P LAN 1 L ES NOMBRES ENTIERS NATURELS N (+, ·, <) L’addition La multiplication Les relations d’ordre 2 D ES 3 NOMBRES ENTIERS NATURELS AUX NOMBRES RÉELS 4 C HAPITRE 1 Construction : les coupures de Dedekind Propriété P7 de complétude L’induction mathématique ou le raisonnement par récurrence Propriété archimédienne et partie entière d’un réel Densité des rationnels et des irrationnels dans R La valeur absolue La représentation décimale des nombres réels M. Delfour Département de mathématiques et de statistique Université de Montréal 5 7 janvier 2012 6 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels L ES NOMBRES ENTIERS Z (+, ·, <) L ES NOMBRES RATIONNELS Q (+, ·, <) L ES NOMBRES RÉELS R(+, ·, <) 7 janvier 2012 1 / 94 C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ Definitions et exemples R n’est pas dénombrable Georg Cantor Cardinalité du continu c et cardinaux transfinis ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · , hypothèse du continu, et axiome du choix R ÉFÉRENCES M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES ENTIERS NATURELS L’ADDITION Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 2 / 94 ENTIERS NATURELS L A MULTIPLICATION La multiplication · : N × N → N. déf ∀x, y ∈ N, N = {1, 2, 3, . . .}. Les propriétés de la multiplication : L’ addition + : N × N → N ∀x, y ∈ N, x ·y =y ·x P1 (commutativité) x +y ∈N P2 (associativité) Les propriétés de l’addition : P4 (élément neutre multiplicatif) P1 (commutativité) x +y =y +x P2 (associativité) (x + y ) + z = x + (y + z). M. Delfour (Université de Montréal) x · y ∈ N. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels (x · y ) · z = x · (y · z). ∃ 1 ∈ N tel que ∀x ∈ N, x ·1=x La propriété de la multiplication par rapport à l’addition : P3 (distributivité) 7 janvier 2012 3 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) x · (y + z) = x · y + x · z Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 4 / 94 N OMBRES L ES ENTIERS NATURELS P LAN RELATIONS D ’ ORDRE 1 L’addition La multiplication Les relations d’ordre Définition de la relation d’ordre (strict) sur N (<) 2 x < y s’il existe n ∈ N tel que y = x + n 3 4 Elle est transitive, c’est-à-dire si p < q et q < r , alors p < r . Définition de la seconde relation d’ordre sur N (≤) Elle est aussi transitive, c’est-à-dire si p ≤ q et q ≤ r , alors p ≤ r . Il n’est cependant pas toujours possible pour deux entiers a et b dans N de trouver x ∈ N tel que (ou résoudre l’équation) 5 a + x = b. 6 N OMBRES L’INVERSE Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 5 / 94 L ES NOMBRES ENTIERS Z (+, ·, <) L ES NOMBRES RATIONNELS Q (+, ·, <) L ES NOMBRES RÉELS R(+, ·, <) Construction : les coupures de Dedekind Propriété P7 de complétude L’induction mathématique ou le raisonnement par récurrence Propriété archimédienne et partie entière d’un réel Densité des rationnels et des irrationnels dans R La valeur absolue La représentation décimale des nombres réels x ≤ y si x = y ou x < y M. Delfour (Université de Montréal) L ES NOMBRES ENTIERS NATURELS N (+, ·, <) C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ Definitions et exemples R n’est pas dénombrable Georg Cantor Cardinalité du continu c et cardinaux transfinis ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · , hypothèse du continu, et axiome du choix R ÉFÉRENCES M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES ENTIERS L ES ADDITIF Nous allons donc enrichir les entiers naturels en introduisant les notions d’élément neutre et d’inverse. L’existence de l’élément neutre 0 pour l’addition : P4 (élément neutre additif) ∃0 tel que ∀x ∈ N, Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 6 / 94 7 janvier 2012 8 / 94 ENTIERS RELATIONS D ’ ORDRE On a donc construit les nombres entiers déf Z = {. . . , −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, . . . } . x +0=x Les définitions d’ordre demeurent les mêmes. Définition de la relation d’ordre (strict) sur Z (<) L’existence d’un inverse pour l’addition : P5 (existence d’un inverse additif) ∀x ∈ N, ∃ − x x < y s’il existe n ∈ N tel que x + n = y tel que x + (−x) = 0. Définition de la seconde relation d’ordre sur Z (≤) On peut alors définir l’opération − : Z × Z → Z ∀x, y ∈ Z, M. Delfour (Université de Montréal) x ≤ y si x = y ou x < y . déf x − y = x + (−y ). Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 7 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels N OMBRES L ES ENTIERS P LAN PROPRIÉTÉS 1 L ES NOMBRES ENTIERS NATURELS N (+, ·, <) L’addition La multiplication Les relations d’ordre On a donc les propriétés suivantes. x + y = y + x et x · y = y · x P1 (commutativité) 2 (x + y ) + z = x + (y + z) et P2 (associativité) 3 (x · y ) · z = x · (y · z) x · (y + z) = x · y + x · z P3 (distributivité) P4 (élément neutre) - additif - multiplicatif P5 (∃ un inverse additif) P6 (relation d’ordre) 4 ∃0 tel que ∀x ∈ Z, ∃1 tel que ∀x ∈ Z, Construction : les coupures de Dedekind Propriété P7 de complétude L’induction mathématique ou le raisonnement par récurrence Propriété archimédienne et partie entière d’un réel Densité des rationnels et des irrationnels dans R La valeur absolue La représentation décimale des nombres réels 0+x =x 1·x =x ∀x ∈ Z, ∃ − x tel que x + (−x) = 0 8 a) ∀x, y ∈ Z tel que x > 0 et y > 0 > > > > > > < x +y >0 b) ∀x ∈ Z > > > une seule propriété est vraie : > > > : x > 0, x = 0, ou 0 > x. 5 6 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES L ES NOMBRES ENTIERS Z (+, ·, <) L ES NOMBRES RATIONNELS Q (+, ·, <) L ES NOMBRES RÉELS R(+, ·, <) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 9 / 94 C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ Definitions et exemples R n’est pas dénombrable Georg Cantor Cardinalité du continu c et cardinaux transfinis ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · , hypothèse du continu, et axiome du choix R ÉFÉRENCES M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RATIONNELS C ONSTRUCTION FORME Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 10 / 94 RATIONNELS RÉDUITE Il n’est cependant pas toujours possible pour deux entiers a et b dans Z de trouver x ∈ Z tel que (ou résoudre l’équation) a · x = b. E XEMPLE Si a = 0, on a deux cas : ou bien b = 0 et tous les x ∈ Z sont solution ou bien b 6= 0 et il n’y a pas de solution. Si a = 2 et b = 1, il n’y a pas non plus de solution x ∈ Z. On ajoute à Z les nombres de la forme p/q avec p, q ∈ Z, q 6= 0. On forme ensuite les classes d’équivalence ¯ déf ˘ [p/q] = p ′ /q ′ : pq ′ = p ′ q . Il y a donc plusieurs représentants dans chaque classe d’équivalence ou plusieurs façons d’écrire un nombre rationnel donné. On écrira (p, q) pour le plus grand commun diviseur de deux entiers positifs p et q non nuls. Afin d’obtenir l’unicité du représentant p/q, on peut procéder de la façon suivante : a) si p = 0, on écrit 0/1 b) si p 6= 0, i) on choisit d’abord le signe + ou − ii) on se ramène à p/q, pour p, q ∈ N iii) on simplifie la fraction autant que possible en divisant p et q par leur plus grand commun diviseur (p, q). On obtient ainsi l’ensemble des nombres rationnels déf Q = {[p/q] : ∀p ∈ Z et ∀q ∈ Z tel que q 6= 0} . M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 11 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 12 / 94 N OMBRES N OMBRES RATIONNELS L A STRUCTURE +, ·, < L ES RATIONNELS PROPRIÉTÉS La structure (+, ·, <) sur Q subsiste. L’ addition déf [p1 /q1 ] + [p2 /q2 ] = [(p1 · q2 + p2 · q1 )/q1 q2 ] P1 (commutativité) la multiplication P3 (distributivité) P2 (associativité) déf [p1 /q1 ] · [p2 /q2 ] = [p1 · p2 /q1 · q2 ] P4 (éléments neutres) la relation d’ordre [p1 /q1 ] < [p2 /q2 ] si ( p1 · q2 − p2 · q1 < 0 lorsque q1 · q2 > 0 p1 · q2 − p2 · q1 > 0 lorsque q1 · q2 < 0. P5 (existence d’inverses) Elle est aussi transitive, c’est-à-dire p2 p1 < q1 q2 et p2 p3 < , q2 q3 ⇒ p1 p3 < . q1 q3 P6 (relation d’ordre) M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 13 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RATIONNELS L A DIVISION L ES x + y = y + x et x · y = y · x ( (x + y ) + z = x + (y + z) et (x · y ) · z = x · (y · z) x · (y + z) = x · y + x · z ( (additif) ∃ 0 ∈ Q tel que ∀x ∈ Q, 0+x =x (multiplicatif) ∃ 1 ∈ Q tel que ∀x ∈ Q, x · 1 = x 8 > > (additif) ∀x ∈ Q, ∃ − x ∈ Q tel que x + (−x) = 0 < (multiplicatif) ∀x ∈ Q, x 6= 0, ∃x −1 ∈ Q > > : tel que x · x −1 = 1 8 a) ∀x, y ∈ Q tel que x > 0 et y > 0, on a > > > < x + y > 0 et x · y > 0 > b) ∀x ∈ Q, une seule propriété est vraie : > > : x > 0, x = 0, ou 0 > x. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 14 / 94 RATIONNELS INTERMÉDIAIRES ET LES TROUS En général, dans N et dans Z, il n’y a pas toujours d’élément entre deux éléments distincts : par exemple, entre 1 et 2. Ce n’est pas le cas de Q. T HÉORÈME La relation d’ordre < possède la propriété que pour tout p et q dans Q, on a Soient a et b dans Q tel que a < b. Alors il existe c ∈ Q tel que a < c < b. p = q, p < q, ou q < p. D ÉMONSTRATION . Elle est aussi transitive, c’est-à-dire p < q et q < r On prend c = (a + b)/2 qui appartient bien à Q. Alors, il est facile de vérifier à partir de la définition que a + b < 2b et 2a < a + b. De là en divisant par 2, a < (a + b)/2 < b. ⇒ p < r. On peut définir l’opération division ÷ : Z × Z \{0} → Q ∀x, y ∈ Z, y 6= 0, Ce premier résultat inciterait à croire qu’il n’y a pas de trous entre deux nombres rationnels distincts. Ce n’est cependant pas le cas et c’est ce qui va motiver la construction des nombres réels. déf x ÷ y = [x/y ]. T HÉORÈME Il n’existe pas de x ∈ Q tel que x 2 = 2 ou de façon équivalente ∀x ∈ Q, M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 15 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) x 2 6= 2. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 16 / 94 N OMBRES √ 2∈ /Q N OMBRES √ 2∈ /Q RATIONNELS RATIONNELS D ÉMONSTRATION . On note d’abord que si m ∈ Z est pair, alors m2 est pair. Si m ∈ Z est impair, alors m = 2k + 1 pour un k ∈ Z et On en arrive alors au résultat suivant. T HÉORÈME m2 = (2k + 1)2 = 4 · (k 2 + k ) + 1 est impair. Ceci implique que m ∈ Z est impair (resp. pair) si et seulement si m2 est impair (resp. pair). On raisonne par l’absurde. Supposons qu’il existe x ∈ Q tel que x 2 = 2. Alors x est de la forme m/n pour m et n dans Z, n 6= 0. On prend maintenant x sous sa forme réduite m/n où le plus grand commun diviseur (m, n) de m et n est 1. On obtient alors m2 = 2 · n2 ce qui entraîne que m est pair. Il existe donc r ∈ Z tel que m = 2r . De l’équation (m/n)2 = 2, il vient 4 r 2 = 2 n2 ⇒ 2 r 2 = n2 i) Il n’existe pas de plus grand nombre rationnel positif de carré inférieur ou égal à 2. ii) Il n’existe pas de plus petit nombre rationnel positif de carré supérieur ou égal à 2. √ √ En d’autres termes, pour tout r ∈ Q tel que r 2 ≤ 2, on a − 2 < r < 2. D ÉMONSTRATION . (i) Soient Q+ = {x ∈ Q : x ≥ 0} et A = {p ∈ Q+ : p 2 ≤ 2}. Du Théorème 42 on sait que A = {p ∈ Q+ : p 2 < 2}. Prenons p ∈ A et montrons que nous pouvons toujours lui associer un nombre q ∈ A tel que p < q, ce qui montrerait qu’il n’y a pas de plus grand élément dans A. et on en conclut que n2 et a fortiori n sont pair. Comme m est aussi pair, le plus grand commun diviseur (m, n) ≥ 2 et cela contredit le choix initial d’une forme réduite pour x = m/n telle que (m, n) = 1. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES √ 2∈ /Q Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 17 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RATIONNELS Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 18 / 94 RATIONNELS BORNES INFÉRIEURES OU SUPÉRIEURES DANS Q? D ÉMONSTRATION . (i) Soient Q+ = {x ∈ Q : x ≥ 0} et A = {p ∈ Q+ : p 2 ≤ 2}. Du Théorème 42 on sait que A = {p ∈ Q+ : p 2 < 2}. Prenons p ∈ A et montrons que nous pouvons toujours lui associer un nombre q ∈ A tel que p < q, ce qui montrerait qu’il n’y a pas de plus grand élément dans A. Associons à p ∈ A le nombre rationnel p2 − 2 2 − p2 déf q = p− =p+ >p p+2 p+2 puisque p 2 − 2 < 0 et p + 2 > 0. Pour conclure, il faut maintenant montrer que q ∈ A. On estime la différence ˛ «2 «2 „ „ ˛ 2p + 2 p2 − 2 2 ˛ q∈A −2= −2 q −2= p− ˛ p+2 p+2 ˛ ˛ ⇒ et ˛ 2(p 2 − 2) 4p 2 + 8p + 4 − 2(p 2 + 4p + 4) ˛ p < q. = < 0. = ˛ 2 2 (p + 2) (p + 2) Il n’y a donc pas de plus grand élément dans A. (ii) La démonstration est la même en commençant avec l’ensemble B = {p ∈ Q+ : p 2 ≥ 2}. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 19 / 94 Il y a cependant des nombres rationnels M ∈ Q tel que ∀p ∈ A = {p ∈ Q+ : p 2 < 2}, p≤M et des nombres rationnels m ∈ Q tel que ∀p ∈ B = {p ∈ Q+ : p 2 > 2}, p ≥ m. Il suffit de prendre par exemple M = 2 et m = 1. En effet, s’il existait un p ∈ A tel que p > 2, cela entraînerait p 2 > 4 ce qui contredit la condition p 2 ≤ 2. Ces nombres M et m sont respectivement une borne supérieure de A et une borne inférieure de B. Ceci va nous amener naturellement à parler d’ensembles bornés supérieurement (resp. inférieurement) et pour ce type d’ensembles de plus petite borne supérieure (resp. plus grande borne inférieure). Malheureusement, comme l’indique le Théorème 4, ces dernières bornes ne se trouvent pas nécessairement dans Q. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 20 / 94 N OMBRES P LAN 1 COUPURES DE RÉELS R ICHARD D EDEKIND L ES NOMBRES ENTIERS NATURELS N (+, ·, <) L’addition La multiplication Les relations d’ordre 2 3 4 L ES NOMBRES ENTIERS Z (+, ·, <) L ES NOMBRES RATIONNELS Q (+, ·, <) L ES NOMBRES RÉELS R(+, ·, <) Construction : les coupures de Dedekind Propriété P7 de complétude L’induction mathématique ou le raisonnement par récurrence Propriété archimédienne et partie entière d’un réel Densité des rationnels et des irrationnels dans R La valeur absolue La représentation décimale des nombres réels 5 6 F IGURE : Richard Dedekind, mathématicien allemand,1831-1916 Nous allons maintenant décrire rapidement la construction faite en 1858 par Richard Dedekind qui va nous permettre de remplir les trous dans l’ensemble Q des rationnels et construire les nombres réels en suivant, par exemple, la présentation de Rudin ou (plus complet) de Landau. Dedekind reçut son doctorat en 1852 à Göttingen et il fut le dernier élève de Gauss. L’idée de base est de mettre en correspondance les nombres rationnels avec des “coupures" de Q comme suit : C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ Definitions et exemples R n’est pas dénombrable Georg Cantor Cardinalité du continu c et cardinaux transfinis ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · , hypothèse du continu, et axiome du choix R ÉFÉRENCES M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 21 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS STRUCTURE DES COUPURES ∀r ∈ Q, déf r ←→ r ∗ = {s ∈ Q : s < r }. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 22 / 94 RÉELS STRUCTURE DES COUPURES i) α contient au moins un rationnel mais pas tous les rationnels, Il y a donc un plongement naturel de Q dans R. On vérifiera aisément que l’ensemble n o déf α = x ∈ Q+ : x 2 < 2 ∪ {Q \ Q+ } √ qui correspondra à la racine carrée 2. De la même façon on peut est une√coupure √ définir 3, 5, etc. Ce sont les coupures irrationnelles qui vont compléter ou boucher certains des trous de Q. Mais elles contiennent aussi des nombres qui ne s’expriment pas à l’aide de radicaux comme π = 3, 14159 . . . et e = 2, 7182818284 . . . . ii) si p ∈ α, q < p et q ∈ Q, alors q ∈ α, T HÉORÈME déf ∀r ∈ Q, r ←→ r ∗ = {s ∈ Q : s < r }. Pour construire les nombres manquants, on étend la notion de coupure. D ÉFINITION Un ensemble α de nombres rationnels est appelé une coupure si iii) α ne contient pas de plus grand rationnel. Soient α une coupure et p et q dans Q tel que p ∈ α et q ∈ / α. Alors p < q. On notera par R l’ensemble de toutes les coupures de Q. On peut définir une relation d’ordre pour les coupures. Nous pouvons identifier chaque rationnel r ∈ Q à une coupure particulière. D ÉFINITION T HÉORÈME Soient α et β deux coupures. déf Soient r ∈ Q et α = {p ∈ Q : p < r }. Alors α une coupure. i) On écrira α < β (ou β > α) s’il existe p ∈ Q tel que D ÉFINITION On dira que la coupure {p ∈ Q : p < r } associée à r ∈ Q est une coupure rationnelle et on la notera r ∗ . M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 23 / 94 p ∈ β et p ∈ / α. ii) On écrira α ≤ β si α = β ou α < β. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 24 / 94 N OMBRES N OMBRES RÉELS ADDITION , ÉLÉMENT NEUTRE , ET VALEUR ABSOLUE DES COUPURES RÉELS MULTIPLICATION ET ÉLÉMENT NEUTRE DES COUPURES D ÉFINITION Soient α et β deux coupures de Q. D ÉFINITION i) La multiplication de deux coupures α ≥ 0∗ et β ≥ 0∗ est définie comme Soient α et β deux coupures de Q. i) L’addition est définie comme l’addition des deux ensembles ¯ déf ˘ α · β = s · t : s ∈ α ∩ Q+ et t ∈ β ∩ Q+ ∪ (Q \ Q+ ). déf α + β = {s + t : s ∈ α et t ∈ β} . et celle de deux coupures arbitraires α et β 8 |α| · |β|, > > > < |α| · |β|, déf α·β = > −(|α| · |β|), > > : −(|α| · |β|), ii) L’élément additif neutre ∗ déf 0 = {p ∈ Q : p < 0}. iii) La valeur absolue d’une coupure α est l’ensemble ( α, si α ≥ 0∗ déf |α| = −α, si α < 0∗ . comme si α ≥ 0∗ , β ≥ 0∗ , si α < 0∗ , β < 0∗ , si α < 0∗ , β ≥ 0∗ , si α ≥ 0∗ , β < 0∗ . ii) L’ élément multiplicatif neutre déf 1∗ = {p ∈ Q : p < 1}. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 25 / 94 N OMBRES RÉELS T HÉORÈME PROPRIÉTÉS On peut alors démontrer que l’on a conservé toutes les propriétés sur Q. P1 (commutativité) P2 (associativité) P3 (distributivité) P4 (éléments neutres) P5 (existence d’inverses) P6 (relation d’ordre) M. Delfour (Université de Montréal) M. Delfour (Université de Montréal) D EDEKIND COMPLÉTUDE DE D EDEKIND .) Soit A et B deux sous-ensembles de R tel que a) A ∪ B = R b) A ∩ B = ∅ ∗ 0 +x =x (multiplicatif) ∃1 tel que ∀x ∈ R, c) A 6= ∅ et B 6= ∅ x · 1∗ = x d) si α ∈ A et β ∈ B, alors α < β. 8 (additif) ∀x ∈ R, ∃ − x tel que x + (−x) = 0∗ > > < (multiplicatif) ∀x ∈ R, x 6= 0∗ , ∃x −1 ∈ R > > : tel que x · x −1 = 1∗ 8 a) ∀x, y ∈ R tel que x > 0∗ et y > 0∗ on a > > > < x + y > 0∗ et x · y > 0∗ > b) ∀x ∈ R une seule propriété est vraie : > > : x > 0∗ , x = 0∗ , ou 0∗ > x. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 26 / 94 RÉELS DE COMPLÉTUDE DE T HÉORÈME (T HÉORÈME DE et (x · y ) · z = x · (y · z) ∗ 7 janvier 2012 Mais, comme nous avons beaucoup travaillé, nous obtenons une propriété de plus qui découle du théorème dit de complétude de Dedekind. x + y = y + x et x · y = y · x ( (x + y ) + z = x + (y + z) x · (y + z) = x · y + x · z ( (additif) ∃0∗ tel que ∀x ∈ R, Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 Alors il existe un et un seul γ ∈ R tel que ∀α ∈ A, α ≤ γ et ∀β ∈ B, γ ≤ β. De ce théorème on tire le corollaire suivant. C OROLLAIRE Sous les hypothèses du Théorème 12, ou bien A contient un plus grand élément ou B contient un plus petit élément. 27 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 28 / 94 N OMBRES B ORNES N OMBRES RÉELS B ORNES SUPÉRIEURES OU INFÉRIEURES RÉELS SUPÉRIEURES OU INFÉRIEURES D ÉFINITION Soit E ⊂ R. a) On dit que E est borné supérieurement s’il existe M ∈ R tel que ∀x ∈ E, E XEMPLE x ≤ M. déf 1) Soit E = {1, 2, 3}. Alors 0 est une borne inférieure de E et π une borne supérieure. E est borné. Un tel nombre M est appelé une borne supérieure de E. b) On dit que E est borné inférieurement s’il existe m ∈ R tel que ∀x ∈ E, déf 2) Soit E = {1/n : n ∈ N}. Alors 0 est une borne inférieure de E et 1 une borne supérieure. E est borné. m ≤ x. déf 3) Soit E = {p : p > 0}. Alors 0 est une borne inférieure de E et E n’est pas borné supérieurement. Un tel nombre m est appelé une borne inférieure de E. c) Si E est borné supérieurement et inférieurement, on dit que E est borné. déf 4) Soit E = {p : p 2 < 2}. Alors −2 est une borne inférieure de E et 3/2 une borne supérieure. E XEMPLE déf 1) Soit E = {1, 2, 3}. Alors 0 est une borne inférieure de E et π une borne supérieure. E est borné. déf 2) Soit E = {1/n : n ∈ N}. Alors 0 est une borne inférieure de E et 1 une borne supérieure. E est borné. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 29 / 94 N OMBRES RÉELS PLUS PETITE BORNE SUPÉRIEURE ET PLUS GRANDE BORNE INFÉRIEURE a) Soit E ⊂ R un ensemble borné supérieurement. On dit que b 0 est est la plus petite borne supérieure de E si i) b 0 est une borne supérieure de E, ii) pour toute autre borne supérieure M de E, on a b 0 < M. La plus petite borne supérieure b 0 de E est unique et sera notée sup E. b) Soit E ⊂ R un ensemble borné inférieurement. On dit que b0 est est la plus grande borne inférieure de E si 7 janvier 2012 30 / 94 RÉELS Lorsque E est un ensemble fini, inf E ∈ E et sup E ∈ E. Lorsque E n’est pas un / E, ensemble fini et que par exemple inf E ∈ il peut être intéressant de construite une suite d’éléments de E qui converge vers inf E. Dans ce cas, on peut utiliser les conditions équivalentes suivantes. T HÉORÈME Soit E ⊂ R. a) b 0 est la plus petite borne supérieure de E si et seulement si i) b0 est une borne inférieure de E, ii) pour toute autre borne inférieure m de E, on a b0 > m. i) b 0 est une borne supérieure de E, ii’) pour tout M tel que b 0 > M, il existe x0 ∈ E tel que b 0 ≥ x0 > M. La plus grande borne inférieure b0 de E est unique et sera notée inf E. b) b0 est la plus grande borne inférieure de E si et seulement si Lorsque E n’est pas borné supérieurement, on posera sup E = +∞ Lorsque E n’est pas borné inférieurement, on posera inf E = −∞ ◮ Si E 6= ∅, alors −∞ ≤ inf E ≤ sup E ≤ +∞. ◮ Si E = ∅, alors par convention on posera inf ∅ = +∞ et sup ∅ = −∞. i) b0 est une borne inférieure de E, ii’) pour tout m tel que b0 < m, il existe x0 ∈ E tel que b0 ≤ x0 < m. E XEMPLE E XEMPLE Par exemple si b 0 = sup E est finie et b 0 ∈ / E, on construit pour chaque n ∈ N, xn ∈ E tel que b 0 ≥ xn > b 0 − 1/n. Cette suite comporte un nombre infini déléments. déf Soit E = {1, 2, 3}. Alors inf E = 1 ∈ E et sup E = 3 ∈ E. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels PLUS PETITE BORNE SUPÉRIEURE ET PLUS GRANDE BORNE INFÉRIEURE D ÉFINITION M. Delfour (Université de Montréal) M. Delfour (Université de Montréal) 7 janvier 2012 31 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 32 / 94 N OMBRES PROPRIÉTÉ P7 N OMBRES RÉELS PROPRIÉTÉ P7 DE COMPLÉTUDE RÉELS DE COMPLÉTUDE a) b 0 est est la plus petite borne supérieure de E si et seulement si i) b 0 est une borne supérieure de E, ii’) pour tout M tel que b 0 > M, il existe x0 ∈ E tel que b 0 ≥ x0 > M. On peut maintenant donner la dernière propriété de R. ◮ Rappel : ii) pour toute autre borne supérieure M de E, on a b 0 < M. T HÉORÈME (P7 - COMPLÉTUDE D ÉMONSTRATION . On démontre seulement a). Le cas b) est semblable. Il est aussi suffisant de démontrer l’équivalence des conditions ii) et ii’) puisque la condition i) est commune. ii) ⇒ ii’) De i), on sait que b 0 est une borne supérieure de E. Pour M tel que b 0 > M, on sait de ii) que M n’est pas une borne supérieure de E car dans ce cas on aurait b 0 ≤ M. Il existe donc x0 ∈ E tel que x0 > M. Comme b 0 est une borne supérieure de E, par i), on a aussi b 0 ≥ x0 et finalement b 0 ≥ x0 > M. ii) ⇐ ii’) De i), on sait que b 0 est une borne supérieure de E. Supposons que M soit une borne supérieure de E tel que b 0 > M. Alors de ii’), il existe x0 ∈ E tel que b 0 ≥ x0 > M. Ceci contredit le fait que M est une borne supérieure de E. Donc b 0 ≤ M. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES PROPRIÉTÉ P7 Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 33 / 94 P7 (complétude) Tout sous-ensemble E non-vide de R borné supérieurement possède une plus petite borne supérieure sup E ∈ R. On a évidemment la propriété duale suivante. T HÉORÈME (P7* - COMPLÉTUDE -) Tout sous-ensemble E non-vide de R borné inférieurement possède une plus grande borne inférieure inf E ∈ R. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS PROPRIÉTÉ P7 DE COMPLÉTUDE -) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 34 / 94 RÉELS DE COMPLÉTUDE D ÉMONSTRATION DE P7 - COMPLÉTUDE -. On fait appel au Théorème de complétude de Dedekind 12 en construisant les ensembles A et B à partir de E de la façon suivante : D ÉMONSTRATION DE P7 - COMPLÉTUDE -. déf A = {α ∈ R : ∃x ∈ E tel que α < x} déf B = R \A. Par définition, aucun élément de A n’est une borne supérieure de E et tous les éléments de B sont des bornes supérieures de E. Pour montrer que sup E ∈ R, il suffit de montrer que B possède un plus petit élément. On voit que les hypothèses a) et b) du Théorème de complétude de Dedekind sont vérifiées. Il reste à vérifier c) A 6= ∅ et B 6= ∅ d) si α ∈ A et β ∈ B, alors α < β. Comme E 6= ∅, prenons x ∈ E. Alors A 6= ∅ car il contient tous les α ∈ R tel que α < x. D’autre part, puisque E est borné supérieurement, il existe y ∈ R tel que x ≤ y pour tout x ∈ E. Par définition, y ∈ B, B 6= ∅, et c) est vérifiée. Enfin, si α ∈ A, il existe x0 ∈ E tel que α < x0 . Si β ∈ B, il n’existe pas de x ∈ E tel que β < x. Donc pour tout x ∈ E, on a β ≥ x. Finalement, α < x0 ≤ β, α < β, et d) est vérifiée. Les hypothèses a), b), c), et d) sont donc vérifiées. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 35 / 94 (suite) Par le Théorème de complétude de Dedekind, il existe un et un seul γ ∈ R tel que ∀α ∈ A, α ≤ γ et ∀β ∈ B, γ ≤ β. De là, γ est une borne supérieure de A, et, ou bien γ ∈ A ou bien γ ∈ B. Par définition, aucun élément de A n’est une borne supérieure de E et tous les éléments de B sont des bornes supérieures de E. On montre enfin que γ ∈ / A ce qui entraîne que γ ∈ B est la plus petite borne supérieure de E. Si γ ∈ A, alors il existerait x ∈ E tel que γ < x. On pourrait alors choisir α ∈ R tel que γ < α < x. Comme α < x, on aurait par définition α ∈ A et γ ne serait pas une borne supérieure de A. Donc γ ∈ B. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 36 / 94 N OMBRES PROPRIÉTÉ P7 N OMBRES RÉELS PROPRIÉTÉ P7 DE COMPLÉTUDE T HÉORÈME (P7* - COMPLÉTUDE -) E XEMPLE (E XEMPLE 1.30 PAGE 19 Tout sous-ensemble E non-vide borné inférieurement de R possède une plus grande borne inférieure inf E ∈ R. D ÉMONSTRATION . Par hypothèse, il existe une borne b ∈ R tel que pour tout x ∈ E, on a b ≤ x. Donc pour tout x ∈ E, on a −x ≤ −b et −b est une borne supérieure de l’ensemble déf −E = {−x : x ∈ E}. Par la propriété P7 de complétude, il existe une plus petite borne supérieure b 0 = sup −E ∈ R Calculer le b0 = sup E de −x ≤ b ⇒ ∀x ∈ E, ∃x ∈ E tel que b 0 ≥ x > 2 N OMBRES L’INDUCTION x = 7 janvier 2012 37 / 94 Les retombées de la propriété P7 sont importantes et prennent des formes très différentes. On donne d’abord la démonstration du Principe du bon ordre. Comme E ⊂ N, pour tout x ∈ E on a x ≥ 1 et 1 est une borne inférieure de E. Par la propriété P7* du Théorème 23, b0 = inf E ∈ R. On utilise maintenant la partie b) du Théorème 19. Pour tout entier n ≥ 2, il existe xn ∈ E tel que 1 n 1 1 ≤ b0 + . n 2 7 janvier 2012 38 / 94 RÉELS RETOMBÉES DE LA PROPRIÉTÉ P7 DE COMPLÉTUDE ⇒ n ≥ 2, 1 n 1 1 < xn < b0 + n n 1 1 1 1 b0 − ≤ b0 − < xn < b0 + ≤ b0 + . 