des valeurs d’une fonction scalaire f , définie à une constante près, en A et en B : Z B a · dl = f (B) − f (A) (14) A En conséquence, la circulation sur un contour fermé d’un tel champ est nulle : I a(M ) · dl = 0 (15) L’équation (14) peut s’exprimer sous forme infinitésimale : a · dl = df (16) Or, d’après la définition intrinsèque du gradient (éq. 8) : df = ∇f · dl (17) On en déduit : Un champ à circulation conservative est le gradient d’un champ scalaire : a = ∇f (18) avec le champ scalaire f défini à une constante près. 3.2 3.2.1 La divergence d’un champ vectoriel Définition - Interprétation Considérons un champ vectoriel a et l’élément de volume dτ associé à un point M de l’espace. On peut alors construire le flux élémentaire δφ du champ a à travers la surface fermée délimitant le volume dτ : M 2016/2017 • 6/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Définition intrinsèque de l’opérateur divergence : L’opérateur divergence en M du champ vectoriel a est défini par la relation : div a = δφ dτ (19) Le champ résultant de l’opérateur divergence est un champ scalaire. La signification physique de l’opérateur divergence est intimement liée à la notion de flux : un champ de vecteurs « diverge » en un point M si son flux à travers un volume élémentaire associé à ce point est non nul. 3.2.2 Expressions analytiques En coordonnées cartésiennes, l’expression analytique s’obtient à partir de la définition intrinsèque (19) : en explicitant sur l’élément dτ = dxdydz le calcul du flux δφ du champ a à travers les six faces du cube élémentaire, il vient : . suivant Ox : δφx = (ax (x + dx, y, z) − ax (x, y, z)) dydz δφx = ∂ax dτ ∂x δφy = ∂ay dτ ∂y δφz = ∂az dτ ∂z De même : Le flux total est donc : Å δφ = ∂ax ∂ay ∂az + + dτ ∂x ∂y ∂z ã On en déduit immédiatement l’expression de la divergence en coordonnées cartésiennes. Les expressions de la divergence d’un champ a sont plus délicates à trouver en coordonnées cylindriques et sphériques et seront systématiquement données. Expression de l’opérateur divergence dans les différents systèmes de coordonnées : - en coordonnées cartésiennes : ∂ax ∂ay ∂az + + ∂x ∂y ∂z (20) 1 ∂(rar ) 1 ∂aθ ∂az + + r ∂r r ∂θ ∂z (21) 1 ∂(r2 ar ) 1 ∂(sin θaθ ) 1 ∂aφ + + 2 r ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂φ (22) div a = - en coordonnées cylindriques : div a = - en coordonnées sphériques : div a = 2016/2017 7/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Remarque : La notation utilisant l’opérateur nabla est : div a = ∇ · a (23) . 3.2.3 Théorème de Green-Ostrogradski La définition de l’opérateur divergence introduit l’égalité : δφ = ∇ · adτ (24) En intégrant cette égalité sur un volume V quelconque, on obtient le théorème de Green-Ostrogradski : Théorème de Green-Ostrogradski : Le flux d’un champ vectoriel à travers une surface fermée est égal à l’intégrale de sa divergence sur le volume délimité par cette surface : { y a · dS = ∇ · adτ (25) 3.2.4 Champs à flux conservatif D’après le théorème précédent, tout champ à divergence nulle a un flux nul à travers toute surface fermée : on dit qu’il est à flux conservatif. Si l’on construit une surface fermée Σ à partir d’un tube de champ (ensemble des lignes de champ s’appuyant sur un contour fermé) et de deux sections S1 et S2 de ce tube, un champ à flux conservatif à un flux nul à travers Σ. S1 S2 Or, il est nul à travers la surface latérale de Σ par construction. Le flux du champ de vecteurs est donc le même à travers les surfaces identiquement orientées S1 et S2 . Tout champ de vecteurs à divergence nulle est à flux conservatif : son flux à travers toute surface fermée est nul, son flux est identique à travers toute section d’un tube de champ. 2016/2017 8/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle On peut déduire de ce dernier résultat une propriété intéressante des champs vectoriels à flux conservatif, observable directement sur les cartes de champ : Dans des portions d’espace où les lignes de champ se resserrent, le champ doit avoir un module plus élevé. 3.3 Le rotationnel d’un champ vectoriel 3.3.1 Définition - Interprétation On considère un champ vectoriel a et une surface élémentaire dS associée à un point M de l’espace. On définit l’opérateur rotationnel en M à partir de la circulation élémentaire δC du champ le long du contour fermé Γ délimitant dS : dS Γ Définition intrinsèque de l’opérateur rotationnel : L’opérateur rotationnel en M d’un champ vectoriel a est défini par la relation : rot a · dS = δC (26) La projection selon la normale à une surface élémentaire du rotationnel d’un champ vectoriel est égale à la circulation, par unité de surface, de ce champ le long du contour associé. Il apparaît donc qu’un champ vectoriel dont le rotationnel est non nul en un point « effectue une rotation » autour de ce point puisque sa circulation le long de tout contour fermé associé à ce point est non nulle. 