Macroéconomie On passe depuis 2008, de Smith à Keynes (et Minsky)… Minsky a traité du jeu des crises financière, de leur impacte et de leurs mécanismes. Il y a trois catégories d’emprunteurs : ceux qui investissent et qui remboursent à partir des recettes, des spéculateurs (obtention d’actifs par emprunts et revente plus cher) et les emprunteurs de type « Ponzi », qui proposent des placements et qui rémunèrent les placements par les nouveaux placements comme Bernard Madoff et avant, Charles Ponzi. Dès 1998 est intervenu le « moment Minsky » qui a été proposé pour résoudre la crise financière Russe de 1998 (la poussée à la hausse fait place à la poussée à la baisse quand les emprunteurs sont emmenés à revendre les actifs et précipitent la baisse et le retournement conjoncturel). Du point de vue macroéconomique, Keynes est plus important et aujourd’hui, le monde s’est réveillé keynésien. Les financiers ne sont pas des gens sérieux… (Minsky) parce qu’ils ont tendance à présenter comme certains des évènements incertains sous prétexte qu’ils ont des chiffres. Donc leur opinion est instable et peut passer d’un optimiste infondé à un pessimisme tout aussi infondé et qui devient de plus en plus réaliste à cause des réactions provoquées par ce nouveau pessimisme certain. Les investissements sont financés par des moyens financiers, ce qui déséquilibre périodiquement l’ensemble de l’économie. En effet, le mécanisme économique est très différent au niveau macroéconomique et au niveau individuel. Au niveau individuel, le fait de réduire les dépenses est rationnel et permet de faire face à des difficultés mais un tel comportement d’une nation toute entière a pour résultat de créer une insuffisance de la demande globale, et que les revenus distribués ne sont pas totalement convertis en demande ce qui provoque une dépression économique. Cette opposition n’est pas toujours sensible car lorsque l’investissement est important, l’épargne individuelle va permettre de compenser cet investissement, mais cet investissement va provoquer une fuite dans le circuit économique et c’est face à cette fuite qu’on voit fleurir les plans d’investissement public. Mais tous les pays n’ont pas les moyens de financer de tels plans Si on se replace dans la période des années 30, cette période fait suite à une exubérance irrationnelle des années 20, avec des emprunts massifs, l’escroquerie de Charles Ponzi, et pour faire face à cette situation dégradée, il y avait deux écoles antagonistes : l’école autrichienne (laisser faire et laisser disparaître) et 1 l’idée socialiste consistant à nationaliser les moyens de production et à supprimer les mécanismes du marché considérés comme défaillants. Keynes, selon Martin Wolf, aurait eu un comportement britannique en retenant que l’intervention publique est maintenant nécessaire et qu’elle peut passer par la nationalisation des entreprise et par la substitution de l’investissement publique à l’investissement privé, mais que cette démarche a un but de sauvegarde des mécanismes du marché qui, aux yeux de Keynes est un instrument de coordination économique, l’Etat étant incapable de réaliser cette coordination. Ce n’est pas parce que le marché assure cette coordination qu’elle ne va pas précipiter l’économie dans une crise et c’est pourquoi l’autorité publique doit rester en surveillance de l’économie pour corriger les déséquilibres pour éviter les situations de liquidations générales qui risquent de détruire la vie économique et qui aux yeux de Keynes ont une incapacité de concevoir ce qu’est la macroéconomie. Cette vision purement nationale n’est pas satisfaisante parce que la vie économique se déroule dans un cadre mondial et il y a des déséquilibres qui s’installent dans les relations entre les différents pays (excédents d’épargne dans les pays asiatiques qui doivent être compensés par des excès de dépenses comme en France et en Amérique) et il y a une tentative de régulation internationale (bretton woods, 1944) qui a abouti à la création du FMI. Il y a un modèle macroéconomique relativement simple, reposant sur les fonctions de consommation et d’investissement et ces modèles donnent lieu à des développements analytiques mais il y a aussi la vision générale de l’économie qui considère que l’économie de marché présente des éléments d’instabilité qui dégénèrent nécessairement en crises plus ou moins durables et seules des politiques de contrôle, de compensation, de réactions (budgétaires ou monétaires) sont capable de maintenir cette économie de marché sur une ligne de croissance relativement régulière. C’est cette deuxième vision qui a été brutalement rejetée à partir de 1989 lorsque la chute du mur de Berlin a semblé prouver la supériorité du modèle occidental d’économie de marché et cela s’est manifesté par la création d’instituts Adam Smith dans tous les pays d’Europe de l’Est et on ne compte pas tous les livres écrit à ce sujet. Les années 70 déjà, avec les chocs pétroliers, avaient porté atteinte au modèle keynésien adopté par l’occident au lendemain de la seconde guerre mondiale. L’accroissement keynésiens et la politique budgétaire ne pouvaient plus résoudre les problèmes d’inflation et de chômage. On a alors eu une dérégulation progressive du secteur financier malgré les crises successives, à la fin des années 80, 90, 2000, et montraient la propension inquiétante des institutions financière à 2 créer des placements risqués (Amérique latine, Russie, Asie). Cependant, vu que les placements risqués étaient extérieurs, les principales banques d’affaire de Wall Street ont obtenu des divers gouvernements, la suppression progressive des règles financières qui leur permit de créer de nouveaux instruments qui entrainèrent la crise de 2008. Ceci confirme l’instabilité financière de Minsky et qui apparaît comme la principale justification de l’instabilité de marché, tel que l’a souligné Keynes. Ces recherches de Minsky l’ont amené contre la tendance à la dérégulation, soulignant qu’expérimentalement, ce genre de dérégulation ne pouvait aboutir qu’à des crises. Titre I Le modèle keynésien : les grandes fonctions macroéconomiques Il y a un certain nombre de variables facilement identifiables : la demande globale, adressée à des agents intérieurs sous forme de demande de biens de consommation, de biens d’investissement, mais on peut déjà séparer cette demande globale en deux : o Demande par les agents privés o Demande par les agents publics : biens consommables et biens d’investissement, mais on ne découvre pas de fonction de demande de l’Etat parce que c’est aléatoire (disponibilité des ressources, volonté d’agir), mais on dégage une fonction de demande des consommateurs individuels (dans leur ensemble) et une fonction d’investissement. Donc les décisions sont reliées d’une manière stable à d’autres variables qui prennent alors le caractère de cause de ces demandes et investissements. On peut alors créer des modèles. Le modèle de la théorie générale consiste à associer la fonction de consommation et la fonction d’investissement, cette association débouchant sur un équilibre qui apparaît alors comme le principal déterminant de la formation du produit national. Les demandes adressées aux producteurs étrangers (importations) qui n’ont pas d’effet sur le produit national dudit pays. Les demandes adressées par des investisseurs étrangers aux producteurs nationaux (exportations). Il est particulièrement difficile d’imaginer une fonction d’exportation puisque c’est la détermination des demandeurs étrangers. 3 Seule la fonction de consommation et la fonction d’investissement présentent une formalisation possible (en macroéconomie), ce qui pose un problème à un pays ouvert sur l’extérieur comme la France parce que les échanges extérieurs représentent 20% du produit national. Chapitre I - La demande de biens de consommation Section 1 - La fonction de consommation de la théorie générale Keynes est amené à proposer une fonction adaptée à la macroéconomie qui est la fonction de Cournot (fondateur de l’analyse algébrique en économie). Au niveau microéconomique chez Cournot, le déterminant essentiel est le prix, mais il y a d’autres dimensions comme la répartition des revenus, les goûts des consommateurs… Il y a simplement une liaison continue entre les différents niveaux de prix et la demande de ce bien. L’idée de Keynes est identique : trouver une liaison et a comme variable le montant du revenu national. La structure de la fonction est répartie différemment, mais cette évolution structurelle peut être laissée en arrière-plan et on gardera le revenu national et le niveau de revenu des ménages. Keynes fait quelques propositions : La consommation tente à croître au fur et à mesure que le revenu augmente mais l’accroissement de la consommation reste toujours inférieur à l’accroissement du revenu. L’accroissement de l’épargne reste plus marqué que l’accroissement de la consommation au fur et à mesure que la consommation augmente. Il y a des effets du court terme : la tendance des consommateurs à ne pas accroître leur consommation autant que le revenu est une habitude de consommation prise à un moment donné et qui ne va pas être modifié alors que le revenu luimême peut-être modifié de manière importante. S’il y a une brutale augmentation des revenu, le consommateur n’augmentera que faiblement leur consommation, mais au bout d’un certain temps, la consommation deviendra plus forte parce qu’ils se seront habitués à un revenu plus élevé. S’ils se sont habitués à un fort revenu, les consommateurs peuvent temporairement consommer plus que leur revenu parce que leur revenu est passé au dessous de leur habitude. Il y a donc des réserves financières. Ces réflexes de court terme ont un rôle stabilisant parce que si les consommateurs maintiennent à court terme leurs habitudes de consommation, ils vont maintenir la demande globale et leur revenu va se redresser. Cela a un aspect ré4 gulateur pour le revenu national qui peut faire face à des déséquilibres purement temporaires. Keynes est donc opposé à des mesures trop brutales comme les purges autrichiennes qui vont à l’encontre des mécanismes régulateurs. Il y a donc une liaison, mais il y a quand même d’autres éléments qui peuvent modifier à court terme les éléments stabilisateurs. C’est le jeu de la valeur des actifs détenus par les ménages consommateurs. La valeur de ces actifs dépend de l’évolution des marchés. Si les agents consommateurs voient leurs actifs se dévaloriser brutalement, ils vont considérer que leur niveau de richesse est maintenant élevé et ils vont trouver inutile de continuer à accumuler des actifs grâce à leur épargne. Dans ce cas le taux d’épargne est réduit et la consommaFigure 2 tion est augmentée sans qu’il n’y ait de changement dans le niveau du revenu national. Si les ménages voient baisser de manière brutale la valeur de leurs actifs, ils vont avoir la réaction inverse et vont avoir tendance à réduire leur consommation pour essayer de reconstituer partiellement au moins la valeur de ces actifs grâce à leur épargne. Cette baisse d’actifs diminue la propension à emprunter et diminue aussi l’investissement des ménages. Dans un premier temps, on a considéré Figure 1 que la hausse de l’immobilier favorisait la consommation puis la baisse de l’immobilier, a diminué la consommation. C’est l’effet richesse. La consommation doit pouvoir être supérieure au revenu (Figure 1). 𝑑𝑐 1. 0 < 𝑑𝑌 < 1 2. 𝑌1 < 𝑌2 , 3. 𝑑𝐶 𝑑𝑌 < 𝐶1 𝑌1 > 𝐶2 𝑌2 𝐷 𝑌 5 4. 𝑆𝑖 𝑌2 ≤ 𝑌1 , 𝐶2 𝑌2 >1 La propension marginale à consommer doit diminuer lorsque le revenu augmente durablement (Figure 3). On a devant de tels résultats essayé de trouver la bonne fonction de consommation. On a trouvé une stabilité de la propension à consommer et la fonction la plus simple représente le mieux la réalité. Figure 3 On a donc des fonctions de consommation à court terme qui semblent montrer une résistance quant à l’adaptation de la consommation au revenu et l’introduction de termes constants semble raisonnable, mais à long terme, il y a une relative constance de la propension à consommer qui semble se dégager, même si la propension peut changer (Figure 4). La formule la plus simple est donc la meilleure. Figure 4 Les consommateurs sont les mêmes à long et à court terme, et il semble qu’il y ait des comportements différents à court et à long terme et il fallait donc trouver des formules qui représentent le court et le long terme simultanément sur la base de comportements uniques des agents économiques. Il est cependant évident que si on se place sur le plan du comportement des agents, on se rappellera que le revenu est son évolution n’est qu’un des éléments déterminants de leur comportement et que les fonctions ne parviennent pas à rendre compte de tous les comportements des consommateurs. Section 2 - La théorie du revenu le plus élevé antérieur Les consommateurs se sont adaptés à un certain niveau de revenu et ils résistent à une modification de consommation lorsque le revenu devient différent de celui auquel ils étaient habitués (vrai à la baisse). Pour ce qui est du court terme, pour le schéma de Modigliani, nous avons : 𝑌 𝐶 = 𝑌 [𝑎1 + 𝑎2 ( )] 𝑌𝑚 𝑌𝑚 : 𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑙𝑒 𝑝𝑙𝑢𝑠 é𝑙𝑒𝑣é 𝑎𝑛𝑡é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟 𝑌: 𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑎𝑐𝑡𝑢𝑒𝑙 { 𝑎1 > 0 −1 < 𝑎2 < 0 6 𝐶 𝑌 = 𝑎1 + 𝑎2 ( ) 𝑌 𝑌𝑚 𝑑𝐶 𝑌 = 𝑎1 + 2𝑎2 ( ) 𝑑𝑌 𝑌𝑚 Pour le long terme, on a : 𝑌 = 𝑌𝑚 + 𝑔𝑌𝑚 = 𝑌𝑚 (1 + 𝑔) 𝑌 = 1+𝑔 𝑌𝑚 On peut réinsérer cette fonction dans celle du court terme, même si cette fonction a un intérêt limitée. 𝐶 = 𝑎1 + 𝑎2 (1 + 𝑔) 𝑌 Section 3 - La fonction de consommation basée sur le revenu permanent Milton Friedmann en 1957 dans l’hypothèse du revenu permanent. Il y avait les recherches menées sur les comportements de consommations dans les professions non salariées caractérisées par des fluctuations très importantes des recettes sur la base d’une période annuelle. On y trouvait une relative stabilité de la consommation face à un revenu qui aurait fluctué d’une manière tout à fait sensible. Cela signifie que dans ces professions, on avait pris l’habitude de raisonner sur un revenu moyen (par expérience) et que ce n’était donc pas le revenu de chaque période intra-annuelle qui intervenait mais une référence à ce revenu moyen. Il y a aussi un taux d’épargne nettement plus élevé que pour les activités salariées. L’élément le plus déterminent est la possibilité de transformer des données périodiques en données statistiques actuelles (Koyck). On suppose une série de consommateurs qui sont titulaire chaque semaine d’un revenu de 100$ perçu à des jours différents de la semaine (1/7 le lundi, 1/7 le mardi,…). Si on fait une enquête de consommation n’importe quel jour de la semaine, 1/7 des consommateurs en utilisent 1/7 des 100$ et épargnent le reste tandis que les autres consomment 1/7 de 100$ sans épargner (désépargne). On ne peut pas considérer que les consommateurs utilisent pour décider de leur consommation, le montant de leur revenu effectif parce que ce revenu s’inscrit dans une période plus vaste et ce qui va servir de référence au consommateur est le revenu permanent (revenu qu’ils estiment pouvoir disposer de manière stable en se fondant sur une expérience ou sur une perspective à venir) ; il y a donc une base psychologique en plus de la base réelle. Le revenu permanent est donc psychologiquement perçu par les consommateurs. 