JANVIER 2008 VOL. 55 1 QUÉBEC PHARMACIE 5WWW.MONPORTAILPHARMACIE.CA
Fluctuations motrices liées
à la prise de lévodopa
La maladie de Parkinson est une maladie
neurogénérative qui apparaît en moyenne
vers 60 ans et dont la prévalence augmente
avec l’âge. Lévolution de la maladie se fait
habituellement sur une période de 10-20 ans.
Elle se manifeste par la présence des signes
suivants : bradykisie (lenteur des mouve-
ments), rigidité, tremblements au repos et
akisie (rareté des mouvements). Le dia-
gnostic est posé lorsque deux de ces quatre
signes sont présents1-3.
La lévodopa représente la pierre angulaire
du traitement de la maladie de Parkinson.
Par contre, le traitement à long terme par ce
médicament est compliqué par l’apparition
de divers effets indésirables : fluctuations
motrices, dyskinésie et complications neuro-
psychiatriques (confusion, hallucinations,
cauchemars, troubles du sommeil)1-3.
Après 5 ans de traitement par la lévodopa,
20 % à 50 % des patients développeront des
complications de la motricité telles que des
mouvements involontaires, une diminution
de la réponse au médicament et des varia-
tions de son efficaci au cours de la jour-
née1. Il existe actuellement deux types de
complications motrices liées à la lévodopa :
les fluctuations motrices (absence de
réponse, réponse clinique sous-optimale,
effet d’épuisement ou détérioration de fin
de dose, épisodes « off » non prédictibles,
phénomènes « on »/« off ») et les dyski-
sies (dyskinésies de pic de dose, dyskinésies
diphasiques, dystonie)2.
L’effet d’épuisement ou latérioration
de fin de dose (wearing off) se manifeste par
une perte d’efficacité de la lévodopa. La
durée des bénéfices après la dose de médi-
cament est de moins de quatre heures et le
patient voit ses symptômes apparaître
avant la prochaine prise du dicament. La
perte de l’effet tampon des cellules nigro-
striées explique cette complication. En effet,
elles perdent leur capacité à emmagasiner la
lévodopa et à la libérer sous forme de dopa-
mine lorsque nécessaire. Au stade initial de
la maladie, les concentrations fluctuantes de
lévodopa dans le cerveau sont tamponnées
par les neurones dopaminergiques. Cet effet
bénéfique diminue au fur et à mesure que la
maladie progresse en raison d’une dégéné-
rescence dopaminergique plus impor-
tante1,2. Plusieurs solutions soffrent pour
pallier ce problème selon les données relati-
ves au patient et selon les traitements qu’il a
reçus.
Chez certains patients, il est possible d’ajou-
ter un agoniste dopaminergique (p. ex. :
MirapexMD, RequipMD) afin de diminuer les
riodes « off ». La dose de vodopa doit
être maintenue jusqu’à l’atteinte d’une
ponse clinique de l’agoniste dopaminergi-
que, pour ensuite être dimine graduelle-
ment1,3,4. Les agonistes dopaminergiques
peuvent entraîner plusieurs effets indésira-
bles (délirium, hallucinations visuelles) et,
par conséquent, ne sont pas recommandés
chez les patients de plus de 70 ans1.
Une autre solution à ce problème est
l’ajout d’un inhibiteur de la catéchol-O-
méthyltransférase (COMT), tel que l’enta-
capone (ComtanMD). Ce traitement peut
réduire de façon significative les périodes
« off ». L’entacapone n’est pas efficace seul
comme antiparkinsonien et doit être admi-
nistré en association avec la lévodopa. Il
peut être recommandé de diminuer les
doses de lévodopa de 15-30 % lors de l’ini-
tiation de l’entacapone si le patient présente
de la dyskinésie1-4.
