éditorial
Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 2, mai 2000 55
ouvent, l'intervention chirurgicale n’est pas retenue du fait
d'une absence d’indication. Le cas le plus fréquent est le niveau
de gravité modéré (stade 3 et stades inférieurs de l'échelle
de Hoehn et Yahr). Compte tenu du risque iatrogène, seuls des
patients au stade 4 et 5 représentent une indication potentielle.
Il existe cependant des cas limites : un tremblement important, gênant
socialement, non corrigé par le traitement médicamenteux peut justifier
une chirurgie relativement précoce et souvent unilatérale. L’absence
d’indication peut provenir également de caractéristiques particulières
au patient : un âge trop avancé (un bon état physiologique est recommandé
pour le patient au-delà de 70 ans), des troubles posturaux majeurs
non améliorables lors d’un test aigu à la lévodopa, des manifestations
psychiatriques surtout lorsqu’elles ne sont pas iatrogènes, une détérioration
cognitive enfin.
Il est malheureusement fréquent que la contre-indication vienne
d’un diagnostic différent de celui de maladie de Parkinson idiopathique.
Il faut se méfier tout particulièrement des patients qui ont un tableau
neurologique sévère peu d’années après le début de la maladie
de Parkinson. Il est fréquent que des atrophies multisystématisées soient
dopa-sensibles, au début de leur évolution. On note dans ce cas fréquemment
des dyskinésies atypiques, notamment des dyskinésies bucco-faciales avec
une dystonie du visage ou de l’étage cervical. Des signes axiaux, un stridor,
des troubles de déglutition, des troubles posturaux précoces nécessitant
l’utilisation d’un fauteuil roulant orientent le diagnostic. Là encore,
la pratique d’une imagerie de résonance magnétique cérébrale est utile
de même qu’un examen électrologique des sphincters. Le problème est plus
facile lorsqu’il existe des troubles végétatifs dès le début de l’évolution,
le plus souvent une incontinence urinaire ou des signes pyramidaux
ou encore cérébelleux. Dans ce cas, la sensibilité à la lévodopa est
très partielle ou nulle. Il faut rappeler ici qu’une absence de sensibilité
à la lévodopa est une contre-indication formelle à la chirurgie.
Cette situation conduit souvent à des drames, notamment entre le médecin
désireux de rendre service à son patient et les familles qui comprennent
mal qu’une maladie aussi grave ne puisse être traitée par une méthode
dont ils ont apprécié l’efficacité, par exemple, à la télévision.
Dans le cas de patients qui représentent une indication raisonnable
de la chirurgie, particulièrement de la stimulation électrique chronique
du noyau sous-thalamique, se pose le problème du délai de l’intervention.
Lorsqu’une indication chirurgicale semble raisonnable, les patients sont gérés
en plusieurs temps. L’examen initial vérifie la durée d’évolution de la maladie
de Parkinson, son début asymétrique, l’absence de signes cliniques
Pourquoi
votre patient
ne sera pas
opéré
P. Cesaro*
Efficacement aiguillonnés
par les différents vecteurs
de désinformation
médicale grand public,
patients et familles de
parkinsoniens viennent
réclamer à cor et à cri
le miracle chirurgical
au neurologue traitant
qui n’en peut mais…
Les raisons de s’abstenir
ne manquent pourtant pas.
* Département de neuroscience médicale,
INSERM U 421, Créteil.
Éditorial
INFORMER
S