7 De ce point de départ découlent : Il y a une consommation réellement voulue par les consommateurs qui est déterminé par ce revenu permanent à travers une propension relativement stable. 𝐶𝑝 = 𝑘𝑌𝑝 𝑌 = 𝑌𝑝 + 𝑌𝑡𝑟 Friedmann parle du revenu transitoire pour la variable d’ajustement entre le revenu permanent et le revenu réel. De même, on a : 𝐶 = 𝐶𝑦 + 𝐶𝑡𝑟 La consommation transitoire est un accident dans la vie du consommateur (effet de prévision avant une hausse, aubaine, accident de la vie…). La consommation transitoire peut être positive ou négative. 𝑊𝑒 = 𝑟𝑖𝑐ℎ𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑛𝑜𝑛 ℎ𝑢𝑚𝑎𝑖𝑛𝑒 𝑟𝑖𝑐ℎ𝑒𝑠𝑠𝑒 ℎ𝑢𝑚𝑎𝑖𝑛𝑒 La richesse non humaine est le capital financier ou non d’un agent. La richesse humaine est la valeur capitalisée des aptitudes au travail. Quand 𝑊𝑒 est élevé, on a à faire à un travailleur indépendant et 𝑘 sera faible. Sur un plan strictement analytique, le revenu permanent devrait être un revenu anticipé par les agents consommateurs à partir de l’ensemble des revenus futurs qu’ils supposent devoir percevoir, ce qui fait qu’en cas de modification de changement de perspective, le revenu permanent va varier, d’une manière rapide si les perspectives changent. 𝑌𝑝 = 𝑟𝑉 𝑟 = 𝐼𝑛𝑡é𝑟ê𝑡𝑠 𝑅1 𝑅𝑛 { 𝑉= + ⋯+ +⋯ (1 + 𝑟)𝑛 1+𝑟 Le revenu permanent serait quelque chose qui se déduit des revenus que les ménages considèrent comme devant être perçu dans l’avenir et une révision sur le niveau des revenus futurs va immédiatement entraîner une révision du revenu permanent. Donc le revenu permanent, à première vue, est très rapidement variable. Voyons maintenant l’application pratique qui consiste à se référer aux revenus antérieurement perçus qui sont bien connus en considérant qu’ils déterminent d’une manière directe l’appréciation par les consommateurs de leur revenu permanent donc on passe à une vision rétrospective avec une grande importance 8 puisque le revenu permanent sont maintenant stables et le revenu permanent ne peut donc être modifié à la marge par un changement de revenu actuel. Il semble dès lors impossible de changer le raisonnement économique des consommateurs et il faut des politiques économiques de très longue durée pour changer les opinions des agents. Pour 0 < 𝑙 < 1, on a : 𝑌𝑝𝑡 = (1 − 𝑙)(𝑌𝑡 + 𝑙𝑌𝑡−1 + 𝑙 2 𝑌𝑡−2 + ⋯ + 𝑙 𝑛 𝑌𝑡−𝑛 + ⋯ ) 𝐶𝑡 = 𝑘𝑌𝑝𝑡 = 𝑘(1 − 𝑙)(𝑌𝑡 + 𝑙𝑌𝑡−1 + 𝑙 2 𝑌𝑡−2 + ⋯ + 𝑙 𝑛 𝑌𝑡−𝑛 + ⋯ ) 𝐶𝑡−1 = 𝑘(1 − 𝑙)(𝑌𝑡−1 + 𝑙1 𝑌𝑡−2 + ⋯ + 𝑙 𝑛−1 𝑌𝑡−𝑛 + ⋯ ) 𝐶𝑡 − 𝑙𝐶𝑡−1 = 𝑘(1 − 𝑙)𝑌𝑡 𝐶𝑡 = 𝑘(1 − 𝑙)𝑌𝑡 + 𝑙𝐶𝑡−1 La théorie du revenu permanent, introduit d’une manière statistiquement plus souple introduit l’effet de cliquet ou effet de lissage, c'est-à-dire que les agents économiques sont sensés évaluer leur consommation comme une moyenne tendancielle des consommations passées et ainsi les accidents des revenus effectifs peuvent être lissés et ne pas être pris en compte par les consommateurs. C’est une idée implicite chez Keynes alors que la formule de Friedmann propose une application statistique directe de ses effets. Sur un plan plus analytique, il s’agit de montrer que l’approche par rapport à un revenu permanent sur le long ou le court terme, le revenu permanent a une forte instabilité dans la consommation à court terme, tout à fait compatible avec la stabilité à long terme de cette même propension. 𝐶𝑝 = 𝑘𝑌𝑝 = 𝑘(𝑌 − 𝑌𝑡𝑟 ) = 𝑘(𝑌 − 𝑌𝑡𝑟 ) + 𝐶𝑟 𝐶 𝑌𝑡𝑟 𝐶𝑟 = 𝑘 −𝑘( )+ 𝑌 𝑌 𝑌 On a donc une instabilité de la propension apparente à consommer sans qu’il y ait d’instabilité dans la propension fondamentale à consommer. Dans le long terme, on a : 𝑌𝑡𝑟 = 𝐶𝑡𝑟 = 0 𝐶 = 𝑘𝑌 𝐶 =𝑘 𝑌 𝑑𝐶 =𝑘 𝑑𝑌 9 L’approche par le revenu permanent répond de manière satisfaisante à la question posée après la théorie générale : pourquoi y a-t-il divergence entre le comportement à court terme et les comportements à long terme avec une fluctuation à court terme de la propension à consommer avec une stabilité dans le long terme ? Normalement la totalité du revenu transitoire est épargnée. Reste cependant une question à savoir l’indépendance entre le revenu transitoire et la consommation en générale. Utilisons des occasions particulières pour vérifier ceci… Imaginons un revenu non renouvelé : allocation vétérans américains en 1950. Sur une base annuelle, les consommateurs avaient utilisé 30 à 40% du revenu transitoire en consommation (en biens durables). Pour les indemnités versées par la RFA à des israéliens, seulement 20% ont étés utilisés. Donc cette étude de Friedmann, est contestée parce qu’on a l’impression que le revenu transitoire est affectée à la consommation pour une part entre 20 et 30% ; mais l’essentiel est bien épargné par les agents économiques ou affecté à l’achat de biens durables (partiellement). Toute fonction de consommation économétrique inclue une composante permanente et les statisticiens soulignent que cette composante permanente permet d’ajouter un effet de lissage par rapport au revenu actuel. Sur un plan analytique, la théorie du revenu permanent présente une ambigüité fondamentale car elle peut être interprétée comme une vision de l’avenir des agents consommateurs et cette vision peut être à tout moment révisée. Cependant les consommateurs sont assez rigides et ils se persuadent que leur expérience passée va se reproduire, et à court terme, leur comportement ne peut pas changer et il leur faut une longue expérience pour que le comportement se modifie. Friedmann a adhéré à cette seconde interprétation. Section 4 - La fonction de consommation sur le cycle de vie Cette hypothèse fut introduite par Ando et Modigliani en 1963 pour expliquer les modifications apparentes de consommation entre les Etats-Unis et l’Italie. Pour des comportements identiques, on a des structures démographiques différentes ce qui entraîne des moyennes de taux d’épargne élevés en Italie et faible aux USA. Le principe est simple : il y a en Italie un fort pourcentage de la population qui se situe dans une période démographique appelée âge moyen (adultes en activité, période 2 et 3, Figure 5) tandis qu’aux USA, ces adultes en activité représente un plus faible pourcentage de la population et il y a donc un fort pourcentage de personnes jeunes qui n’ont pas ou peu d’activité et de personnes âgées qui ont ces10 sé toute activité (Période 1 et 4, Figure 5). Cette différence permettrait d’expliquer la différence de taux d’épargne tout en admettant que le taux d’épargne et de consommation est identique pour les personnes de même âge en Italie et aux USA. Pour simplifier le problème, ils font l’hypothèse que tout agent consommateur recherche un niveau de consommation aussi régulier que possible tout au long de son existence et ceci est fondé sur un principe élémentaire de maximisation (utilité marginale décroissante). Selon ce principe, un supplément de consommation par rapport à la moyenne apporte une satisfaction de plus en plus réduite alors qu’un déficit de consommation est ressenti comme un manque important. Donc l’idéal pour avoir un maximum de satisfaction sur la base du revenu total perçu Figure 5 au cours de son existence c’est de maintenir autant que possible une consomma𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡é 𝑑𝑢 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 tion moyenne (𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙’𝑒𝑥𝑖𝑠𝑡𝑒𝑛𝑐𝑒). Un tel comportement de maximisation se heurte à l’irrégularité dans la perception du revenu. Cette irrégularité peut être tout à fait variable suivant les personnes. Dans les professions indépendantes où les revenus sont très fluctuants sur une base annuelle, ces agents maintiennent cependant une consommation régulière ce qui l’amène à introduire l’hypothèse du revenu permanent qui est étendu à l’ensemble de l’existence et devient le revenu moyen que les consommateurs estiment vraisemblable de recevoir sur cette existence. Si on veut transférer ce modèle, au niveau d’un consommateur individuel : ce consommateur est censé connaître le revenu de la période envisagée et aussi avoir une hypothèse forte sur ses revenus à venir et les auteurs estiment que cette hypothèse porte sur les revenus d’activité. Comme une partie des revenus doit venir de la propriété, le consommateur doit pouvoir estimer ses richesses à un moment donné (sur une base nominale). ′ 𝐶𝑡 = 𝑎1𝑡 ∙ 𝑦⏟𝑡 𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑃𝑒𝑟ç𝑢 ′ + 𝑎2𝑡 ∙ 𝑣⏟𝑡 𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢𝑠 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑠 𝑎𝑐𝑡𝑢𝑎𝑙𝑖𝑠é𝑠 ′ + 𝑎3𝑡 ∙ 𝑤 𝑒𝑡 ⏟ 𝑅𝑖𝑐ℎ𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 𝑎 est indexé et tient compte de l’âge, de l’espérance de vie et de la courbe de son revenu au cours de son existence. Cette forme individuelle a un intérêt limité et on va retrouver la formule agrégée (pour l’ensemble de la population). 11 ′ ′ 𝐶𝑡 = 𝑎1𝑡 𝑌 ⏟𝑡 + 𝑎2𝑡 𝑃𝑒𝑟ç𝑢 𝑉 ⏟𝑡 ′ + 𝑎3𝑡 𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢𝑠 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑠 𝑎𝑐𝑡𝑢𝑎𝑙𝑖𝑠é𝑠 𝑊 𝑒𝑡 ⏟ 𝑅𝑖𝑐ℎ𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 Ici, les coefficients sont déterminés par les âges à l’intérieur de la population, en fonction de l’espérance de vie de la population et suivant la répartition des revenus par âges à l’intérieur de la population. 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛 à 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑟 = 𝑊𝑒 𝐶𝑡 𝑉𝑡 = 𝑎1𝑡 + 𝑎2𝑡 + 𝑎3𝑡 𝑡 𝑌𝑡 𝑌𝑡 𝑌𝑡 L’effet le plus décisif va apparaître au niveau de 𝑊𝑒𝑡 𝑌𝑡 . Keynes raisonnait sur une variation autonome de la richesse par rapport au revenu, mais là on explicite la richesse et ici on suppose une augmentation importante du revenu ce qui vient réduire le rapport 𝑊𝑒𝑡 𝑌𝑡 , ce qui vient réduire la propension à consommer. Les agents consommateur considère que leur niveau de richesse n’est plus suffisant par rapport à leur revenu et vont décider de relever ce niveau de richesse en consacrant une part importante de niveau de revenu à l’épargne et donc à l’accumulation d’actifs. L’effet inverse jouerait en cas de baisse du revenu nominal. L’effet richesse a été largement vu avec la hausse du prix de l’immobilier et des actions qui augmentait la hausse nominale ce qui a fait une augmentation régulière de la consommation sur cette période. Inversement, la baisse de ces actifs est un élément d’explication du ralentissement de la consommation. Donc cette effet richesse peut jouer lorsqu’il y a une forte variation de la richesse en plus ou en moins et/ou une forte variation du revenu en plus ou en moins. Le plus important est l’explicitation de la fonction de richesse qui n’avait pas été expliqué auparavant. La propension à consommer présente à court terme une assez forte instabilité, liée essentiellement au rapport 𝑊𝑒𝑡 𝑌𝑡 . A long termes en revanche, ce rapport tente à se stabiliser car on considère qu’en moyenne, les consommateurs parviennent à ajuster ce rapport à ce qu’il souhaite et il y a alors une constance de principe de la propension moyenne à consommer. Ainsi, cette hypothèse permet de rendre compte de la dualité de comportement de la propension à consommer qui, à court termes fluctue de manière importante et qui en revanche, montre une assez grande stabilité à long termes. Depuis les années 70, on cherche à explicité cette fonction de consommation en fonction de différentes variables. Mais jusqu’à présent, aucune n’a su expliciter la totalité de la consommation. Depuis 1993, l’INSEE ne donne plus la fonction utilisée, mais donne simplement la part de chaque facteur dans le comportement général. 12 Section 5 - L’autonomie de comportement des consommateurs et le jeu des anticipations Quand on compare les prévisions faites en période troublée et les réalisations, on constate un décalage considérable. Le taux d’épargne est très important : s’il s’élève, alors même que le revenu continue à progresser, la consommation n’augmente pas et diminue même. Les prévisions sur la variation de la consommation sont en général mauvaises et ceci reflète le caractère autonome de la décision des consommateurs en ce qui concerne les marges de cette consommation, c'est-à-dire la possibilité de l’augmenter qui peut être réalisé selon la volonté de ces consommateurs. Et ceci donne l’impression que les fonctions de consommation traditionnelle ne parviennent plus à tenir compte de l’évolution économique. Il faut cependant constater qu’on est dans un domaine tout à fait particulier. Les fonctions de consommation de la Théorie générale où des auteurs ont essayé de les compléter, sont des fonctions de niveau et non des fonctions visant à expliquer des variations. On considère que la quasi-totalité de la consommation est expliquée par le revenu. Il en est de même pour l’épargne. Cependant, les pourcentages épargnés et consommés vont varier des quelques pourcents dans l’année sous l’effet des anticipations des consommateurs. Or 1% de changement est énorme en terme variation alors que c’est négligeable en termes de niveau. Ce qui intéresse les spécialistes de la conjoncture sont ces quelques pourcents de variation et c’est pour cela qu’on aimerait trouver une fonction stable expliquant ces changements et avant tout en rendant compte des changements passés. C’est ce qui est proposé trois fois par an en France par l’INSEE dans ses notes de conjonctures (disponible sur Internet) en mars, juin et décembre. Cette fois-ci (12-2008), on explique le taux d’épargne par le pouvoir d’achat, le taux d’inflation, les taux d’intérêt, le taux de chômage et la température. Si le pouvoir d’achat augmente rapidement, il va y avoir un effet de cliquet qui va jouer sur la consommation : pas d’adaptation de la consommation et augmentation du taux d’épargne. Si le revenu ralenti ou s’arrête, le taux d’épargne devrait baisser. C’est ce qui aurait dû se passer en 2008, mais, le taux d’épargne a, au contraire, fortement augmenté. Le taux d’inflation est censé jouer positivement sur le taux d’épargne par le jeu des encaisses réelles. Si les prix augmentent fortement, tout en restant dans une zone à un chiffre, les avoirs en monnaie se déprécient et les agents considère que le niveau de richesse a trop diminué et vont donc relever leur taux d’épargne pour ré-augmenter leurs encaisses nominales et donc leurs encaisses réelles. 