2 n n 2 ⇒ b0 − Comme il n’y a qu’un seul entier entre b0 − 1/2 et b0 + 1/2, on a ∀n ≥ 2, xn = x2 . Supposons qu’il existe x ∈ E tel que x < x2 . Comme x et x2 sont des entiers on a x ≤ x2 − 1 ce qui entraîne b0 ≤ x ≤ x2 − 1 d’où b0 + 1 ≤ x2 . Mais par construction x2 < b0 + 1/2 ce qui donne une contradiction. Donc il existe x2 ∈ E tel que pour tout x ∈ E, x ≥ x2 et inf E = x2 ∈ E. suite . . . Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels ⇒ x ∈E Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels b0 ≤ xn < b0 + D ÉMONSTRATION . M. Delfour (Université de Montréal) ⇒ x2 < 4 {z } Comme E ⊂ N, pour tout x ∈ E on a x ≥ 1 et 1 est une borne inférieure de E. Par la propriété P7∗ du Théorème 23, b0 = inf E ∈ R. On utilise maintenant la partie b) du Théorème 19. Pour tout entier n ≥ 2, il existe xn ∈ E tel que Soit E ⊂ N tel que E 6= ∅. Alors inf E ∈ E, c’est-à-dire, tout sous-ensemble non vide d’entiers positifs possède un plus petit élément. ⇒ ∀n ≥ 2, ⇒ 0 ≤ b0 < x < 2 | D ÉMONSTRATION . T HÉORÈME ( DU BON ORDRE ) 1 < xn < b0 + n 1 1 b0 − ≤ b0 − < xn < b0 + 2 n b0 + 2 2 M. Delfour (Université de Montréal) L ES ⇒ b0 − ⇒ x∈ / E (d’où contradiction). ce qui contredit le fait que b 0 = sup E. Il ne reste donc plus que le cas b 0 = 2. On en conclut que sup E = 2. N OMBRES RÉELS 1 n ⇒ x2 > 4 puisque x ≥0 MATHÉMATIQUE b0 ≤ xn < b0 + n o x ∈ R : x2 < 4 . Il reste donc les cas b 0 ≤ 2. Comme 0 ∈ E, b 0 ≥ 0 et donc 0 ≤ b 0 ≤ 2. Si b 0 < 2, on pose −b ≤ x Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels L ABELLE ET M ERCIER ) Comme 0 ∈ E, l’ensemble E est non-vide. déf b0 = sup E est possiblement +∞ si E n’est pas borné supérieurement. Si b 0 > 2 , alors 0 et −b 0 est une borne inférieure de E. Mais on a montré que pour toute borne inférieure b de E, on a b 0 ≤ −b ou de façon équivalente b ≤ −b 0 . Donc −b 0 est la plus grande borne inférieure de E et inf E = −b 0 ∈ R. M. Delfour (Université de Montréal) déf E = déf 0 DE déf de −E et b 0 ≤ −b. On a donc ∀x ∈ E, RÉELS DE COMPLÉTUDE 7 janvier 2012 39 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 40 / 94 N OMBRES L’INDUCTION N OMBRES RÉELS L’INDUCTION MATHÉMATIQUE Le raisonnement par récurrence ou le principe d’induction est dû à Blaise Pascal (1623-1662). On peut maintenant démontrer le théorème suivant. T HÉORÈME T HÉORÈME (P RINCIPE D ’ INDUCTION MATHÉMATIQUE ) Soit E ⊂ N tel que a) 1 ∈ E, et Soit P(n) une proposition définie pour chaque n ∈ N. Si b) si m ∈ E, alors m + 1 ∈ E (c-à-d. Alors E = N. m∈E ⇒ m + 1 ∈ E). a) P(1) est vraie et b) si P(m) est vraie implique que P(m + 1) est vraie, alors P(m) est vraie pour tout m ∈ N. D ÉMONSTRATION . déf Soit S = N \E l’ensemble des entiers naturels qui ne sont pas dans E. On veut démontrer que S = ∅. Si S 6= ∅, alors il existe b = inf S ∈ S par le Théorème 25. Donc b ∈ / E et nécessairement par la propriété a) 1 ∈ E entraîne b > 1. Donc b − 1 ∈ N et b − 1 ∈ E parce que b est une borne inférieure de S. Par la propriété b) b ∈ E ce qui contredit le fait que b ∈ S = N \E. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES LE RÉELS MATHÉMATIQUE Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 41 / 94 D ÉMONSTRATION . déf Soit E = {n ∈ N : P(n) est vraie}. Cet ensemble satisfait les hypothèses du Théorème 26, d’où E = N, c’est-à-dire que P(n) est vraie pour tout n ∈ N. Le principe d’induction est un outil très pratique pour démontrer des formules générales qui dépendent de n ∈ N. En voici quelques exemples. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS LE RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels RÉELS Pour tout n ∈ N Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les tous premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées. Il contribue de manière importante à la construction d’une calculatrice mécanique (la “Pascaline") et à l’étude des fluides. Il a clarifié les concepts de pression et de vide, en étendant le travail de Torricelli. Pascal a écrit des textes importants sur la méthode scientifique. Mathématicien de premier ordre, il crée deux nouveaux champs de recherche majeurs : tout d’abord il publie un traité de géométrie projective à seize ans ; ensuite il correspond, à partir de 1654, avec Pierre de Fermat à propos de la théorie des probabilités, qui influencera fortement les théories économiques modernes et les sciences sociales. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 43 / 94 42 / 94 RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE E XEMPLE (I NÉGALITÉ DE B ERNOULLI , E XEMPLE 1.23. PAGE 13 M ERCIER ) F IGURE : Blaise Pascal, mathématicien français, 1623-1662 7 janvier 2012 ∀x ≥ −1, DE L ABELLE ET (1 + x)n ≥ 1 + nx. Pour chaque n ∈ N, on désigne par P(n) la proposition précédente. Comme (1 + x)1 = 1 + x, P(1) est vraie. Supposons que P(m) soit vraie et montrons que P(m + 1) est vraie. Il vient successivement (1 + x)m+1 = (1 + x) (1 + x)m ≥ (1 + x) (1 + mx) 2 puisque x ≥ −1 = 1 + x + mx + mx ≥ 1 + (m + 1)x et P(m + 1) est vraie. Par le Théorème 27, P(n) est vraie pour tout n ∈ N. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 44 / 94 N OMBRES LE N OMBRES RÉELS LE RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE E XEMPLE (E XEMPLE 1.24. PAGE 13 Pour tout n ∈ N DE Le théorème du binôme pour les exposants entiers était déjà connu des arabes mais le nom de Newton est resté attaché à ce théorème pour la généralisation qu’il en fit aux exposants fractionnaires et négatifs. E XEMPLE (B INÔME DE N EWTON ) L ABELLE ET M ERCIER ) 1 + 2+ 3 + ··· + n = RÉELS RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE n(n + 1) . 2 Soient a et b dans R. Pour tout n ∈ N Soit P(n) la proposition ci-dessus pour n ∈ N. P(1) est vraie : 1 (1 + 1) 1= . 2 Supposons P(m) vraie et montrons que P(m + 1) est vraie. [a + b]n = k =0 où „ « n! n déf = k (n − k )! k ! N OMBRES LE 45 / 94 LE E XEMPLE (B INÔME DE N EWTON - SUITE ) k =0 On peut montrer l’identité am+1−k b k + k k =0 am−k b k +1 Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 46 / 94 RÉELS ce qui termine la démonstration car m+1 (a + b) „ „ « «– „ « m »„ « m + 1 0 m+1 m m + 1 m+1 0 X m m+1−k k a b + + = a b + a b k m+1 k −1 0 k =1 = m+1 „ X k =0 „ « „ « „ « m m m+1 + = k k −1 k Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels k m „ « X m am−k b k „ « „ « m! m! m m = + + k k −1 k ! (m − k )! (k − 1)! (m − k + 1)! » – 1 1 m! + = (k − 1)! (m − k )! k m+1−k „ « » – m! (m + 1)! m+1 m+1 = . = = k (k − 1)! (m − k )! k (m − k + 1) k ! (m + 1 − k )! m+1 X„ k =1 M. Delfour (Université de Montréal) k En effet « m m am+1−k b k + am+1−k b k k k −1 k =0 k =1 „ «– m »„ « X m m m+1 =a + + am+1−k b k + b m+1 k k −1 k =1 „ «– „ „ « « m »„ « m m + 1 m+1 X m m+1 m+1−k k = + + a b + a b m+1 . k k −1 0 m+1 = m „ « X m RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE k =0 « déf 0! = 1. E XEMPLE (B INÔME DE N EWTON - SUITE ) m „ « X m m am−k b k = (a + b) (a + b) = (a + b) k k =0 m „ « m „ « X X m m m+1−k k a am−k b k +1 = b + k k m „ X M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE (a + b)m+1 et k =0 m „ « X m k =0 7 janvier 2012 an−k b k , (a + b)m+1 = (a + b) (a + b)m = (a + b) = Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels k Cette identité est vraie pour n = 1. Supposons qu’elle le soit pour m et montrons qu’elle est vraie pour m + 1. On a successivement m(m + 1) + (m + 1) 2 i (m + 1)(m + 2) hm +1 = . = (m + 1) 2 2 La formule est donc vraie pour tout n ∈ N. 1 + 2 + 3 + · · · + m +(m + 1) = | {z } M. Delfour (Université de Montréal) n „ « X n « m + 1 m+1−k k a b . k n Pour a = b = 1 on obtient l’identité 2 = n „ « X n k =0 7 janvier 2012 47 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels k . 7 janvier 2012 48 / 94 N OMBRES LE N OMBRES RÉELS LE RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE E XEMPLE (E XEMPLE 1.28 ( SUITE ), PAGE 18 Voici maintenant un exemple plus compliqué de calcul du inf E et du sup E. E XEMPLE (E XEMPLE 1.28. PAGE 18 DE L ABELLE ET M ERCIER ) k =0 k =0 où „ « n! n déf déf et 0! = 1. = k (n − k )! k ! „ « n Comme tous les termes sont positifs et que = n, on a 1 ∀n ∈ N, 1 1+ n 1 ≥1+ n =2 n M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES LE et » –1 1 1+ =2 1 Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 k =0 49 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES PROPRIÉTÉ E XEMPLE (E XEMPLE 1.28 ( SUITE ), PAGE 18 DE Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 50 / 94 RÉELS ARCHIMÉDIENNE T HÉORÈME –n X » n „ « » –k n X 1 1 1 n . = ≤1+ 1+ k n n k! R est un corps archimédien. c’est-à-dire que k =1 Mais k ! ≥ 2k −1 . C’est vrai pour k = 1 car 1! = 1 = 20 = 21−1 et pour k = 2 car 2! = 2 = 22−1 . Pour k ≥ 3, k ! = k (k − 1) . . . 