3.3.2 Expressions analytiques La relation (26) définit en fait la composante de rot a sur la direction normale à l’élément dS. En prenant trois surfaces orthogonales dont les normales forment elles-mêmes un système orthogonal, on obtient les trois composantes de ce rotationnel. Considérons un cube élémentaire de volume dxdydz en un point M (x, y, z) quelconque, et calculons la circulation de a le long des contours fermés constitués par les faces du cube. Orientons arbitrairement le contour de la face 1. La convention d’orientation relative de la surface au contour implique que la surface correspondante dS1 est orientée dans le sens des x croissants (règle de la main droite). Le contour est constitué de deux paires de segments, de longueur dy aux abscisses z et z + dz, et dz aux abscisses y et y + dy. 2016/2017 9/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle z z + dz dx dy (1) (2) dz • M (x, y, z) x + dx y + dy (3) y x Sur les segments dy, seule la composante ay du champ est utile dans le calcul de la circulation. De la même manière, le calcul sur les segments dz ne fait intervenir que la composante az . La circulation élémentaire δC1 sur ce contour est donc : δC1 = ay (x, y, z)dy + az (x, y + dy, z)dz − ay (x, y, z + dz)dy − az (x, y, z)dz Å δC1 = Å δC1 = ∂az ∂ay − dydz ∂y ∂z ã ∂ay ∂az − ex · dS1 ∂y ∂z ã D’après la définition intrinsèque du rotationnel, on en déduit la composante de ∇ ∧ a suivant x : rot a · ex = Å ∂ay ∂az − ∂y ∂z ã De la même manière, le calcul de la circulation sur les faces (2) et (3) permet de detérminer les composante du rotationnel suivant y et z : Å ã ∂ax ∂az rot a · ey = − ∂z ∂x Å ã ∂ax ∂ay rot a · ez = − ∂x ∂y On détermine ainsi l’expression analytique du rotationnel en coordonnées cartésiennes. Les expressions du rotationnel d’un champ a sont plus délicates à trouver en coordonnées cylindriques et sphériques et seront systématiquement données. 2016/2017 10/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Expression de l’opérateur rotationnel dans les différents systèmes de coordonnées : - en coordonnées cartésiennes : ∂az ∂ay ∂ax ∂az ∂ay ∂ax rot a = − ex + − ey + − ez ∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y Å ã Å ã Å ã (27) - en coordonnées cylindriques : 1 ∂az ∂aθ ∂ar ∂az 1 rot a = − er + − eθ + r ∂θ ∂z ∂z ∂r r Å ã Å ã Ç ∂(raθ ) ∂ar − ∂r ∂θ å ez (28) - en coordonnées sphériques : 1 rot a = r sin θ Ç ∂(sin θaφ ) ∂aθ − ∂θ ∂φ å 1 er + r Ç ∂(raφ ) 1 ∂ar − sin θ ∂φ ∂r å 1 eθ + r Ç dr(raθ ) ∂ar − ∂r ∂θ å eφ (29) Remarque : La notation utilisant l’opérateur nabla est : rot a = ∇ ∧ a (30) . 3.3.3 Théorème de Stokes-Ampère Le théorème résulte de la simple intégration sur un coutour fermé de la relation (26) entre rotationnel et circulation élémentaire. Il s’énonce : Théorème de Stokes-Ampère : La circulation le long d’un contour fermé Γ d’un champ vectoriel est égale au flux de son rotationnel à travers toute surface S s’appuyant sur ce contour : I x a · dl = ∇ ∧ a · dS (31) Γ 3.4 3.4.1 S Opérateurs Laplaciens Laplacien scalaire On considère un champ sclaire f . 2016/2017 11/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Définition intrinsèque du laplacien scalaire : Le laplacien scalaire, conventionnellement noté par le symbole ∆ est défini par la relation : ∆f = ∇ · (∇f ) (32) L’expression analytique du laplacien scalaire en coordonnées cartésiennes se déduit immédiatement. Les expression du laplacien scalaire en coordoonnées cylindriques et sphériques sont plus délicates à trouver et seront systématiquement données. Expression de l’opérateur Laplacien scalaire dans les différents systèmes de coordonnées : - en coordonnées cartésiennes : ∂2f ∂2f ∂2f + + ∂x2 ∂y 2 ∂z 2 (33) 1 ∂f 1 ∂2f ∂2f ∂2f + + + ∂r2 r ∂r r2 ∂θ2 ∂z 2 (34) ∆f = - en coordonnées cylindriques : ∆f = - en coordonnées sphériques : ∂2f 2 ∂f 1 ∂ ∂f + + 2 2 sin θ 2 ∂r r ∂r ∂θ r sin θ ∂θ Å ∆f = 3.4.2 ã + ∂2f 1 r2 sin2 θ ∂φ2 (35) Laplacien vectoriel Le laplacien vectoriel, noté conventionnellement ∆, transforme un vecteur en un vecteur. Son expression, en coordonnées cartésiennes est : Laplacien vectoriel en coordonnées cartésiennes : ∆a = ∆ax ex + ∆ay ey + ∆az ez (36) Dans ce système de coordonnées, il suffit donc d’appliquer le laplacien scalaire à chacune des composantes du champ vectoriel initial. Contrairement aux autres opérateurs, le laplacien, qui doit son nom au mathématicien Laplace, n’a pas d’interprétation physique immédiate. On peut donner une identité qui le lie aux autres opérateurs précédemment définis et en donner ainsi une définition intrinsèque : 2016/2017 12/13 Lycée Newton - PT Analyse vectorielle Définition intrinsèque du laplacien vectoriel : ∆ = grad(div) − rot(rot) 2016/2017 (37) 13/13