De plus, il est possible de manipuler les
doses de lévodopa afin d’améliorer l’état du
patient. Il est possible daugmenter les
doses si le patient nexpérimente pas de
dyskinésie, ou daugmenter la fréquence
dadministration. La formulation longue
action (Sinemet CRMD) peut être utile pour
les détériorations de fin de dose afin daug-
menter la durée de la réponse de 60 à
90 minutes par rapport aux comprimés
Présentation du cas
F.G. est une femme de 78 ans hospitalisée pour raideurs, chutes et troubles de la marche. La patiente souffre de la maladie de Parkinson
depuis plusieurs années. Les raideurs surviennent surtout vers l’heure du dîner, en soirée et la nuit. Chez elle, F.G. prend sa médication à
des heures très fixes, soit 7 heures, 11 heures, 16 heures et 21 heures. Un simple petit retard dans la prise de la médication entrne des
raideurs. Dans le cardex des infirmières, il est mentionné que les comprimés de Sinemet CRMD sont écrasés, car la patiente aurait de la
difficulté à avaler, et les heures de prises desdicaments diffèrent totalement de celles auxquelles la patiente est habituée.
Texte rédigé par Valérie Chiasson-Roussel,
B. Pharm., M.Sc.
Texte original soumis le 9 octobre 2007.
Texte final remis le 22 octobre 2007.
Révision : Sonia Lacasse, B. Pharm.
Remerciements : Chantal Bélanger,
B. Pharm., M.Sc., pour son aide
dans la révision de cet article.
À VOS SOINS
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réguliers. Par contre, la biodisponibilité du
Sinemet CR est moindre que celle du Sine-
metMD, et une augmentation des doses peut
donc être nécessaire lors du passage à la for-
mulation longue action. Le pic daction est
aussi retar par rapport à la formulation
gulière. Lajout dune formulation à libéra-
tion contrôlée est plus efficace pour traiter
les riodes « off » qui surviennent la nuit et
doit être évité dans les stades avancés de la
maladie, car elle peut induire des effets indé-
sirables telles la dyskinésie et la psychose1-4.
Il est aussi très important de respecter les
heures de prise de la médication du patient,
car un simple petit retard dans ladministra-
tion peut entraîner un séquilibre du Par-
kinson. En pratique, l’ajustement des doses
de lévodopa est souvent la première option
choisie.
Enfin, il est important de travailler en rela-
tion étroite avec une nutritionniste. En effet,
les acides aminés contenus dans les protéines
du régime alimentaire peuvent concurrencer
la lévodopa pour labsorption intestinale et le
transport au cerveau. Donc, il pourrait y
avoir des néfices à diminuer la quanti de
protéines ingées dans la journée ou à redis-
tribuer les proines alimentaires durant la
journée. Par contre, les bénéces obtenus
sont de courte durée et il faut s’assurer de res-
pecter les besoins en protéines du patient.
Une autre solution serait la prise de la vo-
dopa une heure avant ou après la prise de
nourriture dans un estomac vide, si le patient
le tolère2. n
Références
1. Mallet L. La maladie de Parkinson. Dans : Mallet L,
Grenier L, Guimond J, Barbeau G. Manuel des soins
pharmaceutiques en gériatrie. Les Presses de l’Uni-
versité Laval 2003. 301-29.
2. Olanow CW, Watts RL, Koller WC. An algorithm
(decision tree) for the management of Parkinson’s
disease (2001) : Treatment Guidelines. Neurology
2001; 56(suppl 5) :S1-S88.
3. Djaldetti R, Melamed E. Management of response
fluctuations : Practical guidelines. Neurology 1998;
51 (Suppl 2) : S36-S40.
4. Lang AE, Lozano AM. Parkinson’s Disease : Second
of two parts. New England Journal of Medicine
1998; 339 (16) : 1130-1143.
S Patiente hospitalisée pour des chutes et des troubles de l’équilibre depuis quelques
semaines. Elle se plaint aussi de raideur vers l’heure du dîner, en soirée et la nuit.
Ces raideurs ont entraîné au moins deux chutes et la patiente a de la difficulté à
effectuer ses activités quotidiennes.