2 1 ≥ 2k −1 . D’où ` ´n » –n n n n „ «k −1 X X X 1 − 12 1 1 1 1 ` ´ < 1 + 2 = 3. 1+ 1 + ≤1+ = 1 + ≤1 + = n k! 2k −1 2 1 − 12 k =1 k =1 Il est intuitif que l’ensemble des nombres entiers Z n’est pas borné supérieurement. C’est une conséquence de la propriété archimédienne de R en faisant x = 1 dans le théorème suivant. L ABELLE ET M ERCIER ) k =0 –n X » n „ « » –k n X 1 1 1 n . = ≤1+ 1+ k n n k! ⇒ inf E = 2. RÉELS k =1 et on cherche à estimer les termes de la somme et montrer qu’il existe une borne supérieure. Pour k = 0 et 1, il vient „ « » –0 „ « » –1 1 1 1 1 n n = 1 et =n· =1= ; 0 1 n n n 1! 8 „ « » –k > 1 1 n (n − 1) n! 1 (n − (k − 1)) n > > = ... = < k n (n − k )! k ! nk k! n n n ∀k ≥ 2, „ « „ « > 1 1 k −1 1 > > = 1− ... 1 − < . : k! n n k! Il vient donc RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE Il vient donc L ABELLE ET M ERCIER ) –n X » n „ « » –k 1 1 n = 1+ k n n Par la formule du binôme –n X „ « » –n » „ «» – „ « » –k n „ « » –k 1 1 1 1 1 n n n n = =1+ + ··· + , 1+ + ··· + k n 1 k n n n n n –n DE Pour l’autre borne, on part de l’expression du binôme de Newton Chercher le inf E et le sup E de l’ensemble –n ff » 1 déf :n∈N . E = 1+ n » RÉELS RAISONNEMENT PAR RÉCURRENCE k =1 L’ensemble E est donc borné supérieurement et l’on montrera plus tard que sup E = e = 2.718 281 828 459 045 . . . , un nombre irrationnel ? ∀y ∈ R et ∀x ∈ R tel que x > 0, ∃n ∈ N tel que nx > y . D ÉMONSTRATION . Si y ≤ 0, il suffit de prendre n = 1. Si y > 0, supposons que pour tout n ∈ N, nx ≤ y . déf Donc y est une borne supérieure pour l’ensemble E = {nx : n ∈ N}. Par la propriété 0 P7, il existe une plus petite borne supérieure b = sup E ∈ R. Comme par hypothèse x > 0, on a b 0 − x < b 0 . Il existe donc un élément nx ∈ E pour un n ∈ N tel que b 0 − x < nx ≤ b 0 . De là b 0 < (n + 1)x. Mais comme (n + 1)x ∈ E, on a un élément de E strictement plus grand que la borne supérieure b 0 de E. D’où la contradiction. Le théorème peut être utilisé pour calculer des inf E ou des sup E. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 51 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 52 / 94 N OMBRES PROPRIÉTÉ N OMBRES RÉELS PROPRIÉTÉ ARCHIMÉDIENNE E XEMPLE RÉELS ARCHIMÉDIENNE E XEMPLE (E XEMPLE 1.29 PAGE 18 déf 1) Soit E = {1/n : n ∈ N}. Alors inf E = 0 ∈ / E et sup E = 1 ∈ E. Clairement 1 est une borne supérieure, 1/n ≤ 1, et 1 ∈ E. Donc sup E = 1 ∈ E. Pour montrer que inf E = 0, on voit que pour tout n ∈ N, 1/n > 0 et que 0 est une borne inférieure de E. Il existe donc b0 = inf E ∈ R et b0 ≥ 0. Supposons que b0 > 0, alors par la propriété archimédienne du Théorème 36, il existe n0 ∈ N tel que n0 b0 > 1. D’où 1 ∃n0 ∈ N tel que b0 > ∈E n0 ce qui contredit le fait que b0 est une borne inférieure de E. déf 2) Soit E = {p : p ∈ R et p > 0}. Alors inf E = 0 ∈ / E et sup E = +∞. On procède comme précédemment pour le inf E. Pour le sup E, supposons que M soit une borne supérieure de E. Donc ∀p > 0, 0<p≤M ⇒ M > 0. Par la propriété archimédienne du Théorème 36, il existe p0 ∈ N tel que p0 1 > M > 0 et nécessairement p0 ≥ 1. Il existe donc p0 ∈ E tel que p0 > M ce qui contredit le fait que M soit une borne supérieure de E. L’ensemble E n’est donc pas borné supérieurement et sup E = +∞. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES PROPRIÉTÉ Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 53 / 94 L ABELLE ET M ERCIER ) Calculer le inf E et le sup E de déf E = En réécrivant déf xn = ff 3n + 4 : ∀n ∈ N . n 3n + 4 4 = 3 + il vient xn ≤ 7 et x1 = 7 n n De la même façon pour n ≥ 1 déf xn = ⇒ sup E = x1 = 7. 4 3n + 4 = 3 + > 3. n n E est donc borné inférieurement par 3 et le b0 = inf E ∈ R avec b0 ≥ 3. Donc ∀n ≥ 1, xn = 3 + 4 ≥ b0 n ⇒ 4 ≥ b0 − 3 n ⇒ ∀n ≥ 1, n (b0 − 3) ≤ 4. Supposons que b0 > 3, alors b0 − 3 > 0. Par la propriété archimédienne du Théorème 36, il existe n ∈ N (et donc n ≥ 1) tel que n (b0 − 3) > 4, d’où contradiction. Donc b0 = 3. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS D ENSITÉ ARCHIMÉDIENNE DE Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 54 / 94 RÉELS DES RATIONNELS ET DES IRRATIONNELS DANS R À l’aide du Théorème 36, on introduit la notion de partie entière d’un nombre réel. On a déjà démontré le Théorème 2 qui dit qu’entre deux rationnels on peut toujours trouver un rationnel différent des deux premiers. On va donner deux résultats analogues pour les réels. T HÉORÈME On peut associer à tout x ∈ R un entier unique n ∈ Z tel que T HÉORÈME n ≤ x < n + 1. Soient a et b dans R tel que a < b. On appelera cet entier la partie entière de x et l’on la notera [x]. i) (densité des nombres rationnels) Il existe r ∈ Q tel que a < r < b. déf On désignera par {x} = x − [x] le reste, 0 ≤ {x} < 1. D ÉMONSTRATION . (Existence) Si x ∈ Z, on prend l’entier n = x qui vérifie la double inégalité. Si x ∈ / Z, il existe N ∈ N tel que N = N · 1 > |x| ce qui implique −N < x < N, d’après la propriété archimédienne. En particulier, N ≥ 1. Le nombre x se retrouve nécessairement entre deux entiers consécutifs de l’ensemble {−N, −N + 1, . . . , 0, 1, 2, . . . , N}. Il reste à démontrer l’unicité. (Unicité) Soient m et n dans Z, m 6= n, tel que m ≤ x < m + 1 et n ≤ x < n + 1. Supposons que m < n. Alors m < n ≤ x < m + 1 et il existerait un entier n ∈ Z tel que m < n < m + 1, ce qui est impossible. En interchangeant les rôles de m et n, on obtient aussi une contradiction. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 55 / 94 ii) (densité des nombres irrationnels) Il existe s ∈ R \ Q tel que a < s < b. C OROLLAIRE Soient a et b dans R tel que a < b. i) Il existe une infinité de nombres rationnels entre a et b. ii) Il existe une infinité de nombres irrationnels entre a et b. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 56 / 94 N OMBRES D ENSITÉ N OMBRES RÉELS DES RATIONNELS ET DES IRRATIONNELS DANS R UN D ÉMONSTRATION DU T HÉORÈME 40. Dans la démonstration du théorème suivant i) Puisque b − a > 0 et que R est archimédien, il existe n ∈ N tel que n (b − a) > 1, d’où b > a + 1/n. Comme na ∈ R, il existe m ∈ Z tel que m − 1 ≤ na < m, d’où na < m ≤ na + 1. En divisant par n, il vient a< T HÉORÈME Il n’existe pas de x ∈ Q tel que x 2 = 2 ou de façon équivalente m 1 ≤ a + < b. n n ∀x ∈ Q, T HÉORÈME Si le nombre x0 = p/q ∈ Q, où la fraction p/q est réduite, est une racine du polynôme D ÉMONSTRATION DU C OROLLAIRE 41. i) On sait qu’il en existe au moins un. Supposons qu’il en existe un nombre fini n ≥ 1, c’est-à-dire {ri }ni=1 ⊂ Q tel que a < r1 < r2 < · · · < rn < b. On applique alors le Théorème 40 (i) au couple a < r1 . Il existe r0 ∈ Q tel que a < r0 < r1 . On a donc construit un autre rationnel entre a et b ce qui contredit notre hypothèse. ii) Même procédé pour les irrationnels. N OMBRES UN x 2 6= 2. on a montré que le polynôme x 2 − 2 = 0 n’a pas de racine rationnelle. Ce résultat simple se généralise et est utile pour décider si un nombre est rationnel ou non. On prend r = m/n ∈ Q. √ √ ii) Puisque a < b, on √ √ a a − 2 < b − 2 et de√la partie i) il existe r ∈ Q tel √que a − 2 < r < b − 2 ce qui entraîne a < r + 2 < b. On prend s = r + 2 qui est bien un irrationnel. M. Delfour (Université de Montréal) RÉELS CRITÈRE POUR DÉTERMINER SI UN NOMBRE EST RATIONNEL OU IRRATIONNEL Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 57 / 94 an x n + an−1 x n−1 + · · · + a1 x + a0 = 0, où les coefficients ai ∈ Z, 0 ≤ i ≤ n, et an 6= 0, alors p divise a0 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS UN CRITÈRE POUR DÉTERMINER SI UN NOMBRE EST RATIONNEL OU IRRATIONNEL et q divise an . Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 58 / 94 RÉELS CRITÈRE POUR DÉTERMINER SI UN NOMBRE EST RATIONNEL OU IRRATIONNEL T HÉORÈME Si le nombre x0 = p/q ∈ Q, où la fraction p/q est réduite, est une racine du polynôme an x n + an−1 x n−1 + · · · + a1 x + a0 = 0, où les coefficients ai ∈ Z, 0 ≤ i ≤ n, et an 6= 0, alors p divise a0 et q divise an . D ÉMONSTRATION . Puisque x0 = p/q est une racine, on a » –n » –n−1 » – p p p + a0 = 0, + an−1 + · · · + a1 an q q q E XEMPLE √ √ Montrer que x = 2 + 3 est un nombre irrationnel. On cherche d’abord le polynôme dont il est une racine. “ ”2 “ √ ”2 “√ √ ”2 √ 2 + 3 = 2 + 3 + 2 6 ⇒ x2 − 5 = 2 6 x2 = ⇒ x 4 − 10x 2 + 1 = 0. Si x est rationnel il est √ de la forme p/q et p doivent tous deux diviser 1. D’où x = 1 ce qui est faux puisque 2 > 1. √ 3 On peut aussi montrer que 2 est irrationnel à partir de x 3 − 2 = 0 puisque les seuls candidats rationnels sont 1 et 2 et que 13 = 1 et 23 = 8. ⇒ an pn + an−1 p n−1 q + · · · + a1 pq n−1 + a0 q n = 0 h i ⇒ a0 q n = −p an p n−1 + an−1 pn−2 q + · · · + a1 q n−1 h i ⇒ an pn = − an−1 pn−1 + · · · + a1 pq n−2 + a0 q n−1 q Comme p et q n’ont pas de facteur commun, on obtient que p divise a0 et q divise an . M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 59 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 60 / 94 N OMBRES L A VALEUR N OMBRES RÉELS L A VALEUR ABSOLUE On sait maintenant comment additionner, multiplier, et comparer les nombres réels. Il nous manque une moyen de mesurer l’écart ou la distance entre deux nombres. RÉELS ABSOLUE L EMME Pour tout x ∈ R, (i) | − x| = |x|, D ÉFINITION (ii) −|x| ≤ x ≤ |x|. La valeur absolue de x ∈ R que l’on désigne par |x| est définie par ( x, si x ≥ 0 déf |x| = −x, si x < 0. (iii) Pour tout b ≥ 0, |x| ≤ b ⇐⇒ −b ≤ x ≤ b. D ÉMONSTRATION . (i) Par définition. (ii) Si x ≥ 0, |x| = x ≥ 0 et −|x| ≤ 0 ≤ x = |x| ≤ |x|. Si x < 0, alors −x > 0 et donc On a immédiatement les résultats suivants. −| − x| ≤ −x ≤ | − x|. L EMME Mais de (i) | − x| = |x| entraîne Pour tout x ∈ R, (i) | − x| = |x|, −|x| ≤ −x ≤ |x| (ii) −|x| ≤ x ≤ |x|. (iii) Pour tout b ≥ 0, M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES (iii) Si x ≥ 0, alors −b ≤ 0 ≤ x = |x| ≤ b. Si x < 0, alors −b ≤ 0 ≤ −x = |x| ≤ b ce qui entraîne −b ≤ −x ≤ b ⇒ −b ≤ x ≤ b. |x| ≤ b ⇐⇒ −b ≤ x ≤ b. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 61 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS L A NORME Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 62 / 94 RÉELS L A NORME On a les propriétés fondamentales suivantes qui caractérisent une norme. T HÉORÈME T HÉORÈME Pour tout x et y dans R, Pour tout x et y dans R, (iii) |xy | = |x||y |. (iv) (inégalité du triangle) |x + y | ≤ |x| + |y |. (i) |x| ≥ 0. (ii) |x| = 0 ⇐⇒ x = 0. D ÉMONSTRATION DU T HÉORÈME . (iii) |xy | = |x||y |. (iii) Il y a quatre cas. (iv) (inégalité du triangle) |x + y | ≤ |x| + |y |. 1. (x ≥ 0 et y ≥ 0) Alors |x| = x, |y | = y et xy = |x||y | ≥ 0. Donc, par défintion de la valeur absolue, |xy | = xy et |xy | = |x||y | C OROLLAIRE 2. (x ≥ 0 et y < 0) Alors |x| = x, |y | = −y et −xy = −yx = (−y )x = x(−y ) = |x||y | ≥ 0 par la propriété P1 (multiplication). Donc, par définition de la valeur absolue, |xy | = −xy = |x||y |. Pour tout x et y dans R, ||x| − |y || ≤ |x − y |. D ÉMONSTRATION DU T HÉORÈME . (i) Par définition, si x ≥ 0, |x| = x ≥ 0. Si x < 0, |x| = −x > 0 ≥ 0. (ii) (⇐) Comme de (i) 0 = |0| ≥ 0, on a |0| = 0. (⇒) On démontre l’implication inverse par contradiction : x 6= 0 ⇒ |x| > 0. Comme x 6= 0, alors ou bien x > 0 ou bien x < 0. Dans le premier cas, |x| = x > 0 ; dans le second cas, |x| = −x > 0. Donc, pour tout x 6= 0, on a |x| 6= 0. M. Delfour (Université de Montréal) ⇒ −|x| ≤ x ≤ |x|. Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 63 / 94 3. (x < 0 et y ≥ 0) On interchange les rôles de x et y du cas 2. 4. (x ≤ 0 et y ≤ 0) On prend l’opposé des rôles de x et y du cas 1. (iv) On a de (iii) du Lemme, −|x| ≤ x ≤ |x| et −|y | ≤ y ≤ |y |. En additionnant, −|x| − |y | = −(|x| + |y |) ≤ x + y ≤ |x| + |y |. Le résultat suit du Lemme (iii) : |x + y | ≤ ||x| + |y || = |x| + |y |. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 64 / 94 N OMBRES L A NORME N OMBRES RÉELS L A VALEUR ET LA DISTANCE RÉELS ABSOLUE C OROLLAIRE E XEMPLE (E XEMPLE 1.18, P.11 DE L ABELLE ET M ERCIER ) Pour tout x et y dans R, ||x| − |y || ≤ |x − y |. Pour |x| ≤ 1, montrez que D ÉMONSTRATION DU C OROLLAIRE . On applique (iv) à x et y − x, puis à y et x − y |y | = |x + (y − x)| ≤ |x| + |y − x| ⇒ −(|x| − |y |) = |y | − |x|≤|y − x| = |x − y | |x| = |y + (x − y )| ≤ |y | + |x − y | ˛ ˛ ˛ 4 ˛ ˛x − 36x + 47˛ ≥ 10 On écrit 47 = x 4 − 36x + 47 − (x 4 − 36x) et on utilise l’inégalité du triangle. ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ 47 = |47| ≤ ˛x 4 − 36x + 47˛ + ˛−(x 4 − 36x)˛ = ˛x 4 − 36x + 47˛ + ˛x 4 − 36x ˛ ⇒ |x| − |y | ≤|x − y | et ||x| − |y || ≤ |x − y |. Á partir de la valeur absolue, on obtient une notion de distance ou métrique d(x, y ) = |x − y | entre deux points x et y. On applique de nouveau l’inégalité du triangle au second terme, ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ 47 ≤ ˛x 4 − 36x + 47˛ + ˛x 4 ˛ + |−36x| ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ˛ ≤ ˛x 4 − 36x + 47˛ + 1 + 36 |x| ≤ ˛x 4 − 36x + 47˛ + 1 + 36 ˛ ˛ ˛ ˛ ≤ ˛x 4 − 36x + 47˛ + 37 T HÉORÈME Pour tout x et y dans R, (i) |x − y | ≥ 0. (ii) |y − x| = |x − y |. (iii) |x − y | = 0 ⇐⇒ x = y . d’où le résultat. (iv) (inégalité du triangle) |x − y | ≤ |x − z| + |z − y |. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES L A VALEUR Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 65 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS 66 / 94 DÉCIMALE Il est pratique d’exprimer les nombres et plus particulièrement les rationnels sous une forme compacte. On le fait en introduisant une base. La plus commune est la base 10. Par l’intermédiaire de la division on a par exemple 5 = 2.5 = 2.5 0000 . . . 2 1 1 4 2 8 5 7 = 0.142857 142857 · · · = 0 + 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 5 + . . . 7 10 10 10 10 10 10 142857 142857 + + ... = 106 1012 « „ 4 3 3 3 − = −1.333 · · · = −1 − + + + . . . 3 101 102 103 Ce sont trois exemples de nombres rationnels. On remarquera qu’à partir d’un certain pas toujours le cas. rang il y a périodicité des décimales. Ce n’est cependant √ Considérons par exemple le nombre irrationnel 2 dont on peut construire les décimales par encadrements successifs. En effet √ 12 < 2 < 22 = 4 ⇒ 1 < 2 < 2. E XEMPLE Pour tout x tel que |x + a| ≤ |a|/2, montrez que 1 3 |a| ≤ |x| ≤ |a|. 2 2 Par le Théorème 49 (v) sur la norme on a ||x| − |a|| = ||x| − | − a|| ≤ |x − (−a)| ≤ |x + a|. Enfin, pour tout a et x dans R tel que |x + a| ≤ 12 |a|, il vient 1 |a| 2 1 1 ⇒ − |a| ≤ |x| − |a| ≤ |a| 2 2 3 1 ⇒ |a| ≤ |x| ≤ |a| 2 2 ||x| − |a|| ≤ |x + a| ≤ En subdivisant l’intervalle [1, 2] en 10 parties de longueur 1/10, on trouve que √ 1.4 < 2 < 1.5 ce qui démontre le résultat. M. Delfour (Université de Montréal) 7 janvier 2012 RÉELS L A REPRÉSENTATION ABSOLUE Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 67 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 68 / 94 N OMBRES N OMBRES RÉELS L A REPRÉSENTATION RÉELS L A REPRÉSENTATION DÉCIMALE Considérons par exemple le nombre irrationnel décimales par encadrements successifs. En effet 12 < 2 < 22 = 4 √ Un autre phénomène observable est que certains nombres ont deux développements décimaux distincts comme le montre l’exemple suivant 2 dont on peut construire les ⇒ 1< √ 217 1 7 =2+ + = 2.17 = 2.17 000000 . . .. 100 10 100 2 < 2. Considérons maintenant le développement périodique x = 2.169 999 . . . . Alors En subdivisant l’intervalle [1, 2] en 10 parties de longueur 1/10, on trouve que √ (1.4)2 = 1.96 < 2 < 2.25 = (1.5)2 ⇒ 1.4 < 2 < 1.5 100x = 216.999 . . . et 1000x = 2169.999 . . . En subdivisant l’intervalle [1.4, 1.5] en 10 parties de longueur 1/100, on trouve que √ (1.41)2 = 1.9881 < 2 < 2.0164 = (1.42)2 ⇒ 1.41 < 2 < 1.42 En continuant le procédé on trouve, par exemple, que √ 1.414 213 562 4 < 2 < 1.414 213 562 5 On dit que 1.414 213 562 4 . . . est un développement décimal de on n’entrevoit pas de périodicité, mais cela ne démontre rien. DÉCIMALE √ 2. Par ce procédé, ⇒ 900x = 2169 − 216 = 1953 En simplifiant par 9 on obtient x = 1953/900 = 217/100. Il y a donc deux développements décimaux pour le même rationnel. Lorsqu’il y a périodicité des décimales à partir d’un certain rang on écrira les décimales qui se répètent surmontés d’un barre comme suit 1 = 0. 142857 | {z } 142857 | {z } · · · = 0.142857 7 4 217 − = −1.333 · · · = −1.3 = 2.17 = 2.169 3 100 En particulier, x = 0.999 . . ., 10x = 9.999 . . ., 9x = 9 . . ., et 1 = 0.999 999 · · · = 0.9. possède deux représentations décimales. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 69 / 94 N OMBRES RÉELS L A REPRÉSENTATION M. Delfour (Université de Montréal) 7 janvier 2012 70 / 94 RÉELS L A REPRÉSENTATION DÉCIMALE Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels DÉCIMALE T HÉORÈME D ÉMONSTRATION DU T HÉORÈME . Soient deux nombres réels x et y dans R de développements décimaux On peut supposer sans perte de généralité que an > bn . Donc x = 0, a1 a2 a3 . . . a1 = b1 , a2 = b2 , . . . , an−1 = bn−1 , an > bn . y = 0, b1 b2 b3 . . . On multiplie chaque nombre par 10n−1 et on enlève sa partie entière. Comme an > bn , on a an ≥ bn + 1 et Il vient Si on suppose que 1) ∃ n tel que an 6= bn et 0, an an+1 an+2 . . . ≥ 0, an 00 · · · ≥ 0, bn 00 · · · + 0, 100 . . . 2) ni l’un ni l’autre ne se termine par une suite infinie de 9 ≥ 0, an 00 · · · ≥ 0, bn 00 · · · + 0, 099 . . . = 0, bn 99 . . . alors x 6= y en tant que nombres réels. > 0, bn bn+1 bn+2 . . . ⇒ 0, an an+1 an+2 · · · > 0, bn bn+1 bn+2 . . . C OROLLAIRE Si un nombre réel possède deux développements décimaux distincts, alors l’un deux se termine par des 9 et l’autre est fini. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 71 / 94 d’où x > y . M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 72 / 94 N OMBRES N OMBRES RÉELS L A REPRÉSENTATION RÉELS L A REPRÉSENTATION DÉCIMALE DÉCIMALE D ÉFINITION C OROLLAIRE Si un nombre réel possède deux développements décimaux distincts, alors l’un deux se termine par des 9 et l’autre est fini. Un développement décimal de la forme n0 , a1 a2 . . . an b1 b2 . . . bm b1 b2 . . . bm . . . | {z } | {z } | {z } n≥0 D ÉMONSTRATION DU C OROLLAIRE . m≥1 où la partie b1 b2 . . . bm se répète à l’infini est dit périodique : Il suffit de considérer un nombre réel 0 ≤ x ≤ 1. Par le Théorème l’un des deux développements se termine par une suite infinie de 9, c’est-à-dire x = 0, a1 . . . am 999 . . . = 0, a1 . . . am 000 · · · + 0, 0 . . . 0999 . . . 1 périodique pur si n = 0 2 périodique mixte (ou éventuellement périodique) si n ≥ 1. E XEMPLE = 0, a1 . . . am 000 · · · + 0, 0 . . . 1000 . . . Le rationnel 1/7 est périodique pur avec n = 0 et = 0, a1 . . . (am + 1)000 . . . 1 = 0, 142857 | {z } 142857 | {z } . . . = 0, 142857 7 et le développement est fini. m=6 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 73 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS L A REPRÉSENTATION m≥1 Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 74 / 94 RÉELS L A REPRÉSENTATION DÉCIMALE m=6 DÉCIMALE T HÉORÈME x ∈ R admet un développement décimal périodique ⇐⇒ x ∈ Q. n0 , a1 a2 . . . an b1 b2 . . . bm b1 b2 . . . bm . . . | {z } | {z } | {z } n≥0 m≥1 D ÉMONSTRATION . m≥1 Il suffit de considérer les x > 0. (⇒) Soit un nombre réel x ∈ R avec le développement décimal périodique suivant E XEMPLE Le rationnel 1/7 est périodique pur avec n = 0 et On a 1 = 0, 142857 | {z } 142857 | {z } . . . = 0, 142857 7 m=6 x = n0 , a1 a2 . . . an b1 b2 . . . bm b1 b2 . . . bm . . . | {z } | {z } | {z } n≥0 10n x = m=6 33 = 0, |{z} 33 |{z} 0 |{z} 0 . . . = 0.330 100 D’où n=2 m=1 m=1 m≥1 m≥1 10n+m x = n0 a1 a2 . . . an b1 b2 . . . bm , b1 b2 . . . bm b1 b2 . . . bm . . . | {z } | {z } | {z } | {z } n≥0 m≥1 m≥1 m≥1 déf (10n+m − 10n )x = N0 = n0 a1 a2 . . . an b1 b2 . . . bm − n0 a1 a2 . . . an ∈ N ∪{0} 33 = 0, |{z} 32 |{z} 9 |{z} 9 . . . = 0.329 100 ⇒ x= n=2 m=1 m=1 Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels m≥1 n0 a1 a2 . . . an , b1 b2 . . . bm b1 b2 . . . bm . . . | {z } | {z } | {z } n≥0 Le rationnel 33/100 possède deux développements : M. Delfour (Université de Montréal) m≥1 7 janvier 2012 75 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) N0 ∈ Q. 10n (10m − 1) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 76 / 94 N OMBRES N OMBRES RÉELS L A REPRÉSENTATION RÉELS L A REPRÉSENTATION DÉCIMALE DÉCIMALE D ÉMONSTRATION . (suite) On recommence en multipliant par 10. » – – » p p − n0 = k1 , k2 k3 k4 . . . ⇒ 0 ≤ 10 − n0 − k1 = 0, k2 k3 k4 · · · < 1 0 ≤ 10 q q D ÉMONSTRATION . (suite) (⇐) On considère un nombre x ∈ Q, x > 0 de forme réduite p/q, q > 0 et p > 0, et de développement décimal x= En multipliant par q > 0, on ne change pas les inégalités et on obtient un nouvel entier en regroupant les parties entières p = n0 , k1 k2 k3 . . . q 0 ≤ 10(p − n0 q) − qk1 = q · {0, k2 k3 k4 . . .} < q | {z } S’il existe i0 tel que pour tout i ≥ i0 , ki = 9, alors le développement décimal de x est périodique par définition. Sinon, on procède comme suit : ∈N ∪{0} p 0 ≤ − n0 = 0, k1 k2 k3 . . . < 1. q On poursuit ainsi en multipliant successivement par 102 , 103 , etc. On obtient ainsi (par exemple, par induction mathématique) : En multipliant par q > 0, on ne change pas les inégalités et on obtient un entier ∀i ≥ 1, ⇒ ∀i ≥ 1, 0 ≤ p − n0 q = q · {0, k1 k2 k3 . . .} < q. | {z } N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels q · {0, ki ki+1 ki+2 . . .} = q · {0, kj kj+1 kj+2 . . .} 7 janvier 2012 77 / 94 RÉELS L A REPRÉSENTATION M. Delfour (Université de Montréal) 1 q · {0, ki ki+1 ki+2 . . .} = q · {0, kj kj+1 kj+2 . . .} ⇒ ∀ℓ ≥ 0, ⇒ ∀ℓ ≥ 0, 2 3 ki+ℓ = kj+ℓ = ki+ℓ+(j−i) , 4 ki+ℓ = ki+ℓ+(j−i) = kj+ℓ+(j−i) = ki+ℓ+2(j−i) , ⇒ ∀N ≥ 0, ∀ℓ ≥ 0, 78 / 94 ki+ℓ+N(j−i) = ki+ℓ . Le développement est donc éventuellement périodique de période j − i de la forme p = n0 , k1 k2 . . . ki−1 ki ki+1 . . . ki+(j−i)−1 kj kj+1 . . . kj+(j−i)−1 . . . q {z }| | {z }| {z } n=i−1 7 janvier 2012 80 / 94 L ES NOMBRES ENTIERS NATURELS N (+, ·, <) m=j−i≥1 5 m=j−i≥1 kj = ki , kj+1 = ki+1 , . . . , kj+(j−i)−1 = ki+(j−i)−1 = kj−1 . 6 Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 L ES NOMBRES ENTIERS Z (+, ·, <) L ES NOMBRES RATIONNELS Q (+, ·, <) L ES NOMBRES RÉELS R(+, ·, <) Construction : les coupures de Dedekind Propriété P7 de complétude L’induction mathématique ou le raisonnement par récurrence Propriété archimédienne et partie entière d’un réel Densité des rationnels et des irrationnels dans R La valeur absolue La représentation décimale des nombres réels ki+ℓ+N(j−i) = ki+ℓ ⇒ ∀N ≥ 0, ∀ℓ, 0 ≤ ℓ < j − i, M. Delfour (Université de Montréal) 7 janvier 2012 L’addition La multiplication Les relations d’ordre (suite) Il existe un couple (i, j), 1 ≤ i < j, tel que puisque Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels P LAN DÉCIMALE D ÉMONSTRATION . x= q · {0, ki ki+1 ki+2 . . .} ∈ {0, 1, . . . , q − 1}. Comme {0, 1, . . . , q − 1} est fini, Il existe un couple (i, j), 1 ≤ i < j, tel que ∈N ∪{0} M. Delfour (Université de Montréal) 0 ≤ q · {0, ki ki+1 ki+2 . . .} < q 79 / 94 C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ Definitions et exemples R n’est pas dénombrable Georg Cantor Cardinalité du continu c et cardinaux transfinis ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · , hypothèse du continu, et axiome du choix R ÉFÉRENCES M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels N OMBRES C ARDINAL N OMBRES RÉELS C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ RÉELS ET DÉNOMBRABILITÉ E XEMPLE (i) N et 2 N ont le même cardinal. Il suffit de choisir la bijection Si l’on considère des ensembles finis de nombres comme {1, 2, 3, 4} et {10, 20, 25, 60} on voit facilement qu’ils contiennent chacun le même nombre d’éléments. Si on considère maintenant les ensembles N, Z, Q, ou R, ils contiennent tous un nombre infini d’éléments bien que les inclusions sucessives N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R soient strictes. Y-a-t-il plus de nombres dans le dernier que le premier ? déf x 7→ f (x) = 2x : N → 2 N, D ÉFINITION (i) On dira que deux ensembles A et B ont le même cardinal ou sont équipotents s’il existe une bijection entre A et B. (ii) N et Z ont le même cardinal et donc Z est dénombrable. On choisit la bijection 8x > si est pair < , déf 2 f : N → Z, x 7→ f (x) = > : 1−x, si x est impair 2 dont l’inverse est (ii) On dira qu’un ensemble A est dénombrable s’il a le même cardinal que N. f Si A et B sont finis, cela revient à dire qu’ils ont le même nombre d’éléments. L’avantage c’est que maintenant on va pouvoir aussi comparer des ensembles infinis. M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES C ARDINAL Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 81 / 94 −1 : Z → N, y 7→ f −1 (y ) = ( si y ∈ N si y ∈ Z \ N . 2y , 1 − 2y , On remarque que construire une bijection entre N et un ensemble A revient à énumérer les éléments de A les uns à la suite des autres en commençant par un premier élément, puis un autre, etc, et de façon à ne pas en oublier et à ne pas faire de répétitions : . . . M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ x 7→ f −1 (x) = x/2 : 2 N → N . Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 82 / 94 RÉELS ET DÉNOMBRABILITÉ E XEMPLE N × N est dénombrable. Le processus ci-dessous énumère en fait toutes les paires de (p, q) ∈ N × N. On compose le tableau suivant et on le parcourt dans le sens des flèches. E XEMPLE ( SUITE ) On remarque que construire une bijection entre N et un ensemble A revient à énumérer les éléments de A les uns à la suite des autres en commençant par un premier élément, puis un autre, etc, et de façon à ne pas en oublier et à ne pas faire de répétitions : 1 l f (1) = 0 2 l f (2) = 1 3 l f (3) = −1 4 l f (4) = 2 5 l f (5) = −2 .... l .... On forme ainsi une suite ordonnée a1 , a2 , a3 , . . .. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 83 / 94 (1, 1) (1, 2) ↓ (1, 3) ↓ (1, 4) ↓ (1, 5) ↓ (1, 6) ↓ .. . → ւ ր ւ ր ւ ր (2, 1) (2, 2) (2, 3) (2, 4) (2, 5) (2, 6) .. . (3, 1) ր ւ ր ւ ր ւ M. Delfour (Université de Montréal) (3, 2) (3, 3) (3, 4) (3, 5) (3, 6) .. . → ւ ր ւ ր ւ ր (4, 1) (4, 2) (4, 3) (4, 4) (4, 5) (4, 6) .. . (5, 1) ր ւ ր ւ ր ւ (5, 2) (5, 3) (5, 4) (5, 5) (5, 6) .. . Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels → ւ ր ւ ր ւ ր (6, 1) (6, 2) (6, 3) (6, 4) (6, 5) (6, 6) .. . ր ւ ր ւ ր ւ (7, 1) ... (7, 2) ... (7, 3) ... (7, 4) ... (7, 5) ... (7, 6) ... .. . 7 janvier 2012 84 / 94 N OMBRES C ARDINAL N OMBRES RÉELS C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ E XEMPLE E XEMPLE Q est dénombrable. On commence d’abord par énumérer Q+ , les rationnels positifs. 