13 Le taux d’intérêt réel, s’il s’élève, il va inciter à acquérir des actifs. Le taux de chômage, qui, s’il augmente, crée une inquiétude chez les consommateurs et les amène à constituer une épargne de précaution. En 2008, un taux de chômage qui s’élève, un taux d’intérêt élevé, ont favorisé l’augmentation du taux d’épargne, largement plus que le ralentissement provoqué par la perte du pouvoir d’achat. La température (anormale), entrave les achats saisonniers. On parle d’effet de consommation transitoire négative qui aboutit à la constitution d’une épargne. 12-08 06-08 03-08 12-07 PA X X X X Infl. X Taux 𝒊 X X X Chôm. X X X T° X +2% 12-06 12-05 X X X X X X -0,1% +0,6% X Richesse ∆ Px 03-07 X X X -0,1% Confiance X Résiduel +0,3% Dès que la période est un peu troublée, les prévisions deviennent tout à fait incertaines voire incohérente. Le rôle des conjoncturistes est plutôt, dans ce cas, de suivre l’évolution, plutôt que de la prévoir. Il est alors bon de prolonger les évolutions constatées. La consommation est expliquée en quasi-totalité par le niveau du revenu. Pour cette adaptation à la marge du comportement des consommateurs, il est bon d’interroger par enquêtes les consommateurs sur leur vision du présent et de l’avenir. C’est le fameux indice de confiance des consommateurs. D’abord créé aux USA puis diffusé dans l’ensemble du monde occidental ; on le voit utilisé en France depuis une vingtaine d’année avec un taux négatif, soit plus de pessimistes que d’optimiste. On est aujourd’hui au minimum historique. 14 Ceci a pour but d’anticiper le comportement des consommateurs. Si l’indice se détériore, ils vont plutôt accroître l’épargne et baisser la consommation. Si l’indice était exacte, on aurait du arrêter de consommer en France. Il y a donc une instabilité entre le niveau de confiance et celui de la consommation. Il n’y a pas de lien identifiable entre le niveau de confiance et celui de la consommation parce qu’apparemment, ce type d’enquête ne permet d’établir un déterminent causale véritable, et il faut donc associer à l’indice de confiance, d’autres indicateurs pour prévoir l’évolution de la consommation. Si le taux de chômage augmente et que les ménages sont pessimistes, cela provoquera une forte remontée de l’épargne, mais si le taux de chômage ne bouge pas mais que la confiance diminue, il est probable que le taux d’épargne ne variera pas. Il y a donc une grande instabilité en ce qui concerne les fonctions de variation, d’où l’idée d’admettre que les agents consommateurs ont un véritable comportement global qui prend en compte l’ensemble des variables en fonction des informations à leur disposition et cherchent à se placer dans un type de comportement optimal, qui, du fait de sa globalité, ne permet pas d’établir un coefficient fixe entre chacune des variables et la variation de consommation constatée. Des tentatives de création de fonctions économétriques obligent à se pencher sur ce genre de modèles. Chapitre II - Les fonctions d’investissement Il y a une liaison extrêmement solide entre les fonctions de consommation et le revenu. Pour ce qui est de l’investissement, les fonctions sont nettement différentes (pour les entreprises et les ménages). On constate des changements brutaux pour l’investissement alors que la consommation varie à la marge. L’investissement varie d’environ 50% quand on n’a qu’une variation de quelques pourcents pour la consommation. Keynes a donc fait de la fonction d’investissement, dans sa Théorie Générale, la fonction principale. Alors que la consommation est principale dans le produit national, alors que l’investissement est relativement autonome. L’investissement détermine le produit national mais il n’est pas déterminé par lui. Cette vision est contestée. C’est ce que la pensée classique ou néo-classique a mis en relief : la croissance du produit national génère une croissance de l’épargne qui est intégralement investi qui permet le développement de l’offre de certains produits, et en ce sens, le produit national détermine l’épargne et donc l’investissement. Mais l’analyse des crises montre que cette évolution régulière en période normale est totalement bouleversée en période de crise et qu’alors que la consommation se maintient à peu près, l’investissement baisse brutalement lorsque 15 les perspectives économiques se détériorent. C’est en se fondant sur ces réalités stratégiques que Keynes se propose de faire de l’investissement la fonction autonome type de l’économie à l’égard du produit national. Mais ces brusques modification du montant de l’investissement montre qu’il est déterminé par d’autres variables et, dans la mesure où on a l’impression que l’investissement peut être rattaché à des variables bien déterminées, il y a une ou des fonctions d’investissement, mais sans relation causale entre le produit national et la fonction d’investissement. Pour cela, Keynes reprendra la pensée mercantiliste qui met l’accent sur le lien entre les taux d’intérêt et le niveau de l’activité économique (inversement proportionnel) qui serait à l’origine de la croissance économique en général et plus particulièrement de l’investissement. Cette école de pensée demande à l’autorité publique de décréter les taux d’intérêt pour les faire baisser afin d’accroître le produit national. Keynes souligne que les taux d’intérêt sont essentiels pour le montant de l’investissement, mais on pourrait comprendre que si les taux d’intérêt sont au même niveau, l’investissement doit rester au même niveau, mais on sait qu’en période de crises, pour un niveau donné de taux d’intérêt, il y a chute de l’investissement. Il y a confrontation entre perspectives de rendement et niveau de taux d’intérêt. En situation de crises, les perspectives de rendement chutent de manière radicale, donc le maintient de l’investissement exige une baisse très forte des taux d’intérêt qui permette de rééquilibrer rendement et taux d’intérêt de façon à maintenir le taux d’investissement. Lors des chutes d’investissement, il faut substituer l’investissement privé par de l’investissement publique. Ceci n’a pas convaincu la totalité des économistes qui voulaient comprendre le mécanisme. Une autre approche consiste à expliqué l’investissement par une liaison de l’investissement avec le produit national, mais, comme il faut rendre compte de l’investissement par rapport au produit national, on a mis l’accent sur les variations du produit national par rapport à la décision d’investir. En effet des variations relativement peut perceptible au niveau global sera bien plus visible au niveau de l’investissement. Cependant, il y a évidemment une question : certains ont estimé qu’il y avait une contradiction puisque l’investissement a pour but de répondre aux consommateurs, il semble illogique de considérer que plus l’épargne, qui est une nonconsommation, se développe, plus l’investissement doit se développer. En fait l’épargne donne lieu à une sorte de dépense qu’est l’investissement. Mais certains pensent que des dépenses privées ou publique avait toujours entraîné de forts in16 vestissement alors qu’une contraction des dépenses privées et publique entraînait une réticence des investisseurs donc de l’investissement. L’existence de ce courant de pensée pose la question : pourquoi Keynes a refusé de se poser une telle question qui semblait aller dans le sens du rôle dynamique de la dépense globale. Ce sont pour des motifs stratégiques que Keynes a refusé de tenir compte de cette liaison entre dépense globale et investissement : mettre en relief l’extrême volatilité de l’investissement et son rôle dans les cycles et le rôle de la politique économique pour combattre les fluctuations cycliques. La fonction qui lie l’investissement au taux d’intérêt est toujours modifiée par les modifications des rentabilités prévues des investissements. Section 1 - L’approche par la rentabilité L’investisseur compare les revenus tirés de l’investissement et le coût de l’investissement : le prix d’achat du bien qui va être progressivement détérioré et ensuite le coût financier ou le coût d’opportunité. § 1 - Par l’actualisation des revenus futurs Il faut ramener les revenus futurs envisagés par une valeur actuelle qui pourra être comparée à la dépense qu’il y aura à faire pour acquérir le bien d’investissement. 𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑑′ 𝑜𝑐𝑐𝑎𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑢 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑠′ 𝑖𝑙 𝑒𝑠𝑡 𝑣𝑒𝑛𝑑𝑢 𝑉= 𝑅1 𝑅𝑛 + ⋯+ + (1 + 𝑟)𝑛 1+𝑟 ⏞ 𝐿 (1 + 𝑟)𝑛 § 2 - Par la valeur marginale de l’investissement 𝑃𝑘 = 𝑌̅ = 𝑅1 𝑅𝑛 𝐿 + ⋯+ + 𝑛 (1 + 𝑥) (1 + 𝑥)𝑛 1+𝑥 Ici, au lieu de partir du taux d’intérêt, on part de la valeur estimée (𝑌̅) de rentabilité et on recherche le taux d’intérêt de l’investissement (𝑥). Keynes parle de rendement marginal en se situant au niveau macroéconomique et s’il y a un accroissement important de la décision d’investir, le rendement de l’investissement va diminuer, d’une part parce que l’offre du bien va être accrue1 (effet de court terme). Il y a aussi l’effet de long terme2. § 3 - La fonction macroéconomique fondée sur le principe de rentabilité 1 Perspective de revenus diminuent → prix des biens issus de l’investissement diminuent → demande accrue des biens d’investissement → augmentation du prix→ diminution du rendement. 2 Diminution de la capacité de l’offre → baisse des prix de l’offre des biens produits 17 Les investisseurs confrontent la rentabilité marginale au taux d’intérêt ce qui aboutit au fait que tous les investissements dont l’efficacité est supérieure ou égale au taux d’intérêt serait réalisé. Aujourd’hui, on prend une marge de façon à ce que le rendement soit le double… Pour Keynes, l’extrême variabilité de la rentabilité marginale pour un taux d’intérêt donné est remarquable (Figure 6). Il n’y a qu’une façon de remarquer cette variabilité, c’est l’observation. Il n’y a aucune loi mathématique qui permette de prévoir les comportements d’investissement ; cela va dépendre de l’optimisme ou du pessimisme de l’investisseur. Avec le même taux d’intérêt, il y aura un investissement massif ou un investissement très faible. Figure 6 Section 2 - Le l’accélération mécanisme d’investissement fondé sur Cette notion d’accélération a un sens fort1 et un sens faible2. Le sens fort est le résultat d’un effort d’explication des cycles économiques du XIXème siècle. On avait une relative stabilité internationale, mais l’économie capitaliste présentait une relative régularité (cyclique) avec une phase de croissance relativement rapide, une phase de crise puis de liquidation et la répétition de ce processus méritait un effort d’explication qui n’a réellement été présentée qu’au début du XXème siècle. Prenons un exemple : lorsque la demande de transports ferroviaires augmente, on utilise d’abord les locomotives disponibles puis on est obligé de commander de nouvelles locomotives et ce qui est paradoxale, c’est qu’une faible augmentation de demande augmente une forte augmentation d’investissement quand on a passé le seuil de pleine utilisation des investissements déjà existants. § 1 - L’accélérateur simple A un moment donné, dans l’économie, pour produire une unité de biens consommables, il faut une valeur multiple d’équipements disponibles et ce rapport est compris entre 3 et 5. Ce coefficient est appelé coefficient de capital et en situation normale, on a : Technique La décision d’investissement se fait sur la base de la demande de biens ou de services sans que les effets de l’accélération ne soient pris en comptes 1 2 18 𝐾𝑡 = 𝑔𝑌𝑡 𝐾𝑡−1 = 𝑔𝑌𝑡−1 𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1 = 𝑔(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) ⏟ 𝐼𝑡 𝐼𝑡 = 𝑔∆𝑌𝑡 𝑔 est ici le coefficient d’accélération. Mais les coefficients à court et à long terme ont tendance à être très différents ; Kuznets en 1934 l’avait déjà remarqué en 𝐾 ∆𝐾𝑡 𝑡 ∆𝑌𝑡 démontrant que 𝑌𝑡 > . Il y a plusieurs explications à cela : si l’investisseur constate une augmentation, il va utiliser les facteurs de production peu ou pas employés ; une fois au bout de ces capacités, il va commander de nouveaux biens d’investissements, souvent un peu tardivement. Les producteurs des biens d’investissement vont avoir besoin de temps pour les réaliser. Il va donc y avoir un décalage entre le moment où il aura besoin de l’équipement et le moment de l’achat effectif. On en arrive donc au résultat suivant : 𝐼𝑡 = 𝑔∆𝑌𝑡−1 Cette façon de faire n’est pas bonne sur un plan économétrique. Koyck systématise cette approche par le décalage en introduisant une pondération exponentielle décroissante des niveaux passés de volume national. § 2 - L’accélérateur flexible La distribution des décalages dans une analyse de l’investissement : 𝐾𝑡 = 𝑔(1 − 𝜆)[𝑌𝑡 + 𝜆𝑌𝑡−1 + 𝜆2 𝑌𝑡−2 + ⋯ + 𝜆𝑛 𝑌𝑡−𝑛 + ⋯ ] La transformation de Koyck donne : 𝐾𝑡−1 = 𝑔(1 − 𝜆)[𝑌𝑡−1 + 𝜆𝑌𝑡−2 + 𝜆2 𝑌𝑡−3 + ⋯ + 𝜆𝑛−1 𝑌𝑡−𝑛 + ⋯ ] La série infinie de niveau de produits nationaux antérieur est embarrassant pour le calcul économétrique et on va se forcer à réduire la place des données antérieure en les intégrant à travers une variable qui reflète leur influence. Ici, cette variable est le stock de capital de la période antérieure qui peut être considérée comme l’expression des ajustements successifs. 𝐾𝑡 − 𝜆 ∙ 𝐾𝑡 − 1 = 𝑔 ∙ (1 − 𝜆) ∙ 𝑌𝑡 Donc le stock de capital au temps t est : 𝐾𝑡 = 𝑔 ∙ (1 − 𝜆) ∙ 𝑌𝑡 + 𝜆𝐾𝑡−1 Et le stock de l’investissement au temps t est : 𝐼𝑡 = 𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1 = 𝑔 ∙ (1 − 𝜆) ∙ 𝑌𝑡 − (1 − 𝜆) ∙ 𝐾𝑡−1 19 Il faut tenir compte de l’Investissement de remplacement : c’est le jeu de l’amortissement. L’investissement brut d’une période est égal à l’investissement net ajouté à l’amortissement appelé 𝐷𝑡 . 𝐼𝑏𝑡 = 𝐼𝑡 + 𝐷𝑡 𝐼𝑏𝑡 = 𝑔 ∙ (1 − 𝜆) ∙ 𝑌𝑡 − (1 − 𝜆 − 𝛥)𝐾𝑡 − 1 Malgré la prise en compte de l’amortissement du capital, la conclusion semble du même ordre que précédemment, c'est-à-dire que le montant de l’investissement reste lié positivement au niveau du revenu et lié négativement au stock de capital déjà existant. Cependant, la prise en compte de cet élément antérieur abouti à modifier considérablement l’expression graphique de l’effet d’accélération qui perd sa brutalité avec un très fort niveau d’investissement lorsque la croissance du produit national est rapide et un effondrement de l’investissement lorsque le niveau du produit national se stabilise (Figure 7). Figure 7 L’intérêt de l’accélérateur flexible est que la réalité économique ne fait pas apparaître des mouvements aussi brutaux de l’investissement que ce que prévoit l’accélérateur simple et il est nécessaire d’utiliser une forme d’accélérateur flexible si on veut relier statistiquement l’évolution de l’investissement à l’évolution du Produit national. C’est la seconde famille, et il y a une première famille qui est celle de la détermination de l’investissement par la rentabilité : or il semble assez raisonnable de considérer que ces deux approches de la fonction d’investissement reflètent des éléments de réalité économique et que pour rendre compte du comportement Figure 8 effectif de l’investissement, il faudrait peutêtre tenir compte simultanément de ces deux aspect (Figure 8) : l’aspect rentabilité l’aspect d’accélération. 