O Femme de 78 ans présentant une maladie de Parkinson. La patiente a aussi des
antécédents d’accident vasculaire cérébral, d’hypertension avec hypotension
orthostatique, d’hypothyroïdie, de reflux gastro-œsophagien, d’arthrose, d’anxiété, de
polyneuropathie et de dyspepsie fonctionnelle. La patiente prend sa médication en
dosette à la maison qu’elle gère elle-même. Elle prend son Sinemet à des heures très
précises (7 heures, 11 heures, 16 heures et 21 heures).
Médication à la maison :
n LopresorMD 50 mg bid
n AAS 80 mg die
n RestorilMD 30 mg hs prn
n ColaceMD 100-200 mg hs prn
n MotiliumMD 10 mg tid
n PantolocMD 40 mg die
n SynthroïdMD 0,025 mg die
Doses de Sinemet prises à la maison :
n Sinemet 100/25 mg 2,5 comprimés à 7 heures
n Sinemet CR 100/25 mg 2 comprimés à 11 heures
n Sinemet 100/25 mg 2 comprimés à 16 heures
n Sinemet 100/25 mg 1,5 comprià 21 heures
A La patiente présente une détérioration en fin de dose, qui est une fluctuation motrice
liée à l’utilisation à long terme de la lévodopa1-4. L’ajout d’un agoniste dopaminergique
n’est pas recommandé chez les personnes âgées de plus de 70 ans, en raison de leurs
effets indésirables1,2. L’ajout d’entacapone serait une solution possible, mais l’ajout de
ce nouveaudicament pourrait entrner de nouveaux effets indésirables (dyskinésie,
diarrhée, vomissement, nausée)1. Par contre, pour cette patiente, une manipulation des
doses de lévodopa serait une bonne solution, car elle tolère bien le médicament. La
prise d’un Sinemet CR et d’un Sinemet à courte action vers 11 heures pourrait
améliorer les raideurs vers l’heure du dîner. L’ajout d’une dose devodopa en soirée
ainsi qu’une redistribution des doses de Sinemet CR, particulièrement une au coucher
qui permettra de réduire les raideurs en soirée et la nuit, sont indiqués.
P n Discuter avec le médecin d’un ajustement des doses de lévodopa :
7 h : Sinemet 100/25 mg 2,5 comprimés
11 h : Sinemet CR 100/25 mg 1 comprimé et Sinemet 100/25 mg 1 comprimé
16 h : Sinemet 100/25 mg 2 comprimés
20 h : Sinemet100/25 mg ½ comprimé
21 h : Sinemet CR 100/25 mg 1 comprimé et Sinemet 100/25 mg 1 comprimé
n Instaurer un système d’automédication, à l’hôpital, avec une dosette,
afin que la patiente ait ses comprimés aux bonnes heures.
n Vérification quotidienne de la prise de médicament et du soulagement
des raideurs.
n Suivi des effets indésirables de la lévodopa (tolérance digestive, hypotension
orthostatique liée à la prise de lévodopa [suivi de la pression couchée/debout]).
n Indiquer aux infirmières de ne pas écraser le Sinemet CR (seul le Sinemet CR
200/50 mg est sécable, mais les deux ne s’écrasent pas).
QUESTION DE
FORMATION CONTINUE
Veuillez reporter votre réponse dans
le formulaire de la page 38
1) Lequel de ces énoncés est faux ?
A. L’effetnéfique d’une dose de
Sinemet à libération régulière
est de quatre heures.
B. Les agonistes dopaminergiques
ne sont pas des agents de choix
chez les personnes âgées en
raison de leurs effets indésirables.
C. L’ajout d’entacapone est une
solution efficace pour améliorer
la détérioration de fin de dose
liée à la lévodopa.
D. Il est préférable de prendre
la lévodopa avec une source
d’acides aminés pour augmenter
son absorption.
E. L’ajout de Sinemet CR au coucher
est efficace pour traiter les
périodes « off » pendant la nuit.
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