1 1/2 ↓ 1/3 ↓ 1/4 ↓ 1/5 ↓ 1/6 ↓ .. . → ւ 2/2 ր 3/2 → ւ 4/2 ր 5/2 → ւ 6/2 ր 7/2 ... ր 2/3 ւ 3/3 ր 4/3 ւ 5/3 ր 6/3 ւ 7/3 ... ւ 2/4 ր 3/4 ւ 4/4 ր 5/4 ւ 6/4 ր 7/4 ... ր 2/5 ւ 3/5 ր 4/5 ւ 5/5 ր 6/5 ւ 7/5 ... ւ 2/6 ր 3/6 ւ 4/6 ր 5/6 ւ 6/6 ր 7/6 ... ր 2 .. . 3 ւ .. . ր 4 .. . 5 ւ .. . ր 6 .. . 7 ւ ... M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels .. . 7 janvier 2012 Si chaque paire représente un rationnel p/q, il y a donc des répétitions. Il suffit donc de sauter un nombre déjà rencontré. 1 Le processus ci-dessus énumère toutes les paires de (p, q) ∈ N × N. Si chaque paire représente un rationnel p/q, il y a donc des répétitions. C ARDINAL RÉELS ET DÉNOMBRABILITÉ 85 / 94 1/2 ↓ 1/3 ↓ 1/4 ↓ 1/5 ↓ 1/6 ↓ .. . → ւ ր ւ ր ւ ր 2 2/2 2/3 2/4 2/5 2/6 .. . ւ ր ւ ր ւ M. Delfour (Université de Montréal) N OMBRES RÉELS R N ’EST ET DÉNOMBRABILITÉ 3 ր 3/2 3/3 3/4 3/5 3/6 .. . → ւ ր ւ ր ւ ր 4 4/2 4/3 4/4 4/5 4/6 .. . 5 ր ւ ր ւ ր ւ 5/2 5/3 5/4 5/5 5/6 .. . → ւ ր ւ ր ւ ր Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 6 6/2 6/3 6/4 6/5 6/6 .. . ր ւ ր ւ ր ւ 7 ... 7/2 ... 7/3 ... 7/4 ... 7/5 ... 7/6 ... .. . 7 janvier 2012 86 / 94 RÉELS PAS DÉNOMBRABLE E XEMPLE (D ÉMONSTRATION DIAGONALE DE G EORG C ANTOR ) R n’est pas dénombrable. On raisonne par contradiction. On fait l’hypothèse que R est dénombrable. On peut alors trouver une façon d’écrire les éléments de R les uns à la suite des autres sans oubli ni répétition. On a la liste suivante sous forme de développements décimaux : a1 = n1 , a11 a12 a13 a14 a15 . . . E XEMPLE a2 = n2 , a21 a22 a23 a24 a25 . . . On peut ensuite énumérer Q− de la même manière, puis ensuite combiner Q+ , Q− et {0} comme suit a3 = n3 , a31 a32 a33 a34 a35 . . . .. . 0, 1, −1, 2, −2, 1/2, −1/2, 1/3, −1/3, 3, −3, 4, −4, . . . M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels où ni représente la partie entière du i-ième nombre ai de la liste et les aij sont les chiffres du développement décimal de ai . À partir de cette liste, on construit le réel b = 0, b1 b2 b3 b4 b5 . . . où ( 5, si aii 6= 5 déf bi = 4, si aii = 5. On constate que ce b ∈ R n’apparait nulle part dans la liste ! ◮ En effet, par construction, pour chaque i on a bi 6= aii et donc b 6= ai . Ceci contredit notre hypothèse que la liste des éléments de R était complète. R n’est donc pas dénombrable. 7 janvier 2012 87 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 88 / 94 N OMBRES C ARDINAL C ARDINALITÉ RÉELS N OMBRES ET DÉNOMBRABILITÉ : G EORG C ANTOR F IGURE : Georg Cantor (1845-1918) mathématicien allemand né en Russie E XEMPLE En mathématiques, les nombres cardinaux, sont une géralisation des entiers naturels N, utilisés pour mesurer la cardinalité (taille) des ensembles. La cardinalité d’un ensemble fini est un entier naturel, le nombre d’éléments dans l’ensemble. Les nombres cardinaux transfinis décrivent les tailles des ensembles infinis. La cardinalité est définie en terme de bijections. Deux ensembles ont le même cardinal si et seulement si il existe une bijection entre eux. Dans le cas des ensembles finis, ceci coincide avec la notion intuitive de taille. Dans le cas des ensembles infinis, le comportement est plus complexe. La notion de cardinalité, comme on la comprend de nos jours, fut formulée par Georg Cantor, qui est à l’origine de la théorie des ensembles, entre 1874 er 1884. Cantor a été confronté à la résistance de la part des mathématiciens de son époque, en particulier Kronecker. Poincaré, bien qu’il connût et appréciât les travaux de Cantor, avait de profondes réserves sur son maniement de l’infini en tant que totalité achevée. (i) L’ensemble des irrationnels R \ Q n’est pas dénombrable. (ii) Le segment ]a, b[ et le segment ]c, d[ ont le même cardinal. (iii) Le segment ]0, 1[ et R ont le même cardinal. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 89 / 94 C ARDINALITÉ N OMBRES CARDINAUX CARDINAUX M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 90 / 94 C ARDINALITÉ : G EORG C ANTOR C ARDINALITÉ ET LES CARDINAUX TRANSFINIS Cantor comprit que le fait qu’il y ait une bijection entre deux ensembles est la bonne façon de dire que deux ensembles ont la même taille, appelée cardinalité dans le cas des ensembles finis. Il appliqua cette notion aux ensembles infinis comme par exemple les entiers naturels N. Il appela tous les ensembles ayant la même cardinalité que N des ensembles dénombrables et introduisit la notation ℵ0 : un ensemble dénombrable est un ensemble qui peut être mis en bijection avec les nombres entiers, c’est-à-dire que l’on peut, d’un certaine façon, numéroter tous ses éléments par des entiers (sans répétition mais ce n’est pas essentiel). Il montre que les ensembles des nombres entiers relatifs, des nombres rationnels, et des nombres algébriques sont tous dénombrables. Il est aussi possible pour un sous-ensembles stricts d’un ensemble infini d’avoir la même cardinalité que l’ensemble d’origine, ce qui ne peut arriver avec les sous-ensemble stricts d’ensembles finis. Dans son article de 1874, Cantor démontre qu’il existe des cardinaux d’ordre plus élevé (les cardinaux transfinis) en montrant que la cardinalité de R est plus grande que la cardinalité de N. Sa première présentation fait appel à une démonstration compliquée, mais dans un article en 1891 il démontre le même résultat en utilisant l’ingénieux et simple argument diagonal. Le nouveau cardinal, appelé cardinalité du continu fut appelé c par Cantor. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 91 / 94 DU CONTINU c, ALEPHS ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · , HYPOTHÈSE DU CONTINU , ET AXIOME DU CHOIX Cantor développa aussi une large portion de la théorie générale des cardinaux ; il démontra qu’il y a un plus petit transfini (ℵ0 ) et que pour chaque cardinal, il y a un cardinal suivant plus grand (ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · ). Son hypothèse du continu est la proposition que c est ℵ1 , mais on s’est aperçu que ceci est indépendant des axiomes habituels de la théorie des ensembles ; on ne peut ni le démontrer, ni le nier sous ces hypothèses (voir théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel, axiome du choix, et axiome de fondation de Frege). Il y a donc une suite transfinie de nombre cardinaux : 0, 1, 2, 3, · · · , n, · · · ; ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , · · · , ℵα , · · · . La suite commence avec les entiers naturels (cardinaux finis), qui sont suivis par les nombres aleph (les cardinaux infinis d’ensembles bien ordonnés). Les nombres aleph sont indicés par des (nombres) ordinaux. Sous l’hypothèse de l’axiome du choix, Étant donné un ensemble X d’ensembles non vides, il existe une fonction définie sur X , appelée fonction de choix, qui à chacun d’entre eux associe un de ses éléments la suite des nombres transfinis inclut tous les nombres cardinaux. Si l’on rejette cette hypothèse, la situation devient plus compliquée, avec des nombres cardinaux infinis qui ne sont pas des alephs. La cardinalité est étudiée en elle-même comme une partie de la théorie des ensembles. M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 92 / 94 P LAN 1 R ÉFÉRENCES L ES NOMBRES ENTIERS NATURELS N (+, ·, <) L’addition La multiplication Les relations d’ordre 2 3 4 [1] C. Cassidy et M. L. Lavertu, Introduction à l’analyse : fonction d’une variable réelle, Les Presses de l’Université Laval, Sainte-Foy, Canada, 1994. L ES NOMBRES ENTIERS Z (+, ·, <) L ES NOMBRES RATIONNELS Q (+, ·, <) L ES NOMBRES RÉELS R(+, ·, <) [2] J. Labelle et A. Mercier, Introduction à l’analyse réelle, Modulo Éditeur, Mont-Royal, Canada, 1993. Construction : les coupures de Dedekind Propriété P7 de complétude L’induction mathématique ou le raisonnement par récurrence Propriété archimédienne et partie entière d’un réel Densité des rationnels et des irrationnels dans R La valeur absolue La représentation décimale des nombres réels 5 6 [3] E. G. H. Landau, Foundations of Analysis, Chelsea Publishing Company, New York, 1951. [4] W. Rudin, Principes d’analyse mathématique, Édiscience, Paris 1995. [5] Notes sur Cantor, http : //fr .wikipedia.org/wiki/GeorgC antor , http : //en.wikipedia.org/wiki/GeorgC antor [6] Notes sur les cardinaux, http : //en.wikipedia.org/wiki/Cardinalnumber http : //fr .wikipedia.org/wiki/Nombrec ardinal C ARDINAL ET DÉNOMBRABILITÉ Definitions et exemples R n’est pas dénombrable Georg Cantor Cardinalité du continu c et cardinaux transfinis ℵ0 , ℵ1 , ℵ2 , ℵ3 , · · · , hypothèse du continu, et axiome du choix [7] Notes sur Richard Dedekind, http : //fr .wikipedia.org/wiki/Richard_Dedekind [8] Notes sur Blaise Pascal, http : //fr .wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal R ÉFÉRENCES M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 93 / 94 M. Delfour (Université de Montréal) Chapitre 1. Des entiers naturels aux réels 7 janvier 2012 94 / 94