20 § 3 - L’association des effets de rentabilité et d’accélération dans le cadre des générations de capital. L’évolution de la capacité productive liée à la succession des générations d’investissement (au sens démographique) doit aussi être prise en compte en plus des deux aspects vus précédemment. On admettra en effet que les nouveaux biens d’équipement, grâce au progrès technique, se révèlent plus efficaces pour la production que les anciens, ce qui fait qu’à un moment donné, coexistent dans les équipements possibles (Figure 9) : des biens d’équipements très performants. des biens d’équipements moyens performants. des bien d’équipement insuffisamment performent1. Indépendamment du vieillissement technique des équipements, il y en a qui sont supprimé car leur coût d’utilisation est supérieur aux recettes qui en proviennent. Dans les équipements qui restent en fonctionnement : une partie est très performante et continuera en priorité à être utilisée. une autre partie est relativement peu performante, bien que les recettes soient supérieures aux coûts. Ces équipements vont être utilisés ou non, selon l’importance de la demande adressée aux producteurs. Si la demande est insuffisante, on va d’abord cesser d’utiliser les équipements les moins rentables. Ces équipements correspondent à la génération la plus ancienne des équipements non déclassés (que l’on utilise encore). ils ramènent le coût d’utilisation au coût du travail associé : Figure 9 Ces biens vont être déclassés car les résultats tirés de leur utilisation sont inférieurs au coût de leur mise en œuvre. 1 21 Lorsqu’il y a remplacement, la productivité augmente. Il y a des éléments de productivité à prendre en compte et des éléments de coûts ; en effet, une hausse des salaires peut amener les industriels investisseurs à demander plus d’équipements puisqu’ils sont contraints d’abandonner des équipements insuffisamment productifs, c'est-à-dire dont les revenus sont inférieurs aux coûts salariaux associés. Cette idée d’associer les 2 déterminants semble raisonnable, et on a l’impression que regrouper les motifs de rentabilité (les composantes de la rentabilité) et l’évolution de la demande adressée au producteur devrait permettre d’obtenir une fonction économétrique d’investissement plus précise pour rendre compte de l’investissement réalisé sur le passé et pour prévoir l’évolution de cet investissement. § 4 - Les incertitudes de la fonction d’investissement et la prise en compte des anticipations des entrepreneurs. Compte tenu de l’importance accordée par Keynes dans la théorie de la décision d’investissement pour la formation du produit national, un effort considérable a été mis en place depuis la 2ème guerre mondiale pour établir une ou plusieurs fonctions d’investissement rigoureuse qui permettrait à la fois de rendre compte du passé et de prévoir l’avenir. Cet effort est plus considérable que celui qui a été mené pour la fonction de consommation car malgré tout, la fonction de consommation parait relativement simple puisqu’elle dépend avant tout du revenu des ménages alors que la fonction d’investissement est visiblement une fonction plus intéressante, plus complexe. Dans les années 90, un constat s’est répandu : le constat de l’impossibilité d’établir des fonctions d’investissement significatives, même en décomposant les entreprises par secteur, et il est admis qu’aucune fonction d’investissement sérieuse ne peut être proposée car la question est complexe ; il y a trop d’éléments qui interviennent dans les décision d’investissement des entrepreneurs alors qu’au départ, on pensait qu’il y aurait seulement un ou deux déterminants réels. La solution consiste à la fois pour suivre l’évolution et prévoir l’avenir à demander aux entrepreneurs par enquête quels ont été les investissements réalisés et quels sont ceux envisagés pour l’avenir. Les déterminants étudiés demeurent admis mais c’est la stabilité de la liaison entre ces déterminants et l’investissement effectif qui est en cause. La pratique des économistes et statisticiens consiste à interroger les agents sur leurs projets d’investissement ; mais ces enquêtes sont assez complexes. On considère néanmoins que ces enquêtes doivent être éclairées par une autre série 22 d’enquête sur les perspectives de production et d’environnement économique, ceci applicable à chaque entreprise censée répondre à cette enquête. En effet les entrepreneurs on des intentions d’investissement qui correspondent à une situation donnée, mais cette situation peut se modifier, et dès lors, les intentions d’investissement initialement indiquées ne seront plus valables et il est donc nécessaire de suivre : les intentions d’investissement. les évolutions des perspectives indiquées qui permettent de valider ou non les résultats de la première enquête sur les intentions d’investissement. Si les perspectives sont bonnes, on considérera que les intentions d’investissement élevées se trouveront confirmées. Si les perspectives se dégradent, on considèrera que les intentions d’investissement relativement élevées ne se concrétiseront pas réellement et il y a donc un processus de pondération mis en jeux. L’expérience de ces 20 dernières années, montre que les changements des décisions d’investissement sont très rapides et que le retard dans la réalisation des enquêtes peut aboutir à des erreurs graves car il y a eu un retournement brutal de la décision des investisseurs qui n’a pas pu être identifié entraînant des prévisions de croissance de l’investissement alors que l’investissement réel diminue. Les enquêtes sont nécessaires mais elles ne sont pas directement utilisables et il faut donc chercher à valider ou non les prévisions qui ressortent de ces enquêtes sur l’investissement en examinant si des changements de perspective ne vont pas remettre en cause ces résultats. Il fut donc prendre des précautions lorsque les statisticiens officiels présentent les évolutions de l’investissement qu’ils prévoient. (Sur des périodes brèves : 1 ou 2 trimestre.) Exemple de la note de conjoncture de décembre 2008 : On remarque que les entreprises vont être attentistes en matière d’investissement pour deux raisons majeures : Car les perspectives de demandes sont défavorables : c’est l’aspect d’accélération. (l’enjeu de la demande sur l’investissement) Mais aussi car les conditions de financement sont plus difficiles. Il y a un autre phénomène pris en compte (Le capital précédent 𝐾𝑡−1 ) : les entreprises avaient investi de manière importante durant les dernières périodes et ceci se manifestait par un niveau élevé de la proportion de l’investissement par rapport à la valeur ajoutée des entreprises. Résultat : avec la stagnation et même la régression de la demande, les capacités de production ne sont plus utilisées qu’avec un taux de 82% (plus faible taux d’utilisation des dernières périodes) et dès lors, il n’y a pas de raison d’investir sauf pour renouveler du matériel hors d’état dans certains secteurs. 23 La conclusion qui résulte de ces cumuls de motifs n’est pas comme on pourrait s’y attendre qu’il n’y ait aucun investissement début 2009, mais que le montant de l’investissement va baisser de 2% au 1er trimestre 2009 et de 1,3% au 2ème trimestre. La théorie admet un arrêt de l’investissement, il y a en fait juste une baisse limitées de l’investissement. Par le jeu de l’accélérateur flexible on peut en déduire que l’investissement ne tombe pas lorsque la demande cesse de croître : il continue. Une des explications est à chercher parmi les générations de capital à cause du progrès technique permanent : il faut remplacer des équipements anciens même s’il suffirait pour répondre à la demande car ces bien d’équipements ne sont plus rentables ou risquent de ne plus l’être à court terme. Néanmoins, s’il diminue peu, cette diminution a un impact considérable sur la demande globale, non pas en terme de niveau mais en terme de variation de cette demande (d’une période à l’autre) car ce qui préoccupe les autorités économiques est ce qui a un impact sur l’atmosphère économique, ce n’est pas le niveau du produit national mais sa variation. En terme de croissance économique, si la consommation stagne et si l’investissement diminue légèrement, il apparaît que le produit national va connaître une évolution négative, alors même que le progrès technique continue à accroître la productivité par travailleur, ce qui crée un mouvement croissant de sous-emploi ou d’accroissement du taux de chômage ce à quoi la vie sociale et l’économie sont particulièrement sensibles. Il y a un élément à la marge de l’investissement qui, habituellement, n’est pas pris en considération mais qui joue un rôle important dans les périodes de retournement conjoncturel, c’est la formation et le niveau atteint par les stocks dans les différentes branches de la production. En principe, la constitution de stock représente un élément de la demande globale (car ça stimule la production) mais évidement, lorsque les stocks s’accumulent parce que la demande diminue, les producteurs sont amenés à réduire leur production plus que la demande ne diminue, car ils veulent écouler leurs stocks et il y a ainsi un effet d’arrêt brutal de la production que l’on connaît actuellement dans l’automobile. Autrement dis, la diminution des stocks existant apparaît comme un élément négatif de la demande globale ce qui revient à diminuer l’impact de la demande générale sur la production. Chapitre III - Conclusion du chapitre A la suite de la théorie générale de Keynes, les macro-économistes ont explorés les 2 grandes fonctions indiquées par la théorie générale : 24 la fonction de consommation la fonction d’investissement. A l’origine, on pensait découvrir des fonctions rigoureuses liant d’une manière constante le niveau de la consommation à un déterminant (qui au départ était uniquement le revenu perçu). Cette liaison est apparue plus complexe qu’on ne le croyait et au départ, on a surtout mis l’accent sur la divergence entre la liaison à court terme et à long terme entre consommation et revenu. Puis il est apparu que la décision de consommation des ménages était nettement plus ouverte à d’autres considérations que le seul revenu effectif, et finalement on s’est intéressé aux possibilités en reliant le niveau de la consommation à l’état d’optimisme ou de pessimisme des consommateurs. Ces facteurs jouent un rôle important et il est impossible de le formaliser, c'est-à-dire d’établir une liaison rigide entre l’évolution de l’état d’esprit des consommateurs tel qu’il apparaît dans les enquêtes et l’évolution réelle de la consommation (ce lien n’est pas un lien strict, il n’est pas réellement quantifiable). Ce qui reste le plus satisfaisant dans la fonction de consommation, c’est le lien entre revenu et consommation ce qui explique à peu près 95% du niveau et de l’évolution et à la marge il y a beaucoup de facteurs qui peuvent agir sur cette liaison. Pour l’investissement, c’est plus difficile car tous les éléments dégagés sont bien présents dans l’indication de l’investissement mais aucune liaison stable n’est établie. En matière de prévision, on doit avant tout se fonder sur les indications des chefs d’entreprises en les pondérant. Au niveau de la théorie, les choses sont moins évidentes mais elles correspondent un peu à la théorie générale : il y a une loi de rentabilité qui fait que les entreprise investissent si elles estiment pouvoir tirer de l’investissement des revenus suffisants. Cependant, cette liaison peut être à tout moment bouleversée par des changements d’aptitude des entrepreneurs lorsque les perspectives deviennent inquiétantes, ce qui amène : les investisseurs à une situation d’attente les investisseurs, dans la théorie économique, à réviser brutalement le niveau de rentabilité de leur investissement la courbe d’investissement à se déplacer brutalement dans l’espace graphique. Reste une hésitation chez les macro-économistes entre l’approche par la rentabilité (approche dominante pour la théorie) et l’approche par l’accélération 25 (qui est intéressante sur le plan théorique) qui donne des résultats surprenants car c’est une approche difficile à manier. Même dans les analyses tout à fait concrètes de conjonctures, les facteurs dégagés par la théorie sont considérés légitimes et il n’y a donc pas de raison pour développer la théorie sur ces bases ; simplement, il ne faut pas perdre de vue qu’aucune de ces fonctions n’as pu être quantifiée et donc n’as pu être réellement adapté à la vie économique concrète. Titre II globale. La détermination du produit intérieur par la demande La priorité donnée à cette approche s’expliquait par le rôle de la théorie générale de Keynes dans le développement de la macroéconomie et il faut reconnaître que, jusqu’à l’an 2008, on s’interrogeait sur la légitimité de privilégier cette approche par rapport à l’approche de capacité d’offre : « Il faut parvenir à maintenir la demande générale au niveau international et il n’y a aucune autre priorité ! » Rappelons que jusqu’en 1936, il était admis comme une évidence que la théorie économique, en général, (macro) reposait sur la capacité de production de l’économie. Cette capacité de production étant souvent raugmentée par l’épargne. On considérait que toute préoccupation de demande globale était inutile parce que le montant annuel de l’épargne était automatiquement converti en une demande équivalente et donc en simplifiant, la consommation plus l’épargne représentait un montant de demande générale équivalent à la capacité de production de l’économie. L’argent serait considéré comme intégralement en dépense ? D’où, on considérait que le seul motif d’épargne était d’améliorer le revenu dans le futur et donc pour cela il fallait investir. En simplifiant, la révolution Keynésiennes consistait en principe à poser que l’épargne obéit à des motivations complètement différentes de l’investissement. Il est donc fort possible et même fréquent que le niveau de l’investissement soit inférieur au niveau de l’argent ce qui crée une insuffisance de la demande générale par rapport aux capacités de production. La demande globale ne correspond pas à une conception radicalement nouvelle car cette idée est présente depuis le XVIIème siècle dans la pensée européenne est peut-être « on établie le principe que consommation et revenu sont une seule et même chose et que la ruine de la consommation est la ruine du revenu » (Boisguilbert, le détail de la France 1695). Keynes met un accent sur l’investissement public. C’est sûrement au niveau de la situation de crise que la différence entre 26 Keynes et les doctrinaires au niveau de la demande globale, est la plus nette. Pour Boisguilbert, lorsqu’il y a une rupture dans le flux de consommation, le revenu diminue de plus en plus et on parvient assez rapidement à un minimum extrême de revenu est de consommation (minimum compte tenu de la faiblesse du revenu, obligatoirement consommé). Keynes adopte une vision plus modérée. Une rupture de la demande provoque une baisse du revenu mais on retrouvera un équilibre qui peut être durable à un niveau de revenu inférieur, tel que les sources de la demande autonome compense exactement les fuites du revenu. C’est un modèle d’équilibre qui donne une légitimité analytique à l’approche par la demande globale. Les deux fonctions de base de la théorie générale sont les fonctions d’investissement et de consommation. Le modèle d’équilibre proposé par Keynes résulte de l’association analytique de ces deux fonctions. On peut considérer que tous les modèles de demande globale reposent avant tout sur ces deux modèles, mais c’est le mode d’association qui va varier selon les approches adoptées. Section 1 mentales Addition ou inter-réaction des deux fonctions fonda- § 1 - Détermination du produit intérieur par addition des composantes de la demande Il s’agit de l’approche la plus courante et la plus actuelle. On parle des moteurs de la croissance et on cite la consommation comme moteur principale, l’investissement comme moteur auxiliaire et la dépense publique comme moteur complémentaire, tout en surveillant l’évolution de l’exportation, comme la fuite constituée par le montant de l’importation. Le niveau de croissance ou de récession résulte de l’addition de ces diverses composantes qui jouent positivement ou négativement sur l’évolution du produit intérieur. Cette conception populaire est la conception des statisticiens de la comptabilité nationale qui explique que le niveau du produit intérieur et sa variation, en additionnant le rôle des diverses composantes. Cela est tout naturel, mais c’est aussi en contradiction avec un aspect bien connu du modèle keynésien : le phénomène multiplicateur. Mais ce multiplicateur a tendance a faire baisser en cas de récession. Un plan de relance efficace pour la France, c’est un plan de relance qui relie la relance des partenaires commerciaux. On additionnera l’impacte des demandes globales (demande, conso, FBCF,…) et on soustraira les importations ce qui expliquera le PIB de la nation. 27 § 2 - L’interrelation keynésienne entre les composantes de la demande Ici, on observe la différentiation entre les composante de la demande globale avec une différentiation très marquée entre l’investissement qui résulte d’une approche par la rentabilité mais en privilégiant l’évaluation des rendements futures par les investisseurs, évaluation qui est fondamentalement indépendante du niveau intérieur du niveau du produit intérieur. L’investissement est autonome du PIB mais en constitue un déterminant. La consommation est, elle, indépendante. Plus les revenus sont élevés et plus la consommation sera élevée. Un montant important d’investissement jouera sur le montant de consommation et revenu. Cela jouera sur l’épargne formée sur le revenu et de l’investissement établi de manière autonome. La consommation qui dépend du produit intérieur devient une composante de la demande globale et devient à son tour déterminent du produit intérieur et cette interdépendance de la consommation et du PIB serait une source d’instabilité si on n’établissait pas la fixité de l’investissement, c'est-à-dire son autonomie par rapport au PIB. 𝑌_𝑑_(𝑡 + 1) 𝐼𝑡 → 𝑌𝑑𝑡 → 𝑌𝑜𝑡 → (𝑐𝑌𝑜 )𝑡+1 → { → 𝑌𝑜𝑡+1 𝐼 Le jeu du multiplicateur 𝑐𝑌0 + 𝐼 = 𝑌𝑜 𝐼 = (1 − 𝑐)𝑌0 𝑌0 = 𝐼 = 𝐼 ∙ 𝑘, 0 < 𝑐 < 1 1−𝑐 28 Figure 11 Figure 10 Cela ne tient pas au fait que l’épargne détermine l’investissement mais l’inverse, à travers la fixation du montant du revenu d’équilibre du produit intérieur. Cadre keynésien (Figure 11) Cadre additif (Figure 10) Il faut envisager une fonction de consommation avec un terme constant. La formule keynésienne plus Figure 12 évoluée (Figure 12). L’apparition d’un terme constant fait apparaître une propension marginale à épargner nettement plus petit que la propension marginale à consommer. Le multiplicateur a un rôle moins important parce que la propension marginale à consommer est plus grande et que le multiplicateur sera plus petit. On final, on a : 𝑌0 = 𝐵+𝐼 1−𝑐 Et les variations seront : 𝑑𝑌0 = 𝑑𝐼 1−𝑐 La demande autonome est compatible avec le maintient du cadre de l’analyse keynésienne du multiplicateur, dès lors qu’on travail sur le multiplicateur et son impacte sur le produit, mais on sait que dans ce cadre, le multiplicateur 29 a un rôle réduit parce que la propension marginale à consommer est faible. En pratique, on va passer au modèle additif, même si l’analyse théorique peut se faire dans le cadre du multiplicateur keynésien. § 3 - L’élargissement du modèle de Keynes à d’autres composantes On peut prendre en compte le caractère d’autonomie ou de dépendance de ces nouvelles variables par rapport au produit intérieur. Nous avons une variable qui paraît totalement autonome : le montant des exportations. Celles-ci dépendent des PIB et RNB des pays étrangers. Les exportations sont par excellence, une demande autonome adressée aux producteurs français. Mais pour exporter, il faut avoir des produits exportables et ça dépend donc des capacités nationales. La dépense des administrations peut être considérée comme autonome par rapport au PIB. On aura encore l’épargne qui représente une fuite, et les taxes. On peut admettre que les importations sont un emploi des revenus distribués et que les titulaires de revenus ont le choix entre les produits nationaux ou étrangers (Figure 13). Figure 13 Le montant de 𝑋 + 𝐼 + 𝐺 doit être compensé par le montant des fuites induites (𝑀 + 𝑆 + 𝑇). L’équilibre est atteint lorsque le montant de l’épargne atteint le montant de l’investissement. On doit aussi trouver que le solde de la balance commerciale peut être déterminé par l’écart entre le l’investissement intérieur et l’épargne inférieur. 𝑋 − 𝑀 = [𝑆 + (𝑇 − 𝐺)] − 𝐼 Le déficit de l’épargne se traduit par un déficit de la balance commerciale et inversement. Malgré le caractère autonome des exportations, le montant des exportations est plus grand que le PIB est faible. Fig.5 mais avec propension marginale. 𝑐+𝑠+𝑚+𝑡 =1 𝑌𝑑 = 𝑌0 Donc : 𝑐𝑌0 + 𝑠𝑌0 + 𝑚𝑌0 + 𝑡𝑌0 = 1 𝑐𝑌0 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 = 𝑌𝑑 𝑐𝑌0 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 = 𝑌0 Or : 𝑌0 = 30 𝐼+𝐺+𝑋 1−𝑐 Or : Donc : 𝐼+𝐺+𝑋 𝑠+𝑡+𝑚 L’absence de coïncidence spontanée entre le produit d’équilibre et la capacité de production de l’économie dans cette période. C’est la grande opposition entre l’approche classique et néoclassique pour lesquels cette coïncidence s’établie spontanément à travers un mécanisme d’ajustement de prix sur les différents marchés particuliers. 𝑠+𝑡+𝑚 = 1−𝑐 𝑌0 = On peut être dans une situation où le produit d’équilibre excède les capacités de productions (surchauffe ou appel aux importations). Voyons maintenant le cas keynésien traditionnel : l’équilibre spontané des diverses économies tente à se faire à un niveau inférieur au produit potentiel, ce qui se traduit par un sous emploi des travailleurs et également des équipements de production et pour combattre cet équilibre de sous-emploi, il « suffit » d’utiliser une ou plusieurs variables keynésiennes qui vont agir sur la demande globale et qui permettront de faire coïncider le produit d’équilibre et le produit potentiel. On s’est convaincu qu’il était toujours possible d’arriver à cette coïncidence à condition d’étudier les circonstances précises qui agissent sur le niveau de la demande globale, mais aussi de bien connaître le montant du produit potentiel (politique de fine tuning). Ses conséquences dans les années 70 a fait perdre confiance dans ce type de politique car malgré les efforts des différents pays, un tel réglage n’a pas été possible et on a vu apparaître une situation d’inflation et simultanément de sous-emploi (stagflation). D’après l’équation vue plus haut, on s’aperçoit qu’on peut agir sur toute une gamme de variables : investissement, dépense gouvernementale, les exportations, mais aussi, le taux d’épargne, les taxes… on ne peut influer sur les importations. La baisse de l’intérêt jouera notamment sur le taux d’épargne (en le diminuant. Ex : le livret A). La réduction du taux d’importation sera de nature à relever sensiblement le produit intérieur d’équilibre. Les keynésiens traditionnels croyaient d’avantage à 31 la détermination des importations par le niveau de produit national plutôt qu’à la parité monétaire. Il sfavorisaient donc les instruments douaniers. Il faut donc rajouter la possibilité d’agire directement sur les revenu des ménages consommateurs. L’instrument normal du pouvoir publique est l’investissement publique qui vient se substituer à l’investissement privé qui est défaillant. On considère qu’il faut agir sur toutes les variables à la fois et la politique qui agit sur l’investissement n’est plus la seule politique. On voit aussi la politique fiscale, l’investissement publique, la consommation pour un meilleur résultat. L’accroissement de la demande globale pourra être efficace (et massives) si les dépenses pulbiques sont équilibrées et la dette publique équilibrée en pourcentage du PIB. Il faut donc assainir les finances publiques entre deux crises. Ce qui paralyse les politiques keynésiennes est la disparition des marges de manœuvres en laissant s’accumuler des déficits publiques sur du long terme et il n’y a donc plus de marges suffisantes. L’assainissement publique consiste à inverser les politiques en périodes de crise : découragement de l’investissement, baisse des dépenses gouvernementales, etc. Au niveau des importations on va limiter tandis qu’on va encourager les exportations. La succesion des politiques contraires s’équilibrent et permettent d’asurer une certaine neutralité au niveau des finances publiques qui sont déséquilibrées par les efforts pour battre le sous-emploi et rééquilibrées par les périodes inflationistes. Il n’y a pas de coïncidence le plein emploi du travail et le plein emploi des capacités productives. Le FMI réclame une pédense au niveau mondial de 2 à 3 points supplémentaires pour l’augmentation de la demande globale. § 4 - Les finances publiques dans le circuit keynésien : le théorème d’Haavelmo (1945) Paru dans un article : L’effet multiplicateur d’un budget public équilibré. Quand on veut relever le PIB, on doit augmenter la dépense publique, mais si on relève les taxes pesant sur le revenu, on produit l’effet inverse. Mais si on fait varier la dépense publique et les taxes dans une proportion identique, on pourrait penser à un effet neutre. Mais ceci n’est pas vrai. Le théorème d’Haavelmo considère sur un montant de taxe identique aux montants de dépenses. 32 Les hypothèses sont celle d’un circuit keynésien : partage du montant du PIB qui se fera entre l’Etat et les ménages1. Après toutes les opérations réalisées, le revenu des ménages consommateurs, malgré la taxe supplémentaire se trouvera exactement équivalent à celui dont ils disposaient auparavant, c'est-à-dire que le montant de la taxe supplémentaire aura été exactement compensé par une augmentation équivalente du PIB. Les ménages vont affecter leur revenu à la consommation et l’épargne. Le revenu de référence des consommateurs est le revenu disponible après impôt (prélèvements sociaux, taxes, impôts, etc.) et non le PIB. 𝑌𝑜 = 𝑌𝑑 𝑌𝑜 = 𝑐(𝑌𝑜 − 𝑇) + 𝐺 + 𝐼 𝑌𝑜 = 𝑐𝑌𝑜 + (𝐺 − 𝑐𝑇) + 𝐼 𝑌𝑜 = 𝐺 − 𝑐𝑇 + 𝐼 1−𝑐 Or on sait que : 𝑑𝐺 = 𝑑𝑇 𝑑𝑌𝑜 = 𝑑𝐺−𝑐𝑑𝑇 1−𝑐 = 𝑑𝐺(1−𝑐) 1−𝑐 𝑑𝑌𝑜 = 𝑑𝐺 Figure 14 L’aspect désagréable est l’accroissement des taxes. N’est-il pas possible de concilier l’accroissement des dépenses publiques sans augmenter les taxes, si le montant des taxes est proportionnel au revenu. En effet l’accroissement initial des taxes publiques va provoquer des effets multiplicateurs donc, le produit augmentant, les taxes proportionnelles vont augmenter et l’accroissement initial des dépenses publiques va se trouver compensé par l’accroissement des taxes fiscales. Est-ce que les recettes fiscales induites équilibreront l’accroissement initial des dépenses publiques ? En se référent au théorème d’Haavelmo, on se rend compte que c’est la même chose sauf qu’on attend pour avoir les fonds. Mais les dettes fiscales induites seront toujours inférieures à l’accroissement initial de la dépense publique (analyse keynésienne). Le meilleur serait d’accroître la dépense publique et ensuite attendre les recettes fiscales augmentées par l’accroissement des dépenses publiques. Si la recette Etat prélève un certain montant de taxe et il reste aux ménages un revenu disponible : revenu intérieur moins les taxes 1 33 permet de combler l’accroissement de dépense, on trouve le théorème d’Haavelmo, mais fonctionnerait à l’envers. Est-ce que les recettes fiscales induites permettront d’augmenter les dépenses publiques ? On admettra que le PIB est subdivisé en deux parties : une qui va aux taxes et une pour les ménages consommateurs. L’accroissement de la dépense publique va générer une augmentation du PIB et par la même un accroissement de la consommation et du revenu des ménages et le nouvel équilibre sera trouvé quand le produit offert sera égal au produit demandé. Equilibre : 𝑌0 = 𝑌𝑑 𝑌0 = 𝑐(𝑌0 − 𝑡(𝑌0 )) + 𝐼 + 𝐺 (1 − 𝑐 + 𝑐𝑡)𝑌0 = 𝐼 + 𝐺 𝑌0 = Figure 15 𝐼+𝐺 1 − 𝑐 + 𝑐𝑡 Pour la variation des dépenses gouvernementales : 𝑑𝑌0 = 𝑑𝐺 1 − 𝑐 + 𝑐𝑡 𝑡𝑑𝑌0 = 𝑑𝐺 Manque la fin de l’équation. Le cas où 𝑔 = 1 revient à dire que le revenu est taxé à 100% et ceci n’est pas concevable. Dans l’hypothèse d’Haavelmo, on augmente le prélèvement fiscal sur l’ensemble du produit national existant. Ici, nous avons un système fiscal qui ne change pas et il faudrait donc introduire une taxe à la marge ne portant que sur la variation du produit et qui soit équivalente à 100% de ce produit. Ceci n’est pas concevable et dans le cadre des hypothèses normales, un accroissement de dépense publique ne génère pas des recettes équivalentes à partir du système de taxation existante. C’est un argument souvent avancé. Il en résulte un déficit du budget publique et on a donc un effet temporaire et le stimulant entraînerait une remonté progressive des recettes fiscales grâce à l’accroissement du produit national. Ceci n’est pas contradictoire avec ce qu’on a vu parce qu’il y a une hypothèse implicite : l’accroissement du produit national va entraîner un mouvement d’optimisme des investisseurs et des consommateurs et que l’effet stimulant initial du déficit budgétaire sera relayé par l’accroissement autonome des dépenses d’investissement et 34 de consommation. Les effets stimulants indirects viennent compléter les accroissements mécaniques exprimés par les équations keynésiennes. La thèse d’un retour fiscal équivalent à l’accroissement des dépenses fait partie d’une tradition antérieure à l’approche de Keynes qui s’et développé en France au XVIIIème siècle dans un cadre mercantiliste, thèse selon laquelle les autorités nationales bénéficiaires des recettes fiscales pouvait engager des dépenses considérables dans le domaine de la construction et qu’il s’agisse de fortifications, ou de châteaux royaux parce que les revenus versés à l’occasion de ces travaux, dès lors que ces fortification se faisaient en France (thèse Richelieu, Vauban…). Cette thèse est tout à fait cohérente avec le schéma de circuit du produit national à la condition qu’il n’y ait que le coefficient 𝑐 = 1. Le coefficient sera d’un niveau quelconque a priori inférieur à 1. En cas de baisse du produit national, 𝑐 = 1, donc il y a dans l’esprit des auteurs du XVIIème, une conception un peu différente. La consommation au sens large est une re-dépense du revenu qui est composée d’achat de biens et de services de consommation ou de biens d’équipement. On considère que les agents privés re-dépensent toujours autant que le revenu qu’ils ont perçu, c'est-à-dire que s’ils forment une épargne, ils l’investissent dans l’achat de biens d’équipement, sauf accidents. On a alors un circuit assez similaire au circuit keynésien. 𝑌0 = 𝑌𝑑 𝑌0 = 𝐺 + (𝑌0 − 𝑡𝑌0 ) 𝑡𝑌0 = 𝐺 → 𝑌0 = 𝑑𝑌0 = Figure 16 𝐺 𝑡 𝑑𝐺 𝑡 S’il n’y a pas de dépenses hors du territoire national, mais si les agents consommateurs sont optimistes (pas d’épargne), le circuit doit s’équilibrer, et les dépenses de travaux publiques se trouvent automatiquement autofinancé. Ceci est remis en cause par la fable des membres et de l’estomac. Si l’estomac s’arrête de faire son rôle, les membres n’ont plus rien pour vivre. Entretient seul tout l’Etat (Les membres et l’estomac). Ce type de modèle a existé dès que la fiscalité a commencé à devenir conséquente. C’est ce qui arrive quand Dioclétien a modifié le système fiscal existant et a créé un système proportionnel. Il en est résulté un débat assez complexe. 35 § 5 - L’interrelation des investissements et de la consommation par rapport au produit national : le modèle de Harrod Le modèle keynésien normal considère que l’investissement est autonome par rapport au PIB et que ses variations ne modifient pas le niveau d’investissement. Ces hypothèses doivent être écartées si on voulait comprendre la logique des doctrines modernes selon laquelle l’effet stimulant pouvait aboutir à des recettes fiscales induite équivalentes. Il faut reconnaitre que l’investissement réagit au niveau du PIB. Une autre forme de la fonction d’investissement que l’on qualifie de mécanisme d’accélération qui admet une dépendance dans la décision d’investir par rapport à la variation du produit national. L’un des disciples de Keynes a estimé que le modèle keynésien serait plus intéressant si on introduisait une fonction d’investissement déterminée par la variation du produit national parce que dans ce cas l’effet de circuit serait amplifié et parce qu’on se rapprocherait de la réalité et où les investisseurs seraient attentifs à l’évolution du PIB qui constitue la demande des produits qu’ils vont créer par l’investissement. Il reste à lui donner la forme d’un modèle. 𝐶𝑡 = 𝑐𝑌𝑡 𝐼𝑡 = 𝑔(𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) Quand les investisseurs décident d’investir, ils ne connaissent pas l’investissement de la nouvelle période et ils font donc une estimation (𝑋_𝑡 ). L4intérêt de cette approche est que le modèle est formalisable, et que le PIB s’établira au montant qui équilibre durablement le produit offert et le produit demandé (consommation et investissement). 𝑌𝑡 = 𝐶𝑡 + 𝐼𝑡 La décision d’investir détermine le niveau du PIB, mais ce niveau de produit intérieur n’est pas nécessairement égal au produit anticipé par les investisseurs. A quelle condition y aura-t-il égalité entre le produit anticipé et le produit effectif et que se passe-t-il lorsque les investisseurs constatent que le produit réalisé est différent du produit qu’ils anticipaient ? 𝑌𝑡 = 𝑐𝑌𝑡 + 𝑔(𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) Le PIB qui va se fixer sera-t-il équivalent à celui anticipé ? Quels sont les conditions ? 𝑌𝑡 = 𝑔(𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) 𝐼 ≤> 𝑌 = 1−𝑐 𝑆 𝑔 𝑌𝑡 = (𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) 𝑠 36 Pour que : 𝑋𝑡 = (𝑋𝑡 −𝑌𝑡−1 ) 𝑋𝑡 (𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) 𝑠 𝑔 (𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) → = 𝑠 𝑋𝑡 𝑔 correspond à un taux de croissance anticipé. Si les investisseurs an𝑠 ticipent un taux de croissance de 𝑔, on aura l’égalité 𝑌𝑡 = 𝑋𝑡 , ce qui veut dire que le taux de croissance se trouvera réalisé. On se retrouve transposé dans on monde de taux de croissance et où l’équilibre est conditionné par un taux de croissance particulier. Ce taux de croissance particulier est appelé taux de garantie. Si les investisseurs anticipent une croissance économique au taux 𝑠/𝑔, les taux de croissance réalisé sera également de 𝑠/𝑔. Il n’y a rien de moins probable que la réalisation de cette anticipation par les investisseurs, parce qu’ils n’ont pas les éléments pour le calcul, ni taux d’épargne, ni coefficient d’accélération, mais plutôt une idée de la croissance qui devrait être, mais cette idée n’a aucune raison d’être exacte. Nous arrivons à la deuxième question. Vu que les investisseurs ne prévoiront pas un taux de croissance égal au taux garantie, quelle va être sur la croissance effective de l’économie la conséquence de l’écart initial entre le taux de croissance anticipé et le taux de croissance garantie ? Il va y avoir la conséquence dans la période d’équilibre et la conséquence sur l’évolution de l’économie dans les périodes suivantes car s’il y a une erreur de leur part, les investisseurs vont corriger cette anticipation qui va entraîner des conséquences sur la formation ultérieure du PIB. Quelle va être la conséquence de l’écart de prévision entre ce qu’anticipent les investisseurs et le taux garantie dans l’économie ? Si les investisseurs anticipent plus, est-ce que la croissance effective du produit constatée en fin de période aura été supérieure ou inférieure au taux de croissance anticipé ? Si les investisseurs ont prévu un taux de croissance supérieur à s/g, ils se sont trompés et donc le taux de croissance constaté en fin de période sera inférieur au taux anticipé. Ceci est la réponse intuitive. Mais dans la réalité, si les investisseurs sont trop optimistes, le résultat effectif va dépasser leurs attentes et ils vont constater qu’ils n’étaient pas assez optimistes. Il y a un lien entre l’anticipation des investisseurs et la réalisation du PIB. Ce lien existe et est déterminé par le raisonnement suivant : 𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡 𝑎𝑛𝑡𝑖𝑐𝑖𝑝é = 𝑦𝑡∗ = 𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 𝑋𝑡 𝑦𝑡∗ = 1 − 37 𝑌𝑡−1 𝑌𝑡 1 − 𝑦𝑡∗ = 𝑌𝑡−1 𝑌𝑡 𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡 𝑟é𝑎𝑙𝑖𝑠é = 𝑦𝑡 = 𝑦𝑡 = 1 − On a donc : 𝑋𝑡 = 𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 𝑌𝑡 𝑌𝑡−1 1 − 𝑦𝑡∗ 𝑌𝑡−1 𝑠 (𝑌𝑡−1 ) = 1− 𝑌𝑡 𝑔 𝑋𝑡 − 𝑌𝑡−1 Ensuite : 𝑦𝑡 = 1 − 𝑠 (𝑔) (𝑌𝑡−1 ) 𝑌𝑡−1 − 𝑌𝑡−1 1 − 𝑦𝑡∗ =1− 𝑠 𝑔 1 1 −1 1 − 𝑦𝑡∗ On se demande : 𝑦𝑡 = 1− 𝑠 1 − 𝑦𝑡∗ 𝑔 𝑦𝑡∗ Et comme : > ∗ 𝑦 < 𝑡 𝑦𝑡∗ − 1 < 0 Alors : On en conclue que : 𝑠 < ∗ 𝑦 𝑠 𝑦𝑡∗ − 1 > ∗ 𝑔> 𝑡 𝑦 − 1 𝑔 𝑦𝑡∗ < 𝑡 Donc l’optimisme crée de l’optimisme et le pessimisme crée du pessimisme. Dans les deux cas, ils vont devoir réviser leurs anticipations en révisant celles-ci dans le sens de l’excès. L’évolution de l’économie va être explosive. Dès que les anticipations s’écartent du taux 𝑠/𝑔 , Figure 17 l’économie bascule dans une demande de plus en plus excessive ou dans un mouvement de récession de plus en plus accentué. ∗ ∗ ) 𝑦𝑡∗ = 𝑦𝑡−1 + 𝛼(𝑦𝑡−1 − 𝑦𝑡−1 Il faut une volonté politique pour corriger les tendances négative pour ramener l’économie sur un sentier de croissance équilibré. Harod souligne que la croissance auto-garantie n’a pas de lien nécessaire avec l’évolution des facteurs de production ni avec l’évolution de la quantité de travail disponible. Même si on a : 𝑦𝑡∗ = 𝑠 = 𝑦𝑡 𝑔 Il n’y a pas de lien entre 𝑠/𝑔 et donc sur le taux de croissance des facteurs ni de la quantité de travail, ni avec n+m, n étant facteur travail disponible et m l’efficacité de l’heure de travail. L’économie spontanée ne trouve pas d’elle-même un équilibre spontané. Keynes considère que c’est une erreur de lier l’investissement à d’autres facteurs car il dépend de l’optimisme et du pessimisme des investisseurs. 38 Section 2 - L’équilibrage macroéconomique par interaction entre les mécanismes de la demande globale et ceux de la demande de monnaie (Hicks 1937) La théorie générale de Keynes pouvait être considérée comme un cas particulier de l’équilibre général néoclassique, mais que son approche en tenant compte des indications de la théorie générale pouvait être présenté dans un cadre néoclassique. Hicks présente la théorie générale comme le résultat d’une interaction entre les différents marchés. Dans la présentation première, il y a le marché de la demande globale, Figure 18 mais il n’y a pas d’interaction entre ce marché et d’autres marchés de l’économie (marché monétaire, marché financier). En accordant à ces marchés un caractère déterminant sur ces investissements, Keynes ne donne pas d’influence sur le processus de formation de la demande globale. Mais Hicks remarque que Keynes évoque les déterminants de la demande de monnaie : niveau du produit national (une partie de la dde de monnaie est destinée à le demande de bien et service, donc plus le PIB est élevé, plus la demande de monnaie dans un but de transaction est élevé) ; par là s’introduit une liaison entre la demande globale et la demande de monnaie (qui est un déterminant du taux d’intérêt, qui est à son tour un déterminant de l’investissement qui est le déterminant stratégique de la demande globale. C’est l’effet Hicks Figure 19 Pour en rendre compte il faut se placer dans le cadre de l’équilibre général, ce qui permet de visualiser l’équilibre qui permet l’interaction de plusieurs marchés. 39 § 1 - Le modèle ISLM ALes équilibre de la demande globale avec prise en compte explicite des taux d’intérêt Le mécanisme économique offre plusieurs solutions d’équilibre selon le taux d’intérêt pratiqué dans l’économie. Il va y avoir un type équilibre par taux d’intérêt et montrer dans un graphique ces divers équilibres. Equilibre veut dire égalité entre sources et fuites et cette situation n’a aucun rapport nécessaire avec le plein emploi des capacités productives dans l’économie. Chacun des pts d’équilibre va durer tant que les données ne changeront pas. C’est en confrontant ces courbes qu’on peut espérer dégager un équilibre. Pour établir la courbe ISLM, on va partir de l’investissement. BL’équilibre marché de la monnaie avec prise en compte du PIB La quantité de monnaie est fixée de manière exogène et c’est la véritable variable autonome du système. Il y a d’abord la demande à but de transaction (disposer des encaisses pour acheter des biens et des services). Quand le PIB augmente, la demande de biens et services augmente et la dépense aussi de la même manière. C’est une fonction croissante. Il y a ensuite une demande à but de précaution pour faire face à des déficits plus ou moins prévisibles. Elles sont liés au PIB mais sensibles aux taux d’intérêt. Figure 20 La demande spéculative est sensible au taux d’intérêt avec comme lien : lorsque le taux d’intérêt diminue, la demande spéculative augmente et de même quand le taux d’intérêt augmente, la demande diminue et fini même par disparaître. Les détenteurs d’encaisses sont très faiblement rémunérés et veulent donc les transformer en actifs à terme, rémunéré au taux de marché. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus on peut en retirer de revenu. La baisse du taux d’intérêt fait monter la valeur des actifs. La spéculation a un grand rôle. On a donc une demande d’argent qui augmente quand le taux d’intérêt diminue (Figure 20). 40 On va associer pour chaque demande de monnaie, un taux d’intérêt. Pour une demande élevée, un taux d’intérêt élevé. On va voir une pente inverse par rapport à la courbe IS (Figure 21). 1. Diminution de l’offre 2. Augmentation de l’offre Au lendemain de la grande guerre, on estime que c’est l’accroissement de la dépense publique ou la diminution de taxes qui permet un accroissement du PIB. On est revenu un peu dans cette situation parce que la politique budgétaire semble comFigure 21 battre la difficulté des marchés financiers et c’est la dépense publique qui semble combattre contre la baisse du PIB. L’analyse ambitieuse du modèle ISLM nous amène à penser que c’est l’action sur la masse monétaire qui est la plus efficace pour obtenir un accroissement du produit national mais aussi de contenir un accroissement excessif du PIB. § 2 - La place de la politique monétaire dans le modèle ISLM Dans un premier temps, on restreindra le rôle de la politique monétaire sur le plan de l’analyse en opérant une distinction entre le cas standard du modèle ISLM et le cas réel qui modifie la nature de l’équilibrage entre les deux marchés. Dans un premier temps on a souligné l’incapacité de la politique monétaire à générer un effet expansif (dans la situation de l’après guerre) et dans une deuxième approche, on s’est efforcé de montrer l’impossibilité dans une politique monétaire d’obtenir un effet restrictif sur la demande globale. ALa négation du pouvoir expansif de la politique monétaire Les taux d’intérêt sont déjà relativement faibles (premier cas) et un abaissement de taux d’intérêt n’est plus incitateur pour les investisseurs qui sont dominés par d’autres considérations (optimisme ou pessimisme). La courbe IS apparaît comme une verticale (Figure 23). Ceci n’aurait pas de pouvoir sur l’investissement mais bien sur le taux d’intérêt. Dans ce cas (détaxation de l’investissement par exemple) semble la seule efficace pour obtenir une croissance du PIB. 41 Pour le deuxième cas (Figure 22), on peut faire abstraction entre marché de biens et service et marché de la monnaie. C’est la situation de trappe à liquidité. Le taux d’intérêt est minimal et toute augmentation de monnaie absorbe au taux d’intérêt existant toute la masse monétaire Figure 23 (1,5 ou 2% dans l’esprit de Hicks). Si on se trouve dans la zone de trappe à liquiFigure 22 dité, la politique monétaire est inefficace pour stimuler la demande globale. La politique monétaire est efficace pour stabiliser le niveau financier et évite une disparition du système économique et ne peut plus agir pour stimuler la croissance économique. BLa négation du pouvoir restrictif de la politique monétaire Cette argumentation consiste, à la fin des années 50, à s’interroger pour la banque centrale à faire remonter les taux d’intérêt et donc à limiter la demande globale en limiter les stocks de monnaie. L’idée est que le système bancaire est l’organe de dispense de crédits et ce sont ces crédits qui peuvent déterminer une expansion de la demande globale, or l’action sur la monnaie n’est plus efficace pour agir sur le montant des crédits accordés à l’économie. Système bancaire au temps t A SB t+1 P Dépôt monétaire A P Dépôts monétaire = Crédits Crédits Dépôts non monétaires Dépôts non monétaires Le système bancaire à habitué les agents économique à détenir de la monnaie liquide, des actifs liquides non monétaire, assez faiblement monétaire et peut donc convaincre les déposant à convertir une partie de la monnaie en actifs non 42 liquides quand la banque centrale cherche à restreindre la quantité de monnaie en circulation. La quantité de crédit reste inchangée, le taux a peu varié alors que la masse monétaire s’est trouvée restreinte par l’action de la banque centrale. La politique monétaire n’est pas capable de faire cette limitation, mais d’après la thèse de l’efficacité de la politique monétaire, on peut agir sur la demande globale, tandis qu’on a mis en doute l’efficacité budgétaire pour établir ce résultat. Cette priorité accordée par la politique monétaire tient d’abord à l’impression que la politique budgétaire est devenue peu efficace parce qu’on la peut-être trop utilisé et qu’il y a donc une accumulation d’endettement publique qui rend difficile un accroissement de la dépense pour une politique budgétaire de grande ampleur. On doit admettre qu’on ne regarde plus cette dette car la politique monétaire n’est plus efficace. Les monétaristes donnent priorité à la politique monétaire à condition que le régime de change extérieur à la monnaie soit un régime de change flottant avec ajustement quotidien par le jeu de l’offre et de la demande, des monnaies étrangères sur le marché des changes national. La remonté sensible des taux d’intérêt peut s’expliquer en partie par l’effacement partiel des dettes de la seconde guerre mondiale grâce à la croissance économique, ce qui libère la politique budgétaire en ayant des taux faibles pour ne pas pénaliser les administrations publiques qui doivent payer la dette. On retourne vers une normalité des taux d’intérêt et l’apparition des charges flottantes. Des années 80 aux années 2007, la politique monétaire est devenue la politique économique dominante et le modèle ISLM semblait représenter le cadre normal de la politique monétaire des banques centrales qui s’étaient substituées aux autorités publiques. On constate donc à un retournement doctrinal. Depuis 2008, les plans de relance sont des politiques budgétaires (mise en place pas encore effective). On va analyser cette dualité des politiques budgétaire et monétaire. § 3 - Alternative entre politique monétaire ou budgétaire selon le régime de change De Mundell (1963) et Fleming (1962). Ils se situent dans un cadre de change fixe. Depuis le lendemain de la seconde guerre mondiale, à la suite de Bretton woods, les principales monnaies sont reliées par un taux de change fixe et stable (malgré les révisions). La fixité est assurée par les banques centrales dans la plupart des cas. Elles achètent et vendent des monnaies étrangères pour maintenir la parité entre les monnaies. 43 Le dollar canadien est flottant, d’où l’intérêt de Mundell pour le taux de change flottant, ce qui n’existait plus au moment ou l’écrivait Mundell, sauf au Canada. Mundell et Fleming estiment qu’il y a une balance de paiement dominée par les capitaux, ce qui ce résume par : « il y a un taux d’intérêt international de référence. Si le taux national s’écarte de ce taux, il y a selon le cas, des entrées ou des sorties massives de capitaux, qui déséquilibre la balance des paiements. » Les deux auteurs utilisent le modèle ISLM mais en situant à l’intérieur de la courbe I-S (équilibre du produit intérieur), les composantes de la courbe XIG-MST. Supposons un déplacement de la courbe IS en I’S’. Le nouveau point d’équilibre est en F, donc le taux d’intérêt (ordonnées) est plus haut. La banque centrale se porte demandeur de l’excédent de devise sur le marché des changes. Elle injecte pour cela de la monnaie banque centrale sur le marché. La courbe LM se déplace en L’M’ et le nouvel équilibre est maintenant en H et le taux d’intérêt interne retourne au niveau du taux d’intérêt international. La politique budgétaire est donc ici efficace. Pour un PIB supérieur (abscisse), on a un taux d’intérêt national identique. En faisant le raisonnement inverse, d’abord un déplacement de la courbe LM puis de la courbe IS, l’équilibre intermédiaire est en G, un taux d’intérêt national inférieur au taux international. Il y a donc des fuites de capitaux. Les ventes de monnaie nationales (demande de devises étrangères). Ceci pour montrer l’efficacité de la politique budgétaire en soulignant l’inefficacité effective de la politique monétaire. C’est donc l’offre et la demande qui règle la monnaie. La banque centrale peut encore intervenir, mais ce n’est pas systématique et ce n’est pas toujours considéré comme légitime. En situation de change flottant, reprenons les deux politiques examinées. Imaginons que la politique budgétaire soit mise en œuvre (déplacement de IS à I’S’). Nouvel équilibre en F. ça passe alors par le marché des changes des devises nationales contre internationales, mais il n’y a plus de contrepartie. C’est le taux de change qui va alors évoluer (augmentation du taux national à cause de la forte demande). Ceci va rendre la politique budgétaire inefficace car les exportations sont plus difficiles (change flottant). Ici, on revient au point de départ et la courbe I’S’ revient au point de départ. 44 Rentre en jeu un gonflement de la masse monétaire qui fait passer de la courbe LM à la courbe L’M’. Il en résulte une sortie des capitaux étrangers, donc une offre de devises et une dépréciation sur le marché des changes. Les produits étrangers sont plus chers et les produits nationaux moins chers. Cela engendre un déplacement de la courbe LM en L’M’, sans que le budget ne soit mis à contribution. Dans le cadre des changes flottant, la politique monétaire constitue l’instrument efficace d’action sur le PIB, mais la politique budgétaire se trouve neutralisée par les changes flottants. A côté de ce cadre, il y a une hypothèse extrême qui est la sensibilité extrêmement forte au différentiel du taux d’intérêt entre économie nationale et économie mondiale. Il est possible d’envisager un modèle avec une sensibilité plus faible. Le résultat est différent : le politique budgétaire semble retrouver une importance, mais la politique monétaire n’est pas remise en cause. Il n’y a pas d’opposition entre ces deux politiques, mais association entre mécanismes monétaires et mécanisme de demande globale. Dans un cas, ce qui est entraînant, c’est la politique de demande globale qui provoque l’alignement de l’offre de monnaie (change fixe). Sinon, l’offre de monnaie provoque l’ajustement de la demande globale (change flottant). Ils sont inter-reliés par l’effet Hicks. Nous sommes jusque là dans un cadre nominal. En fonction de la réaction de l’économie réelle, l’économie nominale change. Section 3 - L’équilibrage macroéconomique par la demande globale avec prise en compte indirecte du mécanisme de l’offre On ne voit pas le mécanisme de l’offre, mais les effets de freins ou d’entrainement amené par le mécanisme de l’offre. Si le potentiel d’offre de l’économie est entièrement utilisé, l’accroissement de la demande globale n’aura aucun effet sur l’économie réelle. La politique d’action sur la demande globale n’a de sens que dans un cadre de sous-emploi des capacités productives qui peuvent alors être mobilisées pour répondre au supplément de demande globale ce qui se traduit à l’équilibre par un accroissement sensible de biens et services produits. Le plus souvent la politique keynésienne admet qu’il existe des capacités de productions inutilisées qu’on peut mobiliser. Cependant, il semble alors que l’accroissement de la demande globale ne va se réaliser qu’en termes nominaux, c'est-à-dire qu’il y aura seulement une hausse de prix, la quantité de biens et services produits restant inchangés. 45 Keynes prend l’habitude jusqu’aux années 60 de n’envisager que les situations déflationniste (marges de capacités de production et demande globale supplémentaire provoque un accroissement de la production sans hausse de prix) et inflationnistes (capacités de production utilisée et accroissement de demande globale provoquera une hausse des prix sans changement dans le niveau de la production). Ainsi, l’approche keynésienne est difficile à employer dans une période où il y a une croissance régulière de la production et en même temps une hausse de prix plus ou moins rapide. Il faut donc assouplir le mécanisme keynésien de départ et admettre qu’il peut y avoir sous l’effet d’un accroissement de la demande globale, une certaine pression à la hausse des prix sans qu’il y ait pour autant plein emploi des capacités productives. On parle de l’approche néo-keynésienne. Cependant, cette approche doit être complétée par une introduction explicite des phénomènes de croissance (analyse par la capacité d’offre sans la rendre complexe). § 1 - L’établissement de la courbe de Phillips (1958) et son interprétation Il a proposé une interprétation du marché du travail avec ses conséquences sur le prix du travail. Il y aurait un mécanisme qui prend naissance sur le marché du travail et qui se manifeste par une liaison causale qui va du taux de sous emploi constaté sur le marché du travail au rythme annuel de la hausse des salaires nominaux. Grâce à la reconnaissance du droit syndical, des statistiques de sousemploi ont été établi par des organismes syndicaux dès 1961, ce qui rend possible une série longue. En situation de libre échange pour les produits agricoles (caractéristique du niveau de vie des salariés), les prix internes sont l’équivalent des prix à l’importation des ces mêmes produits qui donne une série continue car le service douanier donne une liste des prix à l’importation. Sur la base de ces données, Phillips dégage une courbe qui s’affirme surtout dans la période 1861-1913, en ne retenant que les années où la hausse des prix des produits à l’importation n’excède pas 2,5% (pas d’anticipation des hausses de prix). § 2 - Les controverses Les keynésiens trouvent bien anormal qu’il y ait des hausses de salaire en cas de sous-emploi, car le mécanisme de hausse des salaires nominaux ne doit s’enclencher que quand le plein emploi est atteint. Mais on voit aussi dans les années 70, une faible croissance (à l’époque) et une forte hausse de prix. L’apparition d’un sous-emploi énorme pour l’époque faisait douter de la courbe de Phillips car on avait un accroissement de sous46 emploi et une forte hausse des salaires et des prix (stagflation). Phillips avait dit que son mécanisme pouvait intégrer une prévision des prix de la consommation et du travail et dans ce cas, on a un déplacement de la courbe. 𝑤 ̅ = 𝑝̅ − 𝑎𝑈 L’usage de la courbe de Phillips permet d’assouplir largement le dualisme déflation-inflation et à regarder la forme de la courbe de Phillips, elle est assez proche des théories keynésienne. § 3 - L’intégration de la courbe de Phillips dans le cadre ISLM La courbe reflète une tension sur les capacités productives qui augmente avec l’accroissement du PIB réel dans l’économie. On voit un lien entre niveau des prix et niveau du produit national et niveau de l’emploi (Figure 24). C’est la demande globale qui détermine la situation du produit national et donc la zone de la courbe dans laquelle on se situe. Cette courbe est caractérisée par le niveau du point d’inflexion qui est l’endroit où se situe le produit potentiel. Ca peut être n’importe quel niveau. Ce qu’exprime ce taux d’inflation, c’est l’anticipation des agents économiques qui le détermine. Figure 24 Mais on pourrait avoir le point d’inflexion au niveau 0, ce qui impliquerait des valeurs négatives en cas où le PIB serait inférieur aux prévisions (Figure 25). L’inflation de noyau (anticipation) est une donnée externe qui est déterminée soit par une expérience passée, soit par une vision Figure 25 du futur. Cette inflation du noyau ne change pas la forme de la courbe mais la situe plus ou moins haut dans le cadran. On a donc l’inflation noyau (y*), l’inflation de la demande (Yd) et l’inflation de choc (qui déplace la courbe). (Figure 26). ∆𝑝 = ∆𝑝𝑛 + ∆𝑝𝑑 + ∆𝑝𝑐 47 Cette somme est donc positive ou négative suivant les valeurs des différentes inflations. L’inflation de noyau relève d’un mécanisme d’anticipation, mais c’est l’expérience qu’ont acquise les agents économiques dans une période récente, qui est l’application la plus courante de cette inflation de noyau. Figure 26 L’inflation de demande est très importante dans la théorisation parce qu’on peut agir sur la demande globale et par là, sur le taux d’inflation. Pour cela, on aura une politique de croissance nationale, une augmentation de la hausse des prix. On aura deux situations différentes : Si cette pression de la demande globale est temporaire, la hausse des prix exceptionnelle ne sera pas renouvelée et les anticipations ne changeront pas (a priori). Si la pression de la demande se maintient sur plusieurs périodes, la hausse des prix plus élevée va être enregistrée par les agents et l’intégrer dans leurs anticipations et l’inflation de noyau va être augmentée et la courbe de Phillips (H) va être déplacée vers le haut. Pression temporaire de la demande. Pendant une période, la demande globale augmente sous l’effet d’un déplacement de la courbe IS et celui-ci va créer un équilibre de la demande nationale au-delà de la demande potentielle, provoquant une augmentation importante du rythme de hausse des prix. Celle-ci provoquera une diminution de la valeur des encaisses monétaires et une contraction de l’offre réelle de monnaie, ce qui va rétracter la courbe LM, ramenant l’équilibre ISLM à son niveau antérieur. On admettra qu’on est au niveau du produit potentiel. Le niveau des prix a donc augmenté pendant la période, mais comme la pression de la demande a disparue, les agents économiques considèrent que la hausse des prix ne se renouvellera pas au même rythme et restent à leur niveau initial de leur anticipation (Figure 27). Figure 27 48 On notera qu’en 1, on aura une hausse de la courbe IS qui engendrera une inflation et une hausse de l’inflation importante. Ceci fera une demande de monnaie qui provoquera une offre de monnaie plus grande en période 2. C’est parce que la courbe de Phillips est très pentue au-delà du point d’anticipation que le marché monétaire est très réactif. Si on a une pression négative de la demande, le mécanisme de rééquilibrage n’interviendra plus aussi efficacement. Il y aura une amorce de rééquilibrage sans effet concret. Face à une tension inflationniste, l’équilibre revient de lui-même tandis que dans le cas inverse, il faut une politique pour revenir au niveau antérieur de produit national. Cette dissymétrie entre les pressions positives et négatives traduit la dissymétrie de la courbe de Phillips qui connait une pente forte dans les zones inflationnistes et une pente faible dans les zones déflationnistes. Cette inflation/déflation va se faire sur plusieurs périodes. La pression à la hausse de la demande globale destinée à promouvoir une augmentation de la demande globale pour la maintenir au-delà de la demande potentielle a pour but d’augmenter la croissance économique même si on accepte une hausse plus rapide des prix. La durée de cette pression de la demande fait que les agents économiques constatent cette pression et d’une période à l’autre, ils vont anticiper une hausse des prix équivalente à la hausse des prix qu’ils ont effectivement enregistrée au cours de la période. L’inflation du noyau va augmenter de période en période tant que la pression de la demande se maintient. Quand on est dans cette phase de révision régulière des anticipations, on peut passer en quelques périodes d’anticipation nulle à anticipation à deux chiffres (super inflation). Cette hausse des prix provoque des tensions sur le marché monétaire, mais on admet que ces tensions sont corrigées par une offre de monnaie supplémentaire qui évite la rétraction de la courbe LM. On se retrouve au bout de plusieurs périodes de tensions continues de la demande, dans une inflation à deux chiffres qui est jugée insupportable pour l’économie nationale et il y a alors une décision de retournement de la politique et on décide de provoquer un retour à une inflation faible, quitte à accepter une contraction de la demande sur le nombre de périodes nécessaires. C’est ici que la dissymétrie de la courbe de Phillips a des conséquences dramatiques parce que le rythme d’inflation sous l’effet d’une demande contractée est très réduite et il faut donc un renouvellement de la contraction de la demande 49 globale sur un très grand nombre de périodes afin d’arriver à un rythme d’inflation faible tel que celui qui était connu au début de ces évènements. On va par exemple en cinq périodes atteindre l’hyperinflation et il faudra environ 20 périodes pour revenir au niveau d’inflation antérieure, du moins si on reste dans le cadres des hypothèses de départ (anticipation fondée sur les expériences passées) (Figure 28). Par compensation de l’augmentation régulière de la masse monétaire, la droite LM ne bouge pas. En période suivante, les agents révisent leurs anticipations à la hausse et le noyau remonte. On fini par passer en hyperinflation. Il en est de même pour la baisse de l’inflation. On remarquera tout de même qu’à cause de la pente faible de la courbe H, on aura une baisse plus lente. Décrochage total… Il y a des rigidités d’anticipation qui ont un impacte déterminant sur l’évolution Figure 28 économique du pays. § 4 - Anticipation et équilibre macroéconomique Il est évident que la décision (investissement et consommation) de l’agent économique est toujours fondée sur une anticipation. L’équilibre macroéconomique va en être la résultante. Ces anticipations vont porter sur le rythme d’inflation et ces anticipations nominales vont avoir une grande importance sur les variables réelles. Ces sont donc une composante essentielle de l’équilibre macroéconomique et sont en même temps un élément et sont en même temps une contrainte de la formation de la politique économique. Il y a deux hypothèses possibles pour la formation de l’équilibre et les possibilités ouvertes à ce même équilibre : Les anticipations sont rigides à cause de l’expérience. Les changements dans le niveau de l’équilibre ne peuvent être que progressifs et les pouvoir de la politique sont restreints. Les anticipations sont fondées sur une vision du futur qui dépend de toutes les composantes possibles (politique économique annoncée, sa crédibilité…). Ils jugeront alors les résultats annoncés. Dans ce cas, la 50 politique économique a un pouvoir énorme et peut obtenir rapidement le résultat souhaité. On constate l’importance de ces anticipations suivant qu’elles sont souples ou rigides. Les spéculateurs fondent leurs anticipations sur le taux d’intérêt. Une politique visant à faire baisser le taux d’intérêt aura une réponse spéculative… ils vont vendre leurs titres, ce qui va faire baisser le prix des titres et donc le taux d’intérêt à long terme ne parviendra pas à descendre. On peut faire baisser le taux d’intérêt à long terme si l’Etat est prêt à acquérir tous les titres se présentant sur le marché. Il y a une deuxième anticipation rigide chez Keynes : celle des salariés. S’il y a chute des prix, les individus ne veulent pas voir leur salaire diminuer. Le refus de la baisse des salaires est déplorée par les néoclassiques. Keynes approuve un tel comportement car la morosité qui en découlerait provoquerait une baisse de la consommation et de l’investissement, et donc du produit national. Cependant, une hausse du niveau des prix aurait le même effet. Les anticipations souple est l’expression de la rationalité des agents économiques. On retiendra la théorie des anticipations rationnelles de John Muth. Il a constaté qu’en comparant les prédictions et l’évolution des prix, la moyenne de ces prévisions correspondait assez bien avec des décalages qui peuvent être important mais sans biais systématique (si erroné dans un sens en période t, erroné dans l’autre sens en période t+1). Les prévisions constituent les meilleurs prédictions possibles parce que ces agents sont amenés à utilisés toute l’information disponible : ils révisent en permanences leurs prévisions et aucun modèle économétrique ne peut faire mieux. Les agents peuvent parfaitement s’adapter aux politiques annoncées. Cela entraine. Si une banque centrale annonce qu’elle va augmenter son offre de monnaie, il va y avoir une augmentation de l’inflation, ce qui ne provoquera pas d’impacte sur le domaine. La politique monétaire est alors inefficace. On passe alors à une sorte de politique : annoncer une limitation de l’offre de monnaie et faire un développement de l’offre de monnaie. Si une banque centrale parvient à convaincre les agents qu’il va avoir une offre restrictive de monnaie, ils prévoient le passage à une faible inflation et passent leur contrat sur la base de cette dernière. Ainsi, la restriction de l’offre de monnaie, quand elle est effective, correspond à ces nouveaux contrats, et l’équilibre macroéconomique est préservé malgré le brutal changement. 51 Le capital confiance est important et il ne faut pas tromper les agents en pratiquant une politique inverse à celle annoncée car la confiance est dure à retrouver. Si une baisse est annoncée, la baisse aura lieu sans même que cette baisse n’intervienne. Des enquêtes sont faites régulièrement pour évaluer le niveau des anticipations. Aujourd’hui, on a le pire niveau depuis la création de ces enquêtes. Il n’y a pas vraiment de causalité entre anticipation et consommation, mais en revanche, pour l’investissement est facile à mettre en relief. § 5 - La loi d’Okun Quand l’économie se stabilise, le chômage augmente et si la demande diminue, le chômage explose. Il y a pour chaque période, un produit potentiel qui donne l’évolution du chômage. Dans chaque période économique, on a une variation du taux de chômage, une variation du produit effectif (DG) et une variation du produit potentiel. Ces trois variations étant inter-reliées par des lois causales et ces liaisons constituent les différentes versions de la loi d’Okun. A partir d’une étude, on trouverait une association entre 1% de croissance du sous-emploi et 3% de diminution du rapport 𝑃𝐼𝐵/𝐶𝑎𝑝𝑎. 𝑃𝑟𝑜𝑑. Une baisse de 1% du taux de chômage aboutit à un accroissement du PIB de d’environ 3% supplémentaire, ce qui justifiait la politique de diminution du chômage de Kennedy sensé aboutir à une augmentation du produit national. Il y a un lien entre la variation du taux de chômage et le taux de croissance. Plus la croissance est rapide, plus le taux de chômage diminue et inversement, lorsque la croissance s’arrête ou devient négative, le taux de chômage commence à gonfler. L’accroissement d’un point du taux de chômage est associé à un écart de 3 point entre le taux de croissance du produit national et du produit potentiel. L’évolution depuis le début des années 90 semble ramener le coefficient d’Okun de 3 à 2, du fait de la tendance des entreprises à adapter de manière plus étroite l’évolution de l’emploi à l’évolution de leurs besoins de production ceci sous la pression de la concurrence mondial. Une évolution de la demande globale entraide directement un accroissement de l’emploi et inversement. § 6 - La formulation de l’équilibre macroéconomique selon les courbes AD-AS Ces courbes représentent l’offre et la demande agrégée (Figure 29). 52 Plus le prix doit être augmenté, plus il faut augmenter l’emploi. La chute du sous emploi aboutit selon la courbe de Phillips aboutit à une hausse des salaires nominaux qui provoquent la courbe AS. L’élément déterminent semble être la courbe de demande globale. A court terme, la courbe AS est une donnée, et suivant la courbe AD, le produit national sera plus ou moins élevé. Figure 29 La détermination du produit national est fonction de la demande globale. La théorie générale keynésienne a fait son grand retour depuis 2008. Cependant on retient surtout le caractère déterminant de la demande globale dont les déplacements commandent les changements de niveau et de taux d’évolution du produit intérieur. On remarque aussi le retour de la politique économique et donc de l’Etat dans l’équilibre économique pour éviter un effondrement trop important du produit intérieur. Le budget de l’Etat passe devant la politique monétaire qui est considérée comme inefficace pour agir sur le produit intérieur. On soutient donc les systèmes financiers car leur effondrement serait très dommageable au produit intérieur. Cependant, l’ampleur quantitative des plans de sauvegarde mis en place sont très importants : 12% du déficit américain. Dans la théorie générale, l’investissement publique devrait bénéficier de l’effet multiplicateur qui résulte de la propension à consommer et devrait être efficace sans entraîner de dépense de trop grande ampleur. On ne voit cependant pas d’effet multiplicateur réel. Au mieux, le coefficient est de 1. Ceci est décevant par rapport à l’analyse keynésienne qui laissait espérer mieux. Il est souhaitable que les dépenses publiques soient créatrices directe d’emploi plutôt que de transmettre des fonds aux ménages (qui doivent les dépenser), car ils risquent de constituer des épargnes de précaution : on aurait alors des coefficients inférieurs à 1. Le modèle additif est le plus simple. Il consiste à admettre que le dde globale est constituée de l’addition de la dépense publique, privée, des exportations et on ne compte pas sur des effets d’interelation entre les dépenses pour obtenir une démultiplication. On espère cependant que la stabilisation du produit intérieur rendra les agents économiques plus optimistes et donc à réduire l’épargne de 53 précaution et à augmenter l’investissement. Ce sont des mécanismes indirects, et non directs, comme dans la Théorie Générale. Titre III - Détermination du PIB par l’offre globale Cette approche est donnée par Turgot aux environs de 1765. Il adopte ce point de vue pour s’opposer, non à l’approche par la demande, mais à une situation de confusion qui associait demande globale et offre globale sans faire réellement la part de chacune. Cette confusion est visible chez les mercantilistes comme chez les physiocrates (Quesnay). A l’époque, Quesnay avait vu que pour le secteur agricole, plus la dépense est importante, plus la demande est importante, mais il pensait que ce qui était le plus important, c’est que le produit réalisé soit acheté par les différents agents économiques, ce qui l’amenait, selon Turgot, à donner trop d’importance à la demande. Pour Turgot, il faut produire avant de consommer, mais il y a aussi le phénomène de croissance à long terme et il ne voyait pas d’autres explications que l’épargne annuelle réinvestie pour une production élargie. A cette époque, l’épargne a mauvaise presse et Quesnay pensait qu’elle allait créer un vide à dans le circuit économique. « L’épargne est utilisée aussi vite que les sommes réservées pour la consommation, mais par d’autres personnes ». L’épargne est consacrée à des dépenses productives qui supposent l’emploi de travailleurs qui consommeront la valeur de cette épargne. L’ensemble du produit d’une période va être répartie entre les agents économiques. L’essentiel est consommé (rachat du produit) et le restant sera épargné ; l’épargne est consommée par des travailleurs qui auront pour tâche d’accroitre le produit de la période suivante. S’il reste dans cette période suivante une nouvelle part destinée à l’épargne, elle sera plus grande en valeur. La croissance repose donc sur l’épargne. Turgot crée l’approche classique de la macroéconomie. Cette approche vise à expliquer la croissance à long terme de l’économie et s’intéresse peu à l’adaptation de la demande globale à l’offre globale parce qu’elle considère que la demande globale va automatiquement suivre la formation de l’offre globale. On a donc maintenant : 𝑌𝑜 = 𝑌𝑑 Contre : 𝑌𝑑 = 𝑌𝑜 54 Si la demande ne suit pas l’offre, il y a une perturbation de l’économie qui découragerait l’épargne et arrêterait le phénomène de croissance à long terme. Les physiocrates ont fait l’objection à Turgot… il y a toute une littérature de la demande globale qui développe l’approche classique puis néoclassique. Cependant, ces critiques sont très littéraires qui portent sur des principes généraux et ne parviennent pas à élaborer un modèle qui leur donnerait une légitimité et il faut donc attendre la Théorie Générale de Keynes en 1936 pour que l’approche par la demande globale l’emporte sur celle de l’offre globale. On constate une croissance économique régulière depuis Turgot et Adam Smith jusqu’à la crise de 29. Cette croissance donnait une grande légitimité à l’approche par l’offre. La croissance économique régulière depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’en 2008 montre que l’approche par l’offre est juste, ce qui explique l’effacement momentané de l’approche par la demande globale. Remarquons que dans la logique de l’approche économique, offre et demande sont deux réalités nécessaires pour la formation d’un équilibre et qu’on devrait pouvoir normalement élaborer des modèles économiques qui prennent en compte ces deux aspects sur un plan d’égalité. L’approche de Turgot repose sur l’adoption du modèle de concurrence universelle. Le régime de privilège ou de monopole a des effets négatifs sur l’effet économique et la suppression de ces privilèges qui se traduit par une ouverture à la concurrence constituerait une méthode de gestion de la production plus efficace. Au milieu du XVIIIème siècle, les observateurs sont convaincus du rôle bienfaisant de la concurrence. Seul Turgot propose que la concurrence soient introduits dans les relations extérieures : c’est le principe de concurrence universelle. Il propose donc une croissance reposant sur l’épargne avec l’équilibre porté par le marché. On a donc un contraste réel entre le libéralisme économique et la macroéconomie